Science & Solutions #37 Ruminants (Français)

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Numéro 37 • Ruminants

Mycotoxines, mammites et lait Augmentation de la taille des troupeaux : quelles menaces sanitaires associées ?

Photo: fotostorm

Photo: Colleen Butler

Un magazine de

Mon troupeau est malade : de quoi s'agit-il ? Partie 2 : Endotoxines


Éditorial Des températures plus élevées et des exploitations plus grandes L'été est terminé et conformément à ce qui avait été annoncé, les températures enregistrées dans de nombreuses régions, notamment aux États-Unis, au Moyen-Orient et dans le Sud de l'Europe, ont largement dépassé les moyennes habituelles. Juste aux États-Unis, le stress thermique coûte à l'industrie laitière environ 1 milliard de dollars par an. Les vaches laitières sont particulièrement sensibles au stress thermique en raison de la chaleur générée par la production de lait et la fermentation ruminale. Une augmentation de la température et de l'humidité signifie également que les aliments et l'ensilage peuvent contenir davantage de mycotoxines aux effets délétères. Dans ce numéro de Science & Solutions, nous découvrirons dans quelle mesure les mycotoxines peuvent aggraver les mammites. Il est possible d'opter pour des régimes alimentaires moins riches en fibres (NDF) afin de limiter la production de chaleur lors de la fermentation ruminale, même si la baisse du pH ruminal qui s'ensuit peut rendre les vaches plus sensibles aux endotoxines. Vous trouverez quelques conseils pour lutter contre ces dernières page 9. En réalité, les mycotoxines et les endotoxines ne constituent que deux des problèmes que connaissent les éleveurs, notamment lorsqu'ils augmentent la taille de leur exploitation. L'augmentation de la taille des troupeaux est une tendance mondiale qui va de paire avec certaines menaces sanitaires susceptibles de compromettre les bénéfices en termes économiques. Vous trouverez page 6 les difficultés fréquemment rencontrées par ces éleveurs et nous vous proposons des conseils afin de minimiser les risques de maladies associés lors de cette étape délicate. Nous espérons que ces informations vous aideront à garder des vaches en bonne santé, performantes et rentables. Bonne lecture !

Zanetta CHODOROWSKA Responsable technique Ruminants

Science & Solutions • Numéro 37


Sommaire

Mycotoxines, mammites et lait

2

Liens entre mycotoxines et mammites, et impact sur la production et la qualité du lait. Par Paige Gott, PhD

Augmentation de la taille des troupeaux : quelles menaces sanitaires associées ?

6

Il est nécessaire d'améliorer la conduite d'élevage et d'adopter des mesures de prévention pour augmenter le rendement. Par Zanetta Chodorowska, Ingénieur

Cut & Keep

Checklist

Mon troupeau est malade : de quoi s'agit-il ?

Partie 2 : Endotoxines

9

Fiche pratique détachable d'aide au diagnostic : symptômes, causes et solutions.

Science & Solutions est un magazine mensuel de BIOMIN Holding GmbH, disponible gratuitement pour nos clients et partenaires. Chaque numéro de Science & Solutions comprend plusieurs rubriques relatives aux dernières nouveautés scientifiques en matière de nutrition et de santé animales, en ciblant spécifiquement une espèce (volaille, porc ou ruminant) chaque trimestre. ISSN: 2309-5954 Pour obtenir une copie numérique ou de plus amples informations, consultez le site http://magazine.biomin.net Pour une reproduction des articles ou pour vous abonner à Science & Solutions, veuillez nous contacter à l'adresse: magazine@biomin.net Rédacteur en chef : Ryan Hines Contributeurs : Zanetta Chodorowska, Paige Gott, Bryan Miller, Simone Schaumberger Marketing : Herbert Kneissl Graphistes : Reinhold Gallbrunner Recherches : Franz Waxenecker, Ursula Hofstetter, Paolo Doncecchi Éditeur : BIOMIN Holding GmbH Erber Campus 1, 3131 Getzersdorf, Austria Tel: +43 2782 803 0 www.biomin.net Imprimé en Autriche sur papier respectueux de l'environnement. ©Copyright 2016, BIOMIN Holding GmbH Tous droits réservés. Aucune partie de ce magazine ne peut être reproduite, sous quelque forme que ce soit, à des fins commerciales sans l'autorisation écrite du détenteur des droits d'auteur, sauf dans les cas prévus par les dispositions de la loi sur les droits d'auteurs, les dessins industriels et les brevets de 1988 (Copyright, Designs and Patents Act). Printed on eco-friendly paper: Austrian Ecolabel (Österreichisches Umweltzeichen). Toutes les photos présentées sont la propriété de BIOMIN Holding GmbH ou sont exploitées sous licence. BIOMIN is part of ERBER Group

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Science & Solutions • Numéro 37


Mycotoxines, mammites et lait Par Paige

Gott, Responsable technique Ruminants

Les vaches supportent mal les mammites qui sont par ailleurs une cause majeure de dépenses pour les éleveurs laitiers. Nous étudierons dans cet article les liens entre mycotoxines et mammites, ainsi que l'impact sur la production et la qualité du lait.

L

es mammites font partie des maladies les plus coûteuses pour les éleveurs laitiers dans le monde entier, avec un coût annuel estimé à 2 milliards de dollars pour la seule industrie laitière américaine. Tandis que les causes et la prise en charge des mammites sont complexes, il convient de tenir compte du problème que représentent les mycotoxines car elles augmentent le risque de mammite et peuvent avoir un impact négatif sur la production et la qualité du lait.

Différents types de mammite La mammite est une inflammation de la glande mammaire généralement associée à une infection intramammaire par des micro-organismes. Dans la plupart des cas, il s'agit de bactéries mais d'autres agents comme les champignons (levures ou moisissures), certaines algues microscopiques ou encore des virus peuvent également être impliqués. Il peut arriver qu'un traumatisme physique ou une irritation chimique provoque une mammite. Les mammites peuvent être classées selon différents critères. Le premier critère concerne l'origine de l'agent pathogène en cause, à savoir un agent transmis lors de la traite ou environnemental (tableau 1). Parmi les agents contagieux transmis lors de la traite, citons Staphylococcus aureus, Streptococcus agalactiae et Mycoplasma spp. Les agents pathogènes environnementaux fréquemment rencontrés incluent Escherichia coli, Klebsiella spp. et certains streptocoques environnementaux comme S. uberis et S. dysgalactiae. De nombreux autres micro-organismes ont été isolés lors de mammite. Les staphylocoques à coagulase négative (SCN) font partie de la flore normalement présente sur la peau des vaches mais peuvent revêtir un caractère pathogène opportuniste lorsqu'ils pénètrent dans la glande mammaire. L'un des points cruciaux en matière de recherche sur les mammites concerne la distinction des SCN afin de mieux comprendre leur impact spécifique sur la production et la qualité du lait. Une mammite aiguë se distingue d'une mammite chronique par son schéma d'apparition et sa durée (tableau 2). Une mammite clinique se distingue d'une mammite subclinique par la forme que revêt la maladie. Les modifications de l'aspect du lait, et parfois de la glande mammaire, permettent d'identifier facilement les cas cliniques. En revanche, en l'absence de comptage des cellules

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Tableau 1. Mammites infectieuses et mammites d'environnement Mammite infectieuse

Mammite d'environnement

Réservoir

Glandes mammaires infectées

Environnement de la vache : • Litière/stabulation/sol • Lisier • Eau

Exposition

Transmission d'un animal à l'autre via : • Matériel de traite • Mains et lingettes/ lavettes utilisées par le personnel chargé de la traite • Mouches et autres vecteurs

Exposition constante aggravée par la chaleur et l'humidité

Source: BIOMIN

Tableau 2. Signes de mammite aiguë et de mammite chronique Mammite aiguë

Mammite chronique

Apparaît soudainement mais guérit souvent rapidement

Dure longtemps

Rougeur, œdème, dureté

Souvent subclinique

Douloureuse

Peut être douloureuse

Lait anormal

Poussées ou événements aigus périodiques

Baisse notable de la production de lait

Baisse moins flagrante de la production de lait

Source: BIOMIN

somatiques et de mise en culture bactériologique du lait, les cas subcliniques passent souvent inaperçus. Les différents types de mammite ne s'excluent pas mutuellement, ce qui signifie qu'une vache peut présenter une mammite clinique aiguë d'origine environnementale.

Coûts liés aux mammites Les pertes économiques générées par les mammites sont liées à la baisse de la production de lait et à l'altération de sa qualité. Les éleveurs doivent séparer le lait des vaches atteintes d'une mammite clinique et des vaches sous

3


Mycotoxines, mammites et lait

Les mycotoxines augmentent le risque de mammite et peuvent avoir un impact négatif sur la production et la qualité du lait.

traitement antibiotique (un temps d'attente doit être respecté afin que l'organisme de la vache ait le temps d'éliminer les antibiotiques). Les mammites modifient également la composition et les propriétés du lait, ce qui entraîne une diminution de la production de fromage et peut limiter la durée de conservation des produits fabriqués. Les coûts de traitement, les dépenses vétérinaires ainsi que les frais de main d'œuvre augmentent et le rendement de la salle de traite peut diminuer en raison du temps passé à s'occuper des vaches malades. Outre les pertes économiques, le bien-être de l'animal constitue un autre problème : en effet, les études ont montré que les mammites peuvent être douloureuses et provoquer une véritable gêne et souffrance chez la vache. Le risque de mise à la réforme est plus élevé chez les vaches atteintes d'une mammite clinique ou d'une mammite subclinique persistante. En effet, les problèmes de mamelle sont l'une des trois principales causes de mise à la réforme chez les vaches laitières. La baisse de la production de lait, parfois associée à une mammite, constitue une autre cause importante de mise à la réforme dans les troupeaux laitiers. La mammite toxique, forme aiguë de la maladie entraînant une grave inflammation de la mamelle et une septicémie, peut même entraîner la mort de l'animal.

Facteurs prédisposants

Le tableau 3 récapitule les facteurs prédisposant la vache à une mammite. Il est essentiel d'adopter de bonnes pratiques de gestion de la salle de traite et de la traite elle-même pour limiter le risque de mammite au sein d'un troupeau. La machine ou le robot de traite doit être bien entretenu afin d'en assurer le bon fonctionnement et le matériel utilisé pour le recueil du lait doit être propre. La pression du système de traite et la durée de la traite doivent être optimales car une surtraite peut entraîner des lésions au niveau de l'extrémité du

La mammite est une inflammation de la glande mammaire généralement associée à une infection intra-mammaire.

4

trayon avec à la clé, un risque accru de mammite. Une traite insuffisante peut également prédisposer la vache à l'apparition d'une mammite et risque de diminuer sa production totale de lait. Les couloirs qui mènent à la salle de traite ainsi que les aires d'attente doivent présenter un sol suffisamment ferme et la circulation des vaches doit être aisée (et ce, grâce à une conception intelligente et une moindre manipulation des animaux), réduisant ainsi le risque de lésions physiques des trayons. Le fait de distribuer la ration (aliment frais) lorsque les vaches sont à la salle de traite les incitera à manger et à rester debout lorsqu'elles regagneront la stabulation. L'extrémité du trayon aura ainsi le temps de se refermer, ce qui limite son exposition à des agents pathogènes après la traite. L'hygiène du bâtiment doit également être optimale afin de limiter le risque de mammite. Le sable constitue le matériau idéal pour la litière car les matériaux inorganiques ne permettent pas le développement des agents pathogènes. En revanche, si le sable contient des substances organiques, son rôle protecteur ne sera pas aussi efficace. La nutrition peut également avoir un impact sur le risque de mammite. En effet, les vaches présentant un déficit énergétique, notamment en période de transition, sont plus sensibles aux infections. Leur alimentation doit de plus couvrir leur besoins en vitamines et minéraux afin d'assurer le bon fonctionnement du système immunitaire. L'environnement joue un rôle crucial dans la santé de la mamelle. L'augmentation de la température et de l'humidité favorise le développement d'agents pathogènes dans l'environnement de la vache et augmente le stress de l'animal, réduisant ainsi sa résistance aux infections.

Mycotoxines

Les mycotoxines sont capables de neutraliser le système immunitaire des animaux. Les vaches sont exposées à un stress important au moment du vêlage en raison des nombreuses modifications physiologiques liées à cet événement et à la mise en route de la lactation. Les mycotoxines peuvent aggraver davantage ce stress en entraînant une immunosuppression et en diminuant la consommation alimentaire de la vache, avec pour conséquence un déficit énergétique d'autant plus marqué et une augmentation du risque de troubles métaboliques et de maladies infectieuses. Le déoxynivalénol (DON) et autres trichothécènes peuvent perturber la synthèse des protéines, avec un impact négatif sur le nombre et l'état des lymphocytes, et sur la production d'importants médiateurs inflammatoires. En outre, certains ergots et trichothécènes peuvent provoquer des lésions cutanées et une nécrose gangréneuse qui altèrent l'intégrité du trayon et de sa peau,

Science & Solutions • Numéro 37


Paige Gott Responsable technique Ruminants

Tableau 3. Facteurs prédisposant la vache à une mammite

Figure 5. Mycofix Plus et incidence des mammites

Matériel de traite

60

Surtraite Facteurs génétiques • Résistance • Structure mammaire • Âge Conduite de l'élevage • Déroulement de la traite incluant le trempage des trayons avant et après la traite • Hygiène (salle de traite et stabulation) • Litière • Nutrition • Programme de vaccination • Traitement des vaches taries et gestion des vaches en période de transition • Gestion des génisses

Nombre d'événements

Lésion au niveau de l'extrémité du trayon

50 40 30

53,43

20

37,25

10 0 Avant l'ajout de Mycofix® Plus

Lors de l'ajout de Mycofix® Plus

Source: étude BIOMIN menée en Slovaquie, 2011

Environnement Immunosuppression • Vaches en période de transition • Mycotoxines Source: BIOMIN

Tableau 4. Effets négatifs potentiels des mycotoxines sur la glande mammaire chez les vaches laitières 1.

Diminution de la production de lait

2.

Présence de substances contaminantes toxiques dans le lait, notamment l'aflatoxine M1

3.

Risque accru de mammite

4.

Altération de la composition du lait

Source: BIOMIN

ce qui contribue à augmenter le risque de mammite. Le tableau 4 liste certaines des principales conséquences des mycotoxines sur la santé de la mamelle et la production de lait. La diminution de la production de lait est liée à plusieurs facteurs, parmi lesquels la baisse de la consommation alimentaire de la vache ou le refus de s'alimenter souvent rapportés en présence de certaines mycotoxines comme le DON. Les mycotoxines peuvent aussi altérer le fonctionnement ruminal en modifiant les populations microbiennes ou la dégradation des nutriments, ce qui diminue leur absorption et perturbe le métabolisme avec à terme, une baisse de la disponibilité des précurseurs nécessaires à la synthèse du lait. L'altération de la qualité du lait est essentiellement due à l'augmentation des cellules. En cas de mammite, le nombre de cellules somatiques, en particulier de neutrophiles, augmente dans la glande mammaire afin de lutter contre les agents pathogènes qui l'envahissent. Les mycotoxines peuvent également avoir un impact négatif sur le rôle des neutrophiles avec une réponse immunitaire moins efficace, ce qui renforce la gravité et augmente la durée de l'infection. En outre, les mammites modifient la teneur du lait en matières grasses, protéines, lactose et minéraux. Le lait des vaches malades présente un taux de sodium plus élevé et

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un taux de potassium plus faible que celui des vaches en bonne santé. Ces différences ont un impact négatif sur la qualité de production de lait. Les fabricants de produits laitiers veulent un lait de qualité optimale afin d'augmenter leur rendement et d'allonger la durée de conservation des produits fabriqués, comme le fromage par exemple. Les mycotoxines posent par ailleurs un autre problème, celui du risque de résidus toxiques dans le lait. L'aflatoxine B1 est la mycotoxine la plus problématique : il a été démontré que le pourcentage de contamination de l'alimentation au lait (contaminé par son métabolite l'aflatoxine M1) était compris entre 1,8 et 6,2. Les aflatoxines sont cancérigènes et de nombreux pays ont fixé des limites strictes concernant les seuils acceptables dans le lait.

Solution

Les aliments doivent faire l'objet d'une étroite surveillance afin de détecter la présence éventuelle de mycotoxines et un produit efficace permettant de lutter contre les mycotoxines doit être ajouté à l'aliment. Mycofix® contient un agent de liaison aux aflatoxines, qui est autorisé dans l'UE et constitue le seul produit dont la procédure d'enregistrement en tant qu'agent de désactivation des aflatoxines a été validée au sein de l'UE. Pour les mycotoxines moins adsorbables, comme c'est le cas du DON par exemple, qui entraînent un risque accru de mammite et d'autres problèmes, la biotransformation se révélera plus efficace que la liaison. L'action de biotransformation de Mycofix® sur le DON et d'autres trichothécènes, la zéaralénone (ZEN), l'ochratoxine A et les fumonisines a été prouvée. En outre, les composants bioprotecteurs de Mycofix® ont un effet positif sur le foie et le système immunitaire. La figure 5 illustre la baisse d'incidence des mammites chez les vaches laitières (dont l'alimentation est contaminée par du DON et de la ZEN) bénéficiant de Mycofix® Plus. De nombreuses données montrent que Mycofix® permet d'augmenter la production de lait et de réduire le comptage des cellules somatiques et la présence d'agents contaminants toxiques dans le lait. Il contribue en outre à maintenir ou à améliorer la composition du lait en cas de contamination par des mycotoxines.

5


Augmentation de la taille des troupeaux : quelles menaces sanitaires associées ? Par Zanetta

Chodorowska, Responsable technique Ruminants

La récente tendance mondiale vers une augmentation de la taille des troupeaux va de paire avec certains risques sanitaires inattendus, nécessitant une meilleure conduite d'élevage et des mesures de prévention renforcées afin de récolter les bénéfices d'un rendement accru.

L

es pressions économiques, les nouvelles attentes des consommateurs et la fin des quotas laitiers européens ont redessiné le paysage de l'élevage

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laitier moderne. L'industrie laitière connaît un processus continu d'augmentation de la taille des cheptels avec, dans chaque région, des exploitations plus grandes (figure 1). L'augmentation du rendement liée à une

Science & Solutions • Numéro 37


Figure 1. Taille moyenne des troupeaux laitiers dans les pays sélectionnés

Nombre moyen de vaches par troupeau

450 400 350 Nouvelle-Zélande

300

Australie

250

États-Unis

200

Danemark

150

Royaume-Uni Pays-Bas

100

Canada

50

Allemagne Norvège

0 1996

1998

2000

2002

2004

2006

2008

2010

2012

2014

Année Source: Barkema et al. 2015

Photo: RiniSlok

meilleure utilisation des capitaux et de la main d'œuvre permet d'accroître la production totale de lait et de mieux gérer la trésorerie. Cependant, le fait d'élever plus de vaches exige de meilleures compétences techniques et des outils adaptés afin de maintenir une production de lait élevée chez chaque vache, de bonnes performances de reproduction et un état de santé optimal.

Élevages plus grands, vaches plus fragiles ?

Plusieurs articles scientifiques récents montrent que les risques sanitaires sont plus importants dans les élevages de grande taille (tableau 1), essentiellement parce que le

système immunitaire des vaches est davantage sollicité et soumis à différents facteurs de stress liés aux animaux nouvellement introduits, à des structures différentes, à certaines modifications de la conduite d'élevage et souvent, à l'arrivée de nouveaux employés. Le fait de mélanger les vaches de diverses origines signifie également mélanger les agents pathogènes. La transmission de maladies infectieuses est l'une des principales causes de traitement et de retrait de certains animaux lors de l'augmentation de la taille d'un troupeau. La transmission reste possible même si les nouveaux animaux et ceux du troupeau existant ont été vaccinés contre les mêmes maladies.

Tableau 1. Lien entre l'augmentation de la taille du troupeau et la survenue de maladies Corrélation avec la taille du troupeau

Problème de santé

Pays

Référence

+++

Fièvre Q

Portugal

Anastacio et al. 2014

++

Tuberculose bovine

Irlande du Nord

Doyle et al. 2014

+++

Maladie de Johne

États-Unis

Wolf et al. 2014

+++

Coxiella brunetii

Danemark

Agger et al. 2013

++

Diarrhée

Autriche

Klein Jobstl et al. 2015

++

Maladie de Johne

Irlande

Kennedy et al.. 2014

++

Salmonellose

États-Unis

Fossler et al. 2005

+++

Besnoitia besnoiti

Jordanie

Talafha et al. 2015

+++

BVD ; IBR ; PDD ; salmonellose ; clostridiose

États-Unis

Faust et al. 2001

++

Boiteries

Royaume-Uni

Whitaker et al. 2000

Source: BIOMIN

Un magazine de BIOMIN

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Augmentation de la taille des troupeaux : quelles menaces sanitaires associées ?

Tableau 2. De bonnes pratiques d'élevage pour minimiser le risque de maladies lors de l'augmentation de la taille d'un troupeau Biosécurité • Dépister la présence éventuelle de maladies comme la BVD, l'IBR, la maladie de Johne, etc. chez les vaches avant de les acheter afin de minimiser le risque d'introduction d'animaux malades dans le troupeau. • Mettre en culture le lait des nouvelles vaches afin d'éviter les animaux potentiellement porteurs d'agents pathogènes contagieux responsables de mammite. • Isoler les nouveaux animaux pendant trois semaines avant de les intégrer au troupeau. Cela contribuera à éviter l'apparition de graves foyers infectieux. • Établir un protocole de vaccination. Vacciner les nouveaux animaux avant leur introduction dans le troupeau et vérifier le taux d'anticorps correspondants chez les vaches du troupeau existant. Nutrition • Adopter un programme de gestion des risques liés aux mycotoxines adéquat car ces agents pathogènes peuvent avoir un impact négatif direct sur le système immunitaire, rendant les animaux plus sensibles aux maladies. • Assurer une bonne supplémentation en oligo-éléments et vitamines afin de renforcer l'activité des cellules immunitaires. • Opter pour une ration alimentaire équilibrée afin d'éviter tout risque d'acidose ruminale subaiguë (SARA). Conduite d'élevage • Traire les nouvelles vaches en dernier afin de limiter le risque de transmission de nouveaux agents pathogènes au troupeau existant. • Limiter toute source de stress comme la surpopulation ou encore les mélanges et regroupements inutiles de vaches. • Former les nouveaux employés afin qu'ils aient une approche respectueuse et harmonieuse des animaux. Source: BIOMIN

Mycotoxines

grande taille représentent

Le fait de ne pas intervenir sur les principaux paramètres de santé et de fertilité peut compromettre la rentabilité globale de l'exploitation. Les mycotoxines en sont un parfait exemple car elles ont un impact négatif sur le système immunitaire, les boiteries et les processus inflammatoires. Les élevages de grande taille ont tendance à recourir à une alimentation plus acidogène, ce qui augmente la vitesse de passage et réduit le processus naturel de détoxification des mycotoxines dans le rumen, exposant ainsi les vaches aux effets délétères de ces agents pathogènes. Une alimentation plus riche en amidon peut en outre prédisposer les vaches à une acidose ruminale subaiguë (SARA).

l'avenir de la filière mais

Endotoxines

Les exploitations de

rendement et santé des animaux n'iront de paire que si les éleveurs parviennent à maîtriser l'ensemble des facteurs essentiels.

8

Les endotoxines sont des fragments de la paroi cellulaire externe des bactéries Gram-négatives qui peuvent être produits lors de la croissance, la réplication ou la mort de la bactérie. En cas d'acidose ruminale subaiguë, associée à la mort de nombreuses bactéries, il est possible d'observer une arrivée massive d'endotoxines dans le rumen. Cependant, bien d'autres situations fréquemment rencontrées lors de l'augmentation de la taille d'un troupeau (traitement antibiotique, métrite et mammite) peuvent exposer les vaches à des endotoxines. Une augmentation de la quantité d'endotoxines circulantes peut entraîner une toxicité hépatique, une hyperthermie et une inflammation. L'altération du fonctionnement hépatique favorise l'apparition de cétose, ce qui

peut avoir un impact négatif sur l'immunité innée de l'animal. Reisinger et al. (2015) ont récemment montré qu'il existe un lien entre les cas de boiterie et les endotoxines car l'augmentation de leur taux a un effet délétère sur l'intégrité des tissus lamellaires provenant de prélèvements de sabot mis en culture.

Des troupeaux plus grands en bonne santé

Les exploitations de grande taille représentent l'avenir de la filière mais rendement et santé des animaux ne seront au rendez-vous que si les éleveurs parviennent à maîtriser l'ensemble des facteurs essentiels. Tout autre événement susceptible d'altérer la fonction immunitaire de la vache peut être à l'origine d'un recul majeur de la productivité. S'ils veulent réussir, les éleveurs doivent se concentrer sur leurs objectifs et cibler les quatre éléments essentiels suivants : • Biosécurité • Formation du personnel • Circulation des animaux • Recherche des risques potentiellement cachés Il est indispensable d'adopter des mesures de biosécurité adéquates permettant de lutter contre les maladies infectieuses, les endoparasites, les mammites et les boiteries afin de minimiser l'impact de toutes les modifications rencontrées sur la santé des vaches. Il convient toutefois de noter que le système immunitaire reste soumis à une certaine pression même en présence d'une conduite d'élevage adéquate (tableau 2).

Science & Solutions • Numéro 37


Cut & Keep

Mon troupeau est malade : de quoi s'agit-il ? Partie 2 : Endotoxines

L

es endotoxines, ou lipopolysaccharides (LPS), contiennent un composant gras (lipide) et un composant d'amidon (saccharide). Il s'agit de fragments de la paroi cellulaire de bactéries Gram-négatives de type E. coli ou salmonelles. Les endotoxines sont libérées lors de la mort de la bactérie et leur nombre augmente en présence de conditions favorisant la mort de ces cellules bactériennes. Les traitements antibiotiques ajoutés à la ration ainsi que les cas d'acidose ruminale subaiguë sont de fréquentes causes d'exposition aux endotoxines. Ces agents pathogènes sont à l'origine de fortes réactions inflammatoires et sont généralement utilisés dans le domaine de la recherche pour provoquer une fièvre. Les LPS agissent en se liant à des récepteurs clés dans de nombreux types de cellules, mais plus particulièrement dans les monocytes, les cellules dendritiques, les macrophages et les lymphocytes B, ce qui favorise la sécrétion de cytokines pro-inflammatoires, d'oxyde nitrique et d'eicosanoïdes. Il est intéressant de souligner que l'administration d'une quantité très élevée ou très faible d'endotoxines ne provoque pas forcément de fièvre chez la vache. L'absence de fièvre, du moins chez les bovins, ne signifie cependant pas qu'aucune endotoxine n'a été libérée et qu'il n'existe aucun effet.

Effets délétères chez les bovins Les effets des endotoxines chez les bovins sont étroitement liés à l'acidose ruminale et à l'acidose ruminale subaiguë (SARA). Cette dernière est une affection fréquente chez les vaches laitières et les taurillons à l'engrais dont l'alimentation est plus riche en concentrés. Ce type d'acidose peut se solder par la lyse des bactéries Gram-négatives mais également par une altération de l'intégrité de la paroi ruminale, à l'origine d'une absorption accrue des endotoxines et du passage de bactéries comme Fusobacterium necrophorum associées à des abcès hépatiques.

Lésions hépatiques Il est possible que les effets délétères les plus graves des endotoxines sur les performances soient liés aux lésions provoquées au niveau hépatique. Le foie est le principal organe à l'origine de l'élimination des toxines provenant de diverses sources comme les plantes toxiques, les mycotoxines ou encore les endotoxines. Les cellules de Kupffer sont des macrophages spécifiques responsables de l'élimination des endotoxines et, dans une large mesure, du déclenchement d'événements inflammatoires en cascade. Le foie est un organe extrêmement actif aux nombreuses fonctions. Outre son rôle de détoxification et ses fonctions immunitaires, il intervient dans la production et la transformation des nutriments comme les protéines, les glucides et les graisses. L'altération de la fonction hépatique se solde par une diminution de la disponibilité des nutriments et une baisse de la production.

Au moment du vêlage Les vaches présentent un déficit énergétique et ont besoin de glucose, dont la plus grande partie est produite au niveau du foie, et de graisses qui sont transformées pour être distribuées vers les tissus par l'intermédiaire des lipoprotéines de très faible densité (VLDL) excrétées par le foie. Il est fréquent d'observer une accumulation accrue de graisses dans le foie au moment

Checklist

Tableau 1. Effets négatifs des endotoxines chez les vaches Baisse de la motilité ruminale associée à : • une moins bonne digestion des fibres • un pH plus faible • un risque plus élevé de déplacement de la caillette Mammites et métrites plus fréquentes Immunosuppression générale Altération de la fonction hépatique associée à : • une diminution de la disponibilité des nutriments • une baisse de la production Fréquence respiratoire plus élevée Source: BIOMIN

Tableau 2. Conseils pour lutter contre les endotoxines Éviter la baisse du pH ruminal grâce à : • la sélection rigoureuse des ingrédients utilisés pour la fabrication des aliments ; • l'utilisation potentielle de substances tampons. Éviter tout passage soudain d'une alimentation riche en fourrages à une alimentation plus riche en concentrés. Utiliser un additif alimentaire capable de se lier aux endotoxines et de renforcer les fonctions hépatiques et immunitaires. Source: BIOMIN

du vêlage. Ce phénomène peut s'aggraver et entraîner l'apparition d'un syndrome appelé stéatose hépatique associé à une altération de la fonction hépatique, avec une baisse de la production de glucose à l'origine d'une cétose. Il a également été constaté que la présence excessive de lipides au niveau du foie ne lui permet pas d'éliminer correctement les endotoxines du sang, ce qui augmente le taux d'endotoxines circulant vers d'autres tissus.

Prévention et réduction de la contamination Les éleveurs peuvent réduire les risques d'endotoxicose grâce à une conduite d'élevage adéquate et l'utilisation d'additifs alimentaires essentiels. La concentration en endotoxines augmente avec la baisse du pH ruminal. Ce facteur de risque peut être maîtrisé en maintenant un pH ruminal stable grâce à la sélection rigoureuse des ingrédients utilisés pour la fabrication des aliments et à l'utilisation potentielle de substances tampons. En outre, l'exposition aux LPS est plus importante lors du passage soudain d'une alimentation riche en fourrages à une alimentation plus riche en concentrés. Certains produits anti-mycotoxines conçus pour adsorber les aflatoxines et les alcaloïdes de l'ergot peuvent également se lier aux endotoxines. Néanmoins, tous les produits ne présentent pas d'affinités pour les LPS et il convient de choisir des produits qui ont été testés et dont la capacité d'adsorption des endotoxines a été mise en évidence. L'adoption d'une bonne conduite d'élevage et d'une alimentation correctement formulée permettra à vos vaches de traverser plus facilement certaines étapes difficiles.

Pour toute information complémentaire, rendez-vous sur www.mycotoxins.info CLAUSE DE NON-RESPONSABILITÉ : ce tableau fournit des conseils généraux sur des problèmes qui touchent principalement les ruminants et qui peuvent être liés à la présence de mycotoxines dans l'alimentation. La liste des problèmes et maladies présentés dans ce tableau n'est pas exhaustive de tous les problèmes et maladies qui peuvent toucher les ruminants. BIOMIN ne saurait en aucun cas être tenue responsable des dommages directs ou indirects résultant de l'utilisation de ce tableau ou des informations qu'il contient. Veuillez consulter votre vétérinaire avant de mettre en pratique les solutions proposées dans ce tableau.

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