PAr L’AuTEur dE Crazy love *
Dieu oublié LE SAINt-eSpRIt CommE Au pRemIeR jouR francis chan AVEC dAnAE yAnkoski
Dieu oublié
Dieu oublié En coédition avec JPC France
Le saint-esprit comme au premier jour francis chan AVEC danae yankoski
Retrouvez ce livre sur www.dieuoublie.fr
Catalogue complet sur www.blfeurope.com
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : Forgotten God • Francis Chan © 2009 Francis Chan Publié par David C. Cook • 4050 Lee Vance View • Colorado Springs, CO 80918 • USA Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés. Édition en langue française : Dieu oublié • Francis Chan © 2013 BLF Europe • Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Second auteur : Danae Yankoski Traduction : Sarah Lecerf Couverture et mise en page : Éditions BLF • www.blfeurope.com Photo auteur : Kevin Von Qualen, 2007 Impression nº 94308 • IMEAF • 26160 La Bégude de Mazenc Les citations bibliques sont tirées de La Nouvelle Version Segond Révisée (Bible à la Colombe) © 1978 Société Biblique Française. Avec permission. Les italiques sont ajoutés par l’auteur du présent ouvrage. 978-2-36249-138-2 978-2-90525-313-2 978-2-36249-140-5 978-2-36249-141-2 978-2-36249-139-9
ISBN BLF version brochée ISBN JPC version brochée ISBN BLF version PDF ISBN BLF version Mobipocket ISBN BLF version ePub
Dépôt légal 2e trimestre 2013 Index Dewey (CDD) : 231.3 Mots-clés : 1. Dieu. Saint-Esprit. 2. Vie spirituelle. Sanctification.
Table des matières Remerciements...................................................................................... 9 Préambule........................................................................................... 11 Introduction.......................................................................................... 13 Chapitre 1 J’ai déjà Jésus : pourquoi aurais-je besoin de l’Esprit ?..................................................................................... 21 joni eareckson tada................................................................................. 33 Chapitre 2 De quoi avez-vous peur ?.............................................................. 35 domingo et irène garcia. ........................................................................... 49 Chapitre 3 Théologie du Saint-Esprit, le B.A.-BA........................................ 51 francis schaeffer.................................................................................... 65 Chapitre 4 Pourquoi le voulez-vous ?........................................................... 67 esther ahn kim........................................................................................ 81 Chapitre 5 Une véritable relation................................................................ 83 thomas et jen yun. .................................................................................. 95 Chapitre 6 Laissez tomber l’idée de connaître sa volonté pour votre vie !.............................................................................. 97 dave phillips......................................................................................... 113 Chapitre 7 Église surnaturelle................................................................... 115 la biographie finale................................................................................ 131 conclusion.................................................................................... 133 arrêtez de prier Extrait du livre de Francis Chan : Crazy love*........ 143 JPC France, coéditeur de Dieu oublié................................................... 157
À Rachel, ma fille et amie. Tu n’as pas idée de la joie que j’éprouve en voyant l’Esprit vivant en toi. Suivons-le ensemble, pour toujours.
I9 remerciements
À Lisa et aux enfants, merci de me soutenir lorsque je cherche à amener notre famille là où l’Esprit nous guide. Je sais que ce n’est pas toujours facile. Aux anciens de mon Église locale, merci pour votre instruction empreinte de patience et conduite par l’Esprit. J’aime servir à vos côtés. À Danae, encore une fois, je n’aurais pas été capable de faire ce livre sans toi. Tu es douée, c’est évident, et j’admire ton engagement envers le christianisme réel et biblique. À Don et Jenni de chez D. C. Jacobson & Associates, merci pour vos conseils. vail.
À l’équipe de chez David C. Cook, merci pour votre tra-
À Jim, merci d’avoir dessiné la couverture de l’édition américaine. Elle est cool ! Tout le monde devrait acheter un site internet à www.CloverSites.com. (Tu me dois beaucoup de sushis de te faire une telle publicité !) À Jesse et Reesh, Keith et Kristi, Gene et Sandra, Chris et Julie, Jim et Sherry, Ted et Sandy, Frank et Christy, Adam et Steph, Bill et Kathleen, Brice et Shelene, Mark et Jen, Doug et Frani, Kevin, Paul. Vous n’avez pas vraiment aidé à quoi que ce soit, mais vous êtes de bons amis et c’est toujours marrant de voir vos noms dans un livre !
I 11 Préambule
Une des premières leçons que j’ai apprises au séminaire portait sur la différence entre l’exégèse et l’eiségèse. Exégèse : tenter de découvrir la signification d’un texte, objectivement, en partant du texte lui-même. Eiségèse : importer une signification subjective et préconçue dans le texte. On m’a enseigné à interpréter les Écritures uniquement par l’exégèse. En premier lieu, ouvrez la Parole de Dieu ; priez pour que l’Esprit vous accorde la clarté ; puis étudiez pour découvrir le véritable message véhiculé par le texte. Le Saint-Esprit a inspiré la rédaction de la Bible : qui, mieux que lui, peut nous aider dans notre quête pour la comprendre ? Dans les Écritures, nous lisons que l’Esprit a non seulement inspiré la Bible, mais qu’il l’éclaire aussi pour nous aujourd’hui (1 Corinthiens 2 : 12-16 et 2 Timothée 3 : 16). Le terme exégèse vient d’un mot grec signifiant « mener hors de ». Comme je l’ai dit, vous partez du texte et en retirez la signification. L’eiségèse, en revanche, consiste à partir d’une idée ou d’une conviction et de chercher ensuite dans la Bible les versets qui appuient votre thèse. On m’a mis en garde contre l’eiségèse, et avec raison. Le danger de cette méthode est que l’on peut tirer des versets hors de leur contexte pour soutenir n’importe quel point de vue. Pendant des années, des gens se sont servis de ce type d’in-
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terprétation pour justifier l’avidité, l’immoralité, le divorce et d’innombrables autres péchés. Les sectes utilisent aussi l’eiségèse pour justifier leurs croyances. Dans mon Église, après avoir pris conscience de cela, nous avons commencé à nous remettre en question et à vérifier si nous ne faisions pas la même chose dans certains domaines de notre vie. Tout cela pour dire que nous pouvons facilement adopter n’importe quel style de vie et trouver des passages dans les Écritures qui le justifient. Mais à quoi cela ressembleraitil de vivre de manière exégétique ? Comment serait notre vie si nous permettions à la Parole de dicter nos actes ? Je crois que beaucoup ont une conception eiségétique du Saint-Esprit. Nous avons copié-collé les versets et les idées qui fonctionnent pour nous, et c’est ce qui constitue notre compréhension du Saint-Esprit. La dernière chose que je voudrais, c’est, moi aussi, faire du copier-coller pour vous donner ma « version » du Saint-Esprit. Dans ce livre, je fais tout mon possible pour présenter les vérités fondamentales qui ont été révélées aux croyants concernant l’Esprit saint, et les conclusions auxquelles aboutirait un croyant rempli de l’Esprit s’il basait sa vie en premier lieu sur les Écritures elles-mêmes.
I 13 Introduction
Dire du Saint-Esprit qu’il est le « Dieu oublié » peut vous paraître quelque peu extrême. Certes, l’Église s’est beaucoup concentrée sur autre chose, mais vous trouvez exagéré de dire que nous avons oublié l’Esprit. Je ne crois pas. De mon point de vue, le Saint-Esprit est terriblement négligé et, en réalité, il est oublié. Aucun chrétien digne de ce nom ne renierait son existence ; toutefois, je suis prêt à parier que des millions de croyants pratiquants ne peuvent pas affirmer qu’ils ont expérimenté sa présence ou son action dans leur vie au cours de l’année écoulée. Et beaucoup d’entre eux ne croient pas qu’ils le pourraient. Le critère de réussite d’une Église aujourd’hui, c’est plutôt le nombre des participants que l’action du Saint-Esprit. Le modèle de l’Église comme source de « divertissement » a été largement adopté dans les années 80 et 90. Et même si cette façon de procéder conjure notre ennui pour quelques heures, elle a rempli nos assemblées de consommateurs centrés sur eux-mêmes plutôt que de serviteurs centrés sur l’Esprit saint. Avec le temps, nous nous sommes faits à cette situation ; c’est peut-être même pour cela que nous ne saisissons pas toute l’ampleur du problème. Que se passerait-il si vous aviez grandi sur une île déserte avec la Bible pour seul livre ? Imaginez que l’on vienne vous sauver au bout de vingt ans, et que vous fréquentiez ensuite une Église évangélique or-
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dinaire. Vous risqueriez fortement d’être choqué (pour de nombreuses raisons, mais c’est une autre histoire). Puisque vous auriez lu les Écritures en dehors du contexte de l’Église contemporaine, vous seriez convaincu que le Saint-Esprit est aussi essentiel à l’existence du croyant que l’air pour rester en vie. Vous sauriez que l’Esprit a poussé les premiers chrétiens à faire des choses inexplicables, à vivre des vies qui n’avaient aucun sens pour leur culture environnante, et enfin, à faire connaître au monde entier la Bonne Nouvelle de la grâce divine. Il existe un énorme fossé entre ce que nous lisons sur le Saint-Esprit dans les Écritures et la manière de fonctionner de la plupart des croyants et des Églises aujourd’hui. Vous seriez stupéfait de constater dans bien des Églises une absence évidente de l’action de l’Esprit. Et je crois que c’est précisément là le cœur du problème. Si j’étais Satan et que mon objectif ultime était de contrecarrer le royaume de Dieu et ses desseins, je tenterais avant tout d’amener les chrétiens à négliger le Saint-Esprit. Notre négligence a grandi proportionnellement à notre sentiment d’insatisfaction dans et avec l’Église. Elle est devenue une maladie qui a contaminé le corps de Christ. Nous avons conscience qu’il manque quelque chose d’essentiel. Ce sentiment d’insatisfaction est si intense que certains sont allés jusqu’à se détourner de l’Église et de la Parole de Dieu. Je crois que ce quelque chose qui manque est en réalité quelqu’un, à savoir le Saint-Esprit. Sans lui, les gens agissent par leurs propres forces et n’obtiennent que des résultats à taille humaine. Et sans l’Esprit saint, l’Église n’a pas la puissance nécessaire pour faire la différence dans ce monde. Mais quand les croyants vivent par la puissance de l’Esprit, ils vivent une vie surnaturelle. L’Église ne peut alors faire autrement que d’être différente, et le monde ne peut que le remarquer.
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En écrivant ce livre, une question me taraudait l’esprit : comment un être humain peut-il écrire correctement sur ce sujet sacré qu’est le Saint-Esprit de Dieu ? Aucun sujet ne m’intimide davantage ; et pourtant, rien ne me semble plus crucial pour l’Église de Dieu dans le monde, et particulièrement dans nos pays occidentaux, où le Saint-Esprit semble parfois absent de la plupart de nos assemblées. J’écris dans un contexte occidental, c’est certain. Je sais que le corps de Christ est vivant et en pleine croissance, et que le SaintEsprit est à l’œuvre en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie. J’ai également conscience que Dieu agit de manière unique en différents endroits à divers moments, et d’après moi, cela explique en partie la différence entre tel endroit du monde et tel autre. Toutefois, je crois également que l’Esprit est à l’œuvre de façon plus évidente là où les gens ont désespérément besoin de lui, emplis d’humilité devant lui, et non détournés par leur recherche de richesses et de confort (comme c’est notre cas). La lueur de l’Église occidentale vacille. Elle est sur le point de s’éteindre, parce qu’elle a déjà tout donné aux royaumes et aux valeurs de ce monde. Bien que la plupart des gens reconnaissent qu’il y a un problème, combien s’en soucient ? Et bien souvent, ceux qui le font cherchent les réponses au mauvais endroit. Au lieu de présenter une réponse pertinente aux enjeux de la société, nous avons capitulé et, dans bien des cas, nous ressemblons au monde. Je ne sais pas trop si j’écris cela poussé par un appel ou une certaine urgence. Peut-être par les deux. Le fait est que je n’ai pas le « droit » de rédiger ce livre, mais je crois qu’il doit être écrit. Voilà pourquoi je l’ai fait en me confiant en Dieu pour qu’il l’utilise pour sa gloire.
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Nous avons absolument besoin de l’Esprit saint aujourd’hui. Bien entendu, nous en avons toujours besoin, mais aujourd’hui peut-être davantage encore. Après tout, si l’Esprit agit, rien ne peut l’arrêter. Et s’il n’agit pas, nous ne produirons pas de fruit authentique, peu importent nos efforts et l’argent que nous y investissons. L’Église n’a plus de raison d’être quand elle devient une pure création humaine. Quand tout peut s’expliquer sans l’action et la présence de l’Esprit de Dieu dans nos vies et nos Églises, nous ne sommes plus ceux pour quoi nous avons été créés.
Ce n’est peut-être pas de théologie que nous manquons, mais plutôt d’intégrité théologique. Beaucoup d’entre nous avons la connaissance, mais pas le courage d’admettre le fossé entre ce que nous savons et ce que nous faisons. Des centaines de livres théologiques érudits ont été écrits sur la doctrine évidente du Saint-Esprit, sur celle de la Trinité, etc. Ce livre n’en fait pas partie. Pour décrire les vérités que je m’apprête à présenter, j’emploierai les adjectifs « évident », « négligé » et « essentiel ». Dans les chapitres suivants, j’explorerai la connaissance de base que la plupart d’entre nous ont sur le Saint-Esprit. Nous nous pencherons sur des passages-clés des Écritures et observerons nos propres abus, nos idées fausses et même nos craintes par rapport à l’Esprit. J’espère qu’en étant honnêtes, nous irons plus loin que ce que nous connaissons déjà du Saint-Esprit et que nous commencerons à ouvrir un dialogue avec lui… que nous expérimenterons jour après jour, et même instant après instant. J’espère qu’en continuant à marcher en harmonie avec l’Esprit, nous pourrons partager régulièrement ce qu’il est en train de faire plutôt que ce qu’il a fait il y a des mois ou même des années de cela.
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Nous redécouvrirons la force et la sagesse à notre disposition dans l’Esprit, et comment y puiser davantage. Si nous nous appuyons sur ses promesses, l’Esprit nous éloignera du découragement, et nous conduira vers une vie marquée par l’assurance, la puissance dans la faiblesse et le fruit de l’Esprit. Je prie que votre vie change au point de provoquer ce type d’étonnement : « Lorsqu’ils virent l’assurance de Pierre et de Jean, ils furent étonnés, car ils se rendaient compte que c’étaient des gens du peuple sans instruction. Ils les reconnaissaient pour avoir été avec Jésus » (Actes 4 : 13).
Lire ce livre ne sera sans doute pas chose aisée. Peu importe votre arrière-plan religieux, quand il est question du Saint-Esprit, vous avez sans doute votre propre bagage et nourrissez des stéréotypes. Cette lecture vous amènera à les mettre de côté pour vous ouvrir à ce que Dieu veut vous enseigner. Êtes-vous prêt à faire cela ? Certains d’entre vous entendent le terme « Saint-Esprit » et craignent automatiquement que je ne devienne frénétiquement charismatique. D’autres pensent aux conservateurs extrêmes qui ne reconnaissent jamais le Saint-Esprit en mots ou en actes, et ils espèrent que je ne prendrai pas cette direction. Il existe un grand nombre de stéréotypes (dont certains sont vrais) et d’abus, toutes tendances confondues. Certaines personnes parlent beaucoup de l’Esprit (s’en vantent même), mais leur vie ne porte aucun fruit. D’autres parlent de lui en termes théoriques ou érudits sans toutefois en faire l’expérience. D’autres encore l’ignorent et, comme vous vous en doutez, vivent rarement une relation ou une
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intimité avec l’Esprit. Et puis il y a ces personnes – rares – qui ne parlent pas souvent de l’Esprit, mais dont la vie est une manifestation puissante de sa présence et de son action. Certains d’entre vous apprécieraient probablement que je propose de trouver un équilibre sain entre deux extrêmes malsains. Ce n’est pas ce que nous allons faire. Parler d’équilibre quand on fait référence à Dieu est une grave erreur. Dieu n’est pas juste un ingrédient de plus dans la grande recette de la vie. Il veut que nous l’invitions à pénétrer tout aspect de notre quotidien. De la même manière, chercher un « équilibre sain » concernant le Saint-Esprit implique que certains en ont trop et d’autres pas assez. Je n’ai encore jamais rencontré quelqu’un avec trop de Saint-Esprit. J’ai clairement rencontré beaucoup de personnes qui parlent trop de lui, mais aucune qui soit réellement remplie à l’excès de sa présence. Est-il possible d’avoir assez ou même trop de Dieu ? Une personne peut-elle se satisfaire du degré d’intimité, de connaissance et de puissance de Dieu qu’elle aurait atteint ? Impossible ! Toute rencontre avec Dieu donne encore plus soif de Dieu, n’est-ce pas ? Que les choses soient claires : ceci n’est pas un appel à un extrémisme aveugle, mais à reconnaître que nous n’aurons jamais « assez » de Dieu. Il est infini et nous sommes finis ; nous aurons toujours à découvrir plus de son caractère, à expérimenter plus de son amour, et à utiliser plus de sa puissance pour accomplir ses desseins. Que se passera-t-il lorsque, reconnaissant que vous ne pourrez jamais expérimenter suffisamment du Saint-Esprit, vous déciderez malgré tout de le choisir et de le rechercher ? Je ne sais pas. Mais je suis sûr d’une chose : quand vous vous abandonnerez complètement à l’Esprit, ce n’est pas vous qui serez glorifié, mais Christ (Jean 16 : 14). Notre problème n’est pas de recevoir « trop » de Dieu, mais c’est notre hésitation à tout lui abandonner. Quand
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une personne dit : « J’ai juste envie d’un petit Dieu, merci », peut-être qu’en réalité, elle dit : « Je préfère ne pas abandonner à Dieu ce qui m’est le plus précieux ; je vais donc garder ceci, cela… Oh ! et ça aussi ! » Les choses ne fonctionnent pas de la sorte. Quand je lis les Écritures, je vois la vérité et la nécessité d’une vie entièrement soumise au Saint-Esprit, et dépendante de lui.
Paul a écrit aux Corinthiens que ses mots ne « reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d’Esprit et de puissance », afin que leur foi « ne soit pas fondée sur la sagesse des hommes mais sur la puissance de Dieu » (1 Corinthiens 2 : 4-5). Plus loin dans cette même lettre, il réitère : « Car le royaume de Dieu ne consiste pas en paroles, mais en puissance » (4 : 20). Aujourd’hui, dans la plupart des Églises, j’entends beaucoup de beaux discours et des choses qui ressemblent à de la sagesse humaine. Toutefois, je ne vois pas tellement la présence et la puissance de Dieu. Et vous ? Je suis fatigué de simplement parler de Dieu. Je veux voir Dieu agir au travers de moi, au travers de mon Église, et au travers du corps de Christ dans le monde. Je sais qu’il y a plus. Nous savons tous qu’il y a plus. C’est pourquoi j’écris ce livre : pour explorer avec vous la façon dont Dieu nous a appelés à plus, par la présence et la puissance du SaintEsprit. Je refuse de passer le reste de ma vie à stagner là où j’en suis actuellement. Ne vous méprenez pas : Dieu a déjà énormément agi dans ma vie, et je lui en suis reconnaissant. Je suis tout simplement convaincu qu’il y a plus. Il y a plus de l’Esprit et plus de Dieu que ce dont nous faisons l’expé-
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rience. Et c’est dans cette direction que je veux avancer, pas uniquement de manière intellectuelle, mais avec ma vie, avec tout ce que je suis. Que notre désir d’expérimenter plus du Saint-Esprit constitue notre point de départ, alors que nous entamons la lecture de ce livre. Puissions-nous plus que jamais ouvrir nos cœurs et nos vies à sa présence et à son action. À la fin de ce livre, puissions-nous être des personnes différentes de celles que nous étions au début, par la puissance et la présence du Saint-Esprit.
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Autant l’admettre : notre niveau de spiritualité est globalement faible. Nous nous sommes comparés les uns aux autres au point de supprimer tout désir de grandir dans les choses de l’Esprit. […] [Nous] avons imité le monde, recherché ses faveurs. Nous nous sommes fabriqué des petits plaisirs pour remplacer la joie du Seigneur. Nous avons développé une puissance artificielle bon marché pour remplacer la puissance du Saint-Esprit. A. W. Tozer
Je suis convaincu que l’Église a plus que jamais besoin de laisser davantage de place et de liberté d’action au SaintEsprit. Nous sommes d’accord sur le fait qu’un problème pèse sur nos Églises, que quelque chose ne tourne pas rond. Mais je ne pense pas que nous tombions d’accord sur la ma-
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nière d’y répondre. La plupart des chrétiens ne font pas le rapprochement entre ce problème et un besoin du SaintEsprit. Il y a quelque temps, j’ai été réellement frappé par notre manque de volonté à nous remettre en question, surtout en ce qui concerne l’Esprit saint. Deux témoins de Jéhovah ont sonné chez moi et engagé la conversation. J’avais beaucoup à faire, et je m’apprêtais donc à les congédier. Mais ils ont commencé leur laïus, et j’ai décidé de leur accorder quelques minutes. Je leur ai poliment dit que je trouvais leurs propos sur Jésus choquants, puisqu’ils enseignaient que Jésus et l’archange Michel n’étaient qu’une seule et même personne. Je leur ai répondu que, pour moi, Jésus est bien plus qu’un simple ange : il est Dieu. Ce à quoi mes visiteurs ont répliqué : « Non, Jésus-Michel est le seul archange. Il n’y en a pas d’autres ». Je les ai invités à ouvrir leur Bible dans le livre de Daniel 10 : 13 : « Le chef du royaume de Perse m’a résisté vingt-et-un jours ; mais voici que Michel, l’un des principaux chefs, est venu à mon secours, et je suis demeuré là auprès des rois de Perse ». Ce passage est clair : Michel n’est que « l’un des » principaux chefs (ou archanges). Cette remarque les a pris au dépourvu. Ils m’ont dit n’avoir jamais lu ou entendu cela auparavant. Et comme j’avais capté leur attention, j’ai ajouté : « Vous n’allez pas me faire croire que vous vous êtes assis un jour pour chercher Dieu, que vous avez lu la Bible et que vous êtes arrivés, par vous-mêmes, à la conclusion que Jésus était la même personne que l’archange Michel. Ce n’est pas possible. Personne ne pourrait parvenir seul à cette conclusion. Si vous croyez cela, c’est uniquement parce que quelqu’un vous l’a enseigné, et je n’ai pas l’intention, à mon tour, d’essayer de vous faire ingurgiter autre chose ». Je les ai donc mis au défi de lire la Bible pour eux-mêmes, au lieu de simplement accepter ce que d’autres en disaient. Ils sont partis en me le promettant. Après cette conversation, je me sentais fier de moi : je les avais laissés perplexes et les avais poussés à remettre
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leurs croyances en question. Et pourtant, je ne pouvais empêcher un sentiment de malaise grandir en moi : je n’avais pas été juste envers eux. Est-ce que moi-même, j’avais, un jour, lu la Bible pour que la vérité s’impose d’elle-même ? Ou est-ce que, tout comme mes visiteurs, j’avais, toute ma vie, passivement absorbé ce que j’avais entendu d’autres personnes ? À partir de ce moment-là, j’ai commencé à lire la Parole comme si je ne l’avais jamais lue auparavant. J’ai demandé à l’Esprit de la rendre « vivante et efficace » pour moi, bien que je l’aie lue maintes et maintes fois. J’ai demandé à Dieu de bousculer les idées boiteuses ou fausses que j’avais accumulées pendant des années (Hébreux 4 : 12). Voilà un bon exercice pour ceux qui sont immergés dans une culture d’Église depuis longtemps ! Bien sûr, l’exercice n’est pas sans danger, puisque la Bible est censée être interprétée dans le cadre et sous la responsabilité d’une communauté fidèle. Toutefois, tous ceux qui ont grandi dans le cocon de la famille chrétienne doivent impérativement dépasser la routine et oser, un jour, confronter leur manière de vivre au texte biblique. La plupart d’entre nous partent du principe que ce que nous croyons est vrai (évidemment, c’est pour cela que nous croyons ce que nous croyons). Mais nous n’avons jamais vraiment étudié la question par nous-mêmes. Nous avons simplement entendu : « C’est comme ça », et nous n’avons rien remis en cause. Le problème est le suivant : une grande partie de ce que nous croyons est souvent basée plus sur notre confort ou la tradition de notre culture que sur la Bible. Je crois que nous devons réexaminer notre foi au même titre que les témoins de Jéhovah qui ont sonné à ma porte doivent reconsidérer la leur. Souvenez-vous, les Juifs de Bérée ont été cités en exemple parce qu’ils examinaient ce qui leur était enseigné. Ils s’assuraient que même les enseignements des apôtres étaient en accord avec ce qui était
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écrit : « Ceux-ci avaient de meilleurs sentiments que ceux de Thessalonique ; ils reçurent la parole avec beaucoup d’empressement, et ils examinaient chaque jour les Écritures, pour voir si ce qu’on leur disait était exact » (Actes 17 : 11).
Nous avons désespérément besoin d’examiner notre façon de penser quant au Saint-Esprit et nos liens avec lui. Si nous n’avions jamais mis les pieds dans une Église et n’avions lu que la Bible, nous attendrions énormément du Saint-Esprit dans nos vies. Pensez-y. Lorsque Jésus annonce sa mort à ses disciples, il les réconforte en leur disant qu’un « autre Consolateur » viendra (Jean 14 : 16). En Jean 16 : 7, il va même jusqu’à dire qu’il est avantageux pour eux qu’il parte pour que le Consolateur puisse venir. Et en Actes 1 : 4-5, après sa mort et sa résurrection, il leur recommande de rester à Jérusalem et d’attendre le Saint-Esprit. (Les disciples obéissent parce que c’est ce que les gens font quand quelqu’un ressuscite d’entre les morts et donne des instructions.) Les disciples de Jésus ne savent absolument pas qui ou quoi attendre ni comment cela va se passer. Mais ils attendent et espèrent ce beau cadeau, parce que Jésus le leur a enseigné. Puis, en Actes 2, cette promesse s’accomplit d’une façon telle que les disciples ont certainement été choqués. La puissance du Saint-Esprit est libérée de manière totalement inédite, et Pierre partage la promesse merveilleuse que cet Esprit saint est pour tous ceux qui croient. Dans les Épîtres, nous voyons comment son incroyable puissance agit dans nos vies, comment il nous permet de mettre à mort le péché et quels sont les dons surnaturels qu’il accorde.
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Si nous lisions et croyions réellement à ces récits, nous attendrions beaucoup plus du Saint-Esprit. Il ne serait pas un membre de la Trinité, le plus souvent oublié, à qui nous faisons simplement un hochement de tête de reconnaissance de temps à autre. Ce qu’il est devenu dans la plupart de nos Églises occidentales. Nous nous attendrions plutôt à ce que notre nouvelle vie avec le Saint-Esprit soit radicalement différente de notre ancienne vie sans lui. Ce n’est pourtant pas le cas pour la majorité des gens. Nous ne vivons pas comme cela. Pour je ne sais quelle raison, nous ne pensons pas avoir besoin du Saint-Esprit. Nous ne nous attendons pas à ce qu’il agisse. Ou si c’est le cas, nos attentes sont bien souvent mal placées ou intéressées. Étant donné nos talents, notre expérience et notre éducation, beaucoup d’entre nous sommes tout à fait capables de réussir dans la vie (d’après les critères du monde) sans la moindre force venant du Saint-Esprit. Même nos Églises peuvent croître sans lui. Soyons honnêtes. Réunissez un orateur charismatique, une équipe de louange talentueuse et quelques événements créatifs et branchés, et les gens fréquenteront votre assemblée. Mais cela ne signifie pas que le Saint-Esprit agit activement dans les vies de ceux qui viennent. Cela signifie simplement que vous avez créé un espace suffisamment agréable pour y attirer les gens une heure ou deux le dimanche. Cela ne veut absolument pas dire que les gens sortent de là, émerveillés par Dieu et poussés à l’adorer. Ils ont tendance à décrire la qualité de la musique ou de la prédication plutôt que la raison principale qui les motive à se retrouver à « l’église ».
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Le pire, selon moi, se passe en dehors des murs de l’église, lorsque vous discutez aussi bien avec des croyants qu’avec des non-croyants. Pouvez-vous réellement faire la différence ? Si vous ne les reconnaissiez pas pour les avoir vu à l’église, pourriez-vous affirmer que ces personnes suivent Jésus, simplement en considérant leurs actions et leur mode de vie ? Honnêtement, je suis parfois gêné par certains de mes voisins « chrétiens », parce que mes voisins non chrétiens semblent plus joyeux, accueillants et en paix qu’eux. Pourquoi ? Comment est-ce même possible ? « Pour vous, vous n’êtes plus sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous » (Romains 8 : 9). D’après ce verset, si je suis croyant, l’Esprit de Dieu habite en moi. Paul répète cette vérité en 1 Corinthiens 6 : 19-20 : « Ne savez-vous pas ceci : votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu, et vous n’êtes pas à vousmêmes ? Car vous avez été rachetés à grand prix ». Nos corps sont le temple de l’Esprit. Nous en examinerons les implications plus tard. Le Saint-Esprit fait sa demeure en nous, voilà l’essentiel. Nous sommes son lieu d’habitation. Voici donc la question inévitable : s’il est vrai que l’Esprit de Dieu habite en nous et que nos corps sont son temple, ne devrait-il pas y avoir une différence flagrante entre quelqu’un qui a cet Esprit en lui et quelqu’un qui ne l’a pas ? Cette illustration peut paraître absurde, mais si je vous disais que j’avais rencontré Dieu, qu’il était entré en moi et m’avait doté d’une aptitude surnaturelle au basket-ball… Ne vous attendriez-vous pas à voir une amélioration incroyable dans mon tir en suspension, ma défense et ma vitesse sur le terrain ? Après tout, cela viendrait bien de Dieu ! Et si vous ne voyiez aucun changement, ne remettriez-vous pas en question la véracité de ma « rencontre » ? Partout dans le pays, ceux qui vont à l’église disent avoir reçu le Saint-Esprit. Ils claironnent que Dieu leur a
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donné une capacité surnaturelle pour suivre Christ, mettre leur péché à mort et servir l’Église. Les chrétiens parlent de naître de nouveau et disent qu’ils étaient morts, mais qu’ils sont maintenant revenus à la vie. Nous sommes devenus insensibles à ces mots pourtant puissants et particuliers. Quand ceux qui n’appartiennent pas à l’Église ne voient pas de différence dans nos vies, ils commencent à se questionner au sujet de notre intégrité, notre bon sens ou pire encore : notre Dieu. Pouvons-nous les en blâmer ? Cela me rappelle la frustration de Jacques quand il évoque les sources d’eau douce produisant de l’eau salée. On peut presque entendre son incrédulité : « Avez-vous déjà vu de l’eau douce et de l’eau salée jaillir d’une même source par la même ouverture ? » (Jacques 3 : 11 – Semeur). Autrement dit, de soi-disant chrétiens étaient en train de faire quelque chose qui, normalement, est impossible à faire et ce n’était pas une bonne chose ! Il se lamente : « Il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi » (Jacques 3 : 10). Je fais écho à l’exhortation de Jacques pour nos Églises aujourd’hui : mes frères et sœurs qui avez reçu le Saint-Esprit comme moi, nous manquons souvent d’amour, de joie, de paix, de patience, de bienveillance, etc. Et ce, alors même que beaucoup de nos amis non croyants manifestent ces traits de caractère. Frères et sœurs, il ne faut pas qu’il en soit ainsi ! Tout comme je l’ai conseillé à mes visiteurs témoins de Jéhovah, nous devons tout reprendre depuis le début. Revoyons à la loupe nos préjugés sur le Saint-Esprit et ce qu’implique être son temple. Marcher dans les pas de Jésus, ce n’est pas simplement réunir quelques personnes talentueuses pour faire un culte. C’est beaucoup plus que cela ! Alors que Jésus s’apprêtait à quitter cette terre, il réconforta ses disciples en leur disant de ne pas s’inquiéter, mais de croire en lui (Jean 14 : 1). Ne s’était-il pas montré fidèle durant les années qu’ils avaient passées ensemble ? Tout d’abord, il les réconforta en leur disant que cette sépa-
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ration ne serait que temporaire, et qu’il allait leur « préparer une place » (14 : 2-3). Ensuite, il leur dit qu’il allait être avec Dieu le Père et que, même de là-haut, il entendrait leurs prières (14 : 12-14). Et pour finir, Jésus donna à ses disciples l’ultime assurance : le Père leur enverrait « un autre Consolateur qui soit éternellement avec [eux] » (14 : 16). Dans ce cas, le mot grec « un autre » signifie « un autre qui est exactement comme le premier » (contrairement à un autre qui est d’un genre différent). Jésus était donc en train de dire que celui qui viendrait serait exactement comme lui ! Avez-vous déjà pensé à ce que signifie avoir « un autre » Conseiller qui est « exactement comme » Christ ? Imaginez à présent ce que ce serait d’avoir Jésus en chair et en os en face de vous. Il serait votre Conseiller personnel. Imaginez la paix qui vous envahirait rien que de savoir que vous recevrez toujours de sa part la vérité parfaite et sans défaut. Cela semble merveilleux. Aucun d’entre nous ne nierait les avantages d’avoir Jésus présent physiquement avec nous pour guider nos pas. Pourquoi supposons-nous que ce serait mieux que d’avoir littéralement la présence du Saint-Esprit ? Ceux d’entre nous qui croient en Jésus ne nieraient jamais que l’Esprit du Dieu vivant, l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, vit en nous. Je ne suis toutefois pas convaincu que nous ayons intériorisé cette vérité et que nous prenions plaisir dans ses bénédictions comme c’était son intention. Il semble que nous ayons la connaissance, mais sans nous l’être appropriée. Elle n’a pas fait une grande différence dans nos vies. À tel point que si nous nous levions demain pour découvrir qu’en réalité, le Saint-Esprit ne vit pas en nous, nos vies n’en seraient pas très différentes. Jésus lui-même a dit à ses disciples : « Il est avantageux pour vous que je parte, car si je ne pars pas, le Consolateur ne viendra pas vers vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai » (Jean 16 : 7). Jésus leur disait simplement : « Oui, j’étais
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avec vous pendant trois ans et demi, mais il vaut mieux que je vous quitte et que le Saint-Esprit vienne à vous ». Je suis certain qu’en entendant cela, les disciples ont eu du mal à comprendre. En quoi était-il meilleur d’échanger un Jésus humain (un homme avec lequel ils pouvaient parler, manger et rire) contre un Esprit qu’ils ne pourraient pas voir ? Deux millénaires plus tard, je crois que beaucoup d’entre nous choisiraient aussi un Jésus physique plutôt qu’un Esprit invisible. Mais que faisons-nous du fait que Jésus a dit qu’il vaut mieux pour ceux qui le suivent d’avoir l’Esprit saint ? Le croyons-nous ? Et si c’est le cas, est-ce que nos vies reflètent cette croyance ?
Je suppose que la plupart d’entre vous, qui lisez ce livre, ont des connaissances basiques concernant le Saint-Esprit. Mais quand il s’agit de l’expérimenter dans votre vie, c’est une autre histoire. Prenez un moment pour vous poser cette question : À quand remonte la dernière fois que j’ai manifestement vu l’Esprit à l’œuvre en moi ou autour de moi ? Si c’est récemment, prenez quelques minutes pour réfléchir à ce que l’Esprit de Dieu a fait, et comment vous l’avez vu à l’œuvre. Remerciez Dieu pour sa présence agissante dans votre vie, et louez-le pour la façon dont il vous conduit, même maintenant. Si vous avez du mal à vous remémorer quand l’Esprit était à l’œuvre en vous ou autour de vous, c’est peut-être parce que vous l’avez ignoré. Peut-être avez-vous beaucoup de connaissances intellectuelles à son sujet, mais pas une vraie relation avec lui. Le fait est que l’Église primitive connaissait moins de choses concernant le Saint-Esprit que la plupart d’entre
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nous aujourd’hui – du moins d’un point de vue intellectuel. Mais les croyants étaient parvenus à connaître l’Esprit intimement et puissamment alors qu’il travaillait dans et au travers de leurs vies. Dans tout le Nouveau Testament, les apôtres se laissaient diriger par l’Esprit et vivaient par sa puissance. Ce livre n’a pas pour but de tout expliquer sur l’Esprit ou de nous ramener à l’âge apostolique, mais de nous apprendre à vivre fidèlement aujourd’hui. Premièrement, il nous est impossible, à nous, créatures limitées, de comprendre totalement un Dieu illimité. Deuxièmement, beaucoup d’entre nous n’ont pas besoin d’augmenter leurs connaissances intellectuelles sur l’Esprit : ce dont nous avons besoin, c’est une connaissance résultant de l’expérience de sa présence. Et troisièmement, nous ne pourrons jamais retourner au temps des apôtres : nous allons toujours de l’avant en cherchant à vivre fidèlement dans le temps et la culture où Dieu nous a placés. J’espère que vous « apprendrez » quelque chose de nouveau sur le Saint-Esprit dans ce livre. Mais je prie surtout pour que cette lecture renforce votre communion avec l’Esprit, et vous permette d’expérimenter plus intensément sa puissance et sa présence dans votre vie.
Il y a plusieurs années, une idée m’a traversé l’esprit. Je me suis tourné vers ma femme : — T’es-tu déjà demandé à quoi pensent les chenilles ? — Non, a-t-elle répondu. Rien de surprenant.
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J’ai commencé à lui parler de la confusion qu’une chenille doit éprouver. Pendant toute sa vie de chenille, elle rampe sur un petit carré de saleté et le long de quelques plantes. Puis un jour, elle fait une sieste. Une longue sieste. Et ensuite, que peut-il bien se passer dans sa tête quand elle se réveille et découvre qu’elle peut voler ? Qu’est-il arrivé à son petit corps de ver dodu et sale ? À quoi pense-t-elle quand elle voit son nouveau corps élancé et ses superbes ailes ? En tant que croyants, nous devrions être tout autant stupéfaits de nous voir métamorphosés en une « nouvelle créature » quand le Saint-Esprit entre en nous. Tout comme la chenille découvre sa nouvelle capacité à voler, nous devrions être ravis de découvrir cette capacité à vivre différemment et fidèlement grâce à l’Esprit. Les Écritures n’en parlent-elles pas ? N’est-ce pas ce dont nous avons tous soif ? Voilà une vérité réellement étonnante : l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts vit en vous. Il vit en moi. Chaque fois que je l’invite à me guider, je ne sais pas ce qu’il fera ni où il me conduira. Mais je suis fatigué de vivre exactement comme ceux qui n’ont pas le Saint-Esprit de Dieu en eux. Je veux vivre en ayant constamment conscience de sa force. Je veux être différent aujourd’hui de ce que j’étais hier, tandis que le fruit de l’Esprit devient plus manifeste en moi. Je veux vivre entièrement soumis à la direction de l’Esprit au quotidien. Christ a dit qu’il valait mieux pour nous que l’Esprit vienne, et je veux vivre comme si je savais que c’était vrai. Je ne veux pas continuer à ramper alors que j’ai la capacité de voler.
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Joni Eareckson Tada
On m’a récemment demandé : — Quelle est la personne la plus remplie du Saint-Esprit que tu connaisses ? — Joni Eareckson Tada, ai-je répondu. En 1967, Joni est devenue tétraplégique suite à un accident de plongée. Elle avait dix-sept ans à l’époque. Alors qu’elle était allongée sur son lit d’hôpital, elle fut remplie d’un désir oppressant de mettre fin à ses jours. Elle était horrifiée à l’idée de passer le reste de sa vie paralysée du cou jusqu’aux pieds et dépendante des autres pour ses besoins les plus basiques. Mais ce jour-là , Joni n’a pas mis fin à ses jours. Au contraire, elle a abandonné sa vie entre les mains de Dieu. Elle était loin d’imaginer que l’Esprit de Dieu allait faire d’elle l’une des femmes les plus attachées à Dieu qui ait jamais embelli cette terre. Dieu lui a accordé une humilité et un amour qui la rendent capable de dépasser sa propre souffrance pour voir les blessures des autres. C’est une personne qui, constamment, « dans l’humilité, [estime] les autres supérieurs » à ellemême (l’incarnation de Philippiens 2 : 3). Je ne sais même pas par où commencer pour raconter tout ce qu’elle a accompli. Pendant ses deux années de rééducation après l’accident, elle a passé des heures entières à apprendre à peindre en tenant un pinceau entre les dents. Ses peintures détaillées sont très recherchées. Son autobiographie, Joni, a connu un succès international et a été adaptée en long-métrage. En 1979, elle a fondé Joni and Friends pour développer le ministère chrétien auprès des handicapés du monde
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entier. Cette organisation a mené à la création, en 2007, du centre Joni and Friends International Disability Center [Centre international de Joni et ses amis pour les handicapés]. Ce centre touche actuellement des milliers de familles autour du globe. Chaque semaine, plus d’un million de personnes écoutent sa chronique radio quotidienne, Joni and Friends. L’organisation qu’elle a commencée permet à des centaines de familles touchées par le handicap de participer à des retraites familiales dans tout le pays. Wheels for the World [Des roues pour le monde] collecte des fauteuils roulants. Des détenus les remettent à neuf dans des maisons correctionnelles. Ils sont ensuite expédiés et offerts aux pays en voie de développement où des kinésithérapeutes les ajustent en fonction des besoins. Depuis 2008, Wheels for the World a déjà distribué 52 342 fauteuils roulants dans 102 pays. L’organisation de Joni s’est aussi impliquée dans la formation de centaines de leaders, y compris des personnes handicapées. En 2005, Joni Eareckson Tada a été nommée au Comité de conseil sur le handicap des États-Unis. Elle a travaillé avec le docteur Condoleezza Rice, la secrétaire d’État de l’époque, sur des programmes locaux et internationaux en faveur des personnes handicapées. Joni est passée deux fois à l’une des émissions de télévision les plus populaires, où elle a donné non seulement son témoignage, mais aussi une perspective biblique sur des questions de droit à la vie, qui touchent les handicapés. Joni a aussi écrit plus de trente-cinq livres ! Néanmoins, si j’estime que Joni est la personne la plus remplie de l’Esprit que je connaisse, ce n’est certainement pas à cause de tous ces exploits. Cela n’a même rien à voir. C’est parce qu’il est impossible de passer dix minutes avec Joni sans qu’elle se mette à chanter, à citer la Parole ou à donner un mot d’encouragement toujours à propos. Je n’ai jamais vu le fruit de l’Esprit manifesté plus clairement dans la vie d’une personne que lorsque je suis à ses côtés. En fait, je ne peux pas avoir une conversation avec elle sans verser de larmes. Parce que Joni est une personne dont la vie témoigne de l’œuvre du Saint-Esprit en elle et 1 au travers d’elle, à tous les niveaux .
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Voir le site internet anglophone de Joni and friends. URL : <www.joniandfriends.org> (page consultée le 7 janvier 2013).
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De quoi avez-vous peur ?
Le Seigneur nous invite à le confesser et à endurer les persécutions. Il veut que ceux qui lui appartiennent soient courageux et sans peur. Il montre lui-même comment la faiblesse de la chair est vaincue par le courage que donne l’Esprit. C’est là le témoignage des apôtres et surtout de l’Esprit. Un chrétien ne craint rien. Tertullien
La peur du rejet m’a paralysé plus d’une fois. Dieu m’a exaucé en me donnant plus d’assurance, mais ce serait malhonnête de ma part de prétendre que je ne suis jamais préoccupé par ce que les autres pensent de moi. Même en rédigeant ce livre, je me pose des questions : Comment mes amis vont-ils réagir ? Serai-je mal compris ? Comment mes lecteurs vont-ils m’étiqueter ?
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Peut-être que vous n’avez pas trop de problèmes avec l’opinion des autres. Si c’est le cas, tant mieux pour vous (vous craignez sans doute autre chose). Beaucoup de personnes, cependant, sont dominées par la peur de ce que pensent les gens. Des dénominations ont été bâties sur des convictions particulières concernant le Saint-Esprit. Certaines de mes connaissances ont perdu leur emploi dans des Églises ou des universités chrétiennes à cause de leurs convictions sur le Saint-Esprit. Une fille a même rompu avec moi quand j’étais au séminaire, parce que nous avions des opinions différentes sur le sujet ! Ce n’est pas une question que l’on peut simplement survoler. Surtout si vous faites partie d’un « camp » avec une croyance ou un penchant particulier. Sans oublier cette peur (normale) que votre camp vous rejette si vous changez d’avis. Bien que cette crainte soit naturelle, elle n’est pas juste. Nous sommes appelés à calquer notre vie sur le modèle biblique. Nous ne sommes pas appelés à redouter ce que nous coûtera le fait de suivre Jésus, mais cela ne signifie pas que ces peurs ne surgiront pas. Suivre Christ requiert de renoncer à ces craintes quand elles surviennent. Cela implique de refuser que vos peurs – peur de l’opinion des autres, peur d’être rejeté – vous empêchent de rechercher la vérité sur le Saint-Esprit (ou sur tout ce que Dieu vous appelle à faire). Êtes-vous prêt à poursuivre la vérité afin de connaître et d’être connu du Saint-Esprit ? Avez-vous suffisamment d’humilité pour être ouvert à la possibilité que, peut-être, vous aviez tort dans votre compréhension de l’Esprit ? Il est facile de se mettre « sur la défensive », d’exprimer son désaccord et de s’appuyer sur des passages bibliques ou des arguments tout faits pour défendre ce que l’on a toujours cru. Au lieu de camper sur votre opinion, pensez à regarder d’un nouvel œil les passages familiers pour être sûr que vous n’avez rien manqué. Peut-être qu’au final, vous aurez toujours la même théologie, mais peut-être pas. Ne laissez pas
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une dénomination particulière ou ce que l’on vous a toujours dit déterminer ce que vous croyez. Dans vos relations avec d’autres chrétiens, cherchez ce que Dieu dit à propos de son Esprit. Laissez-le guider votre vie et votre esprit, peu importe ce que les autres pensent ou supposent de vous. La crainte aura tendance à pousser nos pensées dans une certaine direction. La peur de sortir d’un certain cadre théologique conditionne nos interprétations. Nous nous appliquons à « prouver » que nos présuppositions étaient correctes au lieu de chercher simplement et honnêtement la vérité.
Et si Dieu n’intervient pas ? Avant d’aller plus loin, je crois qu’il est nécessaire d’identifier nos autres peurs et de les vaincre. J’ai souvent entendu (et ressenti) la préoccupation suivante : Et si je prie pour recevoir le Saint-Esprit et que rien ne se passe ? Si je demande plus de fruit de l’Esprit dans ma vie et que je n’en vois aucun « résultat » apparent ? Prier avec audace pour changer ou être libéré du péché, c’est effrayant. Parce que si rien ne se passe, c’est que Dieu a échoué, non ? Ou que son Esprit n’est pas tout ce que l’on dit qu’il est ! Je pense que la crainte que Dieu nous fasse défaut nous pousse à essayer de « protéger Dieu ». Nous demandons moins, nous nous attendons à moins, et nous sommes satisfaits avec moins parce que nous avons peur de demander ou d’attendre plus. Nous nous convainquons même que nous ne voulons pas plus, que nous avons tout le « Dieu » dont nous avons besoin ou que nous désirons. Je ne peux imaginer à quel point Dieu est peiné de voir ses enfants s’abstenir d’une relation avec l’Esprit saint parce qu’ils ont peur qu’il n’intervienne pas. Combien il est affligé de regarder ses enfants ignorer ses promesses uniquement parce qu’ils craignent qu’il ne les tienne pas ! Le Père veut doter ses enfants de la puissance du Saint-Esprit ! Nous n’avons pas à le
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persuader de le faire ; il veut vraiment nous voir marcher avec sa force. Lorsque Jésus était sur la terre, il a dit à ses disciples : « Si donc, vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il l’Esprit saint à ceux qui le lui demandent » (Luc 11 : 13). Dieu est un Père bienveillant qui veut donner de bons cadeaux à ses enfants. Parfois, j’oublie cette vérité et je le supplie, comme s’il avait besoin d’être convaincu. C’est aussi ridicule que si mes enfants pensaient devoir me supplier pour que je les prenne dans mes bras. Je me réjouis de tout mon cœur de les serrer contre moi ! Croyez-vous que Dieu, qui est aux cieux, accorde son Esprit à ceux qui le lui demandent ? Le croyez-vous vraiment ? Cette vérité et ses implications sont tellement incroyables que toute personne qui y croit réellement ne peut que demander le Saint-Esprit. Après que Jésus est ressuscité et monté au ciel, Pierre s’est adressé à la foule : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit » (Actes 2 : 38). Nous avons déjà vu que Dieu promet son Esprit à ceux qui le lui demandent. Ici, nous voyons que nous recevons le Saint-Esprit quand nous commençons à suivre Christ. Tout ceci mène à une question inévitable : Dieu donnet-il réellement le Saint-Esprit à ceux qui le demandent, ou est-ce que Jésus mentait en disant cela ? Au fond, c’est une question de foi : croyez-vous que Dieu tient ses promesses ? Est-ce que vos prières et vos actions le prouvent ? Dieu a donc promis de nous accorder son Esprit si nous le lui demandons, si nous nous repentons et sommes baptisés. Croyons-nous vraiment cette promesse et agissons-nous en conséquence ? J’ai conscience que certains d’entre vous, qui lisez ce livre, ont demandé quelque chose au Saint-Esprit et n’ont pas été exaucés. À présent, vous
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avez peur de refaire appel à lui : si Dieu devait à nouveau « échouer », votre foi en serait affaiblie. J’ai entendu beaucoup de personnes remettre Dieu en question parce qu’il n’a pas répondu quand ils ont prié avec foi. Je ne doute pas que ces personnes aient prié avec foi, mais la question est de savoir s’ils ont prié pour des choses que Dieu a promises. Quand Dieu répond « non », c’est souvent parce que nous demandons ce qui n’est pas promis. Il y a une énorme différence entre croire aux promesses de Dieu et prier pour des choses que l’on aimerait voir se réaliser. Je vous encourage à prier avec foi pour ce que Dieu a promis. Ne placez pas vos espoirs dans ce que d’autres promettent ou disent que vous obtiendrez si vous êtes un « bon chrétien » (un bon travail, le succès financier, le conjoint parfait, des enfants en bonne santé, une grande maison, etc.). En fin de compte, c’est en Dieu seul qu’il vous faut placer votre foi, et non dans les dons qu’il accorde (aussi bons soient-ils). Cela est réellement une question de confiance. Quand Dieu dit « non » ou « pas de cette manière », croyezvous toujours qu’il est bon et qu’il agit au mieux ?
Est-ce que je le veux ? À l’inverse de ceux qui craignent que Dieu n’intervienne pas, certains redoutent qu’il agisse. Et si Dieu se manifestait et vous demandait d’aller quelque part, de faire quelque chose de pénible ? Pour beaucoup, la crainte que Dieu leur demande de suivre une direction difficile et indésirable surpasse la crainte qu’il les ignore. Il y a quelques années, j’ai demandé à un ami s’il désirait sincèrement connaître la volonté de Dieu, peu importe ce que Dieu souhaitait accomplir au travers de lui. Il m’a répondu en toute honnêteté : « Non, ça me ferait flipper ». Il a ensuite admis qu’il préférerait ne pas savoir tout ce que Dieu attendait de lui. Ainsi, il pourrait un jour dire à Dieu : « Je ne savais pas que tu voulais que je fasse tout ça ». J’apprécie la
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bonne volonté de mon ami à avouer ce que beaucoup pensent et ressentent secrètement quant à la soumission totale à Dieu. C’est honnête, plus honnête que la plupart des gens ne sont prêts à l’être. Si vous êtes comme mon ami, alors, au moins, vous prenez Dieu au mot et vous croyez que l’Esprit est censé demeurer dans notre vie et la guider. En fin de compte, nous sommes nombreux à ne pas vouloir réellement être conduits par le Saint-Esprit. Plus précisément, nous ne voulons pas laisser qui que ce soit d’autre que nous-mêmes diriger notre vie. L’idée d’abandonner le contrôle (ou l’illusion du contrôle) est terrifiante, n’est-ce pas ? Cherchezvous à constamment tout contrôler dans votre vie, les petites comme les grandes choses ? Est-ce que l’idée de lâcher prise et d’écouter l’Esprit vous guider vous effraie et vous pousse à vous cramponner davantage à ce que vous pensez avoir ? La vérité, c’est que l’Esprit du Dieu vivant vous demandera à coup sûr d’aller quelque part ou de faire quelque chose que vous ne voudriez ou ne choisiriez pas naturellement. L’Esprit vous conduira sur le chemin de la croix, tout comme il a conduit Jésus à la croix. Et ce n’est certainement pas l’endroit le plus sûr, le plus agréable ou le plus confortable. Le Saint-Esprit de Dieu vous façonnera pour que vous deveniez la personne que vous êtes censée être. Ce processus, souvent incroyablement douloureux, vous dépouille de votre égoïsme, de votre orgueil et de votre peur. À titre d’exemple, lisez l’histoire d’Eustache, le petit garçon transformé en dragon dans le livre de C. S. Lewis, L’Odyssée du passeur d’aurore. Lorsqu’il redevient un petit garçon, la peau de dragon est arrachée de son corps. La douleur est abominable, mais il doit passer par là pour redevenir un enfant. Parfois, notre péché fait tellement corps avec nous que nous avons besoin de ce genre de déchirement pour en être libéré. Le Saint-Esprit ne cherche pas à nous blesser, mais à
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nous rendre semblables à Christ. Et cela peut être douloureux. Par conséquent, si vous dites que vous voulez le SaintEsprit, vous devez d’abord vous demander honnêtement si vous voulez faire sa volonté. Parce que si vous ne voulez pas sincèrement chercher et faire sa volonté, pourquoi le réclamer ? Mais si vous décidez que vous voulez connaître sa volonté, vous devrez rejeter la crainte de ce que cela pourrait signifier ; vous devrez arrêter de contrôler votre vie et décider de vous laisser guider, quoi qu’il arrive.
Est-ce que ma réputation fait obstacle ? J’habite dans une région de Californie où les gens font particulièrement attention aux apparences : rayons UV, chirurgie esthétique, boutiques de luxe, jeans à deux cents euros, salons de manucure, immobilier hors de prix, shopping à outrance, voitures de sport luxueuses, etc. La liste est longue, mais je vais m’arrêter là. De toute évidence, les gens qui m’entourent font très attention à leur apparence. Leur préoccupation est peut-être devenue extrême, mais au fond, qui n’y est pas confronté ? Nous sommes très sensibles à ce que les autres pensent de nous. Peut-être qu’en France ou en Espagne, il s’agit de l’équipe de foot que vous soutenez. Au Royaume-Uni, c’est peut-être l’université que fréquentent vos enfants. Ou, si vous vivez en montagne, c’est peut-être à quel point vous aimez les activités de pleinair. Bien sûr, ce ne sont que des stéréotypes ridicules. Mais le fait est que, dans notre culture occidentale, nous avons tendance à prêter attention à ce que les autres pensent de nous. C’est maladif. Et les chrétiens ne font certainement pas exception. En effet, beaucoup de chrétiens prêtent trop attention aux apparences. Même ceux qui ne sont ni superficiels ni matérialistes sont souvent très inquiets de leur réputation dans le « domaine spirituel ». Si, par exemple, un ami vous
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voit lire ce livre sur le Saint-Esprit, redoutez-vous qu’il ne vous trouve trop « charismatique » ou « radical » ? Vous demandez-vous ce que les gens vont penser de vous si vous parlez de l’œuvre du Saint-Esprit dans votre vie ? Craignezvous de recevoir « trop » de Saint-Esprit au point d’être taxé de « bizarre » ou « d’exubérant » ? Au contraire, vous venez peut-être d’un milieu qui trouverait ce livre trop conservateur. Des personnes de votre assemblée considèreraient peut-être mon interprétation des vérités bibliques trop « restrictive » pour une personne conduite par l’Esprit. Êtes-vous prêt, malgré votre arrière-plan, à laisser celui-ci de côté et à simplement répondre à la vérité biblique ? Voici une question que j’ai dû me poser à maintes reprises : Est-ce que je suis ouvert à l’éventualité que je puisse avoir tort dans ce que je crois ? Et si oui, aurais-je le courage de modifier mon comportement si l’on me montrait que mon interprétation des Écritures était erronée ? À ce point, nous sommes tous tentés de répondre rapidement par « bien sûr ! » Nous voulons croire que nous sommes des personnes qui désirent la vérité avant toute autre chose. Toutefois, il y a de grandes chances que vous soyez plus sensibles à l’opinion des gens que vous ne voulez bien l’admettre. En ce qui me concerne, j’ai été élevé dans une Église très conservatrice qui ignorait presque totalement l’action et la présence de l’Esprit au quotidien. On m’avait prévenu que je ne ressentirais rien quand le Saint-Esprit viendrait en moi. Ceci a profondément affecté ma façon de penser et mon comportement : j’avais peur d’aller « trop loin » avec l’Esprit. Après tout, je ne voulais pas devenir comme « eux », ces gens en bas de la rue, dopés aux émotions et complètement ignorant des Écritures. J’ai rencontré de nombreuses personnes avec un arrière-plan comme le mien ; j’ai constaté beaucoup de dommages causés par des choix déterminés par la peur plutôt que par la vérité. En bref, nous avons em-
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pêché l’Esprit de faire irruption dans nos vies par crainte de « leur » ressembler. De l’autre côté se trouvent des individus parfois peu disposés à écouter les avertissements de ces conservateurs « coincés et sans vie ». Peut-être avez-vous peur que votre entourage pense que vous étouffez le Saint-Esprit, alors, vous ne souhaitez pas même examiner votre conduite. Même quand la Bible indique clairement que vous le faites. Vous pensez peut-être que la plupart des conservateurs ont peur de l’Esprit saint, et vous craignez de devenir comme « eux » ? Peu importe de quel côté nous nous situons. Nous avons besoin de fonder notre compréhension du Saint-Esprit et nos expériences avec lui sur les vérités bibliques, et non sur la peur. En tant que disciples de Jésus, avoir une relation avec lui doit être notre priorité. Quand nous laissons les perceptions que les autres ont de nous (ou même nos perceptions de leurs perceptions !) contrôler notre façon de vivre, nous devenons des esclaves. Nous nous retranchons derrière les schémas de ce monde et ne vivons pas comme membres du royaume de Dieu. Si, dans un sens, ce royaume de Dieu est à venir (Zacharie 14 : 9 ; Actes 1 : 6-7), d’une certaine manière, il est déjà là (Matthieu 6 : 10 ; 12 : 28). En tant que citoyens du ciel, nous sommes appelés à vivre d’une façon qui en reflète la réalité. Quand nous nous inquiétons excessivement de notre apparence, de notre réputation spirituelle, ou de l’approbation des gens, nous vivons plus en citoyens de ce monde qu’en ambassadeurs des cieux. Ces inquiétudes ne disparaissent pas facilement. Rester fidèle à son vrai maître est un combat de tous les instants. Et là est la vraie question : à qui serez-vous loyal ? Vous préoccupez-vous de ce que les gens pensent en vous voyant ? Ou plutôt de chercher la vérité concernant l’Esprit de Dieu pour ensuite vivre à la lumière de cette vérité, en
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vous accrochant à ses promesses et en prenant plaisir à cette relation ?
Une bonne peur (ou du moins, des inquiétudes légitimes) Je crois néanmoins qu’il existe une peur légitime. Peur n’est peut-être pas le meilleur terme pour décrire ce dont je parle. Il vaudrait peut-être mieux parler d’un domaine où nous devons nous examiner. Je parle du danger d’éteindre le Saint-Esprit. Nous nous préoccupons plus souvent de la réaction des autres que de celle du Saint-Esprit. Nous pensons que nous pouvons rendre nos amis furieux, ne pas être acceptés, ou encore être considérés comme différents ou étranges. Mais nous réfléchissons rarement (voire pas du tout) au fait que nos actions ou notre style de vie peuvent attrister l’Esprit du Dieu vivant. Vu sous cet angle, c’est plus que ridicule ! Vous connaissez probablement ce commandement de Dieu : « N’éteignez pas l’Esprit » (1 Thes. 5 : 19). Avez-vous peur de transgresser ce commandement ? Savez-vous ce que signifie « éteindre l’Esprit » ? Pendant des années, je n’y ai pas beaucoup pensé. Je n’ai pas pris le temps de réfléchir à ce que cela voulait dire, ou de me remettre en question par rapport à ce péché. Comme la plupart des gens, je partais simplement du principe que je n’éteignais pas l’Esprit, et je passais à autre chose. Aujourd’hui, je me rends compte que, non seulement j’ai éteint l’Esprit, mais j’ai aussi transgressé le verset suivant : « Ne méprisez pas les prophéties » (1 Thes. 5 : 20). J’éprouvais du mépris pour tous ceux qui prétendaient avoir « une parole du Seigneur ». C’était un mépris juste, selon moi : j’avais vu des personnes lancer « J’ai une parole du Seigneur ! » pour manipuler les autres pour leur profit personnel. Les gourous utilisent cette phrase pour conquérir des fidèles et affirmer leur autorité. Comment contester l’au-
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torité de quelqu’un qui prétend avoir entendu Dieu directement ? J’étais donc contre toutes ces choses. J’étais mal à l’aise chaque fois que quelqu’un prétendait avoir reçu une parole prophétique. Quand j’y repense, je crois que mes inquiétudes étaient légitimes, mais pas mon comportement. La réaction biblique aurait été : « Examinez toutes choses, retenez ce qui est bon ; abstenez-vous du mal sous toutes ses formes » (1 Thes. 5 : 21-22). À l’époque, je rejetais l’éventualité que Dieu puisse parler de manière surnaturelle au travers de quelqu’un ; j’aurais plutôt dû examiner ce que j’entendais, assisté par la communauté des fidèles. Le critère édification est un autre bon moyen d’examiner une prophétie. En effet, le but de la prophétie est d’encourager et d’édifier le corps de Christ. Et comme tout autre don, si elle n’est pas donnée par amour, la prophétie n’a aucun sens (1 Cor. 13 : 2, 8 ; 14 : 3, 31). Voilà un bon antidote à mon ancienne tendance à ignorer tout discours prophétique. En faisant cela, j’empêchais l’œuvre de l’Esprit, ce que je ne veux plus ! En revanche, si les Églises qui pratiquent les paroles prophétiques rejetaient plus promptement les faux prophètes et prophéties en mettant le doigt sur leur incohérence avec la Bible (« [s’abstenir] du mal sous toutes ses formes »), peut-être que les conservateurs seraient moins sceptiques. Si un système sain de responsabilité communautaire était mis en place, et s’il y avait un engagement envers l’intégrité biblique, nous serions peut-être plus lents à éteindre, et plus prompts à « [retenir] ce qui est bon » au lieu de rejeter le bon et le mauvais en même temps. Il est également important de ne pas aller trop loin. Non, je ne suis pas en train de contredire ce que j’ai écrit précédemment. Je ne parle pas d’« aller trop loin » dans le sens de devenir trop radical ou passionné en ce qui concerne le Saint-Esprit. Je parle d’« aller trop loin » dans le sens de
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sortir des limites de l’orthodoxie biblique. Je parle d’« aller trop loin » dans le sens d’ajouter aux Écritures ou de se conformer à des perversions de la vérité venant soi-disant du Saint-Esprit. Il est donc vital d’avoir une communauté à la fois orthodoxe (engagée à vivre de manière exégétique) et radicale (prête à suivre l’Esprit où qu’il conduise, même si cela n’a aucun sens) pour vivre en suivant la direction du Saint-Esprit. Certains conservateurs peuvent éteindre l’Esprit en ignorant son œuvre, certes, mais prêter à Dieu des paroles non bibliques est aussi une façon d’éteindre l’Esprit. Nous avons besoin de l’Esprit pour vivre fidèlement. Mais nous avons également besoin les uns des autres pour parvenir à réfléchir ensemble à notre foi.
Prenez un moment pour réfléchir à vos craintes visà-vis du Saint-Esprit. Il se peut qu’il vous faille du temps pour déterminer quelle a été votre attitude envers lui. Ne cachez pas vos peurs. Avouez-les, d’abord à vous-mêmes, puis à Dieu (il les connaît déjà, mais souhaite que nous les partagions avec lui). En vous approchant de lui, soyez honnête : vous craignez peut-être plus de décevoir les gens que d’éteindre l’Esprit. Ou peut-être que vous ne croyez pas réellement qu’il tiendra ses promesses. Enfin, parlez-en avec des personnes en qui vous avez confiance et avec lesquelles vous pouvez avoir ce genre de conversation. Laissez l’Esprit continuer à vous libérer soit de vos craintes et inhibitions inutiles, soit d’une certaine agitation déréglée. Soumettez-vous à lui et invitez-le à demeurer vraiment en vous, peu importe ce que cela signifie ni où cela vous mènera.
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Je sais que je serai catalogué parce que j’écris un livre sur le Saint-Esprit. Le plus drôle, c’est que je ne sais même pas à quelle catégorie j’appartiens. J’ai été sauvé dans une Église baptiste. J’ai suivi des cours bibliques dans un milieu charismatique. J’ai fait mes études dans un milieu conservateur tout en travaillant dans des Églises davantage portées vers le spectaculaire. J’ai collaboré avec des mouvements pentecôtistes. Et j’ai pris la parole lors de conférences organisées par toutes sortes de dénominations. Je ne suis même pas certain de pouvoir cataloguer mon Église actuelle. Tout ce que je sais, c’est que nous croyons fermement au Saint-Esprit et que nous espérons pouvoir expérimenter davantage de lui à chaque instant. En fin de compte, avons-nous vraiment besoin de savoir autre chose ? Avons-nous besoin de cataloguer l’un comme « conservateur », l’autre comme « charismatique » ou « radical » ? Quel en est le but ? Appliquons-nous plutôt à croire aux promesses de Dieu, à lui soumettre nos peurs, et à nous abandonner totalement à l’œuvre et à la volonté de Dieu le SaintEsprit !
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Domingo et Irène Garcia
Il est mécanicien. Elle est coiffeuse. Ils ont été les parents d’accueil de trente-deux enfants et en ont adopté seize. Domingo et Irène ont la cinquantaine, et, actuellement, onze enfants vivent chez eux. Et ils me disent qu’ils en accueilleraient plus s’ils le pouvaient ! Toute personne ayant des enfants sait qu’ils ne peuvent y arriver que par la puissance de l’Esprit. Imaginez la quantité d’amour, de joie, de paix, de patience, de bonté, de bienveillance, de fidélité, de douceur et de maîtrise de soi nécessaire pour s’en sortir ! Domingo et Irène prennent au sérieux le commandement de Jacques 1 : 27 (aider les orphelins), bien plus que n’importe quel autre individu de ma connaissance. Alors que les autres personnes de leur âge se soucient d’améliorer leur confort, eux ne peuvent s’empêcher de penser aux 500 000 enfants du pays qui ont besoin de parents. Et même s’ils considèrent leurs enfants comme une bénédiction formidable, ils ne cachent pas pour autant les difficultés auxquelles ils font face quotidiennement. La clé a toujours été la persévérance. Surtout quand l’un de leurs fils adoptifs s’est pendu dans leur placard, il y a plusieurs années de cela. Et bien que leurs journées aient toujours été pleines de joie, ils ont dû persévérer à plusieurs reprises par pure obéissance. Dieu a pourvu à leurs besoins, encore et toujours. Un jour, ils ont eu besoin d’agrandir leur maison afin d’accueillir plus d’enfants. Ils n’avaient pas l’argent pour le faire ; Irène pria donc avec ferveur. La première chose qu’elle vit à la fin de sa prière, fut la pancarte d’un entrepreneur. Elle demanda immédiatement à Dieu si c’était la réponse à sa prière. Quelques jours plus tard, l’un des responsables de leur Église entendit parler de leur besoin et offrit de construire gratuitement
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cette extension. Vous l’aurez deviné, c’était bien l’entrepreneur dont Irène avait vu le nom sur la pancarte. L’une des merveilleuses bénédictions dont ils jouissent est de voir leurs enfants biologiques suivre leurs traces. Un de leurs fils a deux enfants biologiques et deux enfants adoptés. Un autre en a trois biologiques et trois adoptés. Leur vie est tellement extraordinaire qu’une grande chaîne de télévision a fait un reportage sur eux. Même les non-chrétiens remarquent l’amour inhabituel et surnaturel que ce couple manifeste envers ceux qui sont dans le besoin. Si vous pensez que Domingo et Irène ont toujours été aussi bienveillants qu’aujourd’hui, laissez-moi vous dire deux mots de leur passé (j’ai leur accord). Irène a publiquement raconté les débuts de leur mariage et la haine qu’elle éprouvait envers Domingo. Il était violent, et elle priait régulièrement pour qu’il meure ! À cause de la douleur qu’il lui infligeait, elle en rêvait chaque jour : elle imaginait que sa voiture tombait du haut d’une falaise. Aujourd’hui, elle le décrit comme l’homme le plus saint qu’elle connaisse. Si vous pensez que votre vie ou votre mariage sont sans espoir, souvenez-vous d’Irène et Domingo. Dieu aime amener les gens dans les pires situations pour ensuite les transformer par son Esprit.
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Dieu oublié Chapitre 3
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Que fait le Saint-Esprit ? Ses œuvres sont d’une inexprimable grandeur, elles sont multitude innombrable. Comment concevoir ce qui est antérieur aux siècles ? Que faisait-il avant que la création soit ? Quel est le nombre de ses bienfaits à l’égard de la création ? Quelle puissance exercera-t-il dans les siècles à venir ? Car il était, et il préexistait, et il était présent avant les siècles avec le Père et le Fils. Si tu concevais par conséquent quelque chose existant au-delà des siècles, tu la trouverais postérieure à l’Esprit. Basile le Grand
Pourquoi aborder la théologie du Saint-Esprit dans ce chapitre ? Les aspects les plus importants de la vie ne sontils pas ce que nous faisons et comment nous vivons ? Est-il si important de savoir ce que nous pensons du Saint-Esprit ?
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I Dieu oublié Ces questions sont tout à fait légitimes.
Vos actions et votre manière de vivre sont essentielles. Toute la théologie du monde ne signifie pas grand-chose sans actes et sans fruits. Mais elle a tout de même son importance : nos croyances déterminent nos actes. Alors, si une bonne théologie peut nous conduire à vivre des vies qui honorent Dieu, une mauvaise théologie nous amènera toujours dans la mauvaise direction. Et quand nous étudions le Saint-Esprit, une mauvaise théologie peut nous amener à être inefficace. Ou pire, à passer notre vie à rechercher des choses auxquelles l’Esprit s’oppose. Nous baserons notre compréhension du Saint-Esprit en examinant des affirmations bibliques qui expliquent qui il est et ce qu’il fait. Quand j’étais en fac de théologie, j’ai rencontré beaucoup d’érudits bien plus intelligents que moi. Beaucoup d’entre eux s’étaient spécialisés dans un domaine particulier de la théologie. Je lisais fréquemment des articles rédigés par des individus brillants qui exprimaient des points de vue opposés sur diverses questions. Et il m’était difficile de décider ce que je croyais vraiment être juste. Chaque camp avançait des arguments convaincants et des conclusions indiscutables (comme je l’ai dit, ils étaient brillants). Généralement, quand je finissais d’étudier l’une de ces questions, je me trouvais d’accord avec l’un plutôt que l’autre. Mais je pouvais rarement affirmer que j’étais absolument convaincu. Je n’ai d’ailleurs jamais été convaincu de ce qu’un professeur disait : « Si vous êtes certain d’une chose à cinquante et un pour cent, prêchezla comme si vous en étiez sûr à cent pour cent ». N’est-ce pas de la tromperie ? Si je ne suis sûr qu’à quatre-vingt-dix pour cent, pourquoi ne pas simplement le dire ? Il est vrai que certains points débattus sont secondaires et n’ont pas besoin d’être clarifiés pour pouvoir marcher dans l’obéissance à Christ. Mais ce n’est pas le cas d’un grand nombre de questions théologiques. Celles-ci sont absolument essentielles pour notre foi : elles vont déterminer notre façon d’agir.
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Pour ce qui est de la doctrine du Saint-Esprit, je ne veux pas m’enliser dans des analyses obscures et abstraites. Je préfère me concentrer sur les points théologiques qui façonnent notre foi et notre comportement.
Alors que je réfléchissais à ce chapitre, j’ai compris à quel point il serait absurde pour n’importe qui de prétendre à expliquer le Saint-Esprit. Dans la Bible, il est écrit que nous ne pouvons pas totalement comprendre Dieu, et je ne fais sûrement pas exception à la règle. Certaines choses concernant Dieu sont mystérieuses et secrètes, et nous ne les connaîtrons jamais. Mais d’autres choses sont révélées et nous appartiennent (Deutéronome 29 : 29). Dans ce chapitre, j’aborderai certaines des choses révélées sur le Saint-Esprit. Je parlerai de ce qu’il est et de ce qu’il fait dans nos vies et dans le monde. Gardez bien à l’esprit que ce n’est pas une étude exhaustive du Saint-Esprit. Je ne vais pas parcourir tous les versets bibliques qui y font référence parce que, même si je le faisais, l’Esprit est infini et ne peut être entièrement connu des hommes. Sachez que, même si vous cherchez à connaître davantage l’Esprit, il est bien au-delà de tout ce que vous ne pourrez jamais saisir. Ce n’est en aucun cas une excuse pour ne plus chercher à le connaître, mais ne le limitez pas à ce que vous pouvez apprendre à son sujet. Le but n’est pas de comprendre Dieu complètement, mais de l’adorer. Puisse le fait même de ne pas pouvoir le connaître entièrement vous pousser à le louer pour sa grandeur infinie ! Alors que nous abordons ce sujet, n’oublions pas que nous avançons sur un terrain saint. Le Saint-Esprit a donné vie à la création et il continue à l’affermir. Comme nous le
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lisons dans le livre de Job : « L’Esprit de Dieu m’a formé, et le souffle du Tout-Puissant me fait vivre » (33 : 4). Je peux continuer à écrire uniquement parce qu’il me permet de le faire. Et vous pouvez continuer à lire uniquement parce qu’il vous y habilite et vous soutient.
J’ai déjà entendu des personnes comparer le Père, le Fils et le Saint-Esprit aux trois parties d’un œuf : la coquille, le blanc et le jaune. J’en ai entendu d’autres dire que Dieu est semblable à un trèfle : trois « bras », pourtant tous font partie d’une seule tige de trèfle. Il est aussi très répandu de le comparer aux trois états de l’H2O : liquide (eau), solide (glace) ou gazeux (vapeur). Même si ce sont là de jolies métaphores d’un mystère inexplicable, le fait est que Dieu n’est pas comme un œuf, un trèfle ou les trois états de l’eau. Dieu n’est pas comme quoi que ce soit. Il est insondable, incomparable, et ne ressemble à aucun autre être vivant. Il est en dehors de notre sphère d’existence, et par conséquent, nous ne pouvons pas le catégoriser. Les analogies nous aident peut-être à comprendre certains aspects de sa personne, mais ne croyons pas qu’elles puissent d’une manière ou d’une autre résumer sa nature. J’aime ce verset, souvent cité en période de Noël : Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la souveraineté (reposera) sur son épaule ; on l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix. Ésaïe 9 : 5
Nous y voyons que le Fils est appelé « Conseiller » et « Père » ! Ce passage (et beaucoup d’autres) nous empêche de simplifier à l’excès un mystère divin. Il ne se décompose
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pas facilement en trois grands points évidents, mais il est merveilleux. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont un. Pour étudier les vérités de base concernant le SaintEsprit, nous pourrions remonter jusqu’à la Genèse, où il était présent et actif au moment de la création. Puis nous pourrions retracer ses œuvres tout au long de l’Ancien Testament. Mais nous commencerons dans le livre des Actes, quand l’Esprit descend pour demeurer dans les disciples. D’après les deux premiers versets du chapitre 2, « ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup, il vint du ciel un bruit comme celui d’un souffle violent ». Le texte indique que celui-ci « remplit toute la maison où ils étaient assis ». Imaginons un peu cette scène. Jésus-Christ, celui que vous avez suivi ces trois dernières années et à qui vous avez dédié votre vie, vient juste de monter au ciel. Vous l’avez vu de vos propres yeux. Vous êtes à Jérusalem avec ceux qui sont devenus comme votre famille. Vous êtes rassemblés chez quelqu’un et vous attendez. Vous savez que quelque chose viendra, parce que Jésus vous l’a dit. Il a dit d’attendre, mais vous ne savez pas exactement quoi (ou qui, dans ce cas). Peut-être en avez-vous marre de vous demander combien de jours s’écouleront avant que quelque chose (vous ne savez absolument pas quoi) ne se produise. Tout à coup, un son emplit la maison toute entière. Des langues de feu apparaissent et viennent se poser sur chaque personne présente. Et, enfin, la « chose » se produit : « Ils furent tous remplis d’Esprit saint » (Actes 2 : 4). Il est bien question des mêmes disciples qui suivaient Jésus en toutes circonstances, mais qui se sont éparpillés dès que celui-ci fut arrêté. Et ils sont là, réunis, ne sachant sans doute pas comment avancer, maintenant que Jésus est parti. Pourtant, quand le Saint-Esprit descend et fait sa demeure en eux, un changement radical se produit. À partir de ce moment-là, les disciples ne sont plus les mêmes ; le livre des Actes en témoigne. Nous lisons l’histoire d’Étienne, le pre-
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mier martyr. L’histoire de Pierre, un homme transformé, courageux. L’histoire de Paul (anciennement Saul), qui tuait les disciples de Christ, mais qui, un jour, devient l’un d’entre eux. Paul passera même le restant de sa vie à conduire des foules à Christ. Ils ne sont plus timides ou confus, mais audacieux et inspirés, et ils commencent à proclamer et à vivre l’Évangile de Jésus par la puissance du Saint-Esprit. Réfléchissez un peu à la portée de ce moment sur la vie des disciples ! Une multitude s’est rassemblée. Pierre prêche un message puissant, et quand ils entendent ses paroles, les gens ont « le cœur vivement touché », et demandent ce qu’ils doivent faire. Pierre leur répond : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du SaintEsprit. Car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera » (2 : 37-39). Ce jour-là, environ trois mille personnes sont ajoutées au royaume de Dieu et acceptent le don du Saint-Esprit.
Il est inutile de débattre sur le moment où le SaintEsprit commence à faire partie de la vie de quelqu’un. En ce qui me concerne, était-ce quand, enfant, j’ai prié pour la première fois et cru que je parlais à quelqu’un ? Étaitce au collège, quand j’ai levé la main après avoir entendu un évangéliste qui m’avait littéralement fichu une trouille infernale ? Ou peut-être quand je me suis fait baptiser ? Quand j’étais au lycée, et que j’avais une véritable relation personnelle avec Jésus ? Était-ce à l’université, quand je me suis avancé pour « recevoir l’Esprit » lors d’une étude biblique charismatique ? Ou encore plus tard, quand j’ai choisi d’abandonner totalement ma vie à Jésus ?
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À force de se focaliser sur ces questions, on risque facilement de manquer l’essentiel du message de Pierre. Un jour, alors que je prêchais sur ce passage dans mon assemblée, Mercy, ma fille de sept ans, a compris. Elle est venue me voir à la fin et m’a dit : « Papa, je veux me repentir de mes péchés et être baptisée et recevoir le don du Saint-Esprit ». J’ai aimé la simplicité et la grandeur de sa foi. Elle n’avait pas besoin de débattre pour savoir quand et comment l’Esprit viendrait. Elle voulait simplement obéir à ce passage du mieux qu’elle le pouvait. J’ai bien conscience que Mercy n’a pas la connaissance biblique que la plupart d’entre nous ont, mais je me demande combien d’entre nous ont sa foi. Est-ce là votre réponse à la Parole ? Est-il clair pour vous que vous devez vous repentir, être baptisé et recevoir le Saint-Esprit ? Si c’est le cas, l’avez-vous fait ? Sinon, qu’estce qui vous empêche de le faire aujourd’hui ? Pourquoi ressentons-nous parfois le besoin de débattre sans fin sur le sujet, de parcourir toutes les situations possibles et imaginables, et de répondre à chaque question théologique ? Quand allons-nous enfin nous décider à tout simplement agir conformément à la vérité que nous avons entendue et seulement ensuite examiner nos questions ?
Maintenant que nous savons dans quel contexte l’Esprit est venu vers les premiers disciples et comment réagir à cela, penchons-nous sur quelques vérités pratiques le concernant : qui est-il et que fait-il dans nos vies ?
1. Le Saint-Esprit est une personne Il n’est pas une « chose » ou une forme indistincte de « puissance ». J’entends souvent les gens faire référence à
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l’Esprit comme à une chose ou à une force que nous pouvons contrôler et utiliser. Cette distinction peut sembler subtile, voire insignifiante, mais en réalité, elle constitue un sérieux malentendu sur l’Esprit et sur son rôle dans nos vies. En Jean 14 : 17, nous lisons que l’Esprit « demeure près de vous et qu’il sera en vous ». Ce verset nous appelle à vivre une relation avec l’Esprit et ne laisse pas entendre que nous pouvons le traiter comme une puissance à exploiter pour atteindre nos objectifs personnels. Le Saint-Esprit est une personne qui entretient des relations personnelles non seulement avec les croyants, comme nous l’avons vu, mais aussi avec le Père et le Fils. Nous voyons l’Esprit travailler conjointement avec le Père et le Fils à de multiples reprises dans les Écritures (Matthieu 28 : 19 ; 2 Corinthiens 13 : 13).
2. Le Saint-Esprit est Dieu Il n’est pas un être moins important ou différent de Dieu le Père et Dieu le Fils. L’Esprit est Dieu. Les termes Esprit et Dieu sont utilisés de façon interchangeable dans le Nouveau Testament. Dans les Actes, Pierre adresse le reproche suivant à Ananias : « Pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point de mentir à l’Esprit saint et de retenir une partie du prix du champ ? […] Comment as-tu mis en ton cœur une pareille action ? Ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu » (Actes 5 : 3-4). Dans ces versets, Pierre fait explicitement référence au Saint-Esprit en tant que Dieu. Il est capital de se le rappeler. Quand nous oublions l’Esprit, c’est en réalité Dieu que nous oublions.
3. Le Saint-Esprit est éternel et saint Dans l’Évangile selon Jean, Jésus promet à ses disciples que l’Esprit sera avec eux pour toujours (Jean 14 : 16). Et dans Hébreux, nous lisons que c’est par « l’Esprit éternel » que Jésus « s’est offert lui-même sans tache à Dieu » (Hébreux 9 : 14). L’Esprit n’est pas un esprit volage et fantasque qui
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va et vient comme le vent. C’est un être éternel. Et l’Esprit est également saint. Une évidence, puisque nous l’appelons le « Saint-Esprit » – et le Nouveau Testament souligne cette réalité (Romains 1 : 4 et 5 : 5 en sont deux exemples). Mais prenez le temps de penser à cette réalité profondément bouleversante : parce que l’Esprit est saint et habite en nous, du point de vue de Dieu, nos corps sont saints ! Nous dédaignons trop souvent nos corps parce qu’ils sont la source du péché et de notre chute. C’est pourtant précisément là que Dieu l’Esprit choisit d’habiter !
4. Le Saint-Esprit sait ce qu’il veut, et il prie pour nous « Et celui qui sonde les cœurs connaît quelle est l’intention de l’Esprit : c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints » (Romains 8 : 27). Je ne sais pas pour vous, mais je trouve extrêmement réconfortant de savoir que l’Esprit de Dieu prie pour moi selon la volonté de Dieu. Je me suis si souvent retrouvé à ne pas savoir comment prier, que ce soit pour moi ou pour les autres ! Et à d’autres moments, je prie pour des choses stupides. Il y a quelque temps, par exemple, j’étais au golf avec des amis. Je voulais vraiment faire le parcours en 70 coups, c’est-à-dire comme un pro (je suis généralement dans la moyenne). Dans un moment de superficialité, j’ai prié pour que Dieu me donne la capacité de réaliser mon meilleur parcours. Je suppose que le Saint-Esprit priait en même temps que moi, parce que, ce jour-là, j’ai joué comme le plus débutant des amateurs (115 coups : probablement mon pire score). L’Esprit savait que je devais travailler ma colère et mon humilité plutôt que d’abonder dans le sens de mon orgueil ! Nous ne savons pas forcément comment prier ou agir dans certaines situations. Mais nous pouvons être certains
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que le Saint-Esprit connaît nos cœurs et la volonté de Dieu, et qu’il intercède toujours en notre faveur.
5. L’Esprit éprouve des sentiments Pendant longtemps, quand je lisais que nous ne devions pas attrister le Saint-Esprit (Ésaïe 63 : 10 ; Éphésiens 4 : 30), je trouvais que c’était un peu exagéré. Dire que je pouvais attrister Dieu semblait presque blasphématoire. Qui suis-je pour avoir un tel pouvoir sur l’Esprit ? Cela me semblait inimaginable. En fait, je trouvais bizarre de prétendre que Dieu avait des sentiments. Pour une raison ou une autre, j’avais l’impression que cela le rabaissait. Je me suis débattu avec ces pensées pendant tout un temps, jusqu’à ce que je comprenne enfin d’où elles venaient. Dans notre culture, éprouver des sentiments ou des émotions est synonyme de faiblesse. Cette conception est un mensonge, profondément enraciné en nous. Dieu a créé les sentiments. Bien sûr, comme tout le reste, les sentiments peuvent être manipulés et pervertis. Mais la raison d’être des sentiments vient de Dieu. Pourquoi est-il donc si difficile de croire qu’il ressent lui-même des émotions, puisque c’est lui qui les a créées ? L’Esprit est attristé quand une relation se dégrade, qu’il s’agisse d’une relation avec Dieu ou avec les autres. Quand nous sommes désunis, peu affectueux, haineux, jaloux, cancaniers, etc., nous attristons l’Esprit de Dieu. Et puisqu’il est le créateur des sentiments, je crois qu’il est attristé plus profondément que nous ne pouvons le concevoir. Quelle est votre réaction en entendant cela ? Est-ce que cela vous tracasse ? Quand, pour la dernière fois, avez-vous été affligé parce que votre péché avait fait de la peine au Saint-Esprit ? Il y a quelque temps, deux femmes de mon Église se sont fâchées l’une contre l’autre. Alors que nous étions as-
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sis tous les trois dans mon bureau, je les écoutais exprimer vivement les raisons de leur frustration. Je ne parvenais pas réellement à discerner laquelle des deux était « le plus en tort ». Tout à coup, je me suis simplement mis à pleurer pendant qu’elles parlaient. Je leur ai dit à quel point j’étais affligé parce que je savais combien notre Père déteste ces situations. Les larmes me montent rarement aux yeux. Cependant, j’ai été accablé à plusieurs reprises de voir les membres de mon assemblée attrister le Saint-Esprit à cause de leur obstination et de leur manque de pardon. Je crois que si nous prêtions sincèrement attention au chagrin du Saint-Esprit, nos Églises connaîtraient moins de bagarres, de divorces et de divisions. Ces choses ne sont pas dues à notre manque de foi, mais plutôt à notre négligence. Je prie pour que vienne le jour où les croyants se soucient plus du chagrin de l’Esprit que de leurs propres chagrins. En fait, je prie pour que certains d’entre vous, lecteurs, soient brisés par la peine que vous avez infligée au Saint-Esprit. Brisés au point d’arrêter votre lecture, de poser ce livre et d’aller résoudre vos conflits avec d’autres croyants. « S’il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes » (Romains 12 : 18).
6. Le Saint-Esprit a ses propres désirs et sa propre volonté Nous lisons en 1 Corinthiens que les dons de l’Esprit sont « l’œuvre d’un seul et même Esprit qui distribue […] comme il veut » (1 Corinthiens 12 : 11 – Semeur). Voilà un rappel important de qui est aux commandes. Nous ne choisissons pas les dons que nous recevons ; de même, nous ne choisissons pas ce que Dieu a prévu pour l’Église. L’Esprit a un plan pour nos vies, pour chacun d’entre nous. Et il a un plan pour l’Église, que ce soit votre Église locale ou le corps de Christ. Si vous êtes comme moi, vous avez probablement des projets pour votre vie, pour votre assemblée, et peut-être
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même pour le corps du Christ dans son ensemble. C’est la raison pour laquelle nous devons absolument prier comme Christ : « Non pas comme je veux, mais comme tu veux ».
7. Le Saint-Esprit est omniprésent, omnipotent et omniscient Ce sont des termes théologiques qui signifient respectivement que l’Esprit est présent partout (Psaumes 139 : 7-8), qu’il est tout-puissant (Zacharie 4 : 6) et qu’il connaît toutes choses (1 Corinthiens 2 : 10). Nous ne pourrons jamais totalement saisir ces attributs-là, puisque nous sommes des êtres humains limités : « Qui donc a mesuré l’Esprit de l’Éternel ? Qui a été son conseiller et qui son instructeur ? » (Ésaïe 40 : 13 – Semeur). Mais qu’importe ! Que ces aspects de l’Esprit nous poussent à la louange ! Même avec des mots imparfaits et une compréhension incomplète.
Si l’Esprit saint habite en vous, un certain nombre de choses devraient faire partie de votre vie. Je vais en exposer plusieurs, mais ne vous contentez pas de les survoler comme on lit une liste de courses. Si vous ne faites que survoler cette liste, vous passerez à côté de l’une des parties de ce livre que je préfère. J’ai éprouvé tant de joie à prendre chacune de ces promesses à la lettre, à les méditer et à les réclamer. Prenez le temps de vous arrêter sur chacune d’entre elles. Réfléchissez à la façon dont chacune se manifeste dans votre vie. Et si l’une ou l’autre ne s’y manifeste pas, prenez un moment pour demander à Dieu d’accomplir cette promesse spécifique ! • L’Esprit nous aide à nous exprimer dans une situation délicate, lorsque nous devons témoigner (Marc 13 : 11 ; Luc 12 : 12) ;
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• Le Conseiller nous enseigne et nous rappelle ce que nous devons savoir et nous remémorer. Il est notre réconfort, notre soutien et notre force. Il nous guide dans la direction où nous devons aller (Psaumes 143 : 10 ; Jean 14 à 16 ; Actes 9 : 31 ; 13 : 2 ; 15 : 28 ; 1 Corinthiens 2 : 9-10 ; 1 Jean 5 : 6-8) ; • Nous recevons de l’Esprit la puissance pour être témoins de Dieu jusqu’aux extrémités de la terre. C’est l’Esprit qui attire les gens à l’Évangile. C’est l’Esprit qui nous équipe avec la force dont nous avons besoin pour accomplir les plans de Dieu. Le Saint-Esprit attire non seulement les incroyants à Dieu, mais il attire aussi les croyants plus près de Jésus (Actes 1 : 8 ; Romains 8 : 26 ; Éphésiens 3 : 1619) ; • Nous mettons à mort les mauvais désirs de la chair par la puissance de l’Esprit. Celui-ci nous libère des péchés dont nous ne pouvons pas nous débarrasser de nousmêmes. C’est un processus de toute une vie, commencé lors de notre conversion et mené à bien avec le Saint-Esprit (par ex. : Romains 8 : 2) ; • Par l’Esprit, nous avons reçu un esprit d’adoption qui nous permet de vivre une intimité avec le Père plutôt qu’une relation fondée sur la crainte et l’esclavage. L’Esprit témoigne que nous sommes ses enfants (Romains 8 : 15-16) ; • Le Saint-Esprit convainc de péché. Il le fait pour nous permettre d’entrer dans une relation nouvelle avec Dieu. Il le fait aussi tout au long de notre pèlerinage de croyants dans cette vie (Jean 16 : 8 ; 1 Thessaloniciens 1 : 5) ; • L’Esprit procure la vie et la liberté. Là où est l’Esprit, il y a la liberté. Plus de servitude ni d’esclavage. Dans notre monde infesté par la mort, c’est une vérité profonde qui pointe vers une véritable espérance (Romains 8 : 10-11 ; 2 Corinthiens 3 : 17) ;
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• Par la puissance du Saint-Esprit, nous débordons d’espoir, car notre Dieu est un Dieu d’espoir. Et il remplit ses enfants de « toute joie et de toute paix » (Romains 15 : 13) ; • En tant que membre de la communauté du royaume de Dieu, chacun de nous reçoit une manifestation de l’Esprit dans sa vie pour l’utilité commune. Nous avons tous quelque chose à offrir à cause de ce que l’Esprit nous accorde (1 Corinthiens 12 : 7) ; • Le fruit qui se manifeste lorsque nous sommes conduits par l’Esprit de Dieu est : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. Ces actions et attitudes caractériseront notre vie quand nous laisserons l’Esprit nous faire grandir et nous modeler. L’Esprit nous sanctifie (2 Corinthiens 3 : 18 ; Galates 5 : 22-23).
J’espère que ces vérités concernant le Saint-Esprit vous conduiront dans une relation plus profonde avec lui et dans un plus grand respect pour lui. Une bonne théologie vous poussera à agir correctement, à aimer sincèrement et à adorer véritablement. Peut-être qu’à la lecture de ces versets, vous vous demandez pourquoi ces choses ne font pas partie de votre vie. Ne vous découragez pas ! Demandez à Dieu de vous rendre plus aimant, de vous aider à mettre à mort les mauvais désirs, ou de vous utiliser pour bénir ses enfants. Rappelezvous que nous ne pouvons pas faire ces choses par nousmêmes, et qu’elles sont précisément ce que l’Esprit fait dans nos vies. Le Père nous dit de les lui demander. Et nous pouvons demander en toute confiance, parce que ce sont là des choses que Dieu nous promet dans la Bible. Puissions-nous ignorer et amoindrir l’Esprit de moins en moins, et grandir toujours plus dans notre relation avec lui !
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Francis Schaeffer
Francis Schaeffer est un Américain né en 1912 et décédé en 1984. Il a profondément marqué la pensée et la culture chrétiennes durant sa vie. Certains disent qu’en dehors de C. S. Lewis, personne d’autre n’a autant marqué la pensée chrétienne populaire au vingtième siècle. Ancien agnostique, Schaeffer est finalement devenu un pasteur presbytérien, ainsi qu’un apologète et théologien engagé. Il a reconnu que le christianisme et la Bible répondaient aux grandes questions philosophiques, mais que théologiens et philosophes dialoguaient trop peu. Il a donc initié un tel dialogue. Francis et son épouse, Édith, ont déménagé en Suisse à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Une fois sur place, ils ont suivi la direction de Dieu et ouvert leur maison avec foi pour que les gens puissent venir y chercher des réponses à leurs questions. Leur confiance en Dieu, aussi bien dans le domaine financier que dans la pratique, fut une véritable source d’inspiration. Quand ils avaient un besoin, ils priaient tout simplement, avec sérieux, parfois à tour de rôle toute la nuit, jusqu’à ce que Dieu pourvoie. Les Schaeffer étaient convaincus que le christianisme aborde tous les aspects de la vie ; toute question honnête était donc la bienvenue. Les Schaeffer réfléchissaient leur foi ; ils cherchaient aussi à la vivre quotidiennement au sein d’une communauté. La main de Dieu les a clairement conduits à établir un refuge, l’Abri. Les Schaeffer l’ont appelé ainsi parce que beaucoup y venaient pour poser des questions honnêtes sur Dieu et sur le sens de la vie, en toute sécurité. L’Abri est
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toujours ouvert là où il a été fondé en Suisse, et plusieurs autres centres semblables existent dans le monde. Les Schaeffer ont eu l’occasion de discuter avec des milliers d’étudiants et de voyageurs qui passaient à l’Abri (certains restaient une nuit, d’autres des mois, et d’autres encore des années). Ils venaient de milieux différents et de religions différentes. Lors de ces conversations, Francis disait toujours que les humains peuvent connaître la « vérité vraie » sur Dieu et sur eux-mêmes grâce à la Bible. En plus d’œuvrer pour ceux qui venaient à l’Abri, Francis a aussi écrit de nombreux livres, enseigné dans des universités, et donné des conférences dans plusieurs pays. Il aimait vraiment Dieu de tout son cœur et de toute son intelligence, et des milliers de vies en ont été (et sont toujours) touchées. Voilà ce qui se passe quand quelqu’un se soumet à l’Esprit et lui permet de faire 2 son œuvre dans sa vie .
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Voir les sites internet anglophones de L’Abri. URL : <www.rationalpi.com/theshelter> et www.labri. org (page consultée le 7 janvier 2013).
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Dieu oublié Chapitre 4
Pourquoi le voulez-vous ?
Tout ce qui touche à la vie chrétienne est surnaturel, que ce soient ses aspects théoriques ou pratiques, notre relation avec Dieu ou avec les autres, notre louange ou notre témoignage. La vie chrétienne est surnaturelle, car seul l’Esprit peut l’initier et la préserver. Par conséquent, sans lui, il n’y aura de vie ni chez le croyant ni dans l’Église ; en fait, il n’y aura ni croyant ni Église. J. I. Packer
J’imagine que vous aimeriez être rempli de la puissance surnaturelle du Saint-Esprit. Vous ne seriez sûrement pas en train de lire ce livre si ce n’était pas le cas. Mais j’ai envie de vous demander : « Pourquoi ? » Dernièrement, un homme en phase terminale de cancer a demandé aux anciens de lui faire l’onction d’huile et de prier pour sa guérison. Cependant, avant de prier, j’ai
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fait quelque chose que je ne fais jamais. J’ai demandé à cet homme : « Pourquoi veux-tu être guéri ? Pourquoi veux-tu rester sur cette terre ? » L’homme (tout comme ceux qui étaient autour de nous) a semblé un peu surpris que je lui pose une question aussi brusque. Pourtant, Jacques rappelle dans son épître que, bien souvent, nous ne recevons pas de réponse à nos prières parce que nous demandons pour les mauvaises raisons : « Vous demandez et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, afin de (tout) dépenser pour vos passions » (Jacques 4 : 3). Nous devrions vouloir vivre pour la gloire du Dieu qui nous a placés sur cette terre. Alors, au fond, pourquoi voulez-vous que le Saint-Esprit agisse dans votre vie ? Voulez-vous plus de lui uniquement pour votre profit personnel ? Si nous répondons oui à cette question, alors nous ne sommes pas différents de Simon le magicien, qui voulait acheter aux apôtres la puissance du Saint-Esprit. Pierre lui a vigoureusement répondu : « Que ton argent périsse, et toi avec lui, puisque tu t’es imaginé qu’on pouvait se procurer le don de Dieu avec de l’argent ! » (Actes 8 : 20 – Semeur). Le Saint-Esprit n’est pas une marchandise que l’on achète ou échange en fonction de nos désirs et lubies, ou même de nos besoins personnels. Nous ne pouvons en aucun cas aborder la question du Saint-Esprit sans remettre en cause notre motivation. Arrêtez-vous de lire et prenez le temps de vous demander pourquoi vous voulez le Saint-Esprit. Pour sa puissance ? Pour vous améliorer et servir vos propres objectifs ? Ou parce que vous souhaitez expérimenter tout ce que Dieu a prévu pour vous ? Le voulez-vous parce que vous aimez l’Église et désirez mieux servir vos frères et sœurs ?
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La bonne raison Nous avons nos raisons pour désirer la présence et la puissance de l’Esprit dans nos vies, mais Dieu a aussi les siennes ! En 1 Corinthiens 12, nous lisons qu’à chaque disciple de Christ, « la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité (commune) » (v. 7). Ces manifestations, ou dons, sont « l’œuvre d’un seul et même Esprit qui distribue son activité à chacun de manière particulière comme il veut » (v. 11 – Semeur). Ces reflets de la présence et de l’œuvre de l’Esprit en nous n’ont donc rien à voir avec nos capacités naturelles. Et ce n’est pas parce que nous les avons mérités ou gagnés que nous les avons reçus. Puisque ces dons sont accordés selon la volonté de Dieu et non la nôtre, il est clair que nous ne devrions pas les utiliser pour nous vanter ou nous distraire. L’Esprit distribue ses dons délibérément à chacun, selon ses plans et sa volonté. Ces manifestations sont utiles pour le bien et l’édification de l’Église ; c’est là leur raison d’être la plus évidente. Quand nos cœurs sont alignés sur cette vision, quand nous sommes remplis d’un amour sincère pour l’Église et quand nous désirons la voir grandir dans son amour pour Dieu et pour les autres, c’est alors que l’Esprit veut nous utiliser.
Sur une échelle de un à dix, quelle note donneriezvous à votre amour pour l’Église ? En regardant vos frères et sœurs, est-ce que vous vous dites : J’aime tellement ces personnes ! Je prie que Dieu me remplisse de sa puissance pour que je puisse les encourager à aller plus loin avec lui. Est-ce à cela que vous pensez ?
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À quel point les avez-vous à cœur ? Le Saint-Esprit vous a donné une capacité surnaturelle pour servir les personnes que Dieu a placées autour de vous. Dieu se préoccupe suffisamment de son Église pour vous accorder cette capacité. Et vous ? Vous souciez-vous suffisamment de l’Église pour employer ce don dans la même optique ? L’apôtre Paul désirait ardemment aller au ciel, mais il était partagé à cause de son amour pour l’Église, la seule chose qui le retenait sur terre : Je suis pressé des deux côtés : j’ai le désir de m’en aller et d’être avec Christ, ce qui est de beaucoup le meilleur ; mais à cause de vous, il est plus nécessaire que je demeure dans la chair. J’en suis persuadé, je le sais : je resterai et je séjournerai auprès de vous tous, pour votre progrès et pour votre joie dans la foi. Philippiens 1 : 23-25
Êtes-vous d’accord avec Paul, lorsqu’il énonce sa raison d’être dans la vie et son amour pour l’Église ? Beaucoup trop de personnes recherchent l’Esprit pour les mauvaises raisons.
Attirer l’attention Le Saint-Esprit œuvre pour glorifier Christ (Jean 16 : 14). Pourtant, plusieurs de ceux qui mettent l’accent sur l’Esprit semblent attirer l’attention non sur Christ, mais sur eux-mêmes. L’Église de Corinthe était connue pour cela. Elle a sombré dans le chaos parce que les individus ne se sentaient pas concernés par le perfectionnement de l’assemblée. Ils essayaient de détourner les manifestations de l’Esprit pour leur propre gloire. Ils ne s’intéressaient pas à ce que Dieu faisait dans la vie des autres, ils voulaient juste afficher ce qu’il faisait dans la leur. Ils recherchaient tous l’attention des autres ; et comme chacun essayait de parler en même temps, une confusion terrible s’est établie (1 Corinthiens 14 : 23-33).
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Lorsque Christ est magnifié, et non les hommes, c’est le signe irréfutable que le Saint-Esprit est à l’œuvre. Beaucoup d’entre nous se débattent avec l’autoglorification. Bien que je lutte toujours contre mon orgueil, Dieu m’a appris à voir les choses de son point de vue à lui. Quand j’étais plus jeune, une grande partie de moi était avide de la puissance de Dieu, parce que je voulais attirer l’attention. Aujourd’hui, je désire la puissance de Dieu justement parce que je ne veux pas attirer l’attention. Jésus a dit : « Que votre lumière brille ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos œuvres bonnes, et glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matthieu 5 : 16). Il est possible que nous fassions des choses incroyables pour le royaume et que, pourtant, les gens rendent gloire à Dieu plutôt qu’à nous. Cela vous est-il déjà arrivé ? Ou est-ce vous que les gens encensent pour vos bonnes œuvres ? Quand l’Esprit saint intervient réellement, c’est Dieu qui est loué. C’est Jésus qui est élevé. Quand l’Esprit a agi à la Pentecôte, les gens savaient qu’une puissance venant de Dieu était là. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils ne sont pas partis en disant : « Jean est incroyable ! Il a appris une nouvelle langue en à peine quelques secondes ! » Non ! Ils savaient que ça ne pouvait être que Dieu. Prions pour que Dieu nous accorde sa puissance de manière si radicale que nous n’en retirions aucune gloire. Que les gens voient nos œuvres et glorifient Dieu ! De même vous, puisque vous aspirez aux (dons) spirituels, que ce soit pour l’édification de l’Église que vous cherchiez à les avoir en abondance. 1 Corinthiens 14 : 12.
Chasse aux miracles Quand un miracle a lieu, quand vous expérimentez quelque chose qui ne pourrait pas se produire naturellement, c’est vraiment impressionnant (j’essaye de ne pas
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trop employer ce mot, mais je crois qu’il passe bien ici). Je n’ai encore jamais rencontré quelqu’un qui ne voudrait pas voir de miracle. Mais je m’inquiète du nombre incroyable de personnes qui recherchent plus les miracles que Dieu lui-même. Beaucoup aiment parler des choses surnaturelles comme les miracles, les guérisons ou les prophéties. Mais à trop les rechercher, nous risquons de nous égarer. Dieu nous appelle à le chercher lui, et non ce qu’il pourrait faire pour nous ou parmi nous. Les Écritures soulignent que nous devons désirer le fruit de l’Esprit et nous soucier de ressembler toujours plus au Fils. Dieu veut que nous cherchions à écouter son Esprit et à lui obéir. Les miracles n’ont jamais constitué une fin en soi : ils se sont produits de manière inattendue, quand le peuple était fidèle et s’appliquait à servir et à aimer les autres. Dieu accomplit des miracles quand il juge bon de le faire. Il ne les distribue pas machinalement au comptegouttes, comme si l’on pouvait mettre une pièce, prier la bonne prière et paf ! voilà le miracle. Les miracles ne sont jamais une fin en soi, ils sont toujours là pour pointer vers quelque chose de plus grand et l’accomplir. J’aimerais être témoin de plus de miracles. Mais quand nous faisons d’eux l’objet de notre énergie et de notre quête, nous ignorons les priorités que Dieu place devant nous et nous lui imposons nos propres désirs. Et parfois même, nous ressemblons à Satan qui a dit à Jésus de sauter du temple et d’accomplir un miracle. Bien sûr que Dieu le Père aurait pu garder Jésus de tout mal s’il avait sauté, mais Jésus a refusé de mettre son Père à l’épreuve en le « forçant » à faire un miracle (Matthieu 4 : 7).
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Dieu fait des miracles quand il le juge bon et pour accomplir ses propres desseins. Nous devons fuir la tentation de demander à Dieu des miracles qu’il n’a jamais promis. Nous sommes plutôt appelés à nous concentrer sur les priorités qu’il nous a fixées dans la Bible et à demander au SaintEsprit de nous donner sa puissance comme bon lui semble. Priez-le de vous rendre capable, de façon surnaturelle, de l’aimer et d’aimer les autres. Et croyez qu’il accomplira des miracles pour sa gloire, en son temps et à sa manière. Nous avons aussi besoin de chercher son action dans notre vie quotidienne. Par exemple, si vous vivez en Occident, le fait que vous ne soyez pas matérialiste relève incontestablement du surnaturel. Il m’est arrivé, après un moment extraordinaire de louange, de demander à Dieu de renouveler cette expérience la prochaine fois que je le louerais. Comme un enfant impressionné par un tour de magie, je priais : « Encore ! » J’ai toutefois appris une chose sur Dieu au fil des années : il fait rarement les choses « encore ». Il est le Créateur. Ce qui signifie qu’il est, entre autres, créatif. Si nous attendons de Dieu qu’il accomplisse certains miracles ou nous fasse vivre une expérience particulière, nous serons tentés de manipuler, voire de contrefaire ces expériences surnaturelles. Mon but est simplement de nous pousser à chercher Christ et à croître dans notre obéissance, et non à rechercher le surnaturel pour lui-même.
Suiveurs ou leaders ? J’ai tenté de diriger l’Esprit saint à plusieurs reprises. J’ai voulu lui dire quoi faire et quand le faire. Ce qui est ironique, car l’Esprit a été donné précisément pour nous conduire. Désirer le Saint-Esprit, c’est se laisser guider par lui. Par définition, il est ridicule de vouloir l’Esprit pour accomplir nos propres projets.
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Il n’est pas une puissance dont nous pouvons user comme bon nous semble. L’Esprit est Dieu, un être qui exige notre soumission à sa direction. Voulez-vous vraiment être dirigé ? Même les leaders-nés ne conduisent pas l’Esprit. Tout le monde est appelé à être conduit par lui. Je crois honnêtement que la plupart d’entre nous, bien que nous disions vouloir être conduits par l’Esprit, sont en fait effrayés par cette réalité. Je sais que je le suis. Qu’estce que cela impliquerait ? S’il vous demande d’abandonner quelque chose que vous n’êtes pas prêt à lâcher ? Et s’il vous conduit là où vous ne voulez pas aller ? S’il vous demande de changer de travail ? De déménager ? Êtes-vous prêt à vous abandonner à lui, peu importe où il veut vous emmener ? Est-ce que je le suis ? Le fait est que Dieu appelle. L’Esprit attire. La vraie question est de savoir si vous allez suivre, si vous allez écouter. Lorsque Dieu me demande de faire quelque chose, je préfère l’option à choix multiples. De cette façon, si je n’aime pas les propositions A et B, je peux toujours opter pour la C ou la D. Bien sûr, il arrive parfois que l’Esprit dirige de la sorte : Dieu présente deux possibilités aussi bonnes l’une que l’autre, et nous laisse choisir. Mais bien souvent, il fonctionne autrement : il nous demande de faire quelque chose en particulier, et nous choisissons d’obéir ou non. Et voilà ce qui est ahurissant : quand je choisis de ne pas me soumettre au Saint-Esprit, de ne pas lui faire entièrement confiance, c’est en réalité à Dieu que je ne me soumets pas et à qui je ne fais pas confiance. Ce n’est pas anodin ! Nous devons tous répondre à cette question : Est-ce que je veux conduire l’Esprit ou être conduit par lui ?
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Est-ce Dieu qui vous a conduit là où vous êtes, aujourd’hui ? Beaucoup de personnes de mon assemblée ou des gens que je rencontre en voyage me disent : « Je crois que Dieu m’a appelé à vivre ici, à Los Angeles ». Ou à Paris. Ou Genève. Ou Montréal. Ou peu importe. Et il se peut que ce soit effectivement le cas. Mais il se peut aussi que ce soit une bonne excuse parce que vous aimez bien l’endroit où vous vivez. Vous avez un bon travail. Le secteur scolaire est sûr et bien classé. Votre famille habite tout près (ou peutêtre très loin, selon vos relations familiales). Alors, que vous soyez « appelé » là prend tout son sens, pas vrai ? Et peut-être que vous êtes appelé à vivre là où vous êtes installé. Toutefois, si vous dites être appelé à cet endroit-là, il vous faut examiner quelques questions. Par exemple, à quel point vous regretterait-on si vous quittiez ce lieu ? Qu’estce qui changerait ? En clair, en quoi votre présence fait-elle la différence ? Ou, comme mon responsable de jeunes me l’a demandé un jour : à quoi ressemblerait votre Église (et l’Église universelle) si tout le monde avait le même degré d’engagement que vous ? Si tout le monde donnait, servait et priait exactement comme vous, est-ce qu’elle serait en bonne santé et remplie de puissance ? Ou est-ce qu’elle serait faible et apathique ? Mon but ici n’est pas de vous convaincre « d’entrer dans le ministère ». Je ne cherche pas à recruter des pasteurs ou des missionnaires. Mon objectif est de vous amener à prendre au sérieux 1 Corinthiens 12 ; à croire que vous avez reçu une manifestation de l’Esprit, et que votre Église, le corps de Christ et le monde sont comme estropiés sans votre engagement. J’écris ceci parce que j’aime l’Église et que je veux que vous compreniez que vous êtes bien plus qu’une simple aide supplémentaire. Vous devez croire que vous êtes un membre vital. Que vous soyez courtier en immobilier, membre du conseil scolaire, vendeur, serveur, garçon de café, enseignant, diététicien, thérapeute, étudiant, parent, agriculteur ou conseiller municipal, vous êtes des
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membres essentiels du corps de Christ ! Demandez-vous : Est-ce que je crois que l’Église a besoin de moi, autant que le corps a besoin de la bouche ?
Puisque l’Esprit agit en nous pour « l’utilité commune », il nous qualifie pour devenir ses témoins. Si vous êtes enseignant, avez-vous pensé à la façon de devenir une source d’inspiration pour les élèves de votre classe ? Si vous évoluez dans le monde du travail, comment vous comportez-vous envers vos clients et vos collègues ? Voient-ils en vous quelqu’un qui vit en suivant le modèle de Jésus, ou une personne qui fait des affaires selon les normes capitalistes et égoïstes, comme tout le monde ? Si vous êtes mère au foyer, élevez-vous vos enfants pour qu’ils deviennent amoureux de Jésus ? Quel impact avez-vous sur les voisins que Dieu a placés autour de vous ? C’est vrai, Dieu vous a peut-être appelé exactement là où vous êtes actuellement. Mais il est capital de vous rendre compte qu’il ne vous y a pas appelé pour que vous vous installiez confortablement dans une petite vie tranquille. Il ne fait pas les choses au hasard ou de manière arbitraire. Si vous êtes toujours en vie sur cette planète, c’est parce qu’il a prévu des œuvres pour vous. Il nous a placés sur terre en raison des projets qu’il a conçus bien avant notre naissance (Éphésiens 2 : 8-10). Êtes-vous conscient d’exister, non pas pour votre plaisir personnel, mais pour amener les gens à découvrir l’amour de Jésus et à vivre pleinement en lui ? Votre réponse déterminera votre façon de vivre là où vous vous trouvez.
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Quand l’Esprit conduit Semblables à Christ dans sa sainteté Quand nous nous soumettons à la direction du SaintEsprit, il nous aide à devenir plus saints, plus comme Jésus. C’est un périple de toute une vie que de mettre notre chair à mort ou de marcher par l’Esprit et de ne pas accomplir les désirs de la chair (Galates 5). Nous ne pouvons pas nous soumettre à l’Esprit et, en même temps, accomplir les désirs de la chair : les deux « sont opposés l’un à l’autre » (Galates 5 : 17). Les œuvres de la chair sont des choses comme les discordes, les explosions de colère, les divisions et l’idolâtrie. Par contre, l’Esprit produit des choses comme l’amour, la maîtrise de soi, la joie et la fidélité. Ces deux types de manifestations sont de toute évidence très différents. En faisant cette distinction, Paul va jusqu’à dire que ceux qui appartiennent à Christ « ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs » (5 : 24). Crucifier la chair. Ce n’est pas vraiment une expression sympathique ou attrayante. Sans doute parce que Dieu veut que nous sachions clairement où nous mettons les pieds. Il veut que nous sachions que le don de l’Esprit saint ne sert pas notre plaisir ou nos desseins personnels. L’Esprit est censé nous sanctifier. Il est présent avec nous pour que nous accomplissions les projets de Dieu, et non les nôtres. Quand vous décidez de mettre à mort (de crucifier) votre chair, vous choisissez la voie de l’Esprit. Vous quittez une direction pour en prendre une autre. Marcher avec l’Esprit apportera sans doute son lot de méandres et de sinuosités. Il vous arrivera parfois, lorsque vous serez à un carrefour de votre vie, de choisir de suivre les désirs de la chair, même si vous avez quitté cette voie depuis longtemps. Le chemin de l’Esprit n’est pas une douce pente qui descend. Marcher avec l’Esprit ressemble bien souvent à un long chemin qui grimpe au milieu de toutes sortes de dis-
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tractions et de difficultés. Mais, bien que le chemin soit sinueux et difficile, vous avancez toujours dans une direction précise, celle déterminée par l’Esprit. À un certain moment, le long du chemin, vous avez convenu avec Dieu que vous n’étiez pas fait pour être dominé par vos passions et vos désirs charnels (comme la colère, la débauche, l’immoralité, etc.). Et vous les avez écartés de la place centrale qu’ils ont un jour occupée dans votre vie. Peut-être que vous n’avez pas encore pris cette décision. Comprenez bien que c’est une décision que tout le monde doit prendre. Elle ne doit pas être prise à la légère : on est tout de même en train de parler de crucifixion. Chacun d’entre nous doit décider de crucifier sa chair et de marcher ou non avec l’Esprit. C’est un choix. Crucial.
Semblables à Christ dans son amour Conduits par l’Esprit, nous deviendrons non seulement semblables à Christ dans sa sainteté, mais également dans son amour. Après avoir abordé les manifestations ou dons que l’Esprit accorde, Paul écrit : « Et je vais encore vous montrer une voie par excellence » (1 Corinthiens 12 : 31). C’est comme s’il disait : « Bien sûr, ces dons de l’Esprit sont importants. Mais laissez-moi vous dire ce qui est vraiment important. Laissez-moi vous parler de ce qui va changer le monde ». Et il rédige alors son fameux « chapitre de l’amour », dans lequel il nous rappelle que sans amour, rien n’a d’importance. Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas l’amour, je suis du bronze qui résonne ou une cymbale qui retentit. Et quand j’aurais (le don) de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture (des pauvres), quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas l’amour, cela ne me sert de rien. 1 Corinthiens 13 : 1-3
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Ce passage est particulièrement puissant, parce que Paul détourne notre attention des dons surnaturels vers l’amour. Il dit explicitement que sans l’amour, parler « les langues des hommes et des anges », avoir « le don de prophétie » et comprendre « tous les mystères et toute la connaissance » ne sert à rien. Le Saint-Esprit est celui qui remplit les croyants de l’amour de Dieu et les rend capables de s’aimer les uns les autres. Paul décrit cela d’une manière merveilleuse dans sa prière aux Éphésiens : Je lui demande qu’il vous accorde, à la mesure de ses glorieuses richesses, d’être fortifiés avec puissance par son Esprit dans votre être intérieur. Que le Christ habite dans votre cœur par la foi. Enracinés et solidement fondés dans l’amour, vous serez ainsi à même de comprendre, avec tous ceux qui appartiennent à Dieu, combien l’amour du Christ est large, long, élevé et profond. Oui, vous serez à même de connaître cet amour qui surpasse tout ce qu’on peut en connaître, et vous serez ainsi remplis de toute la plénitude de Dieu. Éphésiens 3 : 16-19 – Semeur
Si seulement nous pouvions, par la puissance de son Esprit qui fortifie, découvrir cet amour qui surpasse la connaissance, le mystère de son grand amour ! Ne nous laissons pas détourner de ce qui est le plus important. Jésus a dit à ses disciples : « Voici : je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions et sur toute la puissance de l’ennemi, et rien ne pourra vous nuire. Cependant, ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux » (Luc 10 : 19-20). Notre véritable joie vient de la grâce qui nous a été donnée. Et tout comme notre Sauveur a offert sa vie et son sang pour nous donner la vraie raison de nous réjouir, nous aussi, nous avons été créés pour offrir notre vie et donner jusqu’à en avoir mal. C’est lorsque nous aimons et donnons activement de nous-mêmes que nous sommes le plus vi-
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vants, parce que nous avons été créés pour cela. Quand nous vivons ainsi, l’Esprit de Dieu agit en nous et au travers de nous, accomplissant ce que nous ne pouvons faire par nous-mêmes. C’est cela, notre raison d’être sur terre. C’est là notre espérance : « Or, l’espérance ne trompe pas, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Romains 5 : 5).
Le SAINt-eSpRIt : uNe puISSANCe SuRNAtuReLLe dANS LA vIe du CRoyANt. n’avons-nous pas délaissé la troisième personne de la Trinité, sans nous en rendre compte ? À cette puissance incomparable, aurions-nous substitué des capacités tout humaines ? un peu comme si dieu nous avait offert un milliard d’euros, et nous découvrait à l’épicerie du coin, dépensant quelques malheureux centimes pour acheter des bonbons. Les conséquences pourraient être tragiques : tiédeur, assoupissement, soif de spectaculaire. dans notre vie personnelle, dans l’Église. Pourquoi avons-nous été sauvés ? Pour survivre à notre vie terrestre ? Pour nous confier dans nos talents ? non ! Pour que le monde voie, au travers de nous, s’exprimer et agir une puissance surnaturelle (Actes 1 : 8 ; 2 Tim. 1 : 7).
FraNCIS ChaN NouS INvIte, BIBLe eN maIN, à redéCouvrIr L’eSPrIt de dIeu Pour mIeux exPrImer Sa PuISSaNCe. ° Comment la Bible décrit-elle le saint-Esprit ? ° Quel est son rôle ? ° Comment m’ouvrir à une relation vivante avec lui ?
L’AuteuR Francis Chan est né à Hong kong en 1967. Pasteur et conférencier international, il est le fondateur de l’université Eternity Bible et s’investit auprès des plus démunis dans le monde. il est l’auteur du best-seller Crazy love *. il est marié avec Lisa. ils ont quatre enfants et vivent en Californie. *Amour fou
9 782362 491382 ISBN BLF 978-2-36249-138-2
9 782905 253132 ISBN JPC 978-2-90525-313-2