Pour affronter les défis du mariage avec la grâce de Dieu
méditations pour les couples
Et ils vécurent heureux
vous invitent à lire : Les préfaciers, M. & Mme Segonne & M. & Mme Koning, M. John Piper et Cie
Vraiment
Pour affronter les défis du mariage avec la grâce de Dieu
méditations pour les couples
Les éditeurs remercient chaleureusement tous les relecteurs et relectrices pour leur précieuse collaboration à cet ouvrage : Myriam, Claudine et Vincent.
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre :
Happily ever after : Finding grace in the messes of marriage
28. Mon conjoint devrait-il parler de nos problèmes de couple à d’autres ?
30. Engagés envers quelqu’un de plus grand que le mariage
Préface
« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. »
Nés dans les années 1970, nous avons, dans notre enfance, entendu cette formule des dizaines de fois car elle concluait chaque dessin animé de Walt Disney. Même si la formule a disparu depuis, il n’en demeure pas moins que la plupart des couples aspirent encore à ce bonheur idyllique : un conjoint parfait avec des enfants parfaits, dans un monde parfait.
Nous savons que le monde de Disney est utopique mais nous avons tous en nous ce désir d’une vie sans ombre et dotée d’un amour éternel. Cela fait partie de notre nature de créatures faites à l’image de Dieu. Nous avons été créés pour l’éternité et, intuitivement, nous aspirons à quelque chose de meilleur que ce monde déchu. Les chrétiens savent qu’un bonheur sans nuages ne se vivra pleinement qu’au ciel, lorsque nous verrons Jésus face à face (2 Corinthiens 5.2-4, Apocalypse 21.4).
En attendant ce moment, nous voici devant un constat amer : dans le monde réel, le mariage est beaucoup moins idyllique que dans les films. Il est plutôt synonyme d’épreuves que l’on n’avait pas anticipées, d’attentes déçues, de projets avortés, de contraintes indésirables. Il faut s’armer de patience et lutter contre le péché qui nous colle à la peau, en gardant les yeux fixés sur le monde parfait auquel nous aspirons (Hébreux 12.1-2).
Pourquoi en est-il ainsi ? Depuis la chute d’Adam et Ève, notre condition terrestre est devenue difficile. Le péché a tout gâché. Il a brouillé nos relations. Le mariage est devenu compliqué. Même si au départ il réunit deux êtres qui s’aiment et qui se sont choisis, il devient laborieux parce que l’union de deux êtres imparfaits produit un fruit imparfait. Les chiffres parlent d’euxmêmes : dans le contexte très séculier de la France, un mariage sur deux s’achève par un divorce1 après cinq ans de vie commune. Malheureusement, même les mariages entre chrétiens authentiques n’échappent pas à cette règle. Aux USA, l’institut de statistiques Barna 2 , affirme que le nombre de divorces parmi les chrétiens est quasi équivalent à celui des non-chrétiens.
Cela signifie-t-il que le bonheur est inaccessible ? Non. Cela signifie plutôt que le bonheur n’est plus naturel. Il demande un effort quotidien. Des chardons et des ronces vont pousser dans le jardin du mariage. Il faudra travailler dur, enlever les mauvaises herbes, labourer la terre devenue infructueuse et semer de nombreuses graines d’amour pour récolter un peu de bonheur. Tout ce travail est essentiel à la survie du mariage. Mais il ne peut se faire que si le Créateur prend la place qui lui est due : la place centrale. En l’absence de Dieu, le mariage ne résistera pas au temps.
Comment faire pour qu’un mariage résiste à l’usure du temps ?
Nous n’avons pas de recette miracle à vous proposer. Mais après vingt-trois ans de mariage et après avoir accompagné de nombreux couples au mariage ou à la réconciliation, nous avons une petite idée de ce qui est essentiel dans un couple.
Aujourd’hui, nous sommes convaincus que si Jésus est au centre du couple, celui-ci a beaucoup plus de chances de tenir dans le temps. Pourquoi ? Parce que lorsque nous perdons notre communion avec Dieu, prions moins, délaissons la lecture ou l’écoute des Écritures ou fuyons la communion fraternelle, notre
relation de couple en ressent violemment les effets. Nous devenons distants, nous nous disputons pour des broutilles, nous manquons de grâce, nous jugeons à l’emporte-pièce… En revanche, lorsque notre vie est alignée sur Jésus et sa Parole, nous sommes sans cesse placés devant nos responsabilités. La Bible agit comme un miroir réfléchissant nos imperfections. Les Écritures révèlent la dureté de notre cœur. Elles mettent le doigt sur nos manquements, notre égoïsme, notre colère non maîtrisée, notre difficulté à pardonner, notre promptitude à juger et dire des paroles non édifiantes. Inversement, elles nous exhortent à la piété, à développer une attitude bienveillante, pacifiste, conciliante, modérée, gracieuse… Il est donc fondamental de prendre le temps de la réflexion sur les principes bibliques qui sous-tendent un mariage heureux ! Le livre que vous avez entre les mains va vous y aider.
Ce livre n’est pas un roman. C’est un ouvrage collectif. Il ne se lit donc pas d’une traite. Il se médite. Il se discute à deux. Les trente méditations se veulent courtes et indépendantes. Riches en références bibliques pertinentes, elles visent toutes à aider les couples en plaçant l’Évangile au centre. Elles n’édulcorent pas le mariage en laissant les utopies hollywoodiennes influencer nos pensées. Réalistes et profondément bibliques, elles vont à l’essentiel.
En prenant le temps de lire ensemble ces méditations, vous serez amenés à discuter :
ȥ des différents aspects concrets de la vie de couple,
ȥ du regard que vous portez l’un sur l’autre, au travers du rappel des fondements bibliques du mariage,
ȥ de l’importance de l’écoute,
ȥ des joies et défis de l’intimité sous toutes ses formes,
ȥ des vérités essentielles sur le rôle de l’homme et de la femme,
ȥ de la gestion des conflits et du pardon réciproque.
Ces méditations ouvriront aussi votre regard vers les autres, à travers une réflexion sur :
ȥ le désir d’enfants,
ȥ la parentalité,
ȥ l’ouverture de son foyer à son prochain.
Une variété d’auteurs de sensibilités différentes, mais une base commune de confiance dans les Écritures qui voient dans notre mariage l’image de Christ qui aime son Église. À la fin de chaque méditation, des pistes de réflexion et de discussion sont proposées. Ne passez pas à côté de ce temps d’échange.
Si vous désirez renforcer votre union, redéfinir les priorités de votre couple, retrouver du sens et mieux jouir des privilèges liés à une sexualité centrée sur Dieu, alors nous vous recommandons chaleureusement la lecture de cet ouvrage.
1
Le but du mariage
Jason Procopio
C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère,s’attachera à sa femme, et les deux ne feront qu’un. Ce mystère est grand, et je dis cela par rapport à Christ et à l’Église.
ÉPHÉSIENS 5.31-32
Le cinéma a été l’un des piliers principaux de mon enfance. C’était l’activité préférée de toute ma famille. Ensemble, nous regardions de tout, y compris les histoires d’amour. Par conséquent, j’ai grandi avec une vision du mariage assez édulcorée.
Dans mon jeune esprit, le mariage était presque paradisiaque. Le mariage était la joie continuelle avec ma meilleure amie (que je ne connaissais pas encore), qui m’accepterait toujours tel que je suis. Le mariage était le bonheur pur, l’approbation sans condition, chaque minute de chaque jour.
Vous imaginez ma surprise, lorsque je me suis enfi n marié à l’âge de 22 ans. Loanne était exactement comme les femmes rayonnantes de joie et d’amour, et j’étais exactement comme les hommes galants et romantiques. Nous étions une image vivante des fi lms d’amour idéalistes de ma jeunesse. Ça, c’était au début ! Mais ensuite, nous avons appris à nous connaître. Nous avons découvert que non seulement nous étions des
êtres humains très imparfaits et pécheurs, mais que nous n’avions rien en commun, et ne voyions quasiment rien dans la vie de la même manière.
Si le but du mariage est le bonheur – si le but du mariage est le mariage lui-même – alors chaque mariage est un échec. Tôt ou tard, nous réalisons tous que si l’on place deux pécheurs sous un même toit ensemble pour le reste de leurs vies, il y aura des fractures.
C’était donc un soulagement incroyable, le jour où Loanne et moi sommes enfin arrivés à étudier sérieusement Éphésiens 5 et à repenser le but de notre mariage.
Des rôles distincts
Dans les trois premiers chapitres de sa lettre aux Éphésiens, Paul proclame un Évangile d’une beauté à couper le souffle : la bonne nouvelle du salut que Dieu a accompli pour nous en Christ. La grâce de Dieu envers nous est totalement gratuite, totalement imméritée, totalement de son initiative. Au chapitre 4, Paul commence à appliquer cette bonne nouvelle du salut à nos vies – d’abord à nos vies au sein de l’Église, et ensuite (à partir d’Éphésiens 5.22) à nos vies au sein de nos familles.
Il donne des instructions aux maris, d’aimer leurs femmes « comme Christ a aimé l’église [et] s’est donné lui-même pour elle » (Éphésiens 5.25). Il nous appelle à prendre l’initiative pour la santé spirituelle et matérielle de nos épouses, à les protéger et à les nourrir, « tout comme le Seigneur le fait pour l’Église parce que nous sommes les membres de son corps » (Éphésiens. 5.29b-30).
Le mari ne guide pas sa femme pour son propre bien ni pour son plaisir égoïste, mais afin de la rendre semblable à Christ.
Paul donne aussi des instructions aux épouses. Il les appelle à se soumettre à leurs maris « comme au Seigneur, car le mari est
le chef [littéralement, “la tête”] de la femme, comme Christ est [la tête] de l’Église qui est son corps et dont il est le Sauveur » (Éphésiens 5.22b-23). Comme l’Église répond à l’initiative qu’a pris Jésus-Christ pour la sauver, l’épouse est appelée à répondre à l’initiative de son mari pour prendre soin d’elle, à le respecter pour son sacrifice et à l’aider à accomplir sa tâche de diriger la famille (Éphésiens 6.1-4).
Je sais ce que vous pensez peut-être en lisant cela. C’est probablement la même chose que Loanne et moi pensions pendant longtemps. C’est tentant d’imaginer que ces commandements sont limités au contexte spécifique de l’Église d’Éphèse au 1er siècle – des commandements démodés pour une culture démodée.
Mais Paul nous dit une dernière chose, et elle change tout.
Le mariage dès le début
Dans Éphésiens 5.31, après avoir donné ses instructions, Paul cite Genèse 2.24 : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme, et les deux ne feront qu’un. » C’est une citation étrange dans ce contexte ; Paul ne parlait pas précisément de l’unité entre le mari et son épouse, mais des rôles distincts qu’a chacun au sein du mariage. Pourquoi cite-t-il donc ce verset ?
Il veut nous montrer que sa description du mariage fait partie du plan de Dieu dès le départ. Genèse 2.24 se passe avant la chute de l’homme, avant que le péché n’entre dans le monde – avant la mort, la douleur, l’égoïsme, ou les abus.
En citant Genèse 2.24, Paul ancre ce qu’il dit aux couples dans le récit de la création, afin de nous montrer que ses instructions sont liées au but que Dieu a établi pour le mariage dès le début.
Le
but du mariage
Quel est ce but ?
Il nous le dit : « Ce mystère est grand, et je dis cela par rapport à Christ et à l’Église » (Éphésiens 5.32). Le mariage est une source merveilleuse d’unité entre un homme et une femme, et pourtant le but du mariage n’est pas l’unité. Le mariage est un très beau moyen de célébrer l’amour entre un homme et une femme, et pourtant le but du mariage n’est pas principalement l’amour.
Depuis le début, le but du mariage est de refléter le mariage ultime : celui entre Christ et son Église. Le but du mariage est de montrer l’Évangile. Dans l’amour et le sacrifice d’un mari pour son épouse, et dans le soutien essentiel que l’épouse apporte en réponse à l’initiative de son mari, le monde voit une image vivante de la relation entre Christ et son Église.
Le but du mariage n’est pas le mariage, mais l’Évangile.
Et si vous en parliez ensemble ?
ȥ De quelles manières nos personnalités, nos forces et nos faiblesses à chacun vont-elles dans le sens des responsabilités que Paul nous donne ici ? De quelles manières vont-elles à l’encontre de ces responsabilités ?
ȥ Quels aspects de notre vie de couple reflètent actuellement l’Évangile ? Quels changements devons-nous faire pour obéir à cet appel ?
2
Voir Jésus sur la scène du mariage
P. J. Tibayan
Maris, aimez votre femme comme le Christ a aimé l’Église. Il s’est donné lui-même pour elle, afin de la conduire à la sainteté après l’avoir purifiée et lavée par l’eau de la parole.
ÉPHÉSIENS 5.25-26
Il se sacrifie, elle se soumet. Il mène, elle suit. Il est à l’initiative, elle le soutient. Il reflète Jésus, elle reflète Jésus.
Refléter notre Sauveur est le plus grand privilège qu’off re le mariage. Dans le plan de Dieu, ce privilège est aussi grand pour le mari que pour sa femme, même si chacun des époux va refléter Jésus de manière unique et différente.
Voir Jésus à travers le mari
Il reflète Jésus. « Maris, aimez votre femme comme le Christ a aimé l’Église. Il s’est donné lui-même pour elle, afi n de la conduire à la sainteté après l’avoir purifiée et lavée par l’eau de la parole. » (Éphésiens 5.25-26).
Les maris doivent aimer leur femme. Aimer signifie désirer, planifier le bien ultime de sa chère et tendre, et agir en
conséquence. Le mari doit donc comprendre ce qui est le meilleur pour son épouse : Dieu lui-même. Ensuite, il doit planifier, désirer et agir pour l’amener à une plus grande connaissance de Dieu et à un plus grand plaisir en Dieu.
Le mari est appelé à refléter l’amour sacrificiel de Jésus en mourant à lui-même, à son péché, à son égoïsme, à son intérêt personnel. Il doit élargir ses préoccupations ; se soucier de son épouse et de sa joie en Dieu. Cela implique de renoncer à l’ambition de prendre la place de Dieu dans le cœur de sa femme, de renoncer à ses préférences personnelles quand prioriser celles de son épouse n’entraîne pas à pécher. À travers cet amour sacrificiel, l’épouse peut voir le Messie se refléter dans son homme. Cet amour engendre la confiance.
Le mari reflète aussi Jésus lorsqu’il abreuve son épouse avec l’eau de la parole de Dieu. Son but est sa sainteté, son obéissance à son Père céleste et sa pleine satisfaction en lui. C’est pourquoi il partage la parole de Dieu avec elle, lit la Bible avec elle, s’oppose à elle avec douceur et la reprend avec bienveillance quand elle pèche. Il lui confesse ses péchés et se repent selon la parole de Dieu. Dans sa fidélité sans faille à l’Écriture, le mari se fait l’écho du refrain de Jésus : « Il est écrit » (Matthieu 4.4, 7, 10).
Voir Jésus à travers sa femme
Elle aussi, elle reflète Jésus. « Femmes, soumettez-vous à votre mari comme au Seigneur, car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église » (Éphésiens 5.22-23). L’épouse reflète Jésus en se soumettant à son mari et en le considérant comme son chef. Comment ?
Paul nous enseigne que Jésus lui-même est soumis à l’autorité de son Père (1 Corinthiens 11.3). Bien que pleinement Dieu, il s’est humilié en se faisant homme (Philippiens 2.6-7).
Voir Jésus sur la scène du mariage
Quand il demande à son père que la coupe, symbole de sa mort imminente à notre place, soit éloignée de lui, il termine en disant : « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » (Marc 14.36). Finalement, il devient « obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix » (Philippiens 2.8 – LSG). Jésus se soumet au Père.
Une épouse reflète Jésus quand elle se soumet à l’initiative de son mari. Cela signifie qu’elle suit la direction qu’il lui donne, même si elle en préfère une autre. Telle une épouse pieuse, elle se soumet aux initiatives dévouées de son mari et reflète ainsi la gloire de la soumission de Jésus au Père – sauf si la volonté de son mari l’entraîne à pécher. Mais là encore, quand le cœur lourd, elle résiste à son mari, cela sonne comme un appel attentionné à la repentance, parce qu’elle souhaite que son mari honore le Seigneur.
Enfin, dans son humble soumission à l’autorité de son mari, elle sera élevée. Paul base cette affirmation sur la soumission de Christ lui-même : « Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom » (Philippiens 2.9). Dieu a élevé Jésus parce qu’il s’est humblement soumis à l’autorité du Père. Dans la vie présente, Dieu élève souvent l’épouse pieuse et persévérante (Proverbes 31.28-29). Et même si ce n’est pas pour cette vie, elle recevra, sans l’ombre d’un doute, la récompense de sa soumission au jugement dernier. Dans cette dernière et glorieuse exaltation, elle reflétera Jésus-Christ, qui a été exalté pour son humble soumission.
Le mari reflète l’amour de Jésus alors qu’il sert son épouse et se sacrifie pour son bien. L’épouse reflète l’amour de Jésus alors qu’elle se soumet humblement et courageusement à l’autorité de son mari, dans l’attente joyeuse de l’exaltation à venir.
Le mariage est un spectacle unique et merveilleux. Jour après jour, il foisonne d’occasions pour refléter les gloires du roi Jésus.