DOMINIQUE ANGERS
Préface de Donald A. Carson
Préface de Donald A. Carson
VOLUME 1 - MARC 1.1 À 4.34
Après son commentaire sur l’épître aux Éphésiens, Dominique Angers « récidive » avec l’évangile de Marc tout en adaptant ce qui doit l’être étant donné le genre littéraire différent. On retrouve ici ce qui a fait le succès du premier commentaire : une démarche pédagogique élaborée (message central, logique du texte, vue panoramique…), une préoccupation pastorale affirmée (application, prière) et des propositions pratiques pour l’étude en Église (questionnaire, notes pour les enseignants), tout cela sur fond d’une exégèse précise, respectueuse du texte biblique et facile d’accès. Un volume à recommander à tous ceux qui veulent découvrir et étudier la moitié de l’évangile de Marc !
Etienne LHERMENAULT
Directeur de l’Institut Biblique de Nogent
Dominique Angers confirme dans ce commentaire toutes ses qualités d’exégète, de vulgarisateur, de pédagogue. Il nous offre encore un commentaire utile, facile à lire et solide sur le plan académique. Je le reçois comme un précieux guide qui me stimulera dans mon étude personnelle de l’évangile de Marc, m’aidera à préparer mes études bibliques et me donnera de nombreuses idées pour alimenter mes prédications. Un grand merci à l’auteur pour cet ouvrage.
Alain NISUS Docteur en théologie
Quelle chance de pouvoir bénéficier d’un tel travail sur l’évangile de Marc !
Je relève la rare et précieuse cohabitation de la rigueur et de l’accessibilité. Ces caractéristiques en font une ressource particulièrement utile pour comprendre et transmettre ce livre à toutes sortes d’auditoires. L’auteur nous explique chaque passage avec beaucoup de clarté et rejoint notre quotidien grâce aux nombreuses applications.
Valérie CHARRIER
Responsable de l’enseignement des enfants au sein de l’Église « Les deux rives » à Toulouse
Si vous rêvez que les paroles de l’évangile de Marc résonnent en vous comme elles ne l’ont jamais fait auparavant, ce commentaire est pour vous. L'auteur nous y fait découvrir la richesse biblique et théologique de ce « premier » et plus court évangile.
Dominique Angers nous présente avec profondeur et clarté une Parole de Dieu qui parle encore aujourd’hui. Avec ce commentaire qui n’est pas destiné aux seuls experts, vous pourrez être accompagné dans votre lecture quotidienne de cet évangile !
Yannick IMBERT
Professeur d’apologétique à la Faculté Jean Calvin d’Aix-en-Provence
Dominique Angers est l’un de nos meilleurs exégètes évangéliques francophones. C’est une bénédiction pour nos Églises de pouvoir bénéficier de son étude rigoureuse des textes, mêlée à ses dons pédagogiques et son amour pour le peuple de Dieu. Je compte utiliser régulièrement et recommander largement ce commentaire.
Matthieu SANDERS
Pasteur à l’Église baptiste de Paris-Centre (AEEBLF) et chargé de cours en Nouveau Testament
Dans ce commentaire, Dominique Angers nous dévoile toute la grandeur de la personne du Christ et de son œuvre en se mettant soigneusement à l’écoute de Marc l’évangéliste. Lisez ce commentaire si vous souhaitez creuser cet évangile et comprendre toute la profondeur des détails de ce récit. Mais lisez-le aussi si vous souhaitez simplement faire mieux connaissance avec Jésus. En effet, cet ouvrage allie simplicité et profondeur, pertinence des remarques, applications variées, et ton pastoral qui encourage à donner sa vie à Christ et à le suivre ! Gloire à Dieu pour ce commentaire qui est une bénédiction pour la francophonie !
Jonathan FORSTER
Enseignant à l’Institut Biblique de Bruxelles
Quel plaisir de découvrir, par une lecture agréable, la richesse que Marc nous apporte dans son évangile. Marc est souvent considéré comme l’un des évangiles les plus simples et dynamiques, ce qui peut nous inciter à le lire rapidement. Dominique nous aide à ralentir et à découvrir toute la richesse de ce récit sur Jésus. Nous découvrons de multiples échos de l’Ancien Testament, les convictions théologiques de Marc, sa manière de les « démontrer » et non simplement de les « raconter » et sa présentation de l’autorité puissante et restauratrice de Jésus. Grâce à des pistes d’application et des questions de discussion, il est facile de voir comment le message de Marc est pertinent et transformateur pour nous aujourd’hui encore.
David NIBLACK Directeur
de l’Institut Biblique de Genève
Dominique Angers, après avoir brillamment commenté l’épître aux Éphésiens, réalise à nouveau un véritable tour de force. Cette fois, il nous plonge dans la richesse de l’Évangile selon Marc, dans un ouvrage aussi accessible que profond.
Très facile à lire, ce commentaire nous fait comprendre le texte en nous faisant découvrir le déroulement de la pensée de Marc. Pas à pas, l’auteur nous accompagne à la rencontre de notre Seigneur Jésus et à la (re)découverte de la bonne nouvelle de son règne.
Matthieu GIRALT
Pasteur de l’Église Action Biblique d’Étupes, co-fondateur de ToutPourSaGloire.com et co-animateur du podcast Memento Mori
Les lecteurs peuvent se réjouir de l’édition de ce commentaire sur Marc rédigé par un auteur francophone. Cela n’était pas arrivé depuis longtemps. Mon ami et collègue Dominique Angers nous livre un texte remarquable, accessible et profond tout à la fois. L’organisation des chapitres et les repères thématiques récurrents guident le lecteur telle une ligne de vie dans une randonnée pédestre, pour nous amener de page en page dans l’intimité de Marc et de son message. Assurément, beaucoup tireront profit de la lecture de ce commentaire tant pour leur vie personnelle (les applications proposées fonctionnent à merveille) que pour une étude approfondie de cet évangile.
Directeur de la Faculté de Théologie Évangélique à Montréal.
Un commentaire comme celui-ci est un ajout essentiel pour la francophonie. Dominique nous offre un ouvrage complet, théologiquement rigoureux et dévotionnel. Écrit dans un langage accessible, cet ouvrage saura être utile pour le pasteur occupé, l’étudiant en théologie et le membre d’Église investi dans une lecture attentive de la Parole de Dieu.
Directeur général du Séminaire Baptiste Évangélique du Québec
Il est rare de tomber sur un commentaire de l’Écriture qui réponde aussi bien au désir de l’étudier qu’à celui de la méditer. L’étude est sérieuse et bien informée, et le spécialiste y retrouvera les principaux débats qui existent en lien avec le texte de Marc. Le commentaire respecte l’intention de Marc en se pliant au plan qui a gouverné la rédaction de l’évangile. Un soin particulier y a été apporté à la mise en lumière de l’arrière-plan vétérotestamentaire des événements qui ont jalonné le ministère de Jean-Baptiste, puis de Jésus. Une étude qui ouvre la voie à la méditation informée et enracinée dans les données de « la Bonne Nouvelle de Jésus, le Christ, Fils de Dieu ». Les pistes d’application ne sont pas artificielles et les prières font écho aux enseignements de l’évangile de Marc. À étudier et à méditer !
Jacques BUCHHOLD
Doyen honoraire de la Faculté Libre de Théologie Évangélique (Vaux-sur-Seine), Professeur émérite de Nouveau Testament et de grec biblique
Le chrétien voulant accéder au trésor de la Parole de Dieu a généralement deux choix : bénéficier de l’exposition biblique de son pasteur pendant la prédication ou creuser lui-même en consultant les commentaires bibliques. Ce commentaire pratique de Dominique Angers a le mérite d’offrir une solution intermédiaire en rendant accessible le trésor de l’évangile de Marc au croyant afin qu’il puisse lui-même y puiser la bonne nouvelle de la grâce de Jésus.
Gaétan BRASSARD
Pasteur principal Église Le Portail
Je tenais Dominique Angers en haute estime, pour sa compétence, sa fermeté, sa consécration. Après l’avoir lu sur l’ épître aux Éphésiens, j’admire. J’admire l’alliance intime de la science, de la sagesse spirituelle et de la pédagogie. S’il évite quelques débats d’exégètes, il montre qu’il connaît bien les données. S’il insiste sur l’application, c’est avec une réflexion rigoureuse. Admirable composition !
Que la série Parle-moi maintenant maintienne pareille excellence !
Henri BLOCHER
Doyen honoraire de la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine
Écouter Dieu. Quoi de plus important ? Rien, je pense ! Avec ce premier livre de la série Parle-moi maintenant, Dominique nous aide à prendre de la hauteur en lisant la lettre de Paul aux Éphésiens. De la hauteur par rapport à notre vision de l’Église, de la hauteur par rapport à notre compréhension du salut, en comprenant mieux ce que Dieu nous révèle de sa personne et de son plan rédempteur. Super ! Bonne lecture à tous ! Vivement les prochains titres !
Étienne GROSRENAUD
Pasteur et enseignant à l’Institut Biblique de Genève
Toute lecture de l’Écriture devrait être dévotionnelle, en quête d’une rencontre avec Dieu dans sa Parole. Dominique Angers nous offre un parfait compagnon pour ainsi plonger cœur et esprit dans l’épître aux Éphésiens. Seul ou en groupe, pour le simple lecteur ou le prédicateur de la Bible, pour apprendre et adorer, je ne peux penser à un contexte auquel cet ouvrage ne se prête pas. Je le recommande chaleureusement.
Pasteur de l’Église réformée baptiste de Saint-Jérôme
La parution de ce livre est bienvenue dans l’Église francophone. Il s’adresse à l’étudiant de la Bible qui désire, à la fois approfondir sa connaissance de cette lettre essentielle, et méditer sur la réponse de son propre cœur. Dominique Angers, en excellent enseignant de la Bible, nous guide dans l’étude du texte et nous assiste dans l’application à nos cœurs et à nos vies. Je prie pour que de nombreux chrétiens entreprennent l’étude de la lettre aux Éphésiens, entre amis et en Église, guidés par cet ouvrage accessible, mais complet.
Pasteur et président de Sola (branche québécoise de The Gospel Coalition)
À ma chère Laura, dont la foi lucide et persévérante me fait penser à la Syro-Phénicienne, mon personnage préféré de Marc après Jésus
Merci à l’équipe de choc de BLF Éditions, Steph, Philip, Nathalie, Sophie, et tous les autres : vous qui avez été assez « fous » pour lancer cette collection, vous vous êtes surpassés cette fois-ci, me convaincant que Marc méritait 4 volumes !
Merci à mes amis spécialistes de l’Ancien Testament, qui ont généreusement accepté de dialoguer avec moi sur des questions complexes : Jean Maurais, Daniel Timmer et Jay Sklar. Merci aussi à Matt Moury, qui a patiemment répondu à mes questions de théologie systématique. Je reste seul responsable de toute erreur d’interprétation !
Merci à David Brazda, mon fidèle collaborateur à TPSG, qui fait chaque semaine le montage du podcast PMM et met en forme mes articles de blog. Sans toi, il faudrait oublier tout ça !
Merci à la Faculté de Théologie Évangélique, qui a généreusement accepté de rendre accessible mon cours sur Marc aux premiers lecteurs de ce commentaire. Un merci particulier à Eric et Annick Waechter, amis et collègues, qui m'ont encouragé dès le départ dans ce projet, au point de blaguer qu'ils s'étaient joints à l'équipe de la FTE pour me libérer, et ce, afin que je puisse terminer ce commentaire sur Marc !
Merci aux « recommandeurs » de ce commentaire : vos mots si encourageants m’ont touché, vous qui avez relevé le défi de lire autant de pages en si peu de temps !
Merci à Donald Carson, dont le soutien indéfectible et chaleureux s’est une fois de plus manifesté lors d’une visite de notre famille chez lui, peu avant la parution de ce commentaire.
Merci à ma Laura, la première lectrice à avoir utilisé ces chapitres dans sa méditation personnelle de la Bible : tes retours bienfaisants m’ont poussé à persévérer dans ce long et beau projet. Merci à mes trois fils bien-aimés, Luc, William et Nathanaël, dont l’amour grandissant pour Jésus s’est manifesté lors de nos nombreux échanges en famille sur Marc. Votre attachement à Jésus m’édifie et me réjouit, les gars !
Merci à mon Seigneur Jésus : je ne m’attendais pas à ce que ces centaines d’heures passées en ta présence me fassent autant de bien et me révèlent autant de ta gloire.
Préface de Donald A. Carson
VOLUME 1 - MARC 1.1 À 4.34
tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce nouveau commentaire de la collection Parle-moi maintenant.
Merci à toi Dominique pour ton amour du détail et de la précision. Mais merci aussi pour ta souplesse et ta grande patience !
Merci à toi Sophie : tu t'es investie sans compter et le résultat est là...
Merci Célia : ton écoute attentive et tes conseils avisés sont précieux.
Merci Claudine, Ruth, Nelly, Sandrine, Ludvine : votre travail fait toute la différence.
Parle-moi maintenant par Marc – Volume I • Dominique Angers © 2024 • BLF Éditions • www.blfeditions.com
Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.
Couverture et mise en page : ETINCiel
Le texte de l'Évangile selon Marc, chapitre 1 à 8, est repris de La Bible du Semeur® Texte copyright © 1992, 1999, 2015 Biblica, Inc.
Utilisé avec la permission de Biblica, Inc. Tous droits internationaux réservés.
La Bible du Semeur est une marque déposée auprès de l'Office de l'Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) par Biblica, Inc.
Utilisé avec autorisation.
Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de La Bible du Semeur. Les caractères italiques ou gras sont ajoutés par l’auteur du présent ouvrage. Les versions alternatives sont indiquées en abrégé de la manière suivante : la Bible à la Colombe (COL), la Nouvelle Bible Segond (NBS), la Nouvelle Édition de Genève (NEG), la Nouvelle Français courant (NFC), la Segond 21 (S21), la Traduction œcuménique de la Bible (TOB).
Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés.
ISBN 978-2-36249-779-7 relié
ISBN 978-2-36249-780-3 numérique
Imprimé en République tchèque par Finidr
Dépôt légal 4e trimestre 2024
CHAPITRE 2 – Marc 1.2-3
5 – Marc 1.14-15
CHAPITRE 10 – Marc 1.40-45
Jésus guérit un lépreux
CHAPITRE 11 – Marc 2.1-12
Jésus guérit un paralysé et pardonne ses péchés 193
CHAPITRE 12 – Marc 2.13-17
Jésus est venu appeler des pécheurs 211
CHAPITRE 13 – Marc 2.18-22
Jésus, le jeûne et la nouvelle réalité 229
CHAPITRE 14 – Marc 2.23-28
Jésus est maître du sabbat 245
CHAPITRE 15 – Marc 3.1-6
Jésus guérit le jour du sabbat 263
CHAPITRE 16 – Marc 3.7-12
La popularité de Jésus expliquée 285
CHAPITRE 17 – Marc 3.13-19
Jésus appelle les Douze 299
CHAPITRE 18 – Marc 3.20-35
La vraie famille de Jésus et le blasphème contre l'Esprit Saint 313
CHAPITRE 19 – Marc 4.1-20
La parabole du semeur
CHAPITRE 20 – Marc 4.21-34
Paraboles sur la révélation, la bonne écoute et la croissance du règne de Dieu
Parmi les compétences les plus indispensables aux chrétiens figurent les capacité s de lire et de comprendre la Bible par soi-même, de « se nourrir » de la Parole de Dieu, de l’appliquer dans sa vie par la foi, l’obéissance, la repentance et la joie. Bien sûr, il est possible d’acquérir certaines de ces compétences en suivant quelques cours « d’herméneutique » – l’art et la science de l’interprétation de la Bible.
Pour être honnête, cette façon de faire n’est pas la meilleure pour bon nombre de personnes. Il est bien plus efficace et plus agréable d’apprendre à lire et à appliquer fidèlement la Bible en se tournant vers ceux qui sont déjà doués dans ce domaine. C’est l’un des grands avantages de se mettre à l’ écoute d’un excellent enseignant de la Parole.
Il se trouve que Dominique Angers propose cela dans sa série de podcasts « Parle-moi maintenant ». Il a ce don d’enseigner fidèlement (et de manière concise !) la Parole, en suivant le texte, afin que nous en soyons nourris. Mais ce n’est pas tout, car il montre aussi ce que veut dire lire la Bible par soi-même. Il met désormais à notre disposition toutes ces ressources (et bien davantage !) dans cette collection de commentaires pratiques. Pour notre plus grand bénéfice.
Donald A. Carson
Professeur émérite de Nouveau Testament à la Trinity Evangelical Divinity School de Deerfield
« Parle-moi maintenant (PMM)
Cet
ouvrage est le deuxième d’une série de commentaires pratiques, tous associés à des livres du Nouveau Testament. Le premier était consacré à la lettre aux Éphésiens.
« Parle-moi maintenant », c’est la prière que fait tout chrétien quand il ouvre sa Bible : il demande à Dieu de s’adresser à lui par l’Écriture. Mon désir, c’est que Dieu parle puissamment à toutes les personnes qui liront les différents ouvrages de cette collection.
Le défi que je tente de relever en les rédigeant, c’est d’offrir au public chrétien francophone des commentaires qui se lisent comme de simples livres d’édification – à la différence près que chacun d’entre eux suit la trame d’un livre du Nouveau Testament. L’éditeur et moi-même avons hésité à employer le terme de « commentaire ». Nous ne voulions surtout pas que les lecteurs s’attendent à avoir entre les mains des ouvrages réservés à l’usage exclusif des prédicateurs et des étudiants en théologie !
Nous avons finalement retenu le terme consacré, en nous empressant de lui adjoindre l’adjectif « pratique ».
Je rêvais d’un outil qui permettrait d’expliquer de manière accessible le sens des livres du Nouveau Testament, outil dépouillé de tout langage technique et foisonnant d’applications pour la vie de tous les jours. Je suis infiniment reconnaissant pour les nombreux mots reçus de la part de lecteurs qui utilisent mon commentaire sur Éphésiens dans le contexte d’un groupe de maison (ou autre groupe semblable) qui privilégie les échanges autour de la mise en pratique de cette épître. Mission accomplie ! C’est aussi dans cette optique que j’ai rédigé le présent ouvrage.
Certains lecteurs auront recours à cette ressource pour :
– puiser des encouragements pour leur vie chrétienne,
– redynamiser le moment de recueillement quotidien (leur « culte personnel »),
– vivre des temps d’échange constructif avec d’autres chrétiens ou avec le groupe de maison,
– creuser l’Écriture, un livre du Nouveau Testament à la fois.
J’espère que les fans de commentaires bibliques y trouveront également leur compte, même si je n’ai pas écrit cet ouvrage en pensant d’abord à eux. Si, en préparant une prédication ou une étude biblique, ils ouvrent un volume de la collection PMM (Parle-moi maintenant), ils y découvriront probablement certains éléments souvent absents dans les commentaires traditionnels.
Cette collection s’adresse au peuple de Dieu et vise sa croissance spirituelle. Elle n’est pas avant tout académique, mais s’appuie néanmoins sur une étude poussée du texte, informée par les recherches récentes en sciences bibliques. Les notes de bas de page et les références à d’autres ouvrages sont réduites au strict minimum.
Ainsi, bien que je m’appuie régulièrement sur les commentaires et études que j’ai consultés, je n’informe pas mes lecteurs de toutes ces influences (ce que je ferais dans d’autres contextes). En privilé giant plutôt un format qui « respire » et concentre toute l’attention sur le texte biblique, je souhaite préserver le caractère « méditatif » et non scolaire de la collection. Cela dit, une courte liste de « ressources utiles », à la fin de chaque volume (parfois complétée par un article accessible en ligne), indique certains des travaux qui m’ont le plus marqué.
La collection PMM se veut dynamique et rythmée. Elle aborde les aspects incontournables du texte biblique sans ouvrir de parenthèses superflues ni fournir une pléthore d’informations n’apportant aucun éclairage réel sur le passage médité. Un minimum d’explications est donné pour parvenir à une compréhension optimale et à une appropriation fondée.
Ce style non conventionnel (pour un « commentaire ») provient de la dimension orale du projet initial. Tout a commencé avec la création du podcast « Parle-moi maintenant », dont le slogan est : « Le podcast qui vous fait parcourir le Nouveau Testament un livre à la fois. »
Concrètement, le podcast PMM parcourt différents livres du Nouveau Testament, à raison d’épisodes d’environ dix à vingt minutes chacun (une vidéo par passage). Chaque épisode se présente sous forme de vidéo dans laquelle le texte biblique défile au fur et à mesure des explications, en soulignant (par des couleurs) les parties du texte qui sont commentées. C’est très visuel : tout est fait pour mettre l’Écriture en avant.
Quatre principes sont à l’origine du podcast :
1. Dieu nous parle avec davantage de force et de clarté quand nous comprenons le sens des Écritures. C’est la raison pour laquelle PMM accorde une large part à l’explication des textes bibliques. Même après de nombreuses années de vie chrétienne, beaucoup de passages de l’Écriture ne nous sont pas familiers. PMM est l’occasion d’examiner ces textes à la loupe.
2. La meilleure manière de lire et d’étudier les livres bibliques, c’est de les parcourir du début à la fin. En effet, les auteurs bibliques construisent un argumentaire. Tout texte prend du relief quand on garde à l’esprit ce qui précède dans le propos.
3. L’objectif de l’étude de la Bible est l’appropriation personnelle. Ainsi, PMM intègre, dans chaque épisode, des pistes concrètes pour mieux vivre au quotidien le passage examiné.
4. La méditation de la Bible est une activité profondément relationnelle : nous expérimentons une réelle communion avec Dieu. Voilà pourquoi chaque épisode se termine par une prière : ayant entendu Dieu, nous voulons à notre tour lui adresser la parole, en nous appuyant sur ce qu’il nous a dit.
Les livres de cette collection conservent donc toutes les composantes du podcast PMM. Ainsi, pour chaque texte biblique étudié, le lecteur retrouve les rubriques :
– Texte dans son contexte : le passage est situé par rapport au plan du livre biblique, en lien notamment avec les textes précédents.
– Message central : l’idée principale est résumée en une phrase simple qui oriente vers la mise en pratique.
– Plan : un plan facile à suivre, sans fioriture ni lourdeur académique.
– Commentaire : partie la plus substantielle de l’ouvrage qui explique le passage en suivant l’ordre du texte et le plan énoncé.
– Vue panoramique du texte : synthétise les concepts saillants du passage.
– Application : plusieurs pistes d’application sont systématiquement proposées.
– Prière : une prière solidement ancrée dans le passage.
– Questions : pour la méditation personnelle ou l’échange en groupe afin de favoriser à la fois compréhension et application.
– Un QR code : pour retrouver l’épisode PMM correspondant.
À cela s’ajoutent les éléments suivants, propres aux livres de la collection :
– Les aspects visuels des vidéos (notamment le défilement du texte avec couleurs) sont remplacés par :
a. La logique du texte : une présentation de la « logique du texte » en organisant le passage biblique selon une hiérarchisation des idées : ce qui est légèrement décalé sur la droite se rapporte aux parties précédentes qui ne sont pas décalées ; les citations de l’Ancien Testament sont en italiques, comme dans la BDS ; les mots-clés sont en caractères gras ; les éléments du « plan » sont repris dans la colonne de gauche.
b. Le texte biblique : une mise en valeur visuelle des versets traités dans la partie « commentaire ».
– Notes supplémentaires pour les enseignants : pour ne pas alourdir l’explication de chaque passage et assurer une lecture fluide, des « Notes supplémentaires pour les enseignants », regroupées à la fin, fournissent des observations plus poussées.
– Introduction : une introduction au livre biblique raconte ma propre « rencontre » avec ce livre puis décrit de quelle manière les premiers lecteurs de ce texte étaient censés y répondre.
– Conclusion : une conclusion réunit des éléments de synthèse théologique et propose des ressources pour creuser davantage le livre du Nouveau Testament. Pour l’Évangile selon Marc, cette conclusion apparaîtra à la fin du 4e volume.
– Excursus : il s’agit d’un développement à part qui résume un thème essentiel à la compréhension d’un livre du Nouveau Testament. Certains excursus traitent de problématiques qui méritent un examen minutieux, même dans le cadre d’un « commentaire pratique ».
– Autres ressources : des adresses de ressources en ligne sont indiquées (QR codes).
L’objectif de la collection est d’offrir aux chrétiens et aux Églises plusieurs volumes de « commentaires pratiques », généralement consécutifs aux séries du podcast, afin de stimuler une écoute active de Dieu.
Deux nouveautés méritent d’être signalées.
Premièrement, dans la section « Vue panoramique », des intitulés organisent les développements. Ceci est dû au genre littéraire d’un évangile, bien différent de celui d’une épître : avec des textes narratifs, les enseignements saillants (les accents) s’imposent souvent à la fin du parcours de l’ensemble du passage, ce qui exige une « synthèse » plus substantielle.
Deuxièmement, afin d’alléger les notes de bas de page (dans l’esprit de la collection « Parle-moi maintenant »), le système suivant est employé : pour les références à un ouvrage ou à un article qui apparaît dans la liste « Ressources utiles » à la fin de chaque volume, seuls le nom de famille de l’auteur et le numéro de page sont mentionnés.
Par exemple, la mention « Trocmé 41 » signifie que la citation provient du commentaire d’Étienne Trocmé, dont la référence complète est fournie à la fin du volume.
Lorsque deux contributions d’un même auteur figurent dans la liste de ressources, l’année de publication est ajoutée entre crochets : « Watts [2007] 111. »
Une abréviation est particulière : « EI 608 » pour La Bible. Écrits intertestamentaires, p. 608 (référence complète à la fin).
Quant aux quelques références qui ne font pas partie des « Ressources utiles » sur Marc, elles sont détaillées au fur et à mesure.
BDS : Bible du Semeur
COL : Nouvelle version Segond révisée dite Bible à la Colombe
NBS : Nouvelle Bible Segond
NEG : Nouvelle Édition de Genève
NFC : Nouvelle Français courant
S21 : Segond 21
TOB : Traduction œcuménique de la Bible
Je ne peux évoquer ma « découverte » de l’Évangile selon Marc sans aborder au préalable mon rapport à l’œuvre… de Luc !
Pasteur en Alsace, je me suis lancé, en 2005, dans la rédaction d’une thèse de doctorat à l’Université de Strasbourg1. En consacrant une part importante de mes travaux de recherche à l’œuvre de Luc (le troisième évangile et les Actes des apôtres), j’ai vu un véritable univers s’ouvrir devant moi, celui des évangiles. Apprivoiser le mode de fonctionnement d’un récit retraçant la vie de Jésus de manière brillamment organisée, me rendre compte à quel point l’auteur raconte Jésus en termes « théologiques » qui s’appuient sur maints passages et concepts de l’Ancien Testament, apprécier les tensions qui s’installent dans la narration, étudier quelques thèmes complexes à l’échelle de l’ensemble d’un évangile, toutes ces « premières » m’ont marqué à vie.
1 Publiée des années après l’obtention de mon doctorat : Dominique Angers , L’« Aujourd’hui » en LucActes, chez Paul et en Hébreux. Itinéraires et associations d’un motif deutéronomique , Berlin : De Gruyter (BZNW 215), 2018.
Elles ont aussi « marqué » plusieurs de mes prédications pastorales, sans parler de mon fils aîné, que Laura et moi avons appelé… Luc ! Dès 2008, en tant qu’enseignant en institut biblique en Suisse, je consacrais un cours entier au troisième évangile.
Avec l’Évangile selon Luc, j’avais l’impression de me tenir face à l’Everest. En 2016, relocalisé à la Faculté de Théologie Évangélique de Montréal (Université Acadia), j’ai dû constituer un nouveau cours sur les quatre évangiles. Il a bien fallu me pencher sur les trois autres évangiles, et notamment, sur celui qui me semblait le moins riche sur le plan théologique, le plus basique – celui dont Marc est l’auteur.
Mes préjugés contre Marc
C’est donc avec peu d’attentes que je me suis plongé dans le récit de Marc, faisant tristement écho à des siècles de réduction du deuxième évangile, par l’Église, à un simple abrégé du bien plus remarquable évangile de Matthieu, suivant la conviction d’Augustin (354 à 430 apr. J.-C.). Après tout, plus de 90 % des récits figurant dans la trame de Marc apparaissent également chez Matthieu et/ou chez Luc. Il a même fallu attendre le VIe siècle pour qu’un premier commentaire soit rédigé sur l’Évangile selon Marc par Victor d’Antioche.
Pour ne rien exagérer, j’étais néanmoins convaincu de l’utilité de l’exercice : après tout, le livre de Marc était très « commode » en contexte d’évangélisation ou d’apprentissage de la lecture biblique en Église. L’histoire était brève, l’action rapide et rythmée, parsemée d’occurrences des adverbes « immédiatement » ou « aussitôt », véritable pédale d’accélérateur narrative. Les enseignements de Jésus y étaient généralement succincts, à l’exception de deux discours plus substantiels, en Marc 4 et 13. Mon survol de l’œuvre « marcienne » (et non pas martienne !) nourrirait donc les divers ministères de mes étudiants.
Ce regard « utilitariste » a bientôt été bouleversé. Lorsque j’ai commencé à étudier le texte de près, j’ai été repris et je suis devenu… un très grand admirateur et ami de Marc, comme je l’avais été, et le restais bien sûr, de Luc. Sur le plan littéraire, son récit concis et puissant m’a conquis. Qui plus est, à l’art consommé de Marc l’écrivain s’ajoutait sa finesse théologique.
Depuis 2016, mon cours sur les quatre évangiles a connu plusieurs éditions. À chaque mise à jour, l’œuvre de Marc y a occupé une place croissante. Aujourd’hui, le sentiment qui s’impose en moi lorsque je dois me « prononcer » sur Marc, en classe ou ailleurs, est le suivant : malgré la brièveté du récit, tout y est ! Les grands thèmes théologiques, abondamment et richement développés par Luc par exemple, sont déjà présents, au moins en germe, dans la trame de Marc.
L’« influenceur » principal des autres évangélistes
Dans la mesure où Luc s’est clairement appuyé sur l’Évangile selon Marc (ce dernier ayant composé le tout premier évangile), je constate que l’auteur-médecin a, dans plusieurs cas, simplement développé et amplifié des aspects qui avaient intéressé Marc avant lui.
Depuis le XIXe siècle, les spécialistes ont été progressivement convaincus de la priorité chronologique du récit de Marc, suivant la proposition de savants comme le Badois Heinrich Julius Holtzmann en 1863 (après avoir enseigné à Heidelberg, il devint professeur à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg en 1874)2 . Cette découverte de l’ancienneté et de l’influence de Marc suscita un vif intérêt pour l’étude du deuxième évangile. Cet attrait, initialement, fut davantage historique que théologique. Or il aurait été tragique d’en rester là.
En effet, pour ne citer que quelques exemples, il est bien connu que Luc s’intéresse :
– au calendrier de l’histoire du salut (les « derniers jours » étant déjà présents), – au renversement des statuts (les petits sont intégrés dans le Royaume, les grands s’excluent eux-mêmes),
– à Jésus en tant que prophète,
2 Marc Lienhard (s. dir.), La Faculté de théologie protestante de Strasbourg hier et aujourd’hui (1538 – 1988). Mémorial du 450 e anniversaire de la Faculté, Strasbourg : Éditions Oberlin, 1988, p. 57 ; Schnabel 2.
– à la place des femmes parmi les disciples,
– aux implications concrètes de la « suivance » de Jésus,
– et ainsi de suite…
Or tous ces thèmes « lucaniens » sont déjà présents chez Marc.
Et que dire des concepts encore plus évidents tels que : Jésus en tant que Messie, Fils de Dieu, Fils de l’homme, Serviteur de l’Éternel. Ou sa proclamation du règne de Dieu, la centralité de la croix dans l’œuvre de Christ, les manifestations du Règne que représentent les guérisons et les exorcismes, les éléments prioritaires de l’éthique de Jésus, etc. Cette fois, les parallèles entre les deuxième et troisième évangiles sont évidents !
Je n’ai pas autant creusé les évangiles de Matthieu et de Jean, bien que je les enseigne sommairement dans le cadre du même cours sur les quatre évangiles. Je constate néanmoins que nombre des contributions matthéennes et johanniques – sur le plan théologique – peuvent aisément entrer en dialogue avec Marc3.
Marc et l’Ancien Testament
Cela dit, mon émerveillement théologique devant l’œuvre de Marc ne se limite pas au constat selon lequel Marc, pourtant reconnu pour son économie de mots, a généreusement ouvert la voie aux trois autres évangélistes. Il leur a, en quelque sorte, servi sur un plateau d’argent la plupart des panneaux indicateurs théologiques qui les ont guidés vers les multiples dimensions de la vie de Jésus.
Marc a aussi profondément contribué à ma redécouverte de Jésus à la lumière de l’Ancien Testament. Certes, Luc m’avait déjà habitué à cette approche, mais Marc s’y prend différemment. Par exemple, Marc et Luc accordent tous deux une importance capitale à la prophétie d’Ésaïe. Mais alors que Luc présente Jésus lisant Ésaïe 61.1-2a / 58.6, son « texteprogramme », dans la synagogue de Nazareth au début de son ministère (Luc 4.16-21), Marc place d’emblée l’ensemble de son évangile sous le signe du « nouvel exode » annoncé par le même prophète (Marc 1.2-3), avant de résumer succinctement le message de Jésus au moyen de catégories empruntées à Ésaïe (Marc 1.14-15).
3 Ce qui étonne davantage à propos de Jean. Mais voir cet ouvrage collectif récent : Eve-Marie Becker, Helen K. Bond, Catrin H. Williams (s. dir.), John’s Transformation of Mark , Londres : T&T Clark, 2021.
Je peux témoigner que chez Marc, de nombreuses allusions à l’Ancien Testament, parfois subtiles, m’ont ébahi et m’ont fait « sentir comme un feu dans mon cœur » (Luc 24.32). J’espère que mes lecteurs vivront à leur tour cette expérience intense et transformatrice.
Une place de choix dans les recherches universitaires
Pour m’assurer de ne passer à côté de rien dans mon étude de Marc, j’ai assisté, ces dernières années, à de nombreuses conférences sur cet évangile lors des rencontres annuelles de la Society of Biblical Literature (à Denver en 2022, San Antonio en 2023, San Diego en 2024). Les foisonnantes recherches actuelles sur Marc démontrent qu’il est impossible d’épuiser les richesses théologiques du deuxième évangile.
Apprendre à ralentir pour mieux contempler Jésus
Même si le récit sur lequel porte ce commentaire est rythmé et qu’il se lit en deux heures environ si on le lit d’un trait, Marc m’a paradoxalement appris à ralentir pour mieux contempler Jésus. Bien que les trois autres évangélistes nous attirent également dans cette direction, Marc maîtrise à un degré inégalé l’art du dévoilement progressif : il se retient constamment d’affirmer directement ce qu’il sait sur Jésus et sur le règne de Dieu. Il préfère suggérer, démontrer, dévoiler étape par étape l’identité véritable de Jésus et les modalités du Règne. Il démontre ainsi ses qualités d’historien soucieux d’honorer la révélation progressive orchestrée par Jésus lui-même. On peut presque lui reconnaître une impressionnante et touchante maîtrise de soi : suggérer sous autant d’angles différents que Jésus est divin – sans jamais le dire explicitement – a dû exiger de lui une retenue peu commune, ce qui représente un cadeau inestimable pour ses lecteurs. En suggérant davantage qu’en disant (les savants littéraires anglophones distinguent show et tell ), Marc nous permet de revivre, dans une certaine mesure, l’expérience de découverte – et l’émerveillement initial – des premiers disciples, à qui Jésus n’avait pas tout précisé d’entrée de jeu.
J’ai appris à connaître Marc, envers qui j’éprouve aujourd’hui une profonde affection. D’abord, quelques informations incontournables à son sujet.
Pas un témoin oculaire
Deux des quatre évangiles ont été rédigés par des témoins de la première heure, aussi apôtres : Matthieu et Jean. Marc et Luc durent s’appuyer sur les témoins oculaires qu’ils ont eu l’occasion de côtoyer.
Comment savons-nous que Marc est l’auteur du deuxième évangile, et qui est-il au juste ? La réponse courte est qu’il n’est pas l’un des Douze, mais qu’il n’est pas n’importe qui pour autant.
L’évangile qui nous intéresse est anonyme, comme les trois autres. En effet, le titre qui lui fut rattaché sans doute peu après sa rédaction ne fait pas partie du texte de Marc à proprement parler. Cette situation ouvre la porte à toutes sortes de spéculations dont les érudits raffolent. En même temps, certaines données s’avèrent probantes, voire fascinantes.
D’après le grand bibliste allemand Martin Hengel, le titre « selon Marc » ou « Évangile selon Marc » est apparu sans doute au cours des dernières décennies du Ier siècle, lorsqu’il a été nécessaire de le distinguer d’au moins un autre évangile canonique, notamment pour la lecture publique dans les Églises. Les deux formes sont attestées dans les manuscrits, tantôt au début ou à la fin de l’œuvre, tantôt en marge. Cet impératif a été renforcé lorsque les quatre évangiles ont été regroupés dans une même collection, circulant côte à côte. Bien que les manuscrits les plus anciens, souvent fragmentaires, contenant l’une ou l’autre forme de ce titre datent des IIe et IIIe siècles, le besoin naturel de repérage rend plausible l’hypothèse que pose Hengel de l’attribution encore plus ancienne d’un titre visant à répondre à ce besoin4. Quoi qu’il en soit, aucune autre attribution n’est attestée dans la tradition manuscrite.
4 Martin Hengel , Studies in the Gospel of Mark , Philadelphie : Fortress Press, 1985, p. 64-84. Voir le résumé de Carson & Moo 147.
Le titre le plus ancien qui est associé à notre récit, « selon Marc » ou « Évangile selon Marc », est fort instructif : les premiers chrétiens considéraient qu’il y avait un seul Évangile, une seule « Bonne Nouvelle » – car c’est bien là le sens du terme « Évangile » – et non pas quatre. Dans l’Église primitive, on ne parlait pas de « l’évangile de Marc » ou de « l’évangile de Matthieu », mais plutôt de l’Évangile selon Marc ou Matthieu, c’est-à-dire de l’unique Évangile tel qu’il est présenté par chacun des quatre écrivains ayant reçu l’honneur de mettre par écrit le récit de la vie de Jésus.
Des sources anciennes unanimes : Marc est notre homme et Pierre est sa source
Pour retracer l’origine de notre évangile, on peut distinguer les données externes, qui proviennent de sources extérieures à l’œuvre de Marc, et des données internes, qui apparaissent au fil du deuxième évangile.
Données externes
En plus des informations concernant le titre, d’autres données externes associent le deuxième évangile à la figure de Marc. La plus ancienne et la plus importante est un texte de Papias, évêque de Hiérapolis en Phrygie (située en Asie Mineure) jusqu’en 130 apr. J.-C. environ. On y apprend non seulement que notre auteur s’appelle Marc, mais encore qu’il s’est appuyé sur le témoignage de l’apôtre Pierre. Je reviendrai sur ce texte un peu plus loin.
Plusieurs auteurs chrétiens des IIe et IIIe siècles attribuent notre évangile à Marc, la plupart d’entre eux évoquant également le rapport étroit qu’il entretient avec Pierre. Certains de ces auteurs s’appuient sans doute sur Papias5 :
– le prologue antimarcionite de Marc (150-180 apr. J.-C.), une préface se rapportant à notre évangile (rédigé, d’après certains spécialistes, en réaction aux enseignements erronés de Marcion),
5 Je reprends ici la datation proposée par Schnabel 10-11, qui fournit également les sources précises attribuées à ces auteurs.
– Justin Martyr (vers 150),
– Irénée (vers 170),
– Clément d’Alexandrie (vers 180),
– Origène (vers 200),
– Tertullien (vers 200).
Jérôme, vers l’an 400, abonde dans le même sens. En fait, aucune voix discordante, au cours des premiers siècles de notre ère, ne met en cause l’attribution de notre évangile à Marc.
Aux yeux de maints spécialistes, ces données externes sont appuyées par des données internes qui pointent dans la même direction : la lecture attentive de Marc rend plausible l’hypothèse d’une dépendance du témoignage de Pierre6. En effet, notre évangile crée une impression de proximité : en tant que lecteur, on revit les événements comme si on y était. On nous informe même de certains détails circonstanciels non essentiels à l’intrigue. Mentionnons également que Marc, qui rapporte des scènes auxquelles seuls Pierre et quelques privilégiés ont assisté, a forcément dû avoir accès à un informateur de l’intérieur du cercle des intimes de Jésus (Marc 1.16-20, 29-31 ; 9.2-8 ; 14.27-31).
De plus, Marc est très critique envers Pierre (Marc 8.32-33 ; 9.5-6 ; 14.29-31, 66-72) et les Douze, ce qui s’explique d’autant mieux si c’est Pierre lui-même qui a dressé ce portrait peu flatteur de sa personne, étant désormais transformé par sa rencontre avec le Ressuscité et sa réception de l’Esprit Saint.
Certains biblistes (C.H. Dodd en tête) ont même détecté des parallèles entre les étapes de la vie de Jésus résumées dans les prédications de Pierre telles qu’elles sont rapportées dans les Actes des apôtres (par exemple en Actes 10.36-41) et le schéma global repérable dans la trame de Marc7.
Enfin, Marc révèle peut-être subtilement sa source principale à ses lecteurs. Richard Bauckham a fait une suggestion très intéressante à ce sujet : comme Pierre est le premier et le dernier disciple mentionné dans son évangile (Marc 1.16 ; 16.7), Marc créerait une inclusion à
6 Bauckham [2017] 137-158.
7 Carson & Moo 151, 167.
l’échelle de son œuvre, dont l’une des fonctions serait d’identifier le témoin oculaire à l’origine des informations dont il disposait 8 . Un tel cadrage serait appuyé par le fait que Pierre, parfois appelé Simon, est mentionné chez Marc à une fréquence supérieure à celle que l’on trouve chez Matthieu et Luc.
Un homme bien présent dans les Actes et les épîtres
Dans la mesure où les douze apôtres étaient les leaders incontestés du mouvement chrétien naissant, il est impensable que l’Église primitive ait inventé de toutes pièces un personnage qui n’était ni un apôtre ni un témoin oculaire de l’activité de Jésus – un certain Marc – pour ensuite le désigner comme l’auteur d’un texte aussi précieux qu’un des quatre évangiles.
La question est donc de savoir : qui est ce Marc ? Non pas que la réponse à cette question influe grandement sur l’interprétation de son œuvre ; il s’agit surtout de savoir si nous pouvons nous fier à cet auteur !
Étant donné que peu d’explications sont fournies à son sujet dans les sources externes, il ne peut s’agir que d’un Marc suffisamment connu dans l’Église primitive pour ne pas avoir besoin de présentation. Or un seul candidat est véritablement qualifié à ce titre, en raison de sa mention dans plusieurs livres du Nouveau Testament.
En faveur de l’identification de notre auteur avec le Marc figurant dans le Nouveau Testament (voir plus bas), des recherches récentes ont fait apparaître que Marc (Markos en grec) était un nom rare parmi les Juifs. Bien que le prénom (praenomen) soit courant parmi les noms latins (Marcus), les données émanant du Ier siècle ne mentionnent que sept Marc juifs au total. Ceci suggère que bien peu de chrétiens d’origine juive s’appelaient Marc à cette époque. Cela augmente donc significativement la probabilité que ce soit le Marc du Nouveau Testament – un judéo-chrétien – qui est bien l’auteur de l’évangile9.
8 Bauckham [2017] 104-136.
9 Sur tout cela, voir Schnabel 11.
Un nombre significatif de textes du Nouveau Testament évoquent un personnage qui semble correspondre à l’auteur dont nous sommes à la recherche : Actes 12.12, 25 ; 13.5, 13 ; 15.37 ; Colossiens 4.10 ; Philémon 24 ; 2 Timothée 4.11 ; 1 Pierre 5.13. De ces divers passages émerge le portrait suivant, qui suit l’ordre chronologique des événements rapportés :
– Dans trois textes des Actes (Actes 12.12, 25 ; 15.37), il est question de « Jean, appelé aussi Marc » (que l’on peut aussi traduire par « Jean, surnommé Marc »). En Actes 13.5, 13, il est simplement appelé « Jean ».
En Actes 12.12, on apprend qu’il est le fils de Marie, une chrétienne de Jérusalem suffisamment fortunée pour que sa maison spacieuse puisse accueillir un grand nombre de chrétiens pour la prière communautaire. C’est chez cette Marie que se rend Pierre après sa libération miraculeuse de prison par un ange (Actes 12.12-17). Marie – et sans doute son fils également – est donc au cœur de l’action au sein de l’Église de Jérusalem. Cette résidence de Marc à Jérusalem pourrait expliquer la présence croissante d’informations topographiques lorsque, dans le récit marcien, l’action se déroule dans cette ville ou aux alentours10.
– Barnabas et Saul, envoyés à Jérusalem par l’Église d’Antioche pour y apporter des secours financiers aux frères et sœurs de Judée accablés par les conséquences d’une famine (vers 46 apr. J.-C.), décident d’emmener Jean-Marc quand ils quittent Jérusalem pour rentrer à Antioche (Actes 11.27-30 ; 12.25).
– Lors d’un premier voyage missionnaire, Barnabas et Saul sont envoyés en mission par le Saint-Esprit et les responsables de l’Église d’Antioche vers 47 apr. J.-C. Ils décident de prendre Jean (Marc) avec eux, afin de les seconder (Actes 13.5). Toutefois, cette collaboration est de courte durée : à Pergé en Pamphylie, l’assistant de Paul et Barnabas « les abandonna et retourna à Jérusalem » (Actes 13.13).
– Paul et Barnabas ne tireront pas les mêmes conclusions de cette séparation subite. À la veille du deuxième voyage missionnaire
10 Robert H. Gundry, Mark. A Commentary on His Apology for the Cross, Grand Rapids : Eerdmans, 1993, p. 1039.
de Paul (vers 49 apr. J.-C.), un désaccord éclatera même entre eux autour de la personne de Jean-Marc :
36 Après quelque temps, Paul dit à Barnabas : Partons refaire le tour de toutes les villes où nous avons annoncé la Parole du Seigneur et rendons visite aux frères pour voir ce qu’ils deviennent. 37 Mais Barnabas voulait emmener avec lui Jean, appelé aussi Marc, 38 et Paul estimait qu’il ne convenait pas de prendre avec eux celui qui les avait abandonnés en Pamphylie et qui ne les avait pas accompagnés dans leur œuvre.
39 Leur désaccord fut si profond qu’ils se séparèrent. Barnabas emmena Marc avec lui et s’embarqua pour Chypre. 40 Paul, de son côté, choisit Silas et partit avec lui, après avoir été confié par les frères à la grâce du Seigneur. Actes 15.36-40
Ainsi, Marc poursuit sa route – et ses premiers pas dans l’entreprise missionnaire – loin de Paul, aux côtés de Barnabas. Le duo s’embarque pour Chypre, île d’où est originaire Barnabas (Actes 4.36).
– En Philémon 24, on apprend que Marc figure parmi les collaborateurs de Paul (aux côtés de Luc !) alors que l’apôtre se trouve en résidence surveillée à Rome (60 à 62 apr. J.-C.). Environ une décennie après leur séparation en pleine mission, la relation entre Marc et Paul semble donc rétablie. Durant la même période, Paul mentionne Marc à la fin de sa lettre aux Colossiens : Marc, dont on apprend à cet endroit qu’il est le cousin de Barnabas, transmet par l’entremise de Paul ses salutations aux Colossiens, qui pourraient bientôt l’accueillir parmi eux (Colossiens 4.10). Paul précise que Marc compte parmi « les seuls croyants d’origine juive qui travaillent avec moi pour le royaume de Dieu » (Colossiens 4.11).
Contrairement à Luc le médecin (Colossiens 4.14), Marc est donc juif, comme les deux autres écrivains des évangiles (Matthieu et Jean). De plus, il est savoureux de constater que Paul résume son œuvre accomplie en collaboration avec Marc autour de l’expression « le royaume de Dieu », si fondamentale dans l’Évangile selon Marc !
– À la fin de sa première lettre (rédigée en 62 ou 63 apr. J.-C., après que Paul a été libéré de sa première détention), Pierre écrit, depuis Rome, à des chrétiens de plusieurs Églises d’Asie
Mineure : « Recevez les salutations de l’Église qui est à Babylone [Rome] et que Dieu a choisie. Mon fils Marc vous envoie aussi ses salutations » (1 Pierre 5.13). Après la libération de Paul et son départ de la ville, Marc est donc toujours à Rome. Surtout, Pierre l’appelle son « fils », ce qui indique un lien étroit entre les deux hommes. Si Pierre considère Marc comme son fils spirituel, c’est parce qu’il joue un rôle de mentor auprès de lui. Qui plus est, Marc est sans doute davantage qu’un « protégé » : après avoir servi aux côtés du duo Barnabas/Saul, puis de Barnabas seul, et enfin de Paul (au sein de la nouvelle équipe paulinienne à Rome), peut-être Marc est-il devenu à Rome le proche collaborateur de Pierre. Il n’est pas non plus exclu que Pierre ait conduit Marc à Christ de nombreuses années auparavant. En effet, on se souviendra que Pierre connaissait bien la mère de Marc, chez qui il s’était réfugié après sa sortie miraculeuse de prison à Jérusalem (Actes 12.12-17).
– Enfin, revenons à Paul, qui a été libéré de sa première détention en 62 apr. J.-C. Après avoir passé davantage de temps à Rome, aux côtés de Pierre cette fois, Marc, à son tour, quitte Rome. C’est ensuite Paul qui revient dans la capitale de l’empire, où il se trouve maintenant emprisonné dans des conditions bien pires que la première fois. Dans sa dernière lettre, son « testament spirituel », Paul ne tarit pas d’éloges au sujet de Marc. Il écrit à Timothée, en 64 ou 65 apr. J.-C. : « Seul Luc est encore avec moi. Prends Marc et amène-le avec toi ; car il m’est très utile pour mon ministère » (2 Timothée 4.11). On comprend que Paul demande ici à Timothée, quand ce dernier le rejoindra à Rome où l’apôtre se trouve pour sa seconde détention dans cette ville (2 Timothée 4.9 ; 1.8 ; 2.9), d’amener Marc avec lui (soit Marc se trouve déjà avec Timothée, soit il se joindra à lui lors de son périple vers Rome).
Ce rapide survol historique illustre à quel point les acteurs principaux au sein du mouvement chrétien naissant étaient connectés les uns aux autres. En toile de fond de ce tableau, Marc, que nous croyions plutôt discret, apparaît comme un acteur incontournable.
Quelle découverte saisissante pour moi ! Véritable homme de réseau, Marc constitue même, à lui tout seul, une sorte de carrefour théologique. Je reviendrai sur l’impressionnant réseau théologique de Marc dans la conclusion du 4e volume de ce commentaire.
« Respect » pour un auteur plus rigoureux qu’il n’y paraît
Bien qu’il soit un écrivain d’une efficacité redoutable, Marc écrit en grec dans un style relativement simple, sans artifice, employant sans scrupule des constructions syntaxiques et des tournures sémitiques, calquées sur l’araméen (langue que parlaient alors les Juifs en Israël). Son évangile est incontestablement une œuvre populaire, particulièrement adaptée pour une transmission orale lors de lectures publiques ou de récitations. Celui de Luc se rapproche davantage, sur les plans linguistique et stylistique, des œuvres hellénistiques plus raffinées.
Contrairement à Luc (Luc 1.1-4), Marc ne détaille pas sa méthode d’investigation et de rédaction. Papias, lui-même un auditeur de l’apôtre Jean11, nous en fournit néanmoins une bonne idée qui ne peut qu’inspirer le respect. Les propos de Papias sont rapportés dans l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée écrite en 325. Dans son Explication des paroles du Seigneur rédigée en cinq volumes et perdue en majorité, Papias écrit :
Et voici ce que disait le presbytre [l’apôtre Jean12] : Marc, qui était l’interprète de Pierre, a écrit avec exactitude, mais pourtant sans ordre, tout ce dont il se souvenait de ce qui avait été dit ou fait par le Seigneur. Car il n’avait ni entendu ni accompagné le Seigneur, mais Pierre, plus tard, comme je l’ai dit. Celui-ci donnait ses enseignements sous forme d’anecdotes, mais sans présenter de manière organisée les paroles du Seigneur. De la sorte, Marc n’a pas commis d’erreur en écrivant certaines choses comme il s’est souvenu. Il n’a eu en effet qu’un seul dessein, celui de ne rien laisser de côté de ce qu’il avait entendu et de ne rien dire de faux dans ce qu’il rapportait.
Histoire ecclésiastique III, 39, 1513
11 Selon Irénée, et également selon Papias lui-même (si « le presbytre » qu’il mentionne correspond bien à l’apôtre Jean, ce qui est débattu mais probable).
12 Il est question du « presbytre Jean » dans le texte qui précède immédiatement (Histoire ecclésiastique III, 39, 14). De nombreux spécialistes sont convaincus, sur la base d’une affirmation antérieure de Papias (III, 39, 4-5), que le presbytre Jean correspond à l’apôtre Jean.
13 Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, trad. G. Bardy revue par L. Neyrand et al., Paris : Cer f (Sagesses chrétiennes), 20 03, p. 188-189, cité par Carson & Moo 147-148. M’appuyant sur des études récentes, j’ai remplacé la traduction « selon les besoins » par « sous forme d’anecdotes », en plus d’ajouter une précision entre crochets.
Ces lignes sont rassurantes car elles militent en faveur de la crédibilité de Marc :
–
Le portrait que dresse Papias de Marc provient de nul autre que l’apôtre Jean, le presbytre,
– Marc s’est appuyé sur les enseignements de Pierre, témoin oculaire de la vie de Jésus,
– Lorsqu’il a pris la plume, Marc a été préservé de toute erreur.
La citation de Papias suscite également certaines questions, que je creuse davantage dans les billets suivants :
Dans quel sens Marc est-il l’interprète de Pierre, selon Papias ?
Marc a-t-il vraiment rédigé un évangile « sans ordre », comme semble le dire Papias ?
Merci, Marc, pour ces anecdotes de Pierre sur Jésus !
Merci aux témoins !
Un dernier élément mérite d’être relevé à partir du texte d’Eusèbe qui cite Papias. On s’interroge régulièrement, à notre époque, sur la crédibilité des évangiles sur le plan historique. Or posons-nous la question : à l’époque où Papias écrit, sans doute entre 95 et 110 apr. J.-C, qu’est-ce qui, selon lui, rendait un récit évangélique digne de confiance14 ? Tout simplement ceci : l’étroite relation qui existait entre le contenu des évangiles et les témoins oculaires des événements en question. Or, Papias entretenait personnellement une relation étroite avec l’un de ces témoins, toujours vivant : l’apôtre Jean. Quant au témoignage fondamental de l’apôtre Pierre, Papias considérait y avoir accès par l’intermédiaire de l’écrit de Marc réalisé à partir des anecdotes racontées à ce dernier par le plus important des apôtres. En somme, pour juger recevables les traditions à propos de Jésus, Papias s’appuyait sur les témoins et sur les disciples de ces derniers15.
Nous avons tout intérêt à procéder de la même manière en ayant l’esprit ouvert à la voix des témoins, accessible aujourd’hui uniquement par la lecture des évangiles.
Nous venons de faire connaissance avec notre auteur. Posons-nous maintenant une autre question : quel public cible a-t-il à l’esprit quand il raconte Jésus et que cherche-t-il à accomplir exactement ?
Qui sont les premiers lecteurs et dans quelles circonstances Marc leur écrit-il ?
Lecteurs ou auditeurs ?
Marc s’adresse à une ou plusieurs communautés de chrétiens qui, lors de leurs assemblées, écouteront la lecture à voix haute de son évangile. Le style de Marc se prête particulièrement bien à ce type de lecture, c’està-dire d’écoute communautaire.
14 Robert W. Yar brough, « The Date of Papias: A Reassessment », dans Journal of Evangelical Theological Society 26.2, 1983, p. 181-191.
15 Une bonne partie des développements de ce paragraphe s’appuie sur Schnabel 17-18.
Vers l’an 150 apr. J.-C., l’apologète et philosophe chrétien
Justin Martyr décrit ainsi, depuis Rome, les rassemblements hebdomadaires des chrétiens : Le jour qu’on appelle le jour du soleil, tous, dans les villes et à la campagne, se réunissent dans un même lieu : on lit les mémoires des apôtres [c’est-à-dire les évangiles16] et les écrits des prophètes, autant que le temps le permet. Quand le lecteur a fini, celui qui préside fait un discours pour avertir et pour exhorter à l’imitation de ces beaux enseignements. Ensuite nous nous levons tous et nous prions ensemble à haute voix.
Première apologie 67.3-517
Bien que décrivant des réunions typiques du IIe siècle, le tableau brossé par Justin évoque probablement un usage répandu à une époque antérieure à la sienne.
Surtout des non-Juifs
Marc prend la peine d’expliquer certaines coutumes juives à ses lecteurs : Marc 7.3-4 (à la troisième personne du pluriel) ; 14.12 ; 15.42. Il fournit également la traduction grecque des mots araméens insérés dans son récit (Marc 3.17 ; 5.41 ; 7.11, 34 ; 10.46 ; 14.36 ; 15.22, 34). Notre auteur s’adresse donc principalement à des chrétiens d’origine non juive.
Ils paient le prix
Marc insiste beaucoup sur le prix à payer pour suivre Jésus : Marc 8.3438 ; 10.30 ; 13.9-13 ; 14.27-31. De nombreux biblistes estiment, et cela est tout à fait plausible, que Marc cherche à encourager et à réconforter des chrétiens persécutés ou expérimentant au minimum une forme d’opposition.
Plusieurs témoignages anciens situent la rédaction de notre évangile à Rome (Irénée et Clément d’Alexandrie) ou « dans les régions d’Italie »
16 Selon Première apologie 66.3.
17 Le texte grec de Justin et sa traduction française sont accessibles sur le site https://www.patristique.org/ sites/patristique.org/IMG/pdf/justin_i_apologie.pdf (consulté le 4 avril 2024).
(le prologue antimarcionite de Marc). Cette suggestion paraît plausible. La mention par Marc du nom des deux fils de Simon de Cyrène, Alexandre et Rufus, n’est peut-être pas anodine (Marc 15.21). En effet, Paul salue un Rufus dans sa lettre adressée aux chrétiens de Rome (Romains 16.13). Nous savons que Marc s’est trouvé dans cette ville à différentes reprises : aux côtés de Paul entre 60 et 62 apr. J.-C. (Philémon 24 et Colossiens 4.10-11), aux côtés de Pierre vers la fin 62 ou 63 (1 Pierre 5.13), peut-être à nouveau aux côtés de Paul en 64 ou 65 (si le souhait que l’apôtre émet en 2 Timothée 4.9, 11 s’est réalisé). La mention d’Alexandre et de Rufus dans le récit marcien suggère que les lecteurs connaissent personnellement l’auteur qui se sent libre de mentionner des individus qui leur sont familiers.
De plus, la fréquence particulièrement élevée de « latinismes » chez Marc (des mots ou expressions empruntés au latin) corrobore une origine romaine. Il faut toutefois relativiser les choses, car de tels termes se retrouvent aussi dans la langue grecque de l’époque, ainsi que chez Matthieu et Luc.
Enfin, le terme employé pour exprimer la valeur des deux pièces déposées dans le tronc du temple par la pauvre veuve (Marc 12.42), « un quadrant » (NBS), n’était usité que dans la partie occidentale de l’empire romain – pas en Palestine.
Si on ne peut toutefois pas la démontrer formellement, l’origine romaine reste l’hypothèse la plus plausible au regard des sources disponibles. Auteur et destinataires – du moins une partie du lectorat visé (voir page 40 sur les Églises en réseau) – se trouveraient sans doute dans une même région. On peut supposer alors que Marc mettrait sur papier les enseignements que Pierre aurait délivrés à Rome, à l’intention de chrétiens ayant eux-mêmes (pour certains d’entre eux) bénéficié de la prédication de l’apôtre.
Seulement des chrétiens ?
Les développements qui précèdent induisent que Marc s’adresse à des lecteurs chrétiens. Pourtant, de nos jours, son évangile est fréquemment utilisé comme outil d’évangélisation : on s’appuie sur l’œuvre de Marc pour accompagner des non-chrétiens dans leur découverte de Jésus.
Cette approche est-elle légitime ? Marc l’aurait-il validée ? Aurait-il pu imaginer que des personnes en recherche bénéficieraient de son œuvre ?
C’est pour tenter de répondre à de telles questions que j’ai rédigé l’article de blog suivant : « L’Évangile selon Marc s’adresse-t-il aussi aux non-chrétiens ? »
Difficile de poser une date
La question de la datation de l’œuvre de Marc est complexe.
> Marc d’abord
Les biblistes s’intéressent aux rapports de dépendance qui pourraient exister entre les évangiles dits « synoptiques ». Ce dernier terme provient d’un mot grec qui signifie « voir ensemble » et se rapporte aux récits de Matthieu, Marc et Luc. En effet, les traits communs sont évidents dans ces trois évangiles, notamment la trame générale du ministère de Jésus, qui débute en Galilée, puis se poursuit sur la route de Jérusalem pour s’achever dans cette ville.
Il existe un quasi-consensus universitaire, tant des milieux croyants que des milieux plus sceptiques, à propos de la « priorité de Marc ». Bien que plusieurs théories existent autour de la question : « Qui s’est appuyé sur qui ? » parmi les auteurs des évangiles synoptiques, on s’accorde pour reconnaître que Marc a rédigé le tout premier évangile, sur lequel Matthieu et Luc se sont ensuite appuyés. En conséquence, il est impératif de postuler une date de rédaction antérieure au travail de Matthieu et de
Luc pour celui de Marc. Jean a sans aucun doute rédigé son évangile en dernier. Mais cette donnée laisse place à plusieurs possibilités en ce qui concerne la datation.
> Avant la chute de Jérusalem
Commençons par éliminer une date trop tardive : contrairement à ce que de nombreux spécialistes ont affirmé, Marc ne semble pas avoir rédigé son œuvre après la destruction de Jérusalem en l’an 70 apr. J.-C. Une composition de l’évangile après cet événement fatidique repose parfois sur la supposition que Jésus, qui annonce la destruction du temple dans son discours sur le mont des Oliviers (Marc 13), ne peut avoir prédit cette tragédie qu’après les faits. Il s’agit là bien sûr d’un point de vue sceptique qui n’admet pas que Jésus puisse connaître l’avenir.
Cependant, les biblistes en général, croyants comme sceptiques, reconnaissent que le langage employé par Jésus à propos de la destruction du temple – car Marc ne décrit pas la destruction de la ville à proprement parler (Marc 13.2, 7-8, 14-20) – reprend des expressions tirées de l’Ancien Testament et du judaïsme de l’époque, et ne reflète pas une connaissance précise du détail des événements par Marc, l’auteur (y compris la référence à « l’abominable profanation » en Marc 13.14). Pour se faire un avis sur cette question, on dispose du descriptif détaillé, par l’historien juif Flavius Josèphe, du siège de Jérusalem par les Romains et de l’incendie ayant détruit le temple et la ville en 70, événement majeur dans le contexte de la révolte juive qui débuta en 66 apr. J.-C.
Si Marc publie son œuvre avant l’an 70, et s’il écrit depuis Rome, hypothèse la plus plausible quant à la provenance de son récit, deux grandes possibilités doivent être considérées avec sérieux.
> Milieu ou fin des années 60
De nombreux spécialistes (y compris protestants évangéliques) situent la rédaction de notre évangile au milieu ou dans la seconde moitié des années 60, soit dans la foulée de la persécution qui éclate à Rome sous Néron en 64 apr. J.-C., soit au cours des années suivantes.
Certains d’entre eux privilégient une rédaction à la suite de l’irruption de la persécution néronienne au milieu des années 60. Ce contexte historique mettrait en relief les appels que Jésus adresse à ses disciples, dans l’Évangile selon Marc, quand il leur demande d’emprunter à leur tour le chemin de la croix.
En 64 apr. J.-C., un incendie ravage plus de la moitié de Rome en six jours. Face aux rumeurs l’accusant d’en être lui-même l’instigateur (car il souhaitait opérer des transformations majeures dans la ville), Néron jette le blâme sur les chrétiens. Une persécution terrible éclate alors. D’après l’historien romain Tacite, la torture prend plusieurs formes : certains chrétiens sont crucifiés, d’autres recouverts de peaux d’animaux puis agressés par des chiens, d’autres encore brûlés vifs – servant de torches pour illuminer la ville en pleine nuit18. D’après Eusèbe, c’est dans ce cadre terrible que les apôtres Pierre et Paul seraient morts en martyrs19.
Comme nous l’avons vu, il est tout à fait possible que Marc se soit trouvé à Rome au milieu des années 60. Selon ce scénario, il rédigerait son évangile alors même qu’il est exposé aux souffrances de ses frères et sœurs dans la capitale de l’empire.
D’autres spécialistes pensent plutôt que la Grande Révolte des Juifs de Judée contre l’Empire romain, amorcée dès 66 apr. J.-C., était en cours au moment où Marc écrit son œuvre. Préférant alors une date tendant vers la fin des années 60, ils invoquent l’interpellation des lecteurs par le narrateur, en Marc 13.14 (« que celui qui lit comprenne ! »), pour faire valoir que les bouleversements suscités par le conflit étaient en cours de réalisation et que la destruction de Jérusalem était imminente. De plus, si Irénée a raison en situant l’écriture de Marc après les décès de Pierre et de Paul (aux alentours de l’an 65 pour ce dernier, dans la foulée de sa seconde détention romaine), on peut même se demander si, suivant la suggestion de Paul en 2 Timothée 4.11, Marc n’aurait pas rejoint Paul à Rome au cours de cet ultime emprisonnement, aux côtés de Timothée. Ainsi, une fois Paul disparu, il aurait alors composé ou finalisé son récit.
Étant donné la proximité des positionnements qui viennent d’être évoqués (milieu ou fin des années 60), je les regroupe sous une même hypothèse. Ce qu’il faut surtout noter, c’est qu’une telle reconstitution présente l’avantage de combiner plusieurs des données disponibles. D’une part, elle s’accorde bien avec les mentions de Marc dans quelques épîtres
18 Tacite, Annales 15.44.
19 Eusèbe, Histoire ecclésiastique II, 25, 5.
du Nouveau Testament. D’autre part, cette compréhension des choses s’harmonise avec la possibilité que Pierre soit déjà mort au moment où Marc termine la rédaction de son évangile. Or la disparition de Pierre (que l’on situe généralement vers l’an 65) semble présupposée chez Papias. Le prologue antimarcionite de Marc et Irénée l’affirment explicitement (si le terme « départ » fait bien référence à la mort de Pierre).
Une datation de la rédaction de Marc au milieu ou vers la fin des années 60 me paraît être l’hypothèse la plus plausible. Cela étant, le présent commentaire ne dépend pas d’une telle reconstruction historique, qui reste hypothétique. En effet, cette manière de rassembler les diverses pièces du puzzle ne convainc pas tous les biblistes qui rappellent que la persécution des chrétiens s’est produite à diverses occasions au cours des premières décennies de la vie de l’Église – et pas seulement sous l’empereur Néron.
> Seconde moitié des années 50
L’an 65 est trop tardif aux yeux des spécialistes qui situent la rédaction de l’ensemble « Luc-Actes » avant la libération de Paul de son premier emprisonnement à Rome en 62 apr. J.-C. Ils avancent que si Paul avait retrouvé sa liberté avant que Luc ne termine la rédaction de son œuvre, cet événement marquant figurerait à coup sûr à la fin du récit des Actes des apôtres. En effet, la libération de Paul confirmerait son innocence, ce que Luc s’est vigoureusement attaché à démontrer. Or, puisqu’on suppose alors que Luc a terminé les deux tomes de son œuvre en 62 apr. J.-C., et puisqu’il s’appuie sur Marc dans son travail, les tenants de cette reconstitution sont obligés d’adopter une date plus ancienne pour la rédaction du récit de Marc. Celle-ci se situerait alors le plus souvent vers la fin des années 50, parfois même à une date antérieure, afin que cet évangile ait eu le temps de circuler20.
Les réflexions qui précèdent montrent la complexité de toute tentative de datation des évangiles ! Mais est-il réellement problématique de ne pas connaître avec certitude la date et les circonstances de la rédaction de l’Évangile selon Marc ?
20 Un raisonnement analogue soutient que si Luc était conscient de l’exécution de Paul en 64 ou 65 apr. J.-C., il l’aurait mentionnée à la fin des Actes. Ce martyre aurait alors été parallèle à l’exécution de l’apôtre Jacques (Actes 12.1-2) et, surtout, à la mise à mort de Christ à la fin de l’Évangile selon Luc. Or, bien qu’une telle reconstruction historique soit possible, Luc peut très bien avoir choisi de mettre fin au récit des Actes à cet endroit précis – ayant atteint ses objectifs littéraires et théologiques – même s’il est au courant de la libération initiale de Paul et de son exécution subséquente.
Depuis 1998, une équipe de spécialistes réunie autour de Richard Bauckham a relativisé l’importance du repérage de « circonstances particulières » en rapport avec chacun des quatre évangiles21. Elle a avancé, sur la base d’arguments solides, que les évangiles ont tous été rédigés pour un lectorat très vaste, réparti dans diverses régions géographiques et faisant face à des situations variées. Au cours des premières décennies de l’Église, les communautés locales étaient « en réseau » et parvenaient à maintenir une excellente communication inter-Églises, notamment par l’envoi de lettres et de responsables d’une communauté à une autre. Le fait que Matthieu et Luc ont tous deux eu accès au récit de Marc pointe dans cette même direction.
Dans ce cadre, il est difficile de concevoir que Marc, ainsi que les autres évangélistes, ait composé son œuvre pour une seule Église locale.
Néanmoins, ceci ne l’empêche pas d’avoir eu particulièrement à cœur la communauté chrétienne de Rome, qui serait alors sa première – mais non exclusive – destinataire.
En prenant en compte l’élargissement des perspectives préconisé par Bauckham, on parvient à un portrait plus vaste des lecteurs de Marc :
–
Bien que Marc s’adresse principalement à des chrétiens d’origine non juive, on ne peut exclure que des judéo-chrétiens (bien que minoritaires) comptent aussi parmi ses premiers lecteurs. Ils ont dû comprendre sans difficulté que l’explication des coutumes juives et la traduction des mots araméens étaient destinées à leurs frères et sœurs d’origine païenne.
–
Bien que Marc ait sans doute rédigé son évangile à partir de Rome, cette origine n’indique en rien que seuls les chrétiens romains avaient toutes les clés en mains pour bien interpréter son récit – accessible et intelligible pour tous les chrétiens de l’empire romain. Certes, la mention d’Alexandre et de Rufus (Marc 15.21) leur a fait particulièrement plaisir (Romains 16.13) et a représenté un clin d’œil de Marc à ses amis romains. Mais, en aucun cas, ce détail n’a empêché les autres lecteurs de profiter pleinement du récit marcien de la Passion du Messie.
21 Bauckham [2015].
– Bien que Marc semble vouloir encourager des chrétiens faisant face à l’opposition, il est difficile de démontrer que c’est la persécution de Néron qui est en cause.
Que vise Marc au juste ?
Les incertitudes qui demeurent ne nous empêchent pas de discerner, à partir du contenu même de son récit, quelles étaient les visées théologiques de Marc. Combien je souhaite que les objectifs qui suivent mettent l’eau à la bouche des lecteurs de ce commentaire, car ils s’appliquent aussi à nous ! À mon avis, ces visées compensent largement les points d’interrogation qui persistent sur le plan historique quant aux circonstances dans lesquelles Marc a mis son projet à exécution.
Je propose d’organiser le programme de Marc autour de trois grands objectifs. J’invite les lecteurs de ce commentaire à revenir de temps en temps sur ces objectifs, au fil de leur méditation de l’Évangile selon Marc.
Par son travail d’écrivain, voici ce que Marc cherche à accomplir lorsqu’il pense à ses premiers lecteurs :
1. Marc veut les amener à méditer longuement et richement sur l’identité divine et royale de Jésus.
Marc souhaite que ses lecteurs soient profondément engagés dans la méditation et la contemplation du divin Messie Jésus. Son œuvre si rythmée se lit… lentement !
Il s’agira notamment, et ce n’est pas une mince affaire, de saisir de manière adéquate :
– le rapport qui existe entre Jésus et Dieu,
– ce que signifie la désignation « Fils de Dieu », mise en exergue aux deux extrémités du récit marcien (Marc 1.1 ; 15.39),
– quelle est l’articulation entre l’identité de Jésus et le cœur de sa proclamation : l’inauguration du règne de Dieu (Marc 1.15).
Marc emploie plusieurs titres pour désigner Jésus : Messie, Fils de Dieu, Fils de l’homme, Enseignant, Fils de David, Roi, Seigneur, Prophète et Serviteur de l’Éternel (de manière implicite). Il rapporte aussi un grand nombre de ses actes. Néanmoins, quelques grands enseignements christologiques ressortent avec une force notable chez Marc.
2. Marc veut les rendre conscients de l’immense privilège qu’ils ont de compter parmi les disciples de Jésus, du caractère précieux et surnaturel de leur foi, et de l’importance de la cultiver en se remémorant les œuvres de Jésus.
Les nombreux accomplissements de l’Ancien Testament que Marc présente à ses lecteurs produisent un effet indéniable sur eux : ils se rendent compte de leur participation à un projet divin grandiose qui les dépasse, ce qui leur confère une identité collective réjouissante et énergisante !
D’un autre côté, l’incompréhension et l’opposition persistantes vis-àvis de Jésus, auxquelles sont confrontés les lecteurs au fil de la narration, non seulement trouvent un écho dans les circonstances difficiles qu’ils traversent (surtout s’ils font face à une forte vague de persécution), mais les rendent également attentifs à la place privilégiée qu’ils occupent dans les desseins de Dieu. Croire en Jésus, ce n’est pas rien : même les apôtres se sont montrés incrédules à maintes reprises ! Et ce n’est pas donné à tout le monde.
Enfin, les lecteurs sont conviés à un devoir de mémoire : repasser les faits et gestes de Jésus dans leur cœur devient d’autant plus crucial que les témoins oculaires disparaissent les uns après les autres. En effet, l’apôtre Jacques est mort en martyr (Actes 12.1-2) et, selon certaines traditions, Pierre le serait déjà aussi au moment où Marc écrit.
3. Marc veut affermir leur courage face à l’opposition en leur rappelant que celui qui a donné sa vie pour eux est aussi leur modèle.
L’ensemble du récit de Marc tend vers une séquence inéluctable, celle des événements relatifs à la Passion de Jésus à Jérusalem. Pourtant, Marc ne se contente pas de rapporter les faits à l’état brut. D’une part , Jésus lui-même donne sens à la croix : c’est en rançon pour beaucoup qu’il donne sa vie (Marc 10.45). D’autre part , Marc dévoile à ses lecteurs la face cachée royale de la croix. À l’insu des protagonistes de l’ignominieuse crucifixion, c’est un glorieux couronnement qui se joue.
Nous ne pouvons que nous émerveiller devant l’heureuse correspondance suivante : le point culminant du récit de Marc (la crucifixion de Jésus, suivie de la découverte du tombeau vide) constitue précisément le message le plus pertinent et le plus réconfortant qui soit pour les premiers
lecteurs. Sur le terrain, ce nouveau regard sur l’exécution de Jésus est ce qui émouvra, marquera et portera le plus puissamment les destinataires de l’Évangile selon Marc, qui à leur tour et à l’exemple de leur Maître, empruntent leur propre « chemin de la croix » tout en proclamant la Bonne Nouvelle.
Dans la conclusion de ce commentaire (à la fin du 4 e volume), je reviendrai sur ces trois objectifs et résumerai la manière dont Marc tente de les atteindre en développant, au fil de son récit, des points théologiques précis.
Bien que le plan qui suit comporte quatre parties, la première et la dernière servent en réalité de prologue et de conclusion1. Ainsi, l’Évangile selon Marc se compose de deux parties principales, que j’appellerai parfois les « grandes parties ».
Alors que la première grande partie porte principalement sur l’autorité de Jésus en tant que Messie et Fils de Dieu (Marc 1.14 à 8.21), la seconde se focalise sur les souffrances qu’il devra subir (Marc 8.22 à 15.47), lui qui est aussi le Serviteur de l’Éternel appelé à mourir pour le peuple de Dieu, donnant sa vie en rançon pour ses disciples (Marc 10.45).
Le plan ci-dessous est détaillé pour la partie du texte de Marc couverte par ce volume.
I. Le commencement de la Bonne Nouvelle (1.1-13)
A. Le précurseur (1.1-8)
B. Baptême et tentation de Jésus (1.9-13)
II. L’autorité du Messie (1.14 à 8.21)
A. L’autorité de Jésus et le règne de Dieu (1.14 à 3.6)
1. Jésus proclame le Règne (1.14-15)
2. Jésus appelle quatre disciples (1.16-20)
3. Enseignement, exorcismes et guérisons (1.21-45)
a. Jésus enseigne et chasse un esprit impur (1.21-28)
b. Jésus guérit la belle-mère de Simon (1.29-31)
c. Jésus guérit des malades et chasse des démons (1.32-34)
d. Jésus prie et précise sa mission en Galilée (1.35-39)
e. Jésus guérit un lépreux (1.40-45)
1 Ce plan suit de près les propositions de Strauss [2014] 48-50 et de Schnabel 31-34 (voir en particulier Strauss [2014] 44-45 pour une défense de cette structure).
4. Conflits avec les chefs religieux (2.1 à 3.6)
a. Jésus guérit un paralysé et pardonne ses péchés (2.1-12)
b. Jésus appelle Lévi et mange avec des pécheurs (2.13-17)
c. Jésus et le jeûne (2.18-22)
d. Jésus est maître du sabbat (2.23-28)
e. Jésus guérit le jour du sabbat (3.1-6)
B. L’autorité de Jésus et ses véritables proches (3.7 à 6.6a)
1. La popularité de Jésus expliquée (3.7-12)
2. Jésus appelle les Douze (3.13-19)
3. La vraie famille de Jésus et le blasphème contre l’Esprit Saint (3.20-35)
4. Paraboles sur le règne de Dieu (4.1-34)
a. La parabole du semeur (4.1-20)
b. Paraboles sur la révélation, la bonne écoute et la croissance du règne de Dieu (4.21-34)
5. Jésus démontre son autorité (4.35 à 5.43)
6. Incrédulité à Nazareth (6.1-6a)
C. L’autorité de Jésus et la mission (6.6b à 8.21)
III. Les souff rances du Messie (8.22 à 15.47)
A. La révélation des souff rances du Messie (8.22 à 10.52)
B. Le Messie confronte Jérusalem (11.1 à 13.37)
C. La Passion du Messie (14.1 à 15.47)
IV. La résurrection du Messie (16.1-8)
Jourdain
GALILÉE
Césarée de Philippe
Betsaïda
Génésareth GAULANITIDE
Capernaüm
Magdala
Tibériade
Nazareth
Jourdain
LAC DE GALILÉE
RÉGION DES «DIX VILLES»
PÉRÉE
Jéricho
Mont des oliviers
Jérusalem
Bethphagé Béthanie
Bethléhem
Machéronte
Gérasa
IDUMÉE
La Palestine vue par Marc1
1 En plus des indications géographiques fournies par Marc lui-même, cette carte indique d’autres lieux mentionnés dans ce commentaire.
Marc 1.1
Quel est le thème principal de l’Évangile selon Marc ?
Dans ce premier chapitre , nous nous limiterons à un seul verset, le premier. Marc nous y invite à devenir les spectateurs privilégiés du « commencement » de l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus. De plus, ce verset aussi riche que bref nous fait découvrir le thème qui figure au cœur du projet littéraire de Marc. Ainsi, nous saurons à quoi nous attendre pour la suite !
I. Le commencement de la Bonne Nouvelle (1.1-13)
A. Le précurseur (1.1-8)
Ce premier verset ouvre la première partie du récit de Marc, qui constitue le prologue de l’œuvre (Marc 1.1-13). Dans ce texte, Marc introduit la proclamation de la Bonne Nouvelle.
Les huit premiers versets du prologue de Marc mettent en avant le précurseur de Jésus, Jean-Baptiste.
Dans l’ensemble du prologue, Marc nous dit essentiellement : Revivons les débuts de la proclamation de la bonne nouvelle par excellence !
Ainsi, l’introduction de l’Évangile selon Marc constitue en quelque sorte une invitation à revivre les débuts de la plus grande nouvelle jamais proclamée. Découvrons ensemble ces débuts extraordinaires.
Thème du prologue 1 Ici commence l’Évangile de Jésus- Christ, le Fils de Dieu,
PLAN
1. « Ici commence » (1a)
2. « l’Évangile » (1b)
3. « de Jésus-Christ » (1c)
4. « le Fils de Dieu » (1d)
1 Ici commence l’Évangile de Jésus-Christ, le Fils de Dieu,
Ce verset annonce à la fois le thème du récit entier de Marc (l’Évangile de Jésus-Christ, le Fils de Dieu) et le thème plus précis du prologue : « Ici commence l’Évangile de Jésus-Christ, le Fils de Dieu ».
Selon cette compréhension des choses, c’est donc le prologue qui nous parle du commencement. Cela étant, l’ensemble de l’œuvre de Marc présente l’Évangile – la Bonne Nouvelle – de Jésus-Christ, le Fils de Dieu.
Ce premier verset est court mais dense : chaque mot est d’une importance capitale. Nous prendrons donc le temps de nous arrêter sur chacune des expressions employées. Cette approche n’est pas typique de ce commentaire : en général, nous couvrirons davantage de terrain dans un chapitre donné. Néanmoins, ce premier verset justifie une approche particulière.
Le tout premier mot du texte grec de Marc, traduit par « ici commence » dans la BDS, signifie littéralement « commencement » ou « début ».
Ce début de l’Évangile concerne principalement le personnage de Jean-Baptiste :
– Dans les versets 2-3, nous verrons que l’Ancien Testament annonce sa venue.
– Dans les versets 4-8, Marc décrit son activité et résume son message.
– Dans les versets 9-11, Jean baptise Jésus dans le Jourdain.
Tout cela correspond au commencement de la proclamation de la Bonne Nouvelle. C’est avec Jean-Baptiste qu’elle commence. Bien entendu, les prophètes de l’Ancien Testament ont eux aussi annoncé par avance cette Bonne Nouvelle en leur temps. Pourtant, quelque chose a changé. Une nouvelle situation apparaît. Les promesses des prophètes sont en train de s’accomplir. La réalité attendue est présente. Jésus est là. Il s’apprête d’ailleurs à commencer son ministère public.
2. « l’Évangile » (1b)
Le mot-clé suivant est le terme « Évangile ». Ce qui commence, c’est l’Évangile. Contrairement à ce que certains lecteurs pourraient être portés à penser (de manière tout à fait compréhensible), le vocable « Évangile » ne fait pas référence ici au livre biblique que nous parcourons ensemble. Il n’avait pas encore ce sens à l’époque. Le terme Évangile signifie plutôt « Bonne Nouvelle ».
Nous pourrions traduire littéralement : « Commencement de la Bonne Nouvelle ». Mais comment comprendre une telle formulation ?
Pour Marc, l’Évangile est ici la proclamation de la Bonne Nouvelle par des messagers. Une heureuse nouvelle est proclamée haut et fort ; c’est cela, l’Évangile.
Dans son prologue (versets 1-13), Marc raconte comment la proclamation de la Grande Nouvelle a commencé : avec Jean-Baptiste. D’une certaine manière, Marc annonce ici le thème central de l’ensemble de son récit : dans la suite, il développera le contenu de la Bonne Nouvelle à propos de Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Il décrira sa vie, sa mort, et évoquera sa résurrection. C’est aussi cela, la Bonne Nouvelle.
Autre point important : quand il parle de l’Évangile ou de la Bonne Nouvelle, Marc s’appuie sur l’Ancien Testament. La Bonne Nouvelle annoncée dans l’Ancien Testament, c’est parfois la nouvelle selon laquelle :
– Dieu a vaincu ses ennemis, il est victorieux (Psaumes 68.12).
– Dieu procure le salut (Psaumes 96.2).
Ces notions sont importantes dans l’Évangile selon Marc. Ce dernier nous parle de la victoire ultime de Dieu en Jésus-Christ, et il dépeint le salut final de Dieu réalisé par Jésus-Christ. Néanmoins, les textes les plus importants de l’Ancien Testament à ce propos proviennent du prophète Ésaïe, car Marc s’appuie considérablement sur ce prophète, comme nous le verrons dès Marc 1.2-3. Or Ésaïe annonce une ère future de rétablissement pour le peuple de Dieu.
Le problème, c’est que le peuple d’Israël s’est éloigné de son Dieu et qu’il en a payé le prix en subissant l’exil et la domination des puissances étrangères. Dans le livre de la consolation d’Ésaïe (qui commence au chapitre 40 de l’œuvre magistrale de ce prophète), une bonne nouvelle
d’envergure inégalée est proclamée : Dieu vient pour porter secours à son peuple et pour le rassembler de nouveau (Ésaïe 40.9-11). Et ce projet ne se limite pas à Israël : tous les peuples peuvent y participer. Dieu régnera, et il manifestera ce règne de façon particulièrement éclatante (Ésaïe 52.7). Dieu sauvera son peuple (Ésaïe 61.1). Tous ces textes nourrissent au sein d’Israël l’espérance de l’intervention de Dieu en faveur de son peuple dans le futur. Un jour, Dieu viendra, régnera et sauvera.
L’annonce de la Bonne Nouvelle chez Ésaïe
▶ Dieu vient (Ésaïe 40.9-11)
▶ Dieu règne (Ésaïe 52.7)
▶ Dieu sauve (Ésaïe 61.1)
Pour Marc, l’Évangile de Jésus-Christ, c’est la proclamation de l’accomplissement de toutes ces promesses d’Ésaïe en la personne de Jésus.
3. « de Jésus-Christ » (1c)
Marc s’intéresse à l’Évangile de Jésus-Christ , ou à l’Évangile
« à propos de » Jésus-Christ.
Jésus est appelé « Christ » (Christos en grec), qui signifie « Messie » ou « oint » : c’est une référence, dans l’Ancien Testament, à celui qui reçoit une onction d’huile pour signaler son rôle particulier. Pour Marc, « Christ » n’est pas simplement un nom intégré dans le nom composé « Jésus-Christ ». C’est aussi un titre : il est le Messie. Nous pourrions d’ailleurs traduire : « l’Évangile de Jésus, le Messie, le Fils de Dieu ».
Dans quel sens Jésus est-il le Messie ? Comme le concept de l’Évangile, il s’agit d’une notion juive provenant de l’Ancien Testament. Marc a à l’esprit un personnage royal. Jésus est le grand Roi qui vient exercer le règne de Dieu sur terre. Il est le descendant de David, l’héritier du trône davidique.
En 2 Samuel 7.16, Dieu avait promis à David que son trône serait inébranlable à perpétuité. Cette promesse a nourri les attentes messianiques au sein du peuple. Enfin, Dieu accomplit sa promesse : Jésus est le Messie promis.
4. « le Fils de Dieu » (1d)
Jésus est aussi le Fils de Dieu. L’appellation est très connue des chrétiens, mais qu’est-ce que cela signifie au juste ?
Dans l’Ancien Testament, le roi est parfois appelé le fils de Dieu parce qu’il est le représentant de Dieu sur terre. C’est le cas en 2 Samuel 7.14 et dans Psaumes 2.7.
En d’autres termes, « fils de Dieu » est aussi une expression messianique, à l’instar de « Christ », qui désigne le grand Roi choisi par Dieu. Dans certains textes de l’Évangile selon Marc, les expressions « Messie » et « Fils de Dieu » sont d’ailleurs très proches (Marc 14.61) : les deux indiquent que Jésus est le Roi par excellence.
Pourtant, aux yeux de Marc, le titre « Fils de Dieu » implique davantage que la royauté de Jésus. Il souligne sa dignité infinie, sa proximité de Dieu, sa relation tout à fait unique avec Dieu. Il suggère même la divinité de Jésus. Et effectivement, dans la suite du récit, nous verrons que Jésus accomplit régulièrement ce que Dieu seul peut réaliser, prouvant ainsi qu’il possède une nature divine.
Un nouveau commencement s’est produit dans l’histoire
Il s’est passé quelque chose d’inédit. Et c’est autour de la figure de Jean-Baptiste, le précurseur de Jésus, que ce nouveau commencement a eu lieu, comme nous le verrons dans les versets suivants.
L’œuvre de Marc présente le contenu de la Bonne Nouvelle
Voilà un bon résumé du récit de Marc. Marc nous raconte la vie, la mort et la résurrection de Jésus. C’est cela la Bonne Nouvelle qui mérite d’être proclamée haut et fort.
La Bonne Nouvelle est centrée sur une personne
La personne de Jésus. L’Évangile selon Marc est comparable à certains égards aux biographies gréco-romaines de l’époque. C’est la vie de
Jésus que nous découvrirons dans la suite. Ne nous focalisons donc pas à l’excès sur les disciples, sur les adversaires de Jésus, sur Satan et les démons. Certes, tous ces personnages occuperont une place de choix dans le récit. Mais gardons surtout les yeux fixés sur Jésus. Le personnage principal, c’est lui.
Marc donne à ses lecteurs les clés pour comprendre qui est vraiment Jésus
En tant que lecteurs de Marc, nous sommes privilégiés. Marc nous dit, dès le départ, que Jésus est le Messie et le Fils de Dieu. Nous avons donc, en quelque sorte, une longueur d’avance sur de nombreux personnages du récit, qui auront bien du mal à saisir l’identité réelle de Jésus. Les adversaires de Jésus se méprendront sur sa personne, et même les disciples auront beaucoup de difficulté à comprendre qui il est.
Pour Marc, « Messie » et « Fils de Dieu » sont les deux titres principaux de Jésus. La preuve ? En Marc 8.29, un tournant majeur du récit se produit lorsque Jésus demande aux disciples : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Pierre répond : « Tu es le Messie. » Et le point culminant de la révélation de l’identité de Jésus a lieu devant la croix lorsque, voyant de quelle manière Jésus est mort, l’officier romain s’exclame : « Cet homme était vraiment le Fils de Dieu ! » (Marc 15.39). Ainsi, en Marc 1.1, l’auteur annonce déjà les temps forts de son récit. Il prendra seize chapitres pour nous expliquer plus exactement ce que cela signifie, mais déjà, il nous met sur la bonne voie.
Le récit de Marc reste une Grande Nouvelle pour les chrétiens (1.1)
Cette nouveauté extraordinaire, nous pouvons la revivre chaque jour. Ne laissons pas la Bonne Nouvelle perdre de sa fraîcheur dans notre cœur. Pour reprendre les mots d’Étienne Trocmé, l’un des grands spécialistes de l’œuvre de Marc au XX e siècle : ne perdons pas de vue « la caractéristique principale de cette heureuse nouvelle, à savoir son
aspect de nouveauté sensationnelle1 ». Marc s’adresse à des chrétiens. Ils connaissent déjà la Bonne Nouvelle. Ils l’ont entendue à maintes reprises. Pourtant, Marc est persuadé qu’ils ont besoin de l’entendre de nouveau. À notre tour, entendons-la chaque jour, comme si nous la découvrions pour la première fois.
Le rappel de la Bonne Nouvelle est un réconfort dans l’épreuve (1.1)
Quand il songe aux destinataires de son œuvre, Marc semble avoir tout particulièrement à l’esprit des chrétiens ayant subi ou étant susceptibles de subir la persécution en raison de leur foi. Il est convaincu que le message concernant Jésus le Messie, le Fils de Dieu, représente une véritable puissance capable de soutenir les gens dans les pires épreuves, notamment dans la persécution à cause de l’Évangile.
La proclamation de la Bonne Nouvelle se poursuit avec nous, les lecteurs (1.1)
Si la proclamation de la Bonne Nouvelle a eu un commencement (avec Jean-Baptiste), elle a aussi une suite. Marc s’attend à ce que la diffusion de la Bonne Nouvelle se prolonge par le biais de ses lecteurs. À nous de prendre le relais.
Marc invite les chrétiens à adorer Jésus (1.1)
C’est déjà le cas quand il déclare que Jésus est le Fils de Dieu. Préparonsnous à contempler la grandeur de Jésus dans la suite du récit.
PRIÈRE
Père céleste, merci d’avoir permis que la Bonne Nouvelle de Jésus parvienne jusqu’à nous. Au fil de notre lecture de l’Évangile selon Marc, aide-nous à saisir davantage le sens et les implications de cette grande nouvelle. Qu’elle nous console dans nos épreuves et nous soutienne dans nos difficultés. Aide-nous également à contribuer à sa diffusion à notre échelle. Enfin, nous voulons adorer Jésus, le Fils de Dieu. En lui, amen.
1 Trocmé 41.
1. Quel personnage autre que Jésus le « commencement » de la Bonne Nouvelle met-il en scène ?
2. Qu’est-ce qui a commencé exactement avec Jean-Baptiste ?
3. Quel éclairage le prophète Ésaïe apporte-t-il sur le sens de l’expression « la Bonne Nouvelle » ?
4. Pour Marc, que communique le titre de « Messie » ? Celui de « Fils de Dieu » ?
5. À quels points cruciaux de l’Évangile selon Marc les titres « Messie » et « Fils de Dieu » interviennent-ils ?
6. Dans quel sens pouvons-nous affirmer que Marc 1.1 annonce le thème de l’ensemble du récit de Marc ?
7. En tant que chrétiens, comment nous assurer que la Grande Nouvelle conserve sa fraîcheur dans notre vie ?
8. Pour Marc, le contenu de la Bonne Nouvelle est un réconfort dans l’épreuve. Que pensez-vous de cette réalité ? Songez-vous à des exemples qui l’illustrent ?
9. Concrètement, comment veiller à ce que la diffusion de la Bonne Nouvelle ait non seulement un commencement avec Jean-Baptiste, mais aussi une suite par notre intermédiaire ?
10. Quelles raisons avons-nous d’adorer Jésus ?
▶ Sur mon blog, j’ai publié l’article « 14 difficultés d’interprétation en Marc 1.1 ». Sans me positionner, j’y présente les nombreux enjeux qui sont débattus dans les commentaires et la recherche. Certains points sont repris dans ces notes supplémentaires et cette fois, je tranche !
▶ Le premier mot du récit de Marc, « commencement », peut avoir trois sens distincts : le sens temporel (« début »), le sens historique (« origine ») et le sens littéraire (« ici commence », une référence au début du récit de Marc). Avec la majorité des exégètes, j’ai opté pour le sens temporel.
▶ Marc n’est pas le seul auteur du Nouveau Testament qui associe le personnage de Jean-Baptiste au « commencement » du ministère public de Jésus. Quand les apôtres remplacent Judas, le traître, par un douzième apôtre (Actes 1.15-26), ils établissent des critères de sélection. Pierre déclare alors que le remplaçant de Judas doit compter parmi les hommes qui ont accompagné les autres apôtres durant tout le temps où le Seigneur Jésus était avec eux, « à commencer par le baptême de Jean » (Actes 1.21-22). Le nouvel apôtre (Matthias sera finalement désigné) doit avoir été présent depuis le baptême de Jean, parce que c’est à ce moment-là que tout a « commencé » (voir aussi Actes 10.37).
▶ Même si cela fait débat, j’incline à penser que le premier verset de Marc, bien qu’il ne contienne pas de verbe dans la langue originale, n’est pas techniquement le « titre » de l’ensemble de l’évangile. Son rattachement, sur le plan grammatical, aux versets 2-3, me pousse à associer étroitement le « commencement de la Bonne Nouvelle » à la figure de Jean-Baptiste. Comme le prologue forme une unité littéraire (Marc 1.1-13), je considère l’ensemble de la formulation de Marc 1.1 comme l’en-tête de ce prologue. Cela dit, le thème de l’ensemble de l’évangile est clairement mis en avant dans ce premier verset : la Bonne Nouvelle de Jésus, le Messie, le Fils de Dieu. Pour le dire autrement : le « commencement » renvoie au prologue, et la « Bonne Nouvelle » à l’ensemble du livre.
▶ Pour Marc, l’Évangile, c’est à la fois la Bonne Nouvelle qui est proclamée et la proclamation elle-même de cette heureuse nouvelle. C’est le message annoncé (son contenu) et l’acte de proclamation. En Marc 1.1, l’acte de proclamation est visé.
▶ Comme je l’ai suggéré dans le commentaire, « la Bonne Nouvelle » (euangelion en grec), aux yeux de Marc, est à comprendre sur la toile de fond de la prophétie d’Ésaïe. Cela étant, certains spécialistes de Marc croient que l’expression résonne aussi avec l’usage gréco-romain du même terme (au pluriel, euangelia). Dans la mesure où « les bonnes nouvelles » en question sont parfois rattachées à ce qu’apporte l’empereur, ils débattent de la possibilité que Marc crée ainsi une espèce de polémique anti-impériale, qui resterait toutefois secondaire par rapport à la volonté de l’auteur d’évoquer le prophète Ésaïe. Marc pourrait ainsi suggérer à ses lecteurs, romains et autres, que les bonnes nouvelles impériales pâlissent en comparaison de « la
Bonne Nouvelle » de Jésus-Christ. Quoi qu’il en soit, quelques données méritent d’être considérées :
L’inscription de Priène en Asie Mineure du Ier siècle av. J.-C. fournit un bon point de départ pour l’utilisation du mot « évangile » dans le monde gréco-romain à l’époque du Christ. Dans cette inscription, l’empereur Auguste est salué comme « sauveur » parce qu’il a mis fin aux guerres et apporté la paix à l’empire (…). À cause de toutes les grandes choses que son règne apporta, sa naissance est proclamée non seulement comme la naissance d’un dieu mais aussi comme le « commencement des bonnes nouvelles » (« euangelia » [pl.]) pour le monde. La paix qu’il apporta était « bonne nouvelle » (« euangelia »), allant au-delà même des espoirs de ceux qui attendaient de grandes choses de lui.
Le mot « euangelion » était aussi régulièrement utilisé à propos d’un messager apportant un rapport de victoire. La bataille étant remportée, un messager était envoyé pour apporter la nouvelle à son peuple ou à son roi. L’« euangelion », dans ce contexte, est donc l’annonce d’une bonne nouvelle en rapport avec une bataille. Ces brefs exemples donnent une idée de l’utilisation courante du mot dans le monde gréco-romain 2 .
▶ Dans le commentaire, nous avons vu que « Christ » (Christos en grec) signifie « Messie » ou « oint ». Or plusieurs personnages pouvaient recevoir une onction d’huile dans l’Ancien Testament : des rois, des grands-prêtres, des prêtres et des prophètes. Néanmoins, Marc a en tête une onction royale.
▶ En Marc 1.1, l’expression « Fils de Dieu » est absente de certains manuscrits importants. Le dossier est extrêmement complexe. Fait rassurant : le débat n’est absolument pas théologique, car Marc exprime ailleurs de façon claire que Jésus est le Fils de Dieu. Il s’agit simplement d’une difficulté se rapportant au domaine scientifique de la critique textuelle. Partageant l’avis de très nombreux spécialistes, je donne mon assentiment à la reconnaissance de l’authenticité de l’expression en Marc 1.1.
2 K. Schenck, « Évangile : Bonne Nouvelle », dans le Dictionnaire de Jésus et des Évangiles (sous dir. Joel B. Green, Jeannine K. Brown et Nicholas Perrin), Charols : Excelsis, 2023, p. 376-377.
▶ « Messie » et « Fils de Dieu » ne sont pas deux expressions tout à fait synonymes dans l’esprit de Marc. Certes, le titre « Fils de Dieu » peut faire référence au Roi-Messie, mais il révèle aussi que Jésus a part à l’identité divine (voir rubrique « Notes supplémentaires » du chapitre 21, volume 2, pages 38-39).
▶ Avec la locution « l’Évangile de Jésus-Christ », nous pouvons comprendre soit l’Évangile proclamé par Jésus-Christ lui-même, soit l’Évangile à propos de Jésus-Christ. En Marc 1.14-15, c’est effectivement Jésus lui-même qui prêchera la Bonne Nouvelle de l’Évangile. Mais ici, dans le tout premier verset de l’œuvre, il est préférable de comprendre « l’Évangile qui concerne Jésus-Christ », ou « l’Évangile à propos de Jésus-Christ ».
Marc 1.2-3
Quels textes de l’Ancien Testament servent de cadre au ministère de Jean-Baptiste – et à l’ensemble de l’Évangile selon Marc ?
Marc situe son récit dans le cadre de l’Écriture d’Israël (l’Ancien Testament). En conséquence, il sera question, dans ce chapitre sur Marc 1.2-3, de quelques textes-clés de l’Ancien Testament. En un mot : Marc place tout son évangile sous le signe du « nouvel exode » annoncé par le prophète Ésaïe. Pour Marc, Jésus représente l’accomplissement de tout l’Ancien Testament. Néanmoins, aux yeux de notre auteur, le prophète Ésaïe a préparé le terrain de façon toute particulière et sa prophétie donne un sens glorieux à l’œuvre du Messie.
I. Le commencement de la Bonne Nouvelle (1.1-13)
A. Le précurseur (1.1-8)
Dès l’ouverture de l’Évangile selon Marc, nous assistons à une rencontre entre l’ancien et le nouveau – entre des écrits antiques et l’irruption d’un véritable « commencement ».
Comme nous l’avons vu en Marc 1.1, nous nous trouvons devant le « commencement de la Bonne Nouvelle ». C’est d’ailleurs l’intitulé attribué au prologue (Marc 1.1-13), qui raconte le début de la proclamation de la Bonne Nouvelle à propos de Jésus. Ce prologue est en quelque sorte une invitation lancée au lecteur à revivre les débuts extraordinaires de l’annonce de la plus grande nouvelle jamais proclamée. Il devient possible d’assister – comme si nous y étions ! – à un réel nouveau départ dans l’histoire des rapports entre Dieu et les humains.
En poursuivant la lecture, nous prenons vite conscience que le commencement de l’annonce de la Bonne Nouvelle s’est effectué autour d’un personnage qui joue le rôle de précurseur de Jésus : Jean-Baptiste. Ce dernier n’est pourtant pas le héros du prologue : il n’est que le précurseur d’un autre, plus grand que lui. Si Marc le présente comme le grand prophète attendu depuis longtemps, il le dépeint également comme le prophète qui cherche par tous les moyens à mettre en valeur nul autre que Jésus.
Dans cette perspective, il est crucial de bien saisir le lien qui existe entre le verset 1 et les versets 2-3. Le verset 1 met en exergue le thème du prologue : « Commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, […]. » Ce verset se termine par une virgule car les versets 2-3 y sont directement rattachés. Qu’est-ce que cela indique ? Ceci : bien que nous assistions effectivement au commencement de quelque chose, ce n’est pourtant pas un commencement absolu. Jean-Baptiste ne sort pas de nulle part. En réalité, le commencement de l’annonce de la Bonne Nouvelle s’est produit conformément à ce qui est écrit dans l’Écriture.
Revivons les débuts de la proclamation de la Bonne Nouvelle… en laissant Ésaïe nous guider.
Thème du prologue 1 Ici commence l’Évangile de Jésus-Christ, le Fils de Dieu,
Ancrage
Programme d'Ésaïe
Exode 23.20
Malachie 3.1 2
Ésaïe 40.3 3
selon ce qui est écrit dans le livre du prophète Ésaïe : J’enverrai mon messager devant toi, il te préparera le chemin.
On entend la voix de quelqu’un qui crie dans le désert : Préparez le chemin pour le Seigneur, faites-lui des sentiers droits.
PLAN
1. Thème du prologue (1) : voir chapitre précédent
2. Ancrage dans l’Ancien Testament (2-3) :
a. Ésaïe établit le programme (2a)
b. Exode 23.20 (2b)
c. Malachie 3.1 (2c)
d. Ésaïe 40.3 (3)
1. Thème du prologue (1)
Comme nous l’avons vu au chapitre précédent, le prologue (Marc 1.1-13) a pour thème le commencement de l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus, le Messie et le Fils de Dieu.
2. Ancrage dans l’Ancien Testament (2-3)
Bien que le « commencement » narré par Marc signale une nouveauté, il n’en est pas moins solidement ancré dans l’Ancien Testament.
a. Ésaïe établit le programme (2a)
2a selon ce qui est écrit dans le livre du prophète Ésaïe :
Voilà le seul endroit dans l’ensemble du deuxième évangile où Marc, en tant qu’auteur et narrateur, déclare explicitement que l’Écriture s’accomplit. Ici, Marc annonce plus précisément qu'il s'apprête à citer le prophète Ésaïe.
Pourtant, quelque chose d’étonnant se produit dans la suite : Marc cite trois textes de l’Ancien Testament mais les deux premiers, étrangement, ne sont pas tirés de l’œuvre d’Ésaïe !
Il cite :
– Exode 23.20 : « J’enverrai mon messager devant toi »,
– Malachie 3.1 : « Il te préparera le chemin »,
– et finalement (enfin !), un texte de la plume du prophète nommé au verset 2, Ésaïe 40.3 : « On entend la voix de quelqu’un qui crie dans le désert : Préparez le chemin pour le Seigneur, faites-lui des sentiers droits. »
Que se passe-t-il ? Marc se serait-il trompé ? Comment comprendre cette apparente confusion ? L’écrivain biblique aurait-il confondu différents auteurs de l’Écriture d’Israël ? Non, pas du tout. Au contraire, son approche est entièrement délibérée. Elle est même éclairante pour nous, lecteurs.
En réalité, au verset 2, Marc nous procure une précieuse clé de lecture, qui s’ajoute à celles qu’il nous a offertes dans le tout premier verset de son récit :
– Dans l’œuvre de Marc, il sera surtout question des événements qui forment le contenu de la Bonne Nouvelle concernant Jésus (Marc 1.1).
– Jésus est à la fois le Messie et le Fils de Dieu (Marc 1.1).
– Marc est très attaché à Ésaïe (Marc 1.2-3).
Au verset 2, Marc dit ceci (je paraphrase) : « Parmi les trois textes que je m’apprête à citer, le texte-programme, celui qui sert de cadre à ce magnifique bouquet de citations bibliques, c’est le passage tiré du prophète que je prends la peine de nommer (Ésaïe 40.3). » Marc affirme que l’histoire de Jésus accomplit d’une manière toute particulière la prophétie d’Ésaïe. D’ailleurs, le sens de l’expression « Bonne Nouvelle » (Marc 1.1), comme nous l’avons vu au chapitre précédent, s’enracine chez ce même prophète – y compris dans le même chapitre 40 de sa prophétie (Ésaïe 40.9-10).
Ce qu’il faut absolument savoir, et nous y reviendrons fréquemment au fil de ce commentaire, c’est que lorsque Marc cite des textes de l’Ancien Testament, il ne s’intéresse pas uniquement aux mots spécifiques ou aux quelques phrases qu’il intègre dans son propre texte. Il convoque aussi les contextes variés desquels proviennent ces citations, à l’intérieur même de l’Ancien Testament. Marc attire l’attention de ses lecteurs sur des citations, mais encore, plus largement, sur des événements historiques tirés de l’histoire d’Israël qui donnent au récit de Jésus un relief particulier.
b. Exode 23.20 (2b)
2b J’enverrai mon messager devant toi,
Dans quel contexte historique intervient cette promesse ? En Exode 23.20, Dieu s’adresse au peuple dans la perspective de l'entrée dans la terre promise. À la suite de l’Exode, la grande délivrance de l’esclavage en Égypte, Dieu conduit son peuple vers un nouveau pays d’abondance et il lui fait cette promesse. En hébreu comme en grec, le même mot peut signifier « ange » ou « messager », et Marc joue sur ce double sens. Dans le livre d’Exode, Dieu affirme qu’il enverra un ange devant le peuple pour le protéger et pour le conduire sur le chemin qui mène au pays promis. D’une certaine manière, Dieu envoie un nouveau « messager » – non plus un ange, mais un homme –, Jean-Baptiste. Ce nouveau messager conduira lui aussi le peuple vers le salut. Alors que le premier messager avait précédé le peuple, le second marchera devant le représentant du peuple, Jésus.
c. Malachie 3.1 (2c)
2c il te préparera le chemin.
Ce court extrait est tiré du livre de Malachie, le douzième et dernier des petits prophètes. En Malachie 3.1, Dieu annonce qu’il enverra son messager pour aplanir la route devant lui.
Deux précisions s’imposent sur le contexte de cette annonce à l’intérieur du livre de Malachie :
– Dieu annonce qu’il vient lui-même vers son peuple, spécifiquement dans son temple à Jérusalem. Or s’il vient, c’est pour juger son peuple et pour le purifier. Cette annonce de la venue de Dieu n’est pas particulièrement rassurante.
– Dieu précise les choses à la fin du chapitre 3 de Malachie. Il nomme le fameux messager qui le précédera (lui, Dieu) à la fin des temps, lorsqu’il viendra exercer son jugement. En Malachie 3.23, nous apprenons qu’il s’agit d’Élie, le grand prophète.
Ainsi, avant le jour grand et terrible du jugement, un nouvel Élie jouera un rôle stratégique : il conduira le peuple vers la repentance, vers un changement profond dans l’attitude du cœur (Malachie 3.23-24).
Voilà comment ce nouvel Élie préparera le peuple. Ce ministère d’Élie centré sur la repentance est absolument indispensable, car si le peuple ne se repent pas, la venue de Dieu signifiera jugement et condamnation (d’après Malachie 3.24).
Que nous dit Marc par cette citation ? Ce nouvel Élie qui prépare la venue de l’Éternel, c’est Jean-Baptiste. D’ailleurs, en Marc 9.13, Jésus identifiera explicitement le nouvel Élie avec Jean-Baptiste.
d. Ésaïe 40.3 (3)
3 On entend la voix de quelqu’un qui crie dans le désert : Préparez le chemin pour le Seigneur, faites-lui des sentiers droits
Voilà, dans l’esprit de Marc, le texte-programme : Ésaïe 40.3. Dans le livre du grand prophète, ces paroles marquent le début d’un long message de consolation. Dieu annonce à son peuple déporté à Babylone que l’exil arrive à son terme. L’Éternel déclare surtout qu’il vient lui-même à Sion,
c’est-à-dire à Jérusalem. Il traversera de nouveau le désert et se rendra dans la ville sainte pour y régner (Ésaïe 40.9-11).
À quel événement fondateur de l’histoire d’Israël cela fait-il penser ? Sans aucun doute à l’Exode : après avoir libéré son peuple de l’esclavage en Égypte, Dieu avait conduit les siens à travers le désert, jusqu’au pays d’Israël. L’Éternel annonce maintenant par Ésaïe que c’est exactement ce qu’il fera de nouveau ! Il se produira un nouvel exode. Dieu lui-même traversera le désert et reviendra à Jérusalem, et il entraînera son peuple avec lui. Les exilés à Babylone peuvent donc se consoler : l’exil prendra fin, et ils rentreront à Jérusalem avec leur Dieu. Dans ce contexte, on entend la voix de quelqu’un qui crie dans le désert : « Préparez le chemin pour le Seigneur, faites des sentiers droits pour notre Dieu » (texte de la Septante, traduction grecque de l’Ancien Testament sur laquelle Marc s’appuie). Le Seigneur, l’Éternel arrive !
Pour Marc, la voix qui crie dans le désert est celle de Jean-Baptiste, appelant le peuple à préparer le chemin pour le Seigneur qui vient rétablir son peuple.
Mouvement (chemin) Dieu vient nouvel exode
Dans les trois textes de l’Ancien Testament que nous venons de survoler, il y a du mouvement le long d’un chemin. Dieu et son peuple se dirigent vers le pays d’Israël, où se trouve Jérusalem :
– En Exode 23.20, l’annonce est faite que le peuple se mettra en route vers la terre promise, dans laquelle il s’apprête à entrer pour la première fois. Dieu enverra son messager (son ange) devant les Israélites : « J’enverrai mon messager devant toi. »
– En Malachie 3.1, le messager (le prophète Élie) prépare le chemin de l’Éternel, qui vient à Jérusalem pour juger son peuple : « Il te préparera le chemin. »
– En Ésaïe 40.3, la voix qui crie invite à préparer le chemin pour le Seigneur, qui traversera de nouveau le désert avec son peuple et le fera une nouvelle fois entrer dans la ville de Jérusalem – lieu de résidence de la présence de Dieu à cette époque : « Préparez le chemin pour le Seigneur, faites-lui des sentiers droits. »
En fait, c’est un nouvel exode qui se prépare. Voilà pourquoi Marc s’intéresse autant au prophète Ésaïe. Ce dernier annonce aux exilés à Babylone qu’ils bénéficieront un jour d’une nouvelle libération. Des années plus tard, à l’époque de Néhémie et Esdras, une partie des exilés revient effectivement à Jérusalem. Mais on constate alors que les belles promesses d’Ésaïe ne se sont que partiellement accomplies à cause de l’endurcissement tenace du peuple.
Par conséquent, un accomplissement plus glorieux, de nature spirituelle, doit encore se produire, un nouvel exode accompagné d’une repentance profonde, une nouvelle délivrance : la libération des péchés grâce au Messie. Ésaïe lui-même n’en attendait pas moins.
Au terme de notre parcours, nous comprenons mieux pourquoi Marc cite à la fois le prophète Ésaïe et le livre d’Exode : Ésaïe annonce un nouvel exode. Or pour Marc, l’histoire de Jésus, c’est l’histoire de ce nouvel exode ! En effet, Jésus vient accomplir une nouvelle délivrance.
Dans nos trois textes tirés de l’Ancien Testament, nous constatons aussi qu’une place prépondérante est accordée au messager :
– Dieu envoie son messager (Exode 23.20).
– Le messager prépare le chemin de Dieu (Malachie 3.1).
– Le messager, c’est cette voix qui crie dans le désert (Ésaïe 40.3).
Or pour Marc, le messager ultime est Jean-Baptiste (cf. Marc 1.4-8). C’est de lui dont il est question dans les trois citations :
– Exode 23.20 : « J’enverrai mon messager devant toi. »
– Malachie 3.1 : « Il te préparera le chemin. »
– Ésaïe 40.3 : « On entend la voix de quelqu’un qui crie dans le désert. »
Notons que cet assemblage de textes annonce à la fois le salut et le jugement. Dans l’Évangile selon Marc, il sera abondamment question des deux :
– En Exode 23.20, c’est d’abord le salut qui est proclamé : le peuple entrera dans la terre promise.
– En Malachie 3.1, Dieu vient pour juger : il est donc important de se repentir sous l’impulsion du nouvel Élie.
– En Ésaïe 40.3, c’est de nouveau le salut qui est mis en avant : Dieu console son peuple et annonce un nouvel exode.
Salut et jugement donc, avec un accent prédominant sur le salut. Après tout, Marc raconte la Bonne Nouvelle de Jésus. Cela dit, comme nous le constaterons, cette bonne nouvelle n’est pas bonne pour tout le monde.
Dieu vient = Jésus vient
Dans les trois textes de l’Ancien Testament, Dieu vient. Marc le sait et il a clairement ce contexte en tête. Pourtant, ce que notre auteur tente surtout d’exprimer dans les versets 2-3, c’est que ces citations bibliques posent un cadre glorieux pour la venue de Jésus. Comme nous le verrons en Marc 1.9, en réalité, c’est nul autre que Jésus de Nazareth qui vient. Ainsi, aux yeux de Marc, Jésus prend la place de Dieu, dont il est question dans les textes cités. Le messager, Jean-Baptiste, prépare ainsi la venue de Jésus :
– Le messager vient devant toi, c’est-à-dire, ultimement, devant Jésus (Exode 23.20).
– Il te préparera le chemin, ultimement, à toi Jésus (Malachie 3.1).
– Préparez le chemin pour le Seigneur, c’est-à-dire pour le Seigneur… Jésus (Ésaïe 40.3).
Après tout, le projet de Marc est de nous parler de la Bonne Nouvelle de Jésus. Or que suggère Marc implicitement ? Lorsque Jésus vient, et il s’apprête à venir dans la suite du texte (Marc 1.9), c’est Dieu qui vient. Quand Jésus fait son entrée, Dieu est là. La présence de Jésus signale celle de Dieu. Dieu vient régner en Jésus. À l’évidence, Jésus est le Fils de Dieu (Marc 1.1).
Creusons davantage l’Ancien Testament ! (1.2-3)
Son message est d’une richesse insoupçonnée. Voilà pourquoi ce commentaire sur l’Évangile selon Marc, certes focalisé sur Jésus, nous entraînera aussi dans de splendides randonnées à travers les pages de… l’Ancien Testament !
Ce grand prophète annonce notre nouvel exode. Voilà une belle manière – trop peu utilisée dans nos milieux chrétiens – de parler de notre salut. Intégrons-la à notre vocabulaire ! Et préparons-nous à découvrir, au fil de la trame de Marc, les multiples manières dont Jésus accomplit le programme d’Ésaïe (un grand prophète que nous apprendrons aussi à mieux connaître).
(1.2-3)
Notre méditation d’Ésaïe et des écrits de l’Ancien Testament accomplis en Christ fera éclater l’immensité de notre salut. Nous sommes trop souvent portés à le prendre pour acquis ! Par exemple, la notion d’exil, que nous trouvons chez Ésaïe, nous entraîne dans une méditation sur « l’exil » dont nous avons été libérés, sur le plan spirituel. Comme l’écrit Amar Djaballah :
En Christ, Dieu est présent au milieu de son peuple, l’exil réel (seulement illustré par l’exil babylonien) prend fin (bien que ses effets se poursuivent), le mal est détruit à sa racine (bien qu’il continue de se manifester pour un temps encore), (…) le pardon est accordé avec une grâce et une liberté majestueuses1.
Étudier aux pieds de Marc, c’est scruter notre salut afin de le contempler comme nous ne l’avons jamais vu auparavant !
1 Djaballah [2009] 68.
Accueillons la présence de Dieu en Jésus ! (1.2-3)
Enfin, prenons au sérieux cette venue de Dieu dont il est abondamment question dans notre texte. Chaque jour, vivons en Jésus cette présence salutaire et transformatrice dans notre vie.
Certains expérimenteront le jugement de Dieu, d’autres son salut. Choisissons le salut. Accueillons la présence de Dieu en Jésus.
Père céleste, merci pour cette histoire incroyable du peuple d’Israël qui se poursuit et qui culmine à travers l’histoire de Jésus. Nous constatons que malgré les fautes persistantes du peuple, ta grâce triomphe. C’est bien une bonne nouvelle que tu nous annonces en Jésus, celle d’un nouvel exode, d’une nouvelle libération. Merci, ô Dieu, d’être venu personnellement nous porter secours et nous rétablir. Merci d’être venu en Jésus, amen.
1. Quel est le lien entre le verset 1 et les versets 2-3 de Marc 1 ?
2. Pourquoi Marc choisit-il de citer l’Ancien Testament dès le début de son récit ?
3. Pourquoi Marc indique-t-il, en Marc 1.2, que ce qui est écrit dans le livre du prophète Ésaïe s’accomplit, alors qu’en réalité, il cite trois textes de l’Ancien Testament – dont deux ne proviennent pas d’Ésaïe ?
4. Qu’est-ce qui change dans notre compréhension des choses lorsque, en tant que lecteurs de Marc, nous prenons en compte le contexte originel des textes de l’Ancien Testament qui sont cités ?
5. En vous appuyant sur le contexte historique tel qu’il est présenté dans ce chapitre, expliquez le sens de la citation d’Exode 23.20. Faites de même pour Malachie 3.1, puis pour Ésaïe 40.3.
6. Que signifie l’affirmation : « Marc présente l’histoire de Jésus comme un nouvel exode » ?
7. En quoi pouvons-nous dire, à la lumière de Marc 1.2-3, que lorsque Jésus vient, c’est Dieu qui vient ?
8. Ce chapitre vous donne-t-il envie de creuser davantage l’Ancien Testament ? En particulier le prophète Ésaïe ?
9. Quelle place occupe la lecture de l’Ancien Testament dans votre vie ?
10. Quels sont pour vous les défis de la lecture de l’Ancien Testament ?
11. En quoi le texte de Marc 1.2-3 met-il en avant la grandeur de notre salut ?
12. Comment cultiver davantage, en Jésus, la présence de Dieu dans notre vie ?
▶ Si Marc, dans notre texte, cite d’abord Exode 23.20 puis Malachie 3.1, il ne choisit pas ces deux premiers textes au hasard : Malachie 3.1 constitue une reprise du texte d’Exode 23.20, avec certaines modifications !
▶ En Ésaïe 1 à 39, il est amplement question du jugement du peuple à cause de ses infidélités. On détecte, certes, quelques lueurs d’espoir, mais sans plus. À partir du chapitre 40, la tendance est inversée : c’est un message d’espérance et de salut qui prédomine.
▶ Bien que le titre « Seigneur », qui correspond à l’Éternel en Ésaïe 40.3, désigne Jésus dès l’ouverture de l’œuvre de Marc (Marc 1.3), force est de constater que ce titre n’est appliqué à Jésus qu’en de rares occasions dans la suite du deuxième évangile : Marc 2.28 (en grec, dans l’expression « maître du sabbat ») ; 7.28 (mais il pourrait s’agir ici d’un simple titre de respect) ; 11.3 (mais la référence à Jésus est débattue) ; 12.36-37.
DU PODCAST PMM CORRESPONDANT
À CE CHAPITRE
Nous avons étudié seulement trois versets de l’œuvre de Marc, et déjà, les citations tirées de l’Ancien Testament occupent une place prépondérante dans le récit (Marc 1.2-3). Toutefois, cette première impression est à la fois trompeuse et annonciatrice de la suite.
Elle est trompeuse car, malgré ce départ en fanfare avec le prophète Ésaïe, les citations explicites de l’Ancien Testament, en réalité, sont bien moins nombreuses dans cet évangile que dans celui de Matthieu. Néanmoins, le recours d’emblée aux paroles d’Ésaïe, ainsi qu’à celles provenant du livre d’Exode et du prophète Malachie, donne une idée de ce qui attend le lecteur : Marc n’aura de cesse de construire son récit en évoquant des textes appartenant aux Écritures juives. De plus, il empruntera certaines de ses expressions préférées à des passages de l’Ancien
1 Pour des développements plus abondants sur le sujet, voir mon article « Ancien Testament dans les Évangiles » dans le Dictionnaire de Jésus et des Évangiles (sous dir. Joel B. Green, Jeannine K. Brown et Nicholas Perrin), Charols : Excelsis, 2023, p. 29-46. Certains des points de cet excursus sont tirés et adaptés de cet article.
Testament. Seulement, il procédera davantage par le biais d’allusions qu’en ayant recours aux citations.
Quelle est la différence entre ces deux types de reprise de l’Ancien Testament ? Une citation est introduite par une formule annonçant qu’un texte de l’Écriture est cité. Par exemple : « selon ce qui est écrit dans le livre du prophète Ésaïe » (Marc 1.2). Toutefois, lorsque les mots et les propositions, tirés de l’Ancien Testament, sont insérés sans indices dans le texte de Marc, c’est une allusion. Après la citation composée de Marc 1.2-3, nous nous intéresserons bientôt à celle qui apparaît en Marc 1.11, où la formule introductive est : « Une voix retentit alors du ciel. » En revanche, nous verrons, en Marc 1.6, que le descriptif de la tenue vestimentaire de Jean-Baptiste fait allusion à l’habillement d’un grand prophète de l’Ancien Testament. Or, dans ce cas, aucun indice n’est fourni par Marc : le lecteur saisit l’allusion seulement s’il est familier du prophète à qui Jean-Baptiste ressemble.
Les lecteurs de ce commentaire ne doivent pas s’inquiéter de passer à côté des nombreuses allusions à l’Ancien Testament chez Marc : je m’efforcerai d’expliquer toute allusion jugée significative pour la compréhension du récit évangélique. À bien des reprises, nous le verrons, les renvois plus ou moins subtils à l’Ancien Testament orientent considérablement l’interprétation d’un passage. Une particularité de ce commentaire est précisément de leur accorder toute l’importance qui leur est due, aux yeux de Marc.
Ces renvois à l’Ancien Testament chez Marc sont très nombreux : Rikki Watts en dénombre 69 (en se limitant aux citations explicites et aux allusions les plus évidentes). Les deux tiers environ se trouvent dans la seconde moitié de l’œuvre2 .
Au-delà des données statistiques, certains grands thèmes de l’Ancien Testament posent le cadre de la trame de Marc. Dans la ligne de ce que nous avons vu au chapitre 2 (Marc 1.2-3), quelques chercheurs ont fait apparaître que Marc situe l’ensemble de son récit dans le cadre du nouvel exode d’Ésaïe (notamment Joel Marcus et Rikki Watts). Ainsi, c’est le programme de rétablissement du peuple de Dieu tel
2 Watts [2007] 111.
qu’il est développé chez Ésaïe que Jésus met en œuvre du début de son ministère à sa résurrection.
Pour creuser davantage ce thème, voir mon article de blog « Le nouvel exode d’Ésaïe dans l’Évangile selon Marc ».
Enfin, aux lecteurs de ce commentaire qui se demandent comment les premiers destinataires de Marc, en majorité des non-Juifs, étaient censés s’y prendre pour détecter puis saisir les nombreuses reprises de l’Ancien Testament, on peut faire valoir ceci. Les chrétiens d’origine non juive ont très bien pu s’instruire dans la connaissance de l’Ancien Testament auprès des enseignants de leur communauté. De plus, Richard Hays a suggéré que le discernement des allusions à l’Ancien Testament dans le deuxième évangile n’est pas indispensable à une compréhension basique (bien qu’incomplète) du récit. Néanmoins, il permet d’accéder à la signification plus profonde de l’évangile 3 . En d’autres termes, Marc est sans doute conscient que certains de ses lecteurs repéreront et apprécieront mieux que d’autres les allusions à l’Ancien Testament qu’il intègre dans son récit.
Peu importe le degré de familiarité des lecteurs de ce commentaire avec l’Ancien Testament, qu’ils soient rassurés et enthousiasmés : l’étude de l’Évangile selon Marc dans laquelle nous nous plongeons ensemble permettra, par ricochet, de mieux comprendre la première partie de la Bible. Surtout, elle mettra en valeur de nombreux poteaux indicateurs placés tout au long de l’Ancien Testament et qui pointent tous glorieusement dans la même direction : vers Jésus-Christ et ce qu’il apporte.
3 Hays 99.
Marc 1.4-8
Quelle attention prêtons-nous à Jean-Baptiste ?
Le texte de Marc 1.4-8 présente Jean-Baptiste, le précurseur de Jésus. Son activité marque une nouvelle étape : elle signale une transition dans la grande histoire du salut. Il importe donc de nous y intéresser de près. Le ministère de Jean met en avant des bénédictions qui restent d’actualité pour les chrétiens d’aujourd’hui : la possibilité de se repentir de nos fautes, et la présence transformatrice du Saint-Esprit en nous.
I. Le commencement de la Bonne Nouvelle (1.1-13)
A. Le précurseur (1.1-8)
Dans ce chapitre, nous continuons de revivre les débuts de la proclamation de la bonne nouvelle par excellence. C’est à une telle expérience que nous convie l’ensemble du prologue (Marc 1.1-13), dont les huit premiers versets sont consacrés d’une manière toute particulière au précurseur.
Lorsque nous parvenons au verset 4, nous sommes prêts à rencontrer Jean-Baptiste car Marc nous y a brillamment préparés. Dans le premier verset de son œuvre, il a évoqué le commencement de l’annonce de la Bonne Nouvelle ; or c’est avec Jean-Baptiste que cette proclamation a commencé. Ensuite, dans les versets 2-3, Marc a déclaré que ce commencement était annoncé dans l’Ancien Testament, en particulier par le prophète Ésaïe, mais aussi par d’autres textes anciens :
– Exode 23.20 suggère qu’un nouvel exode se prépare,
– Malachie 3.1 indique que Jean-Baptiste n’est pas n’importe quel messager mais qu’il est le nouvel Élie annoncé en Malachie 3.23, à la toute fin de l’Ancien Testament,
– Ésaïe 40.3 décrit par avance Jean-Baptiste comme la voix de celui qui crie dans le désert : « Préparez le chemin pour le Seigneur, faites-lui des sentiers droits. »
Dans le contexte de la prophétie d’Ésaïe, c’est Dieu lui-même qui vient pour conduire son peuple vers un nouvel exode, vers une nouvelle traversée du désert et un nouveau salut. Pour Marc, le Seigneur qui vient accomplir cela n’est nul autre que Jésus. Ainsi, la voix de Jean-Baptiste prépare le chemin pour Jésus.
Dans ce chapitre, nous découvrirons ce qu’a déclaré cette fameuse « voix » dont le retentissement fut prédit par Ésaïe.
Revivons les débuts de la proclamation de la Bonne Nouvelle… en rencontrant Jean-Baptiste.
Baptême
4
Popularité
5
Appartenance à la tradition prophétique 6
Message 7
Jean parut.
Il baptisait dans le désert.
Il appelait les gens à se faire baptiser en signe d’un profond changement, afin de recevoir le pardon de leurs péchés.
Tous les habitants de la Judée et de Jérusalem se rendaient auprès de lui.
Ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés.
Jean était vêtu d’un vêtement de poils de chameau maintenu autour de la taille par une ceinture de cuir. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Et voici le message qu’il proclamait :
Après moi va venir quelqu’un qui est plus puissant que moi.
Je ne suis pas digne de me baisser devant lui pour dénouer la lanière de ses sandales.
1. Son baptême (4)
2. Sa popularité (5)
8
Moi, je vous ai baptisés dans l’eau, mais lui, il vous baptisera dans le Saint-Esprit.
3. Son appartenance à la tradition prophétique (6)
4. Son message (7-8)