Qui penses-tu être ? Extrait

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QUI PENSES-TU ÊTRE ?



MARK DRISCOLL

QUI

PENSES-TU

ÊTRE ?

Saisir la vérité sur son identité en Christ


Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : Who do you think you are? Finding your true identity in Christ • Mark Driscoll © 2013 Mark Driscoll. Édité par Thomas Nelson • P.O. Box 141000 • Nashville, TN 37214 • USA. Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés. Édition en langue française : Qui penses-tu être ? Saisir la vérité sur son identité en Christ • Mark Driscoll © 2013 • BLF Europe Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Une coédition Éditions BLF et JPC Traduction : Sarah Lecerf Couverture : Dual identity, Éditions BLF Photo auteur : John Keatley Mise en page : Éditions BLF • www.blfeurope.com Impression n° 09203130902 • Sepec • 01960 Péronnas • France Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version Segond 21 Copyright © 2007 Société biblique de Genève. Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Les italiques sont ajoutés par l’auteur du présent ouvrage. L’abréviation LSG correspond à la version Segond 1910. Coédition BLF ISBN 978-2-36249-194-8 ISBN 978-2-36249-195-5 ISBN 978-2-36249-196-2 ISBN 978-2-36249-197-9

Broché ePub Mobipocket PDF

Coédition JPC ISBN 978-2-90525-323-1

Broché

Dépôt légal 4e trimestre 2013 Index Dewey (CDD) : 248.4 Mots-clés : 1. Identité (psychologie). Aspects religieux. Christianisme. 2. Perception de soi. Aspects religieux


TABLE DES MATIÈRES Dédicace...............................................................7 Chapitre un

JE SUIS …… ?. .............................................9 Chapitre deux

JE SUIS EN CHRIST.........................................25 Chapitre trois

JE SUIS UN SAINT..........................................39 Chapitre quatre JE SUIS BÉNI. ...................................................55 Chapitre cinq

JE SUIS APPRÉCIÉ. .........................................69 Chapitre six

JE SUIS SAUVÉ................................................83 Chapitre sept

JE SUIS RÉCONCILIÉ.......................................99 Chapitre huit

JE SUIS ÉPROUVÉ........................................ 115 Chapitre neuf

JE SUIS ENTENDU........................................ 131 Chapitre dix

JE SUIS DOUÉ................................................ 145 Chapitre onze

JE SUIS NOUVEAU....................................... 165

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Chapitre douze

JE SUIS PARDONNÉ..................................... 183 Chapitre treize

JE SUIS ADOPTÉ........................................... 201 Chapitre quatorze JE SUIS AIMÉ................................................ 219 Chapitre quinze

JE SUIS RÉCOMPENSÉ................................ 235 Chapitre seize

JE SUIS VICTORIEUX................................... 251 Remerciements.............................................. 268 Notes................................................................ 269 Index................................................................ 277 JPC France, coéditeur..................................... 283

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DÉDICACE À Ashley Driscoll. C’est un honneur et une joie d’être ton papa chéri. Maintenant que tu es devenue une jeune fille et que le Saint-Esprit te prépare pour l’avenir que Jésus a pour toi, je pense que l’idée principale de ce livre arrive à point. Te savoir en Christ me réjouit et je prie que tu t’en souviennes toujours. Ton Papa dans les cieux et ton papa sur terre t’aiment profondément ! Maman et moi sommes tellement bénis de t’avoir ! Merci d’être un vecteur de la grâce de Dieu dans notre famille. C’est merveilleux d’avoir des filles !

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CHAPITRE UN

JE SUIS …… ? Je vous ai sûrement déjà parlé de mon drôle de problème. LÉONARD SHELBY, MEMENTO

Dans le film Memento, Léonard Shelby tente de retrouver l’assassin de sa femme, mais le meurtrier lui ayant asséné un coup sur la tête, Léonard souffre désormais d’amnésie antérograde : il est incapable de se rappeler quoi que ce soit plus de quelques minutes. Ce qui complique d’autant plus son enquête. Pour pallier son amnésie, Léonard met en place un système complexe de notes, polaroïds et tatouages pour se souvenir des faits. Il espère ainsi rassembler les preuves qui lui permettront de retrouver l’assassin de sa femme et de se venger. Malheureusement, quelques personnages douteux tentent de tirer profit de son amnésie, et lui mentent sur son passé, sur son identité, et sur leurs intentions. Memento s’amuse à jongler avec les concepts d’identité et de vérité. Au fur et à mesure du film, on doute de plus en plus de la sincérité de Léonard. Dit-il vrai ? Qui est-il vraiment ? Dans une scène-clé, Teddy, « l’ami » malhonnête de Léonard, lui dit : — Tu ne sais plus qui tu es ! — Mais si, réplique Léonard. Je m’appelle Léonard Shelby. Je suis de San Francisco. 9


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— Ça, c’était toi avant. Il est peut-être temps que tu commences à enquêter sur toi-même. S’ensuit toute une série de révélations sur Léonard, qui le poussent à remettre en question l’identité qu’il s’est forgée. Il passe alors par une crise d’identité qui mène à la fin tragique du film, tout cela parce qu’il est incapable de se rappeler qui il est.

CRISE D’IDENTITÉ Nous, les chrétiens, nous ressemblons beaucoup à Léonard. Nous avons aussi notre « drôle de problème ». Nous oublions continuellement qui nous sommes en Christ, et nous remplissons ce vide en construisant notre identité sur quasiment tout ce qui n’est pas Christ. Et nous nous demandons souvent, comme Léonard : « Qui suis-je ? » C’est bien une question fondamentale qui met en lumière nos croyances, façonne notre vie et forme notre identité. La façon dont nous y répondons détermine notre identité et notre témoignage. C’est triste, mais peu de personnes donnent la bonne réponse… même parmi les chrétiens qui croient en la Bible et qui aiment Jésus. La manière dont nous nous voyons façonne notre identité. Notre culture définit l’identité en termes d’image de soi et d’amour-propre. Or, je suis persuadé qu’une vision juste de notre véritable identité peut tout changer, à la fois dans nos familles et dans l’ Église. Pendant des années, j’ai accompagné des personnes qui se débattaient avec l’alcoolisme, la perversion sexuelle, l’orgueil, la dépression, la colère, l’amertume, et bien d’autres problèmes. J’avais souvent l’impression de parler à un mur : malgré les conseils bibliques que je leur prodiguais, beaucoup semblaient soit ne pas entendre, soit ne pas s’en soucier. Au contraire, ces gens continuaient d’avancer sur leur voie de destruction. J’étais frustré et attristé : il devait bien y avoir un moyen de les aider à trouver la liberté ! Avec l’aide de conseillers plus expérimentés, je me suis un jour rendu compte que derrière les difficultés de la vie se cache toujours la question de notre identité. 10


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Le problème fondamental de notre monde est que nous ne comprenons pas qui nous sommes réellement (des enfants de Dieu créés à son image). Nous nous définissons donc par toutes sortes de choses, excepté par Jésus. Nous ne pourrons faire face à nos difficultés et les surmonter qu’en prenant conscience de notre fausse identité (hors de Christ) à la lumière de notre véritable identité (en lui). J’espère que, par la grâce de Dieu, par la vérité des Écritures et par la puissance du Saint-Esprit, ce livre vous aidera à découvrir votre identité en Christ et à vivre en conséquence. Vous n’êtes pas ce que vous avez subi, mais vous êtes ce que Jésus a fait pour vous. Vous n’êtes pas ce que vous faites, mais ce que Jésus a accompli. Ce que vous faites ne détermine pas qui vous êtes. En réalité, c’est plutôt ce que vous êtes en Christ qui détermine ce que vous faites. Ce sont là des vérités fondamentales que nous allons explorer en profondeur dans ce livre.

JE SUIS CRÉÉ À L’IMAGE DE DIEU Savez-vous qui vous êtes ? Comment répondre à cette question ? Par où commencer ? Eh bien, commençons par le début : vous êtes créé à l’image de Dieu. Vous portez en vous l’image de Dieu. Puis Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance ! Qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre ». Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu. Il créa l’homme et la femme. Genèse 1 : 26-27

Le Dieu trinitaire, qui vit dans une communion et une amitié éternelles, nous a créés à son image. Seule l’humanité est honorée de la sorte : Dieu n’a rien créé d’autre à son image. Cela signifie concrètement que Dieu nous a créés pour le refléter (ou le réfléchir) comme le fait un miroir. Et dans une société où nous sommes encouragés à passer beaucoup de temps à nous contempler devant le miroir, il est utile de se rappeler, chaque fois que nous nous 11


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regardons, que nous devons refléter Dieu pour les autres. Dieu nous a créés pour refléter sa bonté et sa gloire autour de nous, comme Moïse, dont le visage rayonnait la gloire de Dieu après avoir passé du temps en sa présence (Exode 34 : 30).

Au bon endroit Depuis le commencement de la création, les hommes se sont heurtés à cette question de l’identité. Ce n’est qu’en nous situant de manière juste et biblique entre Dieu et les animaux que nous acquerrons à la fois humilité et dignité. C’est bien à cet endroitlà que Dieu nous veut. En comprenant notre position en dessous de Dieu en tant que créatures, nous restons humbles devant lui et dépendants de lui. Et en prenant conscience de notre position de domination sur la création, nous assumons notre dignité d’êtres supérieurs aux animaux (sur le plan moral). En tant que créatures reflétant l’image de Dieu, nous attendons aussi davantage de nousmêmes et des autres êtres humains. Vous avez été créé par Dieu, et vous êtes sur terre pour refléter Dieu et le glorifier. Et si vous êtes en Christ, vous serez avec Dieu pour toujours quand vous mourrez ; vous le refléterez et le glorifierez alors parfaitement, parce que vous serez sans péché.

Différentes manières de refléter Dieu Refléter Dieu comprend plusieurs aspects : penser avec notre tête, ressentir avec notre cœur et agir avec nos mains : • Nous devons penser les pensées de Dieu et être d’accord avec la vérité que révèlent les Écritures ; • Nous devons ressentir ce que Dieu ressent : haïr l’injustice et l’oppression, aimer, pleurer les conséquences désastreuses du péché et nous réjouir de la rédemption ; • Nous devons entrer dans l’œuvre de Dieu et utiliser nos mains pour servir les gens (qu’ils soient chrétiens ou non) par des actes de compassion et de générosité. Lorsque nous reflétons un aspect de Dieu avec notre tête, notre cœur et nos mains par amour pour lui et pour les autres, nous accomplissons ce pour quoi nous avons été créés. Cela nous 12


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réjouit ; cela nous permet d’aider les autres ; cela constitue un acte d’adoration envers Dieu. Puisque nous sommes faits à l’image d’un Dieu trinitaire, nous sommes aussi créés pour l’amitié et la communion. Une grande partie de ce que Dieu a prévu que nous accomplissions doit être faite au sein de la communauté et par elle. C’est la raison pour laquelle Dieu dit en Genèse 2 : 18 qu’il n’est « pas bon » que nous soyons seuls (même si, à ce moment-là, le péché n’était pas encore entré dans le monde). C’est pour cela aussi qu’il a créé un autre être humain, afin que notre premier père, Adam, puisse refléter Dieu avec notre première mère, Ève. Quand Dieu a créé Adam et Ève, il leur a expliqué qu’ils étaient libres de profiter de toute la création, à une exception près : l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Il ne leur a pas parlé parce qu’ils étaient pécheurs (la chute n’avait pas encore eu lieu), mais parce qu’ils étaient humains. En tant qu’ humains avant la chute, nous avions besoin d’entendre Dieu ; en tant qu’ humains pécheurs, nous avons davantage besoin de l’entendre pour savoir qui nous sommes et ce que nous devons faire et ne pas faire. L’ennemi de Dieu, notre adversaire, incita nos premiers parents à pécher en créant une crise d’identité. Le père du mensonge leur laissa entendre qu’ils ne voyaient pas leur véritable identité : « vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu ». La Bible décrit ensuite le jour où le péché est entré dans le monde : un jour sombre, dévastateur, accablant et destructeur (Gen. 3). Voici la vérité : Dieu nous a créés à sa « ressemblance », et c’est là notre véritable identité. Mais Satan et les personnes qui ont les mêmes motivations obscures que lui (comme les amis de Léonard dans Memento), nous mentent à propos de notre identité, tout cela pour servir leurs propres intérêts. Et voilà le mensonge : nous serons « semblables à » Dieu si nous fondons notre identité sur quelqu’un ou quelque chose d’autre que Dieu et sa grâce pour nous 1. Adam et Ève se sont laissé prendre au piège. Au lieu de croire tout simplement qu’ils étaient déjà « comme Dieu » parce que Dieu les avait créés à sa « ressemblance », nos premiers parents ont mis en doute l’identité qui leur avait été donnée par Dieu et ont cherché à créer la leur en dehors de lui. Résultat : le premier péché et la chute. 13


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Depuis, les hommes connaissent une crise identitaire et cherchent à se construire une identité par eux-mêmes, oubliant celle que Dieu leur a déjà donnée.

Je suis un adorateur Dieu nous a créés adorateurs, et la vraie adoration commence avec d’une part, la doctrine de la Trinité, et d’autre part, la doctrine de l’ homme comme porteur-de-l’image-de-Dieu. Dans son excellent livre sur l’adoration, Harold Best décrit la Trinité comme le « déverseur continuel » par excellence, celui qui se déverse continuellement en un dialogue, un amour, une amitié et une joie éternels entre les personnes de la Trinité 2. Étant créés à l’image de Dieu, nous sommes également des adorateurs incessants et des déverseurs continuels : Nous avons été créés déverseurs continuels. Notez bien que je n’ai pas dit que nous avons été créés pour être des déverseurs continuels. Je ne dis pas non plus que nous ayons été créés pour adorer. Cela voudrait dire que Dieu est quelqu’un d’incomplet qui aurait besoin de quelque chose d’extérieur à lui-même (l’adoration) pour se sentir complet. Il serait même risqué de dire que nous avons été créés pour l’adoration, car ce serait conclure que l’adoration est extérieure à notre nature humaine, et réservée à certains. Stratégiquement, il est donc préférable de dire que nous avons été créés déverseurs continuels ; nous avons été créés dans cet état, à notre naissance, imago Dei [image de Dieu] 3.

L’adoration n’est pas qu’un simple aspect de notre être, mais l’essence même de ce que nous sommes. Best définit l’adoration comme suit : « L’adoration est le déversement continuel de tout ce que je suis, de tout ce que je fais et de tout ce que je peux devenir, indépendamment du dieu que j’adore 4 ». Notre adoration ne commence pas pour s’arrêter deux heures plus tard. Elle ne se limite pas à un bâtiment dans lequel nous nous retrouvons pour le culte et chantons des chants d’adoration. En réalité, notre vie entière est un déversement continuel d’adoration de quelqu’un ou de quelque chose. Autrement dit, nous sommes

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des « adorateurs continuels 5 ». Nous ne sommes pas créés pour adorer, nous sommes plutôt créés déjà-en-train-d’adorer. Dans la vie, tout est sacré et rien n’est séculier. L’idée que la vie peut être compartimentée de la sorte est un mensonge de Satan. Tout le monde (des athées aux chrétiens) adore continuellement. Aux yeux de Dieu, nos choix, nos valeurs, nos dépenses, nos paroles, nos agissements et nos pensées constituent des actes d’adoration. Ils définissent notre identité. La vraie question est : quel est l’objet de notre adoration ? L’ humanité peut être séparée en deux catégories : ceux qui adorent le Créateur et ceux qui adorent les choses créées. À cause du péché, nous sommes enclins à adorer tout ce qui n’est pas le Dieu qui a tout créé. C’est de l’idolâtrie. L’idolâtrie consiste à faire d’une bonne chose créée par Dieu un dieu en soi, ce qui en fait une mauvaise chose. L’idolâtrie est tellement destructrice et répandue que David Powlison dit à juste titre : « L’idolâtrie est de loin le problème le plus confronté dans les Écritures 6 ». Ce sur quoi nous fondons notre identité et nos valeurs devient « déifié ». L’objet déifié de notre adoration détermine ensuite ce que nous glorifions et ce pour quoi nous vivons. Si cet objet n’est pas Dieu, nous sommes des idolâtres qui adorent les choses créées. C’est exactement ce que dit Paul en Romains 1 : 25, quand il parle d’idolâtres « qui ont remplacé la vérité de Dieu par le mensonge et qui ont adoré et servi la créature au lieu du Créateur, qui est béni éternellement ». En bref, notre identité a puisé ses racines dans notre idolâtrie, et de là découle notre adoration pécheresse. Il est par conséquent vital que nous apprenions à connaître ce que j’appellerais notre idolâtrie identitaire.

IDOLÂTRIE IDENTITAIRE Pour vous aider à comprendre ce que sont les idoles, pensez-y en termes de possessions, de devoirs, de relations, d’attentes et de souffrances.

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Possessions Nos possessions projettent publiquement l’image que nous désirons donner. La liste des exemples est sans fin : voiture, garderobe, technologies, maison, bijoux, meubles, etc. Le consumérisme est devenu notre religion. La société de consommation est tellement répandue que nous la tenons pour acquise. Elle touche quasiment tous les aspects de notre vie. Où que nous posions le regard, nous trouvons une publicité qui nous incite à acheter des choses dont nous n’avons pas besoin avec un argent que nous n’avons pas, tout cela pour impressionner des gens que nous ne connaissons pas. Le phénomène de consommation dans notre société présente trois caractéristiques principales : Premièrement, le consumérisme n’est pas qu’un comportement. En termes chrétiens, c’est une vision du monde qui nous dit qui nous sommes. Si les possessions définissent notre identité, alors, la marque de nos vêtements ou de notre voiture est capitale. Deuxièmement, le consumérisme est bien souvent dirigé par un désir d’acquérir un statut et un certain prestige aux yeux de ses semblables. Le sociologue Thorstein Veblen, à l’origine de l’expression « consommation ostentatoire », a exprimé cette idée à la fin du siècle dernier. Il avance l’idée que le principal moyen d’acquérir un certain prestige social et du pouvoir est d’afficher visiblement ses loisirs et sa consommation. Le prestige social est directement lié à la richesse. Et l’on prouve sa richesse en l’étalant. De nos jours, nous ne comparons plus nos possessions à celles des générations précédentes ou à celles de nos voisins. Depuis que la télévision exhibe les propriétés des plus riches de ce monde, c’est avec l’élite que nous nous comparons. Résultat ? Convoitise, dépenses inconsidérées et endettement, le tout alimenté par la publicité. Cette sorte de « consommation concurrentielle » pousse Monsieur et Madame Tout-le-monde à travailler plus et à passer moins de temps avec ceux qu’ils aiment. Ils vivent esclaves de leurs dettes, tout en essayant constamment de mettre en avant un sentiment faussé d’identité et de valeur personnelle.

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Troisièmement, la valeur des produits n’est pas liée uniquement à leur utilité ; ils nourrissent continuellement notre identité. Ceci explique pourquoi les biens de consommation sont tellement plus que de simples objets que nous utilisons. Ce sont des choses pour lesquelles nous sommes prêts à nous battre, et parfois même à tuer. Le fait est que dans notre société de consommation, nos biens sont porteurs de sens. Ils nous définissent, ils envoient des signaux sociaux aux autres et construisent notre identité. Par conséquent, si nous ne portons pas de vêtements de marque, si nous conduisons une vieille voiture ou nous contentons d’une technologie un peu dépassée, notre qualité d’être humain s’en trouve dégradée. Autrement dit, quand le consumérisme est notre religion et l’objet de notre adoration, « les choses qu’on possède finissent par nous posséder », pour citer Tylor Durden dans le film Fight Club (1999). Le problème ne se trouve pas au centre commercial, mais en nous. Faire des achats n’est pas un péché, et jouir de nos possessions non plus. Cependant, quand ces choses deviennent la source de notre identité, nous sommes coupables d’idolâtrie.

Devoirs La vie est pleine de devoirs. Tout commence avec les corvées et les devoirs à l’école, puis cela continue avec les exigences dans le monde du travail, les obligations du ministère dans l’ Église, les devoirs conjugaux et les responsabilités parentales dans la famille. Nos devoirs peuvent être un moyen d’adorer Dieu (ce qui est correct) ou ils peuvent devenir un dieu que nous adorons (ce qui est incorrect). Si c’est en accomplissant vos devoirs que vous trouvez votre identité, vous aurez beaucoup de soucis. Tout d’abord, vous serez toujours à la recherche d’un domaine dans lequel vous pourrez exceller et faire mieux que les autres, montrant ainsi votre supériorité. Une fois que vous penserez avoir trouvé votre « truc », vous vous engagerez à maîtriser ce domaine, et probablement que cela deviendra une obsession. Le reste (comme votre santé) n’aura plus aucune importance à vos yeux et vous le sacrifierez volontiers sur l’autel du succès dédié au dieu Réussite. Vous acquerrez bientôt un 17


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tel esprit de compétition que gagner sera tout ce qui compte. Plus vous gagnerez, moins vous éprouverez de compassion envers les gens ; avec le temps, ce manque de compassion se transformera en mépris pour ceux qui souffrent, qui se débattent ou qui échouent. Votre succès vous rendra orgueilleux et désagréable, parce que vous vous vanterez tout le temps de vos réussites (ne serait-ce qu’en détournant discrètement la conversation vers vos exploits, dans votre recherche constante de compliments). Et si vous échouez ou perdez, vous deviendrez déprimé et paniqué, vous serez dévasté, ce qui fera de vous une personne triste… et de triste compagnie. Vous n’êtes pas ce que vous faites. Dieu vous a accordé des talents naturels, des dons du Saint-Esprit et des capacités uniques. Bien sûr, vous avez aussi des devoirs, mais ils ne vous définissent pas, car votre identité n’est pas déterminée par ce que vous accomplissez. En réalité, c’est ce que vous êtes en Christ qui vous aide à assumer fidèlement vos devoirs et à utiliser vos capacités, sans que celles-ci ne deviennent l’essence de votre dignité et de votre identité.

Relations Dieu nous a créés pour l’amitié et le relationnel. C’est une bonne chose de développer des relations dans notre vie. Mais comme pour tout, cette bonne chose peut devenir un dieu si nous faisons des autres la source de notre identité. C’est ce qui se passe dans notre identification à une tribu de personnes (au sens large), et dans nos relations individuelles avec les gens (au sens plus restreint). Votre tribu est la grande communauté à laquelle vous vous identifiez le plus. Elle peut comprendre votre famille, mais aussi les gens de votre ville, de votre école, de votre classe et de votre club de sport. Peuvent également s’y trouver ceux dont la nationalité, la race, le genre, l’origine ethnique, la culture, le revenu, les loisirs, le parti politique, l’affinité théologique, l’orientation sexuelle, etc., sont identiques aux vôtres. Bien qu’il soit bon de développer des relations, nous en faisons souvent quelque chose de mauvais en fondant notre identité sur nos tribus et en faisant d’elles des idoles.

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Si vous idolâtrez votre tribu, vous allez diaboliser les autres tribus. C’est ce qui explique l’ hostilité souvent affichée entre nations, villes, genres, races, écoles, classes, cultures, supporters, églises, partis politiques, systèmes d’éducation (public, privé), et même entre dénominations chrétiennes. Si les autres constituent notre identité, nos relations personnelles deviennent malsaines. Pour évoquer cette tendance à rechercher notre identité auprès des autres, on emploie souvent les expressions suivantes : céder à la pression du groupe, chercher à plaire aux gens, être codépendant ou craindre les hommes. Concrètement, ceci explique pourquoi nous changeons notre apparence ou notre comportement en fonction des personnes que nous côtoyons et des gens que nous voulons impressionner. Les idoles de l’indépendance et de la dépendance sont le résultat d’une identité fondée sur nos relations. L’idole de l’indépendance consiste à craindre, à juste titre, que les gens ne déterminent notre identité. Malheureusement, cette crainte, légitime en soi, peut nous pousser à éviter toute relation intime parce que nous redoutons d’être blessés par les autres. Mais là encore, nos relations contrôlent notre identité. Inversement, ceux d’entre nous qui servent l’idole de la dépendance sont incapables de rester seuls. S’ils sont célibataires, ils devront impérativement se trouver une amitié profonde ; s’ils sont mariés ou en couple, ils auront des attentes démesurées envers leur partenaire. Ils ne peuvent supporter l’idée d’être seuls. Cela peut sembler affectueux, mais lorsque nous nous débattons avec l’idole de la dépendance, nous n’aimons pas vraiment les gens : en réalité, nous nous servons d’eux pour combler notre besoin d’appartenir, d’être apprécié et désiré. C’est la raison pour laquelle certains amis ou proches peuvent se montrer tellement exigeants, étouffants et en manque d’affection. C’est aussi pourquoi les éloges peuvent si facilement nous gonfler à bloc et la critique nous mettre à plat. C’est comme si les gens avaient la capacité de déterminer qui nous serons chaque jour par un simple mot ou même juste un regard. En leur octroyant ce pouvoir sur notre vie, nous faisons d’eux des dieux qui règnent sur nous et définissent notre identité. Et, à l’ère de l’internet, où cha19


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cun peut exercer ce pouvoir aux yeux de tous, une certaine anxiété constante nous dérobe notre joie et notre paix.

Attentes Nous rêvons tous d’un meilleur lendemain, ce qui nous aide à persévérer aujourd’ hui. Mais ces attentes peuvent constituer la source de notre identité. Notre vie est alors gouvernée par nos sentiments et notre avenir plutôt que par notre présent et l’œuvre de Dieu pour nous, dans le passé, le présent et l’avenir. À cause de nos attentes, notre identité peut évoluer comme une montgolfière poussée au gré des vents. Les jours où nous sommes en pleine forme, où nous recevons de bonnes nouvelles ou lorsque nous accomplissons quelque chose de grand, nous nous sentons puissants et pleins d’espoir. Les jours où nous sommes malades, où nous recevons de mauvaises nouvelles, ou quand nos projets tombent à l’eau, nous nous sentons impuissants et désespérés. Certaines personnes vivent de manière versatile sur le plan émotionnel : elles atteignent des sommets quand leur identité s’envole et touchent le fond quand elle s’écrase. Si nous vivons pour l’avenir, alors, notre identité est toujours là quelque part, demain, au coin de la rue. Elle ne se trouve pas dans la réalité présente, garantie par Jésus et son œuvre à la croix. Nous fondons tous nos espoirs sur la carotte agitée devant nous. Souvent, nous confondons l’idolâtrie identitaire enracinée dans nos attentes avec l’espérance biblique, bonne et nécessaire. La Bible parle beaucoup d’espérance, résultat de la foi en Dieu. Si nous croyons sincèrement que Dieu est vivant, bon et à l’œuvre dans nos vies, nos attitudes et nos actions en sont transformées. L’espérance nous aide à nous lever le matin, à chercher la face du Seigneur dans la prière et à affronter la journée. Mais il arrive que nous nous servions de l’espoir d’une manière pécheresse ; c’est le cas lorsque nous sommes convaincus que notre identité tant désirée viendra plus tard et que nous ne vivons pas dans celle qui est déjà une réalité présente. Les gens qui fondent leur identité sur l’avenir sont souvent religieux, sincères et optimistes. Ils aiment parler de la foi et de la confiance en Dieu. Ils ont souvent tendance à paraître très spiri20


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tuels et à citer des versets hors contexte sur le chrétien victorieux. Ils y ajoutent des phrases toutes faites telles que : « Quand Dieu ferme une porte, il ouvre une fenêtre » ou : « Dieu a quelque chose de mieux en réserve ». Ils trouveront leur identité en étant guéris, en se mariant, en ayant des enfants, en accomplissant leur ministère, en s’assurant une stabilité financière, en arrivant à la prochaine saison de leur vie, etc. Planifier et aspirer à un meilleur lendemain n’est pas un péché. Ce qui en est un, en revanche, c’est de fonder sa joie et son identité sur ce que l’on sera, ce que l’on fera ou ce que l’on possédera demain par ses propres efforts, au lieu de les fonder sur Christ aujourd’ hui, ce qu’il nous fera devenir, ce qu’il nous fera faire et ce qu’il nous donnera demain.

Souffrances Tant que nous vivrons, nous souffrirons. Nous souffrons physiquement. Nous souffrons émotionnellement, quand nous blessons les gens ou quand ils nous blessent. Nous souffrons financièrement, nous débattant pour nous en sortir, pour trouver ou garder un bon travail. Nous souffrons mentalement, que ce soit en raison de nos lourdes responsabilités ou des injures et de la critique dont nous faisons l’objet au quotidien. Nous souffrons affectivement, quand nos amis nous trahissent, quand nos enfants nous ignorent ou quand notre conjoint nous abandonne. Nous souffrons spirituellement, quand, en pleine détresse, nous avons l’impression que Dieu est trop occupé et trop loin pour s’intéresser à nous. Nous pouvons facilement laisser notre souffrance déterminer notre identité. Notre douleur peut être déchirante et insoutenable. Il est certes difficile de dire à un malade du cancer, à un divorcé ou à une victime de viol que sa douleur n’est pas ce qui le ou la définit. Cependant, si nous aimons réellement ceux qui souffrent, nous devons leur expliquer avec humilité, délicatesse et patience que la vie chrétienne n’est pas synonyme d’une vie sans souffrance. Notre souffrance doit en fait nous pousser à nous identifier à Jésus, qui a souffert plus que n’importe qui, pour nous.

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Brigitte l’a bien compris.On lui a diagnostiqué un cancer cérébral il y a quelques années. Deux semaines plus tard, elle subissait une opération pour retirer la tumeur. Elle pensait qu’elle s’en remettrait rapidement, et que tout rentrerait dans l’ordre. Mais elle s’est vite rendu compte que sa vie serait désormais complètement différente. La tumeur avait rongé son crâne et l’avait traversé, causant une protubérance sur sa tête (le principal symptôme qui a conduit à ce diagnostic). Le neurochirurgien a donc dû ôter cette partie du crâne et couvrir la cavité à l’aide de plaques de titane et de vis. Depuis, elle est sujette à de constants maux de tête, et cette douleur chronique lui rappelle chaque jour sa tumeur cérébrale. Elle souffre encore aujourd’ hui d’autres effets secondaires, comme des changements dans sa façon de répondre aux gens, sa manière de traiter certaines informations, etc. Et pour aggraver la situation, elle a démissionné de son travail six mois après l’opération et a emménagé chez ses parents, dans l’espoir de se remettre et de « retrouver une vie normale ». Au lieu d’y trouver un environnement sain et aimant, propice à la guérison, elle a dû se charger des problèmes de santé de ses propres parents. Elle explique : Ma vie ressemblait plus à de la survie au jour le jour ; j’étais coincée dans cette situation parce que je n’avais pas d’argent. Et je ne pouvais pas travailler pour en gagner et partir. Cette période de tourmente et d’obscurité a duré des années.

Par la grâce de Dieu, Brigitte a finalement pu toucher une pension d’invalidité, ses parents ont eu droit à une aide à domicile. Elle a ainsi pu les quitter et emménager seule : J’ai enfin pu vivre dans un environnement sûr et normal, avec chaque semaine des prédications, des enseignements, des chants à la gloire de Jésus, des contacts avec d’autres chrétiens (j’avais été isolée pendant une longue période) et l’action paisible du Saint-Esprit. Il m’a fallu environ un an et demi dans cet environnement pour comprendre sur quoi j’avais fondé mon identité : j’étais avant tout une “rescapée 22


JE SUIS …… ? du cancer”. Je n’avais pas été une chrétienne qui avait eu une tumeur cérébrale, mais une rescapée du cancer qui, accessoirement, était aussi une chrétienne.

Parce qu’elle a compris cela, Brigitte a pu arrêter de fonder son identité sur la survie à sa tumeur. Elle a commencé à se voir comme une fille bien-aimée de Dieu avec un grand frère en la personne de Jésus, qui a souffert pour elle, pour qu’elle n’ait pas à se définir par sa propre souffrance. Elle a compris que sa survie au cancer, avec les limitations et les cicatrices qui en résultent, représentait une grande partie de sa vie, mais pas son identité : « Toutes ces souffrances expliquent ce que je suis devenue, mais ne définissent pas qui je suis ». Ça ne veut pas dire que la vie soit facile. Elle témoigne : J’essaie d’appliquer à ma vie tout ce que je sais. Mon identité est désormais en Jésus, à travers lui et à cause de lui, mais ma vieille identité s’est agrippée à moi pendant très longtemps. Il va falloir du temps pour que les anciennes habitudes disparaissent et fassent place à de nouvelles. Je sais que cette année, pour la première fois de ma vie, j’ai été capable de me rappeler le jour du diagnostic et l’opération sans pleurer sur les années écoulées, mais en me réjouissant d’être toujours en vie. Je sais que Jésus a été plus présent que jamais dans mes paroles et dans mes écrits. Je sais que malgré les jours où je lutte et retombe dans mon ancienne mentalité, j’ai l’espoir d’un avenir, et pas simplement un avenir quelconque : un avenir qui en vaut la peine. Et je sais que je veux en apprendre davantage sur la grâce.

Qu’en est-il pour vous ? Comment votre pire journée, votre souffrance la plus atroce ou votre perte la plus douloureuse a-t-elle influencé votre vie au point de devenir votre identité ? Comment pouvez-vous faire en sorte de n’être plus défini par la douleur et la souffrance, mais par Jésus, comme l’a fait Brigitte ? Ce ne sera pas facile, mais c’est nécessaire.

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QUI PENSES-TU ÊTRE ?

CRISE D’IDENTITÉ La plupart d’entre nous vivent sans connaître la source de leur identité. Ils n’en prennent conscience que lors d’un changement, souvent sous la forme de difficultés ou de souffrances. Quand un individu fait face à l’adversité, il passe par une crise. Que ce soit son mariage, ses enfants, son apparence, ses richesses, son succès, sa carrière, sa vie religieuse, son parti politique, son cheval de bataille, sa relation sentimentale, ses biens précieux, etc., son idole s’écroule sous le poids de sa divinité. L’individu comprend alors brusquement qu’il avait construit son identité sur une idolâtrie. Une fois qu’il ressent cette crise d’identité, un schéma de gestion de crise se met en place. Tout d’abord, il craint que la source de son identité ne lui fasse défaut ou ne lui soit retirée. Puis, alors que son identité commence à chanceler, il panique et cherche à sauver son idole identitaire. Enfin, quand son identité lui fait défaut, il cherche à rendre quelqu’un responsable. Ce genre de reproche prend plusieurs formes. Certains reprochent à Dieu d’avoir pris leur idole et éprouvent de l’amertume envers lui. Certains blâment les autres et deviennent rancuniers, colériques et même violents envers eux. D’autres encore s’accusent eux-mêmes, ont l’impression d’être des ratés et se détestent. La plupart des personnes qui perdent leur idole identitaire se contentent d’en choisir une autre au lieu de se tourner vers JésusChrist. Résultat : ils répètent encore et encore ce processus douloureux dans leur vie. Ces personnes passent d’une dépendance à une autre, d’une obsession à une autre, d’un engagement religieux à un autre, d’une relation à une autre, tout en cherchant sans cesse la réponse à la question : « Qui suis-je ? » En attendant, ils ne trouvent jamais la seule vraie réponse à leur crise d’identité : Jésus. Le reste de ce livre est consacré à vous aider à découvrir la puissance et la joie que l’on ne peut trouver que dans une identité fondée et soutenue par Jésus et en lui. Je prie que vous puissiez trouver la réponse à la question « Qui suis-je ? » en Christ, celui qui est JE SUIS.

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CHAPITRE DEUX

JE SUIS EN CHRIST Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ. 1 CORINTHIENS 15 : 22

Nous aimons les bonnes biographies, n’est-ce pas ? Nous avons grand besoin d’espoir et d’exemples de courage, de consécration, de sacrifice et de victoire. Si vous parcourez les allées d’une librairie, vous y trouverez une section entière dédiée aux biographies. Si vous allumez votre téléviseur, vous y verrez en boucle des films biographiques. Mais Dieu vous offre quelque chose de bien meilleur qu’une simple biographie : il vous offre un témoignage. Une biographie parle d’une personne, de sa vie, de ses actions, de son engagement. Dans une biographie, la personne est le héros qui se sauve lui-même d’un destin funeste. Dans une biographie, l’auteur ignore volontairement le péché pour ériger le personnage central en sauveur. Ceci explique pourquoi la plupart des gens ne savent pas qu’Abraham a donné sa femme à un autre homme à deux reprises (Gen. 12 et 20), que Noé s’est écroulé saoul et nu sous sa tente (Gen. 9 : 20-21) et que le grand roi David a commandité un assassinat politique de son lit de mort (1 Rois 2 : 8-9). Ceci explique aussi pourquoi la majorité des lecteurs ignore que Gandhi était un bisexuel qui a abandonné sa femme pour vivre avec un culturiste, et qu’il appréciait également d’avoir de très jeunes filles nues dans son lit 7 ; que les célèbres leaders chrétiens John Wesley, A. W. Tozer, 25


QUI PENSES-TU ÊTRE ?

David Livingston et Hudson Taylor étaient tous d’ horribles maris et pères qui négligeaient leur famille ; et que William Wilberforce, qui s’est battu pour l’abolition de l’esclavage, était accro à l’opium 8. Un témoignage, en revanche, parle de Jésus, de sa vie, de ses actions, de son engagement. Dans un témoignage, Jésus est le héros qui me sauve d’un destin funeste marqué par le péché, la mort, l’enfer et la juste colère de Dieu. Dans un témoignage, les pécheurs devraient se montrer honnêtes pour que l’on sache clairement qui est le vrai Sauveur.

LE PREMIER ET LE DERNIER ADAM Dans la Bible, Paul nomme Jésus le « dernier Adam » (1 Cor. 15 : 54) : il est la réponse à l’idolâtrie et le rédempteur de l’ humanité, alors que le premier Adam était la source de l’idolâtrie et le responsable de la chute de l’ humanité. Le premier Adam s’est détourné du Père dans un jardin ; le dernier Adam s’est tourné vers le Père dans un jardin. Le premier Adam était nu et sans honte ; le dernier Adam était nu et a porté notre honte. Le péché du premier Adam nous a apporté des épines ; le dernier Adam a porté une couronne d’épines. Le premier Adam a voulu prendre la place de Dieu ; le dernier Adam était Dieu qui a pris la place des pécheurs. Le premier Adam a péché au pied d’un arbre ; le dernier Adam a porté notre péché sur un arbre. Le premier Adam est mort en tant que pécheur ; le dernier Adam est mort pour les pécheurs. D’après la Bible, nous mourons en Adam, mais nous sommes nés de nouveau en Christ : « Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ » (1 Cor. 15 : 22). En Adam se trouve la condamnation, mais en Christ se trouve le salut. En Adam, nous recevons une nature pécheresse, mais en Christ, nous recevons une nouvelle nature. En Adam, nous sommes maudits, mais en Christ, nous sommes bénis. En Adam se trouvent la colère et la mort, mais en Christ se trouvent l’amour et la vie. Dans la vie, il y a deux équipes. Chacun d’entre nous joue sur le terrain soit de l’une, soit de l’autre. Les décisions du capitaine affectent toute l’équipe. Pour le meilleur ou pour le pire. Il n’est pas le seul à gagner ou à perdre : toute son équipe gagne ou perd à ses 26


JE SUIS EN CHRIST

côtés. Le capitaine de l’une de ces équipes est Adam ; le capitaine de l’autre équipe est Jésus. Dans notre société, vous pouvez classer les gens de plein de façons différentes, mais dans la Bible, vous trouverez uniquement ces deux catégories : ceux dont l’identité est en Adam et qui partagent sa défaite, et ceux dont l’identité est en Christ et qui partagent sa victoire. En Jésus-Christ, Dieu s’est fait homme, et montre comment un porteur de l’image de Dieu peut vivre une vie d’adoration continuelle et parfaite. Plusieurs passages du Nouveau Testament en parlent et Jésus lui-même le confirme : • « Christ, qui est l’image de Dieu » (2 Cor. 4 : 4) ; • « Le Fils est l’image du Dieu invisible » (Col. 1 : 15) ; • « Le Fils est le reflet de sa gloire et l’expression de sa personne » (Héb. 1 : 3) ; • « Celui qui me voit, voit celui qui m’a envoyé » (Jean 12 : 45) ; • « Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jean 14 : 9). Tant que nous ne regarderons pas à la Trinité en général et à Jésus en particulier, nous ne saurons pas comment refléter l’image de Dieu. Le pire endroit pour construire votre identité, c’est vous… et c’est précisément là que la plupart des psychothérapies commencent. Le meilleur endroit pour vous construire votre identité, c’est Jésus-Christ… et c’est précisément là que les Écritures commencent. La clé de votre identité et la victoire sur votre idolâtrie, c’est de connaître Jésus et d’être sauvé par lui par le moyen de la foi. Il ne s’agit pas de vous. Il s’agit uniquement de Jésus.

L’IDENTITÉ DANS ÉPHÉSIENS J’aimerais vous aider à construire votre identité en Jésus à travers ce qu’en disent les Écritures. Pour cela, nous étudierons un livre de la Bible : l’épître aux Éphésiens. Ne vous inquiétez pas, ce ne sera pas un commentaire académique et compliqué sur tout ce que l’on trouve en Éphésiens. Notre étude ressemblera plutôt à une approche pratique d’un thème de la lettre : votre identité en Christ. 27


QUI PENSES-TU ÊTRE ?

Mon but est de souligner un besoin criant de votre vie (votre besoin d’identité) et de le mettre en perspective avec un livre de la Bible (Éphésiens). Heureusement, le Saint-Esprit a écrit Éphésiens par l’intermédiaire de Paul précisément dans cette optique. Clinton Arnold, spécialiste d’ Éphésiens, explique : « Paul a écrit cette lettre […] pour affermir [les Éphésiens] dans leur nouvelle identité en Christ et pour les fortifier 9 ». D’après Klyne Snodgrass, spécialiste du Nouveau Testament, le principal objectif de la lettre de Paul est « la formation de l’identité 10 ». Et un théologien catholique a commenté Éphésiens en ces termes : « L’union avec Christ donne aux êtres humains une identité radicalement nouvelle. Nous nous sommes débarrassés de la vieille nature, du vieil homme, et nous avons revêtu l’ homme nouveau (4 : 20-24) 11 ». Tout le paysage théologique s’accorde sur l’idée que le livre d’ Éphésiens parle de notre identité en Christ. Malheureusement, « depuis la seconde moitié du xviie siècle, […] ce joyau précieux de la couronne de la grâce de Dieu [être en Christ] a été éclipsé. Aujourd’ hui, on ne prêche plus beaucoup l’union avec Christ, et jusqu’à récemment, on a peu écrit à ce sujet 12 ». Pour une raison que j’ignore, ce thème est tombé aux oubliettes, alors qu’il est fondamental dans les Écritures. Nous pouvons toutefois retrouver une identité biblique et vivre une nouvelle vie en Christ en retournant aux Écritures, à Éphésiens en particulier. Cette épître est fascinante. Les pères de l’ Église, parmi lesquels Origène, Chrysostome et Jérôme, étaient tellement attirés par la richesse d’ Éphésiens qu’ils en ont chacun écrit un commentaire. C’était le livre biblique préféré du réformateur protestant Jean Calvin : il a prêché 48 sermons à partir de cette lettre, l’a commentée en 172 pages et citée quelques 275 fois dans son œuvre magistrale, L’Institution de la religion chrétienne 13. John Knox, réformé écossais, gardait des transcriptions des sermons de Calvin sur Éphésiens sur sa table de chevet, et sa femme les lui lisait alors qu’il était mourant. Parmi ceux qui ont souvent prêché sur Éphésiens, on compte Augustin, Luther, John Owen, Jonathan Edwards, John Wesley, Charles Hodge et Charles Spurgeon. Jean Chrysostome (347-407) trouvait l’épître aux Éphésiens « sublime 14 ». Des théologiens protestants plus récents l’ont qua28


JE SUIS EN CHRIST

lifiée de « document parmi les plus importants jamais écrits 15 », « doctrine mise en musique 16 », « couronne des écrits de saint Paul 17 », « composition humaine la plus divine 18 », « or théologique 19 » et « plus grande œuvre écrite de tous les temps 20 ». En tant que pasteur, j’ai passé des années à tenter d’amener les gens à rencontrer Jésus et à expérimenter la transformation de vie que lui seul peut accomplir. Et je vois constamment des gens qui essaient honnêtement de changer de comportement au lieu de chercher d’abord à comprendre leur identité. Dieu sait que nos actions découlent de qui nous sommes. En tant que chrétiens, nous vivons à partir de notre identité et non pas pour notre identité. Nous sommes définis par ce que nous sommes en Christ, et non par ce que ce nous accomplissons (ou pas) pour Christ. Christ définit qui nous sommes par qui il est et par ce qu’il a fait pour nous, en nous et à travers nous. Saisir cette information est la clé de votre transformation.

FAISONS CONNAISSANCE AVEC L’APÔTRE PAUL Il est courant de nos jours de parler de nos combats (comme l’identité ou l’idolâtrie) avec un ami, un proche, un conseiller ou un responsable d’ Église. Cela peut s’avérer utile, mais si nous pouvions rencontrer quelqu’un comme l’apôtre Paul ? Ce serait fantastique d’être assis en face de la personne à l’origine (directement ou indirectement) de la plupart des écrits du Nouveau Testament, d’apprendre de lui et d’être encouragé par lui, n’est-ce pas ? Bonne nouvelle : il est possible de rencontrer Paul ! Il nous suffit d’ouvrir les livres qu’il a écrits, et particulièrement Éphésiens, et de les lire. Un auteur chrétien a écrit : « À la rigueur, vous pourriez n’utiliser qu’ Éphésiens lorsque vous accompagnez quelqu’un par votre soutien psychologique ou spirituel. […] Cette épître a pour but de vous apprendre comment vivre 21 ». Comme toute correspondance, l’épître aux Éphésiens peut être un peu confuse si nous ignorons certains détails, comme son auteur et son destinataire.

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QUI PENSES-TU ÊTRE ?

L’apôtre Paul est une figure imposante dans l’ histoire du monde. Pour Martin Luther, il était « l’ homme le plus sage après Christ 22 ». En près de dix ans de ministère, il a marché en moyenne trente kilomètres par jour, prêchant un message que la plupart des gens haïssaient. Il était célibataire et ne jouissait donc pas du réconfort d’une épouse ; et il était souvent abandonné par ses prétendus amis. Le récit qu’il fait de sa vie est dur : Ils sont serviteurs de Christ ? – Je parle comme un fou. – Je le suis plus encore : j’ai bien plus connu les travaux pénibles, infiniment plus les coups, bien plus encore les emprisonnements, et j’ai souvent été en danger de mort. Cinq fois j’ai reçu des Juifs les quarante coups moins un, trois fois j’ai été fouetté, une fois j’ai été lapidé, trois fois j’ai fait naufrage, j’ai passé un jour et une nuit dans la mer. Fréquemment en voyage, j’ai été en danger sur les fleuves, en danger de la part des brigands, en danger de la part de mes compatriotes, en danger de la part des non-Juifs, en danger dans les villes, en danger dans les déserts, en danger sur la mer, en danger parmi les prétendus frères. J’ai connu le travail et la peine, j’ai été exposé à de nombreuses privations de sommeil, à la faim et à la soif, à de nombreux jeûnes, au froid et au dénuement. Et, sans parler du reste, je suis assailli chaque jour par le souci que j’ai de toutes les Églises. Qui est faible sans que je sois faible ? Qui vient à tomber sans que je brûle ? 2 Corinthiens 11 : 23-29

Malgré tout, Paul était rempli non seulement d’une énergie apparemment inépuisable, mais aussi de la Parole de Dieu. Deux éléments laissent entendre qu’il était très intelligent : l’éducation prestigieuse qu’il a reçue sous Gamaliel, maître renommé (Actes 22 : 3), et son multilinguisme (hébreu, araméen, grec et probablement latin). Dans ses lettres, Paul cite plus de cent fois l’Ancien Testament et reprend à d’innombrables reprises des thèmes et expressions bibliques, tout cela sans doute de mémoire. La théologie de Paul est exprimée dans treize lettres, écrites sur une période d’au moins quinze ans et adressées à au moins sept Églises différentes et trois individus. Paul Barnett, spécialiste de la Bible, va jusqu’à dire de Paul qu’il était le « premier théologien de l’Église primitive et sans conteste le plus grand de toute l’histoire du christianisme 23 ». 30


JE SUIS EN CHRIST

L’un des premiers pères de l’Église, Jean Chrysostome, a écrit de Paul : « Mettez en face de Paul le monde en son entier et vous verrez alors que sa personnalité fera pencher la balance de son côté 24 ». Selon le théologien D. A. Carson : « Nous continuons de bénéficier, aujourd’ hui encore, de son ministère par l’intermédiaire de ses treize épîtres, qui font partie du canon du Nouveau Testament. Ces épîtres constituent près d’un quart du Nouveau Testament, plaçant Paul juste après Luc en terme de pourcentage de l’ensemble du texte écrit par un individu. Si l’on ajoute les seize chapitres des Actes (13-28) qui lui sont presque entièrement consacrés, l’apôtre apparaît dans près d’un tiers du Nouveau Testament 25 ». On peut aussi relier la majorité du Nouveau Testament à Paul, directement ou indirectement, puisque Luc était un disciple et un compagnon de voyage de l’apôtre. Parmi les lettres de Paul, on trouve Éphésiens, qu’il a écrite aux Églises d’ Éphèse et des environs.

EXPLORONS ÉPHÈSE Pour préparer ce livre, je me suis rendu trois fois sur l’ancien site de fouilles archéologiques avec des spécialistes et des guides, pour y apprendre tout ce que je pouvais. Éphèse était une ville de renommée mondiale. Elle se situe dans l’ancienne région d’Anatolie. À l’époque de Paul, c’était une énorme ville cosmopolite d’environ 250 000 habitants. Des voyageurs de tout l’ Empire romain y passaient en raison de son emplacement stratégique : d’un côté, un port colossal facilitait le voyage et le commerce par la mer, et de l’autre, un système de voies rapides permettait le voyage et le commerce par la terre. Éphèse était une ville très religieuse, mais païenne, ce qui explique pourquoi la lettre de Paul est pleine de références au combat spirituel, aux puissances spirituelles et aux démons. Cette ville était également le centre d’une activité surnaturelle et paranormale liée au culte de la déesse Artémis. Les activités démoniaques ainsi que la sorcellerie et la magie y étaient largement répandues. Les colons et marchands égyptiens y avaient aussi introduit le culte de Sarapis et d’ Isis et construit des temples magnifiques pour différentes divinités 26.

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QUI PENSES-TU ÊTRE ?

La ville était riche en raison de son énorme centre commercial et bancaire. Elle constituait aussi une « destination touristique » très prisée grâce à son temple d’Artémis, considéré comme l’une des sept merveilles du monde. D’anciens rapports font état d’ Éphèse comme « la place de commerce la plus importante de toute l’Asie en deçà du Taurus 27 ». En plus d’être riche, Éphèse était aussi une puissance politique et jouait le rôle de capitale de l’ Empire romain en Asie mineure. Cité puissante, elle était également corrompue et s’adonnait au péché sexuel. La prostitution était chose courante, comme d’ailleurs dans n’importe quelle autre cité portuaire importante. Les marins intégraient à leur spiritualité une sexualité pécheresse avec les prostituées qui travaillaient au temple d’Artémis. Des archéologues ont découvert ce qu’ils pensent être une ancienne maison close reliée à la bibliothèque par un tunnel souterrain secret. Les hommes pouvaient ainsi commettre l’adultère alors que leurs femmes les croyaient le nez dans les livres. Pour finir, Éphèse était centrale sur le plan géographique. Une récente étude des bornes kilométriques romaines montre que le kilométrage vers les autres villes d’Asie mineure était calculé à partir d’ Éphèse, ce qui explique pourquoi cette ville était le centre administratif et commercial de la région.

POURQUOI CHOISIR ÉPHÈSE ? Pourquoi ces informations sont-elles si importantes ? Parce que quand nous lisons la Bible, nous avons tendance à la voir comme un livre parlant de la vie rurale, plein de pêcheurs et de fermiers qui avaient une vie simple, bien moins compliquée que la nôtre. Nous nous demandons donc si la Bible peut vraiment nous parler dans notre époque, avec nos difficultés et nos tentations. Le christianisme a pris racine et s’est développé dans des contextes urbains difficiles où les gens se débattaient avec les mêmes choses que vous et moi aujourd’ hui. Si la Rome antique ressemblait à New York ou à Paris, alors Éphèse était comme le Los Angeles ou le Lyon de l’époque.

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JE SUIS EN CHRIST

L’importance stratégique d’ Éphèse permet d’expliquer pourquoi la ville est aussi devenue un foyer central pour les missions chrétiennes (particulièrement celles qui formaient des leaders et envoyaient des équipes pour implanter des Églises i). Priscille, Aquilas, Apollos, Paul, Timothée, Jean et Luc y ont tous travaillé. Jean, le disciple le plus jeune de Jésus, avait son quartier général dans cette ville. Il avait ainsi autorité sur les sept principales Églises d’Asie citées dans Apocalypse, et dont Éphèse est la première et la plus importante. Selon certaines rumeurs, Jean aurait acheté une maison à Éphèse pour Marie. Ignace d’Antioche, disciple de Jean, a écrit sur la célébrité et la fidélité grandissantes de l’assemblée d’ Éphèse. Le troisième concile œcuménique eut lieu dans cette ville en 431 et condamna Nestorius, le responsable de l’ Église de Constantinople qui dissociait la nature humaine de Jésus de sa nature divine 28. L’exemple d’ Éphèse prouve que le christianisme peut se développer dans une culture païenne difficile, et que les chrétiens peuvent garder leur identité en Christ pendant plusieurs générations dans de telles cultures, par la grâce de Dieu. Mais cet exemple nous sert également de mise en garde : la foi peut être perdue d’une génération à l’autre si nous n’y prêtons pas attention. Aujourd’ hui, Éphèse n’est plus habitée ; des archéologues sont en train de mettre au jour l’ancienne cité de marbre, devenue un site touristique populaire. Et la Turquie, pays dans lequel se trouvent les ruines, compte aujourd’ hui parmi les nations les moins christianisées de la terre. Si l’Évangile de Jésus-Christ n’avait pas pris racine à Éphèse et ne s’était pas répandu de là dans tout l’Empire romain, le christianisme tel que nous le connaissons aujourd’hui pourrait ne pas exister.

POURQUOI PAUL A-T-IL ÉCRIT ÉPHÉSIENS ? Plusieurs épîtres du Nouveau Testament ont été écrites pour répondre à des questions (1 Corinthiens) ou à des situations de crises (Galates). La lettre aux Éphésiens a probablement été écrite Actes 18 : 18-19 ; 1 Cor. 16 : 8-12 ; 1 Tim. 1 : 3 ; 2 Tim. 4 : 12.

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QUI PENSES-TU ÊTRE ?

pour des nouveaux convertis en passe de retomber dans leurs anciens travers. Paul leur rappelle leur identité unie à Christ, et qu’ils doivent vivre d’après le modèle de Jésus-Christ, en sainteté et en justice, par la puissance du Saint-Esprit. Il leur écrit ces choses pour qu’ils ne soient pas tentés d’ignorer leur nouvelle identité ou de retourner à leur ancienne idolâtrie ; pour qu’ils s’unissent comme une seule Église. Toutefois, la lettre n’a pas été écrite uniquement pour l’ Église d’ Éphèse. La ville était un centre d’où se répandaient la vérité de l’ Évangile et la formation de leaders vers un certain nombre d’autres Églises de la région et au-delà. L’assemblée d’ Éphèse ressemblait à ces megachurches qui servent aujourd’ hui de centre de ressources pour d’autres communautés et qui possèdent même un réseau d’ Églises associées. La lettre a donc dû arriver à Éphèse aux environs de 60-62 apr. J.-C. ; puis elle a sans doute été diffusée dans les alentours, un peu comme on enverrait aujourd’ hui une lettre de nouvelles à des abonnés. Paul partait du principe que l’ Église d’ Éphèse répandrait ses instructions fondamentales aussi largement que possible. Éphèse était une ville-clé pour le ministère de Paul, et son dévouement à la cause de l’ Évangile a suscité une sérieuse controverse dans la cité. De nombreux marchands, qui tiraient profit des cultes païens, détestaient Paul parce que ses convertis leur faisaient perdre beaucoup d’argent. Ils ont essayé de le forcer à quitter la ville en provoquant une émeute contre lui (Actes 19 : 21-40). De plus, la majorité des spécialistes actuels de la Bible pensent que Paul a été emprisonné à Éphèse à plusieurs reprises pour avoir prêché l’ Évangile de Jésus-Christ. L’apôtre en aurait profité pour écrire quelques livres de la Bible 29. Pour quelle idée « dangereuse » a-t-on haï Paul à Éphèse, au point de l’expulser de la ville, de soulever des foules contre lui et, vraisemblablement, de l’emprisonner ? Quelle vérité a-t-il annoncée, tellement puissante que les dirigeants spirituels, politiques et économiques l’ont méprisé et l’ont pris en grippe ? Qu’a-t-il enseigné de si menaçant pour une société aussi glorifiée et solide que l’ Empire romain ? Qu’est-ce qui faisait de son message une telle

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menace pour la grande cité d’ Éphèse ? Deux mots : « en Jésus ». Autrement dit, « en Christ » (Actes 19 : 4).

EN CHRIST Ces deux petits mots, « en Christ », ont changé le monde. C’est à la fois l’essence, l’intégralité et le condensé de l’identité d’un croyant. Notre identité est donc fondée soit en Christ, soit dans l’idolâtrie. En parlant d’identité, Jésus dit : « Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15 : 5). D’un bout à l’autre d’ Éphésiens, et dans le reste des écrits de Paul, ces expressions de Jésus sont reprises par Paul qui « crée une symphonie de langage » avec plusieurs variations, comme « en Christ », « en lui » et « dans le bien-aimé 30 ». Ne serait-ce que dans cette épître, Paul parle des croyants comme étant « en Christ » à douze reprises, et exprime cette idée sous d’autres formes à vingtdeux autres endroits. L’idée d’être « en Christ » est si centrale dans Éphésiens que la lettre débute avec une bénédiction qui, certes, comme d’ habitude, est une louange à Dieu, mais rappelle surtout les gloires du salut en Christ 31. En fait, ce passage (qui est une seule et longue phrase en grec), regorge des expressions « en Christ » et ses variantes, comme « en lui ». Voici répertoriées ses diverses utilisations en Éphésiens 1 : 1-14 : • « aux saints qui sont [à Éphèse] et qui sont fidèles en Jésus-Christ » (1 : 1) ; • « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle […] en Christ » (1 : 3) ; • « En lui, Dieu nous a choisis avant la création du monde pour que nous soyons saints et sans défauts devant lui » (1 : 4) ; • « pour que nous célébrions la gloire de sa grâce, dont il nous a comblés dans le bien-aimé » (1 : 6) ; 35


QUI PENSES-TU ÊTRE ?

• « En lui, par son sang, nous sommes rachetés, pardonnés de nos fautes, conformément à la richesse de sa grâce » (1 : 7) ; • « Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, conformément au projet bienveillant qu’il avait formé en Christ » (1 : 9) ; • « pour le mettre à exécution lorsque les temps seraient accomplis, de réunir toutes choses en Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre » (1 : 10 – LSG) ; • « En lui nous avons été désignés comme héritiers, ayant été prédestinés suivant le plan de celui qui met tout en œuvre conformément aux décisions de sa volonté » (1 : 11) ; • « afin que nous servions à la louange de sa gloire, nous qui d’avance avons espéré en Christ » (1 : 12 – LSG) ; • « En lui vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l’ Évangile qui vous sauve, en lui vous avez cru et vous avez été marqués de l’empreinte du Saint-Esprit qui avait été promis » (1 : 13). Les « en Christ » de Paul se retrouvent à travers tout Éphésiens, un peu comme un fil conducteur qui tisserait notre identité. Sans explorer cette idée en profondeur, notons toutefois que Paul parle souvent d’être « en Christ » dans ses autres lettres 32. En examinant l’ensemble du Nouveau Testament, deux théologiens ont remarqué que « l’expression “en Christ” et ses variantes, telles que “dans le Seigneur” et “en lui”, apparaissent 216 fois dans les écrits de Paul 33 ». L’expression « en Christ » n’existait pas avant les écrits de Paul et se trouve assez rarement en dehors de ses lettres 34. Un commentateur biblique reconnu va même jusqu’à dire : De mon point de vue, l’expression « en Christ » est largement plus appropriée que le terme « chrétien » pour décrire le christianisme. Outre le fait qu’on ne trouve le mot « chrétien » qu’à trois reprises dans le Nouveau Testament (Actes 11 : 26 ; Actes 26 : 28 ; 1 Pierre 4 : 16), cette appellation crée une certaine ambiguïté. Elle 36


JE SUIS EN CHRIST

peut faire référence à une personne qui a une affinité culturelle particulière, ou à « la tradition occidentale », ou encore à quelqu’un qui vit d’un côté des barbelés et tire sur ceux de l’autre côté. Mais « en Christ » coupe court à de tels abus, parce que cette expression requiert une relation dynamique et vivante 35. Il est vital que chaque croyant expérimente et comprenne ce que signifie être « en Christ », parce qu’être « en Christ » est la réalité qui change toutes les réalités. Ce concept de Paul est crucial pour vivre une vie conquérante et victorieuse : si bien des chrétiens vivent dans la défaite, c’est parce que les prédicateurs et les enseignants négligent trop souvent le concept « d’être en Christ ». J’espère que vous saisirez, au fil de notre étude d’ Éphésiens, la merveilleuse liberté que l’on trouve en comprenant et en recevant, par la foi, la vérité de notre identité en Christ. J’espère également qu’en avançant dans votre nouvelle identité, vous vaincrez définitivement votre idolâtrie, par la grâce de Dieu et la puissance du Saint-Esprit.

COMMENT LIRE CE LIVRE Il est important que vous lisiez Éphésiens dans une traduction française moderne et facile à lire (comme Parole vivante, la Bible Segond 21, la Bible du Semeur, etc.). Éphésiens ne compte que 2 400 mots, mais ce sont des mots percutants qui changent la vie, qui transforment l’identité et bouleverse l’éternité, parce que ce sont les mots mêmes de Dieu. Je vous encourage à lire et à relire cette épître en parallèle de ce livre. Priez avant de lire, et demandez au même Saint-Esprit qui a inspiré la lettre de vous aider à la comprendre. Lisez attentivement, arrêtez-vous pour surligner des mots, des phrases et des concepts qui captent votre attention. Sentez-vous libre d’écrire dans votre Bible et d’y mettre le bazar si nécessaire. Le célèbre prédicateur Charles Spurgeon disait à juste titre : « Une Bible qui tombe en morceaux appartient généralement à une personne dont la vie tient debout ». En lisant Éphésiens, vous vous rendrez compte que l’épître est organisée intentionnellement et d’une manière pertinente autour du thème que nous étudions. Vous verrez aussi qu’avant de pou37


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voir nous attaquer à l’idolâtrie, nous devons d’abord comprendre notre identité. Les chapitres 1 à 3 développent essentiellement la partie doctrinale de la lettre. Paul rappelle, par exemple, qui est Dieu et ce qu’il accomplit pour nous dans le salut (vous apprenez ainsi à connaître votre papa). Les chapitres 4 à 6 évoquent les implications communautaires de cette doctrine. Paul rappelle, par exemple, qui nous sommes en Christ et comment Dieu désire que nous marchions à la ressemblance de Christ (vous apprenez ainsi à agir comme votre papa). Et maintenant, partons à la découverte de qui nous sommes en Christ.

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CHAPITRE TROIS

JE SUIS UN SAINT De la part de Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, aux saints qui sont [à Éphèse] et qui sont fidèles en Jésus-Christ : que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ ! ÉPHÉSIENS 1 : 1-2

Le passé de Ruth était composé d’une série d’identités minables dont elle changeait comme de chemise. Pendant son adolescence, elle était une « rebelle sans cause ». Elle luttait contre les enseignements de ses parents, les règles scolaires et son éducation catholique. « Je me voyais indigne, pas assez bien et sans avenir, dit-elle. Alors, pourquoi essayer ? » Le sentiment de désespoir qui découlait de son identité de rebelle a fini par se manifester en une identité destructrice de droguée, au point de dépendre de l’ héroïne. Dans le même temps, elle a rencontré un homme, tout aussi toxicomane. Et violent, qui plus est. Pendant douze années, Ruth a vécu dans la honte et dans la peur. Elle se shootait sous les coups de son compagnon, tout en élevant ses enfants dans cet environnement destructeur. À cause de tout cela, Ruth a commencé à éprouver des terreurs nocturnes et des crises d’angoisse ; elle s’est aigrie contre son compagnon. Elle le tenait pour responsable de sa vie ruinée, lui et sa toxicomanie, lui

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et ses choix. Elle a finalement trouvé son identité en se positionnant en victime. Puis l’impensable s’est produit : les services de protection de l’enfance lui ont retiré la garde de ses deux enfants, pour les protéger de la violence domestique et de la consommation de drogue, très fréquentes dans son foyer. Ce choc a ramené Ruth à la réalité et l’a forcée à se reprendre en main. Elle a quitté son compagnon violent et mis de l’ordre dans sa vie. Elle n’a plus touché de drogue pendant des années et a fini ses études. Mais quelque chose n’allait toujours pas en elle : « Je continuais à me voir comme une droguée ». Le sentiment de honte qui découlait de son identité de droguée et les dégâts de cette identité dans sa vie ont conduit Ruth à l’ Église. Elle y a rencontré Jésus pour la première fois. Elle a commencé à guérir et s’est impliquée dans un groupe de maison de notre assemblée. Elle raconte : « Dans ce petit groupe, j’ai appris que je suis une enfant de Dieu. Je suis sa fille, il m’aime, et Jésus est mort pour mes péchés. Il fallait que je laisse tomber “la droguée” de mon nom, et que je sois simplement Ruth. Je suis tellement plus aujourd’ hui, sans ce titre dégradant ! Je ne suis plus sous l’emprise de cette identité ». La vie de Ruth a radicalement changé. Maintenant qu’elle a trouvé son identité en Christ, sa vie n’a plus rien à voir avec celle qu’elle vivait autrefois : « Je suis une enfant de Dieu, désormais. J’ai choisi de l’adorer et de me soucier des dons qu’il m’a confiés. Aujourd’ hui, c’est vers Dieu que je me tourne pour avoir des réponses ; je ne cherche plus à anesthésier les douleurs de la vie avec la drogue. Dieu m’a bénie en me donnant un homme merveilleux qui m’aime et me traite avec dignité. Il est mon “Boaz”, et il est devenu un père pour mes enfants, aujourd’ hui âgés de quinze et dix-sept ans ». Ruth et son mari ont maintenant cinq enfants en tout. Pour Ruth, le changement qu’elle a connu est à la fois simple et radical : « Je prends mon rôle d’épouse et de mère très au sérieux. Je n’ai plus besoin d’une carrière ou des autres pour trouver l’approbation. J’ai conscience de l’importance de servir ma grande famille et la communauté. Je suis bénévole auprès des enfants maltraités 40


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et délaissés qui vivent en famille d’accueil à cause des problèmes de leurs parents, comme la violence domestique, la drogue et des problèmes de santé mentale. Je travaille dur pour que ces enfants ne subissent pas la même vie que celle que mes enfants ont connue. Je suis bénévole pour ça, mais je sens que j’accomplis l’œuvre de Dieu en aidant ces enfants à connaître le meilleur dénouement possible. Avoir Dieu dans ma vie me rend plus “légère”, parce qu’il n’est pas de fardeau trop lourd pour lui. J’apprends à le laisser porter la charge à ma place, pour que je puisse prolonger son œuvre et me préoccuper de toutes les bonnes choses qu’il m’a confiées ». Beaucoup diraient aujourd’ hui de Ruth qu’elle est une sainte, en raison de son travail désintéressé auprès des enfants maltraités et délaissés. Ils seraient tout aussi surpris par son passé sordide. La vérité est que Ruth est une sainte, mais pas à cause de ce qu’elle fait. C’est une sainte à cause de ce que Christ a fait pour elle. Comme Ruth, nous sommes nous aussi des saints en Christ.

SAINT OU PÉCHEUR ? Quand nous lisons les épîtres de la Bible, nous avons tendance à survoler les salutations pour aller directement au corps de la lettre (nous le faisons avec toutes sortes de lettre). Si vous faites cela avec Éphésiens, vous passerez à côté d’une vérité extrêmement importante que Paul établit et que l’on retrouve dans toute l’épître. L’apôtre appelle les croyants des « saints […] en Jésus-Christ » (1 : 1). Des saints ? Tous ? Les Églises qui ont reçu cette lettre abritaient très certainement le même genre de personnes que celles qui fréquentent les nôtres. Vous savez bien, les alcooliques, les crétins, les commères, les fouineurs, les pervers, et aussi les hypocrites religieux, qui pensent (fièrement et à tort) qu’ils sont meilleurs que les autres. Pourtant, en ce qui concerne leur identité (et la nôtre), Paul dit que si nous sommes « en Jésus-Christ » (donc de vrais chrétiens), nous sommes des « saints ». Le terme « saints » n’est pas arrivé là par hasard ; il est là parce que Dieu l’a décidé ainsi. Et s’il est 41


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présent dès le début de la lettre, c’est parce qu’il introduit un thème qui sera exploré dans toute l’épître.

COMMENT ÊTRE UN SAINT : VERSION CATHOLIQUE À quoi le mot « saint » vous fait-il penser ? À des peintures de personnages bibliques avec une auréole au-dessus de la tête ? À Mère Teresa s’occupant des nécessiteux à Calcutta, en Inde ? À Billy Graham prêchant dans des stades bondés ? Ce terme évoque pour moi des souvenirs de mon éducation catholique. Ma famille est résolument catholique depuis des générations ; cela remonte jusqu’à mes ancêtres irlandais. J’ai été baptisé bébé dans l’ Église catholique, j’y ai été élevé. J’ai passé quelques années dans une école catholique, et j’ai été enfant de chœur, assistant le prêtre lors de la messe. Après la mort de mon grand-père, ma grand-mère a même rejoint un ordre et s’est faite nonne. Dans mon enfance, on m’a enseigné à révérer les saints et à les prier. Des statues et des icônes de saints décoraient notre chapelle et notre maison. Petit garçon, je croyais que les saints étaient comme des super-héros de BD ou des anciens dieux grecs, un peu humains, mais dotés de super pouvoirs pour vivre des vies extraordinaires. L’ histoire de la béatification est assez curieuse : Les premiers catholiques célébrés comme saints étaient des martyrs morts sous la persécution romaine au cours des premiers siècles après Jésus-Christ. Ces martyrs étaient honorés comme des saints presque tout de suite après leur mort : c’étaient des catholiques qui avaient sacrifié leur vie au nom de Dieu. Dans les siècles qui ont suivi, toutefois, le statut de saint a été étendu à ceux qui avaient défendu la foi et vécu une vie pieuse. Puisque les critères de canonisation n’étaient pas aussi stricts à l’époque, le nombre de saints a grimpé en flèche aux vie et viie siècles. Puis des évêques sont intervenus pour superviser le processus et, vers 1200, le Pape Alexandre III, révolté par la prolifération, décréta que seul le pape avait le pouvoir de déterminer qui serait considéré comme un saint 36. 42


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Ce n’est qu’au xviie siècle que le Vatican a fixé les critères de béatification. Le père James Martin résume en dix étapes ce processus complexe dans l’Église catholique : Vous êtes catholique —> Vous mourez —> Une « dévotion » locale se développe en votre souvenir —> Une enquête est menée sur votre vie —> L’évêque de votre communauté envoie votre dossier au Vatican —> Prière pour un miracle —> Le Vatican enquête sur la guérison miraculeuse —> Le Vatican vous déclare « béni » —> Prière pour un autre miracle —> Et voilà ! Vous êtes un saint 37 ! Si vous parvenez au bout de ces dix étapes (pas si simples que ça) qui peuvent facilement coûter plus d’un million d’euros au total, le pape vous déclare saint lors d’une cérémonie officielle : la canonisation. Elle a généralement lieu au cours d’une messe publique, soit à Rome soit dans votre diocèse, pour ainsi célébrer votre héritage. Vous êtes maintenant digne de « dévotion publique » dans l’ Église entière, qui peut célébrer le jour de votre fête. De nombreuses écoles et paroisses, et d’autres groupes catholiques, vous choisiront comme leur « patron(-ne) », c’est-à-dire leur protecteur(-trice). Vous avez réussi ! Vous faites désormais partie de la grande « communion des saints ». Mais puisque vous êtes déjà éternellement heureux au ciel, cela n’ajoutera sûrement pas grandchose à votre joie. En fait, vous n’en avez maintenant que plus de travail, puisque davantage de gens vont prier pour demander votre intercession. Concrètement, vous serez donc très occupé à partir de maintenant et jusqu’à la fin des temps 38.

COMMENT ÊTRE UN SAINT : VERSION BIBLIQUE L’apôtre Paul ne voyait pas les saints de cette façon. Il pensait plutôt à des chrétiens normaux, ordinaires, banals et imparfaits. Il pensait à des chrétiens comme vous et moi, comme Ruth, ou encore comme ceux de Corinthe qui abusaient des dons de l’ Esprit, se saoulaient avec le vin de la cène et étaient embourbés dans l’immoralité sexuelle, par exemple i. Il appelait ces hommes et ces femmes des saints ! 1 Cor. 1 : 2 ; 5 : 1 ; 6 : 12-20 ; 11 : 21 ; 14 : 23.

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Pour Paul, le statut de saint ne dépend pas de nos exploits, et il n’est pas non plus remis en cause lorsque la personne en question commet un acte horrible. D’après Paul, une étape suffit pour être un saint : être en Christ. Et le coût total de l’opération ? 0 €. Toute personne liée à Jésus par la foi dans sa mort et sa résurrection est un saint. Les saints de Dieu sont des gens normaux et pécheurs qui aiment Jésus. Puisque nous sommes en Christ, nous ne sommes plus en Adam, mais nous appartenons désormais au peuple de Dieu. Et puisque nous sommes en Christ, nos péchés – passés, présents et à venir – sont ôtés par la mort, la mise au tombeau et la résurrection de Jésus. Nous recevons en échange la perfection, la sainteté et la justice de Christ.

Un saint est pécheur À l’origine, Dieu créa l’ humanité sans péché. En Genèse 1 : 31, il dit de sa création (y compris d’Adam) que c’était « très bon ». Nous lisons aussi en Ecclésiaste que « Dieu a fait les êtres humains droits » (7 : 29). Tout péché relève donc de notre responsabilité de pécheurs rebelles ; ce n’est pas la faute de Dieu notre Créateur. Les effets du péché et la malédiction ne faisaient pas non plus partie du monde que Dieu a créé pour nous dans son amour. Le péché a touché et contaminé chacun et chaque chose aujourd’ hui, par l’intermédiaire de nos premiers parents. L’ histoire s’arrête-t-elle là pour autant ? Sommes-nous uniquement d’ horribles pécheurs, corrompus et sales ? Notre identité se résume-t-elle à cela, même en tant que chrétiens ? Non ! La mauvaise nouvelle est que nous sommes toujours pécheurs dans cette vie, même si nous sommes chrétiens ; mais la bonne nouvelle est que nous ne sommes pas que des pécheurs. Nous sommes aussi porteurs de l’image de Dieu, comme tout homme et toute femme dans la création de Dieu i. Nous sommes des miroirs fissurés, sales et ternes, mais des miroirs quand même. Et si nous sommes en Christ, nous sommes des saints rachetés.

Gen. 5 : 1-3 ; 9 : 6 ; Jac. 3 : 9.

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Malheureusement, la plupart des chrétiens que je conseille ne croient pas qu’ils sont des porteurs de l’image de Dieu rachetés et saints. Ils croient qu’ils ne sont que des pécheurs. Ces chrétiens pensent qu’ils ne valent pas beaucoup plus que des vers de terre. Même le philosophe athée Jean-Paul Sartre se moque de cette croyance chrétienne erronée dans sa pièce de 1943 : Les Mouches. Un homme se jette à genoux et s’écrie : « Je pue ! Je pue ! Je suis une charogne immonde. Voyez, les mouches sont sur moi comme des corbeaux ! Piquez, creusez, forez, mouches vengeresses, fouillez ma chair jusqu’à mon cœur ordurier. J’ai péché, j’ai cent mille fois péché, je suis un égout, une fosse d’aisances 39 ». Cette pensée peut malheureusement être courante dans la tradition chrétienne réformée dont je fais partie. Les cinq points qui résument la théologie calviniste en sont un exemple. Au lieu de commencer avec Genèse 1 et 2 comme le fait la Bible (Dieu, la création, des hommes et des femmes créés sans péché et à l’image de Dieu, et notre rédemption et la restauration de ce statut en tant que saints), ce résumé commence avec Genèse 3 et ce que l’on appelle « la corruption totale », doctrine qui expose l’état pécheur et désespéré des hommes. Il est vrai que le péché a contaminé la totalité de notre personne, y compris notre âme, notre volonté et nos émotions. Néanmoins, lorsque nous nous concentrons trop sur notre état dépravé de pécheurs déchus et que nous ignorons notre dignité de créatures à l’image de Dieu et notre identité de chrétiens saints et rachetés, nous passons sous silence une partie de ce que la Bible dit concernant notre identité. Un non-chrétien est complètement corrompu, mais un chrétien est en Christ. À se concentrer uniquement sur l’aspect pécheur de leur identité, les chrétiens nombrilistes désespérés finiront obsédés par leur péché. Ce genre de chrétiens pense, à tort, que les meilleures prédications sont celles qui les maltraitent en leur rappelant à quel point ils sont horribles (et qui ne mentionnent pas leur nouvelle identité en Christ). La Parole de Dieu n’est pas une massue qui sert à battre les chrétiens jusqu’à ce qu’ils saignent émotionnellement pour le rachat de leur péché. Jésus a déjà pris les coups et versé son sang pour nous. Et à la croix, il n’a pas dit : « Ce n’est pas fini, alors, 45


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flagellez-vous pour votre salut ». Au contraire, il a dit : « Tout est accompli » (Jean 19 : 30). C’est la raison pour laquelle quelqu’un comme Ruth, ancienne droguée privée de la garde de ses enfants, peut aujourd’ hui vivre libérée de sa dépendance, jouir d’un mariage et d’une famille sains et aider ceux qui vivent comme elle a vécu avant. Si elle n’avait considéré que son péché, elle ne se serait jamais concentrée sur les autres et ne se serait jamais occupée d’eux avec l’assurance de son statut de sainte en Christ. Il n’est pas bon pour des chrétiens de se considérer uniquement comme des pécheurs pathétiques qui comptent leurs jours misérables jusqu’au ciel où ils seront enfin parfaits. Nous sommes créés à l’image de Dieu, nous sommes des pécheurs déchus et si nous sommes en Christ, nous sommes réellement de nouvelles créatures rachetées qui reçoivent une nouvelle identité. Il faut toutefois noter que si nous sommes réellement renouvelés en Christ, nous ne serons complètement transformés qu’à la résurrection : « Les croyants […] devraient se voir et voir les autres comme des personnes qui sont réellement transformées, mais qui ne le sont pas encore complètement 40 ». Ceci explique pourquoi les chrétiens ne sont pas exempts de péché : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous trompons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous » (1 Jean 1 : 8). Un saint pèche, mais « saint » caractérise son identité permanente et « pécheur » caractérise une activité occasionnelle. Pour le chrétien, il y a une différence radicale entre avoir péché et être péché. Voilà pourquoi la Bible décrit rarement un chrétien (contrairement au non-chrétien) comme pécheur. Suivant la traduction de la Bible que vous lisez, vous verrez les non-chrétiens appelés des pécheurs plus de trois cents fois, et seulement trois fois pour les chrétiens (et ces trois cas peuvent aussi faire référence à des non-chrétiens). Au lieu de nous appeler pécheurs, la Bible nous appelle très souvent « saints » ou « justes » : plus de deux cents fois. D’un point de vue biblique, l’identité première d’un croyant en Christ n’est donc pas celle d’un pécheur, mais celle d’un saint. Nous nous débattons avec le péché dans cette vie, mais en tant que chrétiens, notre identité ne se trouve pas dans notre péché ; elle se trouve dans la justice de Christ. 46


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Les associations qui aident les gens à vaincre leurs dépendances (drogue, alcool, sexe, jeu, nourriture, etc.) servent une noble cause, mais manquent le coche quant à l’identité. Lors des rencontres en petits groupes dans ce genre d’associations, les personnes se présentent généralement par leur dépendance. Elles diront par exemple : « Bonjour, je m’appelle untel et je suis alcoolique ». C’est cette identité que Ruth (dont j’ai raconté l’ histoire en début de chapitre) a traînée avec elle pendant des années. Le problème, c’est que l’identité dans le péché supplante l’identité en Christ. Pour le chrétien, l’identité ne se trouve pas dans sa dépendance, mais en Christ. Une fois que vous comprendrez cela (comme Ruth), votre vie sera changée à jamais. Le péché peut expliquer en partie votre activité, mais il ne constitue pas votre identité. Votre identité est en Christ, et grâce à votre nouvelle identité, par la grâce de Dieu et la puissance du Saint-Esprit, vous pouvez changer votre activité. Puisque vous êtes une nouvelle personne en Christ, vous pouvez vivre une nouvelle vie par la puissance de l’ Esprit saint. Cette vérité est à la fois profondément utile et extrêmement pratique. Puisqu’un saint peut agir en pécheur, il est important que nous examinions comment nous devons réagir à notre péché.

Un saint éprouve des remords Chacun a des regrets et éprouve des remords. Le grand prédicateur britannique Charles Spurgeon a dit : « Peu d’ hommes oseraient lire leur autobiographie si tous leurs actes y étaient inscrits ; peu sont ceux qui peuvent repenser à toute leur carrière sans rougir 41 ». Ce ne sont pas les moments où nous avons vécu de manière exemplaire qui nous font rougir (ou plus) lorsque nous revenons sur notre vie ; ce sont plutôt les moments où nous nous sommes adonnés au péché. En grandissant dans leur relation avec Jésus, les saints voient souvent leur péché de manière plus claire et en sont plus profondément attristés. Paul lui-même, chrétien mature, l’a prouvé en comparant sa vie passée à la vie parfaite de Jésus-Christ et en se décrivant comme le « premier » des pécheurs (1 Tim. 1 : 15). Le remords peut être une bonne chose. 47


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Le Saint-Esprit nous convainc de péché et nous recommande d’être justes, comme Jésus-Christ avait promis qu’il le ferait (Jean 16 : 8). Quand nous péchons, il est bon d’éprouver des remords par rapport à notre péché, de le confesser, de s’en repentir et de croire que Jésus nous pardonne et nous purifie. La Bible nous montre ce qu’est le remords selon Dieu. Chaque page est baignée des larmes du peuple de Dieu qui a accepté la vérité sur Dieu et sur lui-même. Par exemple, la plus grande partie du livre des Psaumes est constituée de psaumes de lamentation comme le psaume 32. Ce type de remords réfléchi empreint de repentance est une façon correcte et imprégnée de Dieu de réagir à la conviction. Certains ont cependant tendance à passer de la conviction à la condamnation. Leurs larmes se transforment rarement en éclats de rire. Leur regard passe rarement de leur péché à leur Sauveur. Ils restent donc coincés dans leur péché, qui les obsède et les consume. Conscients de la sainteté de Dieu et de leurs manquements dans la vie, ils passent souvent de la conviction de Dieu à la condamnation de Satan, le menteur (Jean 8 : 44) et notre « accusateur » (Apoc. 12 : 10). Les différences entre la conviction et la condamnation sont frappantes. LA CONVICTION

LA CONDAMNATION

Est de Dieu

Est de Satan

Mène à la vie

Mène au désespoir

Termine dans la joie

Termine dans la tristesse

Nous donne envie de changer

Nous fait croire que nous ne pouvons pas changer

Conduit à une nouvelle identité en Christ

Conduit à l’ancienne identité dans le péché

Révèle précisément un péché

En reste à une vague incertitude sur le péché

Regarde à Jésus

Regarde à soi

Est une bénédiction

Est un fardeau

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Paul transperce le brouillard de la condamnation avec la lumière de la conviction en Romains 8 : 1 : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ ». Êtes-vous « en Jésus-Christ » ? Si c’est le cas, vous n’avez plus « aucune condamnation […]. En effet, la loi de l’Esprit qui donne la vie en Jésus-Christ [vous] a libéré de la loi du péché et de la mort » (v. 1-2).

Un saint est fort En tant que saints, nous sommes tentés de pécher tout comme Jésus-Christ l’a été quand il était sur la terre. Mais puisque nous sommes en Christ et que Christ est en nous par la présence du Saint-Esprit, nous ne sommes pas obligés de réagir à la tentation de manière pécheresse. Grâce à un cœur et un esprit changés, nous pouvons au contraire nous rappeler notre identité, dire non au péché et nous approcher de Dieu comme l’a fait Jésus : « En effet, nous n’avons pas un grand-prêtre incapable de compatir à nos faiblesses ; au contraire, il a été tenté en tout point comme nous, mais sans commettre de péché. Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce afin d’obtenir compassion et de trouver grâce pour être secourus au moment opportun » (Héb. 4 : 15-16). Dans son introduction de l’épître aux Éphésiens, Paul dit exactement la même chose : les « saints » « en Jésus-Christ » ont non seulement la « paix » avec Dieu, mais ils reçoivent aussi « de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ » (v. 1-3) la grâce de Dieu qui les rend forts. Le péché et la tentation sont deux choses complètement différentes. Jésus a été tenté, mais il n’a jamais péché. La tentation, c’est une occasion soit de pécher contre Dieu, soit d’adorer Dieu ; tout dépend de notre réaction. Ne laissez pas l’accusateur vous mentir et vous convaincre que si vous êtes tenté, vous êtes coupable de péché. Et plus important encore : ne croyez pas que si vous êtes tenté, c’est déjà trop tard et que vous n’avez plus qu’à commettre ce péché, c’est un mensonge ! Quand vous êtes tenté de pécher, souvenez-vous que vous êtes un saint. Connaître votre identité en Christ est la clé de la victoire. Jésus façonne cette vérité pour nous. 49


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L’identité de Jésus, celle que Dieu le Père lui a donnée, est : Fils de Dieu. En Luc 3 : 22, avant que Jésus ne commence son ministère, le Père lui dit lors de son baptême : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai mis toute mon affection » (LSG). De même, lors de la transfiguration de Jésus en Luc 9 : 35, Dieu le Père dit de lui : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Satan l’a tenté pour éprouver cette vérité (Luc 4), et ses ennemis l’ont arrêté et battu pour nier cette vérité (Luc 22). Mais Jésus a supporté à la fois la tentation et la persécution en se rappelant son identité et en la vivant par la puissance du Saint-Esprit. Cette vérité puissante démontrée dans la vie de Christ est aussi puissamment vraie pour ceux qui sont en Christ. Dieu le Père a rappelé à Jésus son identité tout au long de son ministère sur terre, et Jésus se l’est remémorée lui-même en proclamant son identité publiquement et en priant avec ferveur, en tant que « Fils de Dieu », à son « Père ». Ceci explique pourquoi il a dit non au péché et oui à l’obéissance, et pourquoi il avait la puissance de supporter la tentation, la critique, l’exclusion, et même la crucifixion. Il connaissait le Père, et il se connaissait lui-même. Résultat : Jésus était résolu, déterminé et immuable. Jésus est le Fils de Dieu. Ceux qui sont en Christ sont ses saints, mis à part pour supporter la tentation, la critique et l’exclusion comme il l’a fait. Cher saint, vous devez constamment vous souvenir de qui vous êtes, surtout quand vous en avez le plus besoin. Voici comment les théologiens expliquent tout cela : les impératifs de la Bible (ce que vous devez faire) découlent des indicatifs (qui vous êtes). Nous disons non au péché parce que nous sommes saints en Christ. Nous supportons la critique de la part de ceux qui nous haïssent parce Dieu nous aime en Christ. Nous supportons l’exclusion de la part des autres parce que Dieu nous accueille en Christ. Nous ne sommes pas ce que nous faisons. Nous faisons ce que nous sommes. Notre identité détermine notre activité. C’était vrai pour Jésus, et c’est vrai pour ceux qui sont en Christ. Notre identité de nouvelles créatures en Christ est la clé de notre victoire, comme Jésus.

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Un saint est humble Considérons les bienfaits de notre position en Christ comme un processus de salut en quatre parties. Premièrement, au travers de la régénération, nous sommes ramenés de la mort spirituelle (résultat de notre péché) à une vie nouvelle en Christ. La régénération renouvelle nos désirs, nos pensées et nos espoirs pour accomplir les choses de Dieu plutôt que les « désirs de notre nature propre » (Éph. 2 : 3). Deuxièmement, nous sommes délivrés de la condamnation du péché par la justification. La justification est l’action de Dieu, qui déclare qu’un pécheur injuste devient un saint juste à ses yeux. C’est notre position en Christ. En tant que chrétiens, nous sommes réellement nouveaux, et même si nous ne sommes pas encore parfaitement nouveaux, nous sommes en voie de le devenir en grandissant dans cette vie et en étant rendus parfaits à la fin de celle-ci. Troisièmement, notre cheminement vers Dieu et notre attachement à lui continuent tout au long de notre vie dans la sanctification. Par la sanctification, nous sommes délivrés de la puissance du péché. La sanctification est à la fois une position (nous sommes déjà mis à part et sanctifiés) et un processus. Dans ce processus, nous ressemblons de plus en plus à Jésus, alors que le Saint-Esprit nous purifie et que nous grandissons dans notre relation avec lui. Puisque nous sommes des saints sanctifiés, nous ne sommes pas contraints de pécher et nous pouvons commencer à apprécier la sainteté. Quatrièmement, notre sanctification sera achevée lors de notre mort, quand nous expérimenterons le caractère définitif de notre salut dans la glorification, par laquelle nous serons délivrés de la présence du péché. La glorification est un état éternel de perfection sans péché qui culminera quand nous ressusciterons des morts pour vivre avec Jésus et que nous serons avec lui pour toujours. Tout ceci se réalise par la grâce de Dieu et pour la gloire de Dieu. Il nous arrive cependant de pécher, même si nous sommes des saints : nous devenons orgueilleux des changements que nous

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avons opérés et des choses que nous avons apprises. La Bible appelle ça être « enflé d’orgueil » (1 Cor. 13 : 4 ; 1 Tim. 3 : 6 – LSG). La Bible a beaucoup à dire quant à l’orgueil et à la vertu de l’ humilité. À une époque où, sur Internet, nous ne publions quasiment que des photos de nous et des articles où nous nous vantons, les paroles intemporelles de la Bible sont d’une incroyable actualité : • « Il y a six choses que l’ Éternel déteste, et même sept dont il a horreur ; les yeux hautains […] » (Prov. 6 : 16-17) ; • « L’arrogance, l’orgueil, la voie du mal […], voilà ce que je déteste » (Prov. 8 : 13) ; • « Tous ceux dont le cœur est orgueilleux font horreur à l’ Éternel » (Prov. 16 : 5) ; • « L’arrogance précède la ruine, et l’orgueil précède la chute » (Prov. 16 : 18) ; • « Revêtez-vous d’ humilité, car Dieu s’oppose aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles » (1 Pi. 5 : 5). L’orgueil est notre ennemi, l’humilité notre alliée. L’orgueil nous compare aux autres pécheurs, l’humilité nous compare à notre Sauveur parfait. L’orgueil convoite la réussite des autres, l’humilité s’en réjouit. L’orgueil parle de moi, l’humilité parle de Jésus et des autres. L’orgueil se préoccupe de ma gloire, l’humilité se préoccupe de la gloire de Dieu. L’orgueil entraîne une séparation d’avec Dieu, l’humilité entraîne une dépendance vis-à-vis de Dieu. L’orgueil engendre tous les péchés, l’humilité engendre toutes les joies. L’orgueil conduit à l’arrogance, l’humilité conduit à la confiance. L’orgueil me pousse à agir par mes propres forces, l’humilité me contraint à agir avec la force de Dieu. Les psychothérapies actuelles ont tendance à encourager les gens à penser mieux d’eux-mêmes et à rendre leur propre vie meilleure. La réponse à ce qui nous fait mal est donc l’amourpropre, qui conduit au développement de soi et à l’épanouissement personnel. Ce ne sont toutefois que des termes techniques pour parler d’orgueil. Le problème de cette approche est qu’elle ne se concentre que sur le « soi » et pas sur le « soi » qui vit coram deo : devant Dieu. Nous n’avons pas besoin de nous sentir mieux par 52


JE SUIS UN SAINT

rapport à nous-mêmes. Nous avons besoin du Dieu qui nous rend meilleurs par lui et pour lui. L’ humilité inclut la connaissance et l’acceptation de la vérité concernant Dieu et nous-mêmes, telle que la Bible nous la révèle. Un saint grandira en humilité en comprenant de façon juste et biblique son identité en Christ. Savoir que nous sommes des pécheurs sauvés et gardés par la grâce nous préservera d’un amourpropre démesuré et orgueilleux. Savoir que nous sommes aussi des saints en Christ nous préservera d’une piètre et douloureuse estime de soi. Personne d’entre nous ne peut dire qu’il est réellement humble, si ce n’est Jésus-Christ. Au contraire, tout ce que nous pouvons dire, c’est que nous sommes des orgueilleux qui recherchent l’ humilité par la grâce de Dieu 42. Cette grâce est accordée gratuitement à tous ceux qui croient en Jésus et fondent leur identité en lui. Êtes-vous chrétien ? Si c’est le cas, alors, vous êtes aussi un saint en Christ, racheté et renouvelé en Christ, parce que tout vrai chrétien est un saint. Prenez un moment pour méditer sur cette vérité monumentale ! Peu importe comment vous vous sentez ou ce que les autres en pensent, Dieu dit que vous êtes un saint. Ditesle à voix haute : « Je suis un saint ». Demandez au Saint-Esprit de graver cette vérité au plus profond de votre âme pour que la racine de votre identité en Christ nourrisse le fruit de votre vie. Comme l’a dit Jésus : « Moi non plus, je ne te condamne pas ; vas-y et désormais ne pèche plus » (Jean 8 : 11).

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CHAPITRE QUATRE

JE SUIS BÉNI Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ! En lui, Dieu nous a choisis avant la création du monde pour que nous soyons saints et sans défaut devant lui. Dans son amour, il nous a prédestinés à être ses enfants adoptifs par Jésus-Christ. C’est ce qu’il a voulu, dans sa bienveillance, pour que nous célébrions la gloire de sa grâce, dont il nous a comblés dans le bien-aimé. En lui, par son sang, nous sommes rachetés, pardonnés de nos fautes, conformément à la richesse de sa grâce. Dieu nous l’a accordée avec abondance, en toute sagesse et intelligence. Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, conformément au projet bienveillant qu’il avait formé en Christ pour le mettre à exécution lorsque le moment serait venu, à savoir de tout réunir sous l’autorité du Messie, aussi bien ce qui est dans le ciel que ce qui est sur la terre. En lui nous avons été désignés comme héritiers, ayant été prédestinés suivant le plan de celui qui met tout en œuvre conformément aux décisions de sa volonté pour servir à célébrer sa gloire, nous qui avons par avance espéré dans le Messie. En lui vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l’Évangile qui vous sauve, en lui vous avez cru et vous avez été marqués de l’empreinte du Saint-Esprit qui avait été promis. Il est le gage de notre héritage en attendant la libération de ceux que Dieu s’est acquis pour célébrer sa gloire. ÉPHÉSIENS 1 : 3-14

Le premier chapitre de la Bible est un récit court et merveilleux de la façon dont Dieu a créé toutes choses par la puissance de sa Parole, simplement en leur disant d’exister. Malheureusement, au 55


QUI PENSES-TU ÊTRE ?

milieu de la controverse quant aux détails de la création du monde (quand et comment), on passe bien souvent à côté de trois petits mots qui expliquent ce que Dieu a fait tout de suite après avoir créé nos premiers parents : « Dieu les bénit » (Gen. 1 : 28). Nos premiers parents n’avaient pas demandé à Dieu de les bénir. Il l’a fait parce qu’il est bon et plein de grâce, tout simplement. Cet aperçu du cœur de Dieu est extrêmement rare. Si vous étudiez les différentes religions du monde ou les systèmes de croyances surnaturelles, vous aurez beaucoup de mal à y trouver une conception où Dieu est bon et se plaît à bénir les gens. Au contraire, Dieu est le plus souvent vu comme quelqu’un qu’il faut manipuler et contraindre à bénir les hommes. On enseigne donc aux gens qu’ils doivent faire quelque chose pour que Dieu les bénisse : souffrir, jeûner, prier, entrer en transe, répéter une litanie, posséder des objets sacrés, apporter une large contribution financière, entreprendre un pèlerinage sacré, offrir un sacrifice animal ou même humain, rencontrer un gourou, un chaman ou un guérisseur, faire des incantations, etc. Peu importe la méthode, le message est identique : vous devez manipuler Dieu d’une façon ou d’une autre pour qu’il vous bénisse. C’était le cas d’une jeune fille, Alice, qui a avoué qu’elle avait mené une double vie pendant plus de cinq ans. Elle avait convaincu ses parents et ses amis qu’elle était chrétienne, tout en pratiquant activement la sorcellerie Wicca. Elle raconte : « J’avais passé quatre ans dans une école chrétienne et suivi un cours de confirmation luthérienne. Je connaissais donc toutes les bonnes réponses sans connaître Jésus ». Alice explique que sa compréhension de Christ était marquée par une idée erronée : elle croyait qu’elle devait gagner la bénédiction de Dieu. « Le Saint-Esprit m’a montré récemment que cette idée provenait d’un autre mensonge, celui que je pouvais plaire à Dieu par ma vie alors que ce n’était pas du tout le cas. En réalité, il est satisfait quand je viens à lui complètement vide et dépouillée de tout, sans rien à offrir ou à échanger ; il peut ainsi combler ce vide par Christ et reconnaître que je lui appartiens. Je n’ai pas à tromper Dieu comme je trompe mes amis en leur faisant croire que je le connais ! » 56


JE SUIS BÉNI

À l’époque de Paul, les gens se débattaient avec ce besoin de tromper Dieu pour qu’il les bénisse 43, comme c’était le cas d’Alice. Éphèse était une ville de première classe pour la religion et le spirituel, et les gens s’y rendaient pour toutes sortes de festivals, dont le but était de manipuler le monde spirituel pour recevoir la bénédiction. Dans cette ville, de nombreux rituels occultes étaient également pratiqués dont nous ne savons que très peu de choses ; les érudits y font généralement référence comme aux « rites mystérieux ». Éphèse est aussi très connue pour ses « Lettres éphésiennes » (Ephesia Grammata, à ne pas confondre avec la lettre de Paul aux Éphésiens), six mots intraduisibles d’une formule magique utilisée pour manipuler le monde des esprits pour être béni. Ces pratiques occultes étaient tellement répandues que lorsque Paul a prêché l’ Évangile à Éphèse pour la première fois, il a failli provoquer une émeute. En effet, ceux qui profitaient de la magie voyaient l’ Évangile de grâce comme une menace à leur bien-être financier : les nouveaux chrétiens de la cité brûlaient leurs livres de magie quand ils se convertissaient. Luc était clairement impressionné par la quantité de livres et leur valeur : il en a estimé le montant à cinquante mille journées de travail (Actes 19 : 17-20) ! Cet environnement explique en partie pourquoi Paul parle plus du combat spirituel, des puissances démoniaques et de la victoire de Jésus dans l’épître aux Éphésiens que dans n’importe quel autre livre du Nouveau Testament. C. S. Lewis aimait particulièrement dire que nous sommes souvent coupables de « snobisme chronologique ». Nous considérons (de manière arrogante) les gens du passé comme des personnes naïves, primitives et moins sophistiquées que nous le sommes. La vérité est que les gens ont toujours été les mêmes et, aujourd’ hui, ils sont aussi païens dans leur façon de penser qu’ils l’ont toujours été. Spiritualité autochtone, efforts panthéistiques pour vivre avec les puissantes forces présumées de la nature, proclamation pour « manifester » la réalité invisible, efforts religieux pour rendre à Dieu d’une manière ou d’une autre, agencement de la maison par le Feng Shui pour maximiser l’énergie positive, manipulation de Dieu par des promesses et des grands actes de dévotion, comportement superstitieux ordinaire : il est clair que les gens 57


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cherchent toujours à manipuler le monde spirituel pour recevoir la bénédiction. Paul voulait que nous sachions que nous n’avons pas besoin de manipuler Dieu pour qu’il bénisse son peuple. Comme Jésus l’a dit, Dieu est un Père bienveillant qui se réjouit de bénir ses enfants avec de bonnes choses (Matt. 7 : 11). Tenter de le manipuler pour qu’il accorde sa bénédiction est aussi inutile que d’essayer d’assécher l’eau. Une mauvaise compréhension selon laquelle il fallait apaiser Dieu était assez fréquente. C’est peut-être pour cette raison que Paul commence Éphésiens avec l’un des versets les plus denses de toute la Bible (dans le texte grec original, les douze versets d’ Éphésiens 1 : 3-14 sont en fait une seule et même phrase de 202 mots !) Il explore ainsi en profondeur le thème de la bénédiction de Dieu envers son peuple. Paul commence en disant que nous devrions bénir Dieu, parce que Dieu nous a bénis « en Christ » : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle […] en Christ ». Bénir, c’est « parler en bien de, louer, etc. » ou « accorder une faveur, pourvoir avec des bénéfices 44 ». Ces deux idées apparaissent dans l’introduction de Paul à cette lettre. Nous devons louer Dieu pour la faveur qu’il manifeste envers nous. Pour se rappeler les bénédictions de Dieu pour nous en Christ, Paul en a dressé une liste. Quand je lis la liste de Paul, je pense à un feu d’artifice où le bouquet final consiste en une série de sensationnelles explosions de gloire qui s’enchaînent l’une après l’autre. Avant de nous dire ce que nous devrions faire pour Dieu, Paul veut nous faire savoir ce que Dieu a fait pour nous bénir.

BÉNIS EN CHRIST Paul met l’accent sur le fait que toutes les bénédictions que nous avons résultent de notre position en Christ. Ceci explique pourquoi il a mentionné Jésus pas moins de quatorze fois dans les quatorze premiers versets d’ Éphésiens. En outre, si les termes « en Christ » ou « en lui » apparaissent en tout quelque trente-six fois 58


JE SUIS BÉNI

dans toute l’épître aux Éphésiens, on les trouve à douze reprises dans cette introduction. Pour reprendre les termes du théologien Thomas Schreiner : « La diversité des expressions utilisées pour décrire le fait d’être en Christ dans cette longue phrase (Éph. 1 : 3-14) est à couper le souffle, et la répétition de cette expression indique à quel point elle est capitale 45 ». Si le génie d’une lampe promettait de vous accorder un souhait, qu’est-ce que vous choisiriez ? Honnêtement, qu’est-ce que ce serait ? La richesse ? La puissance ? L’amour ? À présent, considérez que Dieu s’est déjà offert lui-même à nous. Dans cette vie, peutêtre que Dieu ne vous accordera pas la santé, la richesse ou la facilité, mais il s’est donné lui-même à vous. Si vous êtes en Christ, vous êtes béni par la communion avec la Trinité qui vous accueille. C’est l’amitié éternelle de Dieu le Père, Dieu le Fils, et Dieu le SaintEsprit. Rien n’est comparable à cette bénédiction. Dans l’introduction de l’épître aux Éphésiens, l’ensemble de la Trinité est mentionnée comme étant à la fois notre bénédiction et la source de toutes les bénédictions ; nous entendons parler du « Père », de « Jésus-Christ » et du « Saint-Esprit », dans cet ordre. La raison en est que chaque bénédiction provient de Dieu le Père, est accomplie par Jésus-Christ le Fils, et appliquée au croyant par le Saint-Esprit. Cette bénédiction était prévue « avant la création du monde » (v. 4). Avant que Dieu ne crée les cieux et la terre, il avait prévu de vous connaître, de vous aimer, de vous sauver et de vous bénir. Il nous est impossible de concevoir le temps avant le temps, quand tout ce qui existait était Dieu, et Dieu seul. Mais Dieu, être éternel qui a créé le temps, l’univers, les étoiles et les planètes, avait prévu de toute éternité de nous bénir en Christ, et de nous réconcilier à lui avant même de poser les fondations de la création. Et pourtant, ironiquement, nous pensons que nous pouvons ébranler les fondations d’une telle bénédiction et nous sentons que nous devons aider Dieu à la construire. À certains moments, nous ne nous sentons pas bénis, mais le fait est que nous sommes toujours bénis. Jocelyne, une diaconesse de notre assemblée, a découvert ce principe à cause d’une terrible tragédie dans sa vie. 59


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Elle explique : « Croyante, je pensais que la façon dont ma vie se déroulait était une preuve de la bénédiction de Dieu. Quand mon rêve de mariage “pour toujours” s’est terminé par un divorce au bout de vingt ans, j’ai eu peur que Jésus ne me rejette lui aussi. Mon mariage suivant fut un vrai désastre : un juge m’a même confié qu’il n’avait jamais vu un arnaqueur aussi talentueux que mon mari. Il était si violent envers moi que j’ai failli être tuée. Pendant les quelques mois qui ont suivi mon divorce, j’ai dû faire face à mon mari qui me traquait et m’agressait. Et même si j’étais terrifiée, je savais que Dieu était là et me protégeait. Mais encore une fois, il ne semblait pas correct qu’une enfant de Dieu vive toute cette horreur. N’étais-je pas censée être préservée de ce genre de vie de feuilleton télévisé ? » À cette époque, l’entreprise de Jocelyne a connu un essor remarquable, et elle a commencé à fréquenter l’ Église : « J’étais la seule responsable du succès de mon entreprise, alors, je me lançais corps et âme dans le travail, croyant que Dieu permettrait que tout fonctionne bien, puisque j’étais son enfant, que mes motivations étaient justes, et que je priais pour ça ». Puis son entreprise s’est à son tour écroulée à cause d’un employé mécontent qui a saboté la source principale des affaires. Tous les autres domaines de l’entreprise en ont été affectés, au point que tout s’est effondré. « Ma valeur nette est passée en une nuit d’un chiffre positif impressionnant à un énorme chiffre négatif. La même semaine, mon fils de vingt-quatre ans est décédé d’une crise d’épilepsie. La douleur me paraissait insupportable. Et puis j’ai appris qu’il fallait que je quitte la maison où je pensais passer le reste de ma vie. Avant le vendredi. J’avais l’impression d’être prise dans une tornade de pertes ; et ça ne m’arrivait que quelques années à peine après l’ouragan d’un mariage et d’un divorce abusifs. Où était Dieu ? D’un autre côté, pourquoi n’aurais-je pas dû souffrir dans cette vie ? Il a souffert, et ce qu’il a promis, c’est la vie éternelle avec lui, pas une vie parfaite maintenant. Mais pourquoi me laissait-il vivre tout cela ? J’étais son enfant, non ? Mes pensées étaient complètement confuses. » À travers toute cette douleur et toutes ces pertes, Dieu était en train de travailler dans la vie de Jocelyne : « Je me suis rendu 60


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compte progressivement que j’avais cru jusque-là que mon identité en Christ se mesurait par la façon dont je m’en sortais suivant les circonstances de la vie, et particulièrement sur le plan financier. En étudiant le thème de la rédemption, j’ai compris qu’il n’y a pas de péché ou de circonstance qu’il ne pardonnera pas, que rien ne peut me séparer de son amour, que rien ne peut me disqualifier pour son service si je me repens et que je le laisse se servir de mon passé pour le glorifier. J’ai commencé à comprendre qu’être enfant de Dieu ne signifie pas être imperméable à l’échec ou à la douleur, mais que cela veut dire que je peux avoir confiance en la souveraineté d’un Dieu aimant dont les plans pour moi sont bons, dont la présence m’apporte la paix, et qui me prépare une demeure éternelle qui délectera tous mes sens ». La vie est difficile, Jocelyne le sait bien. Et dans les temps particulièrement durs, il est facile d’oublier que nous méritons tous l’enfer et que toute chose bonne dans notre vie est une bénédiction, non pas que Dieu nous la doive, mais parce qu’il nous la donne gracieusement dans son amour. Et ça, c’est une énorme bénédiction. Nous pouvons être tellement concentrés sur les bénédictions que nous souhaitons que nous n’arrivons pas à faire une pause pour remercier Dieu de celles que nous possédons déjà en Christ. Paul nous montre l’exemple de cette attitude de reconnaissance au début de la lettre aux Éphésiens. Il rappelle les incroyables bénédictions éternelles que chaque croyant a déjà en Christ.

La bénédiction de la sainteté Pour le chrétien, la sainteté est à la fois « en position » et « en pratique ». — Notre position en Christ, devant Dieu, est : « saints et sans défaut » (Éph. 1 : 4). Luther aimait particulièrement nommer l’œuvre de Jésus à la croix « le grand échange ». Là, sur la croix, notre injustice est allée à Jésus, qui a souffert et est mort à notre place, et la justice de Jésus est venue jusqu’à nous. Résultat : Dieu nous voit maintenant comme il voit Jésus, c’est-à-dire justes et saints.

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— En pratique, nous recevons de nouveaux désirs ainsi que la puissance du Saint-Esprit pour vivre ces désirs dans une vie sainte. Cela ne signifie pas que nous vivons sans aucun péché, mais plutôt que nous vivons d’une manière qui reflète toujours plus la sainteté de Jésus-Christ et les effets de sa bénédiction dans nos vies. Dieu vous a-t-il changé afin que vous deveniez plus saint à cause de la bénédiction de Jésus ? Quelle est l’invitation de Dieu pour vous, pour que vous entrepreniez des changements supplémentaires dans votre vie, que vous soyez toujours plus obéissants et saints pour refléter Christ davantage ?

La bénédiction de la prédestination Paul enseignait que Dieu vous a choisi et prédestiné pour recevoir son amour, vous réjouir de sa grâce et être son ami pour toujours. Dans le contexte de l’Ancien Testament, cette idée est exprimée par divers mots, tels que projets, décision et choisir. De la même manière, le Nouveau Testament emploie une myriade de mots, tels que prédestinés, choisis et destinés pour parler de Dieu qui choisit de sauver certains, mais pas tous. La doctrine de la prédestination peut entraîner une foule de questions, et c’est bien compréhensible. Pourquoi Dieu sauve-t-il certaines personnes et pas les autres ? Dieu est-il injuste et sans amour s’il sauve certaines personnes et pas les autres ? N’y a-t-il aucun espoir de salut pour ceux qui ne sont pas choisis par Dieu ? Malheureusement, ces questions difficiles sont plus souvent débattues que la vérité divine de la prédestination n’est célébrée. Avant le commencement des temps, Dieu avait prévu un plan pour aimer et sauver son peuple. Comment Dieu accomplit-il cela ? Par l’œuvre de Christ à la croix, par la puissance du Saint-Esprit et au travers de notre prédication de Jésus. Le chrétien est censé présenter l’ Évangile de Jésus-Christ aux non-chrétiens avec amour, vérité et humilité, puis observer ce que Dieu fait en retour. La prédestination ne devrait pas nous empêcher d’évangéliser (comme certains le prétendent). Au contraire, elle nous libère pour faire ce que Dieu nous a demandé de faire : le prêcher avec audace… sans nous préoccuper de savoir si nous sommes en train de contribuer au salut de notre interlocuteur ou 62


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de ficher en l’air le processus. La prédestination nous libère et nous rend plus audacieux dans l’évangélisation, pas le contraire. La prédestination permet également aux personnes comme Jocelyne de trouver le repos dans la souveraineté de Dieu, même quand le monde s’effondre. Dieu est bon et a de bons projets pour nous, même au travers du mal que notre péché et le péché des autres provoquent dans notre vie. Le chrétien doit prendre en considération la doctrine de la prédestination et s’en réjouir. Dieu a prévu notre rédemption de toute éternité « dans son amour » (Éph. 1 : 4). Dieu n’a d’obligations envers personne, mais il a choisi de nous sauver. Si vous êtes un chrétien, vous vous trouvez sur la voie prédestinée par Dieu pour jouir d’une relation personnelle avec lui. Dieu a choisi de vous connaître, de vous aimer, de vous chercher, de vous pardonner, de vous prendre dans ses bras et d’être votre ami !

La bénédiction de l’adoption Dieu est un père, et en Christ, vous êtes adopté dans sa famille. Dans les trente-neuf livres de l’Ancien Testament, Dieu n’est appelé « Père » qu’à quatorze reprises à peine, et à chaque fois, ce mot est impersonnel et fait référence à la nation d’ Israël et pas aux individus. Tout a totalement changé avec Jésus. Il parle de Dieu comme d’un Père plus de soixante fois dans le Nouveau Testament. Personne n’avait jamais prié Dieu ou parlé de lui comme l’a fait JésusChrist, en employant un mot tendre et très informel, comme les petits enfants quand ils appellent leur papa qui les aime (un peu comme mes enfants qui m’appellent « papounet »). Nous appelons Dieu un Père et le salut l’adoption, en suivant l’exemple de Jésus. Charles Spurgeon compare l’adoption de Dieu avec l’adoption humaine : Un homme, quand il adopte un enfant, est parfois attiré par lui en raison de son incroyable beauté, ou de ses bonnes manières et de son caractère de vainqueur. Mais, bienaimés, quand Dieu est passé devant le champ où nous étions couchés, il n’a vu aucune larme dans nos yeux, jusqu’à ce qu’il en ait mis lui-même ; il n’a vu aucun regret en nous, 63


QUI PENSES-TU ÊTRE ? jusqu’à ce qu’il nous donne la repentance ; et nous n’avions aucune beauté en nous qui l’aurait poussé à nous adopter. Au contraire, nous étions tout ce qu’il y a de plus répugnant. « Tu es maudit, sois perdu à jamais » : c’est tout ce à quoi nous aurions pu nous attendre de la part d’un Dieu que nous avons provoqué pendant si longtemps, et dont nous avons terriblement bafoué la majesté. Mais non ! Il a trouvé un enfant rebelle, un enfant sale, effroyable et laid ; il l’a pris dans ses bras et lui a dit : « Bien que tu sois pécheur, tu es beau à mes yeux par mon fils Jésus ; bien que tu sois indigne, je te revêts de sa robe, et dans les habits de ton frère je t’accepte ». Et nous acceptant tels que nous étions, impies et sales, il a fait de nous les siens – ses enfants, pour toujours 46.

La bénédiction de la rédemption En dehors de Christ, nous sommes esclaves du péché (c’est l’expression biblique pour parler de dépendance). L’image de l’esclavage et de la rédemption prend sa source dans le livre de l’ Exode et réapparaît souvent dans tout l’Ancien Testament i. Des millions d’ Hébreux étaient esclaves d’un roi égyptien, appelé « pharaon », qui régnait sur ce qui était à l’époque la nation la plus puissante sur terre. Il était adoré comme un dieu, et maltraitait avec brutalité le peuple qu’il avait assujetti. À plusieurs reprises, le pharaon refusa de se repentir et de relâcher ses esclaves. Alors, Dieu envoya une succession de jugements terribles sur toute la nation. Finalement, la colère de Dieu se répandit sur le fils premier-né de chaque foyer, les tuant tous en une seule nuit. Les seules familles épargnées par ce châtiment étaient celles qui, par la foi, avaient pris un jeune agneau sain, sans tache ni défaut, l’avaient sacrifié (en substitut) et avaient couvert les montants de l’entrée de leur maison avec son sang. En raison du sang de l’agneau, la colère de Dieu survola ces maisons et en fut détournée. Le peuple de Dieu fut sauvé et libéré ; il put quitter l’esclavage et vivre une vie d’adoration pour Dieu (Exode 7 à 12). Tout ceci symbolise le fait que le péché règne sur nous, nous tient en esclavage et nous détruit. Mais Jésus était l’Agneau de Dieu, et son sang a coulé pour que nous soyons épargnés et libérés. Exode 15 : 1-18 ; Deut. 7 : 8 ; 15 : 15 ; 2 Sam. 7 : 23 ; 1 Chr. 17 : 21 ; Ésaïe 51 : 10 ; Michée 6 : 4.

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En Christ, vous êtes racheté. Peu importe ce qui vous a asservi, que ce soit la drogue, l’alcool, la nourriture, le sexe, le jeu, la crainte ou autre : Jésus vous a racheté. Vous n’avez plus à être esclave de ces choses. Jésus est mort pour vos péchés, et grâce à cela, vous pouvez mettre votre péché à mort, vous éloigner de ce qui vous tenait en esclavage, et profiter d’une vie nouvelle pour adorer Dieu librement.

La bénédiction du pardon Quels regrets amers vous hantent ? Quels mots avez-vous prononcés, quelles actions avez-vous faites, quelles motivations avez-vous eues, quels mensonges avez-vous crus, quel mal avezvous causé, quelles personnes avez-vous attristées, quelle honte avez-vous portée ? Qu’avez-vous fait pour tenter d’apaiser votre conscience ? Avez-vous cherché à nier votre péché, à blâmer les autres pour votre péché, à le minimiser, à le cacher, à payer Dieu en retour ou à vous punir ? Vos efforts ont-ils échoué ? En Christ, vous êtes entièrement, complètement et éternellement pardonné. Peu importe ce que vous avez fait ou ce que vous ferez. Jésus est mort pour cela et vit pour tout vous pardonner. Vous êtes pardonné. Dieu ne retient pas votre péché contre vous, il ne va pas vous punir, et il vous aime malgré votre péché.

La bénédiction de la grâce Quand Paul parle de la grâce de Dieu envers nous, il fait référence à ce que les théologiens appellent la grâce commune et la grâce salvatrice. Cette grâce est le déversement de l’amour de Dieu. Dieu aime tout homme avec la grâce commune et son peuple élu avec la grâce salvatrice. La grâce commune de Dieu permet à tous, même à ceux qui le méprisent, de faire des avancées dans des domaines tels que les sciences, la philosophie, la technologie, l’éducation et la médecine. La grâce commune de Dieu alimente aussi l’esprit créatif et permet les arts et la créativité en tous genres. Elle permet aussi aux sociétés de se développer, aux familles d’exister, aux villes d’être construites et aux nations de prospérer (comme en Exode 31 : 2-11 ; 35 : 30-35).

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En plus de la grâce commune que tout le monde reçoit, ceux qui sont en Christ reçoivent également la grâce salvatrice. Comme la grâce commune, la grâce salvatrice a d’innombrables bénéfices pour cette vie. Mais elle génère aussi des bénéfices infinis au-delà de cette vie, ce qui n’est pas le cas de la grâce commune : elle nous réconcilie avec Dieu par Christ, nous libérant pour que nous passions l’éternité en sa présence, saints et sans défaut. Paul parle de la grâce plus que n’importe quel autre auteur biblique ; il l’évoque à quelque cent reprises 47. L’apôtre commence et termine chacune de ses lettres avec la grâce de Dieu. Il illustre ainsi la vérité suivante, en la répétant et en la soulignant : il est impossible d’être en Christ de quelque manière que ce soit, si ce n’est par la grâce de Dieu. En Christ, vous avez la grâce. Vous êtes choisi par grâce, sauvé par grâce, gardé par grâce, pourvu de dons par grâce, qualifié par grâce, mature par grâce et sanctifié par grâce. Vous persévérez par grâce et, un jour, par grâce, vous verrez Jésus face à face, le meilleur ami que vous ayez jamais eu.

La bénédiction du sceau Dans l’Antiquité, les propriétaires apposaient leur sceau sur leurs possessions. En plaçant le Saint-Esprit en nous, Dieu appose son sceau sur nous (Éph. 1 : 13). Nous savons que nous appartenons au Seigneur. Le Saint-Esprit est la première des bénédictions qui font partie de notre héritage puisque nous sommes à Dieu. Il est un avant-goût du royaume qui nous attend mais dont nous jouissons déjà dans cette vie. Ce n’est qu’un début. Réfléchissez un moment aux joies que vous avez éprouvées dans cette vie, en expérimentant la présence de Dieu, en apprenant la Parole de Dieu, en appréciant le peuple de Dieu et en chantant les louanges de Dieu. Considérez à présent que les meilleures journées dans cette vie ne sont qu’un avant-goût de la vie éternelle à venir, une mise en bouche qui éveille notre appétit pour la grande fête.

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À LA LOUANGE DE SA GLOIRE Pourquoi Dieu nous bénit-il ? Est-ce pour nous glorifier ? Ou pour que lui soit glorifié ? Paul enseignait que le but des bénédictions de Dieu est sa gloire. Il écrivait que la bénédiction de Dieu est « à la louange de la gloire de sa grâce » (Éph. 1 : 6 – LSG), répétant à deux reprises « à la louange de sa gloire » (v. 12, 14). Les lignes d’introduction de Paul dans l’épître aux Éphésiens sont en fait une longue prière de louange pour les innombrables bienfaits que nous recevons en Christ ; on y fait souvent référence en parlant de bénédiction. Un commentateur de la Bible explique : « La bénédiction, ou berekah, est la forme de prière juive la plus courante et la plus essentielle à la vie des Juifs, depuis des siècles. Bien avant le premier siècle, les Juifs intégraient de longues bénédictions dans leurs offices et des plus courtes dans leur quotidien ; c’était pour eux un moyen de louer Dieu pour divers dons 48 ». Prier régulièrement des bénédictions comme celles de Paul serait particulièrement avantageux pour notre âme et chaque aspect de notre vie. Prenez-vous un temps où vous ne serez pas interrompu ; demandez au Saint-Esprit de vous rappeler comment Dieu vous a béni, et écrivez-le. En faisant cela, Dieu deviendra plus grand, sa grâce plus riche, et vos difficultés plus petites. Bien sûr, on peut demander à Dieu une bénédiction spécifique ; un enfant a toujours le droit d’adresser des requêtes à son père aimant. Cependant, d’après le modèle de Paul en Éphésiens, nous devrions d’abord prier en remerciant Dieu pour les bénédictions que nous avons déjà avant d’en demander davantage. Chez moi, nous appelons cela « les prières de reconnaissance » : nous notons comment Dieu nous a bénis de différentes manières et pourquoi nous sommes reconnaissants. Écrire les bienfaits de Dieu et y réfléchir, chaque jour ou chaque semaine, vous permettra de rester conscient de l’attention et de l’affection de Dieu à votre égard, et alimentera votre gratitude alors que vous l’adorez en retour. Dans les temps difficiles, vous pourrez relire vos écrits et vous rappeler comment Dieu vous a béni. Et cette trace de la bénédiction divine dans votre vie est le genre de chose que l’on a envie de laisser un jour à ses enfants et 67


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petits-enfants. Imaginez un peu à quel point cela aurait été fantastique si vos parents ou vos grands-parents avaient fait de même avec vous, si vous pouviez lire dans les détails comment Dieu les a bénis tout au long de leur vie ! La bonne nouvelle est qu’il existe un moyen pour que nous vivions tous cette bénédiction. Près de deux mille ans après, nous lisons le récapitulatif de nos bénédictions en Christ, et cette prière nous sert d’exemple que nous pouvons imiter. En Christ, vous êtes béni.

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CHAPITRE CINQ

JE SUIS APPRÉCIÉ C’est pourquoi moi aussi, après avoir entendu parler de votre foi dans le Seigneur Jésus [et de votre amour] pour tous les saints, je ne cesse de dire toute ma reconnaissance pour vous lorsque je fais mention de vous dans mes prières. Je prie que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, vous donne un esprit de sagesse et de révélation qui vous le fasse connaître. Je prie qu’il illumine les yeux de votre cœur pour que vous sachiez quelle est l’espérance qui s’attache à son appel, quelle est la richesse de son glorieux héritage au milieu des saints et quelle est l’infinie grandeur de sa puissance, qui se manifeste avec efficacité par le pouvoir de sa force envers nous qui croyons. Cette puissance, il l’a déployée en Christ quand il l’a ressuscité et l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, audessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute souveraineté et de tout nom qui peut être nommé, non seulement dans le monde présent, mais encore dans le monde à venir. Il a tout mis sous ses pieds et il l’a donné pour chef suprême à l’Église qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous. ÉPHÉSIENS 1 : 15-23

Riches ou pauvres, célèbres ou inconnus, nous souhaitons tous être appréciés. Et quand nous ne nous sentons pas appréciés, ce sentiment peut être dévastateur : il peut nous paralyser et étouffer notre désir d’aller de l’avant. Lorsque nous ressentons cela, nous avons le choix : croyonsnous ce que le monde dit de nous ? Ou croyons-nous ce que Dieu dit de nous ? Ce que nous choisissons de croire peut changer la trajectoire de nos vies de manière radicale. 69


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VOUS ÊTES APPRÉCIÉ Nous vivons dans un monde de plus en plus dur. Chacun semble croire qu’il est plus important que les autres. La prochaine fois que vous serez au volant, que vous quitterez un grand rassemblement ou que vous sortirez d’un avion, notez de quelle façon les gens s’attendent à être traités comme des dieux alors qu’euxmêmes traitent les autres comme des moins que rien. La technologie n’a rien amélioré : plus les gens se montrent cinglants, rudes et critiques, plus ils amassent de fans sur leurs profils en ligne. Nous sommes tous coupables de prendre plus ou moins part à la cruauté de cette culture. Qui d’entre nous ne serait pas jaloux quand les autres réussissent ? Mais bien sûr, nous détestons être l’objet de cette cruauté. Posez-vous cette question : « Que ressent-on quand on vous oublie ? » Êtes-vous frustré quand personne ne vous dit merci pour un travail que vous avez bien accompli ? Êtes-vous fatigué de vous sentir en surcharge de travail et en déficit de reconnaissance ? Êtesvous démoralisé quand vous recevez plus de critiques que d’encouragements ? Vous demandez-vous si toute l’énergie, le temps et l’argent que vous investissez dans l’ Église, le travail et la vie en valent la peine ? Vous demandez-vous si quelqu’un l’apprécie à leur juste mesure ? Si c’est ce que vous ressentez, j’ai une bonne nouvelle pour vous. Dieu vous connaît parfaitement. Il voit les sacrifices que vous faites, les différents domaines dans lesquels vous avez mûri, les personnes que vous servez, les occasions où vous vous montrez généreux et tout l’impact positif qui en ressort. Et il n’y est pas indifférent. Lisez les versets suivants comme si Jésus vous adressait ce message par l’intermédiaire de Paul : C’est pourquoi moi aussi, après avoir entendu parler de votre foi dans le Seigneur Jésus [et de votre amour] pour tous les saints, je ne cesse de dire toute ma reconnaissance pour vous lorsque je fais mention de vous dans mes prières. Éphésiens 1 : 15-16

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Vous êtes apprécié ! Certaines personnes particulièrement religieuses ont les cheveux qui se hérissent à l’idée que le Seigneur apprécie ce que les chrétiens font. Elles ont tendance à transformer une simple reconnaissance en un argument théologique complexe et inutile. Certes, il semble très spirituel de dire que tout est grâce à Dieu et que nous ne méritons aucune gloire, et encore moins de la reconnaissance pour ce que nous faisons. Mais cette idée n’est pas biblique et ne reflète pas ce que nous sommes aux yeux de Dieu. Le fait est que nous sommes « son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions » (Éph. 2 : 10 – LSG). Le mot « ouvrage » employé par Paul fait référence à une œuvre d’art : le poème de Dieu. Comme nous le faisons avec les œuvres d’art, créées par les artistes dans ce monde, nous pouvons nous réjouir, louer et apprécier l’œuvre d’art elle-même tout en reconnaissant le don de l’artiste qui est à l’origine de cette œuvre. Nous sommes bien d’accord : c’est la grâce de Dieu, par la puissance du Saint-Esprit, qui nous permet de jouir d’une vie sainte, obéissante, et de porter beaucoup de bons fruits. Mais Dieu choisit souvent d’œuvrer au travers de personnes qui désirent accomplir sa volonté, obéir à ses commandements, dépendre de sa grâce et être remplies de l’ Esprit. C’est ce que dit Paul : « Mais par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n’a pas été sans résultat. Au contraire, j’ai travaillé plus qu’eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu [qui est] avec moi » (1 Cor. 15 : 10). Nous oublions souvent d’être reconnaissants envers ceux à travers qui Dieu agit, uniquement parce que nous avons ce désir (légitime) de réserver toute la gloire à Dieu. C’est bien dommage. Certes, nous glorifions Dieu lorsque nous le louons pour sa grâce envers nous ; mais nous le glorifions tout autant lorsque nous sommes reconnaissants pour ceux par qui il choisit de nous accorder sa grâce. C’est pourquoi, tout au long d’ Éphésiens, Paul ne fait pas que louer Dieu : il manifeste également sa reconnaissance pour des croyants. En Éphésiens 1 : 15-16, il fait part de son appréciation pour leur « foi dans le Seigneur Jésus » et leur « amour pour tous les 71


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saints », en ajoutant : « Je ne cesse de dire toute ma reconnaissance pour vous ». C’est très clair : nous devons remercier Dieu pour sa fidélité envers son peuple et aussi remercier son peuple pour sa fidélité envers Dieu. L’estime que Paul manifestait envers les gens était incroyablement personnelle. Éphèse (et ses environs) fut la seule cité où Paul avait exercé son ministère pendant une période assez longue (Actes 18 : 19-20 : 1). Juste avant de quitter l’Asie mineure pour Jérusalem, Paul a demandé aux anciens de l’ Église d’ Éphèse de le rejoindre à Milet, une ville voisine, où il a prononcé un long discours émouvant, sachant qu’il ne reviendrait probablement jamais (Actes 20 : 17-35). L’amour et l’estime mutuels entre Paul et les chrétiens d’ Éphèse sont mis en évidence lorsque Paul s’apprête à embarquer et à les quitter : « Tous ont alors fondu en larmes ; ils se jetaient au cou de Paul et l’embrassaient, attristés surtout parce qu’il avait dit qu’ils ne reverraient plus son visage » (Actes 20 : 37-38). C’est cette idée de reconnaissance que Paul exprime dans sa lettre aux Éphésiens. Quand l’apôtre a entendu et vu que ceux-ci continuaient à être fidèles à Jésus et à le servir, il était reconnaissant. Dans un monde où la célébrité, la réputation, l’envie, le ressentiment et la haine étaient la norme, Paul a répondu par la joie et la gratitude. Paul manifeste fréquemment dans ses lettres sa reconnaissance à Dieu et aux autres pour leur service avec amour. Il le fait autant pour de simples individus que pour des Églises tout entières. Lisez les exemples suivants en prenant le temps de vous les approprier, délibérément et personnellement, comme si Paul avait écrit à votre sujet : Tout d’abord, je dis à mon Dieu par Jésus-Christ toute ma reconnaissance au sujet de vous tous. Romains 1 : 8 Je dis constamment à mon Dieu toute ma reconnaissance à votre sujet. 1 Corinthiens 1 : 4 Je dis à mon Dieu ma reconnaissance de tout le souvenir que j’ai de vous. Dans toutes mes prières pour vous tous, je ne cesse d’exprimer ma joie à cause de la part que vous prenez à

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JE SUIS APPRÉCIÉ l’Évangile depuis le premier jour jusqu’à maintenant. Philippiens 1 : 3-5 Nous disons constamment toute notre reconnaissance à Dieu, le Père et notre Seigneur Jésus-Christ, lorsque nous prions pour vous. Colossiens 1 : 3 Nous disons constamment à Dieu toute notre reconnaissance pour vous tous en faisant mention de vous dans nos prières. Nous nous rappelons sans cesse l’œuvre de votre foi, le travail de votre amour et la fermeté de votre espérance en notre Seigneur Jésus-Christ, devant Dieu notre Père. 1 Thessaloniciens 1 : 2-3 En effet, quelle est notre espérance, ou notre joie, ou notre couronne de gloire ? N’est-ce pas vous aussi, devant notre Seigneur Jésus, lors de son retour ? Oui, vous êtes notre gloire et notre joie. 1 Thessaloniciens 2 : 19-20 Comment exprimer en retour toute notre reconnaissance à Dieu à votre sujet pour toute la joie que nous éprouvons à cause de vous devant notre Dieu ? Nuit et jour, nous le prions avec beaucoup d’insistance de nous permettre de vous revoir et de compléter ce qui manque à votre foi. 1 Thessaloniciens 3 : 9-10 Frères et sœurs, nous devons constamment dire à Dieu toute notre reconnaissance à votre sujet, et cela est juste, parce que votre foi fait de grands progrès et que l’amour mutuel que vous vous portez tous augmente de plus en plus. 2 Thessaloniciens 1 : 3 Nous devons constamment dire à Dieu toute notre reconnaissance à votre sujet. 2 Thessaloniciens 2 : 13 Je suis reconnaissant envers Dieu – que je sers, à l’exemple de mes ancêtres, avec une conscience pure – lorsque sans cesse, nuit et jour, je me souviens de toi dans mes prières. Je me rappelle tes larmes et je désire te voir afin d’être rempli de joie. 2 Timothée 1 : 3-4 Je dis constamment à mon Dieu toute ma reconnaissance en faisant mention de toi dans mes prières, car j’entends parler de ta foi dans le Seigneur Jésus et de ton amour pour tous les saints. Philippiens 4 à 5 73


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Paul était profondément conscient que Dieu connaissait tout de ses souffrances ou de son service. Il se savait réellement apprécié. C’est ce qui lui permettait d’aller de l’avant malgré les critiques sévères, l’exil solitaire et l’opposition acharnée. C’est ce qui le rendait si reconnaissant pour les chrétiens qui servaient avec un cœur bien disposé. C’est aussi ce qui le poussait à les encourager en leur rappelant souvent à quel point Dieu et lui-même les appréciaient.

Les gens qui se savent appréciés troquent les plaintes pour la prière Quand nous avons l’impression que les gens nous abandonnent, qu’ils tirent profit de nous ou nous traitent avec indifférence, nous pouvons facilement tomber dans l’apitoiement. La Bible est claire à ce sujet : se plaindre est un péché i. Mais comment cesser de nous plaindre ? Devons-nous simplement ravaler notre frustration, prétendre être heureux et feindre la joie ? Non. Au contraire, nous devons arrêter de rechercher l’appréciation auprès des hommes et commencer à la chercher auprès de Jésus. Jésus était loin d’être apprécié ; au contraire, il a été insulté, abandonné et assassiné. La foule ne criait pas : « Remerciez-le ! » Elle criait plutôt : « Crucifiez-le ! » Pourtant, au lieu de se plaindre, Jésus a passé son temps à prier – dans le jardin de Gethsémané avant d’être arrêté, et sur la croix alors qu’il était en train de mourir. Il n’a pas prié uniquement pour lui, mais aussi pour ceux qui le haïssaient, demandant : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23 : 34). Jésus a supporté cela parce qu’il savait qu’il accomplissait la volonté de son Père. Il savait que le Père prenait plaisir en lui et appréciait son obéissance. Il s’est accroché à ces mots que le Père a prononcés lors de son baptême : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute mon approbation » (Matt. 3 : 17). En Christ, vous avez, vous aussi, toute l’approbation de Dieu. Vous jouissez désormais de la justice de Christ comme si c’était la vôtre. En Christ, votre obéissance à sa Parole et à sa volonté est pleinement appréciée par le Père.

Jac. 5 : 9 ; Jude 1 : 16-19 ; 1 Pi. 4 : 9.

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Quand Paul remerciait les gens, il mentionnait ses prières pour eux. Les Églises auxquelles Paul écrivait faisaient face à des situations et des personnes difficiles. Mais au lieu de se plaindre de la laideur, l’apôtre mettait en avant la beauté, et il priait pour qu’ils continuent à connaître Dieu et à ressembler à Jésus. Qu’en est-il pour vous ? Quand vous êtes frustré ou contrarié, ou quand vous ne vous sentez pas apprécié, réagissez-vous en vous plaignant ou en priant ? Repensez à quelques exemples de votre vie : la situation n’a-t-elle pas bien souvent empiré à cause de vos plaintes ? Et si vous troquiez les plaintes pour la prière ? Quand nous prions, nous nous tournons vers Dieu au lieu de bougonner contre les autres. En priant, nous invitons Dieu à nous venir à aide, à garder nos cœurs de l’amertume et de la colère, et à changer non seulement nos circonstances extérieures, mais aussi notre cœur. Si vous ne le faites pas déjà, commencez à prier pour les autres dès aujourd’ hui.

Les gens qui se savent appréciés troquent la compétition pour les félicitations Lorsque nous ne sommes pas appréciés à notre juste valeur, nous avons tendance à développer un esprit malsain de compétition. Bien sûr, il existe une sorte de rivalité saine dans laquelle nous nous incitons « à l’amour et à de belles œuvres » (Héb. 10 : 24), et cherchons à nous motiver l’un l’autre dans l’amour à être plus fidèle et à porter plus de fruit, pour la gloire de Dieu et le bien des autres. Mais bien souvent, notre esprit de compétition n’est pas tourné vers Dieu et n’a rien de bienveillant. Au contraire, nous cherchons principalement à démontrer notre supériorité par rapport aux autres. Nous cherchons à les dépasser pour atteindre pouvoir, position, louange ou prestige. Lorsque cet esprit de compétition nous motive, même ce que nous faisons pour Dieu ne l’ honore pas. La compétition spirituelle prend une tournure sordide quand nous luttons contre les autres pour les écraser plutôt que de lutter ensemble pour ressembler davantage à Christ. Nous devenons jaloux des autres, nous parlons d’eux en mal, nous les calomnions, nous doutons de leurs motiva-

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tions ; notre obsession est de les écraser, et s’ils échouent ou s’ils sont humiliés, nous nous en réjouissons. Savoir que Dieu nous apprécie est libérateur : nous ne cherchons plus la compétition avec les autres. Au contraire, nous fêtons leurs réussites. Voilà exactement ce que Paul nous montre en Éphésiens 1 : 15-16 : « C’est pourquoi moi aussi, après avoir entendu parler de votre foi dans le Seigneur Jésus [et de votre amour] pour tous les saints, je ne cesse de dire toute ma reconnaissance pour vous ». Paul ne compare pas leurs œuvres aux siennes et ne fait même aucune mention de ses nombreuses réussites. Il célèbre plutôt les manifestations de la grâce de Dieu dans leur vie. Qu’en est-il pour vous ? Fêtez-vous la réussite des autres ? Si vous compreniez que, parce que vous êtes en Christ, Dieu prend plaisir en vous, en quoi cela vous aiderait-il à faire de même pour les autres ? Comme pour cette personne avec qui vous vous êtes mesuré à tort. Comment pouvez-vous le faire concrètement ? Commencez dès aujourd’ hui à fêter le succès et les progrès de ceux qui vous entourent.

Les gens qui se savent appréciés troquent l’amertume pour la gratitude Lorsque nous oublions que Dieu nous apprécie et ne nous sentons pas appréciés par ceux qui nous entourent, nous pouvons devenir amers à la fois envers les gens et envers Dieu. Certaines personnes remplies d’amertume arrêtent carrément de servir. Elles abandonnent, tout simplement : « Puisque personne n’apprécie mon travail, pourquoi continuer ? » Ou bien : « Si les gens ne sont pas reconnaissants, ils n’ont qu’à le faire euxmêmes ! » D’autres continuent à servir, mais avec un esprit grincheux. Ils disent à qui veut l’entendre à quel point leur tâche est difficile, à quel point ils doivent travailler dur. En fait, ils mendient quelques compliments. Dieu apprécie toute bonne chose que chacun de ses enfants accomplit par la puissance du Saint-Esprit. En Christ, Dieu approuve ce que vous faites. Cette vérité vous permet de troquer l’amertume pour la gratitude. Paul en montre l’exemple : « Je ne 76


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cesse de dire toute ma reconnaissance pour vous » (Éph. 1 : 16). Les gens qui se savent bien appréciés peuvent être reconnaissants pour la grâce de Dieu tant dans leur vie que dans la vie des autres. Êtes-vous amer à l’égard de Dieu ou de quelqu’un d’autre qui aurait des dons, des possibilités, des bénédictions ou des fruits que vous convoitez ? Cette amertume a-t-elle aigri votre âme et affecté négativement votre relation avec Jésus et avec les autres ? Comment le fait de savoir que Dieu vous apprécie peut-il vous libérer du mensonge qui nie cette vérité ? Commencez à être reconnaissant pour votre entourage dès aujourd’ hui.

Les gens qui se savent appréciés troquent la recherche de la performance pour la joie du service Tout au long du ministère de Jésus sur terre, les disciples argumentaient pour déterminer lequel d’entre eux était le plus grand i. Au lieu de les reprendre, Jésus a simplement réorienté leurs aspirations en leur expliquant qu’il valait mieux chercher à devenir de grands serviteurs. Jésus lui-même est venu sur la terre comme un humble serviteur ii. Dans le royaume de Dieu, où toutes nos valeurs sont renversées, la grandeur n’est pas déterminée par le nombre de personnes qui vous servent, mais par le nombre de personnes que vous servez. C’est ce que voulait dire Jésus quand il a déclaré : « Si quelqu’un veut être grand parmi vous, il sera votre serviteur » (Marc 10 : 43). Ceci explique également pourquoi Jésus est la personne la plus importante que la terre ait jamais connue : il « est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup » (Marc 10 : 45). Suivant l’exemple de son Maître, Paul parle aussi de lui-même comme d’un serviteur (1 Cor. 4 : 1 ; 9 : 19). Savoir que Dieu nous approuve nous permet de troquer notre désir de performance pour un désir de service. La performance a pour but d’être vu et approuvé des autres. Le service est accompli dans l’assurance que Dieu voit et approuve, peu importe ce qu’en pensent les gens. Dans un contexte de performance, nous sommes Matt. 18 : 1-6 ; Marc 9 : 33-37 ; 10 : 35-45 ; Luc 9 : 46-48 ; 22 : 24-30. Ésaïe 42 : 1-4 ; 49 : 1-7 ; 52 : 13-53 : 12 ; Phil. 2 : 1-11.

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esclaves de l’opinion des autres, incapables de dire non, et facilement surchargés. Dans un contexte de service, nous sommes libres de faire ce que Dieu veut, en disant non quand il le faut. La performance nous pousse au perfectionnisme, à tout faire pour que les autres nous applaudissent. Le service nous permet de faire de notre mieux, sachant que Dieu nous apprécie sans que cela ne dépende de nos performances. Dans un contexte de performance, nous nous concentrons sur les « grandes » choses et ne faisons que ce qui est bien visible ou important. Dans un contexte de service, nous accomplissons même les tâches ingrates, simples et humbles (les « petites choses »), sachant que le charpentier juif que nous adorons apprécie autant les petites que les grandes tâches. Paul démontre cela en servant dans l’amour ses lecteurs, nous y compris. Qu’en est-il pour vous ? Êtes-vous plus enclin à la performance… ou au service ? Si vous saviez avec certitude que Dieu apprécie vos actions, seriez-vous libéré de la pression qu’engendre la performance pour découvrir la satisfaction du service ? Commencez à servir votre entourage dès aujourd’ hui.

Les gens qui se savent appréciés troquent la vantardise pour les encouragements Il y a quelques années, nous avons organisé une série de conférences dans notre Église. À la fin de la première journée, de nombreux bénévoles et membres du staff étaient en train de parler de l’un des orateurs. Tous parlaient, non pas de sa prédication, mais de sa manière de leur montrer son appréciation. Ils se sentaient tellement aimés et encouragés par lui qu’ils avaient envie de travailler dur et de servir fidèlement ceux qui participaient aux conférences. Le lendemain, j’ai discrètement suivi l’orateur à distance pour voir comment il opérait. Ce dont j’ai été témoin était à la fois simple et puissant. Il manifestait un intérêt réel pour chaque personne qui servait et pour ce qu’elle faisait. Il prenait du temps avec chacun de ceux qui servaient lors de l’événement. Il les regardait dans les yeux, les remerciait avec sincérité, et les encourageait en leur expliquant à quel point leur travail était utile et à quel point il appréciait leur service. Il était sincère. Il était attentif à la façon dont chacun servait, dans 78


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les moindres détails. Pas étonnant qu’ils l’aimaient autant ! Encore aujourd’ hui, ces personnes se rappellent de lui affectueusement. Ceux qui ne se sentent pas bien appréciés risquent de se vanter pour essayer de gagner l’estime des autres. C’est un chemin dangereux et malsain ; il éloigne de la sainteté et du bonheur. Notre besoin de faire connaître à d’autres nos exploits, du passé ou d’aujourd’ hui, peut virer à l’obsession. Au point d’exagérer les faits, voire de mentir ; tout cela pour impressionner les autres et se sentir appréciés. Nous espérons en fait que quand les gens entendront parler de nos exploits ou de nos sacrifices, ils seront reconnaissants et manifesteront leur appréciation. Mais au lieu de cela, la plupart des gens trouvent les vantards assommants, arrogants et repoussants. Pourquoi ? Parce que lorsqu’une personne en manque de reconnaissance se vante devant une autre personne en manque de reconnaissance, il n’en résulte pas de l’estime mutuelle… mais de la jalousie ! Lorsque nous recevons la conviction que Dieu apprécie notre service, nous pouvons arrêter de nous vanter et commencer à encourager. Quand nous nous vantons, nous nous servons des autres pour gagner leur estime. Quand nous nous savons appréciés de Dieu, nous pouvons alors aimer les gens et leur dire comment Dieu et nous-mêmes les apprécions. Paul a montré cela en encourageant les gens et en les remerciant pour ce qu’ils avaient fait par la grâce de Dieu, au lieu de se vanter de ses nombreuses réussites. Notre orateur avait la même mentalité ; cela a tout changé pour nos bénévoles, et moi, j’ai appris une grande leçon.

COMMENT SAVOIR SI NOUS CROYONS RÉELLEMENT QUE DIEU NOUS APPRÉCIE ? Le mieux, c’est encore d’observer notre vie de prière. Au sens le plus général du terme, la prière permet de communiquer avec Dieu. Elle peut être audible (Dieu entend nos paroles) ou silencieuse (Dieu connaît nos pensées). La prière peut comprendre le chant, l’écriture d’un journal ou de lettres. La prière est le premier moyen d’entrer en relation avec Dieu, et tout comme la communi79


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cation est la clé des relations entre personnes, la prière est essentielle dans notre relation avec Dieu. Ceux qui se savent appréciés de Dieu prient souvent. Et différemment. Ils prient souvent parce qu’ils ont conscience de l’œuvre de Dieu dans la vie des autres, et cela leur donne plus de matière à prier. Ils prient aussi différemment parce qu’ils sont concentrés sur les gens et leurs besoins ; ils sont reconnaissants pour l’œuvre du peuple de Dieu au lieu de se concentrer sur leurs propres besoins. Ceci explique pourquoi la moitié de la lettre aux Éphésiens est composée de prières : « Éphésiens est un livre de prière. C’est littéralement un livre de prière. Vous rendez-vous compte que près de la moitié de l’épître aux Éphésiens tourne autour de la prière ? Rapports de prière, requêtes de prière et invitations à la prière… même des esquisses de prières que Paul a priées pour les chrétiens d’ Éphèse, pour vous, pour moi 49 ». On trouve un exemple en Éphésiens 1 : 15-23, où Paul prie tout simplement pour que les chrétiens qui connaissaient déjà Dieu, qui ont bénéficié d’un bon enseignement biblique (Paul, Timothée, Jean et Luc ont tous enseigné à Éphèse) et ont joui d’un ministère florissant, apprennent à connaître Dieu davantage. Un pasteur et enseignant biblique a dit : Nous pourrions très bien demander : — Que veux-tu dire, Paul, quand tu pries pour que les Éphésiens puissent mieux connaître Dieu ? Tu leur as déjà enseigné toutes ces choses. Veux-tu dire par là qu’ils ne les connaissent pas ? Ou qu’il reste une information cachée, ésotérique à découvrir ? Paul répondrait : — Non. Vous m’avez mal compris. Je ne prie pas pour que les Éphésiens en apprennent plus sur Dieu (bien qu’ils auraient certainement encore beaucoup à apprendre), mais plutôt pour qu’ils le connaissent lui. Connaître Dieu et avoir des connaissances à son sujet sont deux choses bien différentes 50.

Ma femme, Grace, et moi-même sommes sortis ensemble pour la première fois le 12 mars 1988. Depuis cette première fois 80


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ensemble, je l’ai connue, mais j’apprends encore chaque jour à mieux la connaître… et ce sera le cas jusqu’à la fin de ma vie. Il en va de même à un degré encore plus important de notre relation avec le Dieu infini de la Bible. Il nous connaît intimement et parfaitement. Quant à nous, nous avons toujours plus à apprendre à son sujet alors que nous apprenons à le connaître, lui. Notre relation avec Dieu doit être entretenue continuellement. En parlant de service, y a-t-il quelqu’un dans votre vie qui vous ait déjà servi comme Paul servait l’ Église d’ Éphèse ? Y a-til quelqu’un qui vous apprécie, vous encourage, vous enseigne et prie pour vous ? Si c’est le cas, vous pourriez lui retourner la faveur en lui exprimant votre gratitude et en lui parlant des prières de reconnaissance que vous faites monter à Dieu à son égard. Si personne ne vous encourage ainsi, recevez comme vous étant destinée l’appréciation positive que Paul adresse aux Éphésiens ainsi que sa prière encourageante. Apprenez-les par cœur, affichez-les chez vous, et portez-les dans votre cœur. Vous êtes apprécié en Christ. Pour finir, engagez-vous, par la grâce de Dieu, à être une personne qui exprime sa reconnaissance aux autres. Avec votre famille, vos amis, vos collègues, efforcez-vous de faire davantage de dépôts sur le compte des encouragements que vous ne faites de retraits sur le compte de la critique. À qui Dieu veut-il que vous exprimiez votre appréciation ? De quelle manière cette personne a-t-elle été d’une grande aide pour vous ou pour d’autres ? En quoi sa vie vous encourage-t-elle ? Quelle est la manière la plus efficace d’exprimer votre appréciation envers cette personne ? Comme Paul l’a fait, vous pourriez mettre par écrit votre gratitude, y partager une prière de reconnaissance à Dieu pour elle et inclure de quelle manière vous demandez à Dieu de lui venir en aide. Une telle lettre serait un cadeau, probablement un de ceux que cette personne conserverait précieusement pendant des années. Un peu comme la lettre de Paul aux Éphésiens, que nous ouvrons encore aujourd’ hui, deux mille ans après sa rédaction. Voilà la puissance de l’appréciation !

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