Exode, mission impossible • Frère André

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Frère André

EXODE, MISSION IMPOSSIBLE

Frère André

Pour répondre à cette question, Frère André médite sur le livre de l’Exode et la mission que Dieu confie à Moïse. Une mission humainement irréalisable que Moïse mènera à bien. Est-ce un surhomme ? Loin de là ! Mais sa disposition de cœur fait toute la différence : il obéit entièrement à Dieu. Il voit même sa foi grandir au sein de l’épreuve. La vie de Moïse démontre qu’il n’y a aucune limite à la façon dont Dieu peut utiliser ceux qui se soumettent courageusement à lui. Trois principes ressortent des méditations de l’auteur. Trois étapes déterminantes, bouleversantes pour suivre le modèle de Moïse, l’homme des missions impossibles. Comme lui, soyez prêt à rencontrer Dieu, à lui faire confiance dans les pires difficultés et, finalement, à le connaître davantage !

Frère André est le fondateur de Portes Ouvertes. Ce missionnaire néerlandais est passionnément engagé auprès des chrétiens persécutés, en particulier dans les pays communistes et le monde musulman. Il est l’auteur de plus d’une vingtaine de livres, dont Le contrebandier, bestseller traduit en 30 langues. Il est marié et père de cinq enfants.

ISBN 978-2-36249-318-8

ISBN 978-2-9513368-1-0

9 782362 493188

9 782951 336810

12,00 €

E XODE , MIS SION IMP OS SIBLE

Pourquoi Dieu nous place-t-il dans des situations insurmontables ?

EXODE, MISSION IMPOSSIBLE TRIOMPHEZ CONTRE TOUTE ATTENTE !



EXODE, MISSION IMPOSSIBLE



Frère André

EXODE, MISSION IMPOSSIBLE TRIOMPHEZ CONTRE TOUTE ATTENTE !


Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : The Exodus mandate : Moses reveals how you can accomplish the impossible Frère André et Al Janssen © 2014 • Open Doors International P.O. Box 27001 • Santa Ana, CA 92799 • USA www.OpenDoors.org Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés. Édition en langue française : Exode, mission impossible : Triomphez contre toute attente ! Frère André et Al Janssen © 2015 • BLF Éditions • www.blfeditions.com Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Une coédition BLF Éditions et Portes Ouvertes Traduction : Alain Bouffartigues Couverture et mise en page : Visu’elle Création et BLF Éditions Impression n° XXXXX • IMEAF • 26160 La Bégude de Mazenc Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version Segond 21 Copyright © 2007 Société biblique de Genève. Les caractères italiques sont ajoutés par l’auteur du présent ouvrage. Les autres versions sont indiquées en toutes lettres sauf la Bible en français courant (BFC), Parole de vie (PDV), la Nouvelle Bible Segond (NBS), la Traduction œcuménique de la Bible (TOB), la New living translation (NLT). Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Coédition BLF Éditions ISBN 978-2-36249-318-8 broché ISBN 978-2-36249-319-5 numérique Coédition Portes Ouvertes ISBN 978-2-9513368-1-0 broché

Dépôt légal 4e trimestre 2015 Index Dewey (CDD) : 222.12 Mots-clés : 1. Bible. Ancien Testament. Pentateuque. Exode. 2. Commentaire. Méditations. 3. Obéissance. Courage.


Table des matières Introduction............................................................................. 9 Première partie Faisons la connaissance de Yahvé 1. Une foi insoumise.............................................................. 15 2. Le sauvetage d’un beau bébé.............................................19 3. Une décision qui détermine toute une vie.......................23 4. Une question de principe...................................................27 5. Faire le bien a un coût........................................................ 31 6. Nous avons besoin d’une famille...................................... 35 7. Une formation en « brebiologie »..................................... 39 8. La rencontre avec le feu......................................................43 9. Partager les fardeaux de Dieu........................................... 47 10. Une expérience personnelle de buisson ardent............... 51 11. Le mandat de l’exode.......................................................... 55 12. Tu n’es pas seul !.................................................................57 13. L’importance du nom.........................................................61 14. Parlons-nous !..................................................................... 65


Deuxième partie Suis les instructions de Yahvé 15. Les outils nécessaires......................................................... 71 16. Si tu ne veux pas y aller, qui enverrai-je ?..........................75 17. Les buissons ardents d’aujourd’hui................................. 79 18. L’obéissance et ses conséquences......................................83 19. Des débuts encourageants................................................ 87 20. Ne vous attendez pas à des compliments.........................91 21. Où trouver la confiance ?................................................... 95 22. Comment faire pour « être Dieu »....................................99 23. La suite de l’histoire..........................................................103 24. Le secret pour accomplir l’impossible.............................107 25. La guerre est déclarée !.................................................... 109 26. Le moment de faire un choix............................................113 27. Impossible de s’en sortir sans un miracle.......................117 28. Ne vous contentez pas de prier, agissez !........................ 121 29. Et maintenant, dans quelle direction ?............................ 125

Troisième partie La rencontre avec Yahvé 30. Un message direct de la part de Dieu..............................131 31. Où est le problème ?..........................................................133 32. Ne soyez pas si impatients !............................................. 137 33. Un chef catastrophique.................................................... 141 34. Une proposition que Moïse ne peut refuser................... 145 35. Une proposition que Moïse doit refuser........................ 149 36. Pourquoi implorer Dieu ?..................................................153 37. Dieu peut-il vraiment changer d’avis ?.............................155


38. Et maintenant ?.................................................................159 39. Une proposition radicale..................................................163 40. La prière la plus audacieuse de l’histoire........................165 41. Pourquoi Dieu écoute...................................................... 169 42. Une relation plus profonde.............................................. 173 43. Face-à-face avec le Tout-Puissant..................................... 177 44. Une demande audacieuse................................................ 181 45. Une demande encore plus osée....................................... 185 46. Un désir irrépressible...................................................... 189 47. Les versets les plus importants de la Bible.....................193 48. Une histoire de témoignage.............................................197 49. Une fin décevante.............................................................201 50. L’entrée de Moïse en terre promise................................ 205

Épilogue : L’heure du choix..............................................209 Notes...................................................................................... 213



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Introduction L’histoire d’Israël s’articule autour d’un homme en particulier : en effet, sans Moïse, ni l’existence d’Israël, ni la réalité de l’alliance ne pourraient se concevoir. Sa foi, sa détermination, son courage, et surtout ses prières, ont fait toute la différence. Et son parcours l’a amené à connaître Dieu de façon plus intime que n’importe quel autre personnage de l’Ancien Testament. La détermination de Moïse est stupéfiante. Il s’est senti tellement poussé à intercéder pour les Hébreux qu’il a jeûné pendant quarante jours. Et cela, non pas une fois, mais deux, en s’interrompant à peine entre les deux. Il a failli y laisser sa peau, mais peu lui importait : il était quasiment prêt à tous les sacrifices pour obtenir le salut de son peuple. Voilà pourquoi l’auteur de l’épître aux Hébreux a pu écrire que Moïse estimait qu’il valait mieux souffrir pour le Christ que de posséder les trésors de l’Égypte (Hébreux 11 : 26). Bien que ne connaissant pas le Christ, Moïse avait saisi l’Esprit de notre Sauveur. Jésus a même affirmé avec force aux chefs religieux des Juifs que Moïse avait écrit à son sujet : « Celui qui vous accuse, c’est Moïse, celui en qui vous avez mis votre espérance. En effet, si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, puisqu’il a écrit à mon sujet » (Jean 5 : 45-46). Si Jésus élève ainsi Moïse pour notre édification, nous serions bien inspirés d’examiner sa vie. Nous ne comprendrons jamais vraiment qui est le Christ si nous ne prenons pas au sérieux la parole du Christ. Jésus


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a dit que quiconque veut être son disciple doit renoncer à lui-même, se charger de sa croix et le suivre. D’une certaine manière, Moïse a appris cette vérité et l’a mise en pratique de la façon la plus spectaculaire qui soit. Son engagement envers Dieu était si fort et son identification avec son peuple telle que c’est sa propre vie, et même son destin éternel, qu’il a mis en jeu. Si vous voulez vraiment connaître tous les bienfaits de la foi, Moïse est un guide idéal. Évidemment, vous vous considérez sans doute incapable de suivre l’exemple de Moïse. N’en soyez pas si sûr. Dieu aime nous placer dans des situations impossibles. Plus les enjeux sont grands, plus nous voyons son implication et découvrons sa nature. Avez-vous déjà pensé au fait que le sort de tout un groupe de personnes peut dépendre d’une seule décision de votre part ? Moïse n’aurait jamais imaginé que la simple réaction spontanée qu’il avait eue en répondant oui aux Hébreux lui coûterait quarante ans de solitude passés dans le désert à garder des moutons. Et pourtant, c’est à la suite de cette seule décision que Dieu a donné à Moïse une mission tout à fait saugrenue (humainement parlant) – que nous avons appelée le « Mandat de l’Exode* ». Puis Dieu a donné à Moïse toutes les ressources dont il avait besoin pour accomplir sa mission. Réfléchissez un instant à tous ceux qui sont perdus aujourd’hui dans le monde. Par exemple, pensez au 1,5 milliard de musulmans. Peut-être que leur sort est entre nos mains, ou entre les vôtres. Cette remarque n’est pas du tout destinée à culpabiliser l’un ou l’autre d’entre nous ; elle est simplement là pour nous faire réfléchir. Nous devons réfléchir, faire des choix et prier, puis être prêts à répondre à l’appel de Dieu. En effet, une fois que nous avons pris conscience de la compassion qu’il a pour le monde, Dieu aime nous confier des missions impossibles. Il n’a pas prévu pour vous une vie en toute sécu Le titre original reprend cette expression : The Exodus mandate (NDÉ).

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Introduction

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rité. Il est même possible que sa volonté soit que vous sauviez des gens. Moïse va vous montrer comment faire. En choisissant de s’identifier au peuple de Dieu, Moïse a sacrifié sa famille, son confort et ses biens. Pendant quarante ans, sa décision paraissait stupide, sa vie gâchée. Mais ce n’était pas le cas. Moïse ne le savait pas, mais il était en train d’être formé. Dieu le préparait en vue d’une mission exceptionnelle. Avez-vous déjà pensé que Dieu vous prépare peut-être à une mission exceptionnelle ? Une mission que vous ne pourrez jamais accomplir sans laisser Dieu tout prendre en main ! Nombreux sont ceux qui ont écrit au sujet de Moïse et examiné sa vie de façon bien plus approfondie que nous n’allons le faire ici. En ce qui nous concerne, nous allons nous intéresser avant tout aux raisons pour lesquelles Moïse s’est montré aussi absolu dans ses choix. Nous allons voir comment Dieu a pu l’utiliser pour sauver deux à trois millions de personnes. Et nous allons essayer de comprendre comment nous pouvons suivre son exemple. Juste une remarque avant de commencer : à la fin de chaque méditation, vous trouverez une question ou deux sous l’intitulé « Pour poursuivre la réflexion ». Gardez une trace écrite de vos réponses. Après tout, nous n’aurions jamais eu connaissance de ces formidables histoires vécues par Moïse s’il n’avait pas tenu un « journal » ! Le fait de noter vos réflexions vous permettra de revenir en arrière et de voir ce que Dieu vous enseigne. Et un jour… qui sait l’importance que cela aura peut-être pour des proches ou d’autres personnes ? Moïse fait preuve d’une puissance dont nous avons terriblement besoin aujourd’hui. Eh bien, figurez-vous que vous pouvez bénéficier de la même puissance ! Mais cela ne se fera pas sans sacrifices. Allons donc à la rencontre de Moïse afin de découvrir quel est ce prix à payer.



Première

partie

Faisons la connaissance de YahvĂŠ



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Chapitre

un

Une foi insoumise « Mais les sages-femmes avaient la crainte de Dieu et elles ne firent pas ce que leur avait dit le roi d’Égypte : elles laissèrent vivre les enfants. » (Exode 1 : 17)

Notre aventure commence par un acte d’insoumission. Craignant Dieu, deux femmes du nom de Shiphra et Pua ont refusé d’obéir à un ordre du roi qui était on ne peut plus clair. Mais leur rébellion était tout à fait légitime. Et c’est la résistance à l’injustice qui a fécondé le caractère et la foi de Moïse. Quelle était la situation ? Les Hébreux se multipliaient et leur nombre représentait une menace grandissante pour l’Égypte. Le roi d’Égypte, qui ne connaissait pas l’histoire de son pays (la façon dont Joseph avait servi un de ses arrière-arrièrearrière-grands-pères et sauvé la nation), a simplement observé les faits et il est parti du principe que si la guerre éclate, ces gens s’allieront avec nos ennemis. Par conséquent, il est préférable de frapper en premier et de les soumettre. Mieux : faisons-les travailler pour nous ; c’est une main-d’œuvre inexploitée ! L’idée semblait bonne, mais elle a produit l’effet inverse. Les Égyptiens ont forcé les Israélites à travailler dans les champs, à fabriquer des briques et à préparer du mortier, de manière à pouvoir réaliser leurs ambitieux programmes de construction.


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Une ville entière (Ramsès) a ainsi été bâtie en exploitant la main-d’œuvre bon marché représentée par les Hébreux. Cependant, l’esclavage des Hébreux n’a nullement bénéficié à la sécurité de l’Égypte : « Mais plus on les opprimait, plus ils devenaient nombreux et plus ils prenaient de place, si bien qu’on les redoutait » (Exode 1 : 12 – BFC). Et comme le font tous les gouvernements répressifs, le pharaon a réagi en augmentant l’oppression. Des méthodes injustes produisent rarement l’effet recherché à long terme. Quand la répression mise en place par les pouvoirs publics échoue, la tendance consiste à augmenter l’injustice plutôt qu’à apporter une réponse aux vrais problèmes. La solution « géniale » du pharaon était de porter un coup d’arrêt à la croissance de la population étrangère. C’est ainsi que Shiphra et Pua, qui étaient au service des femmes israélites en qualité de sages-femmes, ont reçu l’ordre de tuer tous les nouveau-nés de sexe masculin. Mais les deux femmes ont refusé d’obéir à cet ordre. Convoquées pour s’expliquer, elles ont habilement éludé les accusations (v. 18-21). Ces sages-femmes n’avaient peut-être pas conscience de la façon dont Dieu les utilisait, mais elles ont su instinctivement ce qui était juste et ont agi en conséquence. L’Écriture nous demande de nous soumettre aux autorités en place. C’est un commandement valable… la plupart du temps. Toutefois, quand on craint Dieu, il arrive parfois qu’on doive résister au gouvernement des hommes et s’en remettre à une autorité supérieure. Le gouvernement terrestre a été instauré pour protéger les bons et punir les méchants (cf. Romains 13 : 3). Quand les pouvoirs publics protègent les méchants et punissent les bons, il convient peut-être de remettre en cause notre soumission aux autorités. Cette attitude engendre alors la persécution au nom de la justice. En ce qui me concerne (André), j’ai dû faire face à ce dilemme peu de temps après la publication de mon livre


Une foi insoumise

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Le Contrebandier. On me demandait alors : « L’introduction clandestine de Bibles dans les pays de l’Est, n’était-ce pas un acte de rébellion contre les autorités mises en place par Dieu ? » Euh… oui, certes ! Il m’a donc fallu défendre mon action d’un point de vue biblique, ce qui a donné lieu à la publication d’un deuxième livre intitulé Morale et contrebande1. L’histoire de l’Église a souvent été marquée par des actes de rébellion. Par exemple, dans de nombreux pays musulmans, la conversion au christianisme est illégale. Et pourtant, des centaines de milliers de citoyens enfreignent la loi et deviennent des disciples de Jésus. Mais ce phénomène n’est pas nouveau : il a débuté à l’époque des Actes, lorsque les autorités juives ont arrêté Pierre et Jean, avant de leur ordonner de ne plus parler ni enseigner au nom de Jésus. Voyez quelle a été leur réponse : « Est-il juste, devant Dieu, de vous écouter, vous, plutôt que Dieu ? Jugez-en vous-mêmes. Quant à nous, nous ne pouvons pas ne pas annoncer ce que nous avons vu et entendu » (Actes 4 : 19-20). Les apôtres ont donc continué à faire ce que Jésus leur avait commandé : aller dans le monde entier pour proclamer l’Évangile. Il fallait du courage pour cela et ils en ont payé le prix. Ils avaient constamment des ennuis avec les autorités. Beaucoup y ont laissé leur vie. Et beaucoup y laissent leur vie aujourd’hui encore.

P O U R PO UR SUIVR E LA RÉFL EXION Avez-vous dans votre famille ou votre entourage des exemples de foi semblables à ceux de Shiphra et Pua, ou à ceux des apôtres dans le livre des Actes ? Si oui, essayez de repenser à un acte de foi qui a été ou qui pourrait être une source d’inspiration pour vous.



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Chapitre

deux

Le sauvetage d’un beau bébé « C’est par la foi que Moïse, à sa naissance, a été caché pendant trois mois par ses parents. Ils […] n’ont pas eu peur de l’ordre du roi. » (Hébreux 11 : 23)

Voyant que les sages-femmes se rebellaient et refusaient de collaborer avec sa politique cruelle, le pharaon a mis en œuvre son « plan B ». Il a demandé à tous ses sujets d’épier les Hébreux. Chaque fois qu’ils découvraient un nouveau-né de sexe masculin, ils devaient le jeter dans le Nil. Imaginez l’état de terreur dans lequel se trouvaient toutes les mères juives. Nous retrouvons là la stratégie communément employée par l’ennemi juré de Dieu. Satan maintenait en esclavage le peuple élu de Dieu. Les Hébreux se trouvaient dans une situation désespérée. Le diable savait que Dieu leur avait promis la liberté : l’Éternel avait annoncé à Abraham que ses descendants souffriraient pendant quatre cents ans avant d’entrer en possession du pays promis, Canaan (Genèse 15 : 13-16). Mais l’ennemi de Dieu ne pouvait accepter que cela arrive. Vers la fin de cette période de quatre cents ans, Satan a aggravé la persécution, utilisant le pharaon à son insu. Il pensait pouvoir anéantir ainsi l’élu qui devait sauver Israël. Mais Satan ne savait pas qui Dieu avait choisi pour être le Sauveur. Qu’à cela ne tienne : pour être


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sûr que son plan aboutisse, il tuerait tous les enfants de sexe masculin. C’était une stratégie diabolique qu’il allait recycler tout au long de l’histoire (lire Matthieu 2). À présent, faisons la connaissance de nos deux héros suivants, un homme et sa femme qui avaient déjà au moins deux enfants : un fils, Aaron, et une fille, Miriam. C’est alors que l’épouse a donné naissance à un fils. Les parents ont vu que l’enfant était beau (Exode 2 : 2 ; Hébreux 11 : 23) et ils ont été contraints de protéger le nourrisson. C’est là que la foi intervient. Comme ils avaient confiance en Dieu, ils ne craignaient pas l’ordre du roi. Ils ont donc caché l’enfant pendant trois mois (il faut croire qu’il ne pleurait pas fort et qu’il faisait déjà ses nuits !). Ensuite… eh bien, nous connaissons tous l’histoire de la mère de Moïse, qui a tissé un panier avec des joncs, l’a enduit de poix, y a déposé son bébé, puis l’a mis à flotter sur le Nil, plaçant le panier de façon stratégique à l’endroit où la fille du pharaon avait l’habitude de venir se baigner. Quelle idée lumineuse ! Cette maman a pensé qu’une autre femme pourrait tout simplement avoir pitié d’un enfant sans défense. Voilà ce dont a hérité Moïse en arrivant dans un monde marqué par l’oppression. Malheureusement, la plupart des Hébreux se sentaient pris au piège en Égypte. C’étaient des victimes qui ne voyaient aucun moyen d’échapper à leur sort. Toute résistance était vaine à leurs yeux. Complètement découragés, ils vivaient dans la soumission à leurs maîtres égyptiens. Ils gardaient néanmoins une lueur d’espoir : le lointain souvenir d’Abraham, Isaac et Jacob, et des promesses qui leur avaient été faites d’une terre qui appartiendrait un jour à leurs descendants. Ces histoires avaient été transmises de génération en génération, mais elles procuraient de bien piètres encouragements aux Hébreux lorsque les coups de fouet leur rappelaient qu’ils devaient redoubler d’efforts. La foi de ses parents a sauvé Moïse et a semé en lui un rêve, celui de la liberté de son peuple. Mais que pouvait faire un


Le sauvetage d’un beau bébé

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homme seul ? Certes, il avait été adopté par la famille royale et vivait dans un palais. Il bénéficiait de tous les avantages et privilèges dont pouvait jouir un Égyptien. Mais qu’allait faire Moïse de ses privilèges ? Allait-il se ranger du côté des oppresseurs, ou choisir de s’identifier aux opprimés ? C’est un choix auquel nous sommes tous confrontés un jour.

P O U R PO UR SUIVR E LA RÉFL EXION Quelles sont les tactiques que Satan emploie aujourd’hui pour essayer de contrecarrer les desseins de Dieu ? Ces tactiques ont-elles changé en 3 500 ans (c’est-à-dire depuis l’époque de l’Exode) ? De quelle manière ? Dans quelle mesure sont-elles restées les mêmes ?



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Chapitre

trois

Une décision qui détermine toute une vie « C’est par la foi que Moïse, devenu grand, a refusé d’être appelé fils de la fille du pharaon. Il préférait être maltraité avec le peuple de Dieu plutôt que d’avoir momentanément la jouissance du péché. » (Hébreux 11 : 24-25)

Moïse s’apprêtait à fêter un anniversaire important. Il allait avoir 80 ans, mais cela faisait aussi quarante ans qu’il se trouvait dans le pays de Madian. C’était donc un moment propice à la réflexion, d’autant qu’il se disait que la fin de sa vie approchait. À quoi pouvait bien penser Moïse, occupé à conduire un troupeau de moutons à travers le désert tout en cherchant le pâturage ou le point d’eau suivant ? Se remémorait-il le miracle grâce auquel il avait échappé à la mort alors qu’il était tout bébé ? Avait-il la nostalgie du bien-être matériel que lui avait procuré la vie de palais ? Regrettait-il d’avoir « gâché » ses quarante dernières années en les passant loin de son peuple, totalement incapable d’atténuer la souffrance des siens ? Moïse avait passé les quarante premières années de sa vie dans un palais. La Bible ne révèle quasiment rien de cette


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période. Les historiens pensent qu’il a reçu son instruction au temple du soleil, l’« Oxford de l’Égypte antique2 ». Il a sans doute suivi des cours de hiéroglyphisme, de littérature, de science, de musique et, bien sûr, de religion. Il est probable que Moïse fut un chef militaire. Certains chercheurs pensent qu’il a conduit l’armée égyptienne vers une victoire éclatante contre les Éthiopiens. Il se peut même qu’il ait eu sa place dans l’ordre de succession au trône du pharaon. Bien sûr, ce ne sont là que des hypothèses. Ce que nous savons en revanche, c’est qu’il a perdu tous ces privilèges suite à un simple accès de colère. Au cours des quarante années qui ont suivi, Moïse a dû méditer sur ce moment qui avait fait basculer sa vie. Il avait sûrement eu vent de son héritage pendant son enfance et sa jeunesse. Il avait sans doute eu des contacts occasionnels avec ses parents. Et pourquoi pas des conversations clandestines avec son frère aîné Aaron et sa sœur Miriam ? Il fallait absolument qu’il comprenne que les siens étaient des esclaves. Les Hébreux étaient partout. Même s’il pouvait les éviter au palais, il les voyait forcément quand il sillonnait l’Égypte et constatait à quel point on les forçait à travailler dur (Exode 2 : 11). C’est alors qu’un jour fatidique, il a décidé d’aller rendre visite à son peuple et qu’il a été témoin de la persécution qu’il subissait. C’est ce jour-là que Moïse a pris la décision qui a changé sa vie. Nous savons que Moïse a pris sciemment la décision de punir l’homme qui maltraitait « un de ses frères » (v. 11). Il a regardé tout autour de lui pour s’assurer que personne ne l’observait. Puis il a tué le persécuteur. Étant donné la formation militaire qu’il avait reçue, il n’a pas dû avoir trop de mal, mais le problème était de se débarrasser du corps. La seule solution était de l’enfouir rapidement dans le sable. Ce n’est pas le sol idéal pour enterrer un cadavre, mais le prince d’Égypte n’avait rien d’autre à sa disposition.


Une décision qui détermine toute une vie

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Arrêtons-nous là quelques instants. Il faut bien comprendre une chose : jusque-là, tout réussissait à Moïse. Il avait reçu la meilleure éducation au monde. Il était riche. Il portait les plus beaux vêtements. Il avait des serviteurs. Il exerçait un véritable pouvoir : rien moins que ce qui constituait le pouvoir de vie et de mort dans cette culture. Tous les aspects de sa vie et de son avenir étaient positifs. Et il a perdu tout cela parce qu’il a choisi de s’identifier aux persécutés plutôt qu’aux persécuteurs.

P O U R PO UR SUIVR E LA RÉFL EXION Et vous, qu’allez-vous choisir ? Êtes-vous prêt à vous identifier à vos frères et sœurs chrétiens qui souffrent parce qu’ils suivent le Christ ? Quelles conséquences cela pourrait-il avoir sur vos rêves et vos projets ?



27

Chapitre

q uat r e

Une question de principe « Il considérait l’humiliation attachée au Messie comme une richesse plus grande que les trésors de l’Égypte, car il avait le regard fixé sur la récompense à venir. » (Hébreux 11 : 26)

D’aucuns se demandent peut-être si Moïse a un jour imaginé ce qu’il aurait pu accomplir s’il était resté au palais du pharaon. Étant donné l’influence qu’il avait sur le plan politique, est-ce qu’il aurait pu faire davantage pour les Hébreux que ce qu’il a accompli en n’éliminant qu’un seul persécuteur ? Non, Moïse a choisi le bon chemin. En revanche, il a employé une méthode charnelle. On n’accomplit pas grand-chose en répondant à l’injustice par un accès de colère. Nous verrons plus tard que le tempérament de Moïse lui a posé problème toute sa vie. Reconnaissons toutefois qu’avec cette décision, il a tapé en plein dans le mille. On peut y voir en partie l’influence de sa famille. Sinon, pourquoi aurait-il quitté, ne serait-ce qu’une seule journée, le confort du palais ? L’idée ne lui serait jamais venue d’aller voir comment vivaient ses frères. Il devait avoir entendu parler du courage de ses parents, qui l’avaient sauvé à la naissance. On lui avait probablement raconté l’histoire d’Abraham, d’Isaac et de Jacob – Jacob, dont les os attendaient le jour où les Hébreux les rapporteraient dans le pays de Canaan.


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Comme l’a fait remarquer l’auteur de l’épître aux Hébreux : « [Moïse] préférait être maltraité avec le peuple de Dieu plutôt que d’avoir momentanément la jouissance du péché. Il considérait l’humiliation attachée au Messie comme une richesse plus grande que les trésors de l’Égypte » (Hébreux 11 : 25-26). Les lois du Christ étaient déjà écrites dans le cœur de Moïse. Certes, il ne connaissait pas Jésus – cela viendrait beaucoup plus tard. Mais il a agi par principe. Il a regardé la situation – une nation réduite en esclavage par une nation dominatrice – et les choses se sont imposées à lui. Comment pouvait-il continuer à vivre dans un luxe débridé, avec l’immoralité qu’engendre inévitablement un tel mode de vie ? C’était impossible ! Moïse savait que quelque chose n’allait pas. Le principe du Christ était déjà à l’œuvre dans sa vie. Quand nous reconnaissons certains principes, cela nous permet de juger plus facilement de l’action des politiques. Cela nous donne la direction nécessaire pour lutter contre le mal. Lorsqu’il a pris conscience de l’injustice, Moïse a dû prendre des risques. Il fallait qu’il agisse. Certains protesteront peut-être en disant qu’on ne peut attendre de quelqu’un qu’il agisse par principe s’il ne connaît pas les lois de Dieu. Et pourtant, c’était bien le cas de Moïse : les lois de Dieu allaient être révélées bien des années plus tard. Mais Moïse savait ce qui était juste. Et il est dit dans l’Écriture que tout homme le sait. Il suffit d’étudier les trois premiers chapitres de l’épître aux Romains. Tout le monde peut prendre les bonnes décisions par principe, même quelqu’un qui n’a jamais entendu l’Évangile. Si vous ne le croyez pas, observez tout simplement le comportement des enfants. Ils savent naturellement ce qui est bien et ce qui est mal… enfin, surtout quand ils se sentent personnellement lésés. Vous les avez sûrement entendus protester : « C’est pas juste ! » D’où tiennent-ils cette notion du bien et du mal ? Et pourquoi disparaît-elle chez un grand nombre d’entre eux quand ils deviennent adultes ?


Une question de principe

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Pour Moïse, la situation était limpide. La seule question était de savoir s’il avait le cran d’agir. Et c’est bien le problème aujourd’hui. Le problème n’est pas que nous méconnaissons les principes de la justice. La question est plutôt de savoir si nous avons le courage d’agir en conséquence. Moïse n’a fait que réagir sur la base de la droiture de Dieu. Plus tard, il allait découvrir en profondeur le caractère de Dieu, dont étaient inspirés ces principes moraux. Quand on agit par principe, le risque existe d’être catalogué comme un pur et dur. Peut-être même d’être taxé d’intolérance. C’est le petit prix à payer quand on prend position contre l’injustice. Chacun de nous se trouve face à ce choix aujourd’hui. Arrêtons-nous sur un exemple particulièrement flagrant : plus de cent millions de nos frères et sœurs de par le monde souffrent actuellement pour la cause du Christ. Ces disciples de Jésus sont discriminés, emprisonnés, torturés, voire exécutés. Êtes-vous prêt à vous identifier à eux ? À prier pour eux ? À les encourager et les soutenir ? C’est précisément le défi auquel j’ai (André) été confronté lors de mon premier voyage en Pologne en juillet 1955. À Varsovie, j’ai rencontré mes frères et éprouvé une profonde empathie pour eux parce qu’ils étaient privés du droit tout à fait élémentaire de posséder une Bible. Cette découverte a changé le cours de ma vie. À l’instar de Moïse, qui avait choisi de s’identifier à son peuple, le choix que j’ai fait de m’identifier à l’Église persécutée m’a placé sur un chemin de vie.

P O U R PO UR SUIVR E LA RÉFL EXION Qu’est-ce qui vous inquiète quand vous pensez à prendre position contre l’injustice ?



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Chapitre

cinq

Faire le bien a un coût « Le pharaon apprit ce qui s’était passé et il chercha à faire mourir Moïse, mais Moïse s’enfuit loin de lui et s’installa dans le pays de Madian. » (Exode 2 : 15)

Après avoir tué le persécuteur, le prince d’Égypte n’a pas pris immédiatement la fuite. Il est rentré chez lui au palais pour le dîner, puis il est retourné auprès de son peuple le lendemain. Pour quelle raison ? S’attendait-il à être remercié, voire à ce qu’on lui donne une médaille pour son acte ? S’imaginait-il que les anciens lui demanderaient peut-être d’être leur chef ? Si c’est le cas, sa déception a dû être grande : lorsqu’il a essayé de pacifier une situation, il a été l’objet de railleries ! Ce jour-là, Moïse a en effet croisé deux Hébreux qui se battaient et il est intervenu. Voici en quels termes un des protagonistes s’est moqué de lui : « Qui t’a établi chef et juge sur nous ? Est-ce pour me tuer que tu me parles, tout comme tu as tué l’Égyptien ? » (Exode 2 : 14). En voilà de la gratitude ! Dès cet instant, Moïse a su qu’il était piégé. Les Hébreux ne voulaient pas de son aide. Pour compliquer encore les choses, le pharaon avait eu vent de ce qui était arrivé et il allait certainement exercer rapidement son jugement. Moïse a donc choisi l’unique option qui se présentait à lui : il s’est enfui dans l’espoir de sauver sa peau.


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EXODE, MISSION IMPOSSIBLE

Où pouvait-il trouver refuge ? Il lui fallait partir à une bonne distance pour échapper aux moyens dont disposait un monarque en colère. Premièrement, il devait éviter la garnison militaire placée le long de la côte méditerranéenne, entre l’Égypte et Gaza. Mais il ne pouvait pas aller trop loin vers le sud dans la péninsule du Sinaï, car c’était là que se trouvaient les mines qui procuraient à l’Égypte du cuivre, de la turquoise et d’autres pierres précieuses. Jeune homme, il avait peut-être visité les bases militaires qui protégeaient ces mines. Moïse a donc entrepris de traverser le Sinaï, passant à proximité de la pointe du golfe d’Aqaba avant de bifurquer vers le sud en direction du pays de Madian. Comment a-t-il voyagé ? À pied, ou peut-être sur le dos d’un chameau volé ? Se cachait-il le jour pour ne se déplacer qu’à la faveur de la nuit ? Ce qui est sûr, c’est qu’il était constamment sur ses gardes, soucieux d’éviter les troupes du pharaon. Il a effectué ainsi plus de 300 kilomètres. Avait-il emporté de la nourriture ? Lui fallait-il mendier du pain et voler un peu d’eau dans les puits des oasis ? Cela a forcément été une période particulièrement éprouvante – mais quel était le but ? Moïse avait essayé d’être un héros, et regardez où cela l’a mené. Il avait risqué de tout perdre pour s’opposer à l’injustice. Sans doute qu’il s’attendait à… Mais à quoi s’attendait-il au juste ? À prendre la tête d’une révolte ? À fédérer les esclaves afin qu’ils se soulèvent contre leurs bourreaux, qu’ils se libèrent de l’esclavage et s’enfuient vers la liberté ? Il est plus probable que Moïse n’avait aucun plan en tête. Il ne s’était pas arrêté pour réfléchir aux conséquences. Il savait simplement ce qui était juste et que les dirigeants égyptiens avaient tort. Il voulait aider son peuple. Ses intentions étaient bonnes. Mais de bonnes intentions associées à une mauvaise appréciation conduisent à la catastrophe. Faire le bon choix ne signifie pas forcément obtenir le « bon » résultat. Quand nous nous identifions aux chrétiens


Faire le bien a un coût

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persécutés, il ne faut pas s’attendre à ce que le monde applaudisse. Ce ne sera probablement pas le cas. En fait, ce choix peut vous coûter. Dans le prix à payer, il y aura certainement un engagement dans la prière. Il y aura peut-être aussi des déplacements à effectuer, afin d’aller passer votre bras autour d’un frère ou d’une sœur qui souffre. Il y aura probablement aussi un coût financier, afin de venir en aide aux chrétiens qui sont dans le besoin. En ce qui nous concerne, André et Al, cela nous a coûté toutes ces choses et plus encore.

P O U R PO UR SUIVR E LA RÉFL EXION Essayez de vous remémorer des circonstances où vous avez fait le choix d’agir conformément à un principe et où les choses ne se sont pas passées comme vous l’aviez imaginé. Repensez à cette expérience et essayez de voir ce que Dieu voulait peut-être vous apprendre.



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Chapitre

six

Nous avons besoin d’une famille « Moïse décida de s’installer chez cet homme, qui lui donna en mariage sa fille Séphora. » (Exode 2 : 21)

Quand Moïse s’est enfin assis près d’un puits dans le pays de Madian, il était épuisé. Néanmoins, il était dans une relative sécurité : loin de l’Égypte, au milieu du désert. Aussi, bien que n’en ayant probablement pas conscience, Moïse venait de s’inscrire en année de maîtrise dans l’école de croissance de Dieu. Toutes les bonnes choses qu’il avait appréciées au palais du pharaon allaient lui être retirées afin d’être purifié. Il allait devenir berger et connaître la solitude profonde, des conditions de vie difficiles, les nuits froides à la belle étoile et la chaleur accablante pendant la journée. La façon dont Moïse a fait son entrée dans une famille est une histoire touchante. Après avoir fui l’Égypte, voilà que, pour la première fois depuis bien longtemps, il s’était assis près d’un puits pour se reposer. Sept jeunes femmes sont alors apparues et se sont mises à faire boire le troupeau de leur père. C’était forcément un joli spectacle. Moïse a dû prendre plaisir à observer ces sœurs prendre soin de leur troupeau. En a-t-il remarqué une en particulier – Séphora, la femme qu’il finirait par épouser ?


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EXODE, MISSION IMPOSSIBLE

C’est alors que les ennuis ont commencé. Le récit de l’Écriture ne donne guère de détails. Il y est dit simplement : « Les bergers arrivèrent et les chassèrent. Alors Moïse se leva, prit leur défense et fit boire leur troupeau » (Exode 2 : 17). Moïse détestait vraiment les brutes ! Or, c’est précisément ce qu’étaient ces bergers. Comme avec l’Égyptien violent qui avait maltraité son compatriote, Moïse ne pouvait fermer les yeux sur ce comportement tyrannique. Il se devait d’intervenir. Or, ces rustres de bergers ne faisaient pas le poids face à l’homme exercé au combat qu’était Moïse. Résultat, il a gagné quelque chose dont il avait terriblement besoin : une famille. À la tête de cette famille se trouvait un prêtre. Cet homme est appelé Réuel en Exode 2 : 18, mais il est plutôt connu sous le nom de Jéthro, le prêtre de Madian (3 : 1). On ne sait pas vraiment ce que signifie ce titre. Était-ce un prêtre du Dieu vivant et vrai ? Probablement pas. Mais il n’empêche que c’était le chef religieux de cette tribu et que c’est là que Dieu a placé Moïse afin qu’il soit protégé. Moïse ne pouvait survivre seul pendant quarante ans. Il avait besoin de se consacrer à une tâche qui ait du sens. Il avait besoin d’une famille au sein de laquelle il puisse se détendre, manger de bons repas et avoir des échanges avec un homme d’âge mûr. Jéthro était un beau-père plein de sagesse qui allait un jour aider Moïse à organiser la structure hiérarchique des Israélites. Moïse a également gagné une épouse. Jéthro avait en effet besoin de trouver cinq maris pour ses filles et, à l’évidence, Moïse était un bon choix pour Séphora ; il saurait la protéger. Leur union a-t-elle été heureuse ? Probablement pas. On peut le dire sur la base d’un incident particulier relaté en Exode 4, où il est dit qu’après la circoncision de leur fils, Séphora a appelé Moïse un « mari de sang ». Toujours est-il que Moïse avait besoin d’une épouse. Il avait besoin d’une famille. Son foyer n’a peut-être pas été parfait (quel foyer est parfait ?). Moïse était un intellectuel. On peut douter que Moïse ait eu beaucoup de conversations profondes et enrichissantes avec sa femme. Il


Nous avons besoin d’une famille

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n’empêche que Séphora a fait preuve de loyauté envers Moïse et qu’elle lui a sauvé la vie en accomplissant quelque chose qu’elle détestait faire. Cette femme était un don de Dieu pour Moïse. Le verset 7 du Psaume 68 est un verset précieux que Dieu a utilisé très tôt dans ma (André) vie chrétienne : « Dieu donne une famille à ceux qui sont seuls » (PDV). Quand nous partageons la vie d’une famille, cela permet à certaines de nos aspérités d’être émoussées. C’est un aspect capital de l’œuvre que Dieu accomplit dans notre vie. Toutefois, une bonne part de l’éducation de Moïse allait se faire dans la solitude, alors qu’il gardait les moutons de Jéthro.

P O U R P O UR SUIVR E LA RÉFL EXION Dieu vous a placé au sein d’une famille. Réfléchissez à la façon dont Dieu a utilisé cette famille tout au long de votre développement personnel et spirituel.



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Chapitre

sept

Une formation en « brebiologie » « Moïse était devenu berger du troupeau de son beau-père Jéthro. » (Exode 3 : 1)

Quand Moïse a commencé ses études à l’université des Pérégrinations-dans-le-désert, que connaissait-il de Dieu ? Probablement pas grand-chose à part les histoires de base qui circulaient à propos d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Peut-être qu’il avait entendu de vagues promesses selon lesquelles son peuple serait sauvé un jour. Mais il n’avait pas encore rencontré Dieu sur le plan personnel. Cela allait changer, mais pas tout de suite. Avez-vous remarqué à quel point les moutons et les brebis sont importants dans le récit biblique ? Pensez au fait qu’Abraham, Isaac, et Jacob ont tous eu du bétail à gérer. Les Hébreux étaient discriminés par les Égyptiens sous prétexte que c’étaient des bergers. David lui-même a bien sûr été berger avant de devenir roi ; son psaume qui commence par « l’Éternel est mon berger » est particulièrement apprécié. Jésus se nomme luimême le bon Berger (c’est la seule fois où il utilise un adjectif pour se définir) et il raconte une parabole dans laquelle un berger laisse quatre-vingt-dix-neuf brebis pour aller en chercher une seule qui manque à l’appel.


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EXODE, MISSION IMPOSSIBLE

Cela ne devrait donc pas nous surprendre que Dieu ait exigé de Moïse qu’il suive une formation poussée en « brebiologie ». Le psalmiste établit lui-même le lien, disant à propos de Dieu : « Tu as conduit ton peuple comme un troupeau par l’intermédiaire de Moïse et d’Aaron » (Psaumes 77 : 21). Quelle meilleure formation Moïse pouvait-il recevoir afin de pouvoir être le berger de deux à trois millions d’Hébreux ? Pensez aux « joies » de maintenir groupées une centaine de ces créatures laineuses. Au Moyen-Orient, le berger marche devant son troupeau et non derrière. Il est constamment à la recherche d’endroits où ses moutons pourront brouter. Scrutant l’horizon dans l’espoir d’apercevoir un miroitement susceptible de révéler la présence d’eau, il connaît souvent la déception de découvrir un énième mirage. Et puis, il doit régulièrement vérifier qu’aucun de ses fichus agneaux ne s’est égaré – sans quoi il lui faudra alors voler au plus vite au secours de l’animal perdu. Moïse n’avait sans doute pas conscience de l’importance qu’avait cette phase de sa vie. Ces bêtes ne lui appartenaient même pas. Comment avait-il pu passer du noble poste de prince membre de la famille royale au modeste statut de berger ? Se posait-il cette question : Est-ce là ma récompense pour avoir agi conformément à mes principes ? Moïse luttait sûrement contre le désespoir, peut-être même contre la dépression. Aucun avenir ne se dessinait pour lui et il ne pouvait rien y changer. Il n’avait ni compte d’épargne ni investissements qui lui auraient permis de créer une entreprise. Il n’y avait pas d’industries où il aurait pu trouver un emploi. Il était totalement tributaire de la générosité d’une famille étrangère. Tandis que les mois devenaient des années, Dieu préparait lentement Moïse en vue de sa mission particulière. Moïse comprenait-il ce qui lui arrivait ? Quarante années passées à garder des moutons dans le désert d’Arabie lui ont assurément laissé amplement le temps de réfléchir. À quoi pensait Moïse ? Il ne fait aucun doute que ses proches restés en Égypte lui


Une formation en « brebiologie »

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manquaient, tant ses parents naturels que ses frères et sœurs, mais aussi sa mère adoptive et la famille royale. Moïse pensait-il beaucoup à Dieu ? Lorsqu’il observait le ciel pendant ses nuits sans sommeil, se remémorait-il la promesse que Dieu avait faite à Abraham de faire de lui une grande nation aussi nombreuse que les étoiles ? Certes, cette promesse avait été accomplie, mais Dieu n’avait-il pas également promis de ramener le peuple dans le pays d’Abraham ? Qu’en était-il de cette libération annoncée ? Était-ce juste un mythe ou un doux rêve ? Voilà pour les rêves. Mais que représentait Dieu dans la vie quotidienne de Moïse ? Ce dernier se posait-il des questions du genre : Est-ce que Dieu voit la vie misérable que je mène ainsi, à garder des moutons et des chèvres ? Et mes proches restés en Égypte ? Dieu se soucie-t-il de leur sort ? Mes parents et mes frères et sœurs vont-ils mourir en esclavage, et rallonger ainsi la série interminable des générations déçues ? Pourquoi Dieu m’a-t-il mis le sort de ce peuple sur le cœur – si c’est effectivement Dieu qui a mis ce fardeau sur mon cœur – pour ensuite m’abandonner à mon sort, humilié et incapable de sauver ne serait-ce qu’un homme ou ma famille, et encore moins une nation ? Au bout de quarante ans passés dans le désert, il se retournait peut-être sur sa vie en se disant : J’ai quatre-vingts ans et je n’ai rien accompli ; quelle vie gâchée ! Si c’est effectivement ce que pensait Moïse, il se rapprochait de la période où Dieu allait pouvoir l’utiliser. Mais Moïse ne s’en rendait pas compte. Si vous ressentez ce genre de choses, j’ai une bonne nouvelle pour vous. Peu importe votre âge, Dieu a un plan pour votre vie. Il va vous utiliser. Êtes-vous prêt à attendre patiemment que Dieu révèle le plan qu’il a pour vous ? N’oubliez pas une chose : Moïse a essayé de servir Dieu par ses propres forces et il a échoué lamentablement. Puis Moïse a renoncé et s’est résigné à garder des moutons, ce qui n’était pas vraiment exaltant. Il était loin de se douter que le but de son existence était sur le point d’être révélé. Et vous, est-ce que vous accomplissez fidèlement vos tâches, même si elles semblent banales, voire insignifiantes ? Garder


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EXODE, MISSION IMPOSSIBLE

des moutons n’a rien d’insignifiant. Et il en est de même pour ce que vous accomplissez jour après jour. Dieu se sert de ce travail quotidien pour former votre caractère. Si nous apprenons à être fidèles dans les petits détails de la vie quotidienne, le jour viendra peut-être où Dieu pourra accomplir l’impossible à travers nous.

P O U R PO UR SUIVR E LA RÉFL EXION Avez-vous déjà connu une traversée du désert dans votre relation avec Dieu ? Ou peut-être que vous avez le sentiment d’être actuellement en plein désert. Qu’avez-vous appris de cette expérience, ou qu’est-ce que Dieu est en train de vous apprendre au cours de cette phase de votre vie ?


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Chapitre

huit

La rencontre avec le feu « L’ange de l’Éternel lui apparut dans une flamme de feu, au milieu d’un buisson. Moïse regarda et vit que le buisson était tout en feu sans être consumé. » (Exode 3 : 2)

Les années ont passé ainsi, sans le moindre signe que Dieu se souciait un tant soit peu du sort de Moïse ou des enfants d’Israël. L’avenir semblait vraiment sombre. À quel espoir le peuple d’Israël pouvait-il se raccrocher ? Les Hébreux ne connaissaient rien d’autre qu’une souffrance sans fin. Jour après jour, ils étaient maltraités. Ils venaient au monde, travaillaient en tant qu’esclaves, puis mouraient. Est-ce qu’ils transmettaient à leurs enfants l’histoire de leurs patriarches ? Cela ne fait pas de doute, mais il faut dire qu’au bout de dizaines, puis de centaines d’années, ces histoires commençaient à ressembler à des mythes, un peu comme la légende du père Noël. Et puis, ces histoires ne les rapprochaient nullement de la liberté. Il ne faut pas minimiser la noirceur de la situation. Sans intervention divine, les Hébreux n’avaient aucun espoir d’être délivrés un jour. Évidemment, ils imploraient Dieu de leur venir en aide – il n’y avait pas d’autres options. Mais le ciel était silencieux.


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EXODE, MISSION IMPOSSIBLE

Certes, Moïse ne souffrait pas comme ses compatriotes. Mais, lors de ses déplacements solitaires à travers cette contrée, s’interrogeait-il sur la bienveillance véritable de Dieu à leur égard ? Cherchait-il à comprendre comment Dieu pouvait permettre qu’une injustice aussi flagrante persiste pendant des siècles ? Se demandait-il si Dieu se souvenait même de son peuple ? Quarante ans plus tôt, alors qu’il était jeune et fort, Moïse avait vraiment eu le désir d’agir. À présent, il était avancé en âge. Quatre-vingts ans, c’est un bon âge pour prendre sa retraite après avoir été berger. Laisse ce travail à la jeune génération, marie les enfants, profite des petits-enfants, et meurs dans ton sommeil. Mais Moïse a continué de conduire un troupeau de moutons et de chèvres autour d’une montagne – une parmi d’autres, dans cette région qui en comptait un grand nombre. Aucun indice ne laissait penser que sa situation était sur le point de changer. Rien ne distinguait cette montagne des dizaines d’autres sommets et collines. Du moins, jusqu’à ce que Dieu apparaisse. Comment Dieu va-t-il s’y prendre pour obtenir l’attention de cet homme ? Un buisson qui brûle sans se consumer fera certainement l’affaire. Moïse a dit : « Je veux faire un détour pour voir quelle est cette grande vision et pourquoi le buisson ne brûle pas » (Exode 3 : 3). Une traduction plus moderne donnerait quelque chose comme : Ah, voilà enfin un peu d’animation ! Les moutons se tiennent tranquilles. Allons jeter un œil à ce buisson ! Et c’est là que commence une rencontre hors du commun. David a écrit que Dieu « a fait connaître ses voies à Moïse » (Psaumes 103 : 7). Ces mots sont la clé pour comprendre tout ce qui s’ensuit. Tout démarre ici, sur la montagne sainte, lorsque Dieu commence à se révéler à Moïse. Jusqu’à Jésus, personne n’a jamais vécu une proximité semblable à celle que Moïse a connue avec Dieu. Il s’agissait d’une relation absolument unique. Elle a commencé là, au buisson ardent, a duré quarante ans, et, au fil du temps, elle s’est développée pour


La rencontre avec le feu

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atteindre une intimité presque terrifiante. L’Écriture dit que Moïse a rencontré Dieu face à face, « comme un homme parle à son ami » (Exode 33 : 11). Certains d’entre nous aspirent-ils à une telle proximité avec Dieu ? Probablement que pour la plupart d’entre nous la réponse est non, car une telle relation fait peur et a un coût. Pourtant, c’est une aventure à côté de laquelle personne ne devrait passer. L’intimité que Moïse a connue avec Dieu a peutêtre été quelque chose d’unique dans l’Ancien Testament, mais dans le Nouveau Testament, Jésus a révélé qu’il donne à tous les hommes la possibilité de connaître Dieu. Il s’est fait chair pour que les hommes puissent parler avec lui, le toucher et découvrir ce qu’il a à cœur. L’apôtre Paul a écrit qu’il désirait « [connaître] Christ, la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances » (Philippiens 3 : 10). Cette puissance était celle de la rencontre que Moïse a faite ce jour-là. Alors qu’il n’y avait aucun espoir, en un instant, il y a eu la présence de Dieu : le désespoir s’est transformé en une glorieuse promesse ! Nous pouvons nous aussi rencontrer aujourd’hui Dieu avec la même proximité – et nous n’avons pas besoin pour cela d’un buisson ardent.

P O U R PO UR SUIVR E LA RÉFL EXION À quel point désirez-vous réellement connaître Dieu : lui parler, connaître son cœur ? Qu’est-ce qui vous effraie à cette idée ? Qu’est-ce que vous trouvez au contraire exaltant ?


Frère André

EXODE, MISSION IMPOSSIBLE

Frère André

Pour répondre à cette question, Frère André médite sur le livre de l’Exode et la mission que Dieu confie à Moïse. Une mission humainement irréalisable que Moïse mènera à bien. Est-ce un surhomme ? Loin de là ! Mais sa disposition de cœur fait toute la différence : il obéit entièrement à Dieu. Il voit même sa foi grandir au sein de l’épreuve. La vie de Moïse démontre qu’il n’y a aucune limite à la façon dont Dieu peut utiliser ceux qui se soumettent courageusement à lui. Trois principes ressortent des méditations de l’auteur. Trois étapes déterminantes, bouleversantes pour suivre le modèle de Moïse, l’homme des missions impossibles. Comme lui, soyez prêt à rencontrer Dieu, à lui faire confiance dans les pires difficultés et, finalement, à le connaître davantage !

Frère André est le fondateur de Portes Ouvertes. Ce missionnaire néerlandais est passionnément engagé auprès des chrétiens persécutés, en particulier dans les pays communistes et le monde musulman. Il est l’auteur de plus d’une vingtaine de livres, dont Le contrebandier, bestseller traduit en 30 langues. Il est marié et père de cinq enfants.

ISBN 978-2-36249-318-8

ISBN 978-2-9513368-1-0

9 782362 493188

9 782951 336810

12,00 €

E XODE , MIS SION IMP OS SIBLE

Pourquoi Dieu nous place-t-il dans des situations insurmontables ?

EXODE, MISSION IMPOSSIBLE TRIOMPHEZ CONTRE TOUTE ATTENTE !


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