Fiers de toi, fiston ! • Tedd Tripp

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Le comportement de votre enfant n’est que la partie visible de l’iceberg.

Les enjeux de chaque tranche d’âge sont évoqués, de la petite enfance à l’adolescence. Vous êtes en quête de repères et de conseils pour guider votre enfant sur le chemin de la vie ? Ce livre saura vous redonner confiance et vous aidera dans votre belle et noble mission de parent. Édition revue et corrigée d’Un berger pour son coeur.

14,90 €

ISBN 978-2-36249-156-6 Publié au Canada sous le titre Un berger pour son cœur par

éditions

cruciforme

9 782362 491566

Tedd Tripp Pasteur, professeur et consultant, Tedd consacre sa vie à développer le potentiel des responsables chrétiens. Après des années d’expérience pastorale, il forme aujourd’hui des leaders, des pasteurs et des missionnaires dans plus de trente pays. Il est marié et père de quatre enfants adultes.

Fiers de toi, fiston !

Ce livre vous aidera à parler au coeur de votre enfant, car son coeur est à l’origine de son comportement. L’analyse clairvoyante et pertinente de Tedd Tripp est complétée par de nombreuses anecdotes et des conseils pratiques pour vous aider dans votre quotidien.

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Tedd Tripp

Tedd Tripp

Bien éduquer son enfant, ce n’est donc pas tout faire pour qu’il présente bien, à l’extérieur. La Bible dit : « C’est de l’abondance du coeur que la bouche parle ».

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Fiers de toi, fiston ! Sauver les apparences ou sauver son cœur : le grand défi de l’éducation



Fiers de toi, fiston !



Fiers de toi, fiston ! Sauver les apparences ou sauver son cœur : le grand défi de l’éducation


Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : Shepherding a child’s heart • Tedd Tripp © 1995 • Tedd Tripp Shepherd Press • PO Box 24 • Wapwallopen • PA 18660 • USA Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés. Édition revue et corrigée en langue française : Ancienne édition parue sous le titre : Un Berger pour son cœur Fiers de toi, fiston ! • Tedd Tripp © 2000 ELB © 2015 BLF Éditions • www.blfeditions.com Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Publié au Canada sous le titre Un berger pour son cœur par Éditions Cruciforme Traduction : Sarah LECERF, Nelly YODER Couverture et mise en page : BLF Éditions • www.blfeditions.com Impression n° XXXXX • Sepec • 01960 Péronnas • France Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible Segond 21 Copyright © 2007 Société biblique de Genève. Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Les caractères italiques sont ajoutés par l’auteur du présent ouvrage. ISBN 978-2-36249-156-6 broché ISBN 978-2-36249-204-4 e-pub ISBN 978-2-36249-205-1 mobipocket

Dépôt légal 2e trimestre 2015 Index Dewey (CDD) : 249.4 Mots-clés : 1. Parentalité. Enseignement biblique. 2. Éducation des enfants.


Table des matières Avant-propos.......................................................................... 7

Préface de David Powlison.................................................. 9 Introduction...........................................................................11

Première partie

Les fondements d’une éducation biblique Chapitre un

Atteindre le cœur du comportement................................ 23 Chapitre deux

Le développement de l’enfant : les influences................. 31 Chapitre trois

Le développement de l’enfant : son orientation spirituelle................................................... 43 Chapitre quatre

Maîtres à bord...................................................................... 53 Chapitre cinq

Analyse des objectifs........................................................... 69


Chapitre six

Revoir nos objectifs.............................................................. 81 Chapitre sept

Se débarrasser des méthodes non bibliques.................... 93 Chapitre huit

Adopter une approche biblique : la communication.............................................................. 109 Chapitre neuf

Adopter une approche biblique : différents types de communication................................. 121 Chapitre dix

Adopter une approche biblique : une vie de communication............................................... 133 Chapitre onze

Adopter une approche biblique : la fessée..................... 147 Chapitre douze

Adopter une approche biblique : l’appel à la conscience....................................................... 167 Chapitre treize

Guider le cœur d’un enfant (résumé)............................. 177

Seconde partie

Guider et accompagner à chaque étape du développement de l’enfant Chapitre quatorze

La petite enfance : les objectifs......................................... 183 Chapitre quinze

La petite enfance : les méthodes...................................... 203 Chapitre seize

L’enfance : les objectifs...................................................... 223 Chapitre dix-sept

L’enfance : les méthodes.................................................... 237 Chapitre dix-huit

L’adolescence : les objectifs............................................... 253 Chapitre dix-neuf

L’adolescence : les méthodes............................................ 269


Avant-propos J’ai choisi d’aborder le thème de l’éducation des enfants, car je crois que dans notre société –  et par conséquent dans l’Église aujourd’hui –, les parents ont grand besoin d’un recentrage biblique sur le sujet. J’ai cherché à appliquer les principes qui ont porté du fruit dans ma propre vie, dans mon travail de conseiller et dans le ministère pastoral que Dieu m’a confié. Je me dois de remercier ma famille, qui m’a été d’un précieux soutien au cours de la rédaction souvent longue et difficile de ce livre. Devenir écrivain n’est pas une tâche aisée pour un prédicateur ! Ma chère épouse Margy a lu et relu le manuscrit si souvent que je n’ai pas pu compter ! Si vous trouvez cet ouvrage trop long, rassurez-vous : il aurait pu l’être encore beaucoup plus sans toutes les coupures et simplifications qu’elle y a apportées. Je voudrais remercier mes enfants Tedd, Heather et Aaron, tous adultes à présent, qui ont accepté d’être cités et analysés pour illustrer mes 7


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propos. L’épouse de Tedd, Heather, m’a aidé dans la phase finale avant publication. Sa contribution a été précieuse. Leur dynamisme, à tous les deux, et leur amour fervent pour Dieu m’ont encouragé plus d’une fois lorsque j’étais tenté de baisser les bras. Je remercie également les membres de l’Église Grace fellowship, que j’aime et auprès de qui j’apprends sans cesse depuis plus de vingt ans. Ils ont eu autant d’influence sur ma marche avec Dieu que sur ce livre. Grâce à leurs innombrables conseils, ils m’ont permis d’en affiner le contenu. Mes remerciements vont aussi aux anciens et aux diacres, fidèles dans leur service ; quand j’étais tenté d’abandonner ce projet, ils m’ont encouragé à maintes reprises à persévérer. Merci aussi aux fidèles lecteurs : Daniel Boehret, Gene Cannon, Marcia Ciszek, Jon et Jose Hueni, Kelly Knolden, Jean M.  Neel, Ted R. Vinatieri et Jay et Ruth Younts. Leurs commentaires et observations m’ont permis de clarifier le contenu et de le recentrer sur le sujet. Je remercie tout particulièrement David Powlison et Jay Adams de la Christian counseling and educational foundationi. J’ai essayé d’appliquer à l’éducation des enfants l’enseignement de David sur la véritable spiritualité. Jay Adams m’a aiguisé « comme le fer aiguise le fer » ; je lui dois beaucoup. Que le Seigneur bénisse ce livre afin de faire germer une semence sainte pour son Église. Tedd Tripp Juillet 1995

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Fondation chrétienne de la relation d’aide et de l’éducation (NDT). 8


Préface Voici un excellent livre. Tedd Tripp connaît son sujet et le public à qui il s’adresse. Il connaît bien les enfants, les parents… et la parole de Dieu. La majorité des livres sur l’éducation expliquent comment façonner et maîtriser le comportement de vos enfants, ou comment les amener à se sentir bien dans leur peau. Selon ces ouvrages, la mission première des parents consisterait soit à contrôler leurs enfants, soit à tout mettre en place pour favoriser leur épanouissement. Dans le premier cas, le rêve des parents prévaut ; dans l’autre, c’est le rêve des enfants. Fiers de toi, fiston ! aborde le sujet très différemment. Ce livre montre quels devraient être vos objectifs en tant que parents, et comment les atteindre de manière pratique. Il vous sensibilise à l’importance d’amener vos enfants à prendre conscience de ce qui est réellement important dans la vie. Il vous enseigne la manière de vous adresser au cœur 9


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de l’enfant par vos paroles et par vos actes. Il démontre comment la communication et la discipline peuvent agir en harmonie lorsque les parents aiment avec sagesse. Il vous rappelle que vos objectifs devront évoluer, de la petite enfance, puis de l’enfance et ce jusqu’à l’adolescence. Fiers de toi, fiston ! poussera le papa ou la maman que vous êtes à l’humilité ; il vous motivera à devenir un parent différent. Tout cela à travers d’excellents principes et des exemples très concrets. La plupart des livres sur l’éducation ignorent à quoi ressemblent les enfants… ou les parents. Leurs conseils reposent sur des fondements qui ne sont en harmonie ni avec les Écritures ni avec les réalités humaines. Ils mélangent souvent bons et mauvais conseils parce que la perspective d’ensemble est fausse. Ce n’est pas le cas du livre de Tedd Tripp. Les fondements sont posés avec précision. Fiers de toi, fiston ! vous comprend réellement, vous et vos enfants : il vous conduira ainsi sur des chemins de droiture et de sagesse. L’auteur peut ainsi à la fois présenter un objectif clair et donner les moyens de l’atteindre. Que demander de plus ? Tedd Tripp est un père avisé, mais il est également pasteur, conseiller et chef d’établissement scolaire. Il est, de plus, un homme qui sait écouter Dieu, et qui a replacé le défi de l’éducation dans son contexte biblique. Il serait dommage de ne pas profiter de son expérience. David Powlison Fondation chrétienne de la relation d’aide et de l’éducation Laverock, Pennsylvanie

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Introduction Lisa refusait de faire ses devoirs. Sa prof avait donc convoqué ses parents pour solliciter leur aide. Mais ils n’ont rien pu faire. Eux-mêmes étaient dans l’incapacité de se faire obéir par leur fille de douze ans ! Ils n’avaient aucune autorité sur elle. De fait, ils espéraient que l’école lui apporterait la ligne de conduite et la motivation qu’eux-mêmes n’étaient pas parvenus à exiger de Lisa. Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Déjà, à l’âge de dix ou douze ans, beaucoup de gamins ont pour ainsi dire quitté le domicile familial. Je ne parle pas de ceux qui vivent dans les rues de certaines grandes métropoles. Je veux parler de ceux qui, à cet âge-là, ne respectent plus l’autorité de leurs parents ou ont cessé de les considérer comme un point de référence qui oriente leurs jeunes vies. Dans le domaine de l’éducation, notre société a complètement perdu pied. Les familles sont devenues des bateaux sans gouvernail ni boussole. Elles ont perdu et le sens de 11


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l’orientation et la capacité de se diriger. Pourquoi ? Plusieurs problèmes ont convergé au carrefour de notre temps et de notre culture. Beaucoup d’adultes ont des enfants, sans pour autant vouloir endosser le rôle de parents. La société occidentale les a convaincus qu’ils doivent satisfaire en priorité leur besoin d’épanouissement personnel. Dans cette culture nombriliste, les enfants sont perçus comme des boulets. Ainsi, les parents leur consacrent aujourd’hui de moins en moins de temps : on met l’accent sur l’idée de passer du « temps de qualité » plutôt que du temps en « quantité ». Les parents d’aujourd’hui font partie de la génération qui a contesté l’autorité dans les années soixante. Les différents mouvements de protestation populaire contre le racisme et la guerre ont profondément influencé leurs idées. La contestation s’en est prise à l’ordre établi et a révolutionné notre perception de l’autorité et des droits de l’individu. Par conséquent, il est quasiment inconcevable dans notre société actuelle que papa soit le « chef » à la maison. Utiliser le terme de « soumission » dans une discussion, au sujet des relations au sein de la famille, génère systématiquement une sorte de malaise. Papa vit de moins en moins dans la « crainte » de son patron. Les employeurs d’hier usaient d’une autorité sans appel pour atteindre leurs objectifs. Aujourd’hui, ils se servent de primes et d’avantages pour arriver à leurs fins. Et voilà où je veux en venir : les enfants qui grandissent dans un tel climat ne restent plus assis bien sagement à l’école. Ils ne demandent plus l’autorisation de prendre la parole. Ils ne craignent plus les conséquences de leur insolence envers leurs parents et n’acceptent plus d’être constamment soumis aux adultes. 12


Introduction

Quels sont les effets sur l’éducation parentale ? Les anciennes méthodes ne fonctionnent plus. Celles basées sur l’autorité restent sans effet. Mais nous n’en connaissons aucune autre. Même l’Église a emprunté la bonne vieille formule d’éducation : « Écoute-moi ou tu vas t’en prendre une ! » Cette méthode semblait fonctionner. Les gamins faisaient mine d’obéir, mais en apparence seulement. Ce système n’est plus aussi efficace aujourd’hui parce que notre société ne réagit plus à l’autorité comme le faisait la génération précédente. Cette manière d’élever les enfants était simple, il est vrai, et nous nous surprenons parfois à regretter cette simplicité. Nous oublions toutefois que les méthodes et les objectifs de ce genre d’éducation étaient totalement opposés aux principes bibliques. Les parents d’aujourd’hui se trouvent dans la confusion la plus totale et sont complètement frustrés. Les gamins se conduisent mal et papa et maman ne comprennent pas pourquoi. Beaucoup ont baissé les bras parce qu’ils trouvent qu’élever des enfants est devenu mission impossible. Certains tombent dans l’indifférence et d’autres continuent d’essayer d’imposer la méthode autoritaire à la John Wayne des années cinquante. En attendant, c’est une génération entière qui en fait les frais. Quel gaspillage ! Les chrétiens sont pratiquement aussi déroutés que le reste de la société. Nous sommes en train de perdre nos enfants. Les parents de jeunes enfants vivent dans l’angoisse de les voir entrer dans l’adolescence. Leurs amis, qui ont déjà des ados, entretiennent cette angoisse : « C’est bientôt ton tour ! » Lorsque mes trois enfants étaient ados, tout le monde venait me consoler. Il est coutume de croire que les problèmes augmentent avec l’âge des enfants. Le but de ce livre est d’affirmer que cette situation n’est pas sans espoir. Il est possible, même aujourd’hui, d’édu13


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quer les enfants en suivant les préceptes divins. Ne laissons pas tomber ! En fait, nous n’avons pas le droit de baisser les bras sous prétexte que la tâche semble impossible. Notre expérience nous fait peut-être croire que l’échec est inéluctable, mais l’expérience est mauvaise conseillère. La Bible est le seul guide véritable. Elle révèle un Dieu au savoir infini et qui peut, par conséquent, nous dévoiler la vérité absolue. La révélation divine est sûre et complète. Elle nous livre une description précise et détaillée des enfants, des parents, de la vie familiale, des valeurs, de la formation, de l’enseignement et de la discipline. En fait, nous pouvons trouver dans la Bible tout ce dont nous avons besoin pour mener à bien notre mission de parents. Les méthodes que Dieu nous propose restent plus que jamais d’actualité ; nous ne les avons tout simplement pas encore essayées. Les problèmes de notre société se reflètent dans l’Église parce que la génération précédente de parents chrétiens s’est tournée vers des méthodes qui s’écartent sensiblement de l’enseignement biblique. Elle s’est contentée d’appliquer ce qui paraissait fonctionner, et nous continuons dans cette voie… même si, en raison de l’évolution de la société, nous n’obtenons plus aucun résultat. Le métier de parent présente de multiples facettes. Il s’agit d’exercer l’autorité avec douceur, de guider l’enfant pour qu’il prenne conscience de sa place dans le monde et de mettre l’Évangile au premier plan, d’amener l’enfant à s’approprier cet Evangile et à vivre, avec ses parents, sous l’autorité du Seigneur. Voilà une vision biblique de l’éducation.

L’autorité Dieu appelle ses créatures à vivre sous l’autorité. Il est notre autorité, et il a conféré l’autorité à des personnes au sein d’institutions qu’il a établies (le foyer, l’Église, l’État, le 14


Introduction

travail). Vous ne devez pas être déconcertés d’être des autorités pour vos enfants. Vous exercez l’autorité comme représentants de Dieu. Vous ne pouvez pas guider vos enfants selon vos souhaits ou par convenances personnelles. Vous devez guider vos enfants au nom de Dieu et pour leur bien. Notre société actuelle tend à ne s’intéresser qu’aux extrêmes : dans le domaine de l’autorité, soit nous jouons les durs à la John Wayne (autoritarisme), soit nous nous comportons comme des dégonflés. Dieu nous appelle, par sa Parole et son exemple, à être des autorités pleines de bonté. Il nous demande d’exercer l’autorité, non pas en amenant nos enfants à faire ce que nous voulons, mais en étant des serviteurs fidèles qui donnent leur vie. Le but de notre autorité dans la vie de nos enfants n’est pas de les maintenir sous notre pouvoir, mais de leur donner les moyens d’apprendre à se maîtriser et à vivre librement sous l’autorité divine. Jésus lui-même en est un exemple. Celui qui nous dirige, celui qui possède tout pouvoir, est venu comme un serviteur. Il est un chef qui sert ; il est également un serviteur qui règne. Il exerce son autorité souveraine avec bienveillance, en faveur de ses sujets. En Jean 13 : 4, Jésus, sachant que son Père a remis toutes choses sous son autorité, prend un linge et lave les pieds de ses disciples. Puisque son peuple se soumet à son autorité, il l’habilite à vivre librement dans la liberté de l’Évangile. En tant que parents, nous devons exercer l’autorité. Nous devons exiger l’obéissance de nos enfants parce qu’ils sont appelés par Dieu à nous obéir et à nous honorer. Toutefois, nous ne devons pas exercer cette autorité sur eux comme un chef exigeant, mais comme quelqu’un qui les aime sincèrement. En général, les parents qui sont des « despotes bienveillants », ne voient pas leurs enfants impatients de quitter le foyer. Quel enfant voudrait mettre fin à une relation 15


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dans laquelle il se sent aimé et respecté ? Lequel voudrait fuir une personne qui le comprend, qui comprend Dieu et ses desseins, qui comprend le monde et son fonctionnement, et qui s’engage à l’aider pour réussir ? Après trente-cinq ans en tant que chef d’établissement scolaire, père, pasteur et conseiller, je constate que généralement, les enfants ne s’opposent pas à une autorité réellement bienveillante et désintéressée.

Être un berger Si c’est l’autorité qui définit le mieux la relation des parents avec l’enfant, la fonction de berger définit le mieux la tâche éducationnelle des parents à l’égard de l’enfant. Le parent est le guide de l’enfant : si ce rôle de berger est clairement perçu, l’enfant pourra se comprendre lui-même et comprendre le monde dans lequel il vit. Le parent-berger permet à l’enfant d’évaluer sa propre personne et ses actions. Il l’amène à comprendre le « pourquoi » de ses actions et l’aide à découvrir qu’il est une créature de Dieu, faite pour le servir. Impossible de lui montrer cela uniquement par des paroles ! Il faut le mener sur un chemin de découvertes, guider ses pensées et l’aider à apprendre le discernement et la sagesse. Il y a tellement plus de richesses dans ce travail de berger que dans le simple fait de dire à l’enfant ce qu’il doit faire ou penser ! Engageons-nous dans un effort permanent de communication franche et honnête qui lui dévoilera le sens et les enjeux de la vie. Ne nous contentons pas de donner des instructions ; offrons des conseils empreints d’expérience et de partage. Le sens des valeurs et la vitalité spirituelle ne s’enseignent pas uniquement par des mots, mais par le contact et l’échange. Nous lisons en Proverbes 13 : 20 : « Celui qui marche en compagnie des sages devient sage ». L’objectif de parents 16


Introduction

sages n’est pas seulement de discuter, mais de démontrer la fraîcheur et la vitalité d’une vie intègre devant Dieu et devant sa famille. L’éducation parentale consiste à guider les cœurs de vos enfants dans les voies de la sagesse divine.

Le cœur de l’Évangile On me demande souvent si je m’attendais à ce que mes enfants deviennent croyants. Je réponds généralement que le message de l’Évangile est puissant et fascinant. Il satisfait de manière incomparable les besoins de l’humanité déchue. J’ai donc toujours espéré que la parole de Dieu agisse avec puissance pour le salut de mes enfants. Mais cette attente était fondée sur la puissance de l’Évangile et sur sa pertinence pour les besoins profonds du cœur, pas sur une quelconque formule magique qui rendrait les petits Tripp croyants. L’Évangile doit être au centre de l’éducation. Ne nous préoccupons pas seulement du comportement de nos gamins, mais aussi des attitudes de leur cœur. Ne nous contentons pas de leur montrer quel péché ils ont commis : expliquons-leur « pourquoi » ils l’ont commis. Aidons-les à comprendre que le Seigneur travaille en nous de l’intérieur. Le but de l’éducation ne se limite pas à former des enfants bien élevés ; vos enfants doivent aussi comprendre pourquoi ils pèchent et comment Dieu peut les transformer. Donner à l’Évangile une place centrale dans nos familles, ce n’est pas juste apprendre à nos gamins le sens du pardon des péchés par la repentance et la foi en Christ. Dans l’Évangile, nous trouvons la promesse de la transformation et de la puissance intérieures. Ézéchiel 36 montre parfaitement la plénitude de l’Évangile : – « Je vous aspergerai d’eau pure et vous serez purifiés. Je vous purifierai de toutes vos impuretés et de toutes 17


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vos idoles » (v. 25) : dans l’Évangile, nous découvrons la grâce du pardon ; – « Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau. Je retirerai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair » (v. 26) : dans l’Évangile, nous découvrons la grâce de la transformation intérieure. – « C’est mon Esprit que je mettrai en vous. Ainsi, je vous ferai suivre mes prescriptions, garder et respecter mes règles » (v. 27) : dans l’Évangile, nous découvrons la grâce de la puissance de Dieu à l’œuvre en nous. L’Évangile nous rend capables – nous et nos enfants – d’affronter le pire en nous : le péché, le mal, la faiblesse. Et nous pouvons rester plein d’espérance, car la grâce de Dieu est puissante ! Nous revoyons parfois nos critères à la baisse pour permettre à nos enfants de les respecter. Nous pensons que, n’étant pas chrétiens, nos gamins ne sont de toute façon pas capables d’obéir à Dieu de tout leur cœur. La Bible exhorte, par exemple, à rendre le bien pour le mal. Mais nous conseillons à nos enfants malmenés par une petite brute dans la cour de récréation de l’ignorer. Ou, pire, de rendre coup pour coup ! Ce conseil non biblique les éloigne de la croix de Christ. Ils n’ont pas besoin de la grâce surnaturelle de Dieu pour « ignorer la petite brute ». Ils n’en ont pas non plus besoin pour défendre leurs droits. Par contre, pour faire du bien à ceux qui les oppriment, prier pour ceux qui les maltraitent, s’en remettre au juste Juge, ils devront prendre conscience de leur pauvreté spirituelle ; et de leur besoin de la puissance transformatrice de l’Évangile. Livrés à nous-mêmes, nous sommes incapables de respecter la loi divine. Elle est très exigeante, et ne peut 18


Introduction

être observée sans la grâce surnaturelle de Dieu. Elle nous conduit à reconnaître ce besoin constant de la grâce. Nous priverons nos enfants de la grâce de l’Évangile si nous ne leur présentons pas clairement les exigences de Dieu.

S’approprier l’Évangile Nos fils et nos filles doivent un jour s’approprier le message de l’Évangile. Chaque enfant de foyer chrétien l’examinera tôt ou tard et décidera s’il veut ou non en accepter les vérités. Quel privilège extraordinaire de pouvoir aider ces jeunes adultes en devenir à trouver les réponses à leurs questions franches concernant la foi ! La parole de Dieu est inébranlable. La foi chrétienne peut résister à un examen minutieux et honnête.

Parents et enfants, unis sous l’autorité de Dieu Mon fils m’a récemment raconté ce que Dieu était en train de lui apprendre. Il m’a fait part de ce qu’il découvrait à propos de lui-même et de la nécessité de connaître le Seigneur autrement que sur un plan théorique. Je me suis alors rendu compte que je ne parlais plus seulement à mon fils, mais à un vis-à-vis, à un autre homme. Je n’étais plus en train de l’enseigner. Nous partagions le bonheur de connaître Dieu. J’ai ressenti un profond sentiment de communion avec cet homme (l’ancien petit garçon que j’avais instruit et discipliné, et pour lequel j’avais lutté dans la prière). Merci Seigneur !

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Première partie

Les fondements d’une Éducation bibliquE



Chapitre un

Atteindre le cœur du comportement Les Écritures enseignent que le cœur est notre « tour de contrôle ». Notre vie reflète notre cœur : Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui jaillissent les sources de la vie. Proverbes 4 : 23

L’image est significative : le cœur est une source de laquelle jaillit la vie sous tous ses aspects. Ce thème se retrouve d’ailleurs un peu partout dans la Bible. Notre comportement dépend de ce que nous avons dans le cœur. Jésus déclare que nos paroles et nos actes sont l’expression de l’inclination de notre cœur : C’est de l’intérieur, c’est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l’immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, 23


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la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. Marc 7 : 21-22

Toutes ces mauvaises actions ont la même origine : le cœur. Il en est de même pour nos enfants. L’homme bon tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur, et celui qui est mauvais tire de mauvaises choses du mauvais trésor de son cœur. En effet, sa bouche exprime ce dont son cœur est plein. Luc 6 : 45

Ces passages sont précieux pour notre tâche d’éducateur. Ils nous enseignent que le nœud du problème n’est pas le comportement ; mais ce qui se passe dans le cœur, notre « tour de contrôle ». Nous, parents, nous nous laissons souvent distraire par les problèmes liés au comportement. Et c’est tout à fait normal si nous estimons que la raison d’être de la discipline est le changement extérieur. En effet, c’est très souvent le comportement de l’enfant qui attire notre attention et nous indique qu’une correction est nécessaire. Quand le comportement, source d’irritation, est modifié, nous manifestons notre approbation et notre appréciation, et nous pensons avoir réglé la situation. « Où est le problème ? » me direz-vous. Le voici : les besoins de l’enfant sont bien plus profonds que son mauvais comportement. Il n’agit pas sans raison. Son comportement (ses paroles et ses actions) reflète l’état de son cœur. Nous ne pourrons pas l’aider sans nous occuper de son cœur. Un changement de comportement qui ne provient pas d’une transformation du cœur n’a rien de louable. Pire, il est condamnable. Jésus a condamné l’hypocrisie des pharisiens ! En Matthieu 15, il dénonce leur attitude : ils l’honorent des lèvres alors que leurs cœurs sont loin de lui. Il les reprend et les compare à des gens qui nettoient l’extérieur 24


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d’un plat en laissant l’intérieur sale. Nous faisons la même chose avec nos enfants ! Nous leur demandons d’agir différemment sans nous préoccuper de leur cœur, qui est pourtant à l’origine de leurs actions.

Le cœur est la source

du comportement (ce que nous disons et faisons)

Schéma n° 1 : Le cœur détermine le comportement

Comment corriger et discipliner ? Exigeons, certes, qu’ils se comportent correctement. La loi de Dieu le demande. Mais n’en restons pas là ! Aidons l’enfant à comprendre la vraie raison de sa mauvaise conduite en se posant les bonnes questions. Que ressent-il au fond de lui ? Comment son cœur a-t-il pu l’induire en erreur au point de commettre une telle action ? Est-ce son incapacité – ou son refus – de connaître Dieu, de lui faire confiance et de lui obéir, qui l’entraîne vers de tels actes ou de telles paroles ? Prenons un exemple, courant dans toute famille avec au moins deux enfants. Les enfants s’amusent. Une dispute éclate à propos d’un jouet. La réaction classique est : « Qui l’avait en premier ? » Mais cette question ignore la ques25


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tion du cœur. « Qui l’avait en premier ? » est une question de justice. La balance penchera du côté du gamin le plus rapide à s’approprier le jouet. La question sera très différente si nous en faisons une affaire de cœur. Dans ce cas, nous n’avons pas un coupable, mais deux. Deux enfants dont les cœurs sont durs l’un envers l’autre. Deux gamins égoïstes, car chacun dit : « Je me fiche de toi et de ton bonheur. La seule chose qui m’intéresse, c’est moi. Je veux ce jouet. Je ne peux pas être heureux sans l’avoir. Je l’aurai et je serai content ; peu importe ce que ça te fait ». Vu sous l’angle du cœur, vous avez deux pécheurs. Chacun préfère ses intérêts à ceux de l’autre ; chacun enfreint la loi de Dieu. Il est vrai qu’ils ne vivent pas la même chose : l’un prend le jouet à l’autre, l’autre veut continuer d’en profiter. Les situations sont différentes, mais l’enjeu est identique : « Mon bonheur, même à tes dépens ». Vous voyez donc comment les attitudes de cœur dirigent le comportement. Il en est toujours ainsi. Tout comportement est lié aux attitudes du cœur. C’est pourquoi la discipline doit s’attaquer aux dispositions du cœur. Il est important de comprendre cela ! Le problème, c’est le cœur, pas juste le comportement. Corriger, c’est beaucoup plus que provoquer un changement dans la manière d’agir. Le vrai problème, c’est ce qui se passe à l’intérieur. Aidons notre enfant à démasquer son péché. Cela le mène à la croix du Christ, et à son besoin d’un Sauveur. Et donne l’occasion de révéler la gloire de Dieu, qui a envoyé son Fils pour nous transformer et nous libérer du péché. Le cœur est la source de la vie : voilà le message central de ce livre ! L’éducation parentale consiste d’abord et avant tout à accompagner le cœur de l’enfant ! Nous devons apprendre à voir un cœur derrière un comportement et en parler à nos enfants. Bref, ne vous contentez pas de les réprimander : engagez un dialogue avec eux ! Aidons-les à 26


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comprendre que leur soif de bonheur est légitime. Mais aussi qu’il existe de bonnes et moins bonnes façons d’étancher cette soif. Montrons-leur la croix du Christ. Cette manière d’agir affectera tous nos domaines de responsabilité en tant que parents : nos objectifs, nos méthodes et notre vision du développement des enfants. Nous aborderons dans cet ouvrage toutes ces facettes de l’éducation. Et nous chercherons, ensemble, à comprendre ce que la Bible enseigne à ce sujet. Nous examinerons la question du développement de l’enfant, des objectifs à atteindre et des méthodes d’apprentissage. Et dans chacun de ces domaines, la question centrale sera toujours : comment accompagner le cœur de l’enfant ? Je ne peux vous offrir ni recette magique ni « l’enfant parfait en trois leçons ». Ni même une méthode simple pour répondre aux besoins de vos enfants afin de vous permettre, à vous, de vivre une vie tranquille. Je vous propose, en revanche, d’explorer ensemble de nouvelles pistes pour vous permettre de continuer à persévérer dans cette belle responsabilité que Dieu nous a confiée. J’ai endossé cette responsabilité de père, il y a bien des années de cela. Je suis plus passionné que jamais, plein d’espoir, et convaincu que Dieu peut nous rendre capables de faire de nos enfants une bénédiction pour l’Église. J’ai rencontré bien des familles ayant mis en pratique les principes de ce livre. J’ai vu des parents entourant des gamins heureux, généreux, éveillés. J’ai récemment rendu visite à une telle famille, débordante de vie ! Les ados étaient à la maison parce qu’ils s’y sentaient bien. Les enfants respectaient leur père et leur mère et leur demandaient conseil. La Bible et ses enseignements étaient dans toutes les conversations, et cela n’avait rien de pesant : c’était plein de fraîcheur, plein de vie ! Cette famille en est à la cinquième génération de croyants. Et la sixième est en train 27


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d’apprendre que Dieu est la source de la vie, et que c’est par sa lumière que nous voyons la lumière. Voilà une vision qui mérite efforts et sacrifices. Cessons de farfouiller dans le fatras des méthodes d’éducation ! Cherchons nos réponses dans la Bible ! Elle est suffisamment solide pour nous fournir tous les modèles et tous les principes nécessaires ; j’en suis convaincu. L’Église a trop longtemps essayé d’associer des principes bibliques et non bibliques pour répondre aux questions d’éducation. Le résultat a laissé un goût amer. Il est temps de revenir à la Bible pour comprendre notre rôle de parents. L’enfant doit faire face à d’importantes questions que nous pouvons répartir en deux grandes catégories : 1. Sa réaction aux influences extérieures. 2. Sa relation avec Dieu. Nous aborderons ces aspects du développement de l’enfant dans les deux prochains chapitres.

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Atteindre le cœur du comportement

Q uestions

de réflexion

en matière de discipline et de correction, 1. Pourquoi, est-il important de s’occuper du cœur de l’enfant ? affirme-t-on que le cœur motive les 2. Pourquoi comportements ? est-il si facile de se laisser distraire par le 3. Pourquoi comportement alors que les motivations du cœur sont tellement plus importantes ? est le problème d’un changement 4. Quel comportement sans changement du cœur ?

de

devons-nous changer dans notre approche de 5. Que la discipline et de la correction si notre désir est de cibler le cœur de l’enfant ?

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Chapitre deux

Le développement de l’enfant : les influences Mon fils de onze ans a un jour décidé d’élever des cochons ! Il a vite été découragé. Les bêtes n’arrêtaient pas de renverser leur abreuvoir : impossible de garder de l’eau propre à disposition. Nous avons donc décidé de construire un abreuvoir en béton, impossible à renverser. Nous avons d’abord fabriqué un coffrage en bois dans lequel nous avons coulé le ciment. Tout en y travaillant, j’ai expliqué à mes garçons comment leurs jeunes vies ressemblaient au projet sur lequel nous étions en train de travailler. Les structures de notre famille s’apparentaient au coffrage, leurs vies au béton que l’on y versait. Au moment de retirer le coffrage, ils seraient forts et utiles. Les disciplines de l’enfance deviendraient le ciment de leur vie d’adulte. Je me suis laissé emporter par mon discours et j’en devenais éloquent ! Ils m’ont écouté 31


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gentiment et poliment, comme des enfants bien élevés. Quand je me suis arrêté pour reprendre mon souffle, ils se sont dépêchés d’aller jouer ailleurs. Manifestement, ma comparaison entre leur jeune âge et un abreuvoir à cochons les avait peu impressionnés ! Mes fils n’étaient pas prêts pour une réflexion aussi approfondie. Je ne leur en veux pas : il n’est pas facile de discerner les influences qui déterminent la vie de nos enfants. Ils sont façonnés par les circonstances de la vie. Tous les aspects de la vie familiale auront des conséquences décisives pour les adultes qu’ils deviendront.

Les influences déterminantes Le schéma n° 2 illustre les influences qui déterminent la vie d’un enfant. Le terme « influences déterminantes » est peut-être nouveau pour nous, mais ce qu’il représente est aussi vieux que le monde. Ces « influences déterminantes » sont tous les événements et situations vécus par l’enfant au cours de son développement. Ceux-ci auront un poids décisif dans la construction de sa personnalité. Mais rien n’est automatique. C’est la réaction de l’enfant face aux circonstances qui déterminera leurs effets sur lui. La Bible montre que les expériences de la petite enfance ont des répercussions sur toute la vie adulte. Ceci est clairement démontré dans les principaux passages traitant de la famille (Deutéronome  6, Éphésiens  6 et Colossiens 3). Les Écritures ordonnent aux parents de veiller aux influences exercées sur leurs enfants. La personnalité de l’enfant va se construire à partir de deux éléments : son expérience de la vie et sa manière d’y réagir. Le premier schéma présente les influences déterminantes. Dans le chapitre suivant, un autre schéma explique les différentes réactions possibles. En effet, l’enfant n’est pas simplement exposé aux circonstances de la vie : il y réagit. 32


Le développement de l’enfant : les influences

Et ses réactions dépendent de son orientation spirituelle. Une bonne compréhension de ces deux schémas nous permettra de cerner les domaines dans lesquels il a besoin de structures et d’accompagnement. Les flèches représentent les influences déterminantes qui affecteront en profondeur la vie de l’enfant. Certaines de ces influences sont contrôlées par les parents, d’autres, pas du tout. ale mili a f e s itud hec L’att aux éc face

La s la vi tructure e fa mili de ale

Les valeurs familiales

L’histoire familiale

La r é con solutio flits fam n des iliau x

s rôle Les iliaux fam

Schéma n° 2 : Les influences marquantes

La structure de la vie familiale

L’une des flèches indique que la structure de la vie familiale a une influence marquante sur l’enfant. La famille est33


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elle une famille nucléaire traditionnelle ? Avec combien de parents l’enfant est-il en contact ? La famille est-elle composée de deux ou de trois générations ? Papa et maman sont-ils tous les deux en vie et actifs dans le foyer ? Leurs rôles sontils bien définis ? Y a-t-il des frères et des sœurs, ou bien la vie familiale tourne-t-elle autour d’un seul enfant ? Quel est l’ordre de naissance des enfants ? Comment s’entendent-ils ? Ont-ils une grande différence d’âge, de capacités, d’intérêts ou de personnalité ? Comment la personnalité de chacun s’accommode-t-elle aux autres membres de la famille ? Isabelle et son époux sont venus un jour me demander conseil. Ils étaient jeunes mariés et éprouvaient quelques difficultés d’adaptation à la vie à deux. Isabelle reprochait à son époux de ne pas organiser sa vie autour d’elle. Elle était fille unique ; ses parents ne l’avaient pas gâtée outre mesure, mais ses désirs et ses besoins avaient toujours été leur priorité. Son mari n’agissant pas de même, elle se sentait mal aimée. La vie familiale de son enfance avait profondément influencé ses besoins ainsi que ses attentes envers lui. Les valeurs familiales

Les valeurs familiales influencent également l’enfant de façon marquante. Quelles sont les priorités des parents ? Pour quel comportement y a-t-il réprimande ? Les personnes ont-elles plus d’importance que les choses ? Qu’est-ce qui est plus grave aux yeux des parents : un accroc dans le pantalon ou une bagarre entre copains ? Dans quelles philosophies ou idées l’enfant baigne-t-il ? Les enfants ont-ils droit à la parole ? Quelles sont les règles, exprimées ou tacites, de la vie familiale ? Dieu y trouve-t-il sa place ? La vie familiale est-elle organisée autour de l’amour et de la connaissance du Seigneur ? Ou d’autre chose ? Faites attention : que personne ne vous prenne au piège par la philosophie, par des tromperies sans fondement qui 34


Le développement de l’enfant : les influences s’appuient sur la tradition des hommes, sur les principes élémentaires qui régissent le monde, et non sur Christ. Colossiens  2 : 8

Une question s’impose : les valeurs de notre famille sont-elles fondées sur la tradition humaine et les principes de base du monde, ou sur Christ ? J’ai récemment demandé à un garçon de dix ans ce qui lui vaudrait le plus d’ennuis à la maison : casser un vase précieux ou désobéir à une instruction précise de ses parents. Sans la moindre hésitation, il m’a répondu que le pire serait de casser le vase. Il avait bien assimilé les valeurs familiales implicites : les objets précieux sont plus importants que les gamins désobéissants. Quelle philosophie vaine et trompeuse ! Les valeurs familiales se retrouvent dans bien d’autres domaines. Quelles sont les limites à respecter au sein de la famille ? Garde-t-on les secrets ? Dans quels cas les révèlet-on ? Avons-nous des relations avec les voisins ? Avons-nous érigé des murs autour de notre foyer ? Par quels moyens peut-on les franchir ? Certaines familles préfèrent raconter leurs problèmes à leurs voisins plutôt qu’à leur parenté. D’autres appelleraient un frère à l’aide, mais jamais le voisin. Certains gamins grandissent sans jamais savoir combien leur papa gagne, alors que d’autres connaissent sa situation bancaire au jour le jour. Certains parents gardent des secrets vis-à-vis de leurs enfants. Certains enfants partagent des secrets, mais jamais avec leurs parents. D’autres les confient à leur maman, mais le papa ne doit rien savoir ! Ou le contraire. Chaque famille établit des limites ; elles ne sont peut-être pas explicites, mais elles existent. Les rôles familiaux

Chaque membre de la famille a son rôle. Certains pères sont très impliqués, d’autres, trop occupés, sont bien loin 35


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des activités familiales. Des choses subtiles, comme, par exemple, qui paie les factures ou qui prend les rendez-vous, en disent long sur les rôles dévolus à chacun. Les enfants ont aussi leur rôle. J’en connais qui sont obligés de mettre les chaussettes et les chaussures à leur père : en raison de son obésité, il a du mal à le faire lui-même. Et il exige ce service de manière rude et cruelle. Les gamins ne se font donc aucune illusion sur leur place dans la famille. La résolution des conflits familiaux

Les conseillers conjugaux peuvent témoigner du poids considérable de l’influence familiale dans la résolution des problèmes. Les membres du foyer sont-ils capables de discuter de leurs problèmes ? Sont-ils déterminés à les résoudre ou les ignorent-ils ? Règlent-ils les conflits selon les principes bibliques ou par la force ? Utilisent-ils d’autres moyens que la parole pour les résoudre (un bouquet de roses, par exemple) ? La voie qu’emprunte le fou est droite à ses yeux, mais il est sage d’écouter les conseils. Un fou manifeste immédiatement sa colère, mais celui qui couvre un affront est un homme prudent. Proverbes 12 : 15-16

Ce sont les influences déterminantes de la famille qui conduiront un enfant à devenir un être insensé ou avisé. Chaque fois qu’il était contrarié, le petit Samuel piquait une colère incompréhensible et s’enfuyait de sa classe de maternelle. La maîtresse a alors convoqué les parents. Mécontent de la tournure de la conversation, le papa, en plein milieu de l’entretien, a brusquement quitté la pièce. L’origine de l’attitude du petit garçon n’était désormais plus un mystère pour l’enseignante.

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Le développement de l’enfant : les influences

L’attitude familiale face à l’échec

Toujours au sujet des influences déterminantes, posonsnous la question suivante : comment les parents réagissentils face aux échecs de leurs enfants ? Cette réaction marquera les enfants. L’enfance est ponctuée de tentatives maladroites et d’efforts infructueux. Les enfants apprennent progressivement à surmonter les difficultés d’un monde complexe à souhait, mais par manque de maturité, ils commettent inévitablement des erreurs. Nous devons analyser nos réactions à ces échecs. Est-ce que nous ridiculisons nos enfants ? Est-ce que nous nous moquons d’eux ? La famille s’amuse-t-elle au détriment de l’un ou de l’autre ? Certains parents ont cette merveilleuse capacité de considérer une tentative ratée comme un effort digne d’éloges. Ils encouragent sans relâche. Ils n’hésitent pas à neutraliser les effets de fiasco. Les encouragements sincères ou les critiques acerbes (ou les deux) reçus durant l’enfance influencent de manière décisive leurs vies d’adultes. L’histoire familiale

L’histoire de sa propre famille est également un facteur important. Il y a des naissances et des décès. Des mariages et des divorces. Une stabilité sociale ou pas. Suffisamment d’argent ou pas assez. La santé ou la maladie. Un même lieu d’habitation ou des déménagements constants. J’ai récemment amené une dame à parler de sa jeunesse : — Combien de fois avez-vous déménagé durant votre enfance ? — Pas mal de fois. — Cinq ou dix fois ? — Oh, bien plus que cela ! 37


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— Pas plus de vingt fois, tout de même ? Elle a pris quelques minutes pour essayer de faire le compte exact. — Beaucoup plus que vingt ! Plus tard, elle m’a dit que sa sœur et elle avaient déménagé quarante-six fois avant ses dix-huit ans ! L’histoire familiale avait sans nul doute profondément façonné les valeurs et les perspectives d’avenir de cette femme. Cette courte liste n’évoque que quelques-unes des situations ayant un impact sur nos vies. Il y en a bien d’autres encore. Leurs effets sont indéniables.

Erreurs d’appréciation des influences déterminantes Deux erreurs sont courantes dans la façon d’interpréter les influences qui déterminent la vie d’un enfant : 1. le déterminisme et 2. le déni. 1. Considérer ces influences comme déterministes. C’est une erreur de croire que l’enfant est une victime impuissante des circonstances dans lesquelles il a grandi ; 2. Refuser d’admettre qu’il puisse en être affecté est aussi une erreur. Des passages comme Proverbes 29 : 21 illustrent l’importance des expériences de l’enfance. Ici, nous voyons qu’un serviteur dorloté dès son plus jeune âge finit par devenir un « mollasson », ce qui est source de chagrin. Ni le déterminisme ni le déni ne sont acceptables. En revanche, aborder ces influences dans une perspective biblique facilitera notre tâche de parents. 38


Le développement de l’enfant : les influences

Nous commettons une grave erreur en pensant que l’éducation d’un enfant se limite à lui procurer les meilleures influences possibles. Beaucoup de chrétiens adoptent à tort ce « déterminisme chrétien ». Ils protègent leur enfant et le font grandir dans une sorte de cocon, adoptent toujours une attitude positive avec lui, l’inscrivent dans une école chrétienne ou, s’ils le peuvent, l’enseignent à la maison. En lui assurant ainsi la plus agréable des jeunesses, ils s’imaginent que leur gamin deviendra automatiquement quelqu’un de bien. Ces parents sont persuadés qu’un environnement convenable rendra leur rejeton convenable. Comme si l’enfant n’était qu’une masse inerte ! Une telle attitude n’est qu’une forme de déterminisme à la sauce chrétienne. Un ami potier m’a expliqué que ses créations dépendent énormément du type d’argile utilisé. Loin d’être une matière passive, l’argile réagit sous ses doigts. Certaines argiles sont souples et élastiques, d’autres sont friables et difficiles à façonner. Voilà une belle analogie ! C’est la même chose avec les enfants. Veillons à leur procurer les influences les plus favorables possibles. Mais n’oublions jamais que nous ne travaillons pas de l’argile inerte. L’argile réagit au façonnage : elle accepte ou pas d’être modelée. Nos petites têtes blondes ne se laissent jamais former passivement. Elles participent de manière bien active ! Votre enfant réagira en fonction de son orientation spirituelle. S’il connaît et aime le Dieu qui veut lui donner la paix en toutes circonstances, il répondra de manière constructive à l’éducation parentale. Dans le cas contraire, s’il essaie de se désaltérer à une citerne qui ne retient pas l’eau (Jérémie  2 : 13), il pourra se montrer rebelle aux meilleurs efforts. Faisons ce que le Seigneur nous demande, mais sachons que le résultat ne dépend pas uniquement de 39


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nos « bons » choix et de notre « bonne » manière d’agir. Nos enfants sont responsables de leur réponse à notre éducation. À bonnes influences, bons gamins ! Voilà l’idée véhiculée par le déterminisme qui bien souvent conduit à l’amertume et au chagrin ! Ainsi, quand un jeune se montre difficile et rebelle, ses parents pensent que le problème vient d’eux : « Ah ! Si seulement notre foyer avait été un peu plus ceci, ou un peu moins cela, les choses auraient mieux tourné ». Ils oublient que ce ne sont pas uniquement ces influences qui forment l’enfant. Le cœur est à la source de tout ce qui fait la vie (Proverbes 4 : 23). C’est lui qui détermine la réponse de vos enfants à votre éducation. Monsieur et Madame Keller avaient un fils de quinze ans. Un rebelle. Ils savaient que son éducation n’avait pas été parfaite. Mais leurs erreurs les empêchaient de voir ses besoins. Ils ne voyaient plus leur fils, ils voyaient leurs échecs. Ils ne l’ont jamais vu comme un garçon qui avait choisi de pécher, de ne pas croire en Dieu et de ne pas lui obéir. Ils n’avaient pas été des parents parfaits, c’est vrai. Mais leur fils n’avait pas été un bon fils. C’était tout aussi vrai. Ils avaient oublié que ce sont les orientations de notre cœur qui nous dirigent. Un enfant n’est pas passif durant sa jeunesse. Il réagit aux influences de la vie.

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Le développement de l’enfant : les influences

Q uestions

de réflexion

ont été les principales influences 1. Quelles déterminantes dans la vie de votre enfant ? est la structure de votre famille ? Comment 2. Quelle a-t-elle influencé votre fils ou votre fille ? sont les valeurs familiales que votre enfant 3. Quelles pourrait citer ? Quelles sont les choses qui comptent le plus pour vous ? quels domaines y a-t-il des secrets dans 4. Dans votre famille ? Accablez-vous votre enfant en lui partageant des problèmes trop lourds pour lui ? Ou, en partageant trop peu, l’écartez-vous de la vie et de la dépendance vis-à-vis de Dieu ?

5.

Qui est le chef à la maison ? Y a-t-il un pouvoir central ou les décisions familiales sont-elles prises en commun ?

résout-on généralement les conflits dans 6. Comment votre famille ? Comment votre enfant réagit-il à cette manière de faire ? Y a-t-il quelque chose à changer ? Si oui, quoi ?

définit-on un succès ou un échec dans 7. Comment votre famille ?

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8.

Quels sont les événements clés dans l’histoire de votre famille ? Comment vous ont-ils influencé ? Et votre enfant ?

tendance à être déterministe dans votre 9. Avez-vous manière de concevoir l’éducation ? Aviez-vous remarqué que votre enfant réagit activement aux influences déterminantes de sa vie ? De quelles manières ?

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Chapitre trois

Le développement de l’enfant : son orientation spirituelle J’ai découvert le bateau à voile quand j’étais étudiant. Quelle surprise pour moi d’apprendre que la direction du bateau ne dépend pas du sens du vent, mais de l’orientation de sa voile ! Un enfant est un peu comme un bateau à voile. Quelles que soient les influences exercées sur lui (le vent), c’est son orientation spirituelle (la voile) qui déterminera son parcours. Proverbes  9 : 7-10 marque bien la différence d’attitude entre un moqueur et un homme sage face à la réprimande et à l’instruction : Celui qui instruit le moqueur récolte le mépris, et celui qui reprend le méchant s’attire ses insultes. Ne reprends pas le moqueur si tu ne veux pas qu’il te déteste, mais reprends 43


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le sage et il t’aimera. Donne au sage et il deviendra encore plus sage, enseigne le juste et il augmentera son savoir. Le commencement de la sagesse, c’est la crainte de l’Éternel. La connaissance du Dieu saint, voilà en quoi consiste l’intelligence. Proverbes 9 : 7-10

Ce dernier verset permet de discerner si un enfant réagit en moqueur ou en sage. C’est la crainte du Seigneur qui le rendra sage. C’est cette sagesse qui le conduira à réagir d’une certaine manière à la correction.

L’orientation spirituelle Tout être humain a une orientation spirituelle ; tout le monde est fondamentalement religieux. Les enfants sont tous des adorateurs. Adorateurs du vrai Dieu, ou adorateurs d’idoles. Ils ne sont jamais neutres. Ils filtrent toutes leurs expériences au travers d’un tamis religieux. La colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes qui par leur injustice tiennent la vérité prisonnière, car ce qu’on peut connaître de Dieu est évident pour eux, puisque Dieu le leur a fait connaître. Romains 1 : 18-19

Le Seigneur a clairement révélé la vérité à tous, mais les hommes, dans leur méchanceté, la refoulent. Ils refusent de la reconnaître et de s’y soumettre. Paul poursuit en disant que bien qu’ils connaissent Dieu, ils refusent de le glorifier, s’égarent dans des raisonnements absurdes et finissent par adorer des idoles. Selon Romains 1, de deux choses l’une : ou vos enfants placent leur confiance en Dieu, ou ils méprisent la vérité révélée de Dieu. Dans le premier cas, ils s’épanouiront en connaissant et en servant Dieu. Dans le second, ils finiront par adorer et servir la création plutôt que le Créateur. Voilà pourquoi j’utilise l’expression « orientation spirituelle ». 44


Le développement de l’enfant : son orientation spirituelle

Dieu Idoles

Schéma n° 3 : Orientation spirituelle

Choix entre deux chemins

Le triangle supérieur gauche du dessin représente un adorateur du seul vrai Dieu. La flèche qui part de Dieu représente l’action de Dieu qui se dévoile : un Dieu bon, bienveillant et saint. Un Dieu qui a tout créé pour sa gloire. Et qui veille, avec bonté sur ses créatures. Le trouver, c’est trouver la vie. La flèche qui pointe vers Dieu indique l’orientation du cœur de la personne. Elle répond avec amour, joie et adoration à la bienveillance du Seigneur. Elle désire mieux le connaître et le servir. Le triangle inférieur droit représente une personne idolâtre, qui préfère le mensonge à la vérité. Elle adore la création plutôt que le Créateur. Elle s’incline devant des choses qui ne sont pas Dieu. Ces choses sont incapables de la satisfaire. Bien sûr, un jeune enfant n’est pas conscient de son orientation spirituelle. Mais il n’est jamais neutre. Créé à 45


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l’image de Dieu, il est conçu pour adorer. Même tout petit, soit il adore et sert le Seigneur, soit il adore et sert les idoles. David le rappelle : « Les méchants sont pervertis dès le ventre de leur mère, les menteurs s’égarent dès leur naissance » (Ps. 58 : 4). Le psaume 51 est encore plus éloquent : « Oui, depuis ma naissance, je suis coupable ; quand ma mère m’a conçu, j’étais déjà marqué par le péché » (v. 7). Ces versets sont très importants. Même dans le ventre de sa mère, un bout de chou est déjà enclin au péché. On nous dit souvent qu’un homme devient pécheur lorsqu’il pèche. Mais la Bible enseigne que l’homme pèche parce qu’il est un pécheur ! Nos gamins ne sont jamais moralement neutres. Pas même dans le ventre de leur mère. Proverbes  22 : 15 ajoute : « La folie est attachée au cœur de l’enfant ; le bâton de la discipline l’éloignera de lui ». Voilà une des raisons pour lesquelles l’enfant a besoin d’être corrigé : son cœur renferme déjà quelque chose de tordu qui doit être redressé. Et il ne suffit pas de changer les structures familiales. Il faut un changement de cœur. Le cœur n’est pas neutre

Comme la neutralité n’existe pas chez l’enfant, il adorera soit Dieu, soit des idoles. Et ces idoles ne sont pas de petites statuettes de bois ou de pierre. Elles sont bien plus subtiles. La Bible les décrit ainsi : la peur des hommes, les mauvais désirs, la convoitise, l’orgueil… Adorer des idoles, c’est se conformer au monde en ayant des pensées tout humaines et en s’attachant aux choses d’ici-bas. Toutes sortes de motivations, désirs, envies, buts, espoirs et attentes peuvent diriger le cœur d’un enfant. Et ils n’ont pas besoin d’être exprimés pour être bien réels. La vie de l’enfant dépend de son vécu, mais aussi de son orientation spirituelle. Il agit soit comme un croyant (qui connaît, aime et sert l’Éternel), soit comme un enfant 46


Le développement de l’enfant : son orientation spirituelle

insensé non croyant (qui ne connaît pas et ne sert pas Dieu). En tout cas, il réagit ! Il n’est pas neutre. Il n’est pas simplement le produit de son éducation : il fait son propre choix. De foi ou d’incrédulité et d’idolâtrie. Qui va-t-il adorer ?

Soyons clairs : l’éducation ne se limite pas à assurer une influence positive. Créer une atmosphère agréable au sein du foyer ou instaurer un dialogue constructif ne suffit pas. Il existe une autre dimension : la relation entre l’enfant et le Dieu vivant. Ou bien l’enfant grandira en l’adorant, en le servant et en cherchant à mieux le connaître ; ou bien il tentera de donner un sens à sa vie en dehors de Dieu. Ce n’est pas parce qu’il vit comme « un insensé qui dit en son cœur que Dieu n’existe pas » que l’enfant cesse d’être un adorateur (cf. Psaume 53). Il adore simplement ce qui n’est pas Dieu. La responsabilité des parents consiste donc, entre autres, à le conduire, tel un berger, vers celui qui seul est digne d’adoration. La question n’est pas de savoir s’il va adorer, mais plutôt qui il va adorer.

Conséquences pour l’éducation C’est sur ce point que ce livre est différent de la majorité des ouvrages sur l’éducation des enfants. Le but de ces livres est généralement de nous aider à mettre en place les meilleures structures possibles afin d’influencer positivement les choix de nos enfants. Ils proposent toutes sortes d’astuces et d’idées nouvelles pour une bonne éducation, la plus biblique possible. Tout ceci avec l’espoir que l’enfant réagisse positivement et devienne un jour quelqu’un de bien. Ce livre veut aller plus loin. Il tente également de montrer comment être un berger pour son fils, sa fille, en s’adressant à son cœur. 47


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Souvenons-nous de Proverbes  4 : 23. Le cœur est la source de la vie. Éduquer son enfant, ce n’est pas seulement apporter de bonnes influences : c’est s’occuper de son cœur, là où jaillit la vie. C’est pour cela que j’aimerais vous aider à vous engager dans un combat de tous les jours, un combat au corps-àcorps sur le plus petit des champs de bataille : le cœur de votre enfant. Nos enfants ont été créés à l’image de Dieu. Ils ne seront ni épanouis ni heureux sans connaître et servir le Dieu vivant. N’oublions pas les deux problèmes soulevés dans les schémas précédents. En tant que parents, nous essayons d’offrir à notre enfant les meilleures influences déterminantes possibles. De donner à notre foyer une structure apportant stabilité et sécurité. De veiller à des relations familiales vécues dans la grâce de Dieu. De punir d’une manière juste qui montre la position du Seigneur face au péché. De transmettre des valeurs imprégnées des Écritures. De gérer le quotidien avec méthode et bon sens. De créer une atmosphère saine et constructive. Ce sont toutes des choses importantes. Mais insuffisantes en soi ! Notre enfant n’est pas uniquement le produit de toutes ces influences : il y réagit en faisant des choix. Soit il a foi en la bonté et la miséricorde de Dieu, soit il est incrédule. Soit il grandit en aimant le Seigneur et en lui faisant confiance, soit il se tourne complètement vers diverses formes d’idolâtrie et d’autosuffisance. Ne nous limitons pas à la nature des influences déterminantes de sa vie : n’oublions pas que, dans le contexte de ces multiples influences, notre enfant répondra à Dieu d’une certaine manière. Ne concluons pas trop vite que ses problèmes viennent d’un manque de maturité : l’orientation spirituelle de son cœur est la source de ses choix de vie. Son égoïsme et son manque de respect pour l’autorité ne disparaîtront pas avec 48


Le développement de l’enfant : son orientation spirituelle

l’âge. Ils ne sont pas le fruit de son immaturité, mais de son idolâtrie. Le petit Nathan était un enfant malhonnête. Il n’en ratait pas une, dès que son père avait le dos tourné. Il mentait, même s’il n’avait rien à y gagner. Il volait souvent de l’argent à ses parents. Son père persistait à mettre son attitude sur le compte de l’immaturité. C’est vrai que le garçon était immature ; mais ce n’est pas pour cette raison qu’on ne pouvait pas lui faire confiance. Il n’était pas digne de confiance parce qu’il était pécheur. Il cherchait à donner un sens à sa vie, mais sans Dieu. Sa rébellion contre l’autorité divine et sa détermination à être son propre maître avaient fait de lui un être peu fiable. Tant qu’il ne comprenait pas que le comportement de son fils venait de son éloignement du Seigneur, son père ne pouvait pas l’aider.

Importance de l’orientation spirituelle Plusieurs récits bibliques montrent que les influences déterminantes ne sont pas le seul facteur à prendre en considération. Prenons Joseph, par exemple. Son enfance est loin d’être idéale. Sa mère meurt alors qu’il est tout jeune. Il est le favori de son père. Ses frères le haïssent à cause de ses rêves. Et, quand leur père lui offre un manteau qui symbolise son autorité sur eux, ils le mettent davantage à l’écart. Ils le trompent et le jettent dans une citerne. Des marchands d’esclaves cupides l’achètent pour se faire de l’argent en le revendant. Malgré son honneur et son intégrité, il est trahi dans la maison de Potiphar. Jeté en prison, il y est abandonné par ceux qu’il a aidés. Tout ceci aurait pu le rendre amer, cynique, rancunier et mécontent. C’est exactement ce qu’il serait devenu si nous n’étions que le produit des influences de notre enfance. Au lieu de cela, que voyons-nous ? Lorsque ses frères viennent se jeter à ses pieds pour implorer son pardon… 49


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Joseph leur dit : « N’ayez pas peur ! Suis-je en effet à la place de Dieu ? Vous aviez projeté de me faire du mal, Dieu l’a changé en bien pour accomplir ce qui arrive aujourd’hui, pour sauver la vie à un peuple nombreux. Désormais, n’ayez donc plus peur : je pourvoirai à vos besoins et à ceux de vos enfants ». C’est ainsi qu’il les réconforta en parlant à leur cœur. Genèse 50 : 19-21

Comment expliquer les réactions de Joseph ? Il fait face aux événements de sa vie avec une perspective très particulière. Plongé jusqu’au cou dans des situations très difficiles, des « influences déterminantes » qui auraient dû peser lourd, il place constamment sa confiance en Dieu. Qui donc lui a appris à réagir de la sorte ? Joseph aimait l’Éternel. Dieu a fait de lui un jeune homme bien, qui réagissait aux circonstances de sa vie en fonction de sa relation avec Dieu. Il ne s’est pas laissé guider par les influences déterminantes de sa vie, mais par l’amour infaillible et la grâce inépuisable de son Dieu. Et que dire de la jeune servante au service de la femme de Naaman ? Des soldats ennemis l’ont arrachée toute jeune de sa maison en Israël. Elle est devenue la servante d’un soldat araméen. Elle n’était qu’un butin de guerre. Rien d’idéal au niveau des influences déterminantes de sa vie ! Elle reste pourtant fidèle à l’Éternel. Lorsque son maître est malade, la jeune fille sait que Dieu peut le guérir. Et qui plus est, elle sait où trouver le prophète en Israël. Le roi d’Israël ne connaît même pas le prophète, et il n’accorde pas grande foi à la puissance de Dieu. Face à l’urgence de la situation, le roi est rempli de crainte et d’incrédulité (voir 2 Rois 5 : 6-7). Pourquoi cette jeune fille réagit-elle si différemment ? De toute évidence, une personne est bien davantage que le résultat des influences déterminantes de sa vie ! Cette jeune fille avait confiance en Dieu. Elle a gardé cette 50


Le développement de l’enfant : son orientation spirituelle

confiance en dépit des circonstances difficiles au milieu desquelles elle a grandi.

Résumé Deux facteurs entrent en compte dans le développement d’un enfant : 1. Les influences déterminantes de la vie. 2. Son orientation spirituelle. L’éducation parentale doit tenir compte des deux facteurs. Nous devons veiller à notre manière de gérer les influences déterminantes qui sous notre contrôle (beaucoup ne le sont pas, comme les décès,  etc.). Et nous devons aussi accompagner l’enfant dans son orientation spirituelle. N’oublions pas, dans tout cela, de demander au Seigneur d’agir au travers et au-delà de nos efforts et des réactions de nos enfants, afin qu’ils deviennent des adultes qui connaissent et honorent Dieu. Les schémas n° 2 et 3 vous aideront à résumer votre rôle en tant que parents, nous devons, certes, donner à nos enfants des influences déterminantes en phase avec l’enseignement biblique, mais n’oublions jamais que nous devons être des bergers pour leur cœur, les guidant vers la connaissance et le service de Dieu.

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Q uestions

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de réflexion

tendance à être plutôt déterministe dans 1. Avez-vous votre manière de concevoir l’éducation ? Avez-vous conscience que vos enfants réagissent activement aux influences déterminantes de leurs vies ? Comment les voyez-vous réagir ?

2.

Quelle est l’orientation spirituelle de vos enfants ? Leurs vies et leurs réactions sont-elles structurées autour de Dieu comme leur Père, leur Berger, leur Seigneur, leur Souverain, leur Roi ? Ou les voyez-vous plutôt vivre pour certains plaisirs, pour l’approbation, la reconnaissance, ou d’autres formes d’idoles ?

moyens originaux et attrayants pourriez-vous 3. Quels employer pour démasquer l’idolâtrie de votre enfant ?

4.

Comment pouvez-vous le corriger en mettant l’accent sur son orientation spirituelle ? De quelle manière pourriez-vous l’aider à comprendre qu’il s’investit dans des choses qui ne peuvent pas réellement le satisfaire ? Passez-vous du temps à prier avec votre conjoint en demandant à Dieu de se révéler à votre enfant ? Car, tout compte fait, seul Dieu peut être à l’origine d’un changement de cœur chez vos enfants !

52


Chapitre quatre

Maîtres à bord Les garçons bricolent sur leur kart, dans la remise. Notre fille sort les appeler pour dîner : — Dépêchez-vous de rentrer, lavez-vous les mains, on mange ! Tout de suite ! crie-t-elle d’un ton autoritaire. Comme elle revient toute seule, mon épouse lui demande : — Tes frères arrivent ? — Je les ai appelés, répond-elle, d’un ton qui trahit sa tentative d’imposer son autorité. Pourquoi les garçons ne sont-ils pas rentrés ? Tout simplement parce que leur sœur les avait appelés. Et ils n’avaient aucunement l’intention d’obéir aux ordres de leur sœur ! Elle retourne alors dans la remise, avec le même message, mais en y ajoutant trois mots magiques : — Maman a dit… 53


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Notre fille n’était pas habilitée à donner des ordres à ses frères. La seconde fois, elle les a appelés comme représentante de leur mère. Ils savaient qu’il fallait rentrer !

Confusion à propos de l’autorité Notre société est allergique à l’autorité. Nous n’aimons ni y être soumis ni l’exercer. Et cela se manifeste le plus clairement dans nos foyers ! Il nous faut comprendre l’autorité à la lumière de la Bible. Les questions abondent. L’autorité des parents sur leurs enfants est-elle absolue ou relative ? Cette autorité existe-telle à cause de leurs différences de taille ? Leur différence de niveaux d’intelligence ou d’expérience ? Sommes-nous les maîtres à bord à cause de l’absence de péché dans nos vies, alors que chez nos enfants… Avons-nous le droit d’obliger nos gamins à faire tout ce que nous voulons ? Que d’hésitations et de manque d’assurance dans le vécu de nos responsabilités de parents si nous ne sommes pas capables de répondre à ce genre de questions ! Que de souffrances pour nos enfants si nous ne savons pas comment définir l’autorité des parents et sur quoi elle se fonde ! Que d’incertitudes pour eux si les règles de base sont variables ! Impossible alors pour eux d’apprendre les absolus et les principes de la parole de Dieu, seule source de sagesse. Notre société n’a aucune idée du sens biblique du mot « autorité ». Nous pensons à l’autorité en termes de contrainte ou de consentement pesant. Il en découle deux réactions possibles : la rébellion ou l’obéissance servile. Impossible d’imaginer, dans notre culture, des personnes intelligentes et réfléchies qui se placeraient volontairement sous une autorité ! Quand nous permettons à nos enfants de tout décider par eux-mêmes, nous leur donnons une fausse définition de la liberté. La vraie liberté ne se vit pas 54


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dans l’autonomie mais bien plutôt dans l’obéissance (voir Psaume 119 : 44-45). Aujourd’hui, les parents se retrouvent souvent à improviser, car ils n’ont pas compris le mandat que la Bible leur confie : guider et accompagner leurs enfants. Bien souvent, hélas ! nos objectifs de parents se limitent à la recherche de notre confort et notre tranquillité. Nous nous faisons obéir sous la pression uniquement pour préserver notre bienêtre. Nous devons comprendre clairement comment Dieu nous demande d’agir en tant que parents chrétiens. Et nos enfants doivent apprendre que Dieu les appelle à obéir en tout temps.

Appelés à être maîtres à bord En tant que parents, nous avons une autorité parce que Dieu nous appelle à être une autorité dans la vie de nos enfants. En tant que mère ou père, nous n’imposons pas nos commandements, mais ceux de Dieu. Nous exécutons ses ordres ; nous nous acquittons d’une charge qu’il nous a confiée. Il ne nous appartient pas de modeler la vie de nos enfants comme bon nous semble, mais nous devons le faire comme lui nous le demande. Voilà ce qui doit nous guider dans notre tâche. Instruction, aide, soins, correction et discipline : nous devons offrir tout cela parce que Dieu nous y a appelés. Nous devons vivre avec cette profonde conviction : Dieu nous a donné un mandat pour agir en son nom. Dieu dit d’Abraham : « Je l’ai choisi afin qu’il ordonne à ses fils et à sa famille après lui de garder la voie de l’Éternel en pratiquant la droiture et la justice » (Genèse 18 : 19). Abraham est donc en mission pour l’Éternel. Il exécute une tâche du programme divin. C’est Dieu qui l’a appelé à cette œuvre, ce n’est pas lui qui l’a choisie. Abraham ne travaille pas en 55


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freelance et il ne définit pas lui-même son travail. Dieu le détermine, et Abraham agit en son nom. Deutéronome 6 souligne cette conception de la responsabilité parentale. Dans le deuxième verset, l’Éternel exprime sa volonté de voir les Israélites, leurs enfants et leurs petits-enfants le respecter, en obéissant durant toute leur vie à toutes ses prescriptions et à tous ses commandements. C’est aux parents qu’il incombe de les transmettre à leurs enfants : à la maison, en voyage, au coucher et au lever. Dieu a un objectif : que ses voies soient respectées de génération en génération. Et Dieu atteint cet objectif par l’intermédiaire de l’éducation parentale. Éphésiens  6 : 4 ordonne d’élever nos enfants en les éduquant et en les conseillant d’une manière conforme à la volonté du Seigneur. Nous devons donc leur dispenser son enseignement et ses instructions. C’est un ordre d’agir en son nom. Comprendre ce principe tout simple nous permettra d’appréhender plus clairement notre mission. Si nous sommes les agents de Dieu (avec la tâche d’instruire et d’éduquer nos enfants selon ses principes), nous sommes donc nous aussi sous autorité. Parents et enfants sont logés à la même enseigne. Tous sous l’autorité divine. Avec des rôles différents, mais le même Maître. Si c’est la colère qui nous conduit à corriger nos enfants, nous avons tout faux. Et nous devons leur demander pardon. Seule la mission que Dieu nous a confiée nous donne le droit de les discipliner, et non pas notre petit programme personnel. Une mauvaise colère (parce que nous n’avons pas réussi à faire ce que nous voulions de nos enfants) brouillera les cartes de notre discipline. Nous mettre en colère parce que notre enfant ne fait pas ce que nous souhaitons le conduira à penser que le problème se situe entre lui et nous, pas entre lui et Dieu. Et pourtant, quand il nous désobéit, il désobéit 56


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à Dieu. Quand il nous manque de respect, il manque de respect au Seigneur. Le problème n’est pas une question relationnelle entre nous et notre gamin ; le problème, c’est que nous insistons pour que notre enfant obéisse à Dieu. Parce qu’obéir à Dieu est juste et bon. Une juste indignation a parfois sa place, mais uniquement quand Dieu est offensé, pas nous ! C’est trop facile de dire : « J’ai raison, et je suis en colère, donc c’est une juste colère ». En fait, nous sommes peut-être simplement énervés parce que nous n’obtenons pas ce que nous voulons.

Appelés à obéir Notre rôle n’est pas d’imposer nos propres exigences à nos enfants et de les faire obéir au doigt et à l’œil. Nous devons exercer sur eux une discipline qui les conduit à la vie (Proverbes 6 : 23) ! Nous agissons avec eux comme Dieu agit avec nous. Je me souviens de nombreux dialogues de ce genre avec l’un ou l’autre de mes enfants : — Tu as désobéi à papa, tu es bien d’accord ? — Oui. — Et tu te souviens de ce que Dieu dit à ton papa de faire quand tu désobéis ? — Me donner une fessée ? — Exact ! Je dois te donner une fessée. Si je ne le faisais pas, c’est moi qui désobéirais à Dieu. Et nous serions tous les deux en tort. Ce ne serait pas bien. Ni pour toi ni pour moi, n’est-ce pas ? — Oui… (à contrecœur). Un tel dialogue montre à l’enfant que son père ne le corrige pas par méchanceté. Qu’il n’essaie pas de l’obliger à se soumettre à lui uniquement parce qu’il déteste l’inso57


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lence. Qu’il n’est pas en colère contre lui. Que tous deux sont soumis à l’autorité divine. Que Dieu lui a confié une mission et qu’il ne peut pas s’esquiver. Qu’il agit selon le cadre prévu par le Seigneur. Qu’il exige l’obéissance parce que Dieu le lui demande. Agir avec confiance

Une énorme liberté nous est accordée dans ce domaine. Lorsque nous dirigeons, corrigeons ou punissons un enfant, nous ne le faisons pas de notre propre volonté. Nous agissons parce que Dieu nous l’a demandé. Inutile de nous demander si nous avons bien le droit d’être maîtres à bord ! Inutile de chercher à obtenir la permission du fiston. Le Seigneur nous a confié une mission à remplir et l’approbation de l’enfant n’est donc pas nécessaire. Un mandat d’action

Comme parents, nous sommes représentants de Dieu. Cette position ne nous donne pas seulement le droit, mais aussi le devoir d’agir. Nous n’avons pas d’autre choix. Nous devons assumer vos responsabilités à l’égard de nos enfants. C’est par obéissance à Dieu que nous agissons. C’est notre devoir. Illustrons le propos : tout adulte en France, est dans l’obligation de signaler les cas de maltraitance d’enfants. Ce n’est pas seulement un droit, mais un devoir. Il n’y a rien de facultatif ; la loi nous y contraint. De la même manière, quand Dieu nous appelle à être une autorité pour l’éducation de nos enfants, il nous en donne non seulement le droit, mais aussi la responsabilité. En tant que directeur d’établissement scolaire, je constate que la plupart des parents ne comprennent ni la justesse ni la nécessité de prendre en main la vie de leurs 58


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enfants. Ils endossent plutôt un rôle de conseillers. Peu d’entre eux sont disposés à dire par exemple : — Aujourd’hui, nous mangeons du rôti, des haricots verts et de la salade. Je sais que ce n’est pas ton repas préféré, mais c’est bon pour toi. Une autre fois, je préparerai quelque chose qui te fera plaisir, promis. Bon appétit ! Beaucoup disent au contraire : — Que veux-tu manger aujourd’hui ? Je suppose que tu ne veux pas de mes haricots verts… Je te prépare autre chose ? Tout cela paraît bien beau et bien gentil, mais quelles en sont les conséquences ? L’enfant comprend que c’est lui qui prend les décisions ; ses parents ne sont là que pour suggérer les options. Ce scénario est courant chez les jeunes enfants : dans le choix des vêtements, des horaires, des loisirs, etc. À six, huit ou dix ans, ce sont déjà des petits chefs. À treize ans, ils échappent à tout contrôle ; papa et maman ont beau cajoler, supplier, insister, crier, menacer, les enfants n’en font qu’à leur tête. Cela fait longtemps que les parents ont abandonné leur prérogative de prise de décision. Comment en est-on arrivé là ? C’est simple : insidieusement, pour chaque décision, les parents ont très tôt présenté à leur enfant une large palette de choix. Certains prétendront que « les enfants doivent apprendre à devenir responsables dans leurs décisions ; ils ne le pourront que si les parents leur permettent d’en prendre ». Ce raisonnement passe à côté de l’essentiel. C’est en observant la sagesse de leurs parents dans leur éducation et leurs choix que les enfants prendront à leur tour des décisions responsables. Mais avant cela, il est important qu’ils apprennent à être sous l’autorité. Dites à vos enfants que Dieu les aime 59


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tellement qu’il leur a donné un père et une mère qui sont les autorités capables de les former et de les guider. C’est en suivant notre exemple qu’ils apprendront à prendre de sages décisions. En tant que parents, soyons prêts à être les maîtres à bord ! Usons de bienveillance et de grâce, mais soyons des autorités pour nos enfants !

Définition du rôle parental Nous devons reconnaître l’appel de Dieu à agir comme ses agents. Notre société a réduit la tâche parentale à « s’occuper de l’enfant ». Beaucoup ont adopté cette vision étriquée et se contentent d’offrir à l’enfant à manger, des vêtements, un lit et quelques moments privilégiés. Dieu va plus loin, et la tâche qu’il nous confie est bien plus noble ! Impossible de l’organiser avec un agenda ! Elle est de tous les instants de chaque jour. Elle consiste à accompagner et former l’enfant de la part de Dieu. La nuit, le jour, en se promenant, en bavardant ou en se reposant, impliquonsnous dans la vie de notre fils, de notre fille ! Afin de l’aider à comprendre, à la lumière de la Bible, son identité, ses besoins et le sens de la vie (Deutéronome 6 : 6-7). C’est une responsabilité à plein-temps ! Qui requiert une relation profonde avec l’enfant. Pour l’aider à faire la volonté de Dieu (comme Genèse 18 nous appelle à le faire), nous devrons comprendre comment il fonctionne et quelles sont ses aspirations. C’est beaucoup plus que le loger, le nourrir et le blanchir ! Des objectifs clairs

Quand on demande aux parents de définir concrètement leurs objectifs d’éducation, les réponses sont assez surprenantes. La plupart sont incapables de citer les points 60


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forts et les points faibles de leurs gamins. Ils n’ont aucune méthode pour remédier aux faiblesses ou renforcer les points forts. Beaucoup de couples n’ont jamais pris le temps de discuter de leurs objectifs à moyen et à long terme ; ils n’ont aucune stratégie d’éducation. Ils ignorent ce que Dieu dit des enfants et ce qu’il en attend. Ils n’ont jamais réfléchi à la manière de corriger les attitudes du cœur : ils se contentent de remédier aux comportements gênants ou irritants. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que notre conception du rôle parental est erronée. Nous ne voyons pas les parents comme des accompagnants du cœur de nos enfants. Notre société considère plutôt les parents comme de simples prestataires de soins. Passer un temps de qualité avec ses enfants signifie obligatoirement prendre du bon temps avec eux, s’amuser. Loin de moi l’idée que s’amuser avec ses enfants serait une mauvaise chose en soi ! Mais nous sommes à des années-lumière d’une éducation qui les conduit vers le Seigneur. Genèse 18 : 19 appelle les pères à instruire leurs enfants dans la voie de l’Éternel, en faisant ce qui est juste et droit. Être parent signifie travailler, au nom de Dieu, à guider nos enfants dans la bonne direction. Être parent, c’est aider nos enfants à comprendre quel comportement le Seigneur attend d’eux. C’est leur enseigner qu’ils sont, par nature, pécheurs. C’est leur présenter le pardon et la grâce de Dieu, manifestés dans la vie et la mort du Christ. L’humilité de la tâche

Comprendre que nous sommes des représentants de Dieu devrait nous aider à agir avec nos enfants dans la plus grande humilité. Nous corrigeons en effet nos enfants car Dieu nous demande de les corriger. Nous sommes ainsi les agents du Seigneur auprès de nos enfants et notre mission consiste à leur montrer leur péché. Un ambassadeur doit 61


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toujours être conscient qu’il représente son pays ; n’oublions pas que nous sommes, pour eux, les ambassadeurs de Dieu. Rien de tel pour nous pousser à une sérieuse réflexion et à une profonde humilité ! J’ai dû bien des fois demander pardon à mes enfants pour de la colère ou une mauvaise réaction. Il m’est arrivé de devoir dire : — Mon garçon, j’ai péché, je suis coupable. J’ai parlé sous le coup de la colère et je t’ai dit des choses que je n’aurais pas dû dire. J’ai eu tort. Le Seigneur m’a confié une mission sainte, je n’aurais pas dû me laisser emporter. S’il te plaît, pardonne-moi ! Notre mission est plus claire si nous comprenons que discipliner ne signifie ni essayer d’imposer notre propre programme, ni passer notre colère sur nos enfants. Non ! Discipliner nos enfants c’est agir en tant que représentants de Dieu, afin de les conduire sur le chemin de la vie. Nous ne faisons que semer la confusion quand notre discipline exprime uniquement notre désapprobation face à un comportement qui nous déplaît, plutôt que celle du Seigneur face à une rébellion contre son autorité. Pas de place pour la colère

J’ai rencontré énormément de parents convaincus que la colère exprimée dans leurs réprimandes et leur discipline était légitime. Selon eux, elle permettrait d’inspirer chez l’enfant la peur de désobéir à leurs parents. Pour ces parents, la discipline consiste à manipuler leurs enfants par le biais d’un bon coup de colère. Mais que va apprendre l’enfant ? Il apprendra à craindre les hommes, pas Dieu ! 62


Maîtres à bord

L’apôtre Jacques dénonce l’erreur d’une telle approche : Ainsi donc, mes frères et sœurs bien-aimés, que chacun soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère, car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. Jacques 1 : 19-20

L’apôtre ne pouvait être plus clair. Une vie droite, telle que Dieu la désire, n’est jamais le produit d’une colère incontrôlée. Elle peut certes pousser nos enfants à nous craindre, et même à améliorer leur comportement. Mais pas à produire en eux la justice dont la Bible parle. Même si elle engendre un changement d’attitude, elle ne les rapprochera pas du Seigneur. Elle les éloignera. Et les conduira à la crainte de l’homme, qui n’est qu’idolâtrie. Si nous corrigeons et disciplinons nos enfants par obéissance à Dieu, inutile d’encombrer cette mission d’une colère personnelle ! La correction ne consiste pas à manifester du mécontentement lorsqu’ils se conduisent mal, mais à leur rappeler que leur mauvaise conduite offense le Seigneur. Il condamne le péché. Ils sont des sujets du royaume de Dieu. Il est le Roi. Ils doivent obéir. Avantages pour l’enfant

C’est donc au nom de Dieu et de sa part que nous nous adressons à l’enfant. Apprenons-lui à accepter notre correction simplement parce que le Seigneur l’a décidé ainsi. L’enfant apprend alors à être corrigé, pas parce que nous avons toujours raison, mais parce que Dieu dit que « le bâton et le reproche procurent la sagesse » et que « celui qui tient compte du reproche fait preuve de sagesse » (Proverbes 29 : 15 et 15 : 5). L’enfant qui admet ces vérités apprendra à accepter la correction. J’ai constaté – avec étonnement et humi63


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lité – que les miens, adolescents et même jeunes adultes, acceptaient d’être corrigés. Non pas parce que je savais bien gérer la discipline, mais parce qu’ils étaient convaincus que « celui qui néglige l’instruction se méprise luimême, celui qui écoute un reproche acquiert du bon sens » (Proverbes  15 : 32). Ils avaient compris que j’étais un agent du Seigneur, utilisé par lui pour exercer l’autorité comme il le désire. Ils savaient donc, malgré mes imperfections, que la correction les conduirait à la sagesse.

Résumé Dieu nous a confié une tâche qui nécessite force et courage. N’oublions pas ces principes qui nous aideront ! Le Seigneur nous a donné autorité sur nos enfants. Il nous appelle à les guider (Genèse  18 : 19). Sans hésitation ni despotisme. En le représentant. Enseignons-leur qu’ils sont ses créatures et qu’ils ont besoin de sa grâce et de son pardon. Comptons sur le Seigneur pour nous donner force et sagesse. Bien comprendre le but de la discipline nous aidera à saisir l’importance de nous voir comme les ambassadeurs de Dieu, appelés à être maîtres à bord. Pour une discipline corrective et non punitive

S’il y a correction parce que le parent se sent offensé, cette correction donnera l’impression de servir à apaiser la colère ou même à la venger. C’est une discipline punitive. Si, au contraire, il est question d’une offense envers le Seigneur, alors l’objectif devient la restauration. Il y a envie de réparer, de ramener l’enfant qui a désobéi à Dieu sur la voie de l’obéissance. C’est de la discipline corrective.

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Maîtres à bord

Prouver son amour par la discipline

Durant la pause-café d’une rencontre pastorale, deux pères ont commencé à parler de leurs enfants ; je n’ai pas pu m’empêcher de tendre l’oreille : — Je suis trop dur avec eux, dit le premier. Je les punis tout le temps. Mais il le faut bien ; ma femme les aime beaucoup trop pour les discipliner ! — Il faudrait peut-être un certain équilibre entre vous deux, non ? observe l’autre. — Oui, c’est vrai, répond le premier, il faudrait que nous trouvions un juste équilibre entre amour et discipline. Je me suis presque étranglé avec mon croissant ! Équilibrer l’amour et la discipline ? J’ai tout de suite pensé à plusieurs versets : Car l’Éternel reprend celui qu’il aime, comme un père l’enfant qui a sa faveur. Proverbes 3 : 12

Il déteste son fils, celui qui ménage son bâton ; celui qui l’aime cherche à le discipliner. Proverbes 13 : 24

Moi, je reprends et je corrige tous ceux que j’aime. Apocalypse 3 : 19

Mais comment peut-on avoir cette idée d’équilibrer amour et discipline ? La discipline est une preuve d’amour ! Ce genre de conversations est fréquent, car peu de parents ont une conception biblique de la discipline. Ils ont tendance à la considérer comme une sorte de revanche : ils se vengent de l’enfant pour le mal qu’il a fait. L’épître aux Hébreux (chap. 12) explique clairement que la discipline n’est pas punitive mais corrective. Elle est un encouragement adressé aux enfants. Hébreux 12 montre que la discipline est un signe d’identification de Dieu avec nous 65


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comme notre Père et qu’il nous corrige pour notre bien. Pour que nous puissions partager sa sainteté. C’est vrai que la discipline est plus douloureuse qu’agréable ! Mais elle produit une vie juste et paisible. Amour et discipline n’ont pas à s’équilibrer, parce que la discipline est l’expression la plus profonde de l’amour. Corriger son enfant, c’est refuser d’être complice de sa mort (Proverbes 19 : 18). Cette idée est difficile à comprendre, parce que nous avons du mal à nous considérer comme les représentants de Dieu auprès de nos enfants. C’est pourquoi nous corrigeons nos enfants lorsqu’ils nous énervent ! Pas pour les sauver du danger. Juste pour exprimer notre frustration. Notre correction se limite à des : « J’en ai marre de toi, tu vas me rendre fou, tu vas t’en prendre une, je vais te gronder, je vais t’envoyer au coin jusqu’à ce que tu comprennes ». Ceci n’est pas de la discipline ! C’est de la maltraitance ! Ce n’est pas ce que Dieu veut. Et cela n’apportera ni paix ni justice à l’enfant. Mais uniquement de la colère et de la mauvaise humeur. Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’un gamin résiste à quelqu’un qui s’en prend à lui uniquement parce qu’il l’a énervé ! Une discipline qui enseigne (positive) plutôt qu’elle ne punit (négative) n’exclut pas l’idée de conséquences liées à certains comportements. Dieu châtie parfois son peuple en se servant des conséquences et répercussions engendrées par certaines mauvaises actions. La Bible montre bien la bénédiction qui découle de l’obéissance et la ruine produite par le péché et la désobéissance. Nous y reviendrons plus tard. Certes, des enfants bien disciplinés sont une véritable joie pour les parents (Proverbes  23 : 15-16, 24). Mais ne les disciplinons pas par intérêt ou par convenance personnelle ! N’oublions pas que nous sommes les agents du Seigneur. Corrigeons selon les enseignements – non négociables – de 66


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la parole de Dieu. Le but de la discipline est de développer le caractère de l’enfant et d’honorer Dieu. En les disciplinant, notre objectif est d’aller vers nos enfants, pas de nous en éloigner. Nous allons vers nos enfants en leur enseignant les principes de vie. Notre discipline sera alors thérapeutique et non punitive. Elle sera source de croissance, pas de souffrance.

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Q uestions

d e t o i , f i s t o n  !

de réflexion

définiriez-vous la nature de votre autorité 1. Comment parentale ? Pensez-vous agir conformément à ce que la Bible enseigne ?

2.

Corrigez-vous votre enfant pour gagner une bataille contre lui ou pour mettre en valeur l’autorité de Dieu sur sa vie ?

pourriez-vous faire pour que votre discipline ait 3. Que toujours pour objectif de le conduire sur les chemins de la vie ? perçoit-il votre autorité ? Lui dites-vous 4. Comment des choses du genre : « Je suis ton père (ta mère), et tant que tu vivras sous mon toit, tu feras ce que je te dis » ?

décririez-vous votre rôle de représentant 5. Comment de Dieu, et comment cela pourrait-il changer votre façon d’appliquer la discipline ?

6.

Prenez le temps de réfléchir aux questions qui suivent : quels sont vos objectifs d’éducation ? Quelles sont les forces et les faiblesses de votre enfant ? Quels sont vos objectifs immédiats et à long terme ? Quelles sont vos stratégies parentales ?

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Tedd Tripp Pasteur, professeur et consultant, Tedd consacre sa vie à développer le potentiel des responsables chrétiens. Après des années d’expérience pastorale, il forme aujourd’hui des leaders, des pasteurs et des missionnaires dans plus de trente pays. Il est marié et père de quatre enfants adultes.

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