Bryan Chapell Bryan Chapell Bryan Chapell Une puissance qui libère du péché et transforme de l’intérieur Nous parlons si souvent de la « grâce de Dieu » que nous en oublions parfois sa puissance surnaturelle. Par sa grâce, Dieu ferme la porte à toutes nos tentatives de lui être agréables pour éviter sa colère ou gagner sa faveur. Mais cela va bien plus loin. Comment la grâce de Dieu modifie-t-elle nos motivations et nos affections ? Comment s’appuyer sur elle pour fuir le péché et obéir enfin de tout cœur comme Dieu l’attend de nous ? Ce livre fourmille de références aux Écritures qui vous permettront de saisir pourquoi vous devez vous appuyer sur cette ressource infinie. Plus vous puiserez en elle, plus l’Évangile produira en vous une joie qui transformera votre vie de l’intérieur. Non seulement vous désirerez mieux connaître Dieu et ses plans, mais vous serez aussi libres de lui obéir sans compromis.
Une puissance qui libère du péché et transforme de l’intérieur
À propos de l’auteur Bryan Chapell est pasteur. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont Prêcher : L’art et la manière.
14,90€
ISBN 978-2-36249-428-4
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« Dieu vous aime autant qu’il aime Jésus ! Vous rendez-vous compte ? » Avec les talents de prédicateur et la sagesse pastorale qu’on lui connaît (cf. Prêcher : L’art et la manière, Excelsis, 2009), Bryan Chapell fait dans ce nouveau livre le tour d’une notion biblique dont on ne saurait exagérer l’importance : la grâce infinie de Dieu. Il insiste avec raison sur « l’alchimie du cœur » créée par les vérités de la grâce, « une alchimie qui déplace le centre et les forces de nos objectifs de vie ». Et il fait briller la grâce de Dieu de tous ses feux, même en abordant la question de l’enfer ! À lire et à faire lire !
Etienne Lhermenault
Président du CNEF (Conseil National des Évangéliques de France)
Le professeur et pasteur Bryan Chapell nous gratifie d’un ouvrage remarquable qui développe l’importance fondamentale de la grâce divine pour la vie de chaque chrétien. Il démontre avec brio la manière dont la grâce motive et rend possible une vie d’amour pour Dieu. Il analyse également avec beaucoup de finesse le rapport entre la loi et la grâce. Chapell souligne avec raison l’omniprésence de la grâce dans toute la Bible et indique les moyens de la repérer. Ce livre est très clair, complet, équilibré et profond. L’approche est résolument axée sur la théologie pratique, en témoignent le nombre d’illustrations et le ton pastoral de l’auteur. C’est sans conteste un ouvrage qui fera date.
Pierre Klipfel
Directeur de l’Institut Biblique de Genève
Bryan Chapell montre comment l’amour de Dieu commence à nous transformer de l’intérieur. Les questions auxquelles il nous propose de répondre dans notre interaction avec le texte biblique (comme : Que m’enseigne ce passage au sujet du Dieu rédempteur ?) sont des questions que je suggère à tous les enseignants et leaders qui ont la charge d’exposer régulièrement la Parole de Dieu. Que ce livre vous rappelle que c’est la puissance de l’amour de Dieu qui nous pousse à l’obéissance !
Trevin Wax
Éditeur en chef de The Gospel Project.
Assis devant le trône de la grâce de Dieu, l’auteur m’invite à me joindre à lui pour lire et interpréter la Bible. Dans cette proximité du cœur de Dieu, nous découvrons l’amour de Dieu et la réponse aux réels besoins de nos cœurs, de nos vies. Une découverte qui nous rend amoureux de Jésus-Christ et plein de grâce pour tous les hommes. Mon souhait : Que tous ceux qui lisent, interprètent et prêchent le message de la Bible lisent ce livre ! Il est source d’amour, de richesse et de sagesse.
Daniel Herrmann
Missionnaire avec France pour Christ ; enseignant à l’Institut Biblique de Genève.
Tout est grâce. Affirmation centrale et merveilleuse de l’Évangile ! Oui, mais concrètement, des questions bien connues nous «tombent» dessus. N’ai-je rien à faire ? Quelle est la part de Dieu et quelle est la part de l’homme ? « Attention au laxisme », crient certains ; « Attention au légalisme », crient d’autres ; « Attention aux deux », résument encore d’autres, ou les mêmes. Merci à Bryan Chapel de nous conduire dans l’adoration et l’émerveillement en nous donnant beaucoup de réponses très concrètes à ces questions qui fusent régulièrement parmi nous. Il dénonce avec douceur et clarté nos insuffisances et nos raisonnements tordus, et proclame avec force la vérité de la grâce toute suffisante et seule suffisante. Notre amour est la seule réponse juste à l’amour premier de Dieu. Notre amour pour Dieu est la seule motivation suffisante pour nous conduire dans la sainteté et dans les œuvres préparées d’avance par notre Père. Un excellent livre qui m’a aidé à faire quelques pas dans la bonne direction par… la grâce de Dieu !
Etienne Grosrenaud
Pasteur de l’Église baptiste de Mulhouse ; membre du comité de référence du GBU ; professeur à l’Institut Biblique de Genève.
La grâce : nous en entendons parler, nous en parlons et nous en sommes même convaincus… en théorie. Mais en pratique, nous avons encore tellement tendance à vivre l’Évangile des œuvres et des mérites, cela autant dans notre relation avec Dieu que dans notre relation avec les autres. Comment la grâce conduit-elle ma vie de couple et mon foyer ? Comment la grâce conduit-elle ma vie dans l’Église locale ? Bryan Chapell a le mérite de nous bousculer dans ce que nous croyons être une évidence mais que nous pratiquons peu. Il nous pousse à la réflexion, à la remise en cause pour nous aider à vivre ces paroles de Paul « La grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes […] nous enseigne ». Il fait cela en conjuguant une bonne réflexion biblique à des pistes très pratiques et concrètes pour laisser à nouveau la grâce de Dieu nous réjouir et nous motiver. Ce livre est indispensable pour tout disciple qui désire grandir dans sa relation avec Dieu et encore plus pour celui qui enseigne au sein de l’Église.
Philippe Evan
Pasteur à Fribourg d’une Église FREE (Fédération Romande des Églises Évangéliques)
Chapell nous fait découvrir que toute la vie chrétienne, du début à la fin, est vécue par la grâce. Le plus profond message de la Bible et du ministère de Jésus Christ, c’est l’extravagante grâce de Dieu envers ceux qui pèchent et ceux qui souffrent. Cette bonne nouvelle est indispensable pour éviter de sous-évaluer l’importance aussi bien de l’assurance du salut que de la sanctification. Grâce infinie est une célébration de la grâce pour toute la vie en ce qu’elle s’attaque sans détour à une question honnête et pratique : de quelle manière la grâce affecte-t-elle concrètement notre vie ?
Justin S. Holcomb
Pasteur épiscopal ; professeur de pensée chrétienne au « Gordon-Conwell Theological Seminary ».
Bryan Chapell
Une puissance qui libère du péché et transforme de l’intérieur
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : Unlimited grace : The heart chemistry that frees from sin and fuels the Christian life • Bryan Chapell © 2016 • Bryan Chapell Publié par Crossway, un ministère de Good News Publishers 1300 Crescent Street • Wheaton, IL 60187 • USA Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés. Édition en langue française : Grâce infinie : une puissance qui libère du péché et transforme de l’intérieur • Bryan Chapell © 2018 • BLF Éditions • www.blfeditions.com Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Traduction : E2m Couverture : Seegn. Mise en page : BLF Éditions Impression n° XXXXX • IMEAF • 26160 La Bégude de Mazenc • France Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version Segond 21 Copyright © 2007 Société biblique de Genève. Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Les caractères italiques sont ajoutés par l’auteur du présent ouvrage. Les autres versions sont indiquées en abrégé de la manière suivante : La Bible du Semeur (BDS), la Nouvelle Bible Segond (NBS), la Colombe (COL). Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Une coédition BLF Éditions et Évangile 21 ISBN 978-2-36249-428-4 ISBN 978-2-36249-429-1
broché numérique
e Dépôt légal 2 trimestre 2018 Index Dewey : 234 (cdd23) Mots-clés : 1. Grâce. Christianisme. 2. Évangile. Justification. Sanctification. 3. Laxisme. Légalisme.
À Kathy, mon épouse, par qui la grâce de Dieu se déverse sur plusieurs générations et inonde mon cœur.
Table des matières
Introduction............................................................................................9
Première partie
L’alchimie du cœur pour nos vies Chapitre un
Un cadeau pour le roi..........................................................................15 Chapitre deux
Qui et quoi........................................................................................... 23 Chapitre trois
Un peu d’ordre au tribunal.................................................................33 Chapitre quatre
Ses soins précèdent ses ordres........................................................... 43 Chapitre cinq
La famille est plus forte que l’échec...................................................53 Chapitre six
Apprenez 4 connaître le chemin........................................................59 Chapitre sept
Apprenez à vous connaître.................................................................69 Chapitre huit
L’amour est aux commandes..............................................................79 Chapitre neuf
Le changement ne s’achète pas.......................................................... 85 Chapitre dix
Cela ne concerne que Jésus et moi ?.................................................. 97
Deuxième partie
L’alchimie du cœur dans la Bible Chapitre onze
La grâce est partout............................................................................111 Chapitre douze
Discerner la grâce...............................................................................121
Troisième partie
Quelques questions clés sur l’alchimie du cœur Chapitre treize
Comment puis-je trouver la grâce dans toutes les Écritures ?.....137 Chapitre quatorze
Comment éviter le légalisme ?..........................................................143 Chapitre quinze
Comment trouver l’équilibre entre la grâce et la loi ?...................151 Chapitre seize
Comment appliquer la grâce aux instructions ? (1).......................155 Chapitre dix-sept
Comment appliquer la grâce aux instructions ? (2)......................161 Chapitre dix-huit
L’amour est-il la seule source de motivation dans la Bible ?.........169 Chapitre dix-neuf
Qu’en est-il de la crainte ?..................................................................175 Chapitre vingt
Qu’en est-il de l’enfer ?.......................................................................181 Chapitre vingt-et-un
Vais-je changer si je continue à pécher ?.........................................187 Index des références bibliques ........................................................ 197 Notes................................................................................................... 201 À propos d’Évangile 21.................................................................... 205
Introduction Je n’ai jamais été autant béni que depuis mes années à Peoria où je suis pasteur de l’Église Grace Presbyterian Church (Illinois). Je venais de passer trente ans dans l’enseignement et le travail administratif à Covenant Theological Seminary à Saint-Louis quand on m’a offert ce poste de pasteur. Comment aurais-je pu refuser une telle offre ! Trois choses m’attiraient surtout : 1. Une partie de ma famille et de mes amis vivaient dans les environs de cette église. 2. Deux personnes formidables s’occupaient à plein temps de toute la partie ministère ainsi que des tâches administratives de l’Eglise. Libéré de l’aspect bureaucratique, je pouvais donc me concentrer sur ce que j’aimais par-dessus tout: prêcher et enseigner. 3. Le plus important, c’est que les responsables de l’Église me demandaient de les aider à transmettre la grâce de l’Évangile. Cette grâce qui avait transformé leurs propres vies ainsi que leur vision pour l’Église. Pendant des années, notre Église a influencé et conduit ceux qui la fréquentaient. Elle a fait beaucoup de bien, et aidé de nombreuses personnes. Sa taille et son influence grandissaient. Puis, la croissance s’est arrêtée. Des tensions ont commencé à diviser l’assemblée, et des jeunes, qui avaient grandi dans l’Église, l’ont quittée. Les responsables auraient pu rejeter la 9
faute sur les autres, ou tester la dernière méthode en vogue pour faire croître une Église ou encore partir. Ce n’est pas ce qu’ils ont fait. Ils ont confessé : « Nous sommes devenus fiers, repliés sur nous-mêmes et égocentriques. Nous avons besoin d’aide pour apprendre à diriger avec humilité, à dépendre chaque jour de l’Évangile et à servir les autres au nom de Christ. La grâce ne doit pas seulement être notre bannière, elle doit réellement faire partie de notre identité ». Ce sont surtout ces mots, empreints d’honnêteté, de confession et d’espoir, qui nous ont conduits, ma femme Kathy et moi, à Grace Church. Nous nous sommes dit : « Voilà le genre de responsables dont nous avons besoin pour mieux comprendre nousmêmes la grâce de l’Évangile ». Et c’est ainsi que nous faisons un bout de chemin aux côtés des chers membres de notre Église pour discerner comment la grâce de l’Évangile peut transformer une communauté, libérer du péché et animer les vies par un espoir et une joie renouvelés. Ce livre vise deux objectifs : refléter ce que nous avons appris ensemble et enseigner des valeurs qui, nous l’espérons, pourront guider ceux qui nous rejoindront dans cette entreprise centrée sur l’Évangile. En me référant à l’alchimie du cœur, dans le sous-titre, je voudrais répondre aux personnes qui s’inquiètent lorsqu’elles entendent parler d’un ministère centré sur la grâce de l’Évangile : « Si tout ce que nous enseignons se résume au pardon de Dieu, nous n’incitons pas les chrétiens à s’éloigner du mal. » Nous avons toujours la possibilité de répondre à ces objections en rappelant les paroles de Jésus : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements » (Jean 14 : 15 – Colombe). Notre Sauveur le savait : un cœur entier pour Dieu crée une alchimie qui surpasse les raisonnements d’un cœur divisé. Quand nous expérimentons l’immensité de sa grâce envers nous, nos cœurs ne font plus qu’un avec le sien. Il change nos désirs. Ainsi, ses priorités deviennent notre plus grande joie. Elles deviennent ce que nous aimons faire, ce que nous nous sentons poussés à faire. La grâce est un chemin de bénédictions. C’est pourquoi la marche avec Jésus n’est pas 10
Introduction
une marche forcée fondée sur le mérite, le gain, ou la protection. Elle est une réponse volontaire d’amour, de reconnaissance, et d’actions de grâce. 1. La première partie nous emmène en voyage, pour nous faire découvrir comment la grâce peut libérer de la culpabilité et de la honte de nos vies remplies de péché et comment elle alimente au jour le jour notre joie, ce qui fait la force de notre vie chrétienne. 2. La deuxième partie explique comment les prédicateurs, les enseignants, les conseillers, les mentors, les parents et tous ceux qui annoncent autour d’eux la parole de Dieu, peuvent trouver la grâce dans chaque passage des Écritures. J’espère de tout cœur que chacun discernera que la grâce n’est pas simplement un élément parmi d’autres dans la Bible, mais le thème essentiel et récurrent, qui culmine dans le ministère et le message de Jésus. Discerner la grâce dans toutes les Écritures nous empêche de diviser la Bible en deux : les passages qui parlent de la nécessité de bien faire d’un côté, et ceux qui parlent de la récompense à gagner de l’autre. Au contraire, la grâce motive et rend possible une vie d’amour pour Dieu. 3. La troisième partie tente de répondre aux questions couramment posées sur la grâce : comment la reconnaître dans la Bible et comment éviter d’abuser de ses bénédictions. Nous avons essayé de donner des réponses claires, sans pour autant éluder les questions difficiles. 4. La quatrième partie ne se trouve pas dans ce livre. Il s’agit du chapitre que Dieu écrit aujourd’hui dans nos cœurs et dans nos Églises, quand nous cherchons à découvrir à quel point et avec quelle profondeur, l’Évangile de la grâce peut nous rapprocher du cœur de notre Sauveur.
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Première partie
L’alchimie du cœur pour nos vies
Chapitre un
Un cadeau pour le roi Il était une fois un roi, qui regardant par la fenêtre, aperçut l’un de ses enfants qui cueillait des fleurs dans un champ au loin. Le roi vit l’enfant cueillir les fleurs et les entourer d’un ruban aux couleurs royales. Il sourit, car le ruban signifiait que les fleurs lui étaient destinées. Elles étaient un cadeau destiné à lui plaire. Le roi remarqua ensuite que l’enfant, parce qu’il était encore jeune, ne cueillait pas que des fleurs. De temps en temps, il ajoutait aussi quelques mauvaises herbes, et du lierre, qui poussait en bordure de forêt, ainsi que quelques chardons au bord des fossés qui n’avaient pas été tondus. Pour aider son enfant dans son travail, le roi confia une mission à son fils aîné, qui était assis à sa droite. Le roi lui dit : — Va dans mon jardin, et cueille quelques fleurs parmi celles qui y poussent. Puis, lorsque ton frère viendra devant mon trône avec son cadeau, ôte de son bouquet tout ce qui est inapproprié pour mon palais. À la place, ajoute les fleurs que j’ai cultivées. Le fils aîné fit exactement ce que son père lui avait demandé. Lorsque son jeune frère arriva devant la salle du trône, il ôta les mauvaises herbes, le lierre et les chardons, et les remplaça par les fleurs du jardin royal. Puis, le fils premier-né enroula de nouveau le ruban autour des fleurs, afin que son frère puisse présenter son cadeau au roi. Avec un sourire radieux, le jeune enfant entra dans la salle du trône, et présenta le bouquet en disant : — Voici, mon père, un beau bouquet que j’ai préparé pour vous1. 15
Ce n’est que plus tard qu’il comprit que son père, dans sa grâce, avait lui-même fait en sorte de rendre son cadeau acceptable.
De la grâce pour les mauvaises herbes Cette ancienne parabole nous rappelle tendrement la grâce de notre Père céleste. Chacun de nous est cet enfant, qui s’approche avec un bouquet… un bouquet rempli des mauvaises herbes de ses bonnes œuvres. Nous pouvons nous efforcer d’honorer Dieu, avec énergie et avec zèle, mais nos actions ne seront jamais réellement dignes de la salle de son trône et de sa sainteté. C’est pourquoi notre Roi éternel a pourvu à tout ce qu’il fallait pour qu’en émane la sainteté qu’il exigeait. Il a envoyé son Fils éternel Jésus-Christ pour nous rendre, nous et nos efforts, dignes du ciel. La vie du Christ exempte de péché, le sacrifice de sa mort et sa résurrection victorieuse sont les fleurs parfaites que Dieu a préparées afin qu’elles se substituent aux « mauvaises herbes » de nos œuvres. C’est ainsi que nous comptons sur la manière que Jésus a de pourvoir à cette transformation, plutôt que sur nos bonnes œuvres ou nos bonnes intentions. Il remplace les actes imparfaits et empreints de péché du bouquet de nos vies, pour les remplacer par ses perfections. Quand nous nous tenons devant Dieu dans la salle du trône céleste, tout ce que nous donnons à Dieu est rendu juste par l’œuvre de Christ accomplie pour nous. Les fleurs de Christ sont offertes par la grâce de Dieu. C’est sa grâce qui lui rend les bouquets de notre vie acceptables et agréables. L’objectif de ce livre est double : saisir comment ces vérités sur la grâce influent sur ce que nous comprenons de l’approbation de Dieu à la fin de nos vies, mais aussi comment elles donnent à nos efforts le pouvoir d’honorer Dieu chaque jour. Comment la grâce peut permettre à nos vies quotidiennes de ressembler davantage à celle de Christ, voilà qui n’est pas toujours évident à comprendre. Après tout, aussi précieuse que soit la grâce, qui substitue la justice de Christ à nos péchés, et aussi réconfortant que cela puisse être de savoir que Dieu pourvoira à la sainteté qu’il exige, de telles 16
Un cadeau pour le roi
assurances peuvent donner l’impression que nous sommes pour l’instant tirés d’affaire. Si nos œuvres ne sont pas la base sur laquelle nous nous tenons devant Dieu, cela veut-il dire qu’elles ne comptent pas vraiment ? Et, si Dieu nous crédite en fin de compte de la justice de Christ, alors pourquoi devrions-nous nous donner la peine de combattre les tentations, ou de lui obéir ?
Les mathématiques du moi Pour répondre à ces questions, reconnaissons une chose : affirmer que Dieu substituera la justice de Christ à nos imperfections soulève de vrais problèmes bien concrets. De nos esprits tordus jaillit rapidement ce genre de calcul : Si Dieu substitue au bout du compte les bonnes œuvres de Dieu à mon mauvais comportement, pourquoi ne pas pécher aujourd’hui ? Inutile de chanter : « Mangeons, buvons, car demain nous mourrons ». Nous pouvons aller bien plus loin encore et dire, dans un grand éclat de rire : « Mangeons, buvons, réjouissons-nous, car demain Dieu pardonne ! ». L’assurance du pardon de Dieu risque de nous faire raisonner comme le roi Hérode imaginaire du poète Auden, qui parlait ainsi : « J’aime commettre des crimes. Dieu aime pardonner les crimes. Le monde est vraiment admirablement bien organisé2 ». Comment répondre à une telle logique ? Premièrement, nous devons faire preuve de prudence, et ne pas trahir les vérités de l’Évangile dans le but de contrer ces mathématiques charnelles. Imaginez que vous répondiez en disant : « Dieu ne pardonnera pas ». Cela peut effrayer certaines personnes et les pousser à adopter temporairement un meilleur comportement. Un tel message trahit Christ. Il a enseigné et donné sa vie pour annoncer que Dieu pardonnera pleinement à tous ceux qui croient que Jésus a définitivement payé le prix pour leur péché (Jean 3 : 16). Dieu pardonnera réellement à ceux qui placent leur confiance en lui, et en lui seul, pour obtenir le 17
pardon. Chaque fois qu’ils se tourneront humblement vers Dieu et demanderont sa grâce, il la leur accordera. En tant que « Chrétien », vous ne pouvez pas nier que la grâce de Dieu est plus grande que tout notre péché et toujours capable de le couvrir. Une obéissance nouvelle, et une vie quotidienne en harmonie avec les exigences de Christ nous permettent d’expérimenter le pardon de Dieu, mais jamais de le mériter. Dieu n’attend pas de nous que nous devenions suffisamment bons pour mériter sa miséricorde et son pardon. La Bible enseigne que ceux qui confessent sincèrement leur besoin de la miséricorde de Dieu sont réellement pardonnés (1 Jean 1 : 9). Même si nos péchés nous accusent, et font comme des taches rouge sang sur nos vêtements, Dieu nous lavera toujours, pour nous rendre plus blancs que la neige (Ésaïe 1 : 18). Il pardonne aux meurtriers, aux adultères, aux abuseurs, aux médisants, aux voleurs et aux menteurs (1 Timothée 1 : 8-16). Il nous pardonne. Aucun péché ne surpasse la façon dont Christ arrange les choses pour nous (Romains 5 : 20 ; 1 Pierre 2 : 24). Christ ôte les pires mauvaises herbes du bouquet de nos vies et les remplace par des fleurs, dont le doux parfum est celui du pardon éternel de Dieu.
L’alchimie du cœur Reprenons. Nous ne pouvons pas pousser les gens à bien se comporter en les menaçant. C’est-à-dire en prétendant que Dieu privera de son pardon ceux qui ne le méritent pas. Mais alors, comment contrer ces mathématiques si promptes à tirer avantage de la grâce de Dieu ? Par une force supérieure à la pure logique. Par une motivation plus grande que celle d’avantages personnels – en terme de plaisir ou de gain. Cette impulsion que la Bible utilise pour nous motiver et nous rendre capables de servir Christ, c’est l’alchimie du cœur. C’est l’amour. Jésus a dit : « Si vous m’aimez, vous suivrez mes enseignements » (Jean 14 : 15 – BDS). L’apôtre Paul lui fait écho : « L’amour de Christ nous presse » (2 Corinthiens 5 : 14). 18
Un cadeau pour le roi
Sans sentimentalisme et sans excuse, notre Sauveur et ses messagers ont défendu une alchimie du cœur reconnaissant qui est plus puissante que les mathématiques du moi ingrat et égoïste. L’immense grâce de Dieu envers nous crée en nous un immense amour pour lui, si grand que nous voulons lui plaire et l’honorer. Sa miséricorde envers nous provoque une telle vague de gratitude que nous désirons vivre pour lui. L’amour nous presse. D’où vient la force de cette pulsion ? Il ne s’agit pas du simple attrait sentimental des émotions. L’amour est la motivation humaine la plus puissante. La culpabilité n’est pas plus forte. La peur n’est pas plus forte. Le profit n’est pas plus fort. Qu’est-ce qui pousse une mère à se précipiter dans un bâtiment en feu ? L’amour. Un tel amour est plus fort que sa propre protection, sa propre promotion ou préservation. Un tel amour trouve sa plus grande satisfaction et s’épanouit pleinement dans la protection, la promotion et la préservation de l’objet aimé. Un chrétien pour qui l’amour de Dieu est la priorité centrale est aussi la personne la plus motivée et apte à servir les plans de Dieu. Alors que de nombreuses motivations nous poussent (y compris dans les Écritures), le fondement et la raison première de tout ce que nous faisons pour Dieu doit être l’amour pour lui. Si ce n’est pas le cas, l’expression de notre foi sera inévitablement une forme d’égoïsme décevant. D’où cet enseignement de Jésus : aimer le Seigneur plus que tout autre chose, voilà ce qui fonde notre fidélité à Dieu (Matthieu 22 : 37-38). Non seulement un tel amour nous permet d’éprouver notre plus grande satisfaction dans ce qui plait à Dieu, mais il procure aussi la plus grande force pour le faire. Nous dirigeons inévitablement les ressources de notre cœur, de notre esprit, et toutes nos forces vers la personne (ou vers la chose) que nous aimons le plus.
La puissance de la grâce Qu’est-ce qui allume la flamme d’un amour si pressant ? C’est simple et c’est dans la Bible : « nous aimons parce qu’il nous a aimés le premier » (1 Jean 4 : 19). La plus grande expres19
sion de l’amour de Dieu a été de donner son Fils pour payer le prix de notre péché. Par le sacrifice de Jésus, nous sommes pardonnés, et libérés des ravages du péché pour toujours (Jean 15 : 13 ; 1 Jean 3 : 15). Quand nous saisissons l’immensité de cette grâce divine envers nous, alors l’alchimie de l’amour s’éveille dans nos cœurs. Et plus nous voyons sa grâce, plus notre amour est fort. Jésus a enseigné que celui à qui on pardonne beaucoup aime beaucoup (Luc 7 : 47). Notre amour sera proportionnel à notre perception de la gravité du péché, de l’enfer des conséquences que nous n’aurons pas à affronter. C’est la principale raison pour laquelle Jésus et les apôtres ont passé autant de temps à avertir au sujet de l’enfer. Leur but n’était pas de faire entrer des gens dans le ciel par peur de l’enfer (une méthode qui, en réalité, ne fonctionne pas, pour des raisons que nous étudierons plus tard). Leur intention était de permettre à chacun d’apprécier au plus profond de son âme le sauvetage éternel offert par Christ. Par sa grâce, nous sommes libérés. Libérés de l’esclavage des passions. Libérés d’efforts éreintants pour atteindre des objectifs inatteignables. Libérés de ces quêtes qui nous laisseraient coupables, épuisés et vides. Libérés de tout cela, qu’en faisons-nous ? Nous ne désirons qu’une chose : sauter au cou de notre libérateur et l’honorer. Sa grâce nous permet de faire les deux. Cette alchimie du cœur est l’étincelle qui met le feu à notre dévotion. Elle nous motive et nous arme plus que n’importe quelles mathématiques du moi. Vous savez, ces calculs sans fin qui évaluent les risques à prendre et les récompenses méritées. Les priorités d’un cœur régénéré l’emportent sur les jeux d’esprit qui tentent de rendre le péché acceptable, ne serait-ce que pour un court moment… Quand la grâce éveille l’amour pour Dieu, ses priorités deviennent les nôtres. Ce qui le sert et l’honore le plus devient ce qui nous satisfait et nous réjouit le plus. D’où l’affirmation que l’apôtre Paul lance avec une confiance paradoxale, étourdissante et bouleversante : la grâce de Dieu nous apprend à « renoncer à un mode de vie impie et aux convoitises de ce monde 20
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et à vivre dans le temps présent conformément à la sagesse, la justice et la piété » (Tite 2 : 12).
Un changement de cœur Comment est-ce possible ? Si la grâce signifie que nos péchés sont pardonnés, comment peut-elle contenir les mauvais comportements ? N’allons-nous pas penser : « Maintenant que j’ai mon ticket pour la grâce… plaisirs du péché, me voici ! » ? La réponse est : la grâce rapproche celui qui en bénéficie de celui qui la dispense. La miséricorde et l’amour attirent le cœur vers les priorités de Christ. Les tentations ne disparaissent pas, et les règles ne changent pas dans un monde rempli de grâce. Mais les désirs changent. La grâce de Dieu modifie l’objet de nos désirs. Avant d’expérimenter la grâce de Dieu, nous lui sommes naturellement hostiles ou indifférents (Romains 8 : 7). Mais quand la bonté et la miséricorde de Dieu deviennent profondément réelles pour nous, nous percevons à quel point nous en sommes indignes. Et notre plus grand désir est de l’aimer, et d’aimer ce qu’il aime et ceux qu’il aime. Je ne prétends pas que la grâce enlève tout son attrait au péché. Mais notre amour pour le péché (c’est-à-dire ce qui lui donne son pouvoir) est brisé par un amour plus grand, généré par la grâce. Cette dynamique nous montre où se situe le vrai pouvoir de changement dans la vie chrétienne : au fond, nous sommes contrôlés par ce que nous aimons le plus. L’alcoolique peut haïr les conséquences de son addiction et aimer intensément sa famille, mais au moment où il boit, l’alcool lui plaît davantage. Un accro au travail aime peut-être ardemment ses enfants et pourtant, il aime encore plus ce que représente son travail, même si celui-ci l’éloigne d’eux. Un homme qui a commis un adultère peut dire en toute sincérité à son épouse : « L’autre femme ne signifie rien pour moi… je t’aime ». Au moment de son infidélité, il a pourtant aimé la passion plus que son épouse. Et le chrétien qui pèche peut dire avec une honnêteté complète : 21
« J’aime Jésus ». Cependant, lors de son moment d’abandon ou de rébellion, il a aimé le péché plus que le Sauveur. C’est ce qui compte le plus pour nous qui nous contrôle le plus. Un véritable changement est possible. Un véritable pouvoir sur les forces apparemment insurmontables du péché et de l’égoïsme peut se manifester. Quand ? Lorsque nous aimons Christ et que nous l’aimons plus que tous les autres. Quand cela arrive, tout ce qui lui plaît et l’honore devient notre plus profonde source de plaisir, notre but le plus élevé, et ce qui motive nos plus grands efforts. Nous ne l’honorons pas seulement par devoir ou détermination (ou pour maintenir nos distances vis-à-vis d’un Dieu en colère), mais parce que notre plus grand délice est de plaire à celui que nous aimons le plus. Résultat : la joie de l’Éternel devient notre force (Néhémie 8 : 10). Les chaînes de l’addiction, les mécanismes du péché et les habitudes de l’indifférence – tous forgés par des amours mineurs – sont supplantés par un amour plus grand. Par l’amour pour celui qui nous sauve de leur pouvoir et de leurs conséquences. Lorsque son plaisir est notre plus grande joie, alors nous consacrons nos vies tout entières à ses plans. Armés de cette ferveur pour les priorités de Christ, des chrétiens ont enduré des souffrances atroces sans perdre leur paix. Ils ont abandonné ce qu’ils possédaient sans perdre leur passion pour Jésus. Ils ont supporté des conflits familiaux pour rendre témoignage de son amour. Ils ont chanté des hymnes à leurs tortionnaires pour montrer le cœur de leur Sauveur. Ils se sont détournés du péché sans regretter le prix à payer. Aucun calcul humain ne peut expliquer ce phénomène. Mais le cœur, lui, comprend totalement ces choix, et il les assume. Les chapitres suivants tentent d’expliquer comment les vérités de la grâce de Dieu créent cette alchimie du cœur. Une alchimie qui déplace l’épicentre et les forces de nos objectifs de vie.
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Chapitre deux
Qui et quoi La vie selon Dieu est possible grâce à l’alchimie du cœur. Mais pourquoi la grâce est-elle un élément si important de cette alchimie du cœur ? Pour y répondre, tâchons d’abord de saisir ce qu’est la grâce. La grâce est une faveur de Dieu, une faveur imméritée. Philips Brooks l’a décrite un jour par ces mots : « Les richesses de Dieu, au détriment de Christ3 ». Puisque Dieu est parfaitement saint, nous ne pouvons mériter son approbation par nos seuls efforts. Il est parfait ; nous, en revanche, nous ne le sommes pas (Romains 3 : 23). Dans notre humanité, nous faisons constamment des erreurs et nos centres d’intérêt sont égoïstes. Bref, nous ne parvenons jamais à atteindre les standards de bonté qui caractérisent la nature sainte de Dieu. Pour nous permettre d’entrer dans une relation sainte avec lui, Dieu offre donc son Fils céleste, Jésus, qui purge la peine méritée par nos échecs et nos insuffisances (ce que la Bible appelle le « péché »). Puisque Jésus était spirituellement parfait, sa mort en sacrifice sur une croix neutralise pleinement la culpabilité de tous ceux qui comptent sur lui pour régler leurs problèmes avec Dieu.. C’est lui qui a souffert pour notre péché, et c’est nous qui bénéficions du résultat : notre ardoise spirituelle est effacée, vierge, comme neuve. Notre statut spirituel est celui que Jésus possédait avant d’accepter de porter la honte de nos péchés. Cela signifie que nous sommes saints aux yeux de Dieu. Jésus a pris notre péché et nous obtenons sa justice et sa droiture (2 Corinthiens 5 : 21). C’est cela, 23
la grâce : obtenir les riches bénédictions de Dieu, au détriment de Christ. Dieu donne pour nous ce que nous ne pouvons obtenir pour nous-mêmes. C’est l’essence même de la grâce.
Nettoyer avec des mains sales Jésus ne méritait pas d’être puni pour le péché. Mais, reflétant les bons soins de Dieu, notre Sauveur est mort sur une croix. Il a souffert pour les péchés de tous ceux qui veulent bien admettre qu’ils ont besoin de son aide. Dieu ne force personne à accepter ses bons soins. Si vous ne pensez pas avoir besoin de son aide, ou si vous ne la voulez pas, alors vous avez la liberté de rejeter ce qu’il offre en réponse à vos péchés. Mais voilà où est le problème : ceux qui essaient de se rendre acceptables à Dieu par leurs propres efforts sont comparables à quelqu’un qui tenterait de nettoyer un vêtement blanc avec des mains couvertes de boue. Si nous ne sommes pas nous-mêmes saints, nous ne pourrons jamais être acceptés par un Dieu saint. C’est la raison pour laquelle Dieu offre la grâce de Jésus-Christ. Pour que nous soyons en règle avec Dieu, Jésus a souffert la peine méritée par notre péché. Dieu ne s’est pas contenté de regarder les péchés du monde en disant : « Oh ! C’est sans importance, je vais regarder ailleurs, ça va s’arranger ». Alors, certes, laisser un crime impuni peut paraître plein de grâce à celui qui n’a pas été condamné. Mais celui qui a souffert à cause du mal le sait : si Dieu se contentait de détourner les regards de tous les péchés, son attitude n’aurait rien à voir avec la grâce.
La justice d’un cœur plein de grâce Quelqu’un de notre famille a subi un jour une agression particulièrement cruelle. Quand le criminel a été arrêté et que son procès a eu lieu, nous ne pensions pas qu’il serait « sympa » que le juge décide de ne rien faire. Un monde sans justice est un monde sans grâce. Ce serait un monde dominé par le mal. Comment Dieu parvient-il à faire justice et grâce en même temps ? Il offre son Fils pour endurer la peine que nos péchés méritent (Romains 3 : 23-26). 24
Qui et quoi
Dieu n’est pas resté les bras croisés. Il s’est d’abord assuré qu’une sentence juste soit appliquée pour le péché : Jésus a souffert sur la croix pour recevoir la punition méritée par notre péché. Mais Dieu ne s’est pas arrêté là. De façon à être à la fois juste et plein de grâce, il a aussi déclaré que la peine pour le péché ne serait pas réglée deux fois. La nature céleste du Christ et sa vie parfaite offerte en sacrifice constituent une peine suffisante. Et tous ceux qui acceptent qu’il devienne leur substitut en bénéficient. Dieu ne réclame pas de peine additionnelle une fois que les balances de la justice sont équilibrées (Romains 6 : 10 ; Hébreux 7 : 27 ; 10 : 12-18).
Une ardoise totalement effacée Dieu est juste. C’est pour cela qu’avec lui, il n’existe ni double danger ni double châtiment. Une fois la peine purgée, elle n’a pas besoin d’être subie une seconde fois. Et parce qu’il est plein de grâce, Dieu a décidé la chose suivante : tous ceux qui confessent leur besoin de Jésus, et qui veulent qu’il soit leur substitut, n’auront aucune peine à purger, ni aujourd’hui ni à jamais (Hébreux 9 : 22-26). Soyons bien clairs au sujet de ce don de grâce. Si nous sommes dispensés de la peine de notre péché, nous n’en avons aucun mérite. C’est le fruit de la miséricorde de Dieu (Romains 9 : 16 ; Galates 2 : 16). Il a résolu d’être bon envers nous avant même que nous puissions essayer de devenir suffisamment bons pour lui plaire (Éphésiens 1 : 3-5). En réalité, Christ a été offert pour nous avant même que nous décidions d’accepter son sacrifice en notre nom (1 Pierre 1 : 17-21 ; Apocalypse 13 : 8). Reconnaissons donc que nous avons besoin de lui. Et plaçons notre confiance dans le cadeau qu’il nous offre – et non en notre capacité à être suffisamment bon pour mériter la faveur de Dieu. Si nous choisissons d’ignorer le don de Christ, qu’arriverat-il ? Nous affronterons le jour du jugement, où chacun devra expliquer pourquoi il n’a pas cru qu’il avait besoin de Jésus. Tous devront prouver qu’ils étaient aussi saints que Dieu l’exigeait 25
pour pouvoir passer l’éternité avec lui. Pour tous ceux qui ont commencé à percevoir leurs imperfections, pour ceux qui savent ce qu’est la culpabilité, une telle perspective est terrifiante. Mais elle ne devrait plus nous terrifier. Si nous reconnaissons que nous avons besoin de Jésus, Dieu, dans sa miséricorde, promet de nous délivrer du jugement qui découle de nos péchés et de nos manquements. Non parce que nous aurions mérité notre libération, mais parce que Jésus l’a méritée.
Le dialogue intérieur qui nous égare Au début de ce chapitre, nous avons posé la question suivante : « Pourquoi la grâce est-elle un élément si important de l’alchimie du cœur ? ». Nous pouvons y répondre lorsque nous comprenons cette miséricorde, qui est le fondement même de la grâce de Dieu. La réponse est même évidente : la grâce ne se contente pas de favoriser notre attachement à Dieu. Elle ne fait pas seulement naître la reconnaissance. Elle permet aussi de faire tomber l’orgueil et l’égocentrisme. Vous déclencherez automatiquement un dialogue intérieur dans l’esprit de la plupart des gens, si vous leur demandez : « Êtesvous en règle avec Dieu ? Savez-vous que Dieu vous aime ? ». Leur dialogue intérieur ressemblera typiquement à cela : Hum. Suis-je en règle avec Dieu ? Eh bien, voyons voir. Comment est-ce que je m’en sors ? Ai-je été quelqu’un de bien hier, ou aujourd’hui ? Ai-je pleinement assumé mes responsabilités envers les autres ? Ai-je intentionnellement ou inconsciemment fait quelque chose de mal ? Ai-je été à la hauteur ? Lorsque vous interrogez quelqu’un pour savoir s’il est caché dans l’amour de Dieu, la plupart du temps, la réponse sera en lien avec sa performance ou sa compétence. Ce que nous avons vu sur la miséricorde de Dieu montre en quoi ce dialogue intérieur fait totalement fausse route. Certes, tout le monde devrait se préoccuper de savoir si son comportement plaît à Dieu. Mais la Bible tient clairement un autre type de discours : notre comportement 26
Qui et quoi
ne détermine pas l’acceptation de Dieu. C’est sa miséricorde qui est déterminante (Tite 3 : 4-5).
Les bonnes intentions qui gâchent tout Nos bonnes œuvres et nos bonnes intentions sont inadaptées. Non parce qu’il n’y a rien de bon en elles, mais parce qu’elles ne sont pas suffisamment bonnes. Notre Dieu est saint, et il n’exige rien de moins que la sainteté de son peuple (1 Pierre 1 : 16). La sainteté est une affaire de pureté absolue ! Ce qui est saint ne porte aucune trace de mal, de colère, d’égoïsme, d’orgueil ou de mépris pour les autres. Nous pouvons faire beaucoup de choses charitables et attentionnées, mais nous ne serons toujours pas à la hauteur des saints standards de Dieu. C’est pourquoi le prophète Ésaïe, dans l’Ancien Testament, a dit que nos meilleures œuvres ressemblent à « un habit taché de sang » (Ésaïe 64 : 5). Et cette façon de voir n’est pas propre à l’Ancien Testament. Jésus aussi a dit que même en ayant fait tout ce que nous devions faire, nous restons indignes du foyer céleste (Luc 17 : 10). Faire partie de la famille de Dieu, ce n’est pas une chose à laquelle nous accédons de droit grâce à nos bonnes actions. Nous y accédons en dépendant totalement de Christ, qui s’est offert pour nous.
La grâce à la rescousse L’apôtre Paul insiste : il est totalement inapproprié de vouloir mesurer la qualité de l’amour de Dieu sur la base de notre comportement : En effet, c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est pas par les œuvres, afin que personne ne puisse se vanter. É phésiens 2 : 8-9
Notre acceptation par Dieu découle de sa grâce. Elle n’est pas le résultat de nos efforts. La plupart des chrétiens acquiescent à cette vérité, qui leur est familière, mais échouent pourtant à en exploiter les implications dans leur vie de tous les jours. 27
Quelles implications ? L’une des plus évidentes est la suivante : un bon comportement ne vous conduira pas au ciel et ne vous sortira pas de l’enfer. Voilà qui change la donne pour ceux qui s’appuient sur leur bonté pour être acceptés de Dieu ! Pour autant, nos actes sont-ils insignifiants aux yeux de Dieu ? Bien sûr que non. Qu’est-ce que tout cela signifie ? Pour bien nous comporter, nous avons besoin d’être motivés par autre chose que le soi-disant espoir d’être récompensé ou la crainte d’être puni. Il nous est impossible de recevoir, en contrepartie de nos bonnes actions, la promesse que nous irons au ciel ou que nous éviterons l’enfer. Elles ne peuvent tout simplement pas être la base sur laquelle notre relation avec Dieu se construit. Cela n’a donc aucun sens de demander à ceux qui nous écoutent d’acheter l’acceptation de Dieu par leurs bonnes œuvres. Nous savons que cette monnaie n’a pas cours dans son royaume.
La relation qui nous motive Mais quoi d’autre pourrait motiver nos bonnes actions si elles ne peuvent pas acheter notre relation avec Dieu ? La réponse est : la relation elle-même. C’est là que le dialogue intérieur s’égare. Demandez-vous : Suis-je en règle avec Dieu ? Vous verrez que vous aurez tendance à répondre : Voyons voir. Comment est-ce que je m’en sors ? Et voilà ! Vous êtes en train de baser la qualité de votre relation avec Dieu sur ce que vous faites. Vous l’évaluez en analysant vos performances par rapport aux exigences de Dieu.
Le « qui » avant le « quoi » Nous avons tendance à confondre le « qui » et le « quoi ». Mais ce que nous faisons ne détermine pas ce que nous sommes dans notre relation avec Dieu. C’est même l’inverse. Ce que nous sommes détermine ce que nous faisons. C’est pour cela que l’apôtre Paul a encouragé les croyants dans l’ancienne Éphèse : « Soyez donc les imitateurs de Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés » (Éphésiens 5 : 1). Le commandement d’imiter Dieu 28
Qui et quoi
(c’est-à-dire d’être saint comme il est saint) est basé sur la relation familiale avec lui. Une relation déjà assurée et établie par sa grâce. En substance, Paul dit : « Ce que vous êtes doit déterminer ce que vous faites ». Il ne dit pas du tout : « Souvenez-vous que ce que vous faites détermine ce que vous êtes » (cf. Colossiens 3 : 12). L’identité établie par la grâce de Dieu détermine le comportement que nous imitons. Ce que nous sommes conditionne ce que nous faisons… et non l’inverse ! C’est la grâce de Dieu qui motive notre comportement. Notre comportement n’est pas en mesure de fabriquer la grâce. Nous ne vivons pas pour tenter d’obtenir son amour. Nous ne vivons pas pour lui permettre de nous l’offrir. Nous vivons en réponse à son amour. Notre obéissance est une prière de reconnaissance, pas une tentative d’acheter ses bénédictions. Dieu a entièrement payé le prix de notre rédemption par le sang de Christ. Notre tâche ne consiste pas à vivre comme si cela ne suffisait pas. Notre tâche consiste à saisir toutes les occasions de savourer le plaisir de cheminer dans une relation qui existe grâce à lui. Les chapitres suivants détailleront cette relation dynamique entre identité et obéissance. Pour le moment, il suffit de comprendre que Dieu nous revendique comme siens et que cette réalité est notre plus grande raison de le servir. Sa grâce ne diminue pas notre dévotion. Au contraire, elle l’alimente.
Les cœurs sont plus importants que les fleurs Maudette est membre de l’Église où j’ai exercé les premières années de mon ministère. C’était probablement ma préférée. Maudette était veuve depuis de nombreuses années ; elle vivait seule et aimait beaucoup les fleurs. Son âge avancé ne lui permettait pas de s’occuper pleinement de son jardin. Pourtant il produisait chaque année un arc-en-ciel époustouflant de fleurs de toutes couleurs et espèces, qu’elle aimait arranger autour de l’estrade de notre église. 29
Maudette ne venait dans notre église que le dimanche soir. Elle assistait aux services du matin dans une église qu’elle fréquentait depuis son enfance (une Église qui avait tristement dévié de son ancrage évangélique). Maudette restait loyale à son Église, espérant que son influence aiderait les jeunes prédicateurs successifs à redécouvrir l’Évangile. Mais elle venait dans notre église le soir pour ce qu’elle appelait sa « ration biblique hebdomadaire ». La différence entre les deux Églises n’a jamais été aussi évidente qu’aux obsèques de Maudette. Elles ont eu lieu dans l’église de son enfance. Son pasteur a prononcé quelques mots d’introduction, louant les nombreuses années de fréquentation fidèle de Maudette à l’école du dimanche. Puis, ce fut à mon tour de lire dans les Écritures. J’ai lu les passages qu’elle avait choisis, qui parlaient de la grâce de Dieu pour tous ceux qui placent leur confiance en Christ. Puis ce fut au tour de son pasteur de donner l’éloge funèbre. Il a assuré à la famille et aux amis de Maudette qu’elle était au ciel parce qu’elle venait très régulièrement à l’église, qu’elle était une personne douce, qu’elle avait un beau jardin et qu’elle partageait ses fleurs avec l’Église. J’ai ensuite prêché, comme Maudette me l’avait demandé, et j’ai réaffirmé la vérité de l’Évangile : nous sommes sauvés par la grâce, par le moyen de la foi et non par les œuvres (Éphésiens 2 : 8-9). J’ai aimé rappeler comment Maudette percevait la grâce inconditionnelle du Seigneur. Et comment cette grâce l’avait amenée à décorer avec amour la maison de Dieu pendant de si nombreuses années, même quand les désagréments de l’âge ont commencé à détériorer sa propre maison. Mais je voulais que les gens comprennent que la beauté dans la vie de Maudette était l’expression de son amour pour Christ. Pas une façon de payer, ou de soudoyer Dieu, pour le pousser à l’aimer davantage. Ma femme m’a dit plus tard qu’assister à cet enterrement était comme observer un match de boxe entre deux prédicateurs. Le premier lançait un direct « bonnes œuvres » ; puis l’autre un bon crochet du droit « Évangile ». 30
Qui et quoi
Qui a gagné ce jour-là ? Je l’ignore. Ce que je sais, c’est que Maudette voulait que l’Évangile triomphe le jour où ceux qu’elle aimait devraient affronter l’éternité. Elle ne plaçait pas son espoir dans ses fleurs, mais dans son Sauveur. Elle ne voulait pas que son identité devant Dieu repose sur ce qu’elle avait accompli dans son jardin. Les fleurs sont belles, mais fragiles, et notre espérance de l’éternité a besoin de reposer sur quelque chose de beaucoup plus solide. Ce que nous faisons ne doit pas déterminer ce que nous sommes. Ce que nous sommes, par la grâce de Dieu, doit déterminer ce que nous faisons.
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Bryan Chapell Bryan Chapell Bryan Chapell Une puissance qui libère du péché et transforme de l’intérieur Nous parlons si souvent de la « grâce de Dieu » que nous en oublions parfois sa puissance surnaturelle. Par sa grâce, Dieu ferme la porte à toutes nos tentatives de lui être agréables pour éviter sa colère ou gagner sa faveur. Mais cela va bien plus loin. Comment la grâce de Dieu modifie-t-elle nos motivations et nos affections ? Comment s’appuyer sur elle pour fuir le péché et obéir enfin de tout cœur comme Dieu l’attend de nous ? Ce livre fourmille de références aux Écritures qui vous permettront de saisir pourquoi vous devez vous appuyer sur cette ressource infinie. Plus vous puiserez en elle, plus l’Évangile produira en vous une joie qui transformera votre vie de l’intérieur. Non seulement vous désirerez mieux connaître Dieu et ses plans, mais vous serez aussi libres de lui obéir sans compromis.
Une puissance qui libère du péché et transforme de l’intérieur
À propos de l’auteur Bryan Chapell est pasteur. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont Prêcher : L’art et la manière.
14,90€
ISBN 978-2-36249-428-4
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