La plupart des ouvrages de référence sur l’implantation d’Églises se concentrent sur la méthodologie et la stratégie requises pour faire face à de tels défis, mais une stratégie précise ne s’applique pas à tout contexte. Y aurait-il quelque chose de plus profond au cœur de chaque implantation d’Église?
C E LIV R E E ST P O UR TO UT R E S P O N SA B LE C H R ÉT IEN . Darrin Patrick analyse ce que l’Écriture enseigne au sujet du caractère d’un tel homme, de son enseignement et du but visé pour son Église. L’auteur offre une direction et une sagesse provenant de plusieurs années d’expérience. Il nous rappelle que l’Église, pour qu’elle puisse prospérer, a besoin d’un homme qui possède un message et qui la dirige dans une mission. DARRIN PATRICK est le vice-président du réseau d’implantation Acts 29 et le pasteur fondateur de l’Église The Journey à Saint Louis, au Missouri. Il a exercé son ministère pastoral pendant une vingtaine d’années. Il est souvent invité à titre de conférencier lors de rencontres de pasteurs et de séances de formation pour implanteurs d’Églises.
DAR R IN PAT R I C K
Timothy Keller, Église Redeemer Presbyterian
IMPLANTEUR D’ÉGLISE
« Voici un excellent livre sur l’implantation d’Églises; il garde l’équilibre entre les questions spirituelles personnelles et les questions théologiques, culturelles et techniques. Tous les implanteurs d’Église devraient le lire. »
17,90 €
L’ H O M M E , L E M E S S AG E , L A M I S S I O N
ISBN 978-2-36249-320-1
éditions
cruciforme publié en europe par
IMPLANTEUR D’ÉGLISE DAR R I N PAT R I C K
9 782362 493201 éditions
cruciforme
« Voici un excellent livre sur l’implantation d’églises ; il garde l’équilibre entre les questions spirituelles personnelles et les questions théologiques, culturelles et techniques. Tous les implanteurs d’église devraient le lire. » Timothy Keller, église Redeemer Presbyterian « Voilà une brillante idée : demandez à un pasteur qui a de l’expérience en matière d’implantation d’églises comment implanter une église. Dans ce livre, Implanteur d’Église, l’homme, le message, la mission, Darrin Patrick, un implanteur d’église chevronné, écrit avec une profonde conviction théologique, une expérience pastorale et une vision missiologique. L’implantation d’églises est l’un des mouvements les plus importants de notre époque ; c’est également un mouvement qui marche sur les traces des apôtres. Ce livre sera bien accueilli par quiconque se réjouit de la renaissance de l’implantation d’églises dans sa génération. » R. Albert Mohler, Jr, président du Southern Baptist Theological Seminary « Implanteur d’Église vient du cœur d’un homme vrai qui partage le vrai Évangile en s’appuyant sur son expérience vraie dans la direction de l’Église de Christ. Puissant, utile, encourageant ! » Bryan Chapell, président du Covenant Seminary ; auteur de Prêcher, l’art et la manière, et Christ-Centered Worship « Si vous êtes appelé à implanter une église, Darrin Patrick vous comprend. Et plus important encore : il comprend ce qui est nécessaire pour vous lier à l’Évangile, l’Évangile à l’église et l’église à la mission. Ce livre est plein de discernement ; c’est un camp d’entraînement version papier. Si Dieu vous a recruté, lisez ce livre et que la formation commence ! » Dave Harvey, auteur de Secourir l’ambition « Mon nouvel ami, Darrin Patrick, nous offre un regard perspicace sur le privilège et l’appel de l’implanteur d’église. C’est en raison de ma passion pour la croissance de l’Église de Christ que je recommande ce livre à tout pasteur et tout implanteur d’église. Si vous espérez implanter une église pour la gloire du nom de Jésus-Christ, assurez-vous de lire ce livre auparavant. » James MacDonald, pasteur de l’église Harvest Bible Chapel et fondateur de Harvest Bible Fellowship
« J’aime être poussé, et Darrin Patrick est un penseur méticuleux et un pasteur travailleur. Il a écrit ici une introduction au pasteur et à son ministère qui est claire, minutieusement réfléchie et bien illustrée. Je l’ai lue ; elle m’a interpelé, provoqué et encouragé. Je ne suis pas d’accord sur certains points, comme la corrélation entre la résurrection de Christ et la transformation des villes, par exemple ; mais ce livre s’est avéré très utile et passionnant, et je l’ai beaucoup apprécié. Je vous le conseille avec grand plaisir, et je prie que Dieu s’en serve pour établir des églises qui apportent l’Évangile de Christ jusqu’aux extrémités de la terre. » Mark Dever, pasteur de l’église Capitol Hill Baptist Church, Washington DC « Ce livre est une arme. Implanteur d’Église est l’un des équipements les plus importants qu’un implanteur d’église (ou un homme aspirant à une quelconque responsabilité dans l’église) puisse posséder. Darrin Patrick écrit fort d’une conviction biblique et d’une expérience certaine, et non par préférence ou pragmatique. J’ai confiance en Darrin. J’ai confiance en ce qu’il a écrit ici. J’espère que ce livre se retrouvera entre les mains d’hommes partout dans le monde. » Justin Buzzard, pasteur principal de l’église Garden City, à Silicon Valley, en Californie et blogueur, BuzzardBlog « Darrin Patrick a fait un travail remarquable en détaillant ce à quoi nous sommes appelés, non seulement en tant qu’implanteurs d’église, mais aussi en tant que pasteurs et hommes de Dieu. Que vous envisagiez d’implanter une église ou que vous soyez pasteur depuis des années, je ne peux que vous recommander fortement ce livre. » Matt Chandler, pasteur de l’église The Village, Texas
Implanteur d’Église
L’ h om m e , l e m e s s age, l a mi ssi on
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : Church Planter • Darrin Patrick © 2010 by Darrin Patrick Publié par Crossway Books, une division des éditions Good News 1300 Crescent Street, Wheaton (USA) Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés. Édition en langue française : Implanteur d’Église • Darrin Patrick © 2015 • BLF Éditions • www.blfeditions.com Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Publié au Canada par Éditions Cruciforme. Publié en Europe par BLF Éditions. Traduction : Sarah Lecerf Révision : Louise Denniss Adaptation de la couverture : Daniel Henderson Mise en page : Laury Grimard Impression n° XXXXX • Sepec • Rue de Prony • 01960 Péronnas • France Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version Segond 21 Copyright © 2007 Société biblique de Genève. Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Les caractères italiques sont ajoutés par l’auteur du présent ouvrage. BLF Éditions ISBN 978-2-36249-320-1 ISBN 978-2-36249-343-0
Dépôt légal 4e trimestre 2015
broché numérique
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos
7
Remerciements 9 Introduction Pourquoi se concentrer sur les hommes? 11 L’homme
1 Un homme sauvé 2 Un homme appelé 3 Un homme qualifié 4 Un homme dépendant 5 Un homme compétent 6 Un homme berger 7 Un homme déterminé Le message
8 Un message historique 9 Il accomplit le salut 10 Il est centré sur Christ 11 Il expose le péché 12 Il démolit des idoles La mission
13 Le cœur de la mission 14 Le lieu de la mission 15 Le comment de la mission 16 Les mains de la mission 17 L’espoir de la mission
25 35 49 67 77 91 107 123 133 149 165 177 197 207 221 239 257
Avant-propos
C’est un fait que des millions de francophones n’ont jamais entendu le message de l’Évangile révélant ce que Dieu a fait pour nous par son Fils Jésus-Christ. Nous lisons dans Romains 10.14 : « Comment en entendront-ils parler, s’il n’y a personne qui prêche? Et comment y aura-t-il des prédicateurs, s’ils ne sont pas envoyés? » Des centaines de villes et de villages francophones à travers le monde n’ont jamais été exposés à un groupe de croyants christocentriques incarnant la puissance de l’Évangile, à travers leur témoignage autant personnel que collectif. L’église locale est la manière choisie par Dieu pour se faire connaître et exercer son règne dans une communauté donnée. Malheureusement, la plupart des communautés de croyants se replient naturellement sur elles-mêmes ; nous devons donc les conduire à se tourner vers l’extérieur. Dans le contexte de l’implantation d’une église, c’est l’ouvrier qui incite l’équipe de lancement à garder les yeux fixés sur la mission. Comme son titre l’indique, ce livre s’adresse spécifiquement aux hommes et l’auteur nous en donne clairement la raison dans son introduction. Je vous encourage à poursuivre votre lecture. Les jeunes hommes francophones ne sont pas forcément de grands lecteurs, du moins ici au Québec, alors ce livre est un bon point de départ pour comprendre l’enjeu de l’implantation d’églises. Inspiré de sa propre expérience et de manière habile et pratique, Darren Patrick définit les trois éléments significatifs du ministère d’un implanteur d’église appelé et qualifié. Ainsi, l’implanteur doit porter une attention particulière à sa propre personne, au contenu de son message et à la direction qu’il prend. Ces trois éléments auront un impact direct sur ceux qui le suivent. L’éditeur n’aurait pu traduire un meilleur premier
ouvrage sur le sujet. Cet exposé deviendra bientôt une lecture obligatoire tant pour les dirigeants d’églises qui cherchent à implanter que pour l’individu qui se sent appelé à implanter dans la francophonie, ce champ missionnaire planétaire aux si grands besoins. Nous avons très peu de ressources en français sur l’implantation et encore moins sur l’implanteur lui-même. Que le Seigneur utilise cet ouvrage pour appeler et équiper des implanteurs pour l’avancement de son Royaume. Terry Cuthbert Directeur d’implantation AÉBÉQ, Montréal, QC, Canada
Remerciements
Je veux remercier mon père, le premier homme dans ma vie, et ma mère fidèle à Dieu – j’aimerais qu’elle soit encore en vie pour lire ce livre. Je veux également remercier le comité et les membres du réseau Acts 29, dont le courage et la foi ont inspiré les mots qui sont écrits ici. Merci aux anciens et à toute l’équipe de The Journey, qui ont servi et souffert pour notre église locale afin que je puisse écrire. De plus, sans le soutien de mon épouse consacrée à Dieu, Amie, et de nos quatre enfants, tout ceci n’aurait pas été possible. Et pour finir, gloire à Jésus qui m’a sauvé et appelé à lui et à sa mission par l’église locale, pour le bien du monde.
Introduction
Pourquoi se concentrer sur les hommes?
J’ai bien conscience que j’ai perdu beaucoup d’entre vous avant même d’avoir commencé, simplement en employant le mot « homme » dans le sous-titre de ce livre. Pourquoi voudrais-je exclure plus de la moitié de la population par une cible aussi restreinte? Pourquoi me montrerais-je si patriarcal et machiste? Pour quelles raisons renforcerais-je les stéréotypes quant à la place que chacun mérite ou ne mérite pas dans le ministère à plein temps? Avant de poser ce livre et de le cataloguer comme étant une autre promotion du christianisme de la testostérone, lisez cette introduction. Il y a une certaine méthode à ma folie. Si ce livre est écrit par un homme pour des hommes sur le genre d’hommes dont nous avons besoin pour proclamer l’Évangile et diriger l’Église de Dieu dans un monde brisé, c’est pour une raison. Somme toute, j’ai choisi de me concentrer sur les hommes parce que nous sommes en pleine crise culturelle et théologique, et qu’il faut l’aborder. La crise culturelle
Nous vivons dans un monde rempli de mâles qui prolongent leur adolescence. Ce ne sont ni des garçons ni des hommes. Ils vivent suspendus entre l’enfance et l’âge adulte, entre le fait de grandir et le fait d’être des adultes. Appelons ce genre de mâle l’adulescent, un hybride d’adulte et d’adolescent. L’adulescent est juvénile parce qu’une niche entière a été créée pour qu’il vive dans les envies de la jeunesse. La culture qui va de pair ne se contente pas de tolérer ce comportement, mais elle l’encourage et l’approuve. (Pensez à des magazines tels que Maxim ou à des films comme Garçons sans honneur.) On trouve ce genre de mâles partout,
12 Introduction
y compris dans l’Église, et même dans le ministère, ce qui est plutôt effrayant. L’adulescent est peut-être une réalité effarante dans l’Église, mais il est la meilleure chose qui soit arrivée à l’industrie des jeux vidéo. Près de la moitié (environ 48 %) des mâles américains âgés de 18 à 34 ans jouent à des jeux vidéo tous les jours – pendant près de trois heures1. L’acheteur moyen de jeux vidéo est âgé de 37 ans. En 2005, 95 % des acheteurs de jeux sur ordinateur et 84 % des acheteurs de jeux sur console étaient âgés de plus de 18 ans. Halo 3 a gagné plus de trois cents millions de dollars aux États-Unis lors de la première semaine de sa sortie2, et plus d’un million d’utilisateurs y ont joué sur Xbox Live au cours des 24 premières heures3. Étonnamment, 75 % des chefs de famille américains jouent à l’ordinateur et à des jeux vidéo. Il est peut-être troublant de voir comment l’adulescent dépense son argent, mais il est consternant de voir comment il se comporte envers les femmes. Il suffit de le suivre dans une boîte de nuit pour voir ce qu’il pense du sexe opposé et quelles sont ses attentes à son endroit. À nouveau, les statistiques parlent d’elles-mêmes. 9,7 millions d’Américains vivent sans être mariés avec un partenaire du sexe opposé, et 1,2 million d’Américains vivent avec un partenaire du même sexe4. Chaque seconde, 3 075,64 $ sont dépensés dans la pornographie5, 28 258 utilisateurs d’Internet visionnent de la pornographie6, et 372 utilisateurs d’Internet tapent des mots-clés pour adultes dans les
1. Cf. HYMOWITZ, Kay S. « Child-Man in the Promised Land. » Cet article, dont je me suis servi dans tout ce chapitre, est accessible à l’adresse suivante : <http://www.cityjournal.org/2008/18_1_single_young_men.html> Après avoir noté que les 18-34 ans consacrent en moyenne deux heures et quarantetrois minutes par jour aux jeux, Hymowitz ajoute avec ironie : « C’est 13 minutes de plus que les 12-17 ans, qui ont de toute évidence plus de responsabilités que les jeunes adultes. » (Traduction libre). 2. HILLIS, Scott. « Microsoft says “Halo” 1st-week sales were $300 mln », Reuters, 4 octobre 2007. 3. MCDOUGALL, Paul. « Halo 3 Sales Smash Game Industry Records », Information Week, 27 septembre 2007. 4. U.S. Census Bureau, 2000, <http://usattorneylegalservices.com/divorce-statistics. html> 5. Voir <http://www.familysafemedia.com/pornography_statistics.html> 6. Ibid.
Pourquoi se concentrer sur les hommes?
13
moteurs de recherche7. Toutes les trente-neuf minutes, une nouvelle vidéo pornographique est créée aux États-Unis8. Chaque minute aux États-Unis, 1,3 femme est violée. Cela donne 78 viols chaque heure, 1 872 chaque jour, 56 160 chaque mois et 683 280 chaque année. Une Américaine sur trois sera agressée sexuellement au cours de sa vie9. Les États-Unis ont le taux de viol le plus élevé de tous les pays qui publient ce genre de statistiques. Il est quatre fois plus élevé que celui de l’Allemagne, treize fois plus élevé que celui de l’Angleterre, et vingt fois plus élevé que celui du Japon10. Malheureusement, beaucoup de jeunes femmes aujourd’hui ont abandonné l’idée de trouver M. Parfait. Elles font face à la dure réalité qu’elles devront probablement se contenter de M. Bof-Bof. L’adulescent parvient à bien se vendre en tant qu’homme, mais en réalité, il ne fait que se prendre pour un homme. L’adulescent n’aime généralement pas la vérité absolue, mais il prouve qu’elle existe par sa régression continuelle vers un comportement de lycéen et les conséquences qui s’ensuivent. Assumer les responsabilités d’époux et de père fait d’un garçon un homme ; c’est une réalité transculturelle. Mais l’adulescent n’aime pas les responsabilités, c’est pourquoi il prolonge son adolescence autant qu’il lui est humainement possible de le faire11. Et en retardant le moment de fonder une famille, qui constitue un rite de passage à l’âge adulte dans de nombreuses cultures, l’adulescent peut se concentrer pleinement et principalement sur lui-même12. En repoussant l’âge adulte, l’adulescent remet aussi le mariage à plus tard. Pourquoi s’embarrasser d’une femme et d’un prêt immobilier quand vous pouvez vivre dans le sous-sol chez vos parents, jouer à des jeux vidéo toute la journée, jouer dans une ligue sportive le soir et faire la tournée des bars le week-end? Himowitz note qu’en 1970, 69 % des hommes blancs âgés de 25 ans et 85 % de ceux âgés de 30 ans étaient mariés. En 2000, seulement 33 % et 58 % l’étaient, respectivement13. Aussi, les données laissent entendre que cette tendance ne ralentit pas. Je pense que 7. Ibid. 8. Ibid. 9. Ibid. 10. Ibid. 11. HYMOWITZ. « Child-Man in the Promised Land. ». 12. Voir GILMORE, David. Manhood in the Making: Cultural Concepts of Masculinity, Binghamton, NY, Vail-Ballou Press, 1990, p. 41-42, 64. 13. HYMOWITZ. « Child-Man in the Promised Land. ».
14 Introduction
c’est l’une des raisons pour lesquelles les jeunes gens aiment regarder les arts martiaux mixtes. Ils se projettent sur ces « superhéros », ces hommes qui sont tout ce qu’eux ne sont pas : des téméraires incroyablement disciplinés et courageux, qui ont le respect sincère de leurs pairs. C’est comme si regarder de vrais hommes dans des situations dangereuses puisait dans les éléments chimiques du cerveau responsables de ce que l’on appelle la masculinité. Curieusement, la testostérone et l’adrénaline qui poussent les hommes à chercher le danger et le risque sont rarement employées à des objectifs honorables, tels que le mariage pour toute la vie et l’éducation des enfants. L’adulescent opte au contraire pour la réalité virtuelle et les relations virtuelles. Certains hommes cessent de se caresser eux-mêmes14, de caresser la manette de jeu et la télécommande et rejoignent des ligues sportives pour adultes incluant le jeu de récréation des enfants, le kickball15. Les jeunes gens aiment peut-être les sports de loisir parce qu’ils sont une réplique du genre de défis et de compétitivité qui manquent cruellement à leur vie personnelle, professionnelle et spirituelle. Un auteur a qualifié les sports d’équipe de « substitut civilisé à la guerre16 », ce qui expliquerait pourquoi tellement d’hommes semblent ne devenir émotionnellement vivants à l’intérieur et se sentir socialement connectés à l’extérieur qu’avec leurs compagnons « guerriers du week-end ». Être un garçon adulte est devenu la norme17. Une grande partie du voyage masculin de l’enfance à l’âge adulte consiste en la transition entre l’engagement physique qui inflige de la douleur et l’engagement émotionnel qui supporte la douleur émotionnelle et persévère dans cette douleur18. Les garçons doivent apprendre à se servir de leur force physique de manière plus passive qu’active quand ils progressent vers l’âge adulte et deviennent ce que David Gilmore appelle 14. D’après une étude de l’institut Kinsey menée il y a près de soixante ans sur les pratiques sexuelles américaines, 92 pour cent des hommes postpubères américains ont dit se masturber régulièrement. Voir <http://www.teenhealthfx.com/answers/ sexuality+sexual+health/1056> 15. D’après la World Adult Kickball Association (WAKA), le kickball adulte reconnu a augmenté jusqu’à avoir plus de 700 équipes dans 18 États, avec plus de 17 000 joueurs inscrits. La WAKA a plus de 30 employés à temps plein et c’est une entreprise à un million de dollars par an. Voir <http://www.kickball.com> 16. CARROLL, John. Cité dans PODLES, Leon J. The Church Impotent, Dallas, Spence Publishing, 1999, p. 168, (traduction libre). 17. Pour des preuves de cette affirmation, voir <http://www.rejuvenile.com> 18. PODLES. The Church Impotent, p. 43.
Pourquoi se concentrer sur les hommes?
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de « vrais hommes ». Les vrais hommes « donnent plus qu’ils ne prennent […] ils sont généreux, jusqu’à se sacrifier19 ». Être un homme, c’est être solide et tendre. J’ai trois merveilleuses filles qui ont volé mon cœur et semblent se promener avec et se le lancer l’une à l’autre comme un jouet, tout en me narguant avec le fait que je ne serai jamais capable de le récupérer. Mais j’ai également un fils, Drew, et puisque je suis parfaitement conscient de l’influence culturelle des adulescents (en raison de mon travail parmi eux), je sais qu’élever un homme fidèle à Dieu est un travail fait pour moi. Mais comme pour tous les pères qui ont des aspirations semblables, mon seul espoir est le Saint-Esprit. J’ai récemment écrit une petite prière qui reflète le genre d’hommes dont nous avons besoin. Drew et moi la prions pratiquement tous les soirs. C’est une prière pour lui et moi : Dieu, fais de moi un homme à la couenne dure et au cœur tendre. Fais de moi un homme solide et tendre. Rends-moi solide pour que je puisse affronter la vie. Rends-moi tendre pour que je puisse aimer les gens. Dieu, fais de moi un homme. Tout cela pour dire que nous avons quelques générations de mâles qui n’ont pas été élevés par des hommes et par conséquent, nous nous retrouvons avec une adolescence masculine prolongée. Dans une culture où l’influence d’hommes fidèles à Dieu est plus que nécessaire, ce vide entraîne une crise culturelle légitime. Nous ne pourrons pas résoudre cette crise en ignorant l’adulescent et en espérant qu’il finira par grandir. Nous ne résoudrons pas non plus le problème en disant simplement aux femmes qu’elles doivent prendre le relais. Nous pourrions résoudre le problème en montrant l’exemple de la masculinité biblique, et en appelant les garçons adultes à oublier leurs désirs de jeunesse et à devenir les hommes que Dieu les appelle à être dans le contexte de l’église locale. Cet appel devrait venir d’hommes et de femmes fidèles à Dieu dans les églises et, surtout, de la chaire de l’Église de Dieu. Les modèles devraient être des hommes de Dieu.
19. GILMORE, Manhood in the Making, p. 229, (traduction libre).
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Introduction
Crise théologique
Notre monde est déréglé d’un milliard de façons. Les problèmes évidents abondent : crimes sexuels contre les enfants, violence commise par des gouvernements injustes, pratiques commerciales malhonnêtes qui drainent les revenus honnêtes des gens bien – et la liste continue. À mon sens, l’un des domaines où la confusion malsaine et le conflit sont les plus subtils implique la question des sexes. Les définitions sont donc ici importantes. Notre sexe est défini par notre corps : nous sommes concrètement mâles ou femelles, en raison de nos organes génitaux. Le genre est quant à lui moins concret. Notre genre est un mélange de nos actions, de notre mentalité et de nos caractéristiques20. D’après la Bible, Dieu a créé les hommes comme les femmes à son image, le genre est inextricablement lié à la spiritualité. Être un mâle, c’est de la biologie ; être un homme dépend de la façon dont quelqu’un est lié à Dieu, pense à Dieu et sert Dieu. Hommes et femmes reflètent le caractère de Dieu, et les hommes en général ne réussissent pas très bien à porter l’image de Dieu avec intégrité. Étant donné que le problème central est un problème spirituel, la correction doit prendre une forme théologique. Tout comme Dieu a pointé Adam du doigt alors que sa femme et lui avaient péché21, je pense qu’il est totalement approprié de saisir l’occasion que ce livre présente pour m’adresser directement aux hommes, pour « les appeler hors » de leur péché et « les appeler à » être plus que de simples mâles. Je n’ai pas grandi en allant à l’église, et en tant que jeune homme, je ne comprenais pas tous les pinaillages chrétiens quand j’ai commencé à m’y rendre. L’un de ces débats théologiques consistait à déterminer si les hommes et les femmes pouvaient être anciens. L’église que j’avais commencé à fréquenter (et où je suis finalement devenu chrétien) était très passionnée par ce débat. Puisque mon église croyait que seuls les hommes pouvaient servir en tant qu’anciens, je croyais la même chose. Ce n’est qu’au cours de mes études théologiques que je suis entré dans le débat, et que j’ai commencé à examiner l’argumentation de l’autre camp. L’église où je servais pendant le séminaire pensait que les femmes aussi bien que les hommes pouvaient jouer le rôle d’anciens22. Cette vision est 20. PODLES. The Church Impotent, p. 37. 21. Genèse 3.9 22. Je dois une grande partie de mon développement en tant qu’enseignant et leader à Rick McGinniss, qui a fondé l’Église North Heartland Community à Kansas City et qui en
Pourquoi se concentrer sur les hommes?
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dite égalitariste23. J’ai adopté cette vision pendant quelques années, en grande partie parce qu’à nouveau, mon église croyait une telle doctrine. J’ai lu quelques livres soutenant la position égalitariste, et j’ai commencé à partager mon opinion avec mes camarades de classe et mes professeurs. Puisque ma passion et mon objectif personnel étaient de démarrer de nouvelles églises, j’ai écrit une rédaction intitulée « Démarrer de nouvelles églises au XXIe siècle ». L’un des principaux arguments était que l’Église avait besoin d’adopter la position égalitariste, sinon elle encourrait le risque de ne plus être appropriée au monde moderne. Je me souviens que j’étais tellement passionné par le sujet que je dévorais chaque livre qui en parlait et me tombait sous la main. Toutefois, au cours de mes recherches, une chose étrange s’est produite : je suis devenu convaincu que la position complémentariste était la position biblique. J’en suis venu à croire que Dieu avait réservé la fonction d’ancien aux hommes, et je ne suis pas parvenu à cette conclusion parce que mon église l’enseignait ou que c’était la tendance culturelle. J’en suis arrivé là parce que j’ai personnellement étudié intensément les Écritures et l’œuvre d’érudits et linguistes bibliques beaucoup plus sages et qualifiés que moi. En étudiant le matériel à ma disposition sur le sujet24, j’étais stupéfait par la clarté de la Bible sur ce point25. Je ne veux pas dire par là que ceux qui ont une interprétation égalitariste ne sont pas consacrés à Dieu ou que Dieu ne se sert pas d’eux de façon efficace et puissante. Beaucoup de mes amis et plusieurs de mes mentors ont une position égalitariste. En fait, l’un des mentors qui m’ont le plus influencé était une femme est pasteur. Voir <http://www.northheartland.org> 23. La vision égalitariste est comparée à la vision complémentariste ; d’après les égalitaristes, les hommes et les femmes peuvent et devraient avoir des rôles égaux, aussi bien dans l’église que dans le foyer. Les complémentaristes affirment au contraire que les hommes et les femmes sont égaux en valeur, mais qu’ils sont appelés à des rôles complémentaires dans certaines fonctions, dans l’église et dans le foyer. La meilleure défense de la position égalitariste est, selon moi, SUMMER, Sarah. Men and Women in the Church: Building Consensus on Christian Leadership, Downers Grove, IL, InterVarsity, 2003. 24. Voici quelques livres utiles sur le sujet : DORIANI, Dan. Women and Ministry, Wheaton, Crossway, 2003 ; BARRS, Jerram. Through His Eyes: God’s Perspective on Women in the Bible, Wheaton, Crossway, 2009 ; et Recovering Biblical Manhood and Womanhood: A Response to Evangelical Feminism, éd. John Piper et Wayne Grudem, Wheaton, Crossway, 1991. 25. Parmi les textes les plus pertinents, on trouve 1 Tm 2.11-15, 1 Tm 3.2, Tt 1.6, Ép 5.22-23 et 1 Co 11.1-16 et 14.33b-35.
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Introduction
célibataire. Je sers également de manière active avec des pasteurs d’autres réseaux26 qui sont en désaccord avec la position complémentariste du réseau Acts 29. Je crois cependant que la clarté et le poids des Écritures indiquent que la fonction d’ancien est réservée aux hommes. Cette vision, qui est principalement tirée des épîtres du Nouveau Testament, est cohérente avec le reste de la Bible. Même si l’on trouve à la fois des hommes et des femmes prophètes aussi bien dans l’Ancien27 que dans le Nouveau28 Testament, seuls des hommes étaient prêtres et apôtres. D’après les Écritures, les femmes sont égales aux hommes en mérite, en dignité et en valeur, et sont capables de servir dans le ministère à temps plein. Elles servent en tant que diaconesses et conductrices de louange ; elles enseignent et utilisent leurs dons spirituels en servant Dieu dans son Église. Je peux dire sans aucune hésitation que notre église n’existerait pas sans des femmes-clés (aussi bien parmi le personnel que parmi les membres) qui emploient les dons spirituels que Dieu leur a donnés pour édifier le corps de Christ. Nos conductrices de louange amènent notre assemblée devant le trône de Dieu avec puissance. Nos diaconesses servent les besoins de l’église de manière particulière, et nos diacres ne pourraient pas servir ainsi. Les épouses de nos anciens font preuve de sagesse et de perspicacité, des éléments absolument cruciaux à la survie et l’efficacité de notre église. Les Écritures n’indiquent absolument nulle part que les sexes jouent un rôle dans la distribution souveraine des dons spirituels par Dieu. Il est troublant de constater que ceux qui aiment la Bible ont tendance à se concentrer sur ce que les femmes ne peuvent pas faire, plutôt que sur ce qu’elles peuvent faire. On s’attache plus à la restriction qu’à l’habilitation29. En règle générale, les églises complémentaristes échouent en ce qui a trait à équiper et permettre aux femmes d’utiliser les dons que Dieu leur a accordés dans l’église. Je crois que les femmes peuvent utiliser n’importe quel don que Dieu leur a accordé, et que seule la fonction d’ancien est réservée aux hommes. Cela peut sembler paradoxal, mais je pense que c’est biblique. 26. Par exemple, le réseau de Dan Kimball et Erwin McManus, de même que le réseau de Dave et Jon Ferguson, <http://www.newthing.org>. 27. Par exemple, Débora en Juges 4.4. 28. Par exemple, les filles de Philippe en Actes 21.9. 29. C’est la raison principale qui a poussé Jerram Barrs à écrire son livre, Through His Eyes: God’s Perspective on Women in the Bible.
Pourquoi se concentrer sur les hommes?
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Je crois que les Écritures enseignent systématiquement le principe du leadership masculin, non seulement dans l’église, mais aussi au sein du foyer30, et que ce principe est attaché à l’ordre de la création et non à un contexte culturel31. Les hommes devraient donc servir en tant que « premiers parmi les égaux », à la fois à la maison (en tant qu’époux et pères) et dans l’église (en tant qu’anciens et pasteurs). Alexander Strauch articule toutefois avec justesse que « le principe de la direction masculine ne diminue en rien l’importance et la nécessité de l’engagement féminin dans la famille et dans l’Église32 ». Les maris dans le foyer et les pasteurs dans l’église n’ont pas plus de valeur ou plus de dons, mais ils ont plus de responsabilités et seront tenus responsables devant Dieu pour la façon dont ils auront dirigé. Nous voyons cela clairement dans la lettre de Paul à l’église d’Éphèse, où les maris sont appelés à aimer leur femme comme Christ a aimé l’Église, et à être la tête de leur foyer comme Christ est la tête de l’Église33. Cela signifie que les maris, tout comme Jésus, doivent diriger leur foyer en étant les premiers à aimer, les premiers à pardonner, les premiers à souffrir et à être responsables du péché, peu importe si c’est leur « faute » ou non. Nous voyons ce principe en Genèse 3.9, où Dieu s’adresse à Adam pour le péché d’Ève, et en Romains 5 où Adam est tenu pour responsable du péché d’Ève. Nous voyons également cette charge pour les responsables et pasteurs de l’Église de Dieu en Hébreux 13.17 (le verset de la Bible le plus effrayant pour les pasteurs !)34. Les anciens et ceux qui ne le sont pas sont égaux dans l’église, mais tiennent des rôles différents, ce qui est semblable aux relations au sein de la Trinité – Père, Fils et Esprit. Les personnes de la Trinité sont égales, mais néanmoins, le Fils et l’Esprit sont soumis au Père. J’interprète cette déférence divine comme le signe que la soumission est caractéristique d’une relation saine. La soumission prouve une humilité à toute épreuve et une confiance mutuelle qui orientent les 30. Ép5.21-33, 1 P3.1-7, Col3.18-19 31. 1 Corinthiens 11, 1 Timothée 2.11-15 32. STRAUCH, Alexander. Les anciens, qu’en dit la Bible? Un appel urgent à rétablir le leadership biblique dans l’Église, Trois-Rivières, QC, Éditions Impact, 2005, p. 72. 33. Éphésiens 5.25 34. Nous lisons en Hébreux 13.17 : « Obéissez à vos conducteurs et soyez-leur soumis. Car ils veillent au bien de vos âmes, dont ils devront rendre compte. Faites en sorte qu’ils puissent le faire avec joie et non en gémissant, ce qui ne serait pas à votre avantage. » Dans le foyer, Dieu a placé les maris et les pères pour diriger dans l’amour, le service et la souffrance. Dans l’église, Dieu a appelé des anciens et des pasteurs à faire la même chose.
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partenaires en relation. La soumission est bonne et requiert non seulement qu’une personne se soumette, mais aussi qu’une autre personne assume le rôle de conducteur. Dieu, dans sa sagesse, a placé l’homme en position de leadership, à la fois dans la famille et dans l’église. Et cette œuvre, qui forge le caractère et que Dieu veut accomplir chez les maris, les pasteurs et les pères, sera accomplie dans le contexte du leadership. Je suis convaincu que quand le foyer et l’église sont ordonnés correctement – quand les maris et les anciens acceptent que le peuple bien-aimé de Dieu a été placé sous leurs soins et qu’il les tient responsables de la santé spirituelle de ses enfants –, les familles et les églises ressembleront à la communauté parfaite que nous voyons en la Trinité. Quand cela commencera à se produire, les hommes auront réellement envie de prendre des responsabilités chez eux et dans l’église, parce qu’ils sentiront que l’appel à suivre Christ dans le leadership est un appel inspirant et singulièrement masculin. Nous n’avons pas besoin de domination dans l’église (des hommes égocentriques et grossiers qui abusent de leur pouvoir), nous en avons déjà suffisamment. C’est d’un renouveau que nous avons réellement besoin – un apport sain d’hommes fidèles à Dieu qui servent l’église par la puissance de l’Esprit de Dieu35. Examinez ces statistiques révélatrices recueillies par David Murrow, auteur de Why Men Hate Going to Church [Pourquoi les hommes détestent aller à l’église] et directeur de Church for Men [L’Église pour les hommes] : • L’église américaine typique attire une foule adulte composée à 61 % de femmes et à 39 % d’hommes. Ce fossé se retrouve dans toutes les tranches d’âge36. • Chaque dimanche, le nombre de femmes présentes dans les églises américaines excède de 13 millions celui des hommes. Ces statistiques sont tirées des chiffres de Barna sur la présence d’hommes et de femmes au culte, couplés avec les chiffres de l’étude Census 2000 sur les hommes et les femmes dans la population américaine. 35. J’ai emprunté ce langage de « domination vs. renouveau » à <http://www. churchformen.com> 36. « U.S. Congregational Life Survey—Key Findings », 29 octobre 2003, <http://www. uscongregations.org/key.htm>
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• Ce dimanche, environ 25 % des femmes mariées qui vont à l’église se rendront au culte sans leur mari. Pour arriver à ce chiffre, j’ai pris ceux du Census 2000 sur le total des adultes mariés, et je les ai recoupés avec l’étude de Barna comparant la présence masculine et féminine à l’église tous les dimanches en 2000. Les chiffres sous-entendent qu’au moins 24,5 millions de femmes mariées vont à l’église chaque semaine, contre 19 millions d’hommes seulement. C’est 5,5 millions de femmes de plus, soit 22,5 %. Le nombre réel pourrait même être plus élevé, étant donné que les personnes mariées sont beaucoup plus nombreuses à aller à l’église que les célibataires. • Plus de 70 % des garçons élevés dans l’église l’abandonneront pendant leur adolescence ou quand ils seront jeunes adultes. La plupart de ces garçons n’y reviendront jamais37. • Plus de 90 % des hommes américains croient en Dieu et cinq sur six se disent chrétiens. Hélas, seulement deux sur six vont à l’église tous les dimanches. L’homme ordinaire accepte la réalité de Jésus-Christ, mais ne voit pas pourquoi il devrait aller à l’église38. Le trait d’esprit de Leo Durocher, l’ancien directeur de la Ligue majeure de baseball, selon lequel « le baseball, c’est comme l’église. Beaucoup y vont, mais peu comprennent » est particulièrement vrai chez les hommes. Bien que cette question des rôles des sexes soit l’un des débats les plus virulents de notre climat culturel, la position complémentariste prédomine dans l’Église depuis deux mille ans et elle n’a été remise en question qu’au cours du siècle dernier. Nous, complémentaristes, avons très certainement beaucoup à faire pour vivre les implications de notre position. Nous devons grandir en corrigeant fermement les abus de pouvoir de certains leaders masculins infidèles, et en apprenant à être honorablement et respectueusement en désaccord avec ceux qui ne partagent pas notre vision des choses. 37. « LifeWay Research Uncovers Reasons 18 to 22 Year Olds Drop Out of Church », disponible sur le site de LifeWay : <http://www.lifeway.com/Article LifeWay-Researchfinds-reasons-18-to-22-year-olds-drop-out-of-church> 38. Barna Research Online. « Women Are the Backbone of Christian Congregations in America », 6 mars 2000, <http://www.barna.org>
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Je crois sincèrement que les églises, dénominations et réseaux (et particulièrement ceux qui essaient d’implanter des églises centrées sur l’Évangile) peuvent travailler ensemble malgré leur désaccord sur ce point. Nous devons apprendre à nous entendre dans notre désaccord. Pourquoi? Parce que l’Évangile doit continuer à progresser. Et il y a peu de chances pour que l’Évangile triomphe dans une ville où ne se trouvent que des églises réformées dirigées par des hommes39. C’est pourquoi nous voulons travailler aux côtés de toutes sortes d’églises qui respectent le Symbole des Apôtres40. J’espère que nos différences théologiques ne vous empêcheront pas de lire ce livre. Je crois que plusieurs des principes que vous y trouverez peuvent être transposés malgré nos différences théologiques. Un jour, nous serons tous devant Jésus, et il pourra corriger nos erreurs doctrinales. Nous « voyons [tous] au moyen d’un miroir41 ». Jusqu’à ce que la pleine vérité soit manifestée à la lumière de la gloire de Dieu, travaillons à fonder des églises plus saines, ce qui est l’objectif principal de ce livre. Nous faisons face à une crise spirituelle et vivons dans un monde rempli d’adulescents. Nous avons des adulescents dans nos villes, dans notre voisinage, dans nos églises et dans nos familles. L’adulescent a besoin d’hommes et de femmes fidèles à Dieu qui lui montrent que la vie consiste en bien plus que ce qu’il vit actuellement. L’adulescent a besoin d’être plus qu’un simple mâle. Il a besoin de devenir un homme de Dieu transformé par le message de l’Évangile de Dieu et qui poursuit la mission de Dieu de tout son cœur.
39. Voir <http://www.acts29network.org/about/doctrine> 40. C’est ce que j’aime à propos du centre Redeemer Church’s Planting Center (RCPC). Ils implantent toutes sortes d’églises qui s’en tiennent au christianisme orthodoxe pour atteindre les villes du monde. Voir <http://www.redeemer.com/about_us/ church_planting> 41. 1 Corinthiens 13.12
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« Un bon ministre accompagné de la présence de Dieu dans son travail est la plus grande bénédiction que Dieu accorde à son peuple, après lui-même1. » (Jonathan Edwards) « Un homme doit lui-même être lavé avant de laver les autres ; devenir lui-même sage afin qu’il puisse rendre les autres sages ; devenir lumière, puis donner la lumière ; s’approcher de Dieu et ainsi attirer les autres ; être sanctifié, puis les sanctifier2. » (Grégoire de Nazianze) « Prenez garde à vous-même, de crainte que vous ne soyez vidé de cette grâce salvatrice de Dieu que vous offrez aux autres, et que vous ne deveniez étranger à l’œuvre efficace de cet Évangile que vous prêchez ; et de crainte que, tout en proclamant au monde la nécessité d’un Sauveur, votre propre cœur ne le néglige et que vous ne soyez dépourvu de tout intérêt pour lui et ses bénéfices salutaires. Prenez garde à vous-même, de crainte que vous ne périssiez alors même que vous appelez les autres à prendre garde de ne pas périr ; et de crainte que vous ne vous affamiez tout en leur préparant à manger.3» (Richard Baxter) « La conversion est la condition sine qua non du ministre. Vous qui aspirez au pupitre, “il faut que vous naissiez de nouveau”. La possession de cette première qualification ne doit pas non plus être tenue pour acquise par quiconque, car il est très probable que nous nous trompions nous-mêmes quant à notre réelle conversion. Croyez-moi, ce n’est pas un jeu d’enfant que “d’affermir votre vocation et votre élection”4. » (Charles Spurgeon) 1. EDWARDS, Jonathan. The Salvation of Souls, Wheaton, IL, Crossway, 2002, p. 140, (traduction libre). 2. NAZIANZE, Grégoire de. Oratorian, 2.71, cité dans PURVES, Andrew. Pastoral Theology in the Classical Tradition, Louisville, Westminster John Knox Press, 2001, p. 9, (traduction libre). 3. BAXTER, Richard. The Reformed Pastor, Édimbourg, The Banner of Truth Trust, 2001, p. 53, (traduction libre). 4. SPURGEON, Charles. Letters to My Students, Grand Rapids, Zondervan, 1972, (traduction libre).
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Qu’il s’agisse d’un orateur qualifié, d’un leader doué ou d’une personne avec une vaste ascendance théologique, personne ne devrait tenter de conduire l’Église de Jésus sans avoir d’abord connu la puissance salvatrice du Berger qui est plein de grâce. Même si le pasteur ou l’implanteur d’église est un homme bienveillant, talentueux ou intelligent, il doit être avant toute chose un homme sauvé. Il doit être un homme sauvé de l’esclavage et de la folie de son propre péché et sauvé par la liberté et la « folie » d’un Dieu qui a manifesté sa justice et son amour parfaits en donnant sa vie pour ceux qui lui ont fait du tort. L’homme qui désire servir et diriger au nom de Jésus doit d’abord et avant tout avoir personnellement connu le pardon et l’acceptation de Jésus. Il n’est malheureusement pas nécessaire de posséder un discernement extraordinaire pour constater que beaucoup d’églises ont un pasteur qui tente de conduire les gens à un Sauveur qu’il n’a pas encore rencontré lui-même. Beaucoup de gens partent malheureusement du principe que les pasteurs et les implanteurs d’église sont certainement des chrétiens. Cependant, cette supposition ne prend pas en compte le fait qu’il est possible (et pour certains, même, remarquablement facile) de simuler les dons requis pour le ministère. Une personne peut être un communicateur, un conseiller ou un leader extrêmement doué sans même connaître véritablement Christ. En fait, Christ a abordé ce point en Matthieu 7. 21-23 quand il a dit : Quiconque me dit : Seigneur, Seigneur ! n’entrera pas forcément dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Beaucoup me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur ! N’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé, en ton nom que nous avons
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chassé des démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles? Alors je leur déclarerai : Je ne vous ai jamais connus retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité. C’est une déclaration stupéfiante. S’il est possible de prophétiser, de chasser des démons et de faire beaucoup de miracles au nom de Christ sans même le connaître véritablement, alors il est très certainement possible d’implanter ou de conduire une église sans avoir une relation rédemptrice avec lui. Si les dons spirituels ne constituent pas une preuve de foi authentique, alors une position ou un titre ne le sont pas non plus. Richard Baxter, pasteur et théologien puritain, écrit de façon frappante sur cette réalité : Ah, messieurs ! Combien ont prêché Christ et pourtant ont péri parce qu’ils n’éprouvaient aucun intérêt pour lui ! Combien, qui sont désormais en enfer, ont parlé des tourments de l’enfer à leurs paroissiens et les ont avertis pour qu’ils y échappent ! Combien ont prêché le courroux de Dieu envers les pécheurs, et le subissent à présent ! Oh quel cas plus triste pourrait-il exister dans le monde que celui d’un homme qui a choisi pour profession et appel de proclamer le salut et de conduire les autres vers le ciel, et qui s’en voit lui-même interdire l’entrée5 ! « Examinez-vous vous-mêmes, pour voir si vous êtes dans la foi ; éprouvez-vous vous-mêmes. Ne reconnaissez-vous pas que Jésus-Christ est en vous? À moins peut-être que l’épreuve ne soit pour vous un échec » (2 Corinthiens 13.5). Au fil des années, j’ai rencontré beaucoup de pasteurs qui semblent être dépourvus de la foi salvatrice6. Je me souviens d’un pasteur jeunesse avec qui j’étais ami à l’université. Il m’a avoué qu’il était dans le ministère premièrement parce qu’il faisait partie d’un grand ministère jeunesse quand il était au collège. Il m’a dit que, même s’il doutait de son propre salut, il était déjà « engagé dans le ministère à plein temps ». Un autre gars de ma connaissance dit lui-même avoir implanté une église en grande 5. Baxter. The Reformed Pastor, p. 12 (traduction libre). 6. Puisque seul Dieu connaît le cœur des gens, nous ne pouvons jamais juger du salut d’une autre personne. Mais en même temps, les Écritures nous appellent à discerner le caractère de ceux qui nous entourent. Jésus nous a mis en garde contre les faux prophètes, disant : « C’est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » (Matthieu 7.20).
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partie pour impressionner son père. Lors d’une rencontre de coaching avec moi, il a confessé avoir peur que son conseiller ne finisse par découvrir la réalité stupéfiante : il avait implanté l’église non seulement pour obtenir la faveur de son père, mais également pour obtenir la faveur de Dieu. Je pourrais raconter beaucoup d’histoires semblables. Le fait est que de nombreuses personnes qui s’impliquent dans des professions d’assistance (travailleurs sociaux, conseillers, et autres) le font pour résoudre leurs propres problèmes. De telles personnes se servent de leur service auprès des autres pour recevoir eux-mêmes la guérison. Beaucoup d’hommes font de même au sein du ministère pastoral. Cela peut paraître noble, d’une certaine façon. Plus nous servons les autres, plus nous prenons conscience qu’en réalité, ce sont eux qui nous servent. Je comprends. La différence majeure dans le ministère pastoral, cependant, est que de tels hommes cherchent non seulement à s’aider eux-mêmes, mais également à se sauver eux-mêmes. Un de mes premiers mentors, Wayne Barber, dont Dieu s’est servi pour confirmer mon appel au ministère, a confessé dans l’une de ses prédications que pendant les premières années de son ministère, il n’était pas chrétien. Il s’était fait pasteur pour obtenir la faveur de Dieu. Wayne, comme beaucoup d’autres, se servait du ministère comme d’un moyen pour couvrir et expier son péché. Il avait plus confiance en ce qu’il faisait pour Dieu qu’en ce que Christ avait fait pour lui. Malheureusement, les églises ont tellement besoin de leaders qu’elles sont souvent prêtes à fermer les yeux sur les défauts d’un conducteur, surtout si le conducteur en question est doué. Les gens se disent, par exemple : Peut-être qu’il ne fait pas preuve d’un caractère attaché à Dieu, mais sa prédication est décapante… C’est un merveilleux conseiller… Il est capable d’inciter les gens à le suivre ! Dans un contexte où la grande majorité des églises sont sur le déclin ou en stagnation, les hommes doués, mais non régénérés, représentent une denrée prisée dans l’économie chrétienne professionnelle. D’autres églises ne sont tout simplement pas équipées pour faire la distinction entre un leader régénéré et un leader non régénéré. Parfois, la vision qu’une église a du ministère pastoral est tellement influencée par le modèle économique nord-américain – performance et croissance à tout prix – que l’on ne souligne que peu ou pas du tout l’importance de trouver quelqu’un qui soit appelé par Dieu. Ces dernières années, plusieurs
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dénominations et réseaux évangéliques, ainsi que quelques dénominations conservatrices, ont fait appel à moi à titre de consultant pour des décisions d’embauche, de licenciement et de recrutement. La question principalement posée aussi bien par les libéraux que par les conservateurs n’est pas : Cet homme est-il un chrétien?, mais plutôt : Cet homme peut-il faire croître l’église? Cette question directrice est révélatrice, et nous alerte sur l’une des raisons pour lesquelles tellement d’hommes implantent et conduisent des églises sans pourtant avoir de relation rédemptrice avec Jésus-Christ. Quand un homme trompe l’église au sujet de ses « qualifications » pour le ministère, cela représente bien sûr un problème d’éthique. Mais c’est bien plus que cela. Le bien-être de l’église (et de son pasteur) est en jeu. Réfléchissez à ce qui arrive à un homme qui essaie de conduire ou d’implanter une église sans avoir lui-même été d’abord sauvé de ses péchés. Il se sentira soit abattu (condamné, peu sûr de lui et incompétent) ou dynamité (suffisant, arrogant et orgueilleux), selon que l’église est sur le déclin ou en pleine croissance. Dans les deux cas, le pasteur ou implanteur d’église qui cherche à conduire l’église sans être lui-même d’abord sauvé de ses péchés se dirige vers l’idolâtrie, la peine et, en fin de compte, l’échec, puisqu’il se sert de l’église et de son ministère pour se sauver lui-même. Seul l’homme sauvé peut réellement servir l’Église de Christ, parce que seul l’homme sauvé trouve son identité et sa motivation pour le ministère en dehors du ministère lui-même. Même si l’état final du pasteur non régénéré7 est mauvais, l’état final d’une église dirigée par un tel homme est encore pire. Bien que Dieu, dans sa miséricorde, se serve parfois de prédicateurs animés de mauvaises motivations8, en général, l’église conduite par un tel pasteur souffre sur les plans spirituel, communautaire et missionnel, et elle finit par dépérir ou mourir. La plupart des églises ne connaîtront pas de croissance spirituelle plus importante que celle de leurs dirigeants. Les métaphores de Spurgeon sont ici utiles : 7. Comme l’indique Wayne Grudem, non régénéré signifie littéralement « quelqu’un qui n’est pas renouvelé dans le cœur ou les pensées, ou qui n’est pas né de nouveau d’esprit ». Il est opposé à celui qui est régénéré. Il est important de se souvenir qu’un esprit régénéré n’est pas quelque chose qu’une personne peut accomplir. C’est plutôt comme le fait d’être né : c’est quelque chose qui se produit sans que la personne y puisse quoi que ce soit. Voir GRUDEM, Wayne. Théologie systématique, Charols, Excelsis, 2010. Voir également Éz 36.26-27, Jn 3.3-8, Jc 1.18, 1 P 1.3. 8. Voir Philippiens 1.15-18
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Un pasteur dépourvu de la grâce est un homme aveugle élu au poste de professeur en optique, qui philosophe sur la lumière et la vision, s’entretient sur les belles nuances et les mélanges délicats des couleurs prismatiques et les distingue pour les autres, quand il est lui-même dans le noir absolu ! Il est un homme muet promu à la chaire de musique ; un homme sourd à l’aise avec les symphonies et les harmonies ! Il est une taupe prétendant éduquer des aiglons ; une patelle élue pour présider les anges9. En clair, un homme étranger aux choses de Dieu sera totalement incapable de les enseigner aux autres. Pourtant, de nombreux pasteurs entrent dans le ministère en doutant sérieusement de leur salut ! Cela pourrait-il expliquer pourquoi des milliers d’églises fermeront leurs portes cette année en Amérique du Nord, et pourquoi la grande majorité des églises nord-américaines stagnent ou déclinent? Puisque le fait d’être un homme sauvé est la qualification fondamentale pour tout aspirant pasteur ou implanteur d’église, et puisqu’aucun homme ne peut réussir dans le ministère sans cette qualification, il est nécessaire d’examiner soigneusement ce qu’implique être un homme sauvé, avant de discuter davantage des autres qualifications. Que signifie être sauvé? La Bible emploie plusieurs mots pour décrire le miracle du salut : adoption, justification, rédemption, réconciliation, etc. Une image que la Bible utilise pour décrire cette réalité est celle de la nouvelle naissance. Jésus a dit : « En vérité, en vérité je te le dis, si un homme ne naît de nouveau il ne peut voir le royaume de Dieu » (Jean 3.3). Le terme dont les théologiens se servent souvent pour décrire cette nouvelle naissance est régénération. La régénération fait référence à l’implantation d’une nouvelle vie spirituelle dans le cœur d’un pécheur, ce qui entraîne l’amour de cette personne pour Dieu et pour les autres. J. I. Packer décrit la régénération comme suit : La nouvelle naissance, ou régénération est une nouvelle création intérieure de la nature humaine déchue, opérée par le Saint-Esprit. Elle change la disposition d’égoïsme sans loi et sans dieu en une disposition de confiance et d’amour, de 9. SPURGEON, Charles. Lectures to My Students, Grand Rapids, Zondervan, 1972, p. 9-10, (traduction libre).
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repentance quant à la rébellion et à l’incrédulité passées, et de conformité à la loi de Dieu. Elle illumine l’esprit aveuglé pour qu’il discerne les réalités spirituelles et stimule la volonté esclave pour qu’elle obéisse librement à Dieu10. Un homme sauvé est né de nouveau dans sa vie spirituelle, ce qui le rend capable de se repentir de son péché et de croire en l’œuvre que Christ a accomplie pour lui. « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici : (toutes choses) sont devenues nouvelles11. » Il est également possible de décrire ce que signifie être sauvé en observant ce que Dieu fait dans la vie d’une personne véritablement sauvée de ses péchés. En Matthieu 22.37-40, Jésus enseigne que l’Ancien Testament tout entier tient en deux courts commandements : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est le premier et le grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. » Non seulement un homme sauvé croit que cette vérité est le cœur et le centre du christianisme, mais il aime réellement Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa pensée et de toute sa force, et cherche par conséquent à aimer son prochain comme lui-même. Un homme sauvé est un homme dont l’amour pour Dieu croît de manière holistique – dans ses sentiments, dans ses pensées, dans ses motivations, dans ses passions, dans ses devoirs et dans chaque domaine de sa vie. Il est également un homme qui fait preuve d’un amour grandissant pour les gens en se sacrifiant lui-même pour les autres et en donnant sa vie pour leur bien. En bref, un homme sauvé grandit dans l’amour sincère pour Dieu et pour son prochain12. Un homme sauvé est également un homme dans lequel le SaintEsprit œuvre, et produit le fruit de la justice. En Galates 5.22-24, l’apôtre Paul écrit : « Mais le fruit de l’Esprit est : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi ; la loi n’est pas contre de 10. PACKER, James. Your Father Loves You: Daily Insights for Knowing God, Wheaton, IL, Harold Shaw Pulbishers, 1986, 22 janvier (traduction libre). 11. 2 Corinthiens 5.17 12. Nous lisons en 1 Jean 2.9-10 : « Celui qui prétend être dans la lumière, tout en haïssant son frère, est encore dans les ténèbres. Celui qui aime son frère demeure dans la lumière et ne risque pas de tomber. »
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telles choses. Mais ceux qui sont au Christ-Jésus ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. » Dans le texte grec original, le mot « fruit » du verset 22 est au singulier. Paul n’est pas en train d’énumérer une sorte de menu spirituel dans lequel certaines personnes choisissent l’amour, d’autres choisissent la paix, d’autres la patience, et ainsi de suite. Au contraire, toutes ces qualités constituent ensemble le fruit qu’un homme chrétien produit. Un homme sauvé est un homme qui fait de plus en plus preuve de ces qualités dans sa vie – l’amour, la joie, la paix, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi13. Si vous aspirez au ministère pastoral, vous devez commencer par examiner honnêtement votre propre salut, votre propre sauvetage. Ne partez pas du principe que vous êtes chrétien uniquement parce que vous êtes pasteur ou que vous voulez être un pasteur. Jésus a dit que « beaucoup » de ceux qui chassent les démons en son nom ne sont pas sauvés (Matthieu 7.22). Assurez-vous de connaître pour vous-même le salut que vous proclamez aux autres. Soyez prêt à remettre vos motivations pour le ministère en question et assurez-vous que vous n’êtes pas en train d’essayer de gagner la faveur de Dieu. Le salut est la première qualification – et la plus importante – pour le ministère chrétien. Sans lui, rien d’autre n’est possible. Et si vous entrez dans le ministère sans le salut, vous vous démolirez vous-même, ainsi que ceux que vous cherchez à servir. Nous examinerons au chapitre suivant à quoi ressemble un homme qualifié pour conduire une église. Avant cela, cependant, je vous prie de réfléchir aux questions suivantes, destinées à vous aider à revoir votre foi dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus et le ministère du Saint-Esprit. 1. Croyez-vous sincèrement, en ce moment même, que Christ est à la fois celui qui pardonne vos péchés et celui qui est votre seul espoir d’une relation éternelle avec Dieu? 2. Imaginez-vous vous tenir devant Dieu, le juste Juge de tous les peuples. Dans votre esprit, êtes-vous tenté de dresser la liste de vos bonnes actions pour défendre votre salut, ou êtesvous conscient d’être dépendant de l’œuvre de Christ (sa vie obéissante, sa mort en sacrifice et sa résurrection puissante) pour votre salut? 13. 1 Jean 2.3 affirme : « À ceci nous reconnaissons que nous l’avons connu : si nous gardons ses commandements. »
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3. Y a-t-il des preuves de l’œuvre du Saint-Esprit dans votre vie et dans votre caractère? a. Êtes-vous conscient que vous êtes un véritable enfant de Dieu? (Voir Romains 8.15-16, 1 Jean 4.13.) b. Lisez Galates 5.22-23. « L’amour, la joie, la paix, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi », ces caractéristiques sont-elles développées en vous? Les personnes qui vous sont les plus proches diraient-elles qu’elles voient régulièrement ces traits dans votre vie? c. Lisez Matthieu 7.16-20. Votre ministère porte-t-il du bon fruit? Les gens et l’église sont-ils édifiés, ou votre ministère est-il caractérisé par la dissension et la division? 4. Si vous êtes actuellement un pasteur ou un implanteur d’église assuré de son statut « d’homme sauvé », avez-vous la certitude que ceux qui dirigent avec vous croient au véritable Évangile de la grâce?
« Le ministère n’est pas une profession. C’est une vocation. […] Il faut être appelé pour l’exercer. Bien que les pasteurs se débattent pour savoir ce que signifie exactement être appelé par Dieu pour conduire une église, ils doivent tout de même avoir une certaine idée qu’ils sont dans le ministère parce que Dieu veut qu’ils le soient. Encore et encore, malgré les difficultés du ministère pastoral, cette autorisation divine, plus que subjective, est un outil majeur de la persévérance pastorale14. »(William H. Willimon) « N’entrez pas dans le ministère si vous n’y êtes pas obligé. Si un étudiant dans cette pièce peut se satisfaire d’être éditeur d’un journal, épicier, fermier, ou médecin, ou avocat, ou sénateur, ou roi, pour l’amour du ciel, laissez-le suivre sa voie15 ! » (Charles Spurgeon) « Je crois que Dieu m’a créé pour un but […], mais il m’a aussi fait rapide. Et quand je cours, je sens son plaisir16. » (Eric Liddell)
14. WILLIMON, William H. The Theology and Practice of Ordained Ministry, Nashville, Abingdon Press, 2002, p. 141-145 (traduction libre). 15. SPURGEON, Charles. Letters to My Students, Grand Rapids, Zondervan, 1972, p. 262-267 (traduction libre). 16. Extrait du film Les Chariots de feu, scénario de Collin Welland, Warner Brothers, 1981
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Il y a plus de 2 500 ans, Dieu a appelé un homme du nom de Jérémie pour qu’il soit prophète : « Avant que je ne te forme dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu ne sortes de son sein, je t’avais consacré je t’avais établi prophète pour les nations17. » Pourtant, plus Jérémie suivait l’appel de Dieu, plus ceux à qui il s’adressait se moquaient de lui, le rejetaient et le persécutaient. Il est souvent appelé « le prophète qui pleure » parce que son statut d’homme appelé a été pour lui une grande source d’épreuve18. Examinez l’appel de Jérémie. Jérémie était appelé à tenir le rôle de prophète. La plupart des gens associent le prophète au diseur de bonne aventure – il prédit l’avenir, lit dans les pensées, etc. Bien sûr la Bible fournit des preuves de ce genre de prévisions et même de visions de l’avenir. Mais le plus souvent, un prophète biblique était quelqu’un qui passait autant de temps à regarder vers le passé et le présent qu’à regarder vers l’avenir. Un prophète était (et est toujours) quelqu’un qui examine le passé et le présent pour réprimander le peuple de Dieu pour ses péchés, et l’appeler à une alliance de fidélité avec son Dieu. Jérémie était ce type de prophète. En tenant compte des conditions passées et présentes du peuple de Dieu, l’avenir ne paraissait pas très prometteur. Il voyait un peuple rebelle, ingrat, buté et complètement pécheur, et Dieu l’appelait à tenir un miroir en face de ce « peuple à la nuque raide19 ». La vocation première de Jérémie consistait à passer en revue et à décortiquer chaque aspect de la culture dans laquelle il était
17. Jérémie 1.5 18. Quelqu’un m’a dit un jour que le fait de se consacrer au service de Dieu dans le ministère à plein temps, c’est accepter un appel à une vie entière de souffrance. 19. Comme on le voit en Exode 32.9 et dans de nombreux autres passages.
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appelé à « exercer un ministère ». Il accomplissait cette tâche avec brio, ce qui a fait de sa vie une cible pour ceux de sa culture. Jérémie jugeait tout le monde de manière équitable : du simple Israélite au professionnel religieux, en passant par le roi et sa suite, personne n’était épargné. Il condamnait la sexualité désinvolte et les orgies, dénonçait les riches qui opprimaient les pauvres, réprimandait les pauvres qui n’aspiraient pas à une meilleure vie et vilipendait tout le peuple parce qu’il adorait chaque idole sur laquelle ses yeux se posaient. Prophète de premier choix, il offensait impitoyablement le peuple de Dieu, ce qui lui coûta l’amitié des gens de son entourage. On peut ressentir la douleur de Jérémie dans l’un des moments les plus vulnérables racontés dans les Écritures, quand Jérémie a dit : « Car toutes les fois que je parle, (il faut que) je crie, que je proclame : violence et dévastation ! Et la parole de l’Éternel est pour moi un sujet de déshonneur et de risée toute la journée » (Jérémie 20.8). L’appel représente un travail solitaire, et l’on a bien souvent l’impression que Dieu nous a abandonnés dans notre ministère. Cependant, le Dieu qui a appelé Jérémie était comme un feu dévorant au-dedans du prophète. Dans le même souffle, Jérémie pouvait reprocher à Dieu de ne pas bénir son ministère et aussi s’exclamer : « Si je dis : je ne ferai plus mention de lui, je ne parlerai plus en son nom, il y a dans mon cœur comme un feu brûlant, retenu dans mes os. Je me fatigue à le contenir et je ne le puis. » (Jérémie 20.9) L’appel de Jérémie ne lui a apporté que de la peine, et pourtant, il ne pouvait abandonner. Pourquoi? Parce que la Parole de Dieu était comme un feu dans ses os. Traduction : Parce que Dieu l’avait appelé. Jérémie est un exemple de l’appel au ministère pastoral. Le ministère, plus que difficile, est impossible. À moins que nous n’ayons un feu brûlant dans nos os qui nous y incite, nous ne pourrons tout simplement pas survivre. Le ministère pastoral est un appel, pas une carrière. Ce n’est pas un travail que l’on choisit uniquement parce que l’on cherche à attirer l’attention, parce que notre maman pense que l’on s’en sortirait bien, ou parce que cela n’implique pas de soulever des objets lourds. Je suis continuellement choqué de voir combien d’hommes tentent leur jeu au ministère sans avoir reçu d’appel clair. Prenez note de ceci : si vous ne vous sentez pas appelé au ministère, s’il vous plaît, trouvez-vous une autre carrière ! Seuls les hommes comme Jérémie, qui brûlent littéralement de l’appel de Dieu, pourront poursuivre le ministère pastoral.
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Qu’est-ce que l’appel?
L’une des choses les plus importantes à faire quand on évalue son appel est d’étudier l’appel d’autres hommes et ce que d’autres hommes ont à dire au sujet de l’appel. Martin Luther, réformateur de l’Église et théologien du XVIe siècle, initiateur de la Réforme protestante, enseignait que « l’appel comporte deux aspects […] l’un divin, qui est accompli par la puissance la plus élevée et qui concerne la foi […] [et] un appel d’amour […] comme quand des amis désirent que vous prêchiez un sermon. Ces deux vocations sont nécessaires pour assurer une bonne conscience20 ». Luther a dressé la liste des huit qualités qu’un homme dans le ministère doit posséder : 1. Capacité à enseigner de manière systématique 2. Éloquence agréable 3. Voix percutante 4. Mémoire précise 5. Conclusion bien amenée 6. Certitude de sa doctrine 7. Volonté à risquer corps et sang, santé et honneur dans le travail 8. Souffrance personnelle associée à la moquerie et aux railleries de tous21. Jean Calvin, le réformateur et théologien qui a suivi les traces de Luther, faisait lui aussi la distinction entre deux aspects de l’appel. Il a écrit : « Cette vocation secrète est une bonne assurance que nous devons avoir en notre cœur, que ce n’a point été par ambition ni par avarice que nous avons pris cet état, mais d’une vraie crainte de Dieu, et d’un bon zèle d’édifier l’Église. […] Ils sont appelés au ministère lorsqu’on les voit aptes […] [avec] la connaissance […] [et] la crainte de Dieu. […] Car ceux que Dieu a élus à cet office, il les garnit […] des armes qui sont requises pour l’exploiter22. » John Newton, l’homme d’église anglican et auteur du célèbre hymne Amazing Grace, fait état de trois indications d’un appel. Premièrement, un appel au ministère est accompagné « d’un désir brûlant et ferme de 20. The Table Talk Theology of Martin Luther, édité et introduit par Thomas S. Kepler, Grand Rapids, Baker, 1952, p. 234 (traduction libre) 21. Ibid., p. 23-89 22. CALVIN, Jean. Institution de la religion chrétienne, IV, 3.41
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servir ». Deuxièmement, un appel au ministère est accompagné de « quelque compétence suffisante pour ce qui concerne les dons, la connaissance et l’expression ». Et troisièmement, un appel au ministère est accompagné « de l’accès à un ministère, imputable à la providence, par une suite progressive de circonstances indiquant les moyens, le temps, le lieu de l’entrée effective dans l’œuvre23 ». George Whitefield, évangéliste du XVIIIe siècle, donne ce conseil à ceux qui évaluent un appel : « Demandez-vous encore et encore si vous prêcheriez pour Christ si vous étiez certain de devoir donner votre vie en le faisant. Si vous craignez le mécontentement d’un homme en accomplissant votre devoir aujourd’hui, vous pouvez être assuré que vous n’êtes pas encore prêt24. » Charles Hodge, théologien réformé du XIXe siècle, faisait la distinction entre les qualifications intellectuelles, spirituelles et physiques, que l’on doit toutes retrouver dans un véritable appel. Les qualifications intellectuelles sont « la capacité, la connaissance, l’orthodoxie ». Ses qualifications spirituelles consistent en « une haute estime pour l’office, un vif penchant pour cet office provenant de motivations appropriées, une volonté d’aller n’importe où et de se soumettre à tout dans l’exercice des devoirs [et] un sens de l’obligation – nous disons donc : “malheur à moi si je ne prêche pas l’Évangile !” » Ses qualifications physiques comprennent « une bonne santé et les dons nécessaires d’éloquence25 ». Robert L. Dabney, un autre théologien presbytérien du XIXe siècle, a écrit que Dieu appelle un homme au ministère « en illuminant et en influençant la conscience et l’intelligence de l’homme, et celles de ses frères chrétiens, pour qu’ils comprennent […] les qualifications présentes en lui qui indiquent raisonnablement que la prédication est son travail26 ». Les qualifications qu’il énumère incluent : (1) une piété sainte et cordiale, (2) une juste réputation de sainteté de vie, (3) une force de caractère respectable, (4) une expérience chrétienne et (5) une aptitude à l’enseignement27. 23. Letters of John Newton, Londres, Banner of Truth Trust, p. 545-546 (traduction libre). 24. Letters of George Whitefield: For the Period 1734-1742, Édimbourg, The Banner of Truth Trust, 1976, p. 81-82 (traduction libre). 25. HODGE, Charles. Princeton Sermons: Outlines of Discourses, Doctrinal and Practical, Londres, The Banner of Truth Trust, 1958, p. 311 (traduction libre). 26. DABNEY, Robert L. Discussions: Evangelical and Theological, Londres, The Banner of Truth Trust, 1967, vol. 2, p. 27 (traduction libre). 27. Ibid., p. 31
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Laissons de côté le lointain passé et permettez-moi de vous parler d’un passé plus récent, de la façon dont j’ai été appelé au ministère. J’assistais à mon tout premier culte de camp d’été chrétien, et pour être honnête, j’avais la trouille à cause de la masse de jeunes dans la chapelle de cette petite université chrétienne. L’université se trouvait sur une montagne située à moitié dans le Tennessee, et à moitié en Géorgie. Nous étions dans le Sud avec un grand « S ». Je n’avais jamais visité le Sud auparavant. Là où j’ai grandi, la culture du Midwest se mêlait étrangement à celle du Sud, ce qui veut dire que certaines personnes semblaient amicales, mais la plupart ne l’étaient pas. Eh bien, dans le Sud, tout le monde est gentil, ou du moins, les gens le sont en face de vous. Le seul bon côté de toute cette « gentillesse » était que les « Dames du Sud » se révélaient fort amicales, une bonne nouvelle, somme toute. Pas au même titre que l’Évangile est une bonne nouvelle, mais une bonne nouvelle tout de même. Cet endroit dégageait quelque chose d’étrange : tous les enfants autour de moi semblaient imprégnés d’une culture d’Église. C’était très bizarre pour moi, parce que je ne provenais pas de ce milieu ; je n’étais donc pas expert en nuances de la sous-culture chrétienne. Je ne connaissais pas la plupart des « chœurs » ni les mouvements de main ridicules qui accompagnaient environ 80 % des « chants de louange ». Je ne comprenais pas comment faire semblant d’écouter attentivement l’orateur. Je n’étais pas très bon pour « feindre de prendre frénétiquement des notes », compétence indispensable pour faire semblant d’être attentif tout en écrivant un mot doux à sa troisième petite amie de la semaine de camp. Quoi qu’il en soit, je faisais de mon mieux pour ignorer une grande partie de cet « effet de groupe de jeunes » du camp, afin de me concentrer sur ce que Dieu essayait de me dire. Un pasteur animait ce camp chrétien. J’ai aimé ce type dès le moment où je l’ai vu. Tout d’abord, il était drôle. Il semblait ne pas trop se prendre au sérieux. Deuxièmement, il faisait 2 mètres, un vrai gars du Nord de plus de 130 kilos qui avait joué au basket à l’université. J’aimais l’idée d’écouter un prédicateur qui pourrait probablement me donner du fil à retordre pendant un combat. Ce pasteur s’est levé et a fait quelque chose de très inhabituel dans le cadre d’un camp d’adolescents (et malheureusement, dans celui de beaucoup d’églises, comme je le comprends aujourd’hui). Il a ouvert une Bible. Ce n’était bien sûr pas une chose étrange en soi, mais il est passé à un niveau supérieur. Ce pasteur format géant plein d’humour n’a pas
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simplement pris la Bible comme point de départ pour nous servir un discours sur les besoins des adolescents (pas d’alcool, pas de tabac, tienstoi loin de ces choses-là). Il a réellement enseigné la Bible aux jeunes, verset par verset. Il possédait le don d’illustrer sa prédication de manière à parler aux gars dans la salle, essentiellement parce que ses illustrations impliquaient toujours le sport, la chasse ou la pêche – ce que la plupart des gars de ce camp choisissaient d’étudier. Il réussissait à fusionner bon enseignement biblique et mise en contexte appropriée. Je me souviens qu’il enseignait sur un livre merveilleux, appelé Philippiens, écrit de la main de l’apôtre Paul alors qu’il souffrait pour Jésus dans une prison infestée de rats, et gardée par des soldats romains. Vers la fin du camp, le pasteur prêchait en se basant sur Philippiens 3.12-17, et c’est à ce moment-là que j’ai su que Dieu m’appelait à le servir dans le ministère à plein temps. Dieu m’a parlé intérieurement à partir de ce passage : je devais non seulement tendre vers ce qui est en avant, courir vers le but et oublier ce qui est en arrière, comme tout autre chrétien, mais je devais également imiter Paul en passant le reste de ma vie à souffrir pour l’Église et à la servir. Je n’avais aucune idée de ce que cela représentait ni de ce qui serait exigé de ma part, mais j’ai accepté l’appel de Dieu ce jour-là. Discerner l’appel
Votre appel au ministère n’a pas à être identique au mien, ni à celui de quiconque, d’ailleurs. En fait, que vous feuilletiez la Bible ou les annales de l’histoire de l’Église, vous verrez que l’une des caractéristiques les plus intéressantes de l’appel est que Dieu s’y prend rarement de la même façon pour appeler deux personnes différentes. Il est capital de ne pas normaliser l’expérience de l’appel. Parfois, c’est une expérience spectaculaire sur la route de Damas. À d’autres moments, il s’agit plus d’une attraction intérieure. Peu importe comment votre appel s’est déroulé, il est impératif de reconnaître que vous devez entendre un appel clair avant d’entrer dans le ministère. Examinons la nature de l’appel au ministère un peu plus attentivement. Un aspirant pasteur ou implanteur d’église qui cherche à tester son appel devrait rechercher la confirmation dans au moins trois domaines :
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confirmation du cœur, confirmation de l’intellect et confirmation de la compétence28. Confirmation du cœur
Il n’y a rien de tel que d’aller à un concert de rock et de se sentir martelé. Par la musique, je veux dire. Si le son du spectacle est adéquat, vous pouvez sentir la basse dans votre poitrine ; c’est comme si elle perturbait votre rythme cardiaque. La musique exerce une pression, une force à laquelle vous ne pouvez échapper jusqu’à ce que vous quittiez le concert. Cette pression est semblable à la confirmation du cœur d’un appel au ministère. Vous le sentez en vous. Vous le sentez sur vous. C’est une pression qui s’exerce sur votre cœur et sur votre âme. Une pression à laquelle on ne peut échapper. Une pression qu’on ne peut éviter. Une pression qui évoque une aspiration profonde à accepter le rôle de pasteur. 1 Timothée 3.1 fait référence à celui qui « aspire à la charge » d’ancien. En fait, ce désir pourrait être considéré comme la première qualification requise pour prendre la responsabilité d’ancien. Un homme réellement appelé au ministère le désire. Il n’entre pas dans le ministère à contrecœur, triste, avec réticence et en traînant les pieds. Il entre dans le ministère parce qu’il le veut, et il éprouve de la joie à poursuivre ce désir. Cela ne veut pas dire qu’il ne fait pas preuve d’une certaine prudence en raison du grand appel que représente le ministère, mais cela veut dire qu’il éprouve un enthousiasme, une joie, un sens du privilège d’être en mesure de servir Dieu ainsi29. Un véritable appel est souvent accompagné d’un désir insatiable de servir Dieu et son peuple à tout prix. Une forte conviction du cœur amène à penser que c’est le ministère, ou rien d’autre. Voyez l’appel de Néhémie. Le livre portant son nom commence par la description d’un appel de cœur à servir Dieu en conduisant le peuple de Dieu. Au chapitre 1, Néhémie se renseigne sur l’état de ceux qui ont survécu à l’exil et sur la condition physique de la grande ville, Jérusalem. Le rapport qu’il reçoit n’est pas encourageant. « Ceux qui sont restés dans la 28. Je parle au sens basique de cette terminologie ; il est également légitime d’employer le terme cœur pour faire référence à la personne tout entière. Voir la discussion dans WALTKE, Bruce K. The Book of Proverbs: Chapters 1-15, Grand Rapids, Eerdmans, 2004, p. 909-902. 29. Cela ne veut pas dire non plus que celui qui est appelé n’éprouve pas une certaine « réticence humble ».
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captivité sont là dans la province, au comble du malheur et du déshonneur ; la muraille de Jérusalem a des brèches, et ses portes sont brûlées par le feu » (Néhémie 1.3). Cette nouvelle touche Néhémie en plein cœur, ce que nous apprenons grâce au verset qui suit : « Lorsque j’entendis ces paroles, je m’assis, je pleurai et, pendant plusieurs jours je pris le deuil. Je jeûnai, je priai devant le Dieu des cieux » (Néhémie 1.4). C’est l’essence même de l’appel de Néhémie – ou littéralement, c’est le cœur de son appel au ministère. Néhémie n’a pas médité sur la nouvelle pendant plusieurs jours. Il n’a pas immédiatement cherché à résoudre le problème et à esquisser une stratégie, même s’il a certainement fait ces choses par la suite. Non. Quand Néhémie a entendu la nouvelle, il en a eu le cœur brisé. Le texte souligne l’urgence, l’angoisse et la tristesse de Néhémie, nous disant qu’il en a été immédiatement chagriné, avant de prendre le deuil pendant des jours. On prend le deuil quand quelqu’un meurt, et c’est l’une des expériences humaines les plus profondes et douloureuses. Et nous voyons ici que Néhémie prend le deuil parce que le peuple et la ville de Dieu sont en ruines. La nouvelle lui brise le cœur, et Néhémie n’a pas d’autre choix que de modifier le cours de sa vie afin de servir Dieu et son peuple avec ses dons les meilleurs. Voilà l’appel de cœur. Dans un appel de cœur, une envie profonde de l’âme dit : Je dois faire cela, ou je mourrai. L’homme appelé ne peut imaginer suivre une autre vocation. Il rêve éveillé du ministère, il parle du ministère, et trépigne d’impatience à l’idée d’accomplir le ministère. Il existe un désir incessant pour l’œuvre du ministère que l’homme appelé ne peut ignorer et dont il ne peut se débarrasser, même dans la difficulté, la persécution et la crainte. Ce désir intense dans le cœur peut parfois créer de l’anxiété et de l’appréhension. Des questions jaillissent à la surface : Puis-je réellement le faire? Dieu peut-il vraiment se servir de moi? Et si j’échoue? Rien n’engendre autant d’insécurité que le fait de s’engager à suivre l’appel de Dieu et à accomplir son œuvre. Un homme réellement appelé peut douter de son appel et le combattre parfois, mais en fin de compte, il sera incapable de s’en détourner. Ses doutes éprouvent peut-être son désir pour le ministère, mais ils ne le détruiront pas. Il est important de reconnaître que le doute et le sentiment d’insécurité ne s’avèrent pas le signe que vous n’êtes pas appelé. Ceux qui sont réellement appelés passent souvent par des saisons
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de doute et d’incertitudes. Mais avec le temps, l’appel devient plus fort, et non plus faible. Cette confirmation du cœur va plus loin qu’un simple caprice passager ou un emballement initial à la perspective d’entrer dans le ministère. Spurgeon y fait référence comme « un désir intense et prenant pour l’œuvre30 ». C’est ce que Newton appelle « un désir brûlant et ferme d’être utilisé dans ce service […] il ne peut pas abandonner […] le désir de prêcher est bien trop ardent31 ». En d’autres termes, l’homme qui est appelé au ministère désire tellement être dans le ministère qu’il ne peut contenir ce désir. C’est comme un feu dans ses os, comme pour Jérémie. Il s’agit d’un désir profond de protéger le peuple de Dieu et de subvenir à ses besoins, comme l’a fait Néhémie. Cette confirmation du cœur est une composante essentielle de l’appel. Néanmoins, elle ne suffit pas à indiquer un appel réel au ministère. Un homme vraiment appelé par Dieu reçoit également une confirmation de l’intellect. Confirmation de l’intellect
La confirmation de l’intellect constitue un aspect important quand on tente de discerner un appel au ministère. Pourtant, on l’ignore souvent parce qu’il est très facile de se concentrer sur la confirmation du cœur. On peut facilement permettre que les émotions d’un appel perçu prennent le dessus sur le reste, mais un réel appel au ministère va plus loin que le désir et les émotions : il touche également la réflexion et la planification. La confirmation de l’intellect exige de la personne appelée au ministère une évaluation de ce qu’elle s’apprête à faire. Tandis que la confirmation du cœur est plus générale et immatérielle, la confirmation de l’intellect est précise et pratique. La confirmation émotionnelle passe par vos passions et s’écrie : je veux donner ma vie à l’Église ! La confirmation de l’intellect succède à ces passions et demande : Comment puis-je servir cette église précisément? Beaucoup d’hommes sont entrés dans le ministère en général n’ayant aucune idée du ministère précis qu’ils allaient accomplir. L’histoire chrétienne montre qu’un appel au ministère est généralement accompagné d’un fardeau pour un ministère spécifique. Cela ne signifie pas que votre 30. SPURGEON. Letters to my Students, p. 26 (traduction libre). 31. NEWTON, John. Memoirs of the Rev. John Newton in The Works of the Rev. John Newton, Édimbourg, The Banner of Truth Trust, 1985, vol. 1 (traduction libre).
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premier poste dans le ministère sera nécessairement le dernier, mais qu’un appel au ministère prend sa source dans un cadre particulier. L’une des erreurs les plus répandues chez les jeunes gens qui entrent dans le ministère est d’adopter simplement le modèle qu’ils ont connu ou idolâtré dans une église. Une autre erreur de ce type consiste à adopter aveuglément la philosophie et la pratique d’un héros du ministère. L’homme qui passe par la période de confirmation intellectuelle réfléchit à sa propre conception du ministère, son propre style de ministère, ses propres croyances théologiques, ses propres dons, capacités et désirs uniques. En bref, il y a une singularité quant à la façon dont il veut accomplir le ministère. De nombreux jeunes gens savent à quoi ils s’opposent tout en ignorant ce qu’ils appuient ; contrairement à eux, l’homme qui passe par une confirmation de l’intellect réfléchit attentivement et délibérément aux questions suivantes : Dans ma vie et dans mon ministère, quelles sont les choses que j’approuve? Quels sont les fardeaux particuliers que j’ai pour l’Église? Comment servir au mieux l’Église dans ces domaines? Gavin, l’un des anciens stagiaires de notre église, provient d’une famille avec une riche histoire dans le ministère. Son grand-père était pasteur, son père aussi, de même que ses deux frères aînés. Gavin ressent le désir d’être lui-même pasteur, mais il souhaiterait également poursuivre ses études. À l’heure actuelle, il réfléchit à certaines questions : Est-ce que je veux me lancer dans le ministère uniquement pour imiter mes proches? De quelle manière Dieu m’appelle-t-il particulièrement à servir dans le ministère? Dieu m’appelle-t-il à obtenir mon doctorat et à enseigner, ou à servir dans l’église locale? Ce genre de questions et les luttes qui vont de pair tombent dans la catégorie de la confirmation intellectuelle. Le test ultime de cette confirmation survient quand un jeune homme peut dire : Dieu confirme par mes pensées mon appel particulier au ministère. Les confirmations du cœur et de l’intellect sont toutes deux cruciales. Elles correspondent toutes deux à ce que nombre de pasteurs et de théologiens ont décrit comme l’appel intérieur. Néanmoins, elles sont incomplètes en elles-mêmes. Un véritable appel au ministère se manifeste non seulement dans les pensées et les désirs de la personne appelée, mais également dans ses dons, ses capacités et ses compétences. Ce dernier aspect de la confirmation est ce que les théologiens nomment l’appel extérieur, parce qu’il est le plus facilement reconnaissable par les autres.
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Je n’allais pas à l’église quand j’étais enfant, donc quand je suis devenu chrétien et que j’ai commencé à faire l’expérience des aspects émotionnels et intellectuels de l’appel, je n’avais aucun modèle pour savoir que faire de cet appel de Dieu sur ma vie. L’église que je fréquentais à l’époque avait pour tradition que les gens s’avancent à la fin du culte pour signifier leur engagement spirituel. Vous vous avanciez si vous vouliez devenir chrétien, vous vous avanciez si vous vouliez vous joindre à l’église, vous vous avanciez si vous vouliez être baptisé, et aussi étrange que cela puisse paraître, vous vous avanciez si vous vouliez rendre public le fait que Dieu vous avait appelé au ministère à plein temps. Mon église avait un programme pour aider les jeunes gens à explorer leur appel au ministère. Tout d’abord, l’église confirmait que vous étiez bel et bien appelé. Elle examinait votre caractère en posant certaines questions : Ce jeune homme est-il qualifié dans son caractère? (Nous parlerons de cet examen plus en détail au chapitre suivant.) L’église examinait également les compétences de l’homme certain de son appel avec des questions telles que : Cet homme a-t-il les dons requis pour se lancer dans le ministère? Ces deux examens du caractère et des compétences sont primordiaux pour celui qui est appelé, car il peut ainsi vérifier objectivement son incitation subjective en fonction de l’évaluation de l’église. Quand l’église examine les compétences d’un homme, l’appel de ce dernier est inévitablement affiné. L’église n’aide pas à répondre seulement à la question : Suis-je appelé? Mais également à la question : À quoi suis-je appelé? De cette façon, l’église sert à la fois de filtre pour faire la distinction entre le vrai et le faux appel, et de guide pour poursuivre un véritable appel. En bref, l’église aide l’homme à déterminer quel ministère il doit rechercher en particulier. Les responsables d’église peuvent tomber dans deux extrêmes en aidant à confirmer l’appel d’un homme au ministère de l’Évangile. Premièrement, ils peuvent rendre trop facile la confirmation de l’appel au ministère de l’Évangile. Une église peut interpréter naïvement l’appel intérieur d’un homme (son impression subjective d’être appelé) comme la confirmation de Dieu. Les églises qui tombent dans cet extrême ont pour attitude : Laissons simplement le garçon prêcher ! Bien souvent, cette approche crée un homme qui s’appuie sur ses dons et ne parvient pas à développer son caractère, et il sera par la suite disqualifié.
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L’autre extrême consiste pour l’église à rendre trop difficile la confirmation de l’appel au ministère de l’Évangile. De telles églises placent la barre bien trop haute en ce qui a trait au développement des compétences (être un grand prédicateur) ou de l’éducation (un candidat doit avoir terminé ses études de théologie). De nombreux pasteurs doués ont commencé un ministère florissant sans avoir suivi de formation théologique. Mark Driscoll et Matt Chandler, pasteurs aux côtés desquels je sers dans le comité du réseau d’implantation Acts 29 et qui exercent une grande influence pastorale, en sont deux exemples. Nous avons besoin de faire attention de ne pas placer la barre si haut que nous excluions du ministère des hommes que Dieu appelle. Comment l’église devrait-elle évaluer si un homme est appelé ou non au ministère pastoral du point de vue des compétences? L’église devrait envisager au moins deux évaluations. La première implique la façon dont le candidat comprend les Écritures. Il faut répondre à des questions comme celles-ci : 1. A-t-il une connaissance active de toutes les Écritures? 2. Peut-il articuler l’histoire de l’Évangile dans toutes les Écritures? 3. Comprend-il les versets controversés responsables de la division dans l’histoire de l’Église (calvinisme et arminianisme, méthode et mode de baptême, et ainsi de suite)? 4. Peut-il expliquer la nature centrée sur Christ de la théologie chrétienne? La deuxième évaluation consiste à inspecter le fruit de son ministère. Il faut répondre à des questions comme celles-ci : 1. Peut-il inciter l’église à la mission? 2. Peut-il apporter une vision pour l’église et entraîner les gens à suivre cette vision avec lui? 3. Peut-il organiser l’église pour qu’elle atteigne ses objectifs? 4. Peut-il mettre en place des systèmes et des structures qui fonctionnent sans son influence directe? La célèbre analogie du « bus » employée par Jim Collins évoque le travail du leader compétent. Il dit que le travail d’un leader consiste à
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« faire monter les bonnes personnes à bord du bus, d’en faire descendre les mauvaises, et d’assigner les bons sièges aux bonnes personnes32 ». L’église devrait discerner si le candidat peut mettre en place une chose qui fonctionne d’elle-même, plutôt qu’une chose qui dépend de lui pour fonctionner. Ces trois confirmations (du cœur, de l’intellect et des compétences) doivent se retrouver dans un appel réel. Les pentecôtistes et les charismatiques ont tendance à se concentrer sur l’appel émotionnel et surnaturel de Dieu. Les réformés et les évangéliques, de leur côté, se concentrent sur l’aspect intellectuel. Les églises traditionnelles se concentrent souvent sur les compétences. Pourtant, un véritable appel comprend ces trois confirmations. Nous conclurons ce chapitre par quelques questions pour les aspirants pasteurs et implanteurs d’église, afin qu’ils puissent évaluer et discerner leur appel : 1. Est-ce que je désire ardemment le ministère pastoral? Est-il impossible pour moi d’imaginer faire autre chose de ma vie? 2. Dieu m’a-t-il donné des convictions et des pensées particulières quant à la façon dont je peux servir au mieux l’église? 3. Est-ce que je veux entrer dans le ministère pour me faire une renommée, pour prouver que je suis quelqu’un ou pour réparer des échecs passés? Est-ce que j’évalue mes motivations pour le ministère et est-ce que je demande à Dieu d’affiner mes désirs et mes pensées? 4. Est-ce que j’aime les gens? Est-ce que je veux aider les gens? Mon désir d’entrer dans le ministère a-t-il principalement à voir avec moi ou avec l’aide que je peux apporter aux autres en les conduisant vers Christ? 5. Est-ce que j’aime apprendre la vérité sur Dieu et l’enseigner au peuple à partir des Écritures? Suis-je prêt à faire preuve de discipline dans mes habitudes d’étude en tant que pasteur? 6. Suis-je capable de conduire effectivement les gens vers un objectif? Les gens sont-ils en mesure de me suivre? Suis-je prêt à prendre des coups pour les décisions que je prends? 32. COLLINS, Jim. Good to Great: Why Some Companies Make the Leap and Others Don’t, New York, HarperCollins, 2001, p. 13 (traduction libre).
« Si nous étions appelés en tant que nation à défendre nos cœurs et nos foyers, nous n’enverrions pas nos fils et nos filles, épée et revolver à la main, pour rencontrer l’ennemi ; de même, l’Église ne doit pas non plus envoyer chaque novice ou fanatique inexpérimenté plaider en faveur de la foi1. » (Charles Spurgeon) « La conduite du prélat devrait surpasser la conduite du peuple tout autant que la vie du pasteur le distingue du troupeau. […] Il est ainsi nécessaire d’être pur en pensée, exemplaire en conduite, discret en silence, bienfaisant en paroles ; en toute sympathie un voisin proche pour tous, en contemplation élevé au-dessus tous les autres ; un humble compagnon pour ceux qui mènent une bonne vie, se dressant fermement dans son zèle pour la justice contre les vices des pécheurs2. » (Cyprien) « Mieux vaut ne pas avoir d’anciens du tout que de faux anciens3. » (Jon Zens)
1. SPURGEON, Charles. Letters to My Students, Grand Rapids, Zondervan, 1972, p. 13 (traduction libre). 2. Cité dans WILLIMON, William H. The Theology and Practice of Ordained Ministry, Nashville, Abingdon Press, 2002, p. 301 (traduction libre). 3. Cité dans STRAUCH, Alexander. Les anciens, qu’en dit la Bible? Un appel urgent à rétablir le leadership biblique dans l’Église, Trois-Rivières, QC, Éditions Impact, 2005, p. 104 (traduction libre).
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Beaucoup de gens se demandent pourquoi il est nécessaire qu’un pasteur possède des qualifications. Ils se disent peut-être : « Si quelqu’un veut être pasteur, n’en a-t-il pas le droit, peu importe qu’il corresponde à une liste de critères ou non? Et qui décide de ces critères, de toute façon? » Le réseau Acts 29 est souvent critiqué parce qu’il est « trop focalisé » sur la détermination des qualifications d’éventuels implanteurs d’église. Cependant, beaucoup d’entre nous sont conscients qu’il est nécessaire d’établir des critères dans d’autres professions. Personne ne monterait à bord d’un avion s’il savait que le « pilote », bien qu’il aime les avions, ne possède aucune licence de pilotage. Personne ne voudrait être opéré par un « chirurgien » dont la qualification principale est d’avoir un père médecin. Un jeune couple ne confierait pas la conception de sa maison de rêve à un « architecte » qui a monté son portfolio au dos d’une boîte de Lego. Les qualifications sont indispensables dans chaque métier, et plus la tâche est importante, plus il est nécessaire d’établir des exigences rigoureuses. Le Nouveau Testament insiste fortement sur l’importance de nommer des anciens qualifiés dans l’Église4. Comme Alexander Strauch le note : « [Le Nouveau Testament] donne davantage d’instructions concernant les anciens que sur d’autres sujets importants de la vie d’Église, comme la Cène, le jour du Seigneur, le baptême ou les dons spirituels5 ». Qui plus est, le Nouveau Testament contient plus d’enseignements au sujet des qualifications pour la fonction d’ancien que sur n’importe quel autre aspect du leadership biblique6.
4. 1 Tm 3.1-7 ; Tt 1.5-9 ; 1 P 5.1-4 5. STRAUCH, Alexander. Les anciens : qu’en dit la Bible?, p. 128 6. Cf. ibid., p. 85-88
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Si cet aspect est aussi accentué, c’est que les anciens ont pour tâche sacrée de prendre soin des âmes éternelles pour lesquelles Christ est mort. Puisqu’au pasteur incombe la charge extrêmement importante d’enseigner et de prendre soin des âmes éternelles, il est capital de s’assurer qu’on ne désigne pas à ce poste des personnes n’ayant pas la qualification requise. Quand un chirurgien non qualifié procède à une intervention, quand un pilote non qualifié pilote un avion, ou quand un architecte non qualifié construit une maison, les gens subissent des blessures et les choses s’écroulent. Ce n’est pas différent dans l’église : les gens finissent par souffrir quand leurs leaders manquent de qualifications, et toutes structures, du mariage à l’église elle-même, risquent de s’écrouler. Le Nouveau Testament permet beaucoup de flexibilité dans la manière dont les anciens doivent fonctionner. Il est écrit que nous devons établir des anciens, mais sans détails très précis. Le Nouveau Testament présente cependant une multiplicité d’anciens comme modèle de leadership7. Les anciens dirigent l’église ; ils enseignent et prêchent la Parole, protègent l’église contre les faux docteurs, exhortent et reprennent les saints dans la saine doctrine, prient pour les malades et tranchent sur les questions doctrinales8. Les anciens sont des hommes bien connus de la communauté, au caractère éprouvé, intègres, et sains en ce qui a trait à la doctrine. Les anciens sont des hommes capables de s’occuper d’euxmêmes et des autres ; ils doivent faire preuve de discipline et de maturité personnelles, et être en mesure de bien s’identifier aux autres, de les enseigner et de prendre soin d’eux. Dans la multiplicité se trouvent une responsabilité mutuelle et une force qu’un homme seul ne peut posséder. « Mais malheur à celui qui est seul et qui tombe, sans avoir un second pour le relever ! » (Ecclésiaste 4.10). Les qualifications des anciens dans le Nouveau Testament
On trouve quelques listes de qualifications différentes pour les anciens dans le Nouveau Testament, mais la plus détaillée est en 1 Timothée 3.1-7 : Cette parole est certaine : si quelqu’un aspire à la charge d’évêque, il désire une belle activité. Il faut donc que l’évêque soit irréprochable, mari d’une seule femme, sobre, sensé, sociable, hospitalier, apte à l’enseignement, qu’il ne soit ni adonné au vin, 7. Ac 14.23; 15; 20.17, 28; 1 Tm 5.17; Ph 1.1; Tt 1.5; Jc 5.14; 1 P 1.1; 5.1 8. Cf. STRAUCH, Alexander. Les anciens, qu’en dit la Bible?, p. 16
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ni violent, mais conciliant, pacifique, désintéressé ; qu’il dirige bien sa propre maison et qu’il tienne ses enfants dans la soumission, avec une parfaite dignité. Car si quelqu’un ne sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’Église de Dieu? Qu’il ne soit pas nouveau converti, de peur qu’enflé d’orgueil, il ne tombe sous le jugement du diable. Il faut aussi qu’il reçoive un bon témoignage de ceux du dehors, afin de ne pas tomber dans le discrédit et dans les pièges du diable. En un sens, cette liste de qualifications se fait remarquer par sa banalité. Presque tout ce qu’on exige des anciens ou des responsables est requis de tout croyant ailleurs dans les Écritures. Par exemple, le fait qu’un ancien ne doive pas s’adonner à l’alcool n’implique pas que les autres croyants ont la possibilité de s’enivrer en imitant des étudiants qui font la fête. De même, le fait qu’un ancien ne doive pas aimer l’argent ne signifie en aucun cas que ceux qui ne sont pas anciens dans l’église peuvent faire de l’argent leur sauveur fonctionnel. Il est requis de quiconque suit Christ qu’il ne soit ni buveur, ni attiré par le gain. Alors en quoi les anciens sont-ils différents? Les anciens ne représentent pas une classe supérieure de chrétiens. Comme le dit plutôt D. A. Carson : « ce qui est en un sens requis de tous les croyants est particulièrement requis des leaders de croyants9 ». Carson a tout à fait raison. Les anciens sont appelés à se concentrer sur les qualités auxquelles tous les chrétiens aspirent et à les vivre de manière unique. Le terme évêque vient du grec episcope qui est employé de manière interchangeable avec le terme ancien (Tite 1.5, 7). Episcope décrit quelqu’un qui s’occupe de, prend en considération, examine et accompagne. Dans la société grecque antique, un ancien assumait les responsabilités de gardien, de contrôleur, de chef ou d’administrateur. De quoi un ancien est-il responsable? Les anciens sont responsables des gens – des gens créés à l’image de Dieu, des gens pour qui Christ est mort, des gens que Dieu aime profondément. Il existe une raison cruciale pour laquelle les anciens doivent être des hommes attachés à Dieu : s’ils ne le sont pas, il devient très difficile pour les gens de s’attacher euxmêmes à Dieu. Comme John MacArthur l’a écrit : « Les sujets deviennent ce que sont leurs dirigeants. Ce qu’Osée a dit, “il en sera du sacrificateur 9. CARSON, D. A. The Cross and Christian Ministry, Grand Rapids, Baker, 1993, p. 95. Italique de l’auteur (traduction libre).
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comme du peuple” (4.9), Jésus l’a confirmé dans cette parole : “Tout disciple accompli sera comme son maître” (Luc 6.40). L’histoire biblique démontre que les sujets dépassent rarement le niveau spirituel de leurs leaders10 ». Bien que la liste de Paul ne soit pas exhaustive et serve à répondre à des circonstances particulières dans un contexte précis, elle est très utile pour discerner le type de personne qui, selon Paul, fera un bon ancien. Examinons la liste de qualifications de Paul et le type de personne qu’il a à l’esprit pour cette fonction. Anepilêmptos, « irréprochable »
Ce terme décrit un homme libre de tout sérieux défaut de caractère, respecté par ceux qui le connaissent, et reconnu comme menant une vie agréable à Dieu. Chrysostome notait : « Ce terme implique chaque vertu11. » William Mounce avance qu’être « irréprochable » est la fontaine de laquelle découle les autres : « Cette première qualification tient lieu de titre pour toutes ces qualités : le responsable doit être irréprochable ; tout ce qui suit détaille ce que cela implique12. » La qualification la plus élémentaire et la plus fondamentale d’un ancien est donc qu’il soit trouvé au-dessus de tout reproche. Ce titre englobe tout ce que Paul décrit ici en 1 Timothée 3. Pour Mark Driscoll, « irréprochable » est le terme « fourre-tout » que Paul applique à ce que signifie être qualifié. Mias gunaikos andra, « mari d’une seule femme »
Son esprit et son cœur sont consacrés à sa femme. Il est l’homme d’une seule femme. Au premier abord, Paul semble interdire la position d’ancien à un homme divorcé13. Par contre, il est plus probable qu’il évoque le dévouement et la relation d’un homme envers son épouse. Pour être qualifié, un homme doit se consacrer exclusivement à sa femme et entretenir une profonde relation émotionnelle, sociale et sexuelle avec elle. Cela veut dire concrètement que le mariage d’un pasteur doit être sain. Et plus encore, cela semble indiquer qu’un manque 10. Cité dans STRAUCH, Alexander. Les anciens : qu’en dit la Bible?, p. 87 (traduction libre). 11. Cité dans MOUNCE, William D. Word Biblical Commentary, vol. 46, Pastoral Epistles, Nashville, Nelson Reference and Electronic, p. 169 (traduction libre). 12. Ibid., p. 152 13. Voir la discussion en ibid., p. 170 et suivantes.
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d’intimité émotionnelle ou physique éloignerait un pasteur du ministère. En d’autres termes, cela sous-entend qu’une vie sexuelle peu remarquable empêcherait un homme de se qualifier comme pasteur. Les pasteurs doivent prendre l’initiative dans leur relation émotionnelle, sociale et sexuelle avec leur épouse. Comme pour toutes les autres qualifications, cela ne veut pas dire que le pasteur ou son mariage est parfait. Cela signifie que son mariage est digne d’être imité. Cela implique que d’autres hommes, célibataires ou mariés, voient la façon dont le pasteur aime et sert son épouse comme un modèle pour leur propre dévouement envers leur femme ou future femme. Nêphalios, « sobre » ou tempéré
Le pasteur doit se maîtriser (il n’est pas conduit par ses émotions ou ses envies). Il est libre de tout excès débilitant et comportement irréfléchi. Cette qualification concerne la vie émotionnelle d’un homme. Un pasteur qualifié doit être un homme capable de contrôler ses désirs et émotions en se soumettant à la puissance et à l’autorité du Saint-Esprit. Le point que Paul semble ici soulever est qu’un homme qualifié se laisse conduire par l’Esprit, et non par ses émotions. Cela ne veut pas dire qu’un pasteur doit être mort intérieurement, totalement incapable de ressentir quoi que ce soit et d’exprimer ses sentiments. Mais plutôt qu’un homme soumis émotionnellement à l’Esprit sera susceptible d’éviter des péchés tels que l’infidélité conjugale, l’inconvenance financière et la colère injuste. Il est à espérer qu’il conduira ainsi l’église dont il est pasteur à éviter ces mêmes péchés. Voyons la lutte du pasteur Bruce Wesley pour contrôler ses émotions14. Bruce explique : L’implantation d’église a réellement mis en lumière mon dysfonctionnement émotionnel. Quand je repense à cette période de ma vie, je me rends compte que j’étais continuellement en colère. Chaque heure de chaque jour, j’étais sur le point d’exploser. Je justifiais ma colère en me disant que j’étais simplement poussé à me faire champion de l’Évangile dans ma petite sphère de responsabilité. Mais à la maison, dans la réalité 14. Pour plus d’informations sur Bruce et son église, visitez le site : <http://www. clearcreek.org>
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du quotidien, ma femme et mes enfants marchaient sur des œufs à cause de mon imprévisibilité. Deux ans après avoir implanté Clear Creek, j’ai commencé à reconnaître que je me détachais très distinctement de ma femme et de mes enfants sur le plan émotionnel. Pire : j’ai pris conscience que j’étais certainement le dernier membre de la famille à s’en rendre compte. Ma femme et mes enfants se sentaient déjà déconnectés. Je me souviens m’être demandé un jour : « Et si j’avais implanté une église florissante, mais que je ne savais pas comment aimer, chérir, protéger et entrer en contact avec ma propre femme et mes enfants? Et si j’arrivais à la fin de ma seule et unique vie et que ma femme et mes enfants ne voulaient plus rien savoir de moi? » Un ami sage et consacré à Dieu m’a aidé à prendre conscience de certaines choses. Tout d’abord, il m’a permis de voir que les explosions de colère sont comme faire la bombe dans une piscine : on ne sait pas toujours jusqu’où on éclabousse parce qu’on saute les yeux fermés. Ma colère se répercutait sur des personnes que je n’avais jamais eu l’intention de toucher ainsi. Deuxièmement, il m’a aidé à comprendre que je tirais profit de mon énergie émotionnelle pour m’aider à rester engagé dans un processus ou à me battre dans des situations difficiles – ce qui peut être une très bonne chose. Mais mon émotion, c’était la colère, et cette colère était dirigée directement contre des personnes, et particulièrement mes proches. J’ai pris conscience que ma colère était liée à mon désir surdimensionné de remporter des succès. Quiconque se tenait entre moi et mes objectifs faisait connaissance avec mon courroux. Contre toute attente, c’est l’Évangile qui m’a changé. Un jour, mon ami m’a dit : « Il n’y a rien que tu puisses faire qui fera que Dieu t’aime plus, et rien que tu puisses faire qui fera que Dieu t’aime moins. » J’avais déjà dit des choses de ce genre des centaines de fois au cours de mon ministère. Toutefois, quand mon ami a prononcé ces paroles à ce moment précis, l’Esprit de
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Dieu m’a ouvert le cœur et j’ai pu voir l’immensité de sa grâce à nouveau. J’ai compris que j’essayais de gagner l’amour de Dieu en travaillant dur et en réussissant. J’étais en colère parce que c’était une tâche sans fin, improductive et complètement futile. Le résultat de mon idolâtrie et de mon pharisaïsme était la colère. Et ma colère avait pour conséquence que je m’éloignais toujours plus des gens qui m’aimaient. C’est quand j’ai appris à me prêcher l’Évangile à moi-même que mon monde émotionnel a changé. Sous la grâce, à la lumière de l’Évangile, je suis devenu un homme maître de lui-même. Je suis reconnaissant… et ma femme et mes enfants le sont aussi. Sophron, « sensé » ou maître de lui-même
Il doit avoir un esprit sain (il est capable de se concentrer et ne se laisse pas facilement distraire). Il possède un bon jugement et du bon sens. Paul enseigne en Galates 5.22-23 que la maîtrise de soi est le résultat de l’œuvre de l’Esprit dans notre vie. Dans le contexte de ce passage, Paul semble indiquer que la maîtrise de soi n’est pas le fruit de la volonté, mais le fruit de la puissance de Dieu quand nous marchons dans le Saint-Esprit et que nous sommes conduits par lui. Paul semble donc dire qu’un pasteur est un homme dont la vie se caractérise par l’Esprit qui le contrôle, ce qui résulte en une maîtrise de sa « personne ». Kosmios, « réglé dans sa conduite » ou respectable (sociable)
Cela implique une vie bien ordonnée (une vie non caractérisée par le chaos). Cette qualification semble concerner l’aspect général de la vie d’un pasteur ; ce serait un peu comme le sonomètre de sa vie. Un de mes amis pasteurs était un homme très désordonné. L’extérieur de sa voiture n’était jamais propre, et l’intérieur encore pire. Son jardin restait à l’état sauvage, rempli de mauvaises herbes (il disait à ses jeunes enfants qu’il s’agissait en fait de fleurs). Non seulement sa voiture, sa maison et son gazon étaient débraillés, mais son allure aussi. Une sorte de frénésie générale affectait tout son comportement. Toujours pressé, ses conversations étaient continuellement bâclées, et le chaos s’infiltrait dans chaque environnement dans lequel il se trouvait. Par conséquent, il n’était pas
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respecté, et ce, parce qu’il n’était pas respectable. Un homme respectable exerce une bonne maîtrise des responsabilités de sa vie, au point que les autres le voient non pas forcément comme quelqu’un dont la vie est très bien organisée, mais comme quelqu’un qui peut supporter le poids et la complexité de sa vie – ce qui, par la suite, le qualifie pour diriger les diverses complexités de l’église. Philoxenos, « hospitalier »
Il aime les étrangers. Il ne reste pas exclusivement dans son clan. Contrairement à la croyance populaire, cette qualification n’implique en aucun cas que le pasteur et son épouse doivent recevoir à dîner toutes les personnes de l’église. Cela ne veut pas dire non plus que la maison d’un pasteur est une porte ouverte pour que les gens de l’église viennent y traîner, regarder la télé et « faire la communauté ». Le mot « hospitalier » fait référence à la façon dont un pasteur et sa famille accueillent les personnes extérieures à la foi. Autrement dit, être hospitalier, c’est être un ami des pécheurs et donc être comme Jésus. On trouve un excellent exemple d’hospitalité centré sur la communauté dans l’histoire d’Alex Early et la façon dont il a implanté l’Église Four Corners dans ce qu’il appelle « un bar rock’n’roll Americana ouvert aux gais15 ». En janvier 2007, j’ai quitté un emploi pépère à l’église pour quelque chose de plus radical. J’ai lu et relu les Évangiles à plusieurs reprises, et j’ai continué à voir Jésus comme un « ami des pécheurs ». J’ai fait défiler ma liste de contacts sur mon téléphone. J’étais atterré. Je n’avais aucun ami non croyant. Tout le monde dans ma vie était chrétien, blanc, de classe moyenne et républicain. Je ne connaissais aucun « pécheur ». J’ai commencé à me demander : « Qui dans la Bible Belt ne connaît pas Jésus, et pourquoi? » J’ai alors pensé aux bars du coin, et à la communauté homosexuelle. Dieu m’a dit de quitter mon emploi à l’église, de me rendre dans un bar ouvert aux gais, l’Alamo, et d’y obtenir un travail. La clientèle est unique et les membres du personnel ont les bras 15. Pour plus d’information sur l’Église Four Corners, visitez leur site internet : <http:// fourcornersnewnan.org>
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couverts de tatouages ; ils sont aussi ouvertement athées. Je me suis dit : « Parfait ! » J’ai obtenu un emploi de commis de bar. Mon travail consistait à remplir les frigos et à nettoyer la salle. J’étais enseignant remplaçant de 7 h 45 à 15 h 15, puis j’allais à l’Alamo de 16 h à 2 h, quatre jours par semaine. J’ai commencé à discuter avec mes collègues et avec les patrons de l’Alamo, à apprendre à les connaître, et à avoir progressivement des occasions de parler de la personne et de l’œuvre de Christ. J’ai fini par obtenir l’attention de l’une des propriétaires de l’Alamo, Amy Murphy. Amy, lesbienne de 37 ans qui se disait athée, a découvert que j’implantais une église. Elle m’a posé une question à ce sujet un jour, et je lui ai dit que j’organisais une réunion dans mon salon pour ceux qui étaient intéressés par l’église ; elle m’a demandé si elle pouvait venir. « Bien sûr », ai-je dit. Et à ma grande surprise, elle est réellement venue. Après la réunion, Amy s’est approchée de moi en disant : « Il te faut un endroit plus grand pour l’église ». J’ai ri et dit : « Oui, pourquoi ne me laisserais-tu pas l’Alamo? » Dans un moment de surprise complète, plein de grâce, Amy a dit : « OK, c’est d’accord ». Et ça l’était. Elle m’a dit que je pouvais le louer gratuitement, et nous avons commencé à nous réunir à l’Alamo le dimanche suivant. Quelques mois plus tard, Amy et moi étions assis dans son jardin lors d’un barbecue un jour d’été. Elle m’a dit : « J’ai l’impression d’avoir un cœur nouveau. Je prie tout le temps et je demande à Jésus de me pardonner mes péchés, et de m’aider à vivre pour lui au travail, parce que c’est un travail tellement fou ! Je veux dire, je sais depuis quelques mois que Dieu est avec moi, mais maintenant, j’ai l’impression que Dieu est en fait au-dedans de moi. Est-ce que c’est normal? » Ce fut un plaisir immense pour moi à ce moment-là d’expliquer à Amy que Jésus l’avait sauvée, et que ce qu’elle ressentait et vivait était l’un des premiers bénéfices du salut : l’Esprit de Dieu demeurait en elle.
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Depuis lors, Amy a ouvert plusieurs autres bars à Atlanta et dans les environs, et elle souhaite aider à l’implantation d’autres églises dans ses locaux pour que davantage de personnes rencontrent Jésus. Didaktikos, « apte à l’enseignement »
Ce terme indique une compétence dans l’enseignement. Même si nous explorerons cela plus en détail dans un autre chapitre, nous devons noter ici qu’il est requis d’un pasteur qu’il soit capable d’enseigner. Un pasteur qualifié est capable de prendre l’Écriture et d’aider les gens à comprendre ce qu’elle signifie dans son contexte original et dans son application contemporaine. Mê paroinos, « Pas [un] buveur »
Il n’a aucune idolâtrie connue (dépendance). Dans la version Louis Segond, il est écrit qu’il n’est pas « adonné au vin ». Cette qualification semble concerner le moyen de décompression du pasteur. Faire de la musculation est une façon légitime de relâcher la pression de la journée. Jouer avec ses enfants est une manière acceptable d’évacuer le stress. Faire l’amour à sa femme est une manière encouragée bibliquement de se distraire des difficultés du ministère. Biberonner ne l’est pas. Comme Mark Driscoll l’a souvent dit : « Vous savez que vous êtes en difficulté en tant que pasteur quand le groupe à qui vous rendez des comptes est composé de Jim Beam, Jack Daniels et Jose Cuervo*». Cette qualification semble ici faire référence aux substances en général, et n’est pas limitée au vin. Je suis formateur et mentor d’implanteurs d’église et de pasteurs, et je suis choqué par le nombre d’entre eux qui sont soit dépendants à l’alcool, soit en bonne voie de le devenir. Et cela est de plus en plus vrai également pour les médicaments d’ordonnance. Un pasteur de ma connaissance n’arrivait pas à relaxer sans quelques bières après le travail, et ne pouvait dormir sans prendre de somnifères. Non seulement c’est dangereux physiquement, émotionnellement et mentalement, mais c’est également le signe d’un profond manque de confiance en la capacité de Dieu à répondre à nos besoins et à pourvoir à notre force. * Noms de boissons alcoolisées [N.D.T.]
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Mê plektes, « pas […] violent »
En clair, vous ne pouvez pas être pasteur si vous vous bagarrez avec des membres de l’église ou des inconvertis de votre ville. Je me souviens d’un pasteur sur le point de se disqualifier pour le ministère, parce qu’il se bagarrait souvent. J’exerçais un ministère dans le Vieux carré de La Nouvelle-Orléans pendant le Mardi gras. Si vous ne connaissez pas le carnaval connu sous le nom de Mardi gras, sachez que c’est l’un des événements les plus décadents d’Amérique du Nord. À côté du Mardi gras, une fête bien arrosée dans une résidence d’étudiants ressemble à un dîner dominical chez mamie. Pendant le Mardi gras, j’ai personnellement vu des gens copuler dans la rue, vomir dans la rue, s’enivrer dans la rue, et se soulager ensuite dans ladite rue ! Bien sûr (surprise, surprise), il ne s’agissait pas d’une rue ordinaire, mais de l’infâme rue Bourbon16. Aussi choquant que cela soit d’assister à ce genre de débauche, il fut encore plus choquant de voir l’un des pasteurs du coin mettre littéralement K.-O. un fêtard par un simple crochet du droit. Bon boxeur, mauvais pasteur. En bref, vous ne pouvez pas être pasteur si vous gérez les conflits comme Mike Tyson a « géré » Evander Holyfield∗. Il suffit de dire que paître le troupeau avec des coups de poing américains est carrément mal vu dans les Écritures. Epieikês, « conciliant »
Ici, le mot « conciliant » ne fait pas référence aux types passifs, à la poignée de main léthargique, qui tolèrent tout et ont besoin de rétroviseurs plantés sur la tête tellement ils se courbent. Dans ce contexte, le caractère conciliant, ou douceur, implique d’être indulgent, prêt à céder quand la concession est possible. Ce terme décrit un homme qui ne cherche pas à tout prix à avoir raison. Cette qualification concerne le quotient d’entêtement d’un homme. Les hommes qualifiés n’ont pas besoin que les choses se passent toujours comme ils le veulent. En effet, ils sont prêts à ne pas avoir raison pour le bien de l’église.
16. La rue Bourbon en particulier et le Vieux carré en général avaient une odeur unique : un mélange d’alcool, d’urine et de vomis, ce que je me représente comme l’odeur du péché. ∗ Deux boxeurs américains [N.D.T.]
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Amachos, « pacifique »
Il ne doit pas être querelleur (cf. 2 Timothée 2.24-25). Vous ne pouvez pas être pasteur si vos « conseils pastoraux » échauffent plus qu’ils n’éclairent. En d’autres termes, vous n’êtes pas un homme qualifié si vous tournez la plupart des discussions en disputes. Certains hommes aiment particulièrement « prendre l’autre parti » et jouer « l’avocat du diable ». Ce genre de comportement peut faire de vous un étudiant accompli au séminaire, mais vous disqualifiera comme pasteur. Aphilargyros, « désintéressé »
Il ne doit pas désirer l’argent plus qu’il ne désire Dieu (Hébreux 13.5 ; 1 Timothée 6.7-9). Jason Martin, pasteur de l’église The Journey17 à Atlanta (en Géorgie), est un homme qui comprend les défis et les récompenses qui accompagnent la libération de l’amour de l’argent. Au cours de son ministère à plein temps, Jason a servi dans des églises qui compensaient un manque de concentration sur l’Évangile en offrant un salaire confortable et des avantages appréciables aux pasteurs. Le Saint-Esprit a accusé Jason de se contenter du confort matériel temporaire que l’église offrait, au lieu d’inciter les gens à promouvoir les avantages éternels que seul l’Évangile peut apporter. Jason a pris le risque audacieux de réimplanter son église en investissant toutes leurs ressources dans l’établissement d’une présence centrée sur l’Évangile dans la partie Est d’Atlanta, et cette démarche fut accompagnée de difficultés financières. Jason dit de cette époque : « M’engager à unir les gens et à réimplanter était une décision terrible sur le plan financier. Je suis passé d’un salaire très confortable à plein temps à une absence totale de salaire pendant trois ans. Je suppose que je suis comme la plupart des hommes : j’ai toujours voulu assurer à ma famille la sécurité et le confort dont jouissent les autres familles. Toutefois, mettre de l’avant la transformation de l’Évangile dans les églises, exigeait souvent de ma famille qu’elle vive avec moins plutôt qu’avec plus. » Même si les avantages réels ne sont peut-être pas aussi abondants, Jason admet qu’il ne voudrait rien changer. 17. Pour en savoir plus sur Jason et l’église The Journey, visitez leur site internet : <http://www.thejourneyhiram.com>
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« Au cours de ces dernières années de réimplantation, nous avons été témoins de l’action extraordinaire de Dieu, ce qui vaut nettement la tension financière que nous avons connue. La satisfaction temporaire de l’argent et le plaisir qu’elle procure pâlissent à la lumière de la satisfaction éternelle de l’Évangile et des plaisirs que l’on éprouve dans le pardon des péchés et une belle relation avec Dieu. » Les pasteurs qui aiment l’argent finiront par placer cet amour avant le bien de l’église. Ils prendront des décisions pour assurer la sécurité de leur emploi et l’augmentation de leur salaire, décisions qui empêcheront, la plupart du temps, la progression de l’Évangile. De plus, les pasteurs qui aiment l’argent ont tendance à en faire un mauvais usage (ils se servent de la carte de crédit de l’église pour des achats personnels, ils volent dans l’offrande et augmentent leur salaire sans l’approbation des anciens, pour ne donner que quelques exemples). Proïstêmi, qui « dirige bien sa propre maison »
Cela veut dire faire face, gouverner, s’appliquer (être le leader spirituel de sa famille). Les puritains disaient qu’on ne peut être le pasteur d’une grande église (sa congrégation) si l’on ne peut être le pasteur d’une petite église (sa famille). Si vous ne pouvez pas enseigner la Bible à vos enfants, vous ne pouvez pas l’enseigner à l’église. Si vous ne pouvez pas répondre aux questions théologiques de votre épouse, vous ne pouvez pas répondre aux questions théologiques de l’église. Proïstêmi fait également référence à un homme capable de garder ses enfants sous contrôle, en toute dignité. Il est capable de faire en sorte que ses enfants obéissent poliment parce qu’il les éduque avec amour, tel un berger. Trop d’enfants de pasteurs se comportent en petits démons rebelles. Ce n’est pas leur faute ; beaucoup de pasteurs disciplinent le derrière de leurs enfants, mais ne parviennent pas à discipliner leurs attitudes, qui sont les éléments déclencheurs du mauvais comportement. Cela ne signifie pas que les enfants d’un pasteur seront toujours de parfaits petits anges, mais plutôt qu’ils devraient grandir sous le contrôle affectueux de parents dont la discipline nourrit en eux une saine crainte de Dieu.
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Mê neophytos, « pas […] un nouveau converti »
Il ne doit pas être récemment né de nouveau (un bébé chrétien). Cette qualification concerne la maturité spirituelle d’un pasteur et particulièrement sa longévité en tant que chrétien. Manifestement, cette qualification, tout comme les autres, est subjective. C’est pour cette raison que l’église locale doit intimement s’impliquer au sujet de cette qualification. Marturian kalen, qui « reçoit un bon témoignage de ceux du dehors »
Il doit jouir d’une bonne réputation auprès de gens à l’extérieur de l’église ; quelqu’un qui connaît les non-croyants, et qu’on respecte pour sa foi. Cette qualification implique avant tout que les anciens comptent des non-croyants parmi leurs relations. Autrement, elle n’a aucun sens. Les anciens sont des hommes respectés non seulement par l’église, mais également par les non-chrétiens. Bien que les anciens se soumettent à des critères bibliques plus exigeants que ceux du monde, ils devraient au moins respecter les normes du monde en ce qui a trait aux bonnes manières. Une bonne réputation auprès des non-chrétiens protège également la personne contre des attaques venant de l’extérieur de l’église. Les anciens qualifiés feront preuve d’intégrité sur leur lieu de travail, où l’on les reconnaîtra comme des travailleurs acharnés, conformément à Colossiens 3.22-23. Ils rechercheront également avec intérêt les relations avec les non-croyants, et feront en sorte d’être connus par les autres. Ils seront honnêtes quant à leur foi et leur vie dans ce genre de relations. Partir de là
Si en lisant ces chapitres vous vous rendez compte que certains domaines suscitent chez vous un signal d’alarme, je vous prie de ne pas les ignorer sottement. Si le Saint-Esprit vous convainc concernant l’une ou l’autre de ces qualifications, il faut réagir. Ceux d’entre nous qui ont une conscience sensible doivent se rappeler qu’en fin de compte, la seule personne qualifiée pour le ministère est Jésus. Les autres doivent passer du temps dans la prière, et ne pas oublier cette liste. Ces qualifications ne sont pas arbitraires ; elles servent à vous protéger vous, votre famille et l’église contre l’échec, le péché et la douleur. Il serait sans doute plus profitable de vous éloigner du ministère pour un temps que de vous
disqualifier du ministère18. Si en lisant cette liste de qualifications vous prenez conscience que vous n’êtes pas encore prêt pour le ministère pastoral, permettez-moi de vous donner trois encouragements. Premièrement, il est important de vous rappeler que les qualifications bibliques pour le ministère ne ressemblent pas à l’expression « c’est maintenant ou jamais ». En d’autres termes, être disqualifié du ministère n’est pas forcément permanent. Si après avoir lu cette liste, vous prenez conscience que vous n’êtes pas qualifié pour le ministère, cela ne veut pas dire que vous ne le serez plus jamais. Si vous êtes un jeune aspirant pasteur qui lutte contre une dépendance, par exemple, peut-être que le Seigneur veut que vous progressiez dans cette lutte pendant un temps avant que vous n’entriez dans le ministère, afin que vous puissiez exercer votre ministère de manière plus efficace. Cela ne veut pas forcément dire que vous ne pourrez jamais entrer dans le ministère. Ou alors, si vous êtes actuellement un pasteur qui néglige sa famille, cela signifie sans doute que vous devez prendre une saison loin du ministère, pour investir dans votre famille. En conclusion, cela ne veut pas forcément dire que le ministère est terminé pour vous à jamais. Deuxièmement, le rôle de pasteur n’est pas la chose la plus importante de votre vie. Vous n’êtes pas premièrement appelé à cette tâche, mais plutôt à être chrétien. Nous ne devons jamais idolâtrer le ministère en pensant que nous n’avons aucune valeur sans lui. Nous devons regarder à Christ et à son œuvre à la croix pour nous, afin d’y trouver notre identité et notre raison d’être les plus profondes. Si vous devez choisir entre continuer dans le ministère ou suivre fidèlement Christ, choisissez la seconde option. Ce sera beaucoup plus bénéfique pour vous, votre famille et l’église de Christ. Troisièmement, être pasteur n’est pas la seule façon de se valoriser pour l’église. Prendre une saison loin du ministère pastoral ne veut pas dire qu’on vous interdit d’encourager l’église et ses responsables, de servir comme tout autre chrétien ou de vous servir de vos dons spirituels pour édifier le corps. Votre volonté de vous retirer pour un temps instruira les autres : ils verront ainsi qu’il est nécessaire d’entretenir une sainteté personnelle, et que la charge pastorale est élevée et lourde à 18. Pour ceux qui sont dans le ministère et luttent avec un péché sexuel, voici une ressource utile : ARMSTRONG, John H. The Stain That Stays: The Church’s Response to the Sexual Misconduct of Its Leaders, Ross-shire, Écosse, Christian Focus Publications, 2000.
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L’homme
porter. Et en fin de compte, le Seigneur peut se servir d’un tel scénario pour son bien. Pour chacun d’entre nous, où que nous en soyons dans notre appel, ces qualifications nous poussent à rechercher la sainteté et l’irréprochabilité dans notre vie personnelle, dans nos relations et dans nos responsabilités publiques. Après tout, personne n’est qualifié devant Dieu pour servir son peuple. Comme le demande l’apôtre Paul : « Et qui est suffisant pour ces choses? » (2 Corinthiens 2.16). Notre espérance ne réside pas en nous-mêmes, mais en Christ qui nous appelle, nous purifie, nous équipe et nous qualifie19.
19. Si vous avez des questions supplémentaires concernant votre qualification pour le ministère, la meilleure chose à faire est de demander de l’aide aux responsables de votre église. Si ce n’est pas possible, vous pouvez envisager de participer à un processus d’évaluation proposé par le réseau Acts 29. Pour en savoir plus : <http://www.acts29network. org/plant-churches/the-assessment-process>.
La plupart des ouvrages de référence sur l’implantation d’Églises se concentrent sur la méthodologie et la stratégie requises pour faire face à de tels défis, mais une stratégie précise ne s’applique pas à tout contexte. Y aurait-il quelque chose de plus profond au cœur de chaque implantation d’Église?
C E LIV R E E ST P O UR TO UT R E S P O N SA B LE C H R ÉT IEN . Darrin Patrick analyse ce que l’Écriture enseigne au sujet du caractère d’un tel homme, de son enseignement et du but visé pour son Église. L’auteur offre une direction et une sagesse provenant de plusieurs années d’expérience. Il nous rappelle que l’Église, pour qu’elle puisse prospérer, a besoin d’un homme qui possède un message et qui la dirige dans une mission. DARRIN PATRICK est le vice-président du réseau d’implantation Acts 29 et le pasteur fondateur de l’Église The Journey à Saint Louis, au Missouri. Il a exercé son ministère pastoral pendant une vingtaine d’années. Il est souvent invité à titre de conférencier lors de rencontres de pasteurs et de séances de formation pour implanteurs d’Églises.
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Timothy Keller, Église Redeemer Presbyterian
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