Marc Van de Wouwer
JÉSUS EN 25 QUESTIONS Quand il s’est adressé aux hommes, Jésus les a déstabilisés. Ses interrogations étaient souvent déroutantes, mais toujours pertinentes. Parfois, elles laissaient ses interlocuteurs sans voix. Certaines de ses questions n’attendaient aucune réponse.
JÉSUS EN
Aujourd’hui, nous n’hésitons pas à assaillir Jésus de questions : est-ce que tu t’intéresses à moi ? Pourquoi permets-tu que telle ou telle chose arrive ? Quelle est ta volonté pour ma vie ? Mais derrière ce flot de questions, sommes-nous prêts à écouter les siennes ?
QUESTIONS
À travers 25 courtes réflexions, basées sur 25 questions de Jésus, ce voyage au cœur des Évangiles vous permettra d’aller à la rencontre de Jésus et d’entendre ce qu’il aimerait nous demander. Êtes-vous prêts à écouter quelqu’un qui pose les bonnes questions ? Êtes-vous prêts à discuter avec Jésus ? Êtes-vous prêts à lui répondre honnêtement ? Qu’allez-vous lui répondre ?
À côté d’une vie professionnelle bien remplie, Marc Van de Wouwer se déplace régulièrement en France, en Belgique, en Suisse et au Canada pour communiquer l’Évangile.
12,90 €
ISBN 978-2-36249-323-2 éditions
cruciforme
9 782362 493232
JESUS EN
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publié au Canada par
Marc Van de Wouwer
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QUESTIONS
JÉSUS EN 25 QUESTIONS
Marc Van de Wouwer
JÉSUS EN
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Jésus en 25 questions • Marc Van de Wouwer © 2015 • BLF Éditions • www.blfeditions.com Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés. Publié au Canada par Éditions Cruciforme Couverture et mise en page : BLF Éditions Impression n° XXXXX • Sepec • Rue de Prony • 01960 Péronnas • France Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version Segond 21 Copyright © 2007 Société biblique de Genève. Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Les caractères italiques sont ajoutés par l'auteur du présent ouvrage. Les autres versions sont indiquées en toutes lettres sauf la Nouvelle Édition de Genève (NEG). Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. ISBN 978-2-36249-323-2 ISBN 978-2-36249-324-9
Dépôt légal 4e trimestre 2015 Index Dewey (CDD) : 232 Mots-clé : 1. Jésus-Christ. 2. Évangile
broché numérique
Table des matières Introduction........................................................................ 11 1. Jésus et le sens de la vie.............................................. 15 2. Jésus et la souffrance................................................... 21 3. Jésus et la religion....................................................... 29 4. Jésus et la valeur de l’être humain.............................. 35 5. Jésus et les inquiétudes de la vie................................ 41 6. Jésus et l’esprit de jugement....................................... 49 7. Jésus et les besoins humains....................................... 55 8. Jésus et le péché......................................................... 61 9. Jésus et l’adversité....................................................... 69 10. La perfection de Jésus................................................. 77 11. Jésus et la vérité.......................................................... 83 12. Jésus et la foi............................................................... 91 13. Jésus et le doute.......................................................... 97 14. Jésus et le temps qui passe....................................... 103 15. Jésus et la résurrection.............................................. 109
16. Jésus et la tradition religieuse................................... 117 17. L’identité de Jésus (1) L’opinion des gens................. 123 18. L’identité de Jésus (2) Homme ou Dieu ?................... 129 19. L’identité de Jésus (3) Face aux indécis..................... 137 20. Jésus et l’au-delà....................................................... 145 21. Jésus au service des hommes.................................... 153 22. Jésus le modèle......................................................... 161 23. Jésus abandonné par Dieu........................................ 169 24. Jésus et moi............................................................... 177 25. Jésus et l’amour......................................................... 185 Remerciements................................................................ 193 Notes de chapitres........................................................... 195
L’auteur s’exprime à titre personnel.
Les idées exprimées ne représentent pas nécessairement celles des institutions ou organisations dans lesquelles il est actif.
Ă€ Francine, qui reste, dĂŠfinitivement, la meilleure part de nous deux.
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Introduction Nous sommes d’incorrigibles curieux. Nous voulons des réponses. Alors, nous questionnons, nous interrogeons. Nous voulons tout savoir, tout connaître. De l’enfant qui assomme son père et sa mère de « pourquoi ? » (je me souviens d’interminables séances avec les miens) au savant lancé sur la piste des origines de l’univers, nous sommes tous assaillis de questions. Nous interrogeons nos parents, nos professeurs, nos supérieurs pour trouver ces réponses. Nous questionnons les scientifiques, les philosophes, les religieux, les politiques. Nous dévorons des bouquins, nous parcourons les journaux, les magazines, nous surfons sur l’internet. Notre appétit de connaissance est insatiable et plus le savoir augmente, plus les questions se multiplient. Il nous arrive aussi de questionner Dieu. Par dévotion, par défi ou en dernier recours. En y croyant ou sans y croire, tout en lui reprochant son inaction. L’homme n’est plus à un paradoxe près. Dieu est la cible ultime de nos questions : des questions ardentes pour le priant, des questions pièges pour l’athée, des questions amères pour le désenchanté de Dieu, des questions de sens ou de non-sens pour le chercheur. Nous sommes nombreux à vouloir coincer Dieu dans un coin pour l’attraper par le col et l’obliger à nous répondre enfin. La réponse de l’Église aux questions fondamentales est « Dieu ! ». Ou sa forme humaine, plus accessible, « Jésus-Christ ! ». Le discours de l’Église pourrait se résumer ainsi : « Jésus-Christ est la réponse… quelle que soit la question ! ». C’est vite dit et un peu
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facile ! Comme le dit Michel Cassé, « le fait de donner Dieu comme réponse à toutes les questions peut paraître un refus de poser les questions1 » ! Plus personne n’accepte ce genre d’affirmation. Est-ce d’un Dieu réponse-à-tout dont nous avons besoin ? Si vous lisez les Évangiles, vous découvrirez Jésus en dialogue permanent avec les hommes. Des gens comme vous et moi : des travailleurs et des chômeurs, des bien-portants et des malades, des parents et des enfants, des jeunes et des vieillards, des riches et des pauvres, des bien-pensants comme des mal-pensants, des religieux et des brigands, des rois et des parias. Il ne les abreuve pas de discours moralistes. Quand il discute, Jésus parle peu, et jamais pour ne rien dire. Il connaît le prix des mots, et s’en fait économe. Ce qui frappe, dans les Évangiles, c’est que si Jésus est « réponse », il est aussi « question ». Nous nous méfions à juste titre de ceux qui ont toutes les réponses, mais sommes-nous prêts à écouter quelqu’un qui pose les bonnes questions ? La démarche présente deux avantages : la transparence et la sincérité. Premièrement, nos questions révèlent ce que nous sommes, notre personnalité, nos préoccupations, nos attentes. Deuxièmement, celui qui questionne et qui écoute la réponse, s’intéresse à son interlocuteur. Il veut le connaître, entrer en communication, en relation avec lui. Si les réponses éloignent parfois, les questions rapprochent. Si les réponses cadenassent, les questions déverrouillent. En choisissant de nous interroger, Jésus ouvre le dialogue. Il veut nous connaître et se faire connaître. Prendre connaissance des questions de Jésus et accepter d’y répondre est une approche nouvelle, une voie que vous n’avez peut-être jamais explorée. C’est une manière inédite d’entrer dans l’Évangile, plus personnelle et donc plus intéressante. Car ce qui ne nous touche pas est insignifiant. Êtes-vous prêts à tenter l’expérience, à discuter avec Jésus ? Êtes-vous prêts à lui répondre ? Qu’allez-vous lui répondre ? Dans cet ouvrage, nous avons sélectionné vingt-cinq questions posées par Jésus. Le choix n’est pas arbitraire. Ce voyage au cœur des Évangiles parcourt les thèmes majeurs abordés par Jésus et explore ses situations de vie. Les limites de ce livre ne nous permettent pas de les reprendre toutes.
Introduction
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Au-delà de ses questions, nous nous intéresserons à celui qui les pose. Par-delà les réponses, nous pointerons ceux qui les donnent. Chaque question posée par Jésus fera l’objet d’un chapitre distinct qui se terminera par une interrogation personnelle : votre réponse ! Nous vous souhaitons un agréable voyage dans ce parcoursdécouverte inattendu de Jésus.
« Que cherchez-vous ? » Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. 2 Elle était au commencement avec Dieu. 3 Tout a été fait par elle et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. 4 En elle il y avait la vie, et cette vie était la lumière des êtres humains. 5 La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas accueillie. […] 11 Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont pas accueillie. 12 Mais à tous ceux qui l’ont acceptée, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le droit de devenir enfants de Dieu, 13 puisqu’ils sont nés non du fait de la nature, ni par une volonté humaine, ni par la volonté d’un mari, mais qu’ils sont nés de Dieu. 14 Et la Parole s’est faite homme, elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père. […] 29 [Jean-baptiste] vit Jésus s’approcher de lui et dit : — Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. 30 C’est celui à propos duquel j’ai dit : « Après moi vient un homme qui m’a précédé, car il existait avant moi ». 31 Pour ma part, je ne le connaissais pas, mais c’est afin de le faire connaître à Israël que je suis venu baptiser d’eau. 32 Jean rendit aussi ce témoignage : — J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et s’arrêter sur lui. 33 Je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser d’eau m’a dit : « Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et s’arrêter, c’est lui qui baptise du Saint-Esprit ». 34 Et moi, j’ai vu et j’atteste qu’il est le Fils de Dieu. 35 Le lendemain, Jean était encore là avec deux de ses disciples. 36 Il vit Jésus passer et dit : — Voici l’Agneau de Dieu. 37 Les deux disciples l’entendirent prononcer ces paroles et suivirent Jésus. 38 Jésus se retourna et, voyant qu’ils le suivaient, il leur dit : — Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent : — Rabbi – ce qui signifie maître –, où habites-tu ? 39 — Venez, leur dit-il, et voyez. Ils y allèrent donc, virent où il habitait et restèrent avec lui ce jourlà. C’était environ quatre heures de l’après-midi. 1
Jean 1 : 1-51 (extraits)
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Jésus et le sens de la vie « Que cherchez-vous ? » Jean 1 : 38 Lecture conseillée : Évangile selon Jean, chapitre 1, versets 1 à 51.
La question
La première parole de Jésus rapportée dans l’Évangile selon Jean est une question. Pas un onzième commandement ou un discours sur l’état de la religion. Non : les premiers mots de Jésus, adulte, prennent la forme d’une question. Les clichés d’un Jésus dogmatique sont mis à mal. Il ne déboule pas dans le monde avec un diktat ou un discours formaté. Sa préoccupation initiale n’est pas d’être entendu mais d’écouter : « Que cherchez-vous ? ». Jésus applique ce proverbe de la Bible : « Qui répond avant d’avoir écouté manifeste sa sottise et se couvre de confusion » (Proverbes 18 : 13 – Semeur). Une amie me disait : « La difficulté aujourd’hui n’est pas de trouver quelqu’un qui écoute, mais de trouver quelqu’un qui écoute vraiment ! » Jésus-Christ pose une simple question qui est loin d’être une question simple. L’air de rien, il nous percute avec la plus fondamentale des interrogations, l’énigme qui nous colle à la vie comme
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de la superglu, qui s’incruste en bruit de fond du matin au soir de l’existence : la recherche du sens de la vie ! Si nous ne sommes pas tenaillés en permanence par les questions existentielles – ce serait épuisant et angoissant – nous fonctionnons tous à quelque chose. Nous ne sommes pas forcément animés par de grands idéaux, mais il faut une raison, même basique, pour « métroboulododoïser », pour se lever le matin, se rendre au travail, s’occuper de la maison et des enfants, accorder L’homme est un nomade, toujours du temps à nos proches, etc. en recherche. De quelque chose de plus, de quelque chose de Nous comprenons assez tôt mieux. Mais si on lui pose la quesqu’il ne suffit pas d’exister tion, il est bien en peine de dire pour vivre. Pour accomplir ce qu’il cherche. Le bruit de fond les choses de la vie, exploit existentiel, il ne l’entend plus. Sauf ou routine, il faut à la fois du dans les moments de crise. Lors sens et de l’énergie. Pour arrid’une excursion dans le désert ver à destination, une voiture tunisien, je me suis promené à dos de dromadaire. Une demia besoin de carburant et d’un heure après avoir quitté l’oasis GPS (ou d’une carte). Pour où régnait une certaine agitas’aventurer sur les routes de tion, je n’entendais plus rien… la vie, deux risques sont à sauf le silence. Un moment rare éviter : tomber en « panne de et apprécié ! Pourquoi ne pas inssens » et se perdre. taller régulièrement des espaces de silence dans nos brouhahas Jésus pose la question : quotidiens, afin de laisser nos « Que cherchez-vous ? ». questions nous rejoindre et nous Pour beaucoup, la recherche interpeller ? du sens a pris le pas sur la découverte. Chercher a plus de valeur que trouver. Celui qui a trouvé est suspect d’intolérance ou de fanatisme. Celui qui cherche est rassurant. Il ne nous viendrait pourtant pas à l’idée d’appliquer ce raisonnement aux autres domaines de la vie. Demandez à un joueur de Loto ce qui est le plus important pour lui : jouer ou gagner ? Quel retournement de situation quand la quête d’un trésor a plus de prix que le trésor lui-même !
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Jésus ne demande pas : « Cherchez-vous ? », mais « Que cherchez-vous ? ». Si nous ne savons pas ce que nous cherchons, quelle chance avons-nous de le trouver ? Jésus amène la réflexion à son point focal : l’objet de la recherche. Autrement dit : Quels sont mes besoins ? La question de Jésus nous renvoie à nos besoins profonds, secrets, les besoins du cœur et de l’esprit : besoin d’amour ? Besoin de paix intérieure ? D’espoir ? De joie ? De pardon ? De liberté ? De relations ? D’estime de soi ? Etc.
Celui qui la pose
Jésus-Christ vient poser sa marque sur le temps. Une marque embarrassante pour certains qui voudraient s’en détacher. On peut, certes, évacuer le Christ de nos institutions, l’éliminer de nos conversations ou le chasser de nos préoccupations, mais son empreinte reste indélébile. On peut aussi contester ses propos, mais on ne peut pas l’accuser de planer trop haut : son discours vole… à hauteur d’homme ! Quand il fait irruption dans le monde, il n’a pas seulement rendezvous avec l’Histoire : il a rendez-vous avec les gens ! Jésus se confronte à toutes les situations de vie, à tous les états d’âme, à tous les êtres, qu’ils soient en perdition ou certains de leur trajectoire. Il est à l’aise partout, même parmi ceux qu’il met mal à l’aise. Révolutionnaire avant Karl Marx, Jésus n’est pas venu préparer le Grand Soir mais faire lever le Grand Jour. Celui où enfin « la lumière brille dans l’obscurité » (Jean 1 : 5 – Français courant). Un messager est passé avant lui pour préparer son chemin (Jean 1 : 23). C’est Jean le baptiseur (ou Jean-Baptiste). Il propose un changement radical de vie (Matthieu 3 : 2), comme Jésus le fera (Matthieu 4 : 17). Il a raison, car l’un ne va pas sans l’autre : un baptême va de pair avec une vie nouvelle. Le phénomène des « débaptisations » s’explique en partie parce qu’on a intégré des gens dans l’Église « à l’insu de leur plein gré », et en partie par le comportement de prétendus chrétiens qui n’affichent aucune différence de vie avec les non-chrétiens. Jean voit Jésus venir vers lui. Il ne le connaît pas (Jean 1 : 31), mais il l’identifie au premier regard. Les mots qu’il exprime sur
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Jésus sont déconcertants : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jean 1 : 29). On se serait attendu à autre chose : à une explosion de strass et paillettes, à un tapis rouge XXL déroulé entre ciel et terre, à une extravagante et éblouissante démonstration divine. Ce n’est pas tous les jours que Dieu visite les hommes ! Mais rien de tout cela, rien qui rappelle la grandeur, la magnificence, la beauté, la toute-puissance de Dieu. Non. Rien qu’un homme ordinaire, né dans l’inconfort d’un abri pour bétail et couché, pour sa première nuit, dans une mangeoire. C’est lui, le Dieu visible, celui qui nous fait connaître Dieu (Jean 1 : 14 et 18) ? C’est plutôt le Dieu risible ! pensez-vous peut-être. Et en plus, il se présente comme l’agneau de Dieu. Un mouton au milieu des loups et des hyènes que peuvent devenir les hommes et les femmes ! Il va se faire dévorer tout cru ! Peut-être. Certainement, même ! L’Agneau de Dieu, celui qui nous dit : « Que cherchez-vous ? », est celui qui ôte le péché du monde. Vous pouvez y croire ou ne pas y croire. Vous pouvez en rire ou chercher à savoir. Sachez seulement que celui qui pose la mère de toutes les questions est aussi celui qui déclare : « Cherchez et vous trouverez » (Matthieu 7 : 7).
Celui qui répond
Ceux à qui Jésus s’adresse sont des gens du peuple. Pas des people, mais de vrais gens qui vivent dans la vraie vie, qui ne jouent pas dans Plus belle la vie. André et Pierre sont pêcheurs. Pas des pêcheurs à la ligne du dimanche (ou du sabbat), mais des hommes aux mains calleuses, qui travaillent de nuit (Luc 5 : 5), qui ont les bras tétanisés à force de tirer leurs filets par tous les temps. Ils peinent pour survivre, pas pour s’acheter un cabriolet, un écran plat, un jacuzzi ou une véranda. Leur environnement limité ne les empêche pas de penser. Ils n’en ont pas l’air, comme ça, mais André et Pierre sont des chercheurs. Pas des intellectuels introspectifs, pas des philosophes qui débattent sur le sexe des anges. André et Pierre cherchent des réponses, des réponses simples, concrètes, fiables. Ils savent que la vie, c’est autre chose que travailler, mais ils ne savent pas encore ce qu’elle peut être.
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Ils pensent avoir trouvé chez Jean le baptiseur une réponse. Mais quand Jean désigne Jésus comme « l’Agneau de Dieu » (Jean 1 : 37), ils comprennent que Jean est la clé mais pas la porte (Jean 10 : 9), l’itinéraire mais pas le chemin (Jean 14 : 6), la lampe qui brûle mais pas la lumière (Jean 5 : 35). Alors, ils sautent dans le sillage de Jésus, ils s’accrochent à ses basques, se font collants. Jésus se retourne (Jean 1 : 38) et les fixe du regard : « Que cherchezvous ? ». Ils se sentent un peu gauches, comme des enfants engoncés dans des pensées trop grandes pour eux. Ce Jésus-là, ils ne vont pas le laisser passer dans leur vie sans rien dire. Il leur donne l’occasion d’exprimer ce qu’ils sont, ce qu’ils veulent, leurs peurs, leurs espoirs. Et comment qu’ils vont répondre !
La réponse
La réponse déçoit : « Maître, où demeures-tu ? » (Jean 1 : 38). Nous sommes comme ça, nous les humains : au lieu d’aller droit au but quand nous recevons le ballon, nous bottons en touche. Les deux compères sont en train de tourner en rond, comme leur réponse-question le démontre. Ils tourbillonnent dans le vide comme des derviches. Ils sont incapables de distinguer que celui qu’ils ont en face d’eux a exactement la forme du vide infini de leur cœur2, qu’il veut les remplir, les combler. Festo Kivengere, opposant à la dictature d’Idi Amin Dada, reconnaissait : « Parfois, je suis complètement vide, et je dois le confesser publiquement. Mais ce que j’ai découvert, c’est combien Jésus aime à remplir les vides. Tout ce qu’il faut faire, c’est rester ouvert devant lui, et admettre en toute franchise ce qui va mal. Il fera le reste3 ». On attendait un sermon magistral et Jésus répond simplement : « Venez et voyez » (Jean 1 : 39). André et son camarade suivent la proposition de Jésus : ils vont et voient. Et ils restent avec Jésus (Jean 1 : 39).
VOTR E RÉPONSE • À la question posée par Jésus-Christ : « Que cherchez-vous ? », que répondrai-je ? • Est-ce que je veux aller plus loin pour voir Jésus ?
« Veux-tu être guéri ? » Après cela, il y eut une fête juive et Jésus monta à Jérusalem. Or à Jérusalem, près de la porte des brebis, il y a une piscine qui s’appelle en hébreu Béthesda et qui a cinq portiques. 3 Sous ces portiques un grand nombre de malades étaient couchés : des aveugles, des boiteux, des paralysés ; ils attendaient le mouvement de l’eau, 4 car un ange descendait de temps en temps dans la piscine et agitait l’eau ; et le premier qui descendait dans l’eau après qu’elle avait été agitée était guéri, quelle que soit sa maladie. 5 Là se trouvait un homme infirme depuis 38 ans. 6 Jésus le vit couché et, sachant qu’il était malade depuis longtemps, il lui dit : — Veux-tu être guéri ? 7 L’infirme lui répondit : — Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine quand l’eau est agitée, et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi. 8 — Lève-toi, lui dit Jésus, prends ton brancard et marche. 9 Aussitôt cet homme fut guéri ; il prit son brancard et se mit à marcher. 10 C’était un jour de sabbat. Les Juifs dirent donc à celui qui avait été guéri : — C’est le sabbat ; il ne t’est pas permis de porter ton brancard. 11 Il leur répondit : — Celui qui m’a guéri m’a dit : « Prends ton brancard et marche ». 12 Ils lui demandèrent : — Qui est l’homme qui t’a dit : « Prends ton brancard et marche » ? 13 Mais celui qui avait été guéri ne savait pas qui c’était, car Jésus avait disparu dans la foule qui était à cet endroit. 14 Quelque temps plus tard, Jésus le retrouva dans le temple et lui dit : — Te voilà guéri. Ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire. 15 Cet homme s’en alla annoncer aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri. 16 C’est pourquoi les Juifs poursuivaient Jésus et cherchaient à le faire mourir, parce qu’il avait fait cela le jour du sabbat. 1 2
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Jésus et la souffrance « Veux-tu être guéri ? » Jean 5 : 6 Lecture conseillée : Évangile selon Jean, chapitre 5, versets 1 à 16.
La question
En voilà une question ! Bien sûr que je veux être guéri ! Demander à un malade chronique s’il veut recouvrer la santé, c’est demander à un poisson sorti de l’eau s’il veut y retourner. Or, plonger dans l’eau, c’est justement ce que cet homme impotent (nous ignorons son nom) désirerait par-dessus tout. Il se tient au bord de la piscine de Béthesda, à Jérusalem. Ce bassin n’a rien d’un centre aquatique de loisirs. Ses abords sont peuplés de personnes clouées au sol par leur souffrance. En lui posant cette question, Jésus se moque-t-il de cet invalide et, par extension, de ceux qui souffrent ? Sa question exprime, au contraire, toute sa compassion. Il ne s’agit pas d’une question rhétorique. Elle appelle une réponse. Elle touche le concret. C’est une question à tiroirs : elle interroge la dimension physique pour déboucher sur les dimensions émotionnelle et spirituelle de l’homme.
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« Veux-tu… ? » : il est admis que la volonté favorise la guérison, aussi bien physique que psychologique. La volonté ne fait pas tout mais elle s’ajoute aux traitements efficaces de la médecine. Il en est de même pour la « guérison spirituelle » : la volonté ou le désir de guérir font partie du processus. C’est ce que Jésus veut faire comprendre à ce malade, dont la volonté de guérir s’est usée sur trente-huit longues années de souffrance. La question « Veux-tu être guéri ? » vise les deux aspects : la guérison physique et la guérison spirituelle. Si l’aspect physique saute aux yeux, l’aspect spiQuand je suis malade, je vais chez rituel paraît moins évident. le médecin. Je lui dis où j’ai mal Si on s’aperçoit vite qu’on et il pose un diagnostic en me souffre, à cause de la douleur disant de quoi je souffre. Je sais qu’on ressent, encore fautdonc qui aller trouver pour cheril savoir de quoi on souffre. cher la guérison. Mais quand j’ai C’est valable au niveau mal à mon âme, à ma famille, ou à individuel comme au niveau ma communauté, qui puis-je aller trouver ? Pourquoi ne pas aller collectif. Les crises succesvers le médecin divin, celui qui sives que nous traversons et a posé un diagnostic sûr, clair et notre incapacité à les gérer dépourvu de toute ambiguïté sur amènent à un seul constat : mon état spirituel et moral ? Estnotre société d’abondance ce que je veux vraiment savoir de est malade et nous en soufquoi je souffre ? Est-ce que je veux frons tous. Les symptômes vraiment être guéri de mon mal et sont connus : violence, cupide mon mal-être ? dité, arrogance, injustice, convoitise, addictions, comportements extrêmes, racisme, repli sur soi, solitude, désespoir, etc. Mais l’origine du mal, la cause première, nous reste inconnue. Vraiment ? Il doit bien exister une raison pour laquelle l’homme détruit ce qu’il construit et se montre incapable, génération après génération, de rendre le monde plus équitable. La question est : le veut-il vraiment ?
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Celui qui la pose
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Jésus se rend à la piscine de Béthesda, sorte de mouroir désespérant, véritable concentré de misère humaine. Il affiche clairement ses préoccupations : Jésus est concerné par la souffrance. Au lieu de participer à la fête (Jean 5 : 1), il se préoccupe de ceux qui en sont exclus. Jésus ne réalise pas une démonstration de force comme il aurait pu le faire en guérissant tous les malades présents. Dans cette « cour des miracles », il choisit de n’en faire qu’un seul. Avant de poser sa question à cet homme prisonnier de son handicap, Jésus regarde, il s’approche, il examine. Le taux d’invalidité ? Qui est le plus malade ? Nous ne savons rien des critères retenus par Jésus. On ne peut que conjecturer. Peut-être cherche-t-il celui qui aspire non seulement à la guérison physique, mais aussi à la guérison spirituelle. Certaines personnes reprochent aux chrétiens de s’occuper davantage des besoins spirituels des gens que de leurs besoins matériels. Réfléchissons un instant ; nous n’avons tous qu’un temps limité à consacrer à aider notre prochain, même pour les plus altruistes. À quoi allons-nous le dépenser ? Aux besoins vitaux ou secondaires ? Un médecin urgentiste va-t-il d’abord soigner une plaie au doigt ou un infarctus ? L’association Îles de paix4 a développé un slogan génial : « Si tu donnes un poisson à un homme, il mangera une journée. Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toute sa vie ». Rien n’est plus vrai ! Permettez-moi de compléter ce slogan : « Si tu lui communiques l’Évangile (la Bonne Nouvelle5) et qu’il y croit, il vivra éternellement ». Qu’est-ce qui est le plus important ? La Bible dit que Dieu « désire que tous les hommes soient sauvés » (1 Timothée 2 : 4). Elle ne dit pas que Dieu veut guérir tous les malades, même s’il en a le pouvoir. Jésus aperçoit cet homme grabataire, emmuré dans son infirmité. Mais il voit aussi la « maladie morale et spirituelle » qui le ronge et qu’il va lui diagnostiquer, après l’avoir guéri (Jean 5 : 14) : le péché.
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Celui qui répond
Beaucoup de malades étaient couchés au bord de la piscine de Béthesda et Jésus n’en a guéri qu’un seul. Jésus « joue-t-il à Dieu » en décidant qui va vivre et mourir ? Pourquoi cet homme-là ? Qu’at-il de plus ou de moins qu’un autre ? Si on y regarde bien, rien. Ils partagent tous le même lit de douleur. On ne peut pas hiérarchiser la souffrance : elle est également pénible pour tous ceux qu’elle affecte. Rien ne nous permet de distinguer, chez le paralysé de Béthesda, une souffrance plus indicible, même si elle dure depuis presque quatre décennies. C’est pourtant à lui que Jésus s’adresse. Est-ce une démarche arbitraire ? Jésus est-il injuste ? Certainement pas. Dans sa souveraineté, Jésus est aussi juste qu’équitable. Nous ne savons pas ce que Jésus sait et nous ne voyons pas ce qu’il voit. L’évangéliste Jean montre que Jésus connaît parfaitement ce que pense chaque être humain6. Ce qu’il lit en cet homme ne diffère en rien de ce qu’il déchiffre en tous. Les raisons de Jésus nous échappent ? Nous devons accepter que ses motivations prennent en compte des paramètres étrangers à notre compréhension humaine. Nous en sommes réduits à faire confiance à Jésus, et c’est là toute la difficulté. Nos « pourquoi », qui surgissent du cœur de notre souffrance, ne trouvent pas souvent de réponse. Pourquoi moi ? (quand il s’agit de souffrance), Pourquoi pas moi ? (quand il s’agit de guérison) : nous n’en savons rien… pour le moment ! Un jour viendra où le voile sera levé sur tous nos « pourquoi ? », le jour où, comme l’écrit l’apôtre Paul, « je connaîtrai complètement, tout comme j’ai été connu » (1 Corinthiens 13 : 12). Dieu n’a pas de comptes à nous rendre. Nous pouvons toutefois déduire deux choses du récit : premièrement, Jésus peut guérir, et il le fait parfois ; deuxièmement Jésus veut sauver, et il le fait chaque fois que nous le voulons aussi et que nous le lui demandons. Rien dans cet homme ne le rend plus ou moins « guérissable ». Comme tous les autres, il ne dispose pas des ressources propres pour être guéri ou sauvé. Même celui qui arrive à plonger en premier dans la piscine doit sa guérison à l’intervention divine, personnifiée
Jésus et la souffrance
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par un ange. En s’adressant à cet homme-là, Jésus s’adresse à tous. Il les invite à reconnaître leur besoin de guérison et de salut, mais aussi leur besoin de lui. Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec les nombreux malades alités dans les hôpitaux. Eux aussi attendent une amélioration de leur état. Eux aussi sont devenus dépendants. Eux aussi mettent leur espoir dans le lieu où ils sont assignés à résidence par la maladie. Pour leur guérison physique ou psychologique, ils font, avec raison, confiance à la médecine. Mais pour la guérison de l’âme, pour un vrai changement de vie, sont-ils prêts à se laisser approcher par Jésus et à écouter sa question : « Veux-tu être guéri ? »
La réponse
Notre malade reconnaît, du bout des lèvres, son impuissance : « Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine quand l’eau est agitée, et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi » (Jean 5 : 7). Trop souvent, nos aspirations à vivre mieux, à vivre vrai, à vivre juste, sont contrariées par notre incapacité à vivre sans entraves. Oui, nous avons besoin d’aide ! Est-ce si difficile à admettre ? D’avoir si souvent espéré et déchanté, notre homme semble hésiter encore : est-ce trop beau pour être vrai ? S’est-il accommodé de sa maladie au point de ne plus en voir que les « avantages » : dépendance des autres, absence de responsabilité, vie sans effort, sans risque, etc. ? Il ne voit simplement pas au-delà de son humanité blessée. S’il reconnaît ses besoins, il ne peut concevoir que des solutions humaines. Il ne veut prendre aucun risque, même pas celui de la foi. Malgré son indécision et ses atermoiements, Jésus intervient en sa faveur. Sa grâce nous étonnera toujours. Elle surpasse nos imperfections et nos incapacités. Béthesda, qui signifie « maison de la grâce » ou « maison de la miséricorde », en est l’illustration. La réponse de Jésus va bien au-delà de l’aide que ce malade chronique cherchait : Jésus est la piscine qui vient à lui. Sur la parole de Jésus, cet homme est guéri aussitôt (Jean 5 : 9).
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JÉSUS EN 25 QUESTIONS
Commence alors, dans cet humain meurtri, cabossé, un processus global de guérison. Ici, la guérison physique sert de prélude à la guérison spirituelle. Si sa souffrance lui a appris cela, elle n’aura pas été inutile. Peu de temps après, croisant dans le temple cet homme dont le corps a été remis à neuf, Jésus se préoccupe de l’état de son âme et de sa « maladie morale ». Il lui dit : « Te voilà guéri. Ne pèche plus… » (Jean 5 : 14). Combien se trouvent dans un état de détresse physique, psychologique, émotionnelle ou spirituelle, incapables de se tenir debout moralement, infirmes du péché et de toutes les habitudes malsaines qu’il génère ? À eux, comme à moi, Jésus dit d’abord : « Veux-tu être guéri ? ». Et devant notre hésitation, il ajoute : « Lève-toi […] et marche » (Jean 5 : 8).
V O T R E R É P ONSE • À la question posée par Jésus-Christ, « Veux-tu être guéri ? », que répondrai-je ? • Que peut m’apprendre la souffrance ? • Est-ce que je désire seulement la guérison ou je veux aussi rencontrer celui qui guérit ? • Est-ce que j’aspire à une guérison physique ou spirituelle ? • Suis-je conscient que ma volonté doit être engagée dans le processus ?
« Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? » 38 Vous avez appris qu’il a été dit : « Œil pour œil et dent pour dent ». 39 Mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre. 40 Si quelqu’un veut te faire un procès et prendre ta chemise, laisse-lui encore ton manteau. 41 Si quelqu’un te force à faire un kilomètre, fais-en deux avec lui. 42 Donne à celui qui t’adresse une demande et ne te détourne pas de celui qui veut te faire un emprunt.
Vous avez appris qu’il a été dit : « Tu aimeras ton prochain et tu détesteras ton ennemi ». 44 Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous détestent et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, 45 afin d’être les fils de votre Père céleste. En effet, il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. 46 Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les collecteurs d’impôts n’agissent-ils pas de même ? 47 Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les membres des autres peuples n’agissent-ils pas de même ? 43
Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait.
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Matthieu 5 : 38-48
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Jésus et la religion « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? » Matthieu 5 : 46 Lecture conseillée : Évangile selon Matthieu, chapitre 5, versets 38 à 48.
La question
Impossible d’isoler cette question de son contexte. Elle s’insère dans le discours de Jésus qu’on a appelé le « Sermon sur la montagne ». L’intégralité de cet exposé décoiffant fait partie des milletextes-que-l’on-doit-avoir-lu-avant-de-mourir (Matthieu, chapitres 5 à 7). Certains extraits sont largement connus : les Béatitudes, comme « Heureux les pauvres en esprit, etc. » (5 : 3-12 – NEG) ; le « Notre Père » (6 : 9-13) ; « Aimez vos ennemis » (5 : 44) ; « Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre » (5 : 39) ; « À chaque jour suffit sa peine » (6 : 34), etc. Au début de son parcours terrestre, Jésus prend de la hauteur. Il pose les jalons du « royaume de Dieu » qu’il est venu annoncer. Il entrouvre la porte quelques instants. Il a choisi une colline en pente douce qui domine l’antique Tibériade et s’étire jusqu’au lac de Galilée. Suivant l’heure du jour, le lac et ses rives se teignent
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JÉSUS EN 25 QUESTIONS
en bleu, vert, jaune ou ocre. C’est un endroit paisible, caressé par le vent et, à l’époque de Jésus, totalement dépourvu de touristes. Jésus s’assied. Ses disciples se rapprochent. La foule s’est amassée, nombreuse, attirée par les miracles que Jésus a déjà accomplis. Le silence se fait. Et Jésus parle. Ce qui sort de sa bouche surprend et interpelle ses auditeurs. En termes simples et directs, Jésus énonce les principes de vie qu’il attend de ceux qui voudront le suivre. Le Sermon sur la montagne fourmille de situations dans lesquelles nous pouvons tous nous retrouver. Par des exemples concrets, Jésus démontre deux travers de la religion : elle ne nous sauve pas et elle ne nous change pas ! À ceux qui dissimulent leur vrai visage derrière la religion ou qui utilisent la loi de Dieu comme un instrument de pouvoir sur les autres, Jésus dit : « Bas les masques ! Cessez de vous cacher derrière des principes que vous n’avez jamais réussi à appliquer ! » Jésus gratte le vernis qui nous recouvre. Il met en évidence notre état brut : nos pensées profondes, nos intentions réelles, nos motifs cachés, nos prétentions, nos satisfactions, notre « Si vous aimez ceux qui vous cupidité, nos inquiétudes, nos aiment, quelle récompense mériillusions, etc. Aucun camoutez-vous ? ». La question qu’il pose flage, aucun maquillage ne est révélatrice. Quel exploit d’airésiste à la parole décapante mer ses amis ! Tout le monde en de Jésus. Il révèle l’insuffiest capable, qu’ils soient chrétiens sance de nos suffisances. ou non. Même Hitler aimait ses amis ! Suivre les bons principes Jusqu’à ma conversion, à d’une religion ne nous rend pas l’âge de 16 ans, j’ai fréquenté meilleur. Tout juste un peu moins assidûment une Église. J’étais mauvais ! Mais le fond reste idenintellectuellement d’accord tique. Il est simplement caché au avec ce que la Bible dit et regard des autres. avec ce que proclamaient les responsables pastoraux. Je me croyais en phase avec les principes de l’Évangile, mais ma vie n’était guère différente de tous les ados qui m’entouraient. À l’Église, j’étais un chrétien exemplaire et en dehors, je m’adonnais
Jésus et la religion
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aux mêmes passions et pulsions que les autres. J’étais un vrai caméléon, reflétant les couleurs de mon environnement. J’étais capable d’expliquer l’Évangile et d’en témoigner, mais sans le vivre ! La parole prononcée par Jésus scanne notre être profond. Elle veut montrer que notre cœur a besoin d’être transformé. Jésus le dira ailleurs : « C’est de l’intérieur, c’est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l’immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l’homme impur » (Marc 7 : 21-23). Cette description réaliste de ce que nous sommes et de ce qui nous actionne se situe à l’opposé des principes de vie du royaume que Jésus inaugure. Ce qu’il dépeint, par touches colorées, contraste singulièrement avec la grisaille de notre être intérieur, un peu comme s’il ouvrait des fenêtres à notre cœur. Mais comment puis-je être heureux sans penser d’abord à moi, sans satisfaire toutes mes envies, sans accumuler plaisirs, pouvoir et richesse ? Comment m’épanouir en privilégiant le royaume et la justice de Dieu7 ? Dois-je accepter d’être bafoué, moqué ou calomnié sans pouvoir montrer les dents et mordre au besoin ? J’en doute ! me direz-vous peut-être. Pour beaucoup, le royaume de Dieu n’est qu’un mythe. Par exemple, comment aimer ses ennemis ? En faire l’objectif de toute une vie ne nous garantirait pas le succès. Quel est l’objectif de Jésus ? Projeter dans notre imaginaire une nouvelle utopie ? Nous montrer que le rêve d’une vie débarrassée du mal demeurera à jamais impossible ? Ne veut-il pas plutôt démontrer que l’impossible peut devenir possible ? Mais pas tels que nous sommes, pas comme nous l’imaginons, pas par nos efforts. Nous avons beau pratiquer assidûment une religion quelconque, notre nature reste viscéralement attachée au mal. Vous l’aurez sans nul doute constaté. Nous n’arrivons pas à dépasser les limites de notre condition humaine. Aimer nos amis fixe la lisière de notre bonté « naturelle ». Aimer nos ennemis se situe au-delà de cette borne et requiert une bonté « surnaturelle » qu’il nous est impossible de manifester par nous-mêmes.
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JÉSUS EN 25 QUESTIONS
Pour Jésus, il est possible de devenir participant – artisan même – du royaume de Dieu, mais seulement avec les ressources de Dieu, avec l’amour, la justice et la bonté de Dieu. Ces vertus restent totalement inaccessibles à notre cœur contaminé. Il nous faut d’urgence un nouveau cœur que Jésus veut nous donner et nous « transplanter ». La religion nous est-elle d’un quelconque secours pour atteindre cet objectif ? En aucune manière, puisqu’elle représente, sous des formes aussi diverses que variées, la tentative toujours inaboutie de l’être humain d’obtenir la faveur de Dieu. Tout ce que nous pouvons faire de bien ne changera jamais ce que nous sommes, et ce que nous sommes déterminera toujours ce que nous faisons. Seul un changement intérieur, opéré par Jésus, peut nous faire entrer dans le royaume de Dieu.
Celui qui la pose
Le Sermon sur la montagne se positionne au début de l’action de Jésus. Il a été baptisé. Il a subi avec succès le baptême du feu de la tentation. Il a choisi douze disciples pour l’accompagner, le regarder agir et l’écouter. Il a commencé à parcourir le pays pour proclamer « la bonne nouvelle du royaume » et guérir les malades. Jusque-là, c’est dans les synagogues qu’il a pris la parole (Matthieu 4 : 23). Avant de commencer son sermon en plein air, l’Évangile relate que Jésus voit la foule et décide de monter sur la montagne (Matthieu 5 : 1). Qu’est-ce que cela nous dit sur Jésus ? 1. Il est attentif, autant aux gens religieux qu’à ceux qui ne le sont pas. 2. Il va à la rencontre des gens et de leurs besoins, à la fois dans l’Église et en dehors. 3. Il cherche un environnement propice pour parler au cœur de ses auditeurs, un endroit et un moment où ils pourront se déconnecter (dans tous les sens du terme !) du bruit, des soucis, des obligations imposées ou créées. Jésus veut créer un momentum où les conditions seront réunies pour que ses auditeurs écoutent, comprennent et réfléchissent.
Jésus et la religion
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Pas de réponse ?
Ici, personne ne répond car, cette fois, la question est bien rhétorique. Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’appelle pas de réponse. Au contraire. Elle n’est pas posée à quelqu’un en particulier mais à tout le monde, aux spectateurs de l’époque comme aux lecteurs d’aujourd’hui. Beaucoup souffrent de « connectite aiguë ». Quand ils oublient leur mobile ou leur smartphone, ils se sentent comme un homme à la mer sans gilet de sauvetage. Nous n’arrivons plus à décrocher, à débrancher, même en vacances. Nous nous sentons mal dès que nous nous écartons à plus d’un mètre des réseaux sociaux. Comment pourrions-nous entendre Jésus nous parler s’il n’existe plus de « montagne » dans notre quotidien, de moment réservé à la réflexion intérieure, à la méditation, à la prière ? Cher lecteur, le Sermon sur la montagne a traversé les âges sans prendre une seule ride. Il vous en apprendra davantage sur vous qu’une séance de psychothérapie. Ne serait-il pas temps de trouver ou retrouver le chemin de la montagne ?
VOTR E RÉPONSE • La question formulée par Jésus est un test pertinent et fiable de ma situation spirituelle. Que puis-je en déduire en ce qui me concerne ? • La religion que je pratique m’a-t-elle rendu fondamentalement meilleur(e) ? • Si non, que me manque-t-il ?
« Ne valez-vous pas beaucoup plus que les oiseaux du ciel ? » 19 Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les mites et la rouille détruisent et où les voleurs percent les murs pour voler, 20 mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où les mites et la rouille ne détruisent pas et où les voleurs ne peuvent pas percer les murs ni voler ! 21 En effet, là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.
22 L’œil est la lampe du corps. Si ton œil est en bon état, tout ton corps sera éclairé ; 23 mais si ton œil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien ces ténèbres seront grandes !
24 Personne ne peut servir deux maîtres, car ou il détestera le premier et aimera le second, ou il s’attachera au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent.
25 C’est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas de ce que vous mangerez et boirez pour vivre ni de ce dont vous habillerez votre corps. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement ? 26 Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment pas et ne moissonnent pas, ils n’amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ?
Matthieu 6 : 19-26
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Jésus et la valeur de l’être humain « Ne valez-vous pas beaucoup plus que les oiseaux du ciel ? » Matthieu 6 : 26 Lecture conseillée : Évangile selon Matthieu, chapitre 6, versets 19 à 26.
La question
Quelle est la valeur d’un être humain aujourd’hui ? Que vaut le djihadiste qui actionne sa ceinture d’explosifs ? Que vaut l’immigré qui se noie à quelques miles de son eldorado européen ? Que vaut l’ouvrier bangladeshi écrasé par l’écroulement de son usine ? Que vaut la mère de famille qui émarge au chômage ? Que vaut le gamin cancéreux dont la chimio ne fait plus d’effet ? Que vaut la junkie de dix-sept ans et trente-huit kilos qui s’endort dans les bras de Morphine pour ne plus se réveiller ? Que vaut le milliardaire qui regarde s’envoler ses actions ? Comment évaluer la valeur d’un être humain ? Quels paramètres prendre en compte ? Savoir, avoirs, QI, profession, études, milieu social, notoriété, âge, race, religion, etc. ?
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À quel moment l’être humain prend-il de la valeur ? Avant sa conception ? Dès sa conception ? Après sa naissance ? Quand perd-il de sa valeur ? Un vieillard dépendant devientil une charge trop lourde pour la société ? Faut-il laisser vivre un enfant chargé d’un handicap lourd et irréversible ? La vie humaine n’est-elle qu’un facteur économique de plus à prendre en compte ? Selon qu’on se situe dans l’un ou l’autre tiers du monde, la réponse sera différente. J’enchaînais les virages sinueux sur Sunset boulevard, à Beverly Hills, au volant de ma voiture de location. En bon touriste lambda, curieux de voir de près un ghetto de riches, je roulais, sans m’arrêter, devant les propriétés somptueuses des stars et autres privilégiés. Je me suis demandé si leurs occupants valaient mieux que les habitants d’autres ghettos que j’ai eu l’occasion de visiter. À Nairobi, dans le bidonville de Kibéra, tels ces enfants dépenaillés, étonnamment souriants, manquant de tout sauf de la joie. Ou cet homme courbé sous le poids d’un quartier de viande, enjambant l’égout à ciel ouvert, poursuivi par un essaim de mouches. À Mumbaï, en pleine ville, tel cet homme couché sur un trottoir (endormi ou mort, je n’aurais su le dire) et dont seuls les pieds dépassaient de la couverture pouilleuse qui le recouvrait. Ou au fond des slums de Bandra East, ces femmes aux saris chamarrés et brodés, d’une élégance surprenante malgré leurs dents manquantes, qui amènent leurs enfants à la visite médicale gratuite du dispensaire situé au fond d’une venelle obscure. J’ai constaté plus de dignité chez les enfants démunis que chez les enfants gâtés. Si la valeur d’un homme dépend de ses avoirs, alors certainement, le nanti vaut plus que le miséreux. S’il est pauvre, c’est sans doute de sa faute. Si je suis aisé, c’est parce que je le mérite ! J’ai réussi, j’ai fait les efforts qu’il faut pour cela ! fanfaronne le riche. Mais le chiffonnier du Caire qui ahane du lever au coucher du soleil, sept jours sur sept, déploie plus d’effort que toi. Et lui, c’est pour des clopinettes ! Sommes-nous à ce point aveuglés par la cupidité pour confondre la valeur d’un homme avec ses valeurs ! Jésus avertit : « Gardez-vous avec soin de toute soif de posséder, car la vie d’un homme ne dépend pas de ses biens, même s’il est dans l’abondance »
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(Luc 12 : 15). Pour illustrer cette évidence, Jésus poursuit avec une parabole (voir encadré) dont la morale rappelle que quelle que soit la fortune accumulée, on peut la perdre en un seul battement de cœur et devoir tout quitter, sans rien emporter. Quelle énergie nous déployons pour ce qui ne nous survivra pas ! Il leur raconta alors cette Jésus s’inscrit résoluparabole : ment dans une autre écono— Le domaine d’un riche promie que celle où les gens priétaire avait rapporté de façon sont jaugés par leur poids exceptionnelle. L’homme se mit à en or. Dans le royaume que réfléchir : « Que faire ? se demandait-il. Je n’ai pas assez de place Jésus propose, chaque être pour engranger toute ma récolte ! humain possède la même Ah, se dit-il enfin, je sais ce que valeur. Il ne s’agit pas de je vais faire ! Je vais démolir mes valeur monétaire, boursière greniers pour en construire de ou immobilière, mais de plus grands, et j’y entasserai tout valeur spirituelle et affective. mon blé et tous mes autres biens. À la bourse des valeurs spiAprès quoi, je pourrai me dire : rituelles, la cote de chaque “Mon ami, te voilà pourvu de biens personne vaut davantage en réserve pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois que la somme des avoirs de et jouis de la vie !” ». Mais Dieu lui l’humanité. J’ai un corps, un dit : « Pauvre fou que tu es ! Cette esprit et une âme dont Dieu nuit même, tu vas mourir. Et tout se préoccupe. Aucun de mes ce que tu as préparé pour toi, qui besoins ne lui est inconnu ou vas en profiter ? » indifférent. J’ai de la valeur Voilà quel sera le sort de tout parce que Dieu m’a créé. homme qui amasse des richesses Il m’a créé parce qu’il m’a pour lui-même, au lieu de chervoulu. Il ne m’a pas créé à la cher à être riche auprès de Dieu. chaîne, comme une voiture, Luc 12 : 16-21 (Semeur) un abat-jour ou un ordinateur. Je suis un être unique. Mon ADN, mes empreintes digitales et même la forme de mes oreilles témoignent de mon unicité. Dieu m’a voulu parce qu’il m’aime. Depuis quand ai-je de la valeur pour lui ? Depuis bien avant ma naissance. Dieu le révèle au jeune prophète Jérémie comme à nous :
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« Avant de te former dans le ventre de ta mère, je te connaissais » (Jérémie 1 : 5). Par sa question affirmative, Jésus rappelle que l’essentiel de la vie n’est pas dans la recherche de l’abondance ou du profit. Il déconseille d’ailleurs d’investir dans les valeurs matérielles, volatiles et périssables, au bénéfice des valeurs immatérielles, permanentes et inoxydables (Matthieu 6 : 19-20). L’accumulation de ces valeurs permet de nous constituer un trésor dans le ciel mais aussi dans le cœur.
Celui qui la pose
Il est plutôt rare d’entendre quelqu’un afficher son détachement vis-à-vis de l’argent… sans qu’il y reste plus ou moins attaché. Nous rêvons tous d’une vie plus facile et l’argent peut sembler la meilleure voie pour l’obtenir. Notre rapport à l’argent ne dépend pourtant pas de nos moyens. C’est avant tout un problème d’affection, comme le résume Jésus : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Matthieu 6 : 21). Sur ce registre, Jésus est irréprochable. Pas d’incohérence, pas de double jeu, pas d’hypocrisie chez lui. Il est le Seigneur de l’univers. C’est par lui et pour lui que tout a été créé (Colossiens 1 : 16). Égal de Dieu, il a renoncé à la gloire et à la puissance divine pour partager une vie humaine qui a dû lui sembler bien étriquée. Il aurait pu choisir d’habiter n’importe quelle condition sociale : il a sciemment choisi celle de serviteur. Rappelons-nous que Jésus a vu le jour dans une étable, pas dans une maternité privée 5 étoiles, en chambre particulière, avec TV et connexion Wifi. Il était plus habitué à coucher à la belle étoile que dans les palais ou les palaces. Les seuls vêtements griffés qu’il a portés sont ceux qu’on lui a arrachés avant de le fouetter et de le crucifier. Si nous avons plus de valeur pour Dieu que les oiseaux du ciel, son propre fils était moins privilégié qu’eux puisqu’il ne disposait même pas de leur habitat sommaire : « Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas un endroit où il puisse reposer sa tête » a dit Jésus (Luc 9 : 58). Tout ce qui existe à l’état naturel est le produit ou le prolongement de sa création. Il en reste légitimement propriétaire. Pourtant,
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il n’y a jamais attaché son cœur. Le cœur de Dieu est déjà pris. Il ne reste plus de place en lui pour d’autres affections que pour les hommes et les femmes qu’il a voulus, créés et aimés.
La réponse
La réponse est celle que je cherche quand je me regarde dans le miroir : est-ce que j’aime ce que je vois ? J’ai trop pris l’habitude de me comparer aux autres ou aux standards de la société hyperbranchée, facebookée en permanence. Je suis conditionné(e) par le look tendance qu’on m’impose, tyrannisé(e) par les diktats de la maigritude. Je suis victime de la mode, gavé(e) aux success stories. Ou alors, je suis totalement hors du coup. Je rame seul dans ma galère. Je ne réponds pas aux critères. Je n’en ai pas envie. En fait, si, j’en ai envie mais je n’y arrive pas : question de moyens. De la star que je rêve de devenir, je ne vois aucune trace. Je suis seul(e) : pensez donc, moins de cent « amis » ont liké ma page d’accueil ! J’ai cessé d’être moi pour apprendre un rôle que je joue avec plus ou moins de bonheur. Plutôt moins, d’ailleurs. Je ne me reconnais plus. Quel est mon vrai moi ? Ai-je vraiment de la valeur pour quelqu’un ? Au fond de moi pourtant, j’aspire à être aimé(e) pour ce que je suis. Je voudrais tellement que Jésus dise vrai !
VOTR E RÉPONSE • La valeur que j’ai à mes yeux ou au travers du regard des autres, suffit-elle à me définir ? • Suis-je un collectionneur de choses, de personnes ou de plaisirs, un chercheur d’or ou un épargnant d’amour, de joie et de bonté, un chasseur de trésors infiniment durables ? • Pour quelle autre raison que vous et moi Jésus-Christ a-t-il tout quitté ?
« Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter un instant à la durée de sa vie ? » 25 C’est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas de ce que vous mangerez et boirez pour vivre ni de ce dont vous habillerez votre corps. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement ?
26 Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment pas et ne moissonnent pas, ils n’amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? 27 Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter un instant à la durée de sa vie ?
Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement ? Étudiez comment poussent les plus belles fleurs des champs : elles ne travaillent pas et ne tissent pas ; 29 cependant je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’a pas eu d’aussi belles tenues que l’une d’elles. 30 Si Dieu habille ainsi l’herbe des champs, qui existe aujourd’hui et qui demain sera jetée au feu, ne le fera-t-il pas bien plus volontiers pour vous, gens de peu de foi ? 28
31 Ne vous inquiétez donc pas et ne dites pas : « Que mangeronsnous ? Que boirons-nous ? Avec quoi nous habillerons-nous ? » 32 En effet, tout cela, ce sont les membres des autres peuples qui le recherchent. Or, votre Père céleste sait que vous en avez besoin.
Recherchez d’abord le royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné en plus. 33
Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, car le lendemain prendra soin de lui-même. À chaque jour suffit sa peine. 34
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Jésus et les inquiétudes de la vie « Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter un instant à la durée de sa vie ? » Matthieu 6 : 27 Lecture conseillée : Évangile selon Matthieu, chapitre 6, versets 25 à 34.
La question
Elle suit directement la précédente. La première question traitait de ma valeur. La suivante de mon anxiété. Pas seulement de l’angoisse existentielle diffuse mais des soucis du quotidien : comment faire bouillir la marmite ? Comment boucler les fins de mois ? Comment s’assurer du nécessaire, nourriture, vêtements, etc. ? Dans cette section du Sermon sur la montagne, Jésus décline le mot « inquiétude » de trois manières : « Ne vous inquiétez pas ! » (trois fois : versets 25, 31 et 34), « Pourquoi vous inquiéter ? » (verset 28) et par la question qui nous occupe (verset 27). Pourquoi Jésus insiste-t-il autant sur ce sujet ? S’inquiéterait-il de nos inquiétudes ? Ou prend-il la mesure d’un problème qui pèsera de plus en plus lourd au fil des siècles ?
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JÉSUS EN 25 QUESTIONS
Jugez plutôt : selon certains chiffres, « les Français sont des champions de la consommation de médicaments et notamment de tranquillisants. La consommation française de tranquillisants représente 136 millions de boîtes par an, soit 4,25 boîtes par seconde8 ! ». Pendant que je consultais ce site internet, un décompte affichait la consommation en temps réel : effrayant ! Vite, un Prozac ? Pas d’angoisse ! « Le rapport 2013 de l’OCDE sur la santé publié le 21 novembre situe l’Hexagone au vingt-troisième rang des pays consommateurs d’antidépresseurs9 ». Pour la Belgique, selon une autre source10, la consommation globale des hommes et des femmes est passée de 10,1 % de la population en 1997 à 15,7 % en 2008. Au Québec, « les Québécois sont plus que jamais accros aux antidépresseurs. En 2011, un nombre record de 14,2 millions d’ordonnances ont été délivrées par les pharmaciens11 ». Le sociologue Richard Lefrançois, professeur associé à l’Université de Sherbrooke, observe : « Les gens veulent une pilule du mal de l’âme qui agit tout de suite ». Il semble que Jésus ait eu le nez fin en traitant un sujet contemporain de toutes les époques. Pas actuel l’Évangile, pensiez-vous ? L’inquiétude et le stress sont devenus nos inséparables compagnons de route. Quand j’ai subi un « burn out », à l’âge de trente ans, les angoisses s’imposaient dans ma vie comme de vieux potes qui squattent votre maison et qu’on ne parvient plus à déloger. Lorsque j’ai commencé à aller mieux, je me sentais bizarre de ne plus éprouver d’angoisses. Je ne m’habituais pas à leur absence. Quand on cesse d’avoir peur de quelque chose, il reste la peur d’avoir peur. Fondées ou non, nos peurs nous empoisonnent la vie. Dans une société compétitive, axée sur l’apparence, la simple peur de ne pas être à la hauteur peut nous tétaniser, nous inhiber, nous faire plonger. Heureusement, nous avons les pilules : roses, bleues ou blanches selon les indications ! Est-ce le seul remède à l’inquiétude ? Pas pour Jésus qui clarifie son propos (je reformule) :
Jésus et les inquiétudes de la vie
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1. Pour quoi t’inquiètes-tu ? Autrement dit, quels sont tes motifs d’inquiétude ? 2. Que va changer l’inquiétude à la durée de ta vie ? Au lieu de l’augmenter, l’anxiété la raccourcit ! 3. Ne t’inquiète pas ! Facile à dire, Jésus ! T’es pas à ma place ! Vraiment ?
Celui qui la pose
Il ne se met pas à ta place, Jésus ? Il renonce à un environnement parfait où il domine tout pour entrer dans l’inconnu (au sens du vécu) de l’expérience humaine. Le Fils de Dieu S’il est bien une chose que les devient le Fils de l’homme. hommes appréhendent, c’est l’absence de maîtrise sur les cirIl dégringole de la condition constances de leur vie. Même si divine à la condition humaine parfois, la santé, le succès, le pou(Philippiens 2 : 6-7). Lui qui voir ou l’argent tentent de nous est au-dessus de tout choisit persuader du contraire. Cette de se placer en-dessous de incertitude de l’avenir immédiat tous, acceptant, à l’avance, ou lointain, cette impuissance à d’être laminé par les événeréguler les forces et les influences ments et les gens qui les proqui impactent notre vie sont la voquent. mère de nos inquiétudes. Contre la tendance à se protéger des menaces, Jésus va se mettre en danger. L’Invulnérable devient vulnérable. Le superhéros devient Monsieur Tout-le-monde. L’Inaccessible devient un intouchable. Le Tout-Puissant accepte d’obéir, de soumettre sa volonté à celle de Dieu, son Père. Lui qui vit de toute éternité (Psaume 93 : 2), il débarque sur terre avec la certitude qu’il va mourir ! Vous me rétorquerez que tous les humains partagent cette certitude. La Bible qualifie d’ailleurs la mort de « rendez-vous de tous les êtres vivants » (Job 30 : 23). Mais Jésus n’était pas censé mourir. En tout cas, pas s’il ne l’avait pas voulu. Dieu « est » et la mort n’est pas au programme de son
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existence qui n’a ni début ni fin. « Voulez-vous dire que sa mort, il l’a voulue ? Il va falloir que vous m’expliquiez cela ! ». Nous le ferons plus tard.
Étant humain à 100 %, Jésus a ressenti tout le spectre de nos émotions. La peur en fait partie et il doit l’avoir expérimentée à plusieurs reprises : par exemple, face aux gens qui lui manifestaient haine, mépris, rejet, agressivité, de manière injuste, ou quand ses compatriotes ont pris des pierres pour les jeter sur lui. Mais dans le jardin de Gethsémané, quand la croix se profile devant lui12, c’est une frayeur d’une autre intensité qui s’impose à lui. La peur se transforme alors en angoisse qui menace de le submerger. Comment l’expliquer ?
La mort que Jésus choisit d’affronter est d’un autre calibre que celle qui nous attend. Il ne s’agit pas seulement de la mort physique ou des souffrances particulièrement cruelles de la crucifixion. Deux différences majeures s’ajoutent à ce tableau déjà sombre : 1. Jésus va subir la mort, conséquence du péché, alors que le péché lui est étranger. 2. Il va concentrer sur sa personne la punition du péché de l’ensemble de l’humanité. Le poids individuel de nos propres fautes est tellement accablant qu’il est difficile d’imaginer ce que représente la charge spirituelle et morale du péché cumulé de toute l’humanité. C’est pourtant ce fardeau écrasant qui attend Jésus. Le prophète Ésaïe a parfaitement décrit ce que le Christ allait subir à la croix : « Lui, il était blessé à cause de nos transgressions, brisé à cause de nos fautes : la punition qui nous donne la paix est tombée sur lui, et c’est par ses blessures que nous sommes guéris. » (Ésaïe 53 : 5). Pourtant, devant cette perspective terrifiante, Jésus ne craque pas. Où a-t-il trouvé la force de surmonter sa peur ? Dans la présence rassurante et le réconfort de Dieu, dans l’amour inaltérable de son Père et dans l’obéissance confiante à sa volonté. Mais aussi dans l’amour infini qu’il ressent pour les humains qu’il veut sauver.
Jésus et les inquiétudes de la vie
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Combien de parents ne se jetteraient-ils pas dans une maison en flammes, malgré leur peur, pour en retirer leur enfant ?
Si l’inquiétude n’est pas escamotable, elle est surmontable. Pas sans aide, pas sans réponse. Nos soucis, nos inquiétudes peuvent cesser de nous ronger si nous faisons appel à Jésus. L’apôtre Pierre, un de ses intimes, le recommande : « Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous » (1 Pierre 5 : 7). Jésus a raccourci sa vie pour allonger la nôtre de deux manières. D’abord, il apaise nos tracas et nos peurs. Ensuite, il ouvre une dimension éternelle à notre vie.
Celui qui répond
Jésus s’adresse à un public aux préoccupations terre à terre. Leurs réponses sont les mêmes questions que les nôtres : quelles fringues porter ? Avec quoi remplir mon caddie au supermarché ? Quel menu à la cantine scolaire ou familiale ? Je travaille avec un collègue taraudé quotidiennement par une seule question : « Qu’estce que je vais manger ce soir ? ». Les considérations matérielles, domestiques, sensuelles, émotionnelles occupent nos esprits. Elles sont exacerbées par les sollicitations d’un marketing envahissant. Quelle part subsiste-t-il en nous pour le spirituel ? Il est étrange que l’esprit, pourtant formaté pour le spirituel, n’y consacre que si peu de temps et d’énergie. Jésus mangeait un jour chez ses amies Marthe et Marie13. En hôtesse impeccable, Marthe vaquait à la cuisine, concentrée sur la préparation de son dîner presque parfait. Marie se tenait assise près de Jésus, buvant ses paroles. Marthe ne tarda pas à réagir, stigmatisant sa fainéante de sœur qui lui laissait toutes les corvées. Jésus lui a répondu : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses ; il n’y en a qu’une seule qui soit vraiment nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, et personne ne la lui enlèvera » (Luc 10 : 41-42 – Semeur).
La réponse
La première sous-question de Jésus (« Tu t’inquiètes pourquoi, au fait ? ») implique de prendre du recul. Nos inquiétudes, nourries
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par les soucis du quotidien, nous font oublier que nous sommes les créatures d’un Dieu bienveillant qui promet de pourvoir à nos besoins élémentaires. Cette tyrannie de l’inquiétude nous empêche de nous centrer sur l’essentiel : notre devenir éternel. La deuxième sous-question de Jésus (« Crois-tu que t’inquiéter pour les choses matérielles rallongera ta vie ? ») invite à une autre démarche : se préoccuper de ce qui peut allonger ma vie au point de la rendre éternelle. La troisième injonction de Jésus (« Cesse de t’inquiéter ! ») appelle à ne pas prolonger nos soucis au-delà du jour présent : « À chaque jour suffit sa peine » conclut Jésus (eh oui, l’expression est de lui !). Il nous propose de puiser calme, assurance, confiance, sérénité, paix intérieure dans la recherche active et prioritaire du royaume et de la justice de Dieu. C’est le sujet central du Sermon sur la montagne. Pourquoi ne pas faire une pause et le lire en entier14 ?
V O T R E R É P ONSE • Quels sont mes sujets d’inquiétude ? Sont-ils légitimes ou illégitimes, proportionnés ou disproportionnés, objectifs ou subjectifs, bienfaisants ou nocifs ? • Quelle part de ma vie actuelle est consacrée à ma vie d’après ? • Quelle préoccupation choisir : m’inquiéter pour mes petites affaires ou chercher à connaître Jésus-Christ ?
Marc Van de Wouwer
JÉSUS EN 25 QUESTIONS Quand il s’est adressé aux hommes, Jésus les a déstabilisés. Ses interrogations étaient souvent déroutantes, mais toujours pertinentes. Parfois, elles laissaient ses interlocuteurs sans voix. Certaines de ses questions n’attendaient aucune réponse.
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Aujourd’hui, nous n’hésitons pas à assaillir Jésus de questions : est-ce que tu t’intéresses à moi ? Pourquoi permets-tu que telle ou telle chose arrive ? Quelle est ta volonté pour ma vie ? Mais derrière ce flot de questions, sommes-nous prêts à écouter les siennes ?
QUESTIONS
À travers 25 courtes réflexions, basées sur 25 questions de Jésus, ce voyage au cœur des Évangiles vous permettra d’aller à la rencontre de Jésus et d’entendre ce qu’il aimerait nous demander. Êtes-vous prêts à écouter quelqu’un qui pose les bonnes questions ? Êtes-vous prêts à discuter avec Jésus ? Êtes-vous prêts à lui répondre honnêtement ? Qu’allez-vous lui répondre ?
À côté d’une vie professionnelle bien remplie, Marc Van de Wouwer se déplace régulièrement en France, en Belgique, en Suisse et au Canada pour communiquer l’Évangile.
12,90 €
ISBN 978-2-36249-323-2 éditions
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publié au Canada par
Marc Van de Wouwer
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