« Le livre de Robert Coleman a bouleversé ma vie. Il a changé mes paradigmes de l’évangélisation. » — Franck Segonne, Pasteur à Dijon, formateur et évangéliste
Lorsqu'il s'agit d'apporter la Bonne Nouvelle autour de nous, le meilleur exemple que nous puissions suivre est celui de Jésus lui-même. Notre Seigneur a abordé chaque personne qu'il rencontrait avec sensibilité et discernement, conscient des besoins précis de chacun. Ce livre examine douze rencontres de Jésus, analysant la situation, les personnes impliquées, la méthode de notre Seigneur et la réponse qu'il suscite. Il donne ensuite des pistes de réflexion et d'action qui conviendront à l'étude personnelle ou en groupe. Plutôt que d'énoncer des principes rigides ou un programme mécanique, l'auteur nous présente une Personne qui peut devenir notre modèle dans l'évangélisation. Apprenons de lui comment apporter le message libérateur de l'Evangile. Robert Coleman a longtemps été le directeur de l’Institut d’évangélisation du Centre Billy Graham à Wheaton College. Il est l’auteur du best-seller Évangéliser selon le maître, vendu à plus de 4 millions d’exemplaires dans le monde.
11,90 € ISBN 978-2-36249-451-2
publié au Canada par
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Robert Coleman
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Partagez votre foi comme Jésus S'inspirer de 12 rencontres de Jésus pour évangéliser aujourd'hui
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S’inspirer de 12 rencontres de Jésus pour évangéliser aujourd’hui
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : The Master’s way of personal evangelism • Robert Coleman © 1997 • Robert Coleman Publié par Crossway Books, un ministère de Good News Publishers 1300 Crescent Street • Wheaton, IL 60187 • USA Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés. Édition en langue française : Partager sa foi comme Jésus : S’inspirer de 12 rencontres de Jésus pour évangéliser aujourd’hui • Robert Coleman Ancienne édition parue sous le titre : Les rencontres de Jésus © 2000 • ELB © 2017 • BLF Éditions • www.blfeditions.com Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Publié au Canada par Éditions Cruciforme • www.editionscruciforme.org Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Traduction : Jonathan Saporito Couverture et mise en page : BLF Éditions Impression n° XXXXX • IMEAF • 26160 La Bégude de Mazenc Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version Segond 21 Copyright © 2007 Société biblique de Genève. Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Les caractères italiques sont ajoutés par l’auteur du présent ouvrage. ISBN 978-2-36249-339-3 ISBN 978-2-36249-340-9
broché numérique
Dépôt légal 3e trimestre 2017 Index Dewey (CDD) : 248.5 Mots-clés : 1. Évangélisation. Méthodes.
Table des matières
Introduction.. ........................................................................ 7 Chapitre un
Les premiers disciples.................................................. 17 Chapitre deux
Les autorités religieuses............................................ 27 Chapitre trois
Les femmes pécheresses. . ........................................ 37 Chapitre quatre
Les publicains haïs.. ....................................................... 47 Chapitre cinq
Les orgueilleux et les humbles.. ............................... 57 Chapitre six
Les malades et les infirmes . . .................................... 67 Chapitre sept
L’aveugle............................................................................ 77 Chapitre huit
Les croyants par procuration..................................85 Chapitre neuf
Les petits enfants......................................................... 95 Chapitre dix
Les démoniaques. . ....................................................... 105 Chapitre onze
Les criminels. . ...................................................................115 Chapitre douze
Le premier des pécheurs. . ....................................... 125 Révision. . ........................................................................... 135 Bibliographie. . ...................................................................151 Notes . . ................................................................................ 155
Introduction QU’E ST- C E Q U E L ’É VA NG ÉLI S AT I O N ? Un artiste voulut un jour dépeindre l’évangélisation. Il représenta une tempête en mer, d’orageux nuages noirs et menaçants qui remplissaient le ciel. Illuminée par un éclair, une petite embarcation était projetée contre les brisants par des vagues rageuses. Elle se désintégrait sous les coups de l’océan, tandis que les marins se débattaient au milieu des eaux tourbillonnantes, lançant, angoissés des appels à l’aide. Mais il n’y avait pas d’aide en vue. La seule lueur d’espoir pouvait se voir sur le premier plan, où un énorme rocher émergeait de l’eau. Là, un matelot solitaire s’agrippait désespérément de ses deux mains. La scène était émouvante, et à regarder cette peinture on pouvait voir dans la tempête le symbole de la condition humaine : le désespoir total. Ainsi, comme le souligne l’Écriture, le seul chemin de salut était le Rocher des Âges, le refuge dans la tempête. Comme l’artiste méditait sur son travail, il comprit qu’il n’avait pas exactement dépeint l’évangélisation. Il se mit donc à peindre une autre toile. La scène était similaire à la première, avec la même tempête : les nuages noirs, les éclairs 7
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et les eaux agitées. Il y avait le même bateau, qui s’écrasait sur les brisants et dont l’équipage essayait vainement de se débattre dans les flots. Au premier plan se tenait le même rocher de secours, avec le même matelot qui s’y agrippait pour son salut. Mais cette fois, l’artiste apporta un changement. Sur cette nouvelle toile, le survivant saisissait le rocher d’une main seulement, tandis qu’il tendait l’autre sous les vagues pour en ressortir un ami qui s’enfonçait dans les eaux noires. Voilà l’image de l’évangélisation dans le Nouveau Testament : cette main qui se tend vers les perdus, leur offrant la vie. Sans cette main tendue, il n’y a aucun espoir, et il n’y a pas de Bonne Nouvelle non plus. Cette Bonne Nouvelle est que Dieu a agi en vue de sauver un peuple pour qu’il lui appartienne.
L’É V A NGI L E E N PE R S ONNE Pour en comprendre la signification, il nous suffit de regarder à Jésus. Il est l’Évangile incarné – la Bonne Nouvelle vivante. Pendant quelques courtes années il a pris sur lui notre identité et a démontré, parmi nous, qui est Dieu et combien il nous aime. Tout ce qu’il a dit et fait était intégré dans sa mission. « C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup » (Matthieu 20 : 28). Enfin « il a lui-même porté nos péchés dans son corps à la croix » (1 Pierre 2 : 24). L’Évangile implique quelqu’un et non quelque chose. Il ne pourra jamais devenir une théorie abstraite ou un programme mécanique, puisqu’il est une expression de l’amour de Dieu et que Dieu est une Personne. On peut suivre une certaine méthodologie pour rendre le message compréhensible, mais la main qui invite est bien de chair et de sang. Ceux qui sont près de la mort, qui se tournent vers Jésus et sentent son étreinte salvatrice ne s’appartiennent plus à euxmêmes. Nous appartenons à celui qui nous tient par sa grâce, et dans son appartenance, nous accomplissons sa mission. 8
Introduction
L’évangélisation devient donc une expression naturelle de l’Église. En tant que corps de Christ (Éphésiens 4 : 16 ; 5 : 23, 30 ; Colossiens 1 : 18 ; 2 : 19), nous reflétons dans nos vies individuelles ce pour quoi il a donné son corps de chair sur terre. Vivre autrement reviendrait à renier notre nature de rachetés. Pour que les choses soient claires, Jésus annonça à ses disciples que puisque le Père l’avait envoyé dans le monde, lui aussi nous envoyait dans le monde (Jean 17 : 18 ; 20 : 21). Tous ceux qui croient en lui sont maintenant appelés pour son œuvre (Jean 14 : 12), et il n’y a aucune exception. Qu’on le réalise ou non, chaque chrétien est une démonstration personnelle de la Bonne Nouvelle, « connue et lue de tous les hommes » (2 Corinthiens 3 : 2-3).
RE ND U APTE PA R S ON E SP R I T Mais comment réaliser cela ? Après tout, ne sommes-nous pas tous des êtres mortels ? Comment des personnes, ayant toutes les faiblesses et les perversions d’une humanité corrompue, pourraient-elles manifester la vie et le ministère de Jésus-Christ ? La réponse à cette question de base nous amène à la personne du Saint-Esprit. Le Père, c’est Dieu qui dirige ; le Fils c’est Dieu qui se révèle ; et l’Esprit c’est Dieu qui agit. Partout où Dieu est connu, l’Esprit est la puissance par laquelle il travaille et Jésus est la Parole par laquelle il s’est révélé. Ainsi la fonction de faire connaître et aimer le Christ fait partie de la sphère d’activité de l’Esprit. Il convainc le monde de péché et appelle à la repentance. Il régénère et sanctifie le cœur du croyant, il guide dans la vérité, il répond aux prières, il aide dans les infirmités et nous rend aptes au service. En tout cela, il glorifie le Fils, et ce faisant, il attire des hommes et des femmes au Père. Manifestement, l’évangélisation ne peut pas être soumise à une législation de comités d’églises, ou fabriquée par des croisades à l’organisation complexe, aussi bien intentionnées soient-elles. 9
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L’effort humain est totalement vain sans le Saint-Esprit, et notre travail ne peut porter du fruit que dans la mesure où nous permettons à l’Esprit de glorifier le Christ en nous et par nous.
L’EX E MPL E PA RFA I T Cela étant compris, une étude sérieuse de la vie du Sauveur dégagera les principes les plus importants pour mener cette tâche à bien. Contrairement à notre expérience limitée, Jésus n’a jamais eu de doute dans son esprit quant à savoir quoi dire ou quoi faire. Les gens étaient comme des livres ouverts sous son regard (Jean 2 : 25 ; 16 : 30 ; 21 : 17 ; Matthieu 12 : 25 ; 22 : 18 ; Marc 2 : 8 ; Luc 6 : 8 ; 11 : 17 ; etc.). Grâce à sa nature divine, il connaissait toutes les complications provenant des circonstances extérieures et de l’hérédité qui influençaient le comportement humain, et puisqu’il connaissait aussi la volonté de Dieu, il ne faisait aucune erreur lorsqu’il agissait. Nous savons bien que notre compréhension des méthodes de Jésus sera toujours voilée par notre ignorance. Nous voyons comme au travers d’une vitre dépolie, mais malgré ces limitations nous pouvons nous réjouir parce que nous avons en Jésus-Christ un maître parfait. Le Nouveau Testament ne nous livre que des aperçus de la vie de Jésus. Les Évangiles n’ont conservé que des portions d’environ cinquante jours de son ministère terrestre. Beaucoup de choses ont été laissées de côté, et après notre étude, un millier de questions resteront encore sans réponse. C’est justement à cause de cela que nous devons porter une attention toute particulière aux quelques informations qui nous sont révélées. Chaque mot est important. Bien que tous les détails ne soient pas fournis par les Écritures, nous en savons assez pour voir le maître évangéliste au travail.
DE S HOM ME S F ORMÉ S Jésus anticipait le jour où son Évangile serait entendu dans « le monde entier » (Matthieu 24 : 14). Ayant cela à l’esprit, il mit 10
Introduction
sur pied une stratégie qui ne devait pas échouer. Son plan a été progressivement mis à jour lors de son ministère, avec comme point culminant la grande mission donnée à son Église (Matthieu 28 : 18-20)1. Sa stratégie était de préparer un noyau d’ouvriers pour la moisson. Ces disciples, à leur tour, en choisiraient d’autres qu’ils formeraient avec cette même vision. Jésus savait qu’avec le temps et grâce à ce processus de reproduction, un jour viendrait où chaque personne aurait la possibilité d’accepter la Bonne Nouvelle de l’amour rédempteur de Dieu. Pour bien signifier son intention, Jésus s’était entouré de disciples qui l’accompagnaient alors qu’il exerçait son ministère en Palestine. Ainsi, un petit groupe de personnes apprenait par l’observation. Tout ce qui est écrit dans les Évangiles a été vu au travers des yeux de ces hommes. Ces documents inerrants constituent un rapport des événements qui ont influencé leur vie.
DE P E R S ONNE À PE R S ONN E À maintes reprises l’on voit Jésus aider des foules entières. Le peuple aime l’écouter et il arrive parfois que ceux qui l’écoutent soient des milliers. Ils respectent et craignent sa grande puissance et sont généralement enthousiastes quand ils assistent à des délivrances. Aussi longtemps que Jésus satisfait leurs besoins physiques, ils le veulent pour roi. Pourtant, peu parmi la multitude deviennent des disciples. Avant que Jésus ne remonte au ciel, pas plus de quelques centaines de personnes sont reconnues comme disciples2, et ceux qui répondent à son invitation semblent le faire suite à un contact personnel. Il ne fait aucun doute que les rassemblements de masse aient été provoqués par son ministère public, et cela a préparé des cœurs à le recevoir, mais l’impact réel de son message s’est fait sentir par le contact de personne à personne. Son évangélisation ne s’exerçait pas prioritairement au milieu des foules énormes. 11
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Cette pratique ne devrait pas être perdue par l’Église d’aujourd’hui. Dans l’Évangile, Jésus est présenté principalement comme quelqu’un qui travaille avec l’individu. Il s’occupe des gens là où ils sont. Pas d’agitation frénétique, pas de campagne publicitaire outrageuse, non plus que de programme retentissant qui sauve le monde en un jour, seulement le cours naturel des choses, la routine quotidienne de quelqu’un qui s’occupe des affaires de son Père.
C HAQU E CA S E S T D IFFÉ RE N T Chaque situation est aussi différente que l’est la personne impliquée. Dieu aime la variété. Chaque tentative consistant à catégoriser de manière rigide les circonstances humaines est dangereuse. Jésus ne place pas les gens dans des catégories. Ne l’oublions pas, alors que nous tentons d’interpréter les rencontres personnelles des Évangiles. Il n’y a pas deux cas semblables, et nous ne devrions pas espérer rencontrer de tels cas dans notre expérience. Cependant, de nos jours, nous pouvons être en contact avec des personnes aux caractéristiques semblables à celles dont l’histoire nous est rapportée dans les Écritures et qui connaissent des circonstances similaires. En choisissant comme texte d’étude tous les passages représentant Jésus exerçant son ministère parmi différentes personnes, nous pouvons commencer à discerner certains modèles qui guideront nos pas sur les traces du Maître.
PLA N D U L I VRE Douze occasions d’évangélisation personnelle sont sélectionnées et analysés dans ce livre. Chaque chapitre concentre son attention sur une personne ou un groupe de personnes pour une étude plus approfondie. Nous vous demandons premièrement de lire le passage de l’Écriture avec attention, puis de lire la description de l’épisode 12
Introduction
ainsi que de vous arrêter pour considérer les questions qui vous seront posées au fur et à mesure du déroulement de l’histoire. Si vous désirez poursuivre le sujet plus avant, lisez les paragraphes suivants, qui soulignent par comparaison d’autres expériences de Jésus. Ces rencontres comportent des similarités ou des contrastes frappants avec l’épisode étudié, qui peuvent améliorer votre compréhension globale. Dans la partie suivante, nous partageons quelques observations générales. Libre à vous d’apporter vos corrections ou d’ajouter les impressions qui découleront de vos propres recherches. Chaque chapitre comprend également quelques exercices destinés à vous aider à trouver des applications, et surtout à vous donner des méthodes qui pourront être utilisées dans vos contacts personnels. Notre désir est également que vous appliquiez ce que vous apprenez. Le livre se termine par une révision générale des principes suivis par Jésus dans son évangélisation des personnes. Pour ceux qui désireraient des lectures complémentaires, une bibliographie vous fournira de nombreuses autres sources d’information. Lisez ce livre avec votre Bible à portée de main, quelle qu’en soit la traduction. Il vous sera également plus commode d’utiliser, si vous le possédez, un évangile synoptique.
SOU C I PRATI Q U E Dans cet ouvrage, un effort a été fait pour diriger l’étude dans le sens des questions les plus essentielles : Qu’est-ce que l’Évangile ? Comment présenter son message aux gens ? Comment aider les gens à prendre une décision ? et enfin, que peut-on faire pour enraciner une personne dans la foi et l’aider à son tour à communiquer le message à d’autres ? En cherchant ces réponses, portez une attention particulière aux réactions de Jésus. En même temps entraînez-vous à appliquer chaque principe à votre propre témoignage. 13
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Ce manuel est le fruit de l’expérience. Chaque chapitre a été développé et testé pendant de nombreuses années d’enseignement dans des cours d’évangélisation et des groupes d’études bibliques.
E X PÉRIE NC E DE GROU PE Vous pouvez répondre aux questions de manière individuelle, mais vous en retirerez un plus grand profit si vous pouvez faire part de vos découvertes en petit groupe. Nous vous invitons en effet à vous entourer de quelques amis partageant le même intérêt ou encore à proposer aux membres de votre groupe de maison d’utiliser ce livre comme base de discussion. L’animation du groupe pourra se faire par l’un de ses membres, ou par une rotation hebdomadaire. Le responsable aura la charge d’ouvrir la discussion, de l’alimenter et de la maintenir dans la bonne direction. Un responsable de groupe de discussion est comme un entraîneur de football : il dirige les joueurs, mais les laisse aussi courir balle au pied. Après les salutations, la réunion pourra commencer par la prière. Ensuite, débutez l’étude biblique et partagez vos observations, en tenant compte du temps qui vous est imparti. Les problèmes qui auront été soulevés par l’étude pourront être discutés. Les exercices permettront à chacun d’exprimer ses sentiments personnels. Nous espérons que vos réunions déboucheront sur des stratégies concrètes pour l’évangélisation. Priez les uns pour les autres, particulièrement si quelqu’un du groupe le demande. Rappelez-vous qu’en portant les fardeaux les uns des autres, vous accomplissez la Loi du Christ. Ayez toujours à l’esprit que votre aide vient d’en haut, et ne laissez pas une rencontre se terminer sans avoir rendu gloire à Celui qui est la source de toutes les bénédictions.
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Introduction
QUE D IE U N OU S D IRIGE Maintenant que vous êtes sur le point d’aborder l’étude, demandez à Dieu de vous donner sa direction et d’ouvrir votre esprit à l’instruction de son Esprit. Sachant que le divin Conseiller ne cesse d’élever Jésus, portez vos regards sur lui. Plus de vingt siècles ont passé depuis qu’il a marché sur la terre, mais Jésus est toujours présent dans la réalité de sa résurrection. Tout comme il tendait autrefois ses mains vers les gens qu’il rencontrait, il appelle encore aujourd’hui. Saisissez sa main, il est le Chemin. Il suffit de le suivre.
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Chapitre un
Les premiers disciples Jean 1 : 29-51
Au commencement de son ministère, Jésus a appelé quelques hommes à le suivre. Ces hommes étaient présents à ses côtés alors qu’il se dévouait pour ses contemporains. Même s’ils étaient parfois lents à comprendre, ils étaient tous, sauf un, destinés à devenir des dirigeants de l’Église du Christ. Lisez attentivement le premier récit sélectionné, en Jean 1 : 29-51.
LA SC È NE Le temps est venu pour Jésus de faire connaître sa mission au monde. Après la tentation éprouvée dans le désert, il se rend à Béthanie au-delà du Jourdain, où son cousin, Jean-Baptiste, prêche. Une foule venant des quatre coins du pays s’est assemblée pour écouter le grand prophète. Le plus grand mouvement de réveil depuis plus de quatre cents ans voit le jour. Jésus se fait baptiser par Jean, et comme il sort de l’eau, l’Esprit de Dieu descend sur lui sous la forme d’une colombe, et une voix se fait entendre des cieux, déclarant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute mon approbation » (Matthieu 3 : 17 ; cf. Marc 1 : 11 ; Luc 3 : 22). 17
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Le jour suivant, alors que Jésus traverse la foule, Jean proclame qu’il est « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jean 1 : 29), c’est-à-dire que Jésus est l’accomplissement de toutes les promesses exprimées par le sang versé sur les autels en Israël depuis des milliers d’années. Plus tard, le prophète répétera cette déclaration en présence de deux de ses disciples (Jean 1 : 36). Imaginez toutes les attentes du peuple suite à ces révélations !
LE S D I SC IPL E S POTE NTI E L S Un des disciples, Jean, est plutôt un jeune philosophe, au caractère fort et ambitieux, alors qu’un autre, André, est plus âgé et plus pragmatique. Tous les deux sont originaires de Capernaüm, où ils exercent leur profession de pêcheur, avec leurs frères. Différents par leur tempérament et leurs aptitudes, chacun des deux constitue cependant un énorme potentiel d’aide. Il va sans dire, bien sûr, que ces hommes sont pétris de leur culture : ils partagent le même sentiment d’hostilité envers les non-Juifs et les Samaritains, et se considèrent comme le peuple choisi par Dieu. Ils ne comprennent pas tellement la nature réelle du Royaume de Dieu. Pourtant, à l’inverse de la plupart de leurs contemporains, ils ont, profondément ancrée dans leur cœur, l’attente d’une réalité spirituelle. Bien que ne faisant pas partie de la prêtrise, et ne possédant pas une formation théologique approfondie, ils sont étudiants des Écritures. Ils connaissent particulièrement les promesses messianiques. Qu’ils soient venus écouter le prophète montre bien qu’ils marchent dans toute la lumière dont ils disposent alors. En fait, il est probable qu’ils aient déjà été baptisés par Jean en témoignage de leur repentance. Pourquoi croyez-vous que Jésus ait commencé son ministère en s’entourant d’individus aussi sensibles aux choses spirituelles ?
L’APPROC H E Alors que Jésus quitte ce rassemblement, André et Jean le suivent. Ils ont sans doute compris la signification de l’institution du baptême, et quelque chose en Jésus les attire. Remarquant 18
Les premiers disciples
leur intérêt, le Maître se tourne vers eux et leur demande, « Que cherchez-vous ? », comme pour dire « Puis-je vous aider ? ». Les deux jeunes hommes savent à peine que répondre, mais puisqu’ils désirent en savoir plus sur Jésus ils balbutient timidement : « Rabbi, où habites-tu ? » Dans ces circonstances, la question n’est pas inappropriée. N’aimeriez-vous pas en savoir plus ? Pour apprendre à mieux connaître Jésus, il faut connaître l’endroit où l’on peut le trouver. La manière dont Jésus leur répond laisse entrevoir l’approche qu’il adopte face à des personnes qui cherchent sincèrement : « Venez et voyez ». Manière simple de répondre à une requête. Alors qu’il énonce l’obligation humaine de chercher la vérité, il établit clairement qu’une honnête investigation ne restera pas sans résultat. Ils rentrent donc ensemble. Nous sommes à la dixième heure de la journée (environ quatre heures de l’après-midi), et les invités sont probablement restés jusque tard dans la soirée. Pensez à ce que cela devait signifier pour eux de partager l’hospitalité de Jésus, de lui poser les questions qui les préoccupaient et de l’écouter exposer les choses de Dieu. Alors qu’il les met à l’aise et qu’il ravive toutes leurs aspirations, il dissipe aussi tous les doutes qu’ils avaient à son sujet. Imaginez-vous ces deux hommes retournant chez eux sous le ciel étoilé, le cœur battant d’émerveillement et rempli de joie. Que ressentiriez-vous à leur place ?
LE S C ON S É Q U E NC E S André est si ravi qu’il va directement en parler à son frère : « Nous avons trouvé le Messie », et pour confirmer la nouvelle, il l’amène vers Jésus. N’est-il pas merveilleux de voir comment les nouveaux croyants désirent spontanément partager leur foi ? Lorsque Jésus aperçoit le pêcheur, il l’appelle par son nom et reconnaît sa valeur en tant que personne : « Tu es Simon fils de Jonas ; tu seras appelé Céphas. » Traduit, ce nom signifie Pierre 19
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ou Roc, ce qui suggère une forte personnalité, sûre d’elle-même, sans oublier ses qualités de dirigeant. Pourquoi cette parole a-telle donné de l’assurance à Pierre (en Christ et en lui-même) ? Nous ne savons pas quel fut leur sujet de conversation après cela, et comme il en est souvent le cas dans les récits des Évangiles, on ne peut que se livrer à des suppositions, mais soyons certains que Pierre n’était plus le même lorsqu’il s’en alla.
U N MODÈ L E É ME RGE A NT Le jour suivant, Jésus rencontre Philippe, un voisin de Pierre et d’André. Sachant que son cœur est prêt, Jésus va droit au but : « Suis-moi », lui dit-il. Il ne demande pas à Philippe de réciter une confession de foi ou d’adhérer à une organisation. Tout ce qu’il demande, c’est l’obéissance. Jésus ne demande à personne de croire à quelque chose qu’il ne vit pas. La foi est un mode de vie. À votre avis, comment cette exigence reflète-t-elle la philosophie de base que Jésus suivra dans la formation de ses disciples ? Philippe, à l’instar d’André, ne peut pas garder la chose pour lui. Il prévient alors Nathanaël, « Nous avons trouvé celui que Moïse a décrit dans la loi et dont les prophètes ont parlé : Jésus de Nazareth, fils de Joseph. » Nathanaël, sceptique, s’interroge sur ce qui pourrait bien venir de bon d’une ville de si humble condition, mais Philippe lui demande seulement de constater l’évidence. Il amène donc son ami à Jésus. À nouveau, le doute est dissipé lorsque le curieux est amené face à la réalité. Remarquez que ces deux hommes manifestent une certaine connaissance de l’Ancien Testament. Notez aussi le magnifique compliment que Jésus adresse à Nathanaël en le désignant comme un Israélite dans lequel il n’y a pas de ruse – manifestant par là son habileté à déceler les qualités des personnes. Ce fait souligne de même que les premiers disciples sont spirituellement intéressés. Qu’est-ce que cela vous suggère à propos du commencement d’un ministère qui doit atteindre le monde ? 20
Les premiers disciples
Certainement, Nathanaël, comme Simon, est impressionné par la perspicacité sans faille de Jésus au sujet de son caractère. Lorsqu’il lui demande d’où lui vient cette information, Jésus répond qu’il a déjà vu Nathanaël. Il ne nous est pas dit si c’est une référence à l’omniscience de Jésus ou à quelque discernement antérieur. Quoi qu’il en soit, Nathanaël apprécie sa réponse à sa juste valeur. Il est convaincu qu’il a rencontré « le Fils de Dieu », mais il n’a pas encore compris toutes les implications de cette découverte : ce que lui coûtera la vie de disciple. Il ne sait pas non plus qu’un jour son Roi sera mis à mort. Pourtant, Jésus lui assure qu’il verra « le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme ». Pourquoi croyez-vous que dès le début le Maître expose cette vision de sa gloire à venir ?
- Comparaisons Les disciples continuent à suivre Jésus lorsqu’il exerce son ministère en Israël. En fait, il les laisse l’aider dans sa tâche : ils s’occupent de l’intendance, pourvoyant à son logement et à ses repas. (Aucun passage des Évangiles ne montre Jésus déclinant une invitation à dîner. Heureuse découverte ! Offrir les repas était, en fait, une façon de le servir.) Alors qu’ils s’en reviennent d’une visite à Jérusalem, les disciples commencent à baptiser ceux qui se convertissent après avoir entendu le message de Jésus. Après quelques mois, cependant, ils reprennent leurs occupations premières. Ces pêcheurs retournent à la mer de Galilée, et y entretiennent leurs filets. Il n’est pas spécifié qu’ils aient désobéi de quelque manière que ce soit, ils semblent plutôt ne pas comprendre que le Seigneur leur réserve quelque chose de plus grand pour leur vie. Veuillez lire le récit qui en est fait en Marc 1 : 16-20, Matthieu 4 : 18-22 et Luc 5 : 1-11.3 Jésus demande la permission d’emprunter une barque pour s’éloigner un peu de la rive, afin de pouvoir mieux s’adresser à la foule qui le suivait. Après son discours, et comme le peuple se 21
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dispersait, il reporte son attention sur ses disciples. Ces derniers ont pêché toute la nuit sans rien prendre. Jésus leur demande de refaire une sortie et de lancer leurs filets là où l’eau est plus profonde. Malgré leur découragement, ils obéissent, trouvant leurs forces dans les paroles du Maître. Il s’ensuit une prise fantastique : deux barques sont remplies de poissons. À la suite de cette expérience, les disciples, et spécialement Pierre, acquièrent une plus grande compréhension d’eux-mêmes et de leur Seigneur. Que nous apprend cet incident au sujet de l’importance de la prise en compte des intérêts des personnes que vous désirez guider ? Jésus saisit l’occasion pour avertir ses disciples de leur propre mission d’évangélisation. Se basant sur cette analogie, Jésus les appelle à un ministère de pêcheurs d’hommes. « Suivez-moi », leur dit-il, « et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. » Beaucoup de comparaisons entre le fait d’attraper des poissons et celui d’attirer des personnes nous viennent à l’esprit, dans cette illustration. Quels parallèles y voyez-vous ? Ces leçons pratiques d’évangélisation apprises à partir de scènes de pêche ne sont pas à prendre à la légère. Remarquez comme les applications qu’on en tire ont un rapport avec l’appel du Christ à le suivre. Ce qui est dit dans ce passage renforce l’invitation initiale lancée à ses disciples. Dans la même idée, lisez le récit donné en Matthieu 8 : 19-22 et Luc 9 : 57-62 à propos de ceux qui veulent devenir disciples de Jésus. Y a-t-il une différence essentielle entre l’approche de Jésus avec ces hommes et son approche avec les premiers disciples ? Que demande Jésus de ses disciples ? Pourquoi cette demande est-elle si urgente et inflexible ?
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Les premiers disciples
- Observations 1. Gagner des disciples qui à leur tour en gagneront et en formeront d’autres est la stratégie de base de l’évangélisation. Cette méthode est celle que le Christ a utilisée pour toucher le monde, et elle doit constituer la priorité autour de laquelle s’oriente notre vie. 2. Le point de départ se trouve là où les gens sont ouverts à l’Esprit de Dieu. Il est inutile d’essayer de forcer une porte cadenassée. Rendez-vous là où il y a des évidences d’un renouveau spirituel et commencez une action, avec l’aide du Saint-Esprit qui vous préparera un accès. 3. Les relations naturelles entre personnes d’une même famille ou entre amis sont souvent des voies intéressantes à explorer lorsqu’il s’agit d’annoncer la Bonne Nouvelle. Une seule vie touchée peut en amener d’autres. 4. Un témoignage public attire les gens au Christ et offre la possibilité, à ceux qui veulent en savoir plus, d’acquérir plus d’informations. 5. Jésus invite à un examen approfondi de la vérité. L’Évangile n’a rien à cacher ; nous non plus, nous ne devrions rien avoir à cacher. Ceux qui cherchent sincèrement devraient être encouragés à se pencher sur les déclarations de Jésus – et sur notre façon de vivre en lui. 6. L’apprentissage en famille est le plus naturel. Il a son effet maximum lorsque professeur et élèves vivent ensemble, expérimentant la vérité pratique dans une ambiance d’amour et de compréhension. Une semblable fraternité en Christ procure un climat approprié pour le suivi et la formation de disciples. 7. La valeur personnelle et les dons particuliers de chaque personne doivent être affirmés. Posez des questions et faites des observations qui aideront les individus à découvrir leur potentiel. Nous pouvons distinguer les points forts de chacun si nous décidons de les rechercher. 23
Partager sa foi comme Jésus
8. Nous sommes appelés à suivre Jésus, et il nous demande une obéissance inconditionnelle. Que nous comprenions ou non toutes les implications de son invitation n’est pas important, ce qui importe avant tout est de lui faire confiance. En le suivant, nous apprendrons en temps voulu ce qu’il veut que nous sachions, y compris notre mission de faire des disciples. Commençons là où nous nous trouvons, et avançons jusqu’aux extrémités de la terre. 9. Le meilleur est encore à venir. Christ voyait les choses à long terme. Il a vu les choses comme elles apparaîtront dans l’éternité. Quand le jour du triomphe final viendra, l’inconfort et les épreuves de notre travail présent paraîtront bien insignifiants. Nous devons inculquer à ceux qui nous suivent la vision de notre victoire finale.
- Exercices personnels L’évangélisation commence lorsqu’on suit Jésus. La route est différente pour chaque disciple, mais la direction est la même. Pensez au chemin que vous avez parcouru avec le Christ, depuis le jour où vous l’avez rencontré pour la première fois, jusqu’à aujourd’hui. Pour illustrer le pèlerinage de votre foi, prenez une feuille de papier et dessinez-y un graphique représentant votre vie – vos hauts et vos bas, vos temps de joie et vos temps de tristesse – jusqu’à aujourd’hui. Le long de cette ligne, notez le signe = à l’endroit où vous croyez que le Christ est devenu pour vous un sauveur personnel réel. Dessinez de même un poisson à l’endroit où vous pensez que votre témoignage a amené une autre personne au Christ. Soyez honnête, si vous ne pouvez vous souvenir d’un cas où quelqu’un a trouvé le Sauveur par votre moyen, tracez votre graphique comme il doit l’être vraiment : vide. Regardez à nouveau dans Luc 9 : 57-62 et essayez de découvrir pourquoi ces hommes bien intentionnés hésitent à suivre Jésus. N’y a-t-il aucun problème dans votre vie qui entrave votre obéis24
Les premiers disciples
sance à l’appel du Christ ? Si oui, que pouvez-vous y faire ? En d’autres termes, n’y a-t-il aucun moyen pratique qui rendrait votre marche avec le Christ plus fructueuse et plus communicative ?
- Réunion de groupe Divisez votre groupe en sous-groupes. Chaque sous-groupe comprendra quatre personnes. Expliquez votre graphique. Racontez votre rencontre avec Jésus-Christ et le cours des événements qui vous ont amené à prendre cette décision. Parlez ensuite de la première fois que vous avez conduit une autre personne à Jésus, si tel a déjà été le cas. Après avoir donné à chacun l’occasion de partager ses expériences, parlez de ce qu’évoquent pour vous les excuses que les hommes ont données suite au défi lancé par le Christ en Luc 9 : 57-62. Ne terminez cependant pas sur les difficultés, continuez votre partage en vous penchant sur ce qui peut être fait pour augmenter la joie de témoigner. Que chacun participe. Terminez par une prière de remerciement, reconnaissant vos échecs, mais rendant gloire à Dieu pour vos privilèges et l’attente de « choses plus grandes encore ».
- Application Allez, accompagné de quelqu’un qui veut également devenir pêcheur d’hommes, et partagez votre foi. Si vous ne connaissez personne avec qui vous associer, cherchez dans votre assemblée un disciple qui grandit dans la foi. Il doit sûrement y avoir quelqu’un attendant votre invitation. Ensuite, témoignez ensemble, et échangez votre vision et vos méthodes pour gagner des personnes au Christ.
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Chapitre deux
Les autorités religieuses Jean 2 : 13 à 3 : 21
Une des premières rencontres de Jésus est celle qu’il fait avec Nicodème. L’exemple donné ici de la façon dont Jésus se comporte face à un homme religieux n’a son égal nulle part ailleurs dans les Évangiles. Lisez-en le récit, plusieurs fois, en Jean 2 : 13 à 3 : 31.
LA SC È NE Quelques mois ont passé depuis l’appel des premiers disciples. C’est l’époque de la Pâque, la fête commémorative de la délivrance d’Israël de l’esclavage en Égypte. Tous les Juifs âgés de douze ans et plus, en état de voyager, sont censés se rendre à la commémoration qui a lieu à Jérusalem. L’offrande de sacrifices sanglants fait partie intégrante des pratiques du temple. Des animaux sont vendus dans ce but sur le parvis à des prix exorbitants. Il est également requis de chaque Juif adulte mâle le paiement annuel d’une taxe d’un demi-shekel, à verser au temple. Du fait que seule la monnaie juive est acceptée, des changeurs sont installés sur les lieux et échangent les monnaies étrangères contre la monnaie locale. De même que pour la vente d’animaux, ici encore, le coût de ce service est abusif. 27
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Jésus entre dans la cour du temple et voyant de quelle façon le culte à Dieu a été perverti, il est rempli d’une juste indignation. Se confectionnant un fouet à l’aide de cordes, il se met à frapper les revendeurs – leurs animaux se sauvent, effrayés – et à renverser les tables des changeurs de monnaies. Lorsque les Juifs, surpris, lui demandent un « signe » de l’autorité qui lui permet une telle action, Jésus leur parle à termes couverts de sa mort et de sa résurrection, ce qui ne manque pas de les laisser totalement déconcertés. Son comportement enrage les membres du Sanhédrin. Jésus est plus qu’un trouble-fête ; ses manières d’agir risquent de saper toute la tradition du temple. Une telle réforme ne peut être tolérée par cette institution corrompue. Religieux comme officiels s’y refusent. Cependant certains, des gens ordinaires exploités par les classes supérieures de la société, approuvent Jésus et lui sont reconnaissants de son attitude. « Beaucoup crurent en son nom. » Toutefois, leur réaction, comme souvent dans le cas des masses, est plus une aspiration à un style de vie plus facile qu’un véritable changement de cœur. Jésus s’abstient de leur faire trop confiance.
U NE P E R S ONNE E X C E PTI O N N ELLE Un homme parmi l’élite est profondément touché par les événements du jour. Nicodème est un Pharisien, un membre de ce groupe de Juifs militant pour le respect de la Loi jusque dans ses moindres détails. En tant qu’enseignant en Israël, il est noté pour sa connaissance de l’Ancien Testament. Cette qualité lui a valu une place au Sanhédrin, l’organe dirigeant de la nation. Seuls soixante-dix hommes dans tout Israël ont ce privilège. Indubitablement, il est un citoyen d’honneur, un homme de succès, respecté, attaché à Dieu. Qu’est-ce qu’une religion pourrait demander de plus que Nicodème n’aurait pas accompli ? Cependant, il se rend vers Jésus. Pourquoi ? Pour le conseiller ? Pour se renseigner pour le compte du Sanhédrin ? Ou parce qu’il reconnaît que quelque chose manque dans sa propre vie ? Et 28
Les autorités religieuses
pourquoi vient-il lorsqu’il fait nuit ? Pour ne pas être vu ? Pour pouvoir s’y rendre en toute tranquillité ? Parce qu’il n’avait pas eu le temps auparavant ? Ou est-il si anxieux qu’il ne peut attendre jusqu’au lendemain ? Quelle qu’en soit la raison, Nicodème salue Jésus dans les règles et avec déférence. En quoi cela vous informe-t-il sur ses sentiments ?
L’APPRO C H E Jésus ignore ce discours pompeux et va droit au but. Il annonce à Nicodème qu’un homme doit naître de nouveau s’il veut voir le Royaume de Dieu. Toute étiquette religieuse est laissée de côté. Que ce Pharisien soit émerveillé ou non par les œuvres et les discours de Jésus n’est pas important. Ce qui importe, c’est sa relation avec Dieu. Ce passage est le seul où Jésus utilise l’image de la « nouvelle naissance ». Pourquoi croyez-vous que la chose ait dû paraître particulièrement choquante pour un homme du rang de Nicodème ? Jésus ne lui parle pas d’amélioration morale par la stricte adhérence à la Loi et à ses rituels. Il énonce plutôt une toute nouvelle qualité de vie infusée dans la personne par le Saint-Esprit. De même que l’on naît dans le monde physique par le moyen d’une naissance naturelle, il doit y avoir un commencement de vie également défini dans le monde spirituel. La réponse de Nicodème indique qu’il ne comprend pas. Jésus clarifie alors ses propos en expliquant la différence entre la chair et l’esprit. Une analogie avec la nature est utilisée pour illustrer ce point. Incidemment, le vent est une image souvent associée à l’Esprit de Dieu, qui en hébreu comporte la même racine. Un homme instruit comme Nicodème a dû saisir immédiatement la référence, pourtant il se demande toujours comment un homme pourrait être transformé d’une telle manière. Remarquez la manière dont Jésus aide Nicodème à prendre conscience de son ignorance spirituelle, en même temps qu’il 29
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lui témoigne le respect dû à sa position élevée. Quel procédé utilise-t-il ? Jésus délivre ensuite son propre témoignage : « Nous disons ce que nous savons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu. » Pourquoi un homme instruit dans une forte tradition religieuse serait-il attiré par l’idée de certitude personnelle ?
U NE C LA RIF ICATI ON Jésus conclut son témoignage par la référence à un épisode de l’Écriture familier à tout Juif. Il compare Moïse élevant un serpent d’airain dans le désert à la façon dont le Fils de l’Homme sera élevé (voyez Nombres 21 : 4-9). L’image nous reporte à l’époque où les enfants d’Israël furent frappés par des serpents, comme jugement pour leur désobéissance. Il n’y avait pas de remède naturel à la morsure des serpents. Impuissant, le peuple confessa son péché et pria pour sa délivrance. En réponse à leurs cris, Dieu demanda à Moïse de réaliser la représentation d’un serpent et de la placer en haut d’un poteau, au milieu du camp. Ceux qui portaient leur regard sur ce symbole de mort vivaient. C’était réellement une expérience extraordinaire. Tout le système cérémonial qui servait généralement à s’approcher de Dieu était éludé. Aucun prêtre n’était chargé d’écouter des confessions et personne ne devait se présenter à la porte du Tabernacle avec un sacrifice. En fait, une personne pénitente n’avait pas besoin d’élever ses mains, ni de lever le petit doigt ; la seule chose qui était nécessaire était d’accepter l’offre de la grâce de Dieu en regardant le serpent d’airain. Aucune illustration plus forte de vraie foi en Dieu ne pourrait se trouver ailleurs dans la Bible. À votre avis, pourquoi Nicodème devait-il comprendre le sens de ce récit ? Il est plus que probable que la narration s’arrête à ce momentlà et soit ensuite suivie du commentaire de Jean. Quoi qu’il en soit, les versets 16 à 18 du chapitre trois résument les conditions qui permettent de connaître la vie du Christ. Comment la définiriez-vous ? 30
Les autorités religieuses
Le choix est clair. Il s’agit de la Loi ou de la Grâce, de la connaissance ou de la foi, de la croyance dans les signes ou d’un engagement envers une Personne – Jésus-Christ. En fin de compte, nous devons choisir l’un ou l’autre. Bien que Jésus ne mette aucune pression sur Nicodème quant à sa décision, inévitablement ce sera soit l’amour de la lumière, soit l’amour des ténèbres qui prévaudra.
LA RÉP ON S E La Bible ne dit pas si Nicodème s’est mis à suivre Jésus ou pas. Quel est votre avis sur la question ? Peut-être pendant un temps essaie-t-il d’être loyal, envers Jésus et envers le Sanhédrin, mais au fur et à mesure que le fossé entre les deux partis s’élargit, il devient de plus en plus difficile de rester neutre. Plus tard, nous le voyons en compagnie des dirigeants, alors qu’ils cherchent à arrêter Jésus. Se souvenant de sa visite secrète, Nicodème rappelle à ses confrères : « Notre loi condamne-t-elle un homme avant qu’on l’entende et qu’on sache ce qu’il a fait ? » (Jean 7 : 51). Immédiatement, cette remarque lui attire la raillerie de son entourage, ce qui nous suggère qu’il a maintenant plus de courage pour se tenir du côté de Jésus, que lors de sa première rencontre. Nous voyons Nicodème pour la dernière fois lors de la mort de Jésus (Jean 19 : 39-40). Joseph d’Arimathée et lui descendent de la croix le corps meurtri, l’enveloppent avec soin dans un linge, lui appliquent les aromates, et le transportent dans la tombe. Les apôtres disparaissent de la scène, mais Nicodème ne craint pas de révéler sa loyauté envers Jésus. Son action lui a sans doute valu les huées méprisantes de ses anciens confrères. De plus, comme il avait touché un corps mort, il était devenu impur et ne pouvait donc pas participer à la fête de Pâque. La rupture avec l’ancienne tradition est consommée. Jésus avait parlé d’un Dieu qui a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils pour le faire mourir à notre place. Aussi, de même que pour les Israélites qui regardaient le serpent d’airain qui avait été élevé, celui qui croit en lui ne périra pas. Alors que 31
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Nicodème porte le corps inanimé du Christ, ces mots lui sont sûrement venus à l’esprit. S’il ne les avait pas compris alors, il les expérimente certainement maintenant.
- Comparaisons Le jeune homme riche est un autre homme à la réputation morale excellente qui cherche le Maître. Lisez les trois récits dans Marc 10 : 17-31, Matthieu 19 : 16-30 et Luc 18 : 18-30. Ce citoyen distingué accourt vers Jésus qui s’apprêtait à se rendre en Pérée, suite à l’accueil chaleureux qu’il y avait reçu. S’agenouillant devant lui, le jeune homme lui demande : « Bon maître, que doisje faire pour hériter la vie éternelle ? » Toutes ses réussites n’ont pas satisfait la soif profonde de son âme. Il sent que la vraie vie lui fait défaut. Dans quel sens sa question reflète-t-elle une mauvaise compréhension du rôle de la grâce divine dans le salut ? Jésus répond en lui demandant pourquoi il l’a appelé bon, puis donne la raison de cette question : « Personne n’est bon, si ce n’est Dieu seul. » Remarquant sa connaissance de la Loi, Jésus lui résume quelques commandements qui se rapportent à un caractère juste. Quel effet croyez-vous que cela ait pu avoir sur le jeune homme ? Lorsque celui-ci déclare qu’il a toujours observé la Loi, Jésus ne met pas en doute sa moralité, mais attire son attention sur une chose qui, dans son cas, lui manquait : aimer Dieu plus que les richesses. À votre avis, pourquoi le Seigneur a-t-il été aussi direct pour désigner son problème ? Le jeune homme riche ne semble pas décidé à rectifier cet état de choses. Alors que, tout triste, il s’en va, Jésus profite de l’occasion pour enseigner encore une fois à ses disciples ce qu’il en coûte de le suivre. Quel est l’avantage des leçons qui découlent de circonstances fortuites ? Pour une confrontation différente avec un expert religieux, lisez Marc 12 : 28-34 et Matthieu 22 : 34-40. Ici, il est question d’un Pharisien, spécialiste de la Loi, qui demande à Jésus quel 32
Les autorités religieuses
est le commandement le plus important. Jésus répond par les Écritures, et le scribe reconnaît la justesse de sa réponse. Pourquoi ? Remarquant la compréhension du docteur de la Loi, Jésus lui déclare qu’il n’est pas loin du Royaume de Dieu. L’homme savait vraisemblablement quoi faire, cependant rien n’est dit à propos de son éventuelle décision. À votre avis, pourquoi Jésus ne va-t-il pas plus loin ?
- Observations 1. La respectabilité morale peut souvent produire un sentiment de propre justice. Sans avoir subi une transformation personnelle du cœur, les gens très religieux adhèrent généralement à un code moral très élevé. Mais leur désir de sainteté ne vise qu’eux-mêmes et n’est pas centré sur Dieu. Ils ont une conviction toute suffisante de leur supériorité, tout en passant totalement à côté de la portée et des conséquences réelles du péché et de la signification de la grâce. Pour eux, le salut est le résultat de bonnes œuvres ou de loyauté envers l’Église. 2. Les gens élevés dans la religion, bien qu’imprégnés de tradition, sont toutefois curieux des manifestations provenant d’une puissance miraculeuse. Mais dans le seul but de se documenter sur l’engouement qu’elles peuvent susciter dans la société. Des phénomènes qui touchent un grand nombre de personnes pourraient les intéresser davantage. Mais pour éveiller efficacement l’attention de ces personnes, il faut les mettre en présence d’un véritable mouvement conduit par la puissance surnaturelle de Dieu, ce que nous appelons un réveil. 3. Ces gens sont aussi impressionnés par la réalité de la vie spirituelle. Lorsqu’ils en voient des évidences, ils deviennent curieux et avides de comprendre. Lorsque vous parlez avec eux, soulignez donc les bénédictions 33
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d’une nouvelle naissance, comme celle d’appartenir à la famille de Dieu, l’assurance des péchés pardonnés, la joie abondante et la paix intérieure, ainsi que la certitude de la vie éternelle. Ces choses constituent des qualités de vie chrétienne que la seule conformité à une loi morale ne pourra jamais produire. 4. Un témoignage personnel suscite l’intérêt. Les chrétiens de nom qui n’ont pas l’expérience de la vie avec Dieu sont consternés quand ils sont confrontés au témoignage poignant de la puissance transformatrice du Christ. Quand les choses se manifestent en toute beauté et de façon surprenante, alors nous parvenons à captiver l’attention. 5. Les références aux Écritures impressionnent ceux qui en respectent l’autorité. Les personnes religieuses sont généralement loyales envers la Parole écrite et ont souvent connaissance des vérités bibliques. Cela peut être exploité avec succès. 6. Il ne sert à rien de remettre en cause l’intégrité morale de notre interlocuteur et ses critères de conduite. Si cette question était soulevée, il serait plus raisonnable d’approuver sa conduite en fonction des règles admises dans la société. 7. La question qui se pose est la suivante : à qui se comparer ? Jésus-Christ est l’accomplissement de la Loi, et sa vie est notre seul modèle de comparaison. C’est d’ailleurs pour cela que nous sommes tous sous la condamnation de Dieu. Hommes et femmes doivent s’évaluer selon ce critère. Quelle que soit l’approche, le principe de l’évangélisation est de ne plus regarder à nous-mêmes mais à Jésus. 8. Christ a été attaché à la Croix, et nous devons prendre conscience de la raison de sa mort. Par cela, nous distinguons l’insuffisance de tout effort humain en vue de 34
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gagner la faveur divine. La Rédemption par la foi dans le sang de Jésus-Christ constitue notre seul espoir. 9. Pour avancer dans la foi, il faut commencer par obéir aux vérités que l’on a déjà comprises au préalable. Ce que nous savons que Dieu nous demande d’accomplir, nous devons l’accomplir. La foi s’exprime par un engagement actif. Ce point constitue la différence entre ceux qui aiment le bien et ceux qui aiment le mal.
- Exercices personnels Les propres justes, persuadés de leur propre valeur, ont tendance à se comparer à des personnes aux critères moraux inférieurs aux leurs. Lorsque vous témoignez auprès d’une de ces personnes, comment pouvez-vous lui montrer que notre seul modèle de comparaison est Jésus-Christ, ce qui nous place alors tous sous la condamnation ? Si vous deviez expliquer la raison de la venue du Christ dans le monde, et la nature de la grâce rédemptrice, comment vous y prendriez-vous ? Exprimez-vous avec vos mots, mais quelle que soit votre méthode, démontrez l’amour de Dieu pour une humanité déchue. Alors même que nous étions sous le jugement de la mort, Jésus s’est offert pour nos péchés et est ressuscité, triomphant, d’entre les morts. À présent, tous ceux qui se repentent et croient en lui ne périront pas mais auront la vie éternelle. Tout cela est grâce, il n’y a rien de mérité par une quelconque distinction morale, rien de gagné par des bonnes œuvres, c’est un simple don de Dieu. Si vous avez besoin d’aide pour penser à un plan du salut, il existe de nombreux et excellents traités présentant l’Évangile que vous pouvez consulter (« Quatre choses que vous devez savoir », « Êtes-vous prêt ? »…). Pour être vous-même au clair, rédigez votre propre témoignage. Soyez bref. Racontez simplement ce que vous étiez avant que le Christ soit une réalité pour vous, comment vous l’avez rencontré, et ce qui est arrivé depuis. Présentez-le de manière précise et intéressante. Comme suggestion, vous pouvez com35
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mencer par la question : « Puis-je vous raconter comment ma vie a été changée ? » Lorsque vous terminez, posez la question : « Avez-vous déjà connu, de manière personnelle, un changement comme celui-là ? »
- Réunion de groupe Par cercles de quatre personnes, que chacun lise son témoignage. Réagissez-y ensuite de manière honnête, comme cela se présentera. Votre témoignage donne-t-il une idée claire du besoin, de l’offre, et des conditions nécessaires pour recevoir Jésus-Christ comme Sauveur personnel ? La présentation est-elle attirante ? Si elle ne l’est pas, que le groupe propose des améliorations en vue d’une meilleure expression. Pendant ce temps de partage, équilibrez les points positifs et les points négatifs. N’oubliez pas de faire remarquer, pour chaque personne prenant part au partage, ce qui a retenu votre attention dans sa foi. Pour terminer la rencontre, louez Dieu pour ce qu’il a accompli.
- Application Partagez votre témoignage auprès de quelques personnes de votre entourage qui ne sont pas convaincues au sujet de la nouvelle vie en Jésus-Christ. N’essayez pas de les forcer à prendre une décision. Racontez-leur simplement les grandes choses que le Seigneur a faites pour vous et soyez attentif aux opportunités d’en dire plus, ainsi qu’aux questions posées.
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Chapitre trois
Les femmes pécheresses Jean 4 : 1-42
L’épisode de la femme samaritaine constitue la plus longue narration d’évangélisation personnelle des Évangiles. Du fait qu’aucun des disciples n’y était présent, la conversation a dû être rapportée soit par la femme en question, soit par Jésus, mais de toute manière le récit nous est parvenu sous la direction de l’Esprit et constitue un exemple parfait de la méthode du Maître. Veuillez lire Jean 4 : 1-42. Lisez le passage une seconde fois, vous ménageant des pauses après chaque verset afin de vous permettre de les méditer.
LA SC È NE Après la Pâque, Jésus rentre en Galilée. À cause de l’hostilité croissante qu’il rencontre de la part des dirigeants de Jérusalem, il lui semble sage de retourner dans des régions où l’atmosphère lui est plus favorable. Étrangement, il s’y rend en passant par la Samarie. Aucun Juif digne de ce nom n’aurait voulu avoir affaire avec les Samaritains. Ils constituaient une race métissée, produite par l’union des Israélites rebelles et des non-Juifs, suite à la conquête du royaume du Nord par l’Assyrie. Méprisés par la race « pure » 37
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des fils d’Abraham, les Samaritains, au travers de siècles d’antagonisme et d’hostilité, développèrent une haine semblable envers leurs voisins (comparez avec Luc 9 : 51-56). Cette inimitié entre eux était si forte, que les Juifs voyageant entre Juda et la Galilée tentaient d’éviter tout contact avec les Samaritains, traversant le Jourdain à la frontière pour cheminer le long de la rive est, jusqu’au-delà de la Samarie. Jésus, pour différentes raisons, avait lui aussi déjà suivi cette route, mais ici, il prend le chemin de retour le plus direct. Arrivant au village de Sychar, situé à plus ou moins quarante kilomètres de Jérusalem, nos voyageurs fatigués cherchent un endroit où prendre le repas. Il est midi, et ils ont faim. Pendant que les disciples sont en ville pour y acheter de la nourriture, Jésus se repose, assis sur le rebord du puits de Jacob.
LA F E MME Une femme sort du village pour aller remplir d’eau sa jarre. Qu’elle ait choisi cette heure est étrange. Puiser de l’eau est une tâche dont les femmes s’acquittent dans la fraîcheur du matin, ou tard dans la soirée. Une femme raisonnable ne s’éloignerait pas de plus d’un demi-kilomètre de la ville, en portant un lourd récipient rempli d’eau pendant les heures les plus chaudes. De plus, à ce moment de la journée, elle n’a pas l’occasion de rencontrer les autres femmes du village qui aiment s’attarder près du puits pendant que d’autres remplissent leurs cruches. Essaie-t-elle d’éviter leur compagnie ? Elle a ses raisons de se sentir honteuse et rejetée en présence de femmes plus respectables qu’elle. C’est une prostituée. Ses écarts moraux sont connus de tous dans la bourgade. Les gens convenables ne s’associent pas avec ceux de son espèce. La vue d’un homme près du puits, dont les traits et les vêtements diffèrent de ceux des Samaritains, fut sans doute une surprise pour elle. Jésus ressemble à un Juif, peut-être même à un rabbin. 38
Les femmes pécheresses
Se voilant le visage, elle se dirige promptement du côté du puits opposé à Jésus. Heureusement, la margelle est assez large pour laisser suffisamment de place à chacun. Sans lever les yeux, elle attache maladroitement la corde à l’anse du récipient. La jarre disparaît dans l’eau, laissant entendre le plouf caractéristique. Ensuite, elle remonte sa cruche débordant d’une eau fraîche.
L’APPRO C H E « Donne-moi à boire. » D’une phrase Jésus brise la glace. C’était une façon toute naturelle d’entamer la conversation ! Il a soif, et la femme a de l’eau. S’il n’avait pas parlé le premier, la femme ne lui aurait sans doute rien dit à cause de sa gêne, mais en se plaçant en situation de demande par rapport à elle, Jésus lui permet de se sentir importante – il a véritablement besoin d’elle. Pourquoi croyez-vous que Jésus ne lui dise rien à propos de la nouvelle naissance ? La femme est déconcertée par le fait qu’un homme, un Juif, vienne lui demander cette faveur. Profitant de l’occasion pour expliquer sa mission, il parle à la femme, s’aidant de la situation qui se présente à cet instant, de l’eau vive qu’il peut lui donner à boire. Comment Jésus s’y prend-il pour rendre son offre attrayante ? Incapable de comprendre la signification spirituelle de l’eau vive, la femme pose une question qui reflète sa confusion et qui aurait pu la mener à des discussions inutiles quant à l’origine du puits, mais Jésus ne se laisse pas écarter de son objectif. Revenant à son don de l’eau éternelle, il compare celle-ci à l’eau de ce monde qui ne peut pas étancher la soif de manière permanente. « Toute personne qui boit de cette eau-ci aura encore soif » (le temps du verbe suggère une soif éternelle, s’étendant même jusque dans l’éternité ou l’enfer). « En revanche, celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle ». Comment cette présentation optimiste vous aurait-elle impressionné ? 39
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FAC E AUX PROB L È ME S Peu importe ce dont Jésus parle, la femme en veut. « Seigneur, donne-moi cette eau », lui dit-elle, mais comme souvent dans de tels cas, son désir n’est que superficiel. Elle s’imagine qu’elle va avoir la chance de ne plus devoir porter sa jarre pleine d’eau. Brisant ses faux espoirs, Jésus demande à la femme de lui amener son mari. Il n’y a rien d’anormal à cette demande puisqu’il était malséant pour une femme de recevoir une instruction religieuse sans qu’elle soit consentie par le chef de la maison. Dans ce cas-ci, cette requête la place devant le tragique échec de sa vie. Tôt ou tard, chacun doit faire face à son péché. Jésus n’entre pas dans des détails sordides, mais il en dit assez pour éveiller sa conscience coupable. Comme il agit avec tact ! Se sachant découverte, la femme présente sa propre confession. Elle est honnête et Jésus le remarque. En même temps, il lui fait savoir qu’il connaît sa situation. S’apercevant que Jésus est un prophète, la femme commence à lui parler des différents lieux d’adorations des Samaritains et des Juifs. Ses pères croyaient que le mont Garizim était le lieu choisi, alors que les Juifs proclamaient que le lieu d’adoration était le mont Sion. Cette question avait été disputée depuis des siècles et animait des controverses chaque fois qu’elle était soulevée. La raison pour laquelle la Samaritaine évoque cette question n’est pas claire. Peut-être trouvait-elle que la conversation devenait un peu trop personnelle, et de cette façon, voulait-elle éluder ce sujet brûlant. Ou alors était-elle sincèrement perturbée par cette discussion. Dans tous les cas, Jésus ne s’est pas laissé distraire. Bien au fait du fond du problème de cette femme, il le traite avec le souci de l’amener sur le terrain de sa relation personnelle avec Dieu. Quel est le principal appel qui vous touche dans cette clarification de la véritable adoration ? Malgré la pertinence de Jésus, la femme évite d’assumer sa propre responsabilité sous prétexte que le Messie promis doit venir et qu’il éclaircira toutes choses. Il arrive un moment où la connaissance doit laisser place à la foi. Abandonnant toute spécu40
Les femmes pécheresses
lation, Jésus va droit au but en déclarant sans équivoque qu’il est le Christ. Il est maintenant question d’accepter ou de refuser sa Parole dans sa totalité. À votre avis, pourquoi Jésus a-t-il attendu jusqu’à ce moment pour se révéler à la Samaritaine ?
LA RÉP ON S E Alors que Jésus est en conversation avec la femme, les disciples, chargés de provisions, s’en reviennent de Sychar – sans avoir pour cela sympathisé avec les Samaritains. Ils étaient étonnés de voir leur maître parler avec une femme. Apparemment, il ne leur est jamais arrivé de partager l’Évangile tout en faisant des achats en ville. La femme ne peut pas contenir son secret. Elle a rencontré le Sauveur, elle a commencé à boire, puisant en lui cette eau vivifiante qui étanche à jamais la soif de l’âme. Abandonnant sa cruche d’eau au puits, elle court vers le village pour exprimer sa joie. Jésus ne devait jamais recevoir d’eau de sa part. Le témoignage de cette femme, au village, provoque une incroyable curiosité parmi la population. En leur disant que Jésus lui a dit tout ce qu’elle « a fait », elle affirme que sa vie de péché est passée ; elle est une nouvelle créature. Maintenant, un nouvel amour brille en elle – un amour qui attire les hommes non à elle-même mais à son Sauveur. Ceux qui entendent son histoire ne peuvent pas refréner leur désir de rencontrer Jésus. Pendant ce temps, les disciples pressent Jésus de manger. Cela constitue une excellente occasion pour lui de leur faire part de sa mission dans le monde. Comment change-t-il le centre d’intérêt pour répondre à leur question ? Alors qu’il est en train de parler, des hommes venant de la ville s’approchent, marchant à travers les champs de blé qui mûrissent. Jésus invite ses disciples à réfléchir à la moisson. Elle est prête à être récoltée. Il ne fait pas référence au blé qui nécessite encore plusieurs mois de maturation ; la récolte est dans le cœur des hommes qui veulent entendre pour eux-mêmes la Parole de vie. Il est certain que les disciples n’oublieront pas cette expérience de sitôt. Comment Jésus l’applique-t-il à leurs propres tâches ? 41
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- Comparaisons Un autre passage où l’on rencontre Jésus ayant affaire à une femme rattrapée par son péché se trouve en Jean 8 : 1-114. Lisez le récit et essayez d’imaginer cette scène. L’incident prend place dans la cour du temple pendant que Jésus enseigne un groupe de personnes assemblées autour de lui. Quelques scribes et quelques Pharisiens se frayent un passage à travers la foule et font soudain irruption devant Jésus, jetant à ses pieds une femme prise en flagrant délit d’adultère. Ils veulent savoir ce que Jésus préconisera comme punition. Selon la loi de Moïse, elle devrait être lapidée, mais les Romains avaient interdit aux Juifs le droit d’appliquer la peine de mort. Ses accusateurs impitoyables voient dans cette situation une occasion d’accuser Jésus d’infidélité, soit au code moral d’Israël, soit aux règles de l’État. Mais Jésus ne se laisse pas prendre au piège. S’accroupissant, il écrit avec le doigt sur le sable. Ce qu’il écrit attire l’attention des gens, tandis qu’ils accordent moins d’intérêt à la femme. Jésus se relève alors et déclare : « Que celui d’entre vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. » À nouveau, il se penche et écrit sur le sol. Quel effet pensez-vous que cela ait eu sur la foule ? Aucun ne désire déclarer publiquement qu’il est totalement sans péché. Condamnés par leur conscience, un par un les hommes s’éloignent. Après que tous sont partis, Jésus se tourne vers la femme coupable et lui demande où sont ses accusateurs. Comment cet acte de Jésus lui fait-il prendre conscience de sa dignité en tant que femme et lui fait-il sentir qu’elle n’est pas condamnée par les hommes ? Elle est à n’en pas douter profondément reconnaissante. En appelant Jésus « Seigneur », la femme affirme qu’elle est libre. Son Sauveur acquiesce, et l’autorise à partir, mais en lui disant : « désormais, ne pèche plus ». Comment pouvez-vous appliquer cela à votre présentation du salut, et surtout à votre manière d’aborder le thème du péché ? 42
Les femmes pécheresses
Pour un autre aperçu de la compassion du Christ pour une femme égarée, lisez la référence à Marie Madeleine en Luc 8 : 1-3 (comparez avec Marc 15 : 40-41). Peu de choses nous sont rapportées sur sa vie, excepté qu’elle avait été délivrée de sept démons. Nous savons aussi que par reconnaissance elle servait Jésus et ses disciples. Tout au long du ministère du Christ, on peut noter d’autres femmes qui lui ont été associées. Elle n’était donc pas seule pour affronter le monde, et on ne lui a pas refusé une tâche de service dans l’Église. Quel principe cela souligne-t-il dans le travail de suite ?
- Observations 1. Les races et les différentes cultures ne doivent pas constituer des barrières à l’Évangile. Jésus est « le Sauveur du monde ». En conséquence, nous ne devrions pas laisser les obstacles artificiels entraver l’évangélisation. 2. Il y a des précautions évidentes à prendre lorsqu’on s’adresse à une personne du sexe opposé. Jésus n’a manifesté aucun embarras quand il parlait avec des femmes, mais il n’était jamais trop familier non plus. Lorsqu’il était seul avec elles, ce qui était exceptionnel, les circonstances ne donnaient jamais l’occasion au commérage des mauvaises langues. 3. Nous ne devrions jamais hésiter à reconnaître notre besoin d’aide, même si c’est seulement pour un verre d’eau. Lorsque nous montrons nos faiblesses physiques, nous permettons aux autres de s’identifier à nous. 4. Nous pouvons être assurés d’attirer l’attention de quelqu’un lorsque le point de départ de notre conversation l’intéresse. Les explications peuvent ensuite glisser vers le véritable centre d’intérêt. 43
Partager sa foi comme Jésus
5. Les choses les plus simples de la vie quotidienne peuvent devenir des sujets de leçons spirituelles, rendant la vérité théologique plus facile à comprendre. Le pêcheur d’âmes qui est sage essaiera d’incorporer des expériences de la vie de tous les jours dans sa présentation de l’Évangile. 6. Écouter les gens nous fait gagner leur gratitude et leur bonne disposition. C’est aussi une bonne manière d’apprendre ce qui les préoccupe. C’est un des grands secrets de la relation d’aide et de l’amitié. 7. Remarquer les qualités de l’autre, comme l’honnêteté ou la générosité, et montrer que nous les apprécions est un atout dans le témoignage. D’ailleurs si nous prenons la peine de regarder autour de nous, nous trouverons des qualités louables chez tous ceux que nous rencontrons. 8. Dans vos échanges, il est bon d’anticiper les réponses et de prévoir assez tôt comment répondre. Quoi que la personne dise, nous devrions être prêts à poursuivre sur le même thème. 9. Les sujets marginaux devraient être évités. Mais lorsqu’ils apparaissent dans une conversation, ils peuvent être relevés, sans pour cela qu’on s’y attarde outre mesure. Aussi vite que possible, nous devrions revenir au sujet principal. 10. Une personne passionnée pour Jésus est la meilleure publicité pour l’Évangile. Notre vie peut être un mystère qui suscite l’admiration. Même le sceptique est réduit au silence devant la démonstration vivante de la grâce transformatrice de Dieu.
- Exercices personnels Tout en vous souvenant comment Jésus s’adressa à la femme samaritaine, considérez quelques moyens par lesquels vous pourriez aujourd’hui parler seul à seul avec un pécheur. Par exemple, vous pourriez commencer en demandant : « Est-ce que tu es croyant ? » 44
Les femmes pécheresses
Ensuite, pensez à un bon moyen de continuer au départ de cette question. Dites-le avec vos mots – des mots reflétant votre personnalité et avec lesquels vous êtes à l’aise. Pourquoi ne pas noter vos idées ? Commencez par quelque chose qui éveille la curiosité, comme Jésus lorsqu’il parla de l’eau qui étanche éternellement la soif. Essayez un sujet qui s’adresse au besoin spirituel, employant la technique de la comparaison pour faire ressortir les différences entre la vie que le Christ donne et celle que le monde offre. Qu’est-ce qui peut constituer un appel à la conscience, et se rapporter à la question du péché ? Pouvez-vous penser aux approbations que vous donneriez à quelqu’un, en même temps que vous clarifieriez sa situation ? Entraînez-vous également à donner vie à la conversation en disant par exemple : « Oui, ce que tu dis est vrai, mais...» Enfin, formulez dans votre esprit un appel à la foi, en proposant à votre interlocuteur de s’engager.
- Réunion de groupe Formez des groupes de quatre. Discutez des différentes approches auxquelles vous auriez pensé. Que chacun participe. Formez ensuite des équipes de deux, et élaborez une mise en scène. Chacun à son tour « jouera » le rôle du chrétien qui témoigne. Ensemble, vous pourrez ensuite développer une méthode qui réunit les points forts de chacun. En vous remémorant toutes ces occasions, vous vous êtes souvenus de beaucoup de bénédictions que Dieu vous a accordées. Saisissez cette occasion pour conclure la rencontre en élevant vos cœurs en louange à notre merveilleux Sauveur.
- Application Aidez une personne du sexe opposé qui semble être écrasée par l’échec. Sans familiarité inappropriée, démontrez votre amour d’une façon qui reflète clairement l’Évangile du Christ. Essayez de mettre cette personne en contact avec quelqu’un du même sexe et du même âge qui continuera à s’occuper d’elle. 45
« Le livre de Robert Coleman a bouleversé ma vie. Il a changé mes paradigmes de l’évangélisation. » — Franck Segonne, Pasteur à Dijon, formateur et évangéliste
Lorsqu'il s'agit d'apporter la Bonne Nouvelle autour de nous, le meilleur exemple que nous puissions suivre est celui de Jésus lui-même. Notre Seigneur a abordé chaque personne qu'il rencontrait avec sensibilité et discernement, conscient des besoins précis de chacun. Ce livre examine douze rencontres de Jésus, analysant la situation, les personnes impliquées, la méthode de notre Seigneur et la réponse qu'il suscite. Il donne ensuite des pistes de réflexion et d'action qui conviendront à l'étude personnelle ou en groupe. Plutôt que d'énoncer des principes rigides ou un programme mécanique, l'auteur nous présente une Personne qui peut devenir notre modèle dans l'évangélisation. Apprenons de lui comment apporter le message libérateur de l'Evangile. Robert Coleman a longtemps été le directeur de l’Institut d’évangélisation du Centre Billy Graham à Wheaton College. Il est l’auteur du best-seller Évangéliser selon le maître, vendu à plus de 4 millions d’exemplaires dans le monde.
11,90 € ISBN 978-2-36249-451-2
publié au Canada par
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494512
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Robert Coleman
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