Radicalement ordinaire • Auteur volontairement anonyme

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AUT E U R V OL ONTA I R E M E NT A NONYM E

Vivre et mourir sans que l’humanité ne vous remarque ? Quelle profonde injustice !

Soyons honnêtes : nous brûlons d’envie de devenir quelqu’un. La preuve : nous dépensons toute notre énergie pour réussir, être admirés et laisser notre empreinte quelque part dans ce monde – n’importe où ! Le pire, c’est que nous tentons de masquer cela par des ambitions soi-disant spirituelles. Malheureusement, la plupart des chrétiens sont tombés dans le piège. Et nous sommes nombreux à ne pas nous en rendre compte.

UN AP PEL PRESSA NT À C U LT I V E R LA J O IE DE L’HU M I L I T É Ce livre est un appel à suivre les traces de notre humble roi, à abandonner la vision humaine du succès et commencer à vivre de manière radicalement ordinaire. Je ne pouvais pas aborder ce sujet et, en même temps, me mettre en valeur. J’ai donc choisi de rester dans l’anonymat. Êtes-vous prêts, vous aussi, à relever ce défi ? 14,90 €

publié au Canada par

ISBN BLF 978-2-36249-383-6

ISBN JPC 978-2-905253-29-3

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radicalement Ordinaire

Ordinaire

AUTEUR VOLONTAIREMENT ANONYME

radicalement

radicalement Ordinaire

U N AP PE L PR E S S ANT À CULT IV E R LA J O IE DE L’H UMILIT É



radicalement Ordinaire AU TE UR V O L O N TA IR E M E N T A NON Y ME



radicalement Ordinaire AUTEUR VOLONTAIREMENT ANONYME


Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : Embracing obscurity : Becoming nothing in light of God’s everything Anonymous © 2012 • B&H Publishing Group One LifeWay Plaza • Nashville, TN 37234 • États-Unis Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés. Édition en langue française : Radicalement ordinaire : Un appel pressant à cultiver la joie de l’humilité Auteur volontairement anonyme © 2017 • BLF Éditions • www.blfeditions.com Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés. Une coédition BLF Éditions et JPC Traduction : Anne Worms Couverture : Sophie Rantoanina Mise en page : BLF Éditions Impression n° XXXXX • Sepec • Rue de Prony • 01960 Péronnas • France Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version Segond 21 Copyright © 2007 Société biblique de Genève. Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Les caractères italiques sont ajoutés par l'auteur du présent ouvrage. Les autres versions sont indiquées en toutes lettres sauf la Bible Parole de vie (PDV) et la Nouvelle Bible Segond (NBS). Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Coédition BLF ISBN 978-2-36249-383-6 ISBN 978-2-36249-384-3

broché numérique

Coédition JPC ISBN 978-2-905253-29-3

broché

Dépôt légal 2e trimestre 2017 Index Dewey (CDD) : 248.84 Mots-clés : 1. Guide de vie chrétienne. 2. Vertu chrétienne. Humilité.


TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION

Pourquoi choisir l’obscurité ?....................................................9 CHAPITRE UN

Un sur un milliard..................................................................... 13 CHAPITRE DEUX

Choisir ce qui nous définit...................................................... 23 CHAPITRE TROIS

Choisir l’humble roi................................................................... 41 CHAPITRE QUATRE

Choisir la vraie valeur............................................................... 57 CHAPITRE CINQ

Choisir le vrai succès................................................................ 73 CHAPITRE SIX

Choisir de servir........................................................................ 91 CHAPITRE SEPT

Choisir la souffrance..............................................................105 CHAPITRE HUIT

Choisir le mystère...................................................................121 CHAPITRE NEUF

Choisir les projecteurs...........................................................141 CHAPITRE DIX

Choisir l’espérance..................................................................157 Notes..........................................................................................167



À mon humble roi, lui qui a toujours enseigné par son exemple. Et à tous ceux qui, comme moi, en ont assez de toujours rechercher le regard des autres.



Introduction

POURQUOI CHOISIR L’OBSCURITÉ ? Quel est le lien entre vous, moi, un étudiant, un musicien, une mère au foyer, un ouvrier au chômage, un pasteur et un entrepreneur brillant ? C’est simple : nous sommes tous ivres. Pour notre défense, cette épidémie est tellement répandue que la plupart d’entre nous ne savons même pas que nous sommes sous son emprise. Nous sommes confus, aveuglés et errants comme des marins à l’aube. Mais encore une fois, nous sommes tous dans le même bateau, alors pourquoi s’en inquiéter ? Et pourtant, ce poison insoupçonné qui touche tant d’entre nous est tout à la fois en train de nous abrutir, de détourner notre attention du royaume et de discréditer l’Évangile du Christ. Oui, nous sommes bel et bien ivres morts. Ivres de ce désir d’être connus, reconnus, appréciés et respectés. Nous avons soif d’être « quelqu’un » et d’accomplir de grandes choses, de réaliser nos rêves et de gagner l’admiration des autres. Devenir quelqu’un – n’importe qui – pourvu qu’on ne soit pas rien. Que vous soyez athlète, commercial, missionnaire ou fonctionnaire, n’avez-vous jamais ressenti ce besoin insatiable de célébrité ? 9


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D’après vous, d’où cela vient-il ? Nous vivons dans une culture qui accorde une valeur aux êtres humains en fonction de leur niveau de notoriété. Et à présent, les Églises semblent suivre le mouvement. C’est un problème vraiment sérieux. Sérieux à cause de son origine. C’est exactement le genre de tromperie que Satan – le père du mensonge – fabrique et répand le mieux. Un mensonge pas vraiment choquant, facile à justifier, à spiritualiser ou à expliquer. Pourtant ce mensonge est aussi meurtrier que ces « gros péchés » que nous n’oserions même pas évoquer. Nous en sommes tous plus ou moins conscients. Nous devinons bien l’ampleur de ce problème même si nous ne percevons peutêtre que la pointe de l’iceberg. Mais nous ne savons que faire, alors même que notre dépendance nous éloigne de notre Créateur et de sa mission pour nos vies. Un problème évident se présente d’emblée : comment pourraiton aborder ce sujet sans se mettre aussi soi-même en avant ? Qui voudra écouter une personne parler de notre besoin d’humilité, quand cette même personne pose pour des photos, cherche à étendre son réseau, organise des conférences et des séances de dédicace pour son dernier livre ? Et même si quelqu’un réussissait à quitter la lumière des projecteurs, qui aurait envie de « perdre » autant de temps et d’énergie pour défendre un message avec si peu de notoriété à la clé ? Ça serait pousser le concept un peu loin, non ? Pour être honnête, c’est exactement ce que je vivais. Je percevais bien le problème, mais je ne voyais pas du tout comment y répondre sans gagner l’Oscar du plus grand hypocrite du monde. Alors, comme tant d’autres, j’ai simplement choisi d’ignorer le sujet (et de refuser d’en reconnaître les conséquences dans ma vie). J’ai décidé de mettre de côté ce message. Mais, un peu comme avec Jonas, Dieu ne m’a pas laissé le mettre de côté. Mon choix de rester anonyme n’est pas une stratégie ou une astuce pour essayer de vendre plus de livres. Croyez-moi, ce message a anéanti toutes mes ambitions de carrière ! Je n’aurais jamais pensé écrire un jour un tel livre : il est venu de Dieu et lui a été dédié en retour. Pourtant, je suis certain que quelques sceptiques 10


P ourquoi choisir l ’ obscurité  ?

se demanderont si tout cela n’est pas un énorme canular. D’autres s’étonneront de ce que je reste anonyme tout en utilisant des pronoms personnels, ma propre histoire et mes expériences1. Tout ce que je peux répondre à cela, c’est que choisir l'anonymat ne signifie pas disparaître de l’existence. Il s’agit plutôt de se faire volontairement « rien » à la lumière de tout ce que Dieu et ses promesses représentent. Pourquoi ? Pour le glorifier davantage. Parce que c’est lui que nous devons mettre en avant, pas nous-mêmes. Mais ma sincérité sera plus crédible si je vous explique un peu d’où m’est venue l’idée d’écrire Radicalement ordinaire… Tout a commencé un dimanche assez quelconque, alors que j’écoutais l’orateur invité prêcher sur l’humilité du Christ. Il parlait de l’esprit de service par opposition aux actes de service, de nos tentatives dérisoires de « devenir quelqu’un », et d’un Dieu qui avait tout et qui a pourtant choisi de n’être plus rien. L’Esprit faisant son œuvre, j’ai été profondément bouleversé par son message. Si l’un d’entre nous ose suivre notre roi serviteur dans sa souffrance, il doit apprendre à lui faire confiance et à marcher sur ses traces. Je me suis mis à chercher un terme pour englober tout ce qui chamboulait mon univers. Soudain, dans un de ces rares instants de grâce, une idée m’est venue à l’esprit : je devais choisir l’obscurité*. Pendant quelques instants, j’étais satisfait de ma trouvaille. Comme lorsqu’on se rappelle enfin les paroles d’une chanson qu’on a fredonnée toute la journée. C’est alors que les mots ont commencé à prendre tout leur sens. Choisir l’obscurité ? Quelle personne sensée voudrait faire ce choix ? Et quelles en seraient les conséquences pour ma vie ? Je résistais intérieurement mais en vain. Je savais dès cet instant que je devais agir. C’est ainsi que mon voyage a commencé – un voyage parfois éprouvant – au cœur de l’humilité du Christ. Au cours de ce voyage (que je suis bien loin d’avoir terminé), j’ai compris que ce message ne s’adressait pas à moi seulement, mais à tous les disciples de Jésus : le comédien, le politicien, la mère célibataire, le guichetier de banque, le grand PDG. Puis j’ai senti que Dieu m’appelait à L'expression « choisir l'obscurité » est la traduction littérale du titre original : Embracing obscurity (NDÉ). *

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partager ce message, ce qui a provoqué le terrible dilemme mentionné plus haut : comment pouvais-je justifier un comportement aussi hypocrite qui consisterait à écrire un livre sur une vie dans l’obscurité et d’en récolter la gloire ? Et pourtant, Dieu était résolu à ne pas me laisser tranquille. Même si Dieu a dû en quelque sorte me tordre le bras pour que je m’attelle à la tâche, le livre Radicalement ordinaire et l’idée de l’anonymat sont enfin nés. J’ai rencontré toutes sortes de difficultés logistiques liées à l’anonymat, comme le fait de devoir garder le secret auprès de ma propre famille. Mais ma chair s’est elle aussi montrée rebelle : les vieux péchés ont la vie dure. Je me suis surpris à imaginer des scénarios au cours desquels j’étais reconnu pour le travail que représente ce livre : j’étais « accidentellement » démasqué, mon livre faisait partie des best-sellers… J’ai même un jour rêvé avoir été reconnu par un mentor très respecté et honoré sur mon lit de mort. De toute évidence, mon orgueil ne connaît aucune limite. Alors que j’écrivais ce livre, j’ai beaucoup lutté. Et ces luttes m’ont rappelé de façon bouleversante que nous avons tous, moi y compris, grand besoin d’entendre ce message. L’Église (là encore, je m’y inclus) a tellement imité les principes du monde concernant le succès qu’il devient difficile de distinguer les deux. Nous sommes dans une situation d’urgence, mais peu d’entre nous s’en rendent compte. Et à moins de trouver l’antidote rapidement, nous sommes condamnés à vivre et à mourir dans notre aveuglement. C’est l’urgence de ce message qui m’oblige à rédiger ce livre. Dans les chapitres suivants, j’essaierai de me tenir à l’écart pour laisser Jésus faire son œuvre dans votre cœur et votre vie. Au cours de votre lecture et du reste de votre vie, je prie que vous découvriez et que vous vous appropriez la joie incomparable, la liberté et la raison d’être que nous trouvons en choisissant l’obscurité.

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Chapitre un

UN SUR UN MILLIARD Nous sommes devant toi des étrangers et des immigrés, comme tous nos ancêtres. Nos jours sur la terre disparaissent comme l’ombre, sans espoir. 1 C hroniques 29 : 15 L’homme ? Ses jours sont comme l’herbe, il fleurit comme la fleur des champs : lorsqu’un vent souffle sur elle, elle disparaît, et la place qu’elle occupait ne la reconnaît plus. P saumes 103 : 15-16

Sept milliards vingt-cinq millions quatre cent vingt mille trois cent quatre-vingt-dix. C’est l’estimation la plus précise que nous avons de la population mondiale au moment où j’écris ces mots2. Difficile de se sentir important avec ça. Nous avons du mal à imaginer ce que représente un tel chiffre, mais il nous arrive parfois de ressentir notre profonde insignifiance. Essayez donc de vous tenir tout en haut de l’Empire State Building à New York avec plus de huit millions d’habitants vivant juste en dessous. Ou assistez à un match de foot au Stade de France avec quatre-vingt mille personnes qui s’agitent autour de vous. Sillonnez aussi les rues de Monaco où trente-huit mille personnes s’entassent dans environ deux kilomètres carré. Si vous 13


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êtes déjà allé à Disneyland au mois de juin, dans une grande galerie commerciale en décembre, ou que vous avez essayé de faire du shopping le premier jour des soldes, vous savez probablement de quoi je veux parler. Il y a beaucoup de monde sur cette planète ! Vous est-il arrivé de vivre une expérience qui a fait voler en éclat toutes vos convictions quant à votre propre importance ? Pour ma part, cela s’est produit un vendredi après-midi, vers 15 h 30. Je me trouvais sur une autoroute complètement engorgée. Si au moins on avançait petit à petit… mais non ! On ne bougeait pas d’un pouce. Les voitures en sens inverse avançaient doucement (les chanceux !), et comme je n’avais rien d’autre à faire, j’ai commencé à observer tous ces gens au volant de leur voiture, fatigués après une longue journée de travail. Une femme vêtue d’une blouse en soie, visiblement nerveuse, se mettait du rouge à lèvres. Un sosie de James Dean discutait au téléphone dans sa Camaro flambant neuve. Un homme dans la trentaine chantait à tue-tête. Une dame asiatique plus âgée était vêtue de l’uniforme d’un supermarché. Une maman se disputait avec ses enfants. Et les voitures passaient… passaient… et passaient encore. Au bout d’une centaine de voitures, j’ai commencé à me sentir un peu déprimé. Chacune de ces personnes avait une vie, un cercle de connaissances, une famille… Elles avaient toutes une histoire qui racontait leurs aspirations, leurs déceptions et leurs peurs. Pour qui est-ce que je me prenais, à me mettre dans tous mes états à cause des bouchons qui me retardaient pour je ne sais même plus quoi ? Qu’est-ce qui pouvait bien me laisser croire – moi ou qui que ce soit – que mon histoire, ma vie, était en quoi que ce soit différente, unique ou importante ? Avez-vous déjà vécu cela ? Une fraction de seconde durant laquelle l’immensité de l’humanité vous réduit à un insignifiant grain de sable dans l’univers ? Un moment où la foule génère en vous un sentiment de désillusion, et vous vous dites alors : « Je n’ai aucune importance ! ». Si vous n’avez jamais vécu cela, cherchez une bonne occasion. Bien que ce soit une expérience plutôt inconfortable à vivre, il est bon pour notre âme de se sentir parfois insignifiant. 14


U n sur un milliard

Salomon le savait bien. Au premier coup d’œil, son livre de l’Ecclésiaste a de quoi vous filer le bourdon, surtout pour les gens d’un naturel optimiste. Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité. Quel avantage revient-il à l’homme de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ? Une génération s’en va, une autre vient, et la terre subsiste toujours. Le soleil se lève, le soleil se couche ; il soupire après le lieu d’où il se lève de nouveau. Le vent se dirige vers le midi, tourne vers le nord ; puis il tourne encore, et reprend les mêmes circuits. Tous les fleuves vont à la mer, et la mer n’est point remplie ; ils continuent à aller vers le lieu où ils se dirigent. Toutes choses sont en travail au delà de ce qu’on peut dire ; l’oeil ne se rassasie pas de voir, et l’oreille ne se lasse pas d’entendre. Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. S’il est une chose dont on dise : « Vois ceci, c’est nouveau ! », cette chose existait déjà dans les siècles qui nous ont précédés. On ne se souvient pas de ce qui est ancien ; et ce qui arrivera dans la suite ne laissera pas de souvenir chez ceux qui vivront plus tard. Ecclésiaste 1 : 2-11 – Louis Segond

Je vous avais bien dit que c’était déprimant ! Mais attendez, ce n’est pas tout. Si l’existence de plus de sept milliards d’autres êtres humains et la réalité du schéma cyclique de l’histoire n’ont toujours pas réussi à vous convaincre de votre insignifiance, lisez ce qui suit.

Un monde vaste… très vaste Dieu n’a épargné aucun détail en créant des milliards d’espèces qu’aucun être humain ne verra jamais. Les scientifiques ont fait de leur mieux pour nommer, catégoriser, décrire et étudier toutes les bestioles, les champignons, les bactéries et autres organismes en tous genres qui vivent sur et sous terre. Mais ils admettent volontiers qu’il est impossible de tous les compter. Les spécialistes estiment que le nombre d’espèces de champignons pourrait s’élever à 1,5 million ; et même si des dizaines de milliers d’espèces 15


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d’ascarides sont déjà connues, des millions n’ont probablement pas encore été découvertes. La prochaine fois que vous secouerez la terre avec vos gants de jardinage, imaginez les millions de bactéries qui vivent dans un seul gramme de poussière, représentant plusieurs milliers d’espèces3. En bref, une quantité considérable d’organismes vivent et meurent sans jamais s'inquiéter de notre existence. Si cela ne détourne pas votre regard de votre petite personne, alors peutêtre que vous devriez jeter un coup d’œil à l’étendue de l’univers. L’avez-vous fait récemment ? Lorsque Dieu a créé les cieux et la terre, il n’a pas regardé à la dépense. D’ailleurs, l’immensité de ces derniers frôle l’exagération. La terre elle-même est déjà impressionnante, avec son orbite extrêmement précise, son atmosphère parfaitement équilibrée, les lois de la nature et de la physique, ses diverses formes de vie et sa biodiversité complexe. Mais la terre a une taille et une influence négligeables lorsqu’on la compare à la grandeur des cieux. Si notre système solaire était représenté sur une règle de trente centimètres, notre soleil (qui a un diamètre plus de cent fois supérieur à celui de la terre) serait plus petit que le point à la fin de cette phrase. À la même échelle, notre galaxie, la Voie lactée, serait plus grande que l’Océan Pacifique. Mais ce n’est pas tout ! Si nous pouvions nous éloigner encore, nous nous rendrions compte que Dieu a créé une quantité innombrable de galaxies. Innombrable ! Notre propre galaxie contient plus de cent milliards d’étoiles, alors si on multiplie cela à l’infini4… Une telle prise de conscience devrait donner un sens tout nouveau au verset 4 du psaume 147 : « Il compte le nombre des étoiles et leur donne à toutes un nom ». En Ésaïe 40 : 26, il est écrit : « Levez les yeux vers le ciel et regardez ! Qui a créé cela ? C’est celui qui fait sortir les corps célestes en bon ordre. Il les appelle tous par leur nom. Son pouvoir est si grand, sa force si puissante que pas un seul ne manque ». Et pourtant, la Bible dit : « Si tout cela ne représente qu’un aperçu de sa manière de faire, le faible écho qui nous en parvient, qui pourra comprendre le tonnerre de sa puissance ? » (Job 26 : 14). 16


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Alors ? Vous commencez à vous sentir petit ? Si c’est le cas, vous êtes en bonne compagnie. Beaucoup d’hommes et de femmes de foi ont appris à se faire tout petits à la lumière de tout ce qu’est Dieu et de ce qu’il accomplit. Comme le disait Thomas a Kempis : Celui qui veut apprendre à servir doit d’abord apprendre à faire peu de cas de lui-même […] « Bien se connaître soi-même et faire peu de cas de soi est la tâche la plus haute et la plus utile. Ne rien s’attribuer et, en revanche, avoir une bonne opinion des autres, c’est une grande sagesse et une grande perfection5. »

Nous aimons l’idée de « perfection ». Nous pouvons tolérer l’idée d’« avoir une bonne opinion des autres ». Alors pourquoi rejetons-nous « la tâche la plus haute et la plus utile » qui consiste à « faire peu de cas de soi » ?

La nature de l’obscurité Notre problème, et celui de l’humanité tout entière, n’est pas que nous manquions d’assurance comme la société nous le répète encore et toujours. Notre problème est bien plutôt que nous souffrons d’un sens surdéveloppé de notre propre importance. L’idée de n’être qu’un parmi les milliards d’êtres humains à avoir un jour foulé le sol de cette planète nous dérange, que nous en soyons conscients ou non. Nous avons une opinion de nousmêmes tellement haute que le fait de vivre et de mourir en passant inaperçu nous semble terriblement injuste. Pourtant, pour la plupart d’entre nous, c’est à cela que Dieu nous appelle ! N’est-ce pas ? Le dictionnaire définit parfois le terme « obscur » de cette façon : « être relativement inconnu ». Cela résume bien ce que vit l’immense majorité de l’humanité, non ? Même les rares hommes et femmes qui ont laissé leur empreinte dans notre société – un orateur passionné, un athlète adulé, un politicien dynamique, un musicien doué ou un humanitaire dévoué – sont tout de même « relativement inconnus » à l’échelle de la conscience mondiale et surtout à celle de l’histoire. Même nous, les auteurs, ne pouvons 17


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échapper à cette obscurité. À chaque fois que je me balade dans une grande librairie, j’ai envie d’arrêter d’écrire pour de bon. Les mots de Salomon m’obsèdent alors que je regarde fixement cette quantité phénoménale de livres : « On n’en finirait pas, si l’on voulait faire un grand nombre de livres » (Ecclésiaste 12 : 12) ! En fait, si nous prenons un peu de recul, nous comprenons que nous vivons tous dans l’obscurité. Mais nous avons du mal à nous le rappeler dans nos petits cercles d’influence. Il est facile de se dire que nous sommes quelqu’un quand nous sommes connus au sein de notre Église, au travail ou même à l’école de nos enfants. Quand nous possédons un beau portfolio, une quelconque distinction honorifique ou une plaque commémorative à notre nom quelque part dans un petit parc, l’orgueil s’infiltre en nous et nous pousse à vouloir plus : plus de reconnaissance, plus d’admiration, plus d’influence, plus, plus, toujours plus. Peu de gens, moi y compris, ont déjà essayé d’en vouloir moins. L’obscurité peut prendre deux formes : elle peut être imposée (par Dieu) ou choisie (par nous). Je ne sais pas lequel des deux est le plus difficile. Tout ce que je sais, c’est que du point de vue humain et plein d’orgueil, les deux peuvent vraiment nous tracasser. Nous ne voulons pas être une personne lambda dans une foule. Nous ne voulons pas être juste un énième individu qui vit dans un pavillon de banlieue comme tant d’autres un peu partout. Et nous ne voulons surtout pas mourir sans avoir laissé notre empreinte quelque part… n’importe où. Une poignée de gens vraiment « hors du commun » sur cette planète seront immortalisés dans les livres d’histoire, parce qu’ils ont changé le monde. Mais il y a peu de chance que l’un d’eux ait une quelconque raison de lire les mots de votre humble serviteur. Je peux donc me permettre d’ignorer ce groupe pour l’instant. En ce qui nous concerne – nous, les 99,9 % de l’humanité, qui formons la première catégorie –, notre lot d’obscurité nous a été imposé. Malgré nos protestations et nos revendications, nos plaintes et nos sautes d’humeur, nous ne serons tout simplement jamais un Alexandre le Grand, une reine Élizabeth, ou même une Mère Teresa ou un Billy Graham. 18


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Et même lorsqu’une forme d’obscurité générale nous est imposée, nous devons encore choisir d’opter pour l’obscurité sur le plan personnel – une humilité de cœur autant qu’une humilité de rang ou de statut. Et je crois que c’est le message que Dieu a pour nous. Un message qu’il a incarné aussi bien qu’enseigné.

Un sacrifice obscur Nous entendons sans cesse parler des « grands hommes et femmes » de la Bible, ces véritables « héros de la foi ». Mais je me demande s’ils ne sont pas devenus célèbres simplement parce qu’ils ont été immortalisés dans un document lu à travers le monde entier. Réfléchissez un peu : si les vies de Joseph, Rachel, Jonas, Abraham, Moïse, Néhémie ou même celles du roi David et de l’apôtre Paul n’avaient pas été divinement archivées dans nos Bibles, les connaîtrions-nous aujourd’hui ? Pas plus que d’autres hommes, femmes et martyrs fidèles des civilisations anciennes et modernes, qui reposent à présent sans nom sous terre. Une foi exceptionnelle ne garantit pas une notoriété intemporelle. Prenons par exemple la renommée du « jeune garçon » aux cinq pains et aux deux poissons. Vous connaissez probablement le miracle de la multiplication des pains. La version « école du dimanche » donne à peu près cela : un jour, alors que Jésus enseignait et guérissait une grande foule, il se fit tard. Trop tard pour rentrer à temps pour le dîner, et les gens affamés (y compris les disciples) commençaient à être grincheux. Bien sûr, personne ne voulait rentrer chez soi et manquer une seule parole de Jésus. C’est alors que le « jeune garçon » entre en scène. Bizarrement, Jésus demande à Philippe où ils pourraient acheter du pain pour nourrir une telle foule. André répond sur un ton sarcastique : — Hé ! ici il y a un gamin avec quelques miches de pain et deux petits poissons. Ha, ha ! on n’ira pas bien loin avec ça ! Évidemment, Jésus savait précisément ce qu’il allait faire avec le repas de ce garçon. Il l’avait su toute la journée. Il l’avait su toute sa vie. Il allait nourrir des milliers d’hommes et de femmes. 19


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Maintenant, pensez à cet enfant avec moi quelques minutes. Non seulement il était assez mûr pour passer son samedi à écouter un sermon plutôt que de traîner au skatepark, mais en plus il a fait preuve de beaucoup de foi en donnant toute sa nourriture sans aucune promesse de retour. Qui sait ? Il était peut-être un peu contrarié de renoncer à son repas. Mais comme je suis certain que les disciples ne l’ont pas maltraité pour le lui prendre, il a bien dû finir par le donner de son plein gré. Et tout comme le fils qui n’avait pas envie d’obéir mais finissait quand même par faire ce que son père demandait (cf. Matthieu 21 : 28-32), ce garçon a clairement obéi à Dieu, même si son cœur n’était peut-être pas complètement disposé au départ (c’est rassurant, non ? Qui d’entre nous n’a jamais eu ce genre de difficulté ?). Qu’importe sa première réaction, son acte d’obéissance exigeait de sa part une grande foi ! Et pourtant, son nom n’apparaît dans aucun Évangile, et il n’est plus jamais question de lui ailleurs. Vous a-t-on déjà posé cette question qui sert souvent à briser la glace dans un groupe de discussion : « Quel personnage de la Bible aimerais-tu être ? ». L’auriez-vous choisi ? Auriez-vous envie d’être le « jeune garçon » ? Seriez-vous d’accord de rester anonyme et d’offrir votre maigre ration à votre Sauveur, sans aucune promesse de retour, ni aucune garantie de notoriété ? Désirez-vous obéir à Dieu en le laissant accomplir ses miracles avec votre modeste « déjeuner » ? C’est ce que signifie choisir l’obscurité : être satisfait d’être « relativement inconnu » pour que Jésus soit, lui, plus reconnu. Accepter d’avoir faim pendant un temps pour que beaucoup d’autres soient nourris. Je veux conclure ce chapitre avec un texte qui vous sera très familier au fil des dix prochains chapitres. En lisant ces mots, émerveillez-vous face à la majesté et à la splendeur d’un Dieu qui a pu créer d’innombrables espèces en un mot. Un Dieu qui connaît des milliards d’étoiles par leur nom et qui pourtant a choisi de devenir « relativement inconnu » pour vous et moi. Que votre attitude soit identique à celle de Jésus-Christ : lui qui est de condition divine, il n’a pas regardé son égalité avec Dieu comme un butin à préserver, mais il s’est dépouillé lui-même 20


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en prenant une condition de serviteur, en devenant semblable aux êtres humains. Reconnu comme un simple homme, il s’est humilié lui-même en faisant preuve d’obéissance jusqu’à la mort, même la mort sur la croix. C’est aussi pourquoi Dieu l’a élevé à la plus haute place et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom afin qu’au nom de Jésus chacun plie le genou dans le ciel, sur la terre et sous la terre. Philippiens 2 : 5-10

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P our

réfléc hir ensemble …

1. Vous êtes-vous déjà une fois senti insignifiant face au nombre exorbitant d’êtres humains sur cette planète ? Un moment où la foule vous a donné le sentiment d’être sans importance ? 2. Pensez-vous que notre culture encourage les gens à se sentir importants ? Si oui, comment ? 3. D’après vous, la plupart des personnes de votre entourage manquent-elles d’assurance ou se donnent-elles trop d’importance ? 4. Quelles expériences ici-bas sur la terre vous rappellent le plus l’infinie grandeur de Dieu ? Qu’est-ce qui vous rappelle le plus son sens du détail ? 5. « Si nous prenons un peu de recul, nous comprenons que nous vivons tous dans l’obscurité. » Êtes-vous d’accord avec cette affirmation ? Est-ce que l’idée de l’obscurité pour votre vie vous rend mal à l’aise ? 6. S’il vous est difficile d’imaginer accepter votre obscurité, quelles sont selon vous les racines de ce sentiment ? Quelles croyances, expériences passées ou circonstances actuelles contribuent à votre réticence ? 7. Comment définiriez-vous la différence entre une humilité de rang ou de statut et une humilité de cœur ? Pensez-vous qu’une soit plus facile à accepter que l’autre ? 8. Dans ce chapitre, j’ai affirmé qu’accepter l’obscurité est principalement une question d’« être satisfait d’être “relativement inconnu” pour que Jésus soit, lui, plus reconnu ». En quoi Jésus pourrait-il être plus reconnu à travers votre obscurité ?

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Chapitre deux

CHOISIR CE QUI NOUS DÉFINIT Nous sommes tous motivés par un profond désir de recevoir des louanges. C icéron Je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les préserver du diable. Ils n’appartiennent pas au monde, comme moi-même je ne lui appartiens pas. J ean 17 : 15-16 – S emeur

L’index de ma main droite s’est figé en l’air, dans un moment d’indécision. Devais-je cliquer ou simplement oublier que je m’étais déjà senti coupable de gaspiller tellement de temps ? Même à ce moment précis, il me semblait absurde d’hésiter pour un simple petit clic. Après tout, ce n’était pas une question de vie ou de mort. Loin de là. Alors pourquoi avais-je tant de mal à le faire ? J’avais envisagé de me « débrancher » des réseaux sociaux pendant quelques mois. J’étais perturbé – et parfois même dégoûté – par tout ce temps que je consacrais à rester en contact avec mes 23


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« amis » (je dois avouer que la plupart ne m’avaient pas manqué pendant quinze ans, et soudainement, je ne pouvais plus supporter l’idée de me séparer d’eux). J’étais frustré face à mon manque de discipline, et j’avais compris que ces sites étaient finalement devenus – si j’ose dire – une sorte de péché virtuel. C’en était trop. Je savais ce qu’il me restait à faire. Mais étais-je prêt à le faire ? Ce matin-là, jour J de l’assaut contre Facebook, j’ai entamé le processus comme souvent lorsque je me décide à obéir : à contrecœur. Plutôt que de simplement annuler mon compte, j’ai d’abord essayé de réduire ma liste d’amis. Encore une immense perte de temps. J’ai passé une demi-journée à supprimer une centaine d’« amis ». Mais j’ai vite compris que j’allais encore gaspiller une semaine de ma vie rien que pour décider qui devait rester ou partir. Alors j’ai fait le grand saut et cliqué nerveusement sur les paramètres de mon compte. Dans les dix minutes qui ont suivi, j’ai commencé à prendre conscience de l’emprise de Facebook sur le monde, un peu comme Dorothée qui découvre que le grand magicien d’Oz n’est en fait qu’un imposteur. Alors que je cherchais à fermer mon compte, j’ai été entraîné dans un labyrinthe de pièges destinés à me retenir. Êtesvous sûr de vouloir faire ça ? Pour quelles raisons voulez-vous partir ? Vous inquiétez-vous de la sécurité de votre vie privée ? Aucun problème. Il vous suffit d’activer vos paramètres de confidentialité. Vous passez trop de temps sur Facebook ? Nous pouvons vous aider pour cela aussi. Cela devenait de plus en plus sournois. Sur la page suivante, sont brusquement apparues les photos de ceux avec lesquels j’avais le plus discuté depuis l’ouverture de mon compte. Mais si vous partez, vous allez manquer à mamie. Vous allez manquer à votre propre père. Vos enfants ne sauront plus que vous existez. Comment pouvez-vous les abandonner maintenant ? Et moi j’étais là, le doigt suspendu au-dessus de la souris, face à cette terrible décision. Je suis heureux (bien qu’un peu gêné) d’annoncer qu’après avoir passé encore vingt minutes assis devant mon ordinateur, je l’ai fait. J’ai cliqué sur le dernier bouton. Mais la suite s’est révélée être une énorme déception profondément humiliante. La dernière page s’est affichée sur l’écran : Pas de souci. 24


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Si jamais vous voulez revenir, vous n’aurez qu’à vous connecter pour réactiver votre compte. Quoi ? Juste se reconnecter ? Vous voulez dire qu’après tout cela je n’ai même pas droit à la satisfaction de l’irrévocabilité ? Au fond, j’espérais qu’ils soient furieux, vexés ou quelque chose comme ça. J’attendais peut-être même quelques larmes virtuelles. Cela aurait été un peu plus gratifiant s’ils avaient été dévastés de me voir partir. D’autant plus que j’avais lutté avec acharnement pendant des mois pour me décider. Mais l’indifférence du dernier adieu de Facebook m’a obligé de constater à quel point ma présence était insignifiante sur le site. Les conséquences de cette décision de me déconnecter des réseaux sociaux m’ont affecté plus profondément que prévu. Au bout de quelques jours je me suis surpris à me demander si quelqu’un (à part mamie, mon père ou mes enfants) avait remarqué mon « départ ». J’ai aussi fini par comprendre que j’avais laissé mon nombre à trois chiffres d’« amis » Facebook définir mon identité. J’étais fier de recevoir des commentaires de la part de connaissances que j’avais perdues de vue. Elles réagissaient à des petits messages amusants et me faisaient des compliments sur ma jolie petite famille ou sur mon relatif « succès » dans la vie. Encore une fois, j’ai pu constater que l’étendue de mon orgueil était sans borne. Au cours des mois qui ont suivi cette expérience, j’ai ressassé cette question : quelles sont les autres choses que nous laissons nous définir ?

Sous-titres et librairies Dans le monde de l’édition, tout le monde est là pour gagner un peu d’argent. C’est aussi vrai pour la plupart des éditeurs chrétiens. Je ne suis pas en train de me plaindre du système, je fais simplement un constat. Bien sûr, quand on y pense, c’est plutôt logique. Quel éditeur pourrait continuer à exister en publiant des livres que personne n’achète ? Peu importe qu’un manuscrit soit pertinent, accessible ou convaincant. Si on sait qu’il ne se vendra pas, on ne peut pas le publier. Les factures prennent (presque) toujours le dessus sur la philanthropie. Donc le travail d’un comité d’édition (les personnes qui choisissent 25


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quels livres publier), est d’éliminer ce qui n’est pas vendable et de trouver ces pépites qui sont commercialisables auprès du plus large public possible. Continuons avec les banalités : contrairement à ce que vous a dit votre mère, la plupart des gens jugent bien un livre à sa couverture ! En tout cas, ils le font dès qu’ils pénètrent dans une grande librairie. N’est-ce pas votre cas ? Mais que recherchons-nous exactement ? Qu’est-ce qui attire notre regard ? Tous ces beaux livres reliés et brochés sont mis en valeur par trois éléments importants : le design, le nom de l’auteur et le titre. Le graphiste crée le design de la couverture. Quant à l’éditeur, il recherche deux choses : un nom d’auteur reconnu et un titre accrocheur. L’un de ces éléments réussira peut-être à accrocher le regard de Monsieur Tout-le-Monde une seconde fois. Dans la grande librairie de la vie, nous ne fonctionnons pas si différemment. Nous savons que les autres nous jugent par notre « couverture » et nous voulons vraiment, vraiment qu’ils apprécient ce qu’ils voient. Nous voulons que leur regard soit accroché à ce qu’ils voient. Pourquoi ? Peut-être parce que nous courons après leur respect et leur admiration. Peut-être que nous avons une tendance malsaine à « trembler devant les hommes » (Proverbes 29 : 25). Soyons honnêtes : peut-être que cela ne nous dérangerait pas que les autres soient un petit peu jaloux de nous. Une mauvaise estime de soi, des priorités en désordre ou des ambitions égoïstes peuvent aussi avoir leur rôle à jouer dans l’histoire. Nos motivations personnelles sont souvent plus ou moins douteuses et correspondent à notre tourment intérieur. Quel que soit notre raisonnement, puisque nous n’avons pas autant de contrôle que nous le voudrions sur le « design de la couverture » (notre apparence), nous essayons de vendre le produit en mettant un nom prestigieux ou un sous-titre tape-à-l’œil. Est-ce que votre nom suffit pour impressionner les gens ou a-t-il besoin d’un petit quelque chose en plus ? À moins d’être Justin Bieber, Madonna ou Tiger Woods, votre nom en lui-même n’impose probablement pas le respect que nous recherchons tous. 26


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En cherchant à être « quelqu’un », avez-vous, comme moi et beaucoup d’autres, adopté un sous-titre impressionnant ? Vous ne savez pas de quoi je parle ? Alors quelle est la première chose que vous êtes tenté d’évoquer lorsque vous vous présentez à d’autres pour la première fois ? Quand vous cherchez à impressionner quelqu’un ? Cela peut être très court, du style : « Salut, je m’appelle Valérie, vice-présidente du secteur marketing et je suis aussi maman ». Ou alors : « Bonjour, je m’appelle Laurent et je viens de produire mon premier film ». Votre sous-titre peut être court et simple, ou au contraire semblable à celui des sultans de l’Empire ottoman qui ne faisait pas moins de 227 mots : « Soliman Ier, Sa Majesté impériale, Grand Sultan, Commandeur de tous les croyants et Successeur du Prophète du grand Dieu de l’Univers… » pour faire court (bien sûr, vous et moi ne nous montrerions jamais aussi vaniteux… n’est-ce pas ?). Mais sérieusement, c’est quoi le vôtre ? En tout cas, moi je connais mes sous-titres préférés. Ils ont évolué au cours des années pour mettre en avant les différents rôles que j’ai remplis et les postes que j’ai occupés. Mais pour être honnête, au cœur de tous ces sous-titres, il n’y avait qu’une seule chose : moi. Même lorsque j’y ajoute discrètement certaines de mes « compétences spirituelles », rien n’y fait ! Au fond, je veux toujours autant convaincre les autres que je suis quelqu’un. Que je suis important. Que je suis engagé. Un désir d’être admiré, respecté, voire envié… Je sais, c’est méprisable et c’est mal. Mais j’essaie juste de me montrer honnête avec vous. Parfois il nous est plus facile de voir notre propre péché quand nous le voyons d’abord chez quelqu’un d’autre. Je ne sais pas pourquoi, mais le fait d’entendre l’histoire d’un autre nous aide parfois à mieux comprendre la nôtre. En gardant cela à l’esprit, j’aimerais vous présenter quelques personnes que j’ai pu rencontrer au fil des années. Il s’agit de personnes que j’ai connues ou avec lesquelles j’ai discuté, afin de savoir à quoi ressemble, dans la réalité, la course à l’admiration, à la reconnaissance ou à la gloire. Je pense que vous vous rendrez vite compte que lorsque nos cœurs sont mis à nu, n’importe lequel d’entre nous pourrait être à leur 27


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place. Peut-être que vous aurez un regard neuf sur vos propres motivations cachées, lorsque vous entendrez les histoires de ces hommes et femmes ordinaires. Souvenez-vous que tous les sous-titres ne mettent pas en avant une réussite, mais ils révèlent tous une recherche. L’objectif à atteindre est d’avoir une bonne image aux yeux des autres.

Max : l’aventurier des grands espaces L’orgueil de Max est aussi difficile à repérer pour les autres que pour lui-même, surtout parce qu’il ne se soucie pas le moins du monde des standards actuels de réussite : les diplômes, le travail, l’argent, etc. Il ne travaille que pour s’amuser, ne gagnant que le nécessaire pour financer sa prochaine randonnée, son prochain voyage vers une île lointaine, un safari ou une excursion en plongée sous-marine. C’est justement cette attitude insouciante face à la vie qui a insidieusement permis à l’orgueil de s’infiltrer dans sa vie. Au départ, Max ne se souciait vraiment pas de ce que les gens pensaient de ses choix de vie. Mais lorsqu’il s’est rendu compte que d’autres l’admiraient pour sa vie de bohème et ses aventures pleines d’adrénaline, il a d’autant plus continué à poursuivre ces choses. Maintenant, son identité est tellement liée à la réputation qu’il s’est créée, que l’idée même de devenir « un gars parmi d’autres », employé de bureau avec une famille à charge, lui fait peur.

Jules : un cadre prometteur Vers la fin du lycée, Jules avait décidé de devenir pasteur. Mais quand il en a parlé à ses parents, ils ont paniqué. Ils lui ont dit qu’il devait poursuivre ses études et trouver un « vrai métier ». Alors c’est ce qu’il a fait. Suivant le conseil de ses parents, Jules a obtenu son master en finance d’entreprise et a, en effet, trouvé un travail qui rapportait bien. Dans sa profession, il est bien connu et très apprécié. On le considère comme un « expert » dans ce qu’il fait et on le respecte. Il possède une maison luxueuse dans un quartier huppé et peut acheter de belles choses à sa femme et sa fille. 28


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Jules aime toujours le Seigneur. Il est engagé au sein de son Église et il est heureux d’avoir un revenu qui lui permet de se montrer généreux envers les autres. Mais il commence à comprendre que l’orgueil a pris racine chez lui depuis longtemps et qu’il a grandi progressivement. La preuve : Jules sait qu’il ressentirait une terrible perte d’identité si son travail lui était retiré, qu’il devait se contenter d’un métier moins gratifiant et ainsi se passer de la reconnaissance et de la richesse. Au fil du temps, il a laissé son succès professionnel définir son succès personnel.

Lola : votre nouvelle meilleure amie Nos sous-titres ne sont pas toujours liés à notre vie professionnelle. Lola vous avouerait elle-même qu’elle tire une grande partie de son orgueil en étant l’amie de tous. Si quelqu’un ne l’apprécie pas immédiatement, elle sera un peu complexée. Elle investit beaucoup d’efforts pour se rendre aimable, et elle l’est. Lola fait partie de ces personnes qui vous mettent tout de suite à l’aise. Elle peut s’identifier à n’importe qui et s’adapte aux gens qui l’entourent comme un caméléon. Bien sûr, donner aux autres le sentiment d’être importants et appréciés peut être un fruit tout à fait sain de l’humilité. Mais au cœur de cette réalité, la motivation première de Lola n’est pas son prochain. C’est elle-même. Elle en est venue à définir son succès personnel à travers son succès relationnel – le fait que les gens l’aiment, veulent passer du temps avec elle ou être ses amis.

David : pasteur d’une grande Église Si vous demandez à David s’il est fier d’être pasteur, il vous répondra « absolument ». Et sa fierté n’est pas totalement infondée. L’apôtre Paul se vantait à juste titre d’être investi, avec ses compagnons, dans l’œuvre du royaume « avec la sincérité et la pureté qui viennent de Dieu, en [se] fondant, non sur une sagesse purement humaine, mais sur la grâce de Dieu » (2 Corinthiens 1 : 12). Paul mettait sa fierté en Jésus et il savait que, d’une certaine manière, ceux qui s’engagent à vivre comme le Christ pourraient se glorifier de son sacrifice. Paul savait que tout le bien qui est en nous, c'est 29


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le Christ (cf. Galates 2 : 20). Ce n'était malheureusement pas le cas de David. Le pasteur David a implanté son Église dans une région où il y en avait très peu. En dix ans, l’assemblée est passée de deux personnes à presque deux mille membres. Bien entendu, David a publiquement attribué cette belle croissance à Dieu. Mais, en privé, il lui est arrivé d’expliquer que tout cela est dû à ses talents d’orateur et de leader, ou même à sa « grande » foi. Si l’Église devait fermer ses portes, David en serait dévasté. Sa réussite en tant que personne, et aussi en tant que croyant, est intimement liée au succès de « son » Église.

Liliane : entrepreneuse, mère et artiste Lili confesse que son sous-titre « version longue » contient d’autres éléments comme « amie sympa et créative », « maman de l’année » et « équilibre de vie parfait ». Elle veut accomplir et représenter toutes ces choses. Lili n’a pas d’autre choix que de travailler. Mais comme elle peut s’occuper de ses enfants tout en dirigeant une petite entreprise à son domicile, elle suscite l’admiration et parfois même la jalousie des autres mères qui travaillent. Et pour être honnête, elle ne cherche pas à être « juste » une maman, même si elle en avait l’occasion. Cette citation, découpée dans un magazine, est affichée sur son frigo : Vous portez de nombreuses casquettes. Et même si je comprends que le poids de toutes ces casquettes peut vous peser, soyez au moins heureuse d’avoir quelque chose d’important à accomplir.

La parfaite façade se fissure parfois pour révéler des motivations cachées. De temps à autre, elle ressent bien qu’il lui manque quelque chose et s’inquiète de ne pas être la personne merveilleuse qu’elle voudrait être aux yeux des autres et à ses propres yeux. Dans ces moments, elle a l’impression de ne pas en avoir fait assez.

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Alex : futur footballeur professionnel Alex est un jeune athlète qui représente parfaitement ceux qui rêvent de devenir « pros », ceux qui veulent vivre de leur passion. Même s’il est footballeur, l’histoire d’Alex ressemble à celle de nombreux musiciens, danseurs, surfeurs, illusionnistes ou boxeurs. Il désire vivement développer son talent, mais a aussi d’autres motivations moins glorieuses. Si on lui demande pourquoi il veut devenir professionnel, Alex répondra d’emblée qu’il aime son sport. Si vous poussez la discussion un peu plus loin, il ne niera pas que l’admiration des autres envers ses actions ne le laisse pas insensible. L’argent, la gloire, le respect et l’approbation des gens motivent aussi ses objectifs de vie. Il est impatient de prouver à tous ceux qui doutent de lui qu’ils ont tort : pour cela, il veut réussir. Il veut faire ses preuves.

Catherine : auteure et oratrice chrétienne En tant qu’auteure et intervenante dans des conférences pour femmes, Catherine passe une bonne partie de son temps à étudier et à enseigner la Bible. De l’extérieur, vous penseriez peut-être que cette gentille dame n’a aucun problème d’orgueil. Mais ce qu’elle confesse ouvertement démontre qu’aucun de nous n’est immunisé : J’aime beaucoup ce que je fais – jusqu’à ce que j’entre dans une bibliothèque et que j’y voie des milliers de livres couverts de poussière. Ou que j’entende parler d’une autre grande conférence où des douzaines de femmes pourront s’améliorer en faisant exactement ce que je fais, et peut-être même mieux que moi.

Le fait de comprendre que ses compétences sont assez communes révèle, chez elle, un aspect qui l’inquiète. J’ai toujours pensé que je présentais humblement la parole de vérité aux autres parce qu’il s’agissait d’un appel pressant de Dieu pour ma vie. Mais ces derniers temps j’ai commencé à remettre en question mes réelles motivations. Ai-je laissé le succès me monter à la tête ? C’est tellement dur de se soustraire de l’équation alors que les autres m’admirent pour mes réussites, si spirituelles soient-elles. 31


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Elsa : la jolie fille Rappelez-vous que tous les sous-titres ne se rapportent pas forcément à une réussite, mais toujours à un objectif. Elsa vise un idéal superficiel, une des idoles les plus instables de notre société : la beauté. Mais ne pensez pas qu’elle soit une adepte de la chirurgie esthétique, comme celles que l’on voit sur les couvertures de magazines. Elsa est une belle femme, peut-être même particulièrement belle, mais elle reste une fille normale. Vous ne devineriez jamais à quel point elle se préoccupe de son apparence. Elsa n’a pas très bien réussi à l’école, mais elle affirme avoir très vite appris que les jolies filles n’ont pas besoin d’être intelligentes. Elle recevait toute l’attention dont elle avait envie, juste en étant mignonne. Elle est donc devenue obsédée par les vêtements, le maquillage et le look parfait qu’elle devait travailler chaque jour. Après toutes ces années, elle lutte encore avec ce désir de paraître belle aux yeux des gens dès la première rencontre. Même si cela paraît « malsain », elle explique qu’elle voudrait que les gens soient jaloux de son apparence afin qu’ils ne se préoccupent pas trop de ce qu’elle fait ou de ce qu’elle pense. L’orgueil peut prendre toute sorte de formes, n’est-ce pas ? Alors je vous le demande à nouveau : quel est votre sous-titre ? Bien sûr ces exemples ne recouvrent pas tous les sous-titres que nous pouvons nous créer. Le vôtre est peut-être complètement différent ou est un mélange de plusieurs d’entre eux. Si vous avez du mal à mettre le doigt sur votre sous-titre, les questions suivantes pourront peut-être vous aider. En les parcourant, réfléchissez à votre propre histoire et à vos motivations personnelles. • Quand vous rencontrez quelqu’un pour la première fois, quelle est la première chose que vous voulez lui apprendre sur vous, sur ce que vous faites ou ce que vous avez fait ? • Si vous perdiez votre métier actuel (pas juste le poste que vous occupez) et que vous deviez vous contenter d’un travail moins valorisant, ressentiriez-vous une perte ou un changement d’identité ? 32


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• Sur une échelle de 1 à 10, à quel point l’admiration des autres concernant vos actions présentes et passées estelle importante ? (1 = pas du tout important, 10 = très important.) • Comment est défini le « succès » dans votre secteur d’activité ? En d’autres termes, à quoi ressemblerait quelqu’un qui « réussit » dans votre domaine ? Est-ce votre objectif de « réussir » ? Si non, quel est votre objectif (si vous en avez un) ? • Sur une échelle de 1 à 10, à quel point le « succès » (tel que vous le définissez) joue un rôle important dans votre sentiment d’avoir réussi votre vie ? (1 = aucun rôle, 10 = les deux sont quasiment synonymes.) • Est-ce que votre identité est liée à une de vos relations (un petit ami qui a la classe, une épouse particulièrement belle, un enfant champion sportif, etc.) ? • Si vous avez abandonné votre carrière pour vous occuper de vos enfants, ressentez-vous une perte d’identité ? Quelles pensées ou émotions sont suscitées lorsqu’on vous demande ce que vous « faites » dans la vie ? • Si vous pouviez quitter votre emploi demain pour être père ou mère au foyer, le feriez-vous ? Comment pensezvous que vous vous sentiriez ? Ressentiriez-vous une perte d’identité ?

Une étreinte mortelle Au départ, nous pouvons nous sentir bien au chaud et en sécurité avec nos sous-titres auto-promotionnels, comme avec une couverture bien douillette autour de nos épaules lors d’une journée un peu fraîche. Mais la nature de l’orgueil est bien entendu beaucoup plus néfaste, et même fatale. L’orgueil ressemble plus à un anaconda qu’à une couverture douillette : sans cesse, il resserre son étreinte mortelle jusqu’à étouffer toute trace d’humilité, nous amenant à être complètement consumés par nous-mêmes. 33


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Cela me rappelle un autre serpent… une autre histoire d’orgueil. Il est intéressant de remarquer que Satan a été banni du paradis à cause de son orgueil, et qu’il a ensuite tenté d’entraîner Ève dans ce même péché, en flattant son orgueil. Satan aurait pu utiliser plusieurs autres méthodes pour amener Ève à désobéir au commandement de Dieu de ne pas manger de ce fruit. Mais puisqu’il a été lui-même déchu à cause de son ego, je suppose qu’il s’est dit que le mieux était de s’appuyer sur sa propre expérience. Il s’est peut-être dit : « Après tout, si je me suis fait avoir – moi qui suis le plus important – qui pourrait résister ? ». Alors il a utilisé le désir qu’avait Ève d’être elle aussi importante : Le serpent dit alors à la femme : — Vous ne mourrez absolument pas, mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu : vous connaîtrez le bien et le mal. Genèse 3 : 4-5

Et elle est tombée dans le piège : elle a tout avalé. La femme vit que l’arbre était porteur de fruits bons à manger, agréable à regarder et précieux pour ouvrir l’intelligence. Elle prit de son fruit et en mangea. Elle en donna aussi à son mari qui était avec elle et il en mangea. Genèse 3 : 6

C’est ce péché qui a causé la chute de Satan et la nôtre. Depuis ce jour dans le jardin, l’humanité s’est débattue avec l’orgueil. Malheureusement, ceux qui suivent le Christ ne font pas exception à la règle. L’orgueil est un des derniers obstacles lorsque l’Esprit transforme le croyant, crucifiant notre chair et unissant nos cœurs à celui de Jésus. Bien sûr, l’orgueil partira, une bonne fois pour toutes (gloire à Dieu !), lorsque, grâce au Christ, nous ressusciterons à la vie éternelle. Mais si nous devons soumettre nos vies à Dieu sur cette terre, le laisser décider de notre chemin et définir nos objectifs, nous devons mener un combat perpétuel. Sa Parole est claire à ce sujet. 34


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Les versets suivants vous sont probablement familiers. Malheureusement, nous avons tendance à survoler rapidement les textes que nous connaissons bien. Avant de lire la suite, prenez le temps de préparer votre cœur et votre esprit comme si vous les lisiez pour la première fois. Demandez à Dieu de vous ouvrir les yeux : existerait-il des liens entre votre propre orgueil (le vôtre et pas celui d’un autre) et tout sous-titre malsain que vous avez entretenu à travers les années ? Existerait-il un lien entre votre propre orgueil et les objectifs de vie qui vous définissent partiellement ou totalement ? Craindre l’Éternel, c’est détester le mal. L’arrogance, l’orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. Proverbes 8 : 13

Quand vient l’orgueil, vient aussi le mépris, mais la sagesse est avec les humbles. Proverbes 11 : 2

Les projets que forme le cœur dépendent de l’homme, mais la réponse que donne la bouche vient de l’Éternel. Toutes les voies d’un homme sont pures à ses yeux, mais celui qui évalue les dispositions d’esprit, c’est l’Éternel. Recommande ton activité à l’Éternel et tes projets seront affermis. Proverbes 16 : 1-3

Tous ceux dont le cœur est orgueilleux font horreur à l’Éternel. C’est certain, ils ne resteront pas impunis. Proverbes 16 : 5

L’arrogance précède la ruine et l’orgueil précède la chute. Mieux vaut être humble avec les gens modestes que de partager un butin avec les orgueilleux. Proverbes 16 : 18-19

Il est plein d’orgueil, celui dont l’âme n’est pas droite, mais le juste vivra par sa foi […] L’arrogant ne reste pas tranquille. Habakuk 2 : 4-5 35


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[Jésus] leur dit : — Celui qui accueille en mon nom ce petit enfant, c’est moimême qu’il accueille, et celui qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé. En effet, celui qui est le plus petit parmi vous tous, c’est celui-là qui est grand. Luc 9 : 48

Mais lorsque tu es invité, va te mettre à la dernière place, afin qu’au moment où celui qui t’a invité arrive, il te dise : « Mon ami, monte plus haut ». Alors tu seras honoré devant [tous] ceux qui seront à table avec toi. En effet, toute personne qui s’élève sera abaissée, et celle qui s’abaisse sera élevée. Luc 14 : 10-11

Que cela ne soit pas votre cas, mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus jeune, et celui qui commande comme celui qui sert. En effet, qui est le plus grand : celui qui est à table ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Et moi, cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. Luc 22 : 26-27

Cependant, la grâce qu’il accorde est plus grande encore, c’est pourquoi l’Écriture dit : Dieu s’oppose aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles. Jacques 4 : 6

À vous maintenant qui dites : « Aujourd’hui ou demain nous irons dans telle ville, nous y passerons une année, nous y ferons des affaires et nous gagnerons de l’argent », vous qui ne savez pas ce qui arrivera demain ! En effet, qu’est-ce que votre vie ? C’est une vapeur qui paraît pour un instant et qui disparaît ensuite. Vous devriez dire, au contraire : « Si Dieu le veut, nous vivrons et nous ferons ceci ou cela ». Mais en réalité, vous vous montrez fiers de vos fanfaronnades. Toute fierté de ce genre est mauvaise. Si donc quelqu’un sait faire ce qui est bien et ne le fait pas, il commet un péché. Jacques 4 : 13-17

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Une autre sorte d’étreinte Selon l’ordre même de Jésus, le monde ne devrait jamais définir qui nous sommes, de la même manière qu’il n’a jamais défini qui Jésus était. Notre étreinte devrait être d’une autre sorte. De toute évidence, l’étendue de mon propre orgueil semble infinie. À chaque fois que je pense en avoir fini, je trouve encore d’autres manifestations de ce péché cancéreux, tapi dans les plus sombres recoins de mon cœur. Et, un peu à l’image d’un cancer, lorsque je pense être totalement guéri de l’orgueil il ne s’agit souvent que d’une période de rémission. Dès que les conditions s’y prêtent – un peu de succès, quelques compliments, un « ami » flatteur ou un manque de redevabilité –, le cancer revient. Il ne fait que ressurgir sans cesse sous une forme ou une autre. Nous devons prendre des mesures radicales si nous voulons sérieusement combattre ce péché profondément enraciné. Alors, que pouvons-nous faire après avoir démasqué l’orgueil dans notre vie ? Comment se libérer de son emprise ? Voici une réponse en deux étapes. D’abord, nous devons accepter que nous ne pouvons pas y arriver par nos propres forces. Rappelez-vous que c’est le fait de vouloir être comme Dieu – omnipotent et parfait – qui nous a conduits dans ce bourbier au départ. Nous devons plutôt nous soumettre à celui qui s’est humilié jusqu’à la mort pour nous sauver de notre autojustification et de notre péché. Deuxièmement, nous devons suivre son exemple en nous soumettant aux instructions de Dieu. L’antidote terrestre contre l’orgueil, exactement comme pour tous les autres péchés, se trouve dans la Parole. Résumons les versets que nous venons de lire. Selon ces versets, si nous voulons nous débarrasser de notre orgueil, nous devons : • Craindre l’Éternel (Proverbes 8 : 13) ; • Rechercher la sagesse (Proverbes 11 : 2) ; • Recommander toutes nos activités à l’Éternel (Proverbes 16 : 1-3) ; • Vivre humblement et faire le bien (Proverbes 16 : 18-19) ; 37


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• Ne pas se confier en soi-même et vivre par la foi en Dieu (Habakuk 2 : 4). • Nous associer aux plus faibles pour l’amour du Christ et chercher à se faire petit (Luc 9 : 48) ; • Nous abaisser en nous contentant de moins que ce que nous « méritons » (Luc 14 : 10-11) ; • Servir les autres (Luc 22 : 26-27) ; • Recevoir la grâce que Dieu nous accorde pour résister aux mauvais désirs (Jacques 4 : 6) ; • Ne pas nous vanter de nos projets, mais les soumettre au Seigneur (Jacques 4 : 13-17). Facile à lire, mais bien plus difficile à digérer et à appliquer ! C’est peut-être pour cela que mon cœur se réjouit vraiment d’apprendre que des hommes et des femmes prennent cette maladie au sérieux et choisissent d’y faire face. Plutôt que de minimiser la gravité de la situation, ces saints passent à l’action. J’ai récemment entendu parler d’un pasteur déterminé à se laisser orienter par une étreinte d’un autre genre. Cet orateur, auteur et pasteur bien connu a renoncé à son ministère lorsqu’il s’est rendu compte à quel point l’orgueil s’était enraciné dans son cœur. Voici un extrait de la lettre qu’il a écrite à son Église pour leur expliquer pourquoi il avait décidé de s’absenter pendant huit mois : Je discerne plusieurs formes d’orgueil dans mon âme. Même si elles ne me disqualifient peut-être pas en tant que pasteur, elles m’attristent et ont détérioré ma relation avec [ma femme] et d’autres personnes qui me sont chères. Comment puis-je vous demander pardon, non pas pour un acte spécifique, mais pour des défauts de caractère récurrents et leurs conséquences sur tout le monde ? Je vous le dis maintenant et il est certain que je le redirai : je suis désolé. Puisque je ne mets pas en avant une action en particulier, je vous demande juste un esprit de pardon ; soyez assurés que je ne fais pas la paix, mais la guerre, avec mes propres péchés […] En trente ans, je me suis consacré avec passion à la productivité de mon ministère public. Durant 38


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cette absence, j’ai l’intention de mettre tout cela de côté […] Je ne serais pas surpris de voir Dieu accomplir des choses extraordinaires pendant mon absence 6.

C’est exactement le genre de résolution dont nous avons besoin pour éliminer l’orgueil de nos vies. Une fois que nous avons découvert notre orgueil, l’ignorer mène à une mort certaine d’un point de vue spirituel, et parfois éternel. Quelles sont ces choses que vous laissez vous définir ? À quel point l’orgueil joue-t-il un rôle dans vos choix de vie ? Ces questions ne sont pas faciles. Mais, comme nous le verrons, il est indispensable d’y répondre si vous voulez revêtir le caractère du Christ.

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R A D IC A LE M E N T O R D IN AI RE

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réfléc hir ensemble …

1. Un « sous-titre » est une information que nous laissons nous définir et que nous voulons faire connaître aux autres. Alors, quel est votre sous-titre ? Si vous ne le savez pas encore, relisez la liste de questions aux pages 32 et 33. • Sous-titre 1 : _______ • Sous-titre 2 : _______ • Sous-titre 3 : _______ 2. Quand vous communiquez votre sous-titre à quelqu’un, quelle réaction souhaiteriez-vous vraiment recevoir ? De l’admiration ? Du respect ? De la jalousie ? 3. Auquel des huit exemples tirés de la « vraie vie » vous identifiez-vous le plus ? 4. Êtes-vous surpris par la relation qui existe entre les soustitres par lesquels vous vous définissez, et votre orgueil ? 5. Le plus important dans notre lutte contre l’orgueil est bien sûr notre dépendance à l’Esprit de Dieu. Mais les Écritures proposent aussi des mesures concrètes que nous devons adopter. Relisez la liste de commandements des pages 37 et 38. À présent, écrivez trois aspects pratiques que vous devez mettre en place pour combattre l’orgueil dans votre vie. • Action n° 1 : _______ • Action n° 2 : _______ • Action n° 3 : _______

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AUT E U R V OL ONTA I R E M E NT A NONYM E

Vivre et mourir sans que l’humanité ne vous remarque ? Quelle profonde injustice !

Soyons honnêtes : nous brûlons d’envie de devenir quelqu’un. La preuve : nous dépensons toute notre énergie pour réussir, être admirés et laisser notre empreinte quelque part dans ce monde – n’importe où ! Le pire, c’est que nous tentons de masquer cela par des ambitions soi-disant spirituelles. Malheureusement, la plupart des chrétiens sont tombés dans le piège. Et nous sommes nombreux à ne pas nous en rendre compte.

UN AP PEL PRESSA NT À C U LT I V E R LA J O IE DE L’HU M I L I T É Ce livre est un appel à suivre les traces de notre humble roi, à abandonner la vision humaine du succès et commencer à vivre de manière radicalement ordinaire. Je ne pouvais pas aborder ce sujet et, en même temps, me mettre en valeur. J’ai donc choisi de rester dans l’anonymat. Êtes-vous prêts, vous aussi, à relever ce défi ? 14,90 €

publié au Canada par

ISBN BLF 978-2-36249-383-6

ISBN JPC 978-2-905253-29-3

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radicalement Ordinaire

Ordinaire

AUTEUR VOLONTAIREMENT ANONYME

radicalement

radicalement Ordinaire

U N AP PE L PR E S S ANT À CULT IV E R LA J O IE DE L’H UMILIT É


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