Vivre pour l'essentiel • Phillip Keller

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Phillip Keller

Phillip Keller (1920-2001) Berger, agronome, photographe de la vie naturelle et conférencier de renom. Auteur de plusieurs best-sellers dont Un berger médite le psaume 23, Un berger contemple le Bon Berger et ses brebis et Un berger apprend les leçons d’un chien de berger. Ses écrits ont touché des personnes de toutes nationalités.

9 782910 246839 ISBN 978-2-910246-83-9

Riche de sa longue amitié avec Dieu, il nous parle des valeurs essentielles de l’existence : connaître Dieu, le servir, vivre dans le contentement, accepter les épreuves, persévérer en toutes choses, aimer et encourager les autres… Les thèmes abordés dans Vivre pour l’essentiel répondent aux préoccupations d’aujourd’hui. Clair et concret, ce livre nous aide à considérer notre vie à la lumière de la Bible. Il renouvelle notre désir d’être conséquent avec Dieu afin qu’au terme de notre existence, le Père puisse nous dire : « Bien, bon et fidèle serviteur, […] entre dans la joie de ton Maître ! »

Phillip Keller

Phillip Keller, l’auteur de Un berger médite le Psaume 23, se penche sur une question fondamentale : qu’est-ce qui compte vraiment dans la vie ?

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Auteur de Un berger médite le Psaume 23

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l’essentiel BLF Europe • Rue de Maubeuge 59164 Marpent • France


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Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : What Makes Life Worth Living Kregel Publications • Grand Rapids • MI • USA © 1998 W. Phillip Keller Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés. Édition en langue française : Vivre pour l’essentiel • Phillip Keller © 2005 BLF Europe • www.blfeurope.com Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Traduction : Virginie Thémans Couverture, mise en page et impression : BLF Europe • Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Les citations bibliques sont tirées de La Nouvelle Version Segond Révisée (dite à la Colombe) Copyright © 1978, Société Biblique Française. ISBN 978-2-910246-83-9 Dépôt légal 2e trimestre 2010 Index Dewey (CDD) : 248.14 Mots-clés : Vie chrétienne.


À Ursula, ma chère épouse qui, tout au long de notre vie de couple, a toujours fait preuve d’enthousiasme dans toutes les aventures que nous avons partagées sous le regard bienveillant de notre Père.



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Préface

Au cours des quelque trente années qu’a duré mon amitié avec Phillip, je me suis émerveillé de l’implication de sa personne et de la discipline dont il faisait preuve dans son travail d’écrivain. Il s’agissait véritablement d’une œuvre d’amour. Jusqu’à la fin de sa vie, il a pris le temps de méditer la Parole de Dieu, ne prenant la plume qu’après avoir assimilé un passage et extrait le suc de ses réflexions personnelles.

Que ce soit au cours d’une promenade sur une plage déserte bordant l’océan ou pendant l’ascension d’une montagne, il méditait et réfléchissait aux multiples facettes que reflètent les vérités bibliques, jusqu’à pouvoir exprimer ses conclusions sous forme de mots. Jamais il ne s’appropriait les paroles d’un autre commentateur des Écritures : au contraire, il défrichait sans cesse de nouvelles étendues afin d’y faire pousser le fruit de telle ou telle vérité grâce à l’expérience de toute une vie.


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Le secret de cette manière exceptionnelle de se pencher sur les mystères de Dieu et sur la vie réside peut-être dans la préface que Phillip a rédigée à l’origine pour ce livre : Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à l’égard de Christ, dont j’ai ressenti la présence tout au long de ce travail. J’ai compté sur lui afin d’être guidé dans la rédaction de ce livre par son Esprit. Il est celui qui a incité mon âme et mon esprit à obéir à ses injonctions jour après jour. Je remercie le Père de m’avoir donné le courage et la force de persévérer jusqu’au bout. Puisse cet ouvrage profiter à chaque lecteur, en tout lieu !

J’ai toujours été frappé par les profondes réflexions de Phillip et par son engagement envers la Bible. Phillip est parti rejoindre le Seigneur en 2001. Lorsque je songe aujourd’hui à la vie qu’il a menée, un passage de l’Écriture me vient à l’esprit. Il s’agit du passage de la lettre aux Hébreux où il est parlé d’Abel : « C’est grâce à sa foi qu’il fut déclaré juste : Dieu lui a témoigné son approbation en acceptant ses offrandes. Bien que mort, il continue à nous parler par sa foi » (Hébreux 11 : 4). Dieu a accordé à Phillip cinquante années d’écriture productive. Puisse le Seigneur continuer à bénir par ce livre le ministère de Phillip auprès d’un monde insatisfait ! Al Bryant – Grand Rapids, Michigan.


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Introduction

La vraie joie Il y a trois jours, Ursula et moi avons célébré mon soixante-quinzième anniversaire. C’était un moment heureux et paisible que nous avons passé en tête-à-tête comme des amis, des époux et amoureux de longue date. Un moment très spécial aussi, car nous étions de retour dans notre chère Californie, bien connue pour ses hivers cléments et son soleil radieux. Le but principal de notre retour après une si longue période était pour moi la rédaction de ce livre, mon cinquantième ouvrage. L’idée m’en a été donnée par Dennis Hillman, le directeur des Éditions Kregel. Mon intention était de raconter de quelle merveilleuse manière mon Père m’avait amené à considérer ce qui compte vraiment dans la vie, autrement dit, ce qui est essentiel.

Ayant appris à connaître Christ depuis bien longtemps, j’ai acquis des convictions profondes à son égard. De nombreux mois de réflexion et de prière ont été consacrés à ce


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seul but : mettre noir sur blanc les valeurs essentielles que le Seigneur m’a fait découvrir en trois quarts de siècle.

Mon existence n’a pas été de tout repos. J’ai vécu de grandes et palpitantes aventures en compagnie de Dieu, mon Père. Ces années ont été remplies de la vie d’abondance que promet Christ à ceux qui lui appartiennent. Grâce au temps passé en sa compagnie, le Maître m’a appris à distinguer ce qui compte vraiment de ce qui n’en vaut pas la peine. Ceci ne concerne pas uniquement les vérités éternelles, mais aussi les difficultés, les échecs et les combats de chaque jour. Lorsque quelqu’un possède la conviction que Dieu dirige sa vie, il peut alors marcher en sa compagnie dans la paix et l’humilité. Cette amitié avec le Très-Haut est à la source de la grande joie de vivre que j’ai éprouvée dans les événements quotidiens. De plus, elle m’a permis d’être interpellé sur ce qui compte le plus dans la vie. Le vent de l’Esprit de Dieu s’infiltre dans notre âme et fait s’envoler la poussière et les brindilles qui la recouvrent. Il consume les cosses et les coquilles de la folie humaine et les remplace par le germe de vie de la Parole éternelle de Dieu, qui vient nourrir et stimuler nos esprits affamés. Des bons soins de notre Père vient la sereine satisfaction de l’âme. De la compagnie de Christ vient une grande joie de vivre. Des directives de son Esprit vient la force de continuer à avancer ! Accepter ces dons généreux, c’est boire à longs traits à la source de la vie abondante en Christ : c’est le plaisir de vivre ! Notre trajet de retour vers la Californie en est une illustration. Ce voyage difficile, long de plus de 2 000 kilomètres en voiture par-delà les montagnes me paraissait redoutable. À


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peine un an auparavant, un conducteur défoncé par la drogue avait embouti ma voiture et l’avait complètement démolie. C’est pourquoi je me demandais si pareil périple n’était pas à présent au-dessus de mes capacités. Je priai instamment mon Père de m’accorder des forces supplémentaires, et de dégager les routes franchissant les cols. Nous sommes partis bien avant l’aube. L’obscurité était complète et, pour ajouter au danger, le brouillard hivernal s’est mis bientôt aussi de la partie. Pourtant, la voiture avançait sans problème et, à mon grand étonnement, nous avons grignoté les kilomètres avec la plus grande facilité. Des pluies torrentielles se sont alors mises à tomber, causant de terribles inondations dans le Nord-Ouest. Cependant, les routes restaient praticables alors que nous nous hâtions en direction du sud, précédés de près par la tempête.

En altitude, un mélange de neige, de grésil et de pluie réduisait la visibilité et couvrait l’autoroute d’une dangereuse couche de boue. À cet endroit précis, un gros camion chargé de matériel électrique s’est trouvé devant nous. Nous l’avons suivi au travers de la tempête sans détourner les yeux, avec une confiance absolue. Merci, ô Père ! Malgré les conditions climatiques, nous avons couvert ce premier jour près de 1 000 kilomètres.

Le lendemain, nous devions franchir de hauts cols, et pourtant les routes étaient ouvertes, propres et dégagées. À la mi-journée, nous avions dépassé les montagnes et faisions route rapidement dans la vallée de Sacramento, sous le chaud soleil du climat parfumé de Californie. Quel soulagement !

C’était un jour merveilleux pour célébrer mon soixantequinzième anniversaire. Ce soir-là, Ursula et moi avons fait honneur à un délicieux repas de fruits de mer dans un élé-


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gant restaurant de style espagnol. Les mets succulents étaient servis sur des nappes de lin blanc ornées de roses. Ce calme décor champêtre était tout simplement splendide.

Nous étions calmes et pensifs, en compagnie de Christ, tout en regardant le soleil se coucher dans un flamboiement de couleurs derrière les collines de la côte. Avec quelle tendresse il nous avait ouvert le chemin ! Avec quelle précision il nous avait guidés au travers des tempêtes ! Avec quelle bonté il nous avait à nouveau ramenés dans cette région tant aimée ! Le jour suivant, le trajet était magnifique et aisé au milieu des collines dorées de cet état immense qui s’étale en bordure de mer. Vers le milieu de la matinée, nous faisions route le long des brisants. Pour fêter notre retour, nous avons pris notre petit-déjeuner sur une terrasse d’où nous pouvions voir, sous nos pieds, les vagues s’écraser contre les rochers. Une heure plus tard, nous avons rencontré un ami très cher dans un petit village proche de notre destination finale. Nous nous sommes chaleureusement étreints, tandis qu’Ursula et moi ressentions le bonheur d’être de retour à la maison, baignés du parfum des eucalyptus et des superbes feuillus bordant la côte. Tout le long du chemin, heure après heure, ce trajet éprouvant s’était enrichi de la conscience aiguë de la présence de Christ. Nous avions fait le voyage en beaucoup moins de temps que prévu, et cela grâce à l’étonnante endurance et la force physique dont il nous avait pourvus. Plus tard dans l’après-midi, nous nous sommes installés dans nos confortables quartiers d’hiver. Nous avions loué cet appartement sans l’avoir vu au préalable. Là encore, cela dépassait nos rêves les plus fous. C’est pleins de joie et


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de gratitude que nous avons pris possession des lieux. Dieu nous les avait préparés afin que nous puissions poursuivre notre œuvre.

La vie est jalonnée de défis placés là pour mettre à l’épreuve notre courage et notre fermeté d’âme. Mais plus encore, ces défis nous donnent l’occasion de découvrir à quel point notre Père est fidèle, plein de grâce et de générosité envers ses enfants. La vie avec lui est à proprement parler une aventure riche en surprises. Nous lui en sommes tellement reconnaissants !



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Chapitre 1

Connaître Dieu personnellement Pour connaître Dieu personnellement, il faut le laisser entrer dans chacun des domaines de notre vie. C’est la seule et unique solution. C’est aussi simple que cela. Pourtant, c’est en même temps le plus grand défi qui soit. Car permettre à l’Esprit de Dieu d’avoir un total accès à toutes nos activités nous oblige à engager notre volonté tout entière.

Nous ne sommes pas de nature à laisser facilement un autre esprit que le nôtre dicter notre conduite. Nous aimons être notre propre maître. Nous tenons par-dessus tout à user de notre droit de faire nos propres choix, même s’ils s’avèrent parfois destructeurs. Nous pensons détenir l’autorité nécessaire pour diriger nos pas comme bon nous semble. Nous ne voulons pas céder le contrôle de notre comportement ou de notre carrière à quiconque, fût-ce à Dieu lui-même, alors qu’il est notre Père, notre ami, notre compagnon.


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Deux incompréhensions majeures sont à l’origine de cette opposition contre Dieu.

Tout d’abord, nous estimons être tout à fait capables de nous en sortir par nos propres moyens. Cette tragique erreur a pour conséquence le calvaire qu’endurent tant de gens : la violence entre les hommes, l’exploitation des pauvres, les crimes horribles perpétrés envers d’innocentes victimes, la souffrance engendrée par les préjugés, le caractère impitoyable des riches et les innombrables injustices sociales. Non, les hommes et les femmes de ce monde ne s’en sortent pas si bien que cela ! Ils luttent seuls, au plus profond des ténèbres de leur désespoir… sans même savoir pourquoi !

La seconde grande incompréhension a pour sujet Dieu lui-même. Tout au long de la triste histoire de l’humanité, hommes et femmes se sont inventé toutes sortes de faux dieux. Ces divinités trompeuses sortant tout droit de leur imagination se comptent par milliers. L’adoration vouée à de telles idoles ne conduit qu’à davantage de désillusion et de désespoir. Il est donc compréhensible que les individus nourrissent de sérieux préjugés envers toute piété factice et toute forme de rituel religieux qui ne feraient qu’alourdir le fardeau de leur vie. Ils choisissent donc d’ignorer Dieu. Ils sont convaincus que, d’une manière ou d’une autre, il leur imposerait des restrictions sévères. Se l’imaginant sous les traits d’un dictateur, ils se détournent de lui et cherchent seuls leur voie… Pourtant, la merveilleuse bonne nouvelle, c’est que le Dieu vivant est justement tout le contraire de cette représentation ! Lorsque vous faites le pas de l’accueillir dans votre vie du fond du cœur, vous débordez de joie. Vous découvrez que celui qui vous semblait si distant et redoutable devient en fait un Père aimant et attentionné. Vous restez sans voix


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devant la bonté et la compassion du Christ vivant, qui vient à vous comme un ami. La présence inestimable du Saint-Esprit vous étonne au fur et à mesure qu’il devient votre guide et votre gardien sur les sentiers tortueux de la vie. L’étrange quête intérieure de votre âme est satisfaite.

Aucune philosophie humaine ni réalisation matérielle ni succès social ni rituel ni religion ne pourra jamais en faire autant. Par contre, quand vous laissez le Seigneur vivant, le Christ Jésus, envahir votre être entier, il vous régénère totalement et insuffle en vous une vigueur nouvelle. Soudain, vous réalisez que vous venez d’entrer dans une optique de vie radicalement différente. La présence et la puissance de Dieu en personne se manifestent en vous de manière réelle, évidente et convaincante. Vous êtes désormais convaincu que Dieu est vraiment vivant, qu’il est à l’œuvre en vous et qu’il s’est impliqué dans tous les domaines de votre vie.

Petit à petit, vous prenez conscience d’être enveloppé et rempli par son amour. Sa venue dissipe les doutes et la crainte. Sa présence apporte une paix bénie. Sa puissance et ses desseins imprègnent votre âme et votre esprit en donnant une ligne de conduite sûre à chacun de vos jours. Tout à coup, dans ce monde en proie au chaos et à la confusion, vous découvrez que le repos et la guérison sont à votre portée lorsque vous vous réfugiez en Dieu. Une vague de bonheur intense vous envahit, parce que vous le laissez tout simplement prendre le contrôle de votre vie. Lui seul connaît et comprend vos difficultés, et possède toutes les solutions. Aussi étonnant que cela puisse paraître, vous savez enfin ce que signifie être délivré des peurs et des frustrations. La


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tranquille assurance qu’il vous donne remplace la futilité de vos luttes acharnées. Vous pouvez vous reposer sur la compassion de votre Père, faire confiance à l’amitié du Christ et calmement obéir aux directives de son Esprit. Voilà en quoi consiste la connaissance personnelle du Dieu vivant. Il n’est plus une divinité distante, il est là, avec vous, et ne vous quittera jamais ! C’est pour cela que tout va bien !

Cette communion intense et intime avec le Dieu vivant nous remodèle et nous régénère complètement, à condition que nous lui permettions de croître. La transformation commence dans l’esprit, au cœur de notre être. L’intense conviction d’être accepté dans la présence du Dieu éternel et parfait nous rend aussi douloureusement conscient de nos propres imperfections. Dans la lumière de sa gloire, nous nous voyons tels que nous sommes vraiment, c’est-à-dire souillés. Alors, nous venons à lui avec notre besoin désespéré de pardon et d’approbation. Bourrelés de remords, nous nous repentons de nos péchés et nous détournons de nos mauvaises voies. Et Dieu, dans sa grâce, nous renouvelle !

Jamais, non, jamais il ne se détourne de ceux qui le recherchent sincèrement. Il comble entièrement notre esprit insatiable. Il étanche la soif cruelle de notre âme aux sources débordantes de sa vie. Christ offre une vie nouvelle, surnaturelle et abondante à ceux qui, au plus profond de leur désespoir, se détournent des anciens chemins du monde, stériles et desséchés, pour entrer dans la présence de Christ. Cette nouvelle existence implique de faire des choix : jour après jour, je me plie tranquillement à ses souhaits et je choisis de renier mes anciens désirs égoïstes pour faire la volonté de Dieu. C’est sa puissance, à l’œuvre dans mon âme


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et mon esprit, qui me libère de la folie et de la futilité qui me caractérisaient. Elle me permet de le suivre vaillamment et avec assurance. Voilà ce que signifie suivre Dieu avec bonne volonté. Ma petite vie prend soudain tout son sens. Dans mon for intérieur, je réalise tout à coup que j’ai vraiment de la valeur. Pourquoi ? Parce que je suis désormais un enfant de Dieu et qu’il m’entoure de soins paternels attentifs. Parce que je découvre que Christ est à la fois mon Sauveur et mon meilleur ami et que j’expérimente personnellement la direction de son Esprit. Tout cela transforme la vie avec Dieu en une joyeuse aventure.

Connaître Dieu, il n’y a rien qui compte davantage : c’est le grand secret de l’existence ! Le langage humain est incapable d’exprimer la profondeur spirituelle du lien qui unit l’homme à Dieu. Il est si simple et pourtant si sublime à la fois ! Christ en nous ! L’Esprit de Dieu, dans sa grâce, nous révèle ce grand secret, ce merveilleux mystère existant entre le Père et ses enfants.

Il nous transforme ! Il nous régénère ! Il nous rend semblable à lui à condition que, jour après jour, en toutes circonstances, nous le laissions pénétrer chaque recoin de notre vie.

Lorsque nous sommes régénéré, nous ne tardons pas à découvrir que l’Esprit qui est venu habiter en nous exerce une profonde influence sur notre âme. La venue de Christ dans notre vie transforme nos attitudes et nos émotions. C’est inévitable, car sa compassion, son souci des autres et son amour pour les malheureux deviennent peu à peu partie intégrante de notre caractère.


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Pas à pas, une transformation inexorable prend place dans notre vie tout entière. Notre système de valeurs est radicalement redéfini par la présence de Christ en nous et par l’impact de sa Parole sur notre esprit. À la lumière de la sagesse et de la vérité éternelle de Dieu, nous commençons à percevoir le monde et ses schémas de pensées erronés sous un jour entièrement nouveau. Pour la première fois, nous découvrons, grâce à Christ, à quel point nous étions aveuglé par les valeurs négatives, la folie croissante et la terrible futilité de notre société. Nous constatons l’étendue de la corruption qui règne au sein de notre civilisation. Par ces changements profonds dans notre façon de penser, les bonnes priorités se remettent en place. L’orgueil est détruit. Au lieu d’être entêté et obstiné, nous désirons nous soumettre humblement à la bienveillance de Dieu. Nous devenons alors capable de traverser avec calme, jour après jour, la confusion qui nous entoure.

Cette transformation est progressive, elle n’est en rien sensationnelle ou spectaculaire. Il s’agit simplement de l’impact silencieux de la présence de Christ. Il s’exerce sur notre caractère et notre conduite heure après heure. Et c’est ainsi que l’enfant de Dieu est amené à entrer dans les grands projets que Dieu a préparés pour lui. La vie prend tout son sens. Bien sûr, cela ne signifie pas que l’existence devient un perpétuel enchantement. Mais, même au cœur de l’adversité et de la souffrance, Dieu est là ! Il est présent pour aider et pour guérir. Alors, tout va bien !

En conséquence, celui qui connaît Dieu personnellement éprouve du plaisir à demeurer dans sa présence. Cette personne a une étincelle dans le regard, un sourire sur le visage, une démarche légère, même à un âge avancé. Elle


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apporte une touche de bonne humeur à ce monde égaré. Elle place son espérance dans les cieux, car elle s’accroche fermement à la certitude de partager la vie de son Sauveur à tout jamais !



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Chapitre 2

Travailler, un service pour Dieu Quand il était sur la terre, Christ, dans la personne de Jésus de Nazareth, s’est mis au service de ses contemporains. Durant sa jeunesse et les premières années de sa vie active, il était un artisan et un bâtisseur zélé. À Nazareth, « le charpentier » avait la réputation d’être fiable, intègre et talentueux. Pendant son ministère public, Christ a constamment servi les autres. Il affirmait que c’était le vrai but de sa venue parmi nous. Sans cesse il s’appliquait à guérir les malades, à nourrir les affamés, à réconforter les désespérés. Il aimait enseigner les vérités divines et venir en aide aux perdus. Cette tâche était dure et exigeante, mais aussi tellement noble ! Jésus disait que son travail était d’accomplir l’œuvre de son Père : « Mon Père est à l’œuvre ; et moi aussi, je suis à l’œuvre ! » Jésus travaillait en accord parfait avec la volonté de son Père !


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Quelle profondeur dans cette manière de voir les choses ! Elle donne une tout autre dimension aux tâches que Dieu nous confie. Si avec amour et humilité, nous œuvrons en collaboration avec le Christ, tout service rendu, même le plus insignifiant, revêt une importance capitale. Il témoigne que Dieu et l’homme se sont associés et ont agi d’un accord commun, pour sa gloire et pour notre bien.

Cette manière de considérer le travail jette une lumière nouvelle sur la grisaille qui entoure parfois nos corvées quotidiennes. Dans les rues, le balayeur se met soudain à fredonner. Une mère réalise à quel point prendre soin de petits enfants ou de rudes adolescents est important et digne de reconnaissance. Penché sur les plaies purulentes d’un patient, le jeune médecin a tout à coup le regard qui s’éclaire.

La besogne la plus pénible peut être exécutée avec fierté lorsque nous réalisons que travailler pour et au nom du Christ est une bénédiction. Dans mon livre de méditations quotidiennes, un signet me rappelle de façon claire et simple ce que signifie réellement travailler en compagnie du Seigneur. Il dit ceci : Avant de lui exposer votre détresse, bénissez toujours le Seigneur pour sa fidélité à votre égard. Avec lui, vos simples tâches quotidiennes deviendront autant de jolies mosaïques disposées sur le chemin où vous marchez côte à côte.

Au lieu d’être considéré comme une corvée, tout travail peut être placé sous le signe de l’amour. La plus ordinaire des tâches peut être source de joie : tailler un rosier, cuire du pain, s’occuper d’un petit enfant, rendre visite à un ami esseulé… Nous pouvons, si tel est notre désir, éprouver une


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profonde satisfaction en menant à bien notre travail avec enthousiasme.

J’ai toujours essayé d’accomplir chaque tâche avec cœur, même si elle promettait d’être pénible ou fastidieuse. L’effectuer avec l’aide de Christ la rendait noble et gratifiante. Bien souvent, je lui ai demandé de me donner les capacités, l’énergie et la sérénité nécessaires pour venir à bout d’un travail avec succès et bonne volonté. Il ne m’a jamais laissé tomber. J’ai relevé le défi avec plaisir parce qu’avec lui, le travail se transforme toujours en une expérience enrichissante.

Même au cours de mes jeunes années, alors que je ne marchais pas constamment à sa suite, les conseils divins ont eu un impact capital sur mon travail et ma vie tout entière. Dieu se tenait fidèlement à mes côtés et me donnait le courage d’aller de l’avant. Pendant mes études et mes années dans la recherche scientifique, que je fusse consultant en agriculture ou patron de ranch, explorateur des ressources naturelles du globe ou documentaliste animalier, écrivain ou orateur dans les églises, j’ai toujours pris conscience de l’action de Dieu en moi. Sa présence, sa puissance et sa paix me rassurent et me chuchotent : tu n’es pas seul, je suis là pour t’aider et te guider. Je laisse même Dieu me diriger dans l’agencement de mes tâches quotidiennes. Ainsi mes journées débordent de surprises réjouissantes. Je constate qu’il s’occupe du moindre détail ! Cela me motive et m’aide à faire du bon travail. La qualité du travail que je fournis met d’ailleurs directement la réputation de mon Père en jeu, car les gens qui m’entourent m’observent attentivement. L’attention des incroyants peut être attirée par l’excellent travail qu’effectuent les chrétiens.


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Malheureusement, il arrive que les chrétiens fassent preuve de négligence et de paresse dans leur travail, sans rechercher la perfection ni respecter leurs engagements. Un tel laxisme nuit terriblement à l’image du Christ et conduit souvent certains incroyants à mépriser les chrétiens. Il est en partie à l’origine de la méfiance et du scepticisme que beaucoup éprouvent envers l’Église et son divin Maître. C’est pourquoi, relevons nos manches, et voyons comment Dieu agira !

Après tout, l’une des choses essentielles dans la vie est la manière dont nous nous acquittons de nos devoirs. Ne fuyons pas quand retentit le mot travail ! Ce dernier nous permet de contribuer à faire de ce monde un endroit où il fait bon vivre, non seulement pour les humains, mais aussi pour toutes les autres créatures bien-aimées de notre Seigneur. Nous oublions souvent un fait important : ce qu’un individu considère comme important transparaît au travers du métier qu’il exerce. Quand quelqu’un consacre de l’énergie, du temps et de la réflexion à faire quelque chose de valeur, cette œuvre demeure pour longtemps le témoignage d’une vie bien menée.

Christ s’est lui-même appliqué à venir en aide à autrui. Christ ne désire pas nous voir « frimer » ou nous vanter. Il ne nous appelle pas à exercer un quelconque ministère spécial et sophistiqué à la gloire de l’homme. Il n’a jamais insinué que nous devions tous être des génies ou de grands créateurs. Au contraire, il a affirmé que tout ce que nous faisons à notre prochain, c’est à lui que nous le faisons. Quoi de plus simple et de plus beau à la fois que de tendre un verre d’eau à celui qui a soif, de faire un bout de chemin aux côtés d’une personne triste ou délaissée, ou d’aider un automobiliste à extraire sa voiture d’un fossé !


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Récemment, j’assistais avec ma femme à un concert de Noël organisé par l’une des plus grandes universités chrétiennes du pays. J’étais impatient à l’idée d’entendre les superbes hymnes qui inciteraient nos âmes à glorifier Christ, notre Roi. Au lieu de cela, les organisateurs de la section musicale avaient mis au programme un ensemble de morceaux difficiles qui leur permettaient de mettre en avant leur savoir-faire. La musique était si forte, si discordante et avant-gardiste qu’elle écorchait les oreilles.

Le résultat global, qui aurait mieux convenu à un spectacle de music-hall, n’était finalement qu’une performance flattant l’ego du chef d’orchestre. Cette magnifique occasion de servir et d’honorer notre Sauveur avait été complètement gâchée. Je suis rentré chez moi profondément attristé. L’obéissance au Maître donne un sens profond à notre vie et des directives très claires sur la voie que nous devons suivre. Les tâches les plus humbles et les plus communes prennent une tout autre dimension. Notre travail cesse d’être synonyme de labeur monotone, de besogne pénible ou de tâche déshumanisante : il devient un service dévoué que nous rendons au Très-Haut et aux personnes qu’il place sur notre route. Il peut même devenir une vraie source de plaisir, de fierté et d’inspiration. Notre Père récompense le travail bien fait. Je m’en suis rendu compte tout au long de ma vie de dur labeur. Avec tendresse, il surprend ses fidèles serviteurs et leur offre de magnifiques cadeaux préparés par ses soins. Il les honore, pas nécessairement par le biais de louanges humaines, mais au travers du profond sentiment de satisfaction qu’il suscite en eux.


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Nous savons que Dieu n’oublie rien de ce qui a été accompli. En temps voulu, il veillera à ce que les derniers soient les premiers et que les plus petits prennent la place des plus grands. Tout ce qu’il me demande, c’est de lui rester fidèle et de le servir avec loyauté à l’endroit où il m’a placé.

Je peux alors me mettre au service des autres en gardant le sourire. Je peux siffler en travaillant. Je peux considérer avec un regard neuf les activités que nous faisons ensemble. Et je peux suivre Christ avec quiétude et satisfaction en toutes occasions.


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Chapitre 3

Faire ce que l’on aime et aimer ce que l’on fait Quelle tragédie pour l’humanité que ce nombre incalculable de vies gâchées et perdues, vécues dans l’unique but de survivre ! Tant d’êtres humains sont confrontés à ce problème ! J’en ai été le témoin dans de nombreux pays pourtant très différents. Devant cette situation, le cadre bien rémunéré pris dans l’engrenage d’un travail routinier et le paysan africain qui s’échine sur un bout de terrain aride sont sur un plan d’égalité.

Des millions de gens ne connaissent durant toute leur vie que l’esclavage d’un travail ingrat, pénible et abrutissant. La routine et l’ennui sont leurs compagnons de chaque jour. Pour beaucoup d’entre eux, la vie est tout simplement dépourvue de sens. Ironiquement, le salaire qu’ils reçoivent


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leur rappelle que c’est pour le mériter qu’ils se vouent à cet assujettissement sans fin.

J’ai moi-même connu les affres du labeur vain et destructeur. Quand j’étais jeune, j’ai beaucoup souffert entre les mains de contremaîtres sévères. Et plus je travaillais, plus mon dos et mes muscles endoloris renforçaient ma volonté d’échapper à une telle servitude. Je tenais absolument à découvrir quel genre de travail je serais capable d’accomplir d’instinct, avec joie et naturel. J’avais découvert que celui qui aime ce qu’il fait peut venir à bout des plus grandes difficultés. Au lieu de se décourager, il considère les revers et les échecs comme autant de défis à relever et de possibilités de progresser. Ceci revêt une grande importance pour le chrétien ! La décision d’exercer un métier ou une profession précise ne devrait jamais reposer uniquement sur la promesse d’un bon salaire, du prestige et même d’un certain pouvoir. D’autres considérations sont à prendre en compte : Ce travail est-il réellement celui que Dieu aimerait que j’exerce ? M’a-t-il doté des capacités nécessaires pour l’accomplir correctement et avec joie ? Tellement de gens passent à côté du but de leur vie ! Ils ne découvrent pas en vue de quelle noble vocation Dieu les a lui-même préparés. Bien souvent, ils sont comparables à des enfants essayant d’insérer des pièces carrées dans des trous ronds. C’est tout simplement impossible et il n’en résulte au final qu’une cruelle frustration ou un ennui mortel.

De nombreux jeunes gens viennent me demander avec sérieux ce qu’ils doivent faire de leur vie. C’est vrai, bien choisir sa profession est extrêmement important. De là découle le niveau de satisfaction d’une personne dans son


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travail. Ma réponse est toujours la même : faites ce pour quoi vous êtes le plus doué, cherchez ce qui vous enthousiasme, puis lancez-vous à corps perdu dans ce secteur d’activité. Placez votre confiance en Christ afin qu’il vous dirige dans les décisions à prendre.

Cela ne signifie pas pour autant que la vie soit un long fleuve tranquille. Pas du tout ! Elle ne l’est jamais pour personne. Il y a des tempêtes, des jours sombres, des situations éprouvantes et des confrontations avec des personnes peu aimables. Mais, en toutes circonstances, souvenez-vous que vous n’êtes pas seul pour affronter l’ouragan : vous pouvez sentir la puissante présence du Maître à vos côtés. Il vient vous diriger, vous encourager et vous permettre de garder le cap. Alors, vous pouvez persévérer paisiblement, surmonter les difficultés et finalement remporter la victoire.

Celui qui fait un excellent travail avec bonne volonté se voit richement récompensé. Il est satisfait car il sait que si la tâche a été accomplie avec minutie et succès, c’est parce que Dieu et l’homme ont œuvré de concert. De plus, un tel travail attire toujours l’attention. Nul besoin de placarder des affiches, ni de profiter du battage pour prouver à tous que notre travail est digne de louanges. Notre Père s’occupe de toutes ces choses lorsque nous le satisfaisons pleinement. Rappelons-nous aussi que Dieu subvient parfaitement aux besoins de ceux qui placent les intérêts divins à la première place dans leur vie. L’œuvre d’un individu, quelle qu’elle soit, devrait être méritante par son essence même. C’est l’honnêteté et la dignité dont elle est empreinte qui la feront subsister. Parce que je suis un enfant de Dieu, je ne bâcle pas mon travail. Je désire produire un ouvrage de qualité et je ne fais pas les choses à moitié en espérant qu’une bonne campagne de publicité


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Vivre pour l’essentiel

couvrira mes lacunes. Notre société agit peut-être de la sorte, mais le chrétien authentique ne doit pas s’y conformer.

Ne travaillons donc pas à contrecœur ! Le nom de Dieu et l’estime qui lui est due entrent en jeu dans l’œuvre que nous accomplissons. Peu m’importe que ma tâche consiste à balayer un trottoir ou à parler devant plusieurs milliers de personnes. L’honneur rendu à Dieu se joue dans chacune de mes activités, et le mien aussi, puisque j’appartiens à Dieu. Ma vie est un livre ouvert dans lequel notre société jette un regard critique.

Si ce monde pécheur peut entrevoir quelque chose de la vie, de l’amour et de l’œuvre de Christ, c’est bien au travers du travail sérieux et sincère que la puissance divine permet d’accomplir. Dieu nous appelle à agir concrètement et efficacement dans ce monde. L’une des meilleures marques d’approbation qui ait jamais été prononcée à propos de Christ est celle-ci : « Il était un homme de bien ! » Le caractère réel d’un homme se manifeste pleinement dans l’œuvre qu’il accomplit. Jésus a déclaré qu’« un bon arbre ne porte pas de mauvais fruits, ni un mauvais arbre de bons fruits. Chaque arbre se reconnaît à son fruit. On ne cueille pas des figues sur des épines. C’est par le fruit qu’il produit que vous pouvez connaître le caractère d’un homme » (d’après Luc 6 : 43-44).

Un matin, j’ai pu voir ce principe illustré de façon mémorable. Pendant des années, j’avais travaillé avec acharnement pour produire une série de documentaires sur la vie des principales espèces animales vivant dans le nord des Montagnes Rocheuses. Une fois terminé, ce projet a été proposé à une chaîne de télévision canadienne. Les producteurs désiraient diffuser largement mes films dans le pays,


Faire ce que l’on aime et aimer ce que l’on fait

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mais avec une réserve : la politique gouvernementale ne me permettait pas de laisser transparaître mes convictions chrétiennes lors de cette diffusion nationale. J’ai donc accepté de ne rien laisser entendre en ce qui concernait ma foi. Lorsque les films ont été projetés, l’accueil a été si enthousiaste que la chaîne télévisée les a rediffusés à quatre reprises. De partout, je recevais des lettres de remerciement pour la beauté et le caractère édifiant de cette production. Mais le moment le plus émouvant fut le matin où j’ai quitté les studios. Le grand patron m’a convoqué dans son bureau pour me dire : – Toutes sortes de personnages entrent et sortent de ces studios. Mais votre passage ici était comme une brise rafraîchissante, bénéfique pour chacun de nous !

C’était suffisant ! Le travail en lui-même avait proclamé ma foi en Dieu plus fort et plus clairement que n’aurait pu le faire tout commentaire de ma part. Il en est de même pour l’héritage que laisse derrière lui l’homme qui a accompli un travail noble et honnête. Je suis en admiration devant tous ceux qui, sous l’inspiration du Très-Haut, nous comblent du fruit de leur travail : musiques majestueuses, livres et œuvres d’art de valeur, magnifiques parcs et monuments, soins médicaux de qualité, grandes découvertes et autres œuvres édifiantes.

Dieu donne un côté excitant aux tâches les plus communes. La monotonie se dissipe et fait place à la lumière, au rire et à l’amour. Un bout de papier défraîchi est glissé dans mon portefeuille de cuir racorni. Les réflexions simples et profondes de Ralph Waldo Emerson (1803-1882) donnent une saine vision de ce qui compte réellement dans l’existence :


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Vivre pour l’essentiel Rire souvent et aimer beaucoup. Gagner le respect des hommes intelligents et l’affection des enfants. Mériter l’approbation des honnêtes citoyens et supporter la trahison des faux amis. Apprécier la beauté ; discerner ce qu’il y a de meilleur chez les autres. Donner le meilleur de soi. Quitter le monde en le laissant meilleur qu’il n’était avant, que ce soit par un enfant en bonne santé, un bout de jardin ou une situation sociale améliorée. Avoir ri et joué avec enthousiasme, chanté avec exaltation. Savoir qu’une vie au moins a été plus légère grâce à la vôtre, c’est avoir réussi dans la vie !

Sans l’ombre d’un doute, Christ peut utiliser d’une manière extraordinaire le travail tout simple que quelqu’un accomplit dignement, dans le but d’attirer d’autres âmes à lui. Après tout, il est lui-même à l’œuvre dans la vie de ceux qui l’ont accepté. Ce partenariat fait se dissiper l’ennui et la lassitude qui pèsent parfois sur nos journées. Notre ouvrage devient au contraire une source d’édification pour nousmême et pour ceux que nous servons.

Il y a quelque temps, j’ai reçu une carte de vœux à l’occasion de mon soixante-quinzième anniversaire. La personne qui me l’envoyait avait participé à nos études bibliques. À l’intérieur de cette missive se trouvait le plus bel éloge qui puisse être fait à un professeur. Il m’a profondément ému. Ce texte résumait de manière éloquente tout ce que j’ai tenté de vous expliquer dans ce chapitre. Permettez-moi de le partager avec vous, afin que vous puissiez comprendre la valeur que prend un travail honnête aux yeux de Dieu, lorsque vous l’aimez et vous efforcez de le faire au mieux :


Faire ce que l’on aime et aimer ce que l’on fait À un professeur qui se souciait réellement de nous, Parce que vous avez pris la peine de trouver le moyen De leur montrer chaque jour l’amour de Dieu, Vos étudiants ont perçu le message plus que les paroles. La compassion, la justice et la force parlent bien de Dieu ! Oui, elles reflètent la foi qui vous imprègne tant. La lumière intérieure du Saint-Esprit brille plus que vous le pensez, Parce que vous vous souciez des autres !

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Chapitre 4

Le rire, un remède efficace Pouvoir rire avec chaleur et authenticité est un don du ciel ! Le rire possède l’étonnant pouvoir de soulager notre douleur et d’élever notre âme dans la joie et la gaieté. Il nous donne de l’espoir pour les jours qui viennent et les imprévus qui les accompagneront.

Les individus capables de rire face aux épreuves et aux difficultés peuvent être sans souci face aux aléas de la vie : ils se lèvent dans la bonne humeur et arrivent à supporter les revers avec un sourire et un haussement d’épaules. À mes yeux, un rire joyeux correspond à ce que l’Esprit de Dieu appelle « l’huile du contentement ». Sa richesse, sa douceur et sa chaleur mettent un baume sur les frictions et les frustrations qui existent entre les individus au sein des exigences de la vie de tous les jours.


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Vivre pour l’essentiel

Apprendre à rire quand des difficultés surviennent, rire d’elles et continuer à rire malgré elles, est l’un des grands secrets qui conduisent à la sérénité. Il nous rend beaucoup plus à même de supporter les choses.

Attention, comprenez-moi bien : je ne parle pas ici des rires désillusionnés et caustiques, des plaisanteries douteuses qui deviennent si fréquents dans notre société. Non, je pense plutôt à ces personnes courageuses qui refusent de s’apitoyer sur leur sort, qui sont déterminées à trouver le côté positif des choses même quand tout semble aller mal.

Chez l’enfant de Dieu, le rire profond et sincère exprime sa joie débordante. Il est une manifestation d’une profonde joie intérieure, qui naît quand nous réalisons que Dieu est un Père plein d’amour qui prend soin de nous. Le simple fait de rire témoigne avec force de ce que nous faisons confiance à Christ, notre ami bien-aimé. Même si le chemin de notre vie est jalonné de difficultés, nous pouvons être de bonne humeur parce que l’Esprit est là pour nous guider et nous aider à en sortir. La responsabilité de choisir d’être des enfants de Dieu allègres et radieux repose sur nous. Formulons-le différemment : vais-je choisir de chercher le bon côté des choses ? Vais-je choisir de rechercher la face du Seigneur Jésus aujourd’hui ? Vais-je choisir de chercher où la main de mon Père est à l’œuvre à l’arrière-plan ?

Si, dans le calme et la confiance, je fais délibérément ce choix parce que je crois que Dieu est capable de tirer de bonnes choses de la pire situation, j’apprendrai à rire ouvertement de l’adversité. Non que je sois un individu léger qui ne prend pas au sérieux son parcours spirituel avec Dieu, au contraire. Je ris parce que je sais qu’il est à l’œuvre partout


Le rire, un remède efficace

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où il dirige mes pas. Mon rire n’est pas un voile qui masque les tragédies, il est l’expression du triomphe sur le trouble. Nous nous heurtons tous sans exception à des difficultés. Christ l’a lui-même affirmé. La question est : comment allons-nous affronter les problèmes ? Avec consternation ou avec gratitude ? Il y a peu de temps, les vibrants accords du Messie de Haendel m’ont ému jusqu’au plus profond de mon âme. Encore et encore, ce majestueux oratorio nous rappelle que Christ était un homme de douleur, habitué à la souffrance. Il a été méprisé et rejeté par les hommes, accusé à tort et cruellement maltraité. Pourtant, il a triomphé à la fois par sa vie de tous les jours et par sa mort.

La lumière, le bonheur, la joie et la bienveillance qui émanaient de lui facilitaient les contacts avec les délaissés qu’il rencontrait quotidiennement. C’est de cette manière qu’il manifestait son amour plein d’entrain à un monde déchu et désespéré.

Les adversaires et les accusateurs de Jésus l’accusaient d’être « l’ami des pécheurs et des publicains ». Étonnant ! Or, les prostituées, les intrigants et les enfants innocents ne sont généralement pas attirés par les individus froids et austères. Christ venait à leur rencontre comme il vient à nous aujourd’hui : en débordant de bienveillance et d’enthousiasme. Cette joie s’exprime par de larges sourires et de grands éclats de rire sincères. À de multiples reprises, Christ a répété ces mots réconfortants aux êtres brisés et abattus : « Prenez courage ! » Cela nous est totalement impossible par nos propres moyens !

À chaque fois que je fais la connaissance d’une personne d’humeur toujours maussade, je me demande si elle a jamais


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Vivre pour l’essentiel

vraiment rencontré le Maître. En effet, il remplace systématiquement les tristes cendres froides de nos difficultés par sa joie de vivre !

Notre capacité à être de bonne humeur attire les autres à Dieu. Quand nous apportons nos sourires et nos encouragements dans nos contacts, une passerelle est bâtie par laquelle nous pouvons transmettre notre amour, notre compassion et notre souci de l’autre. Nos concitoyens se rendent bien vite compte que nous ne sommes pas des « petits saints » raides et guindés, ou de tristes et ennuyeux « faiseurs de B. A. ». Ils découvrent que nous sommes des individus joyeux, joviaux et satisfaits, en qui quelque chose de la vie de Jésus-Christ est vraiment perceptible. Parmi les meilleurs moments de mon existence, je retiens particulièrement ceux qui m’ont permis, grâce à un zeste d’humour et de compassion, de parler au cœur d’un être replié sur lui-même. Il est étonnant de constater à quel point les gens distinguent aisément ce qui n’est que plaisanterie dénuée d’intérêt d’un geste d’authentique bienveillance. Ils répondent volontiers aux manifestations que Dieu inspire.

Il y a peu de temps, j’ai encore eu l’occasion d’en vérifier la véracité. J’étais parti de bon matin pour une longue marche sur le rivage désert. J’en ai profité pour me baigner dans une mer agitée. À mon retour, j’ai constaté qu’un jeune homme bronzé à la longue chevelure avait garé son buggy près de mon camion. Il s’apprêtait à mettre à l’eau son kayak. J’aurais pu passer à côté de lui en hochant simplement la tête mais j’ai préféré m’arrêter pour passer quelques minutes avec lui. Il a commencé par gentiment se moquer de moi, s’étonnant de ce que j’aie eu le cran de piquer une tête dans la mer houleuse à cette heure matinale. Ma réponse spontanée a été


Le rire, un remède efficace

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de rire de bon cœur. J’ai admis qu’à l’âge de soixante-quinze ans, mon vieux cœur se donnait bien du mal pour faire face à des conditions si hivernales. Nous avons gaiement plaisanté à ce sujet. Je lui ai alors parlé de mon désir de posséder un jour un kayak bien solide.

Quelques minutes plus tard, nous étions plongés dans un dialogue passionnant sur la paix et l’inspiration que l’homme peut trouver dans les eaux calmes au-delà des brisants, et du besoin d’être seul. Quand est venu le moment de nous séparer, je savais qu’un pont de complicité et de confiance avait été jeté entre nous. Il m’a dit qu’il venait là régulièrement et m’a invité à utiliser son kayak à l’occasion. Finalement, il s’est éloigné avec quelques mots d’encouragement et un grand geste amical. Lors de notre prochaine rencontre, je me ferai une joie et un honneur de lui parler de Christ. Le rire joyeux, telle l’eau claire qui jaillit d’une source dans la montagne, a le pouvoir de nettoyer tout ce qu’il touche, de rafraîchir et de guérir tous ceux qui s’y abreuvent. Un tel rire nous aide efficacement à rester content même dans les circonstances difficiles. Il nous aide à garder un juste sens des valeurs et des perspectives. Nous ne prenons pas les flèches de l’adversité trop au sérieux. Au lieu de cela, nous nous réjouissons de la grandeur et de la bonté de Jésus-Christ qui peut nous délivrer de toute peur et de tout péché.

Nos péchés revêtent de nombreuses formes : non seulement le vice et la déchéance, mais aussi le désespoir, les doutes, les crises de colère, les paroles blessantes, l’impatience, les mauvaises attitudes en face de l’adversité et le manque d’amour. Christ peut nous délivrer de ces émotions destructrices, et nous offrir ses encouragements. Il nous offre sa présence, sa puissance, sa paix, son pardon, sa pureté et sa protection !


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Vivre pour l’essentiel

Le secret suprême d’une vie spirituelle pleine de force et d’assurance se résume en ces termes : nous devons être centré sur Christ ! La fontaine de la joie éternelle se cache au cœur même du Christ vivant. Capter cette source, c’est se réjouir dans le Seigneur. C’est connaître personnellement la vie de notre Père céleste et le baume apaisant de son Esprit.



Phillip Keller

Phillip Keller (1920-2001) Berger, agronome, photographe de la vie naturelle et conférencier de renom. Auteur de plusieurs best-sellers dont Un berger médite le psaume 23, Un berger contemple le Bon Berger et ses brebis et Un berger apprend les leçons d’un chien de berger. Ses écrits ont touché des personnes de toutes nationalités.

9 782910 246839 ISBN 978-2-910246-83-9

Riche de sa longue amitié avec Dieu, il nous parle des valeurs essentielles de l’existence : connaître Dieu, le servir, vivre dans le contentement, accepter les épreuves, persévérer en toutes choses, aimer et encourager les autres… Les thèmes abordés dans Vivre pour l’essentiel répondent aux préoccupations d’aujourd’hui. Clair et concret, ce livre nous aide à considérer notre vie à la lumière de la Bible. Il renouvelle notre désir d’être conséquent avec Dieu afin qu’au terme de notre existence, le Père puisse nous dire : « Bien, bon et fidèle serviteur, […] entre dans la joie de ton Maître ! »

Phillip Keller

Phillip Keller, l’auteur de Un berger médite le Psaume 23, se penche sur une question fondamentale : qu’est-ce qui compte vraiment dans la vie ?

Vivre pour l’essentiel

Auteur de Un berger médite le Psaume 23

Vivre pour

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