Évangéliser la France sécularisée du 21e siècle • CNEF

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Évangéliser la France sécularisée e du 21 siècle LES TEXTES DU CNEF

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Évangéliser la France sécularisée e du 21 siècle

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les textes du cnef blf éditions


Travail réalisé par David Brown, président de la Commission évangélisation du CNEF, avec la contribution de : Pierre Bolduc, Gilles Delaugère, Bruno Feuillerat, Philippe Flahaut, Philippe Halliday, Tom Hawkins, Thomas Hodapp, Philippe Monnery, Patrick Nussbaumer, Josué Turnil. Les éditeurs remercient chaleureusement les relectrices pour leur précieuse collaboration à cet ouvrage : Claudine K et Ruth L. Évangéliser la France sécularisée du 21e siècle • CNEF © 2022 • BLF Éditions Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Édité sous la responsabilité du CNEF. Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Couverture : Mathilde Chazot • BLF Éditions Mise en page : BLF Éditions Impression n° XXXXXX IMEAF, 26160 La Bégude de Mazenc Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version Segond 21, copyright © 2007 Société biblique de Genève. Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Les caractères italiques sont ajoutés par l’auteur du présent ouvrage. Les autres versions sont indiquées en toutes lettres sauf la Bible du Semeur (SEM), la Bible en français courant (BFC), la Parole de vie (PDV), la Nouvelle Bible Segond (NBS), la Traduction œcuménique de la Bible (TOB), la New living translation (NLT) et la Nouvelle Édition de Genève (NEG). Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. ISBN 978-2-36249-715-5 ISBN 978-2-36249-716-2

broché numérique

Dépôt légal 4e trimestre 2022


Table des matières P R E M I È R E PA R T I E

Présentation succincte des conclusions du rapport...... 11 Introduction................................................................... 13 Résumé de l’enquête réalisée au cours de l’automne 2020........................... 23 Chapitre 1

La dimension sociale d’une Église en bonne santé....................................... 27 Chapitre 2

La dimension sociétale d’une Église en bonne santé....................................... 49 Chapitre 3

La dimension spirituelle d’une Église en bonne santé....................................... 71 Chapitre 4

Le discipulat dans une Église en bonne santé............ 83 Chapitre 5

Une modélisation d’Église en bonne santé................. 97 Chapitre 6

L’Église dispersée et l’évangélisation........................ 111 5


D E U X I È M E PA R T I E DOCUMENTS ANNEXES

Enquête réalisée au cours de l’automne 2020......... 125 Témoignage : Flavien Negrini, Église libre de Poitiers............................................... 139 PISTES D’ÉVANGÉLISATION À DOMINANTE ATTRACTIONNELLE

L’évangélisation via les œuvres mises en place par l’Église.................................................. 151 Des cultes ciblés........................................................ 157 L’apport des arts dans la proclamation de l’Évangile........................... 165 PISTES D’ÉVANGÉLISATION À DOMINANTE MISSIONNELLE

Réflexions sur l’incarnation....................................... 175 La communauté dans le tissu social - l’implication dans l’existant -.................................. 181 L’évangélisation et les réseaux sociaux.................... 185 L’aide aux couples..................................................... 191 Les groupes de découverte....................................... 195 Comment aider les Églises à faire le pont entre la présence dans la société et l’annonce orale de l’Évangile ?................................. 203 La prière.................................................................... 213

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T R O I S I È M E PA R T I E L’ÉVANGÉLISATION : LA POSITION THÉOLOGIQUE DU CNEF

Déclaration de foi du conseil national des évangéliques de France...................................... 225 Documents de référence du CNEF............................ 227 Q U AT R I È M E PA R T I E

Parcours évangélisation pertinente auprès des sécularisés (PEPS).................................. 235 Dans la même collection.............................................. 259

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P R E M I È R E PA R T I E

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Présentation succincte des conclusions du rapport

Ce rapport proposé par la Commission évangélisation du CNEF présente une approche de l’évangélisation qui permettra aux Églises évangéliques de rester pertinentes dans le contexte contemporain et de toucher les nombreux Français sécularisés qui vivent sans référence à une appartenance religieuse. Notre objectif sera tout simplement de nous recentrer sur l’essentiel. Concrètement, il s’agit de tendre vers une Église en bonne santé, c’est-à-dire une communauté centrée sur l’Évangile où les croyants rachetés par la grâce apprennent à : • aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de tout leur esprit, de toute leur force (Marc 12 : 30), • aimer les autres (Marc 12 : 31), • dans leur contexte culturel. 11


Évangéliser la France sécularisée du 21e siècle

De cette solide base biblique découlent des implications pratiques pour l’évangélisation : • Le développement de saines relations entre chrétiens ainsi qu’avec notre entourage est au cœur du projet de Dieu pour l’humanité. • Il est nécessaire que les chrétiens soient mieux armés pour vivre en « Église dispersée ». • Par conséquent, il est important que notre vie d’Église soit pertinente pour aider les croyants à vivre dans le monde actuel et à communiquer que l’Évangile est plausible et crédible. • Dès lors, tout ce que l’on fait au sein de l’Église prépare pour l’évangélisation ou sert à l’évangélisation. Ce rapport développe ces idées et propose des pistes concrètes pour arriver à une vie d’Église qui encourage cette approche.

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Introduction « Il y a chez les Évangéliques un réel désir, respectable et louable, de faire part à leur entourage, sous des formes particulièrement variées, de ce qu’ils ont découvert et qui donne tout son sens à leur existence. » « L’évangélisation est la proclamation publique de l’Évangile. Elle est destinée à informer nos contemporains afin de leur donner l’occasion d’établir une relation personnelle avec Dieu. » Ces deux phrases se trouvent sur le site du CNEF (consulté le 29/09/20). On trouve également des définitions théologiques de l’évangélisation tirées des documents de référence du CNEF (voir en annexe de ce rapport). Le document le plus récent, L’engagement du Cap (2010), propose la définition suivante de l’Évangile : • Les êtres humains sont perdus. La fâcheuse condition humaine reste semblable à la description qu’en fait la Bible : nous tombons sous la juste condamnation de Dieu pour notre péché et notre rébellion, et nous n’avons, en dehors du Christ, aucun espoir. • L’Évangile est une bonne nouvelle. L’Évangile n’est pas un concept qui aurait besoin d’idées 13


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nouvelles, mais un récit qui a besoin d’être raconté à nouveau. C’est l’histoire immuable de ce que Dieu a fait pour sauver le monde, suprêmement dans les événements historiques de la vie, la mort, la résurrection et le règne de JésusChrist. Dans le Christ, il y a de l’espoir. L’évangélisation est donc la communication de cette Bonne Nouvelle : « Que dois-je faire pour être sauvé ? » (Actes 16 : 30) « afin qu’ils aient l’espérance de la vie éternelle » (Tite 1 : 2). Mais il faut résister à la tendance qui consiste à confondre le moyen et le message. L’évangélisation ne se définit ni par la méthode (une série de rencontres conviviales, une présentation type, un livre…), ni par l’intermédiaire (un pasteur, un évangéliste…), ni par le lieu (la prédication dans une église, un camp de jeunes, une conférence dans une salle neutre…). On le voit bien quand on constate que plusieurs verbes sont employés dans le Nouveau Testament pour désigner la communication verbale de l’Évangile, entre autres : • Prêcher : kerusso - proclamer comme le ferait un héraut (un officier chargé de faire des proclamations solennelles). • Évangéliser : euangelizomai - annoncer une bonne nouvelle. • Enseigner : didasko - instruire une personne/ enseigner une vérité. • Témoigner : martureo - apporter un témoignage personnel de son vécu. Il en ressort qu’il est clairement nécessaire d’utiliser des mots pour faire connaître l’Évangile : « Toute per14


Introduction

sonne qui fera appel au nom du Seigneur sera sauvée. Mais comment donc feront-ils appel à celui en qui ils n’ont pas cru ? Et comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler ? Et comment entendront-ils parler de lui, si personne ne l’annonce ? » (Rom. 10 : 13-14). Néanmoins, les textes du Nouveau Testament communiquent également que la vie des chrétiens, individuellement et collectivement, participe largement à la promotion de l’Évangile : « Que votre lumière brille devant les hommes afin qu’ils voient votre belle manière d’agir et qu’ainsi ils célèbrent la gloire de votre Père céleste » (Matt. 5 : 16). Il n’y a donc pas deux cheminements identiques vers la foi en Jésus. Chaque être humain a son itinéraire propre et il convient de le respecter. Et surtout, nous pouvons faire confiance à Dieu dans nos actions d’évangélisation, car en fin de compte c’est lui qui est à l’œuvre. Le Père attire les gens à Jésus (Jean 6 : 44) et le Saint-Esprit rend témoignage de Jésus (Jean 15 : 26) et convainc le monde en ce qui concerne le péché, la justice et le jugement (Jean 16 : 8). Finalement, la motivation pour l’évangélisation est la gloire de Dieu, c’est-à-dire qu’il y ait de plus en plus d’êtres humains qui l’adorent en esprit et en vérité. L’apôtre Paul l’exprime ainsi : « … pour que la grâce de Dieu abonde en atteignant des hommes toujours plus nombreux, et qu’ainsi augmente le nombre de prières de reconnaissance » (2 Cor. 4 : 15, SEM).

Pourquoi ce rapport ? Les dirigeants du CNEF se sont préoccupés de la difficulté d’apporter l’Évangile à de nombreux Français qui n’ont plus de contact avec la foi chrétienne, par15


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fois depuis des générations. Il s’agit des Français sécularisés, c’est-à-dire de ceux qui se dispensent d’une référence obligée à une appartenance religieuse1. On constate une immense inculture religieuse en général, ainsi qu’un a priori négatif à l’égard du christianisme en particulier. La Commission Évangélisation a reçu le mandat d’examiner cette question et a travaillé sur le sujet entre 2019 et 2021 par rapport à un cadre particulier : l’Église locale. Mais il est évident que les œuvres ont un rôle important à jouer en soutien des Églises et par conséquent, il ne faut pas tirer une conclusion erronée à partir de l’orientation du rapport en pensant que les œuvres sont dévalorisées et écartées. Alors comment évangéliser la France sécularisée du 21e siècle ? Une enquête que nous avons menée à l’automne 2020 auprès de personnes avec ce profil et qui se sont converties au cours de ces dernières années a permis de confirmer nos intuitions : c’est en restant fidèle à la révélation biblique, tout en tenant compte du contexte culturel dans lequel nous nous trouvons. Autrement dit, il faut chercher à ce que l’Évangile soit envisagé comme pertinent par notre entourage. Au fil du temps, cette démarche a conduit à des formes d’évangélisation très variées. Jusque dans les années 1960, l’évangélisation était souvent conçue comme des sorties dans « le monde » : par exemple, des réunions en plein air au coin de la rue ou le porteà-porte. Soulignons que cela correspondait en partie à l’air du temps. On vendait bien des encyclopédies 1

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La sécularisation est un concept sociologique (ce que l’on observe) alors que la laïcité est un concept philosophique et politique (comment on traduit la relation religion/État en termes juridiques).


Introduction

par le porte-à-porte ! Et puisque la religion était considérée comme l’opium du peuple par certains partis politiques, il fallait sortir des murs de l’église pour « contacter » des personnes en recherche. Mais on a assisté à un revirement à partir des années 1970. Un nouveau style de culte s’est progressivement imposé avec « la louange » qui suscitait une certaine émotivité dans l’adoration, et le style vestimentaire décontracté des participants correspondait au style plus informel du culte. Pourquoi ce changement d’approche ? En partie au moins parce qu’on était convaincu que ce style de rencontre érigerait moins de barrières vis-àvis des personnes en recherche. Le côté « attractionnel » des activités de l’Église était au centre de l’évangélisation. On constate donc une évolution au niveau des méthodes d’évangélisation pour être en phase avec son époque. Qu’en est-il aujourd’hui ? Ce rapport élaboré par la Commission évangélisation du CNEF propose des approches de l’évangélisation qui permettront aux Églises évangéliques de rester pertinentes dans le contexte contemporain. Entre autres : • Le développement de saines relations entre chrétiens ainsi qu’avec notre entourage est au cœur du projet de Dieu pour l’humanité, et par conséquent constitue le socle de l’évangélisation. • Il est nécessaire que les chrétiens soient mieux armés pour vivre en « Église dispersée » tout au long de la semaine, auprès de leurs familles, leurs collègues, leurs voisins, leurs amis non chrétiens : c’est le rôle de « l’Église rassemblée ». • Par conséquent, il est important que notre vie d’Église soit pertinente, et en particulier nos 17


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cultes. Au-delà d’un accueil chaleureux et de la convivialité, le message biblique doit s’enraciner dans le contexte culturel contemporain, à la fois pour aider les croyants à vivre « dans le monde » sans être « du monde » et pour permettre aux non-chrétiens de saisir que l’Évangile est plausible et crédible. • Dès lors, on s’aperçoit que tout se tient. C’est un « tissu sans couture » ! Effectivement, tout ce que l’on fait au sein de l’Église prépare pour l’évangélisation ou sert à l’évangélisation. Celle-ci ne peut plus être considérée comme une activité à part, ponctuelle ou optionnelle, puisqu’elle est intégrée d’une manière ou d’une autre à toutes les différentes activités de l’Église. La suite de ce rapport va développer ces idées et proposer des pistes concrètes pour arriver à une vie d’Église qui encourage cette approche. Le missiologue Lesslie Newbigin l’a exprimé ainsi : Ce qui doit être dit, c’est que là où l’Église est fidèle à son Seigneur, la puissance du Royaume est présente, et les gens commencent à poser la question à laquelle l’Évangile est la réponse. C ’est pourquoi, je pense, les épîtres de St Paul contiennent tant d’exhortations à la fidélité, mais aucune invitant à être actif dans la mission 2.

On peut contester la fin de cette citation car quelques textes nous invitent à parler de notre foi, notamment en répondant aux questions que l’on nous pose (Col.

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Lesslie NEWBIGIN, The Gospel in a pluralist society, Eerdmans, 1989, p.119. Traduction dans Théologie Évangélique, vol. 13, Numéro 2, 2014, p. 31-32, dans un article de Jacques NUSSBAUMER, Y a-t-il un malentendu sur la notion de « mission ? ».


Introduction

4 : 5-6 ; 1 Pi. 3 : 15-16). Mais même ces textes situent l’évangélisation dans le cadre du style de vie des chrétiens que notre entourage observe. L’étude du Nouveau Testament montre que l’évangélisation dépend davantage de notre identité chrétienne, de ce que nous sommes en Christ, que des incitations à évangéliser […]. L’évangélisation est donc avant tout une manière d’être. Elle concerne l’ensemble des chrétiens animés par l’Esprit de Dieu […]. Si l’évangélisation fait partie de notre ADN spirituel, alors les chrétiens, conscients de leur nouvelle identité, devraient évangéliser naturellement et intentionnellement. L’évangélisation devrait faire partie de notre quotidien 3 ». L’envoi dans le monde, en priorité vers les plus faibles et vers les perdus, s’adresse à tous les disciples […], nous sommes tous appelés à aller intentionnellement vers les autres pour leur (dé) montrer l’Évangile […]. Trop longtemps, notre évangélisation s’est résumée à organiser des événements pour y inviter les perdus, ou à proclamer verbalement l’Évangile sur la place […] à des gens que nous ne connaissions pas. Nous voulons répondre à l’appel de Jésus et incarner sa vie parmi nos contemporains en priant que Dieu ouvre les cœurs et nous conduise vers ceux qui le cherchent. Incarner Jésus dans le monde, parmi toutes les couches de la population, en développant nos réseaux de relations naturelles et en initiant de nouveaux réseaux. Dieu est déjà à l’œuvre, allons le rejoindre. C ’est là que le mouvement s’amorce 4.

C’est en effet la voie royale de l’évangélisation, que ce soit auprès de nos amis ou, de façon intentionnelle, auprès de personnes avec lesquelles nous aurions moins d’affinités naturelles.

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Franck SEGONNE, L’évangélisation durable - une vie à partager, Éditions CLÉ, pp. 120, 124. Eric ZANDER, www.vianova.be/fr/editorial-venez-ou-allez/, consulté le 14/11/2020. 19


Évangéliser la France sécularisée du 21e siècle

Comment procéder pratiquement pour tendre vers une reconfiguration de nos Églises pour aller dans le sens d’une évangélisation adaptée à notre contexte ? • Si nous voulons rester pertinents dans le contexte contemporain et si nous voulons toucher notre entourage avec l’Évangile, il nous semble nécessaire que nos Églises acceptent qu’il faudrait des changements. Cela n’arrivera qu’au moment où la douleur de ne pas changer dépassera celle du changement. • Ensuite, nous devrons chercher des solutions créatives. Il arrive trop souvent que nos Églises évangéliques françaises se ressemblent comme deux gouttes d’eau, selon le modèle des magasins franchisés. • Enfin, il faut encourager le partage d’expériences pour que chaque Église soit inspirée par l’exemple des autres et cherche la meilleure façon de s’adapter à son propre contexte, tout en évitant le copier-coller. Notre objectif sera tout simplement, notre objectif sera de nous recentrer sur l’essentiel. Concrètement, il est essentiel de tendre vers une Église en bonne santé, c’est-à-dire une communauté de croyants rachetés : • qui aiment Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de tout leur esprit, de toute leur force (Marc 12 : 30), • qui aiment les autres (Marc 1 : 31) dans leur contexte culturel. C’est là l’enseignement de Jésus lorsqu’on lui a demandé d’identifier le commandement le plus important. C’est le défi permanent auquel les chrétiens ont été 20


Introduction

confrontés dans chaque nouveau contexte culturel, à mesure que l’Église se répandait à partir de Jérusalem dans tout l’Empire romain païen, puis jusqu’aux confins de la terre. Ce défi ne se situait pas seulement sur le plan géographique, mais aussi à travers le temps, alors que les différentes cultures se développaient au fil des siècles. En résumé, il s’agit de vivre simultanément les trois dimensions d’une Église saine : 1. L’aspect spirituel – aimer Dieu. 2. L’aspect social – aimer les autres. 3. L’aspect sociétal – dans notre contexte. Quel est le rapport à l’évangélisation ? En prenant ces trois aspects dans un ordre différent : • Le relationnel (le social) concerne l’approfondissement des relations fraternelles au sein de l’Église, ce qui a une portée pour l’évangélisation : « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13 : 35). Une Église locale est donc un lieu d’apprentissage où l’on apprend à aimer les autres avec leurs différences, ce qui est utile pour mieux aimer notre entourage en vue du témoignage (Chapitre 1). • La contextualisation (le sociétal) implique la prise en compte et l’intégration dans notre vie d’Église d’éléments de la culture contemporaine qui sont compatibles avec l’Évangile. Cela permet de construire des passerelles vers nos contemporains par le biais de leurs préoccupations (Chapitre 2). • Il en découle qu’il serait normal que nos réunions d’Église, et notamment nos cultes (le spirituel), se vivent en phase avec les deux aspects 21


Évangéliser la France sécularisée du 21e siècle

précédents. Il faut éviter à tout prix de se trouver dans une bulle religieuse. L’objectif de l’Église rassemblée sera d’adorer Dieu sans être déconnectée des réalités actuelles, et de préparer les chrétiens à bien vivre leur foi tout au long de la semaine (Chapitre 3). Ensuite, les chapitres 4, 5 et 6 abordent la conception du discipulat dans cette optique, ainsi que le fonctionnement d’une Église locale et le témoignage des chrétiens dans leur vie quotidienne. Le tout est agrémenté et illustré par les réflexions que nous avons menées au sein de la Commission évangélisation du CNEF et par les témoignages que nous avons reçus. Ce rapport n’a aucunement la prétention d’être exhaustif sur le sujet, mais voudrait tout simplement indiquer des pistes qui nous semblent intéressantes pour évangéliser la société française au 21e siècle. Ce rapport ne se veut pourtant pas un simple recueil de réflexions. Derrière les phénomènes, il y a bien un enjeu réel, une lutte spirituelle entre la lumière et les ténèbres. Face à ce constat (Éph. 6 : 10-12), la conclusion de l’apôtre Paul est limpide : Faites en tout temps par l’Esprit toutes sortes de prières et de supplications É phésiens 6 : 18

Il est certainement temps de prier comme jamais auparavant…

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Résumé de l’enquête réalisée au cours de l’automne 2020 Une analyse plus détaillée se trouve en annexe de ce rapport.

Descriptif Évangéliser la société française du 21e siècle Enquête sur le cheminement spirituel de Français (sans arrière-plan évangélique) qui ont été amenés à la conversion à Jésus-Christ au cours de ces dernières années.

Les questions posées • Âge et sexe

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Évangéliser la France sécularisée du 21e siècle

• Arrière-plan religieux : catholique pratiquant/ catholique non-pratiquant/musulman/religion orientale/agnostique/athée/autre. • Quel(s) facteur(s) ont été importants pour vous amener à croire en Jésus comme Seigneur et Sauveur ? • En quoi le contact avec une Église évangélique a-t-il été un élément marquant ?

89 réponses valides reçues 46 Hommes 43 Femmes

Analyse qualitative Sans prétendre à une objectivité scientifique, surtout vu le nombre restreint de retours, les réponses aux questions ont permis de repérer à la fois des facteurs qui ont amené à la conversion et qui ont permis l’intégration dans une Église évangélique.

Facteur numéro 1 : 55 réponses sur 89 Une relation avec un chrétien de son entourage. Dans 35 de ces réponses, on a aussi mentionné l’assistance au culte comme un facteur important.

Facteur numéro 2 : 28 réponses (sur 89) Le bon accueil et la bienveillance.

Facteur numéro 3 : 20 réponses (sur 89) Le fait d’être accompagné et écouté, de pouvoir poser des questions. 24


Résumé de l’enquête réalisée au cours de l’automne 2020

Facteur numéro 4 : 14 réponses (sur 89) L’enseignement compréhensible.

Facteur numéro 5 : 14 réponses (sur 89) Les activités en petits groupes.

Résumé de l’analyse qualitative Deux éléments ressortent clairement de cette enquête concernant la conversion de personnes sans arrièreplan évangélique : • Le relationnel est extrêmement important : on le constate par le fait que la majorité des sondés indiquent que le contact avec une personne de leur entourage était un facteur décisif, ainsi que par les nombreuses réponses évoquant l’accueil bienveillant. • Le fait d’être écouté, de pouvoir poser des questions et de recevoir un enseignement clair et compréhensible. Le contexte français nécessite donc cette double approche qui tient compte à la fois : • de l’affectif (le peuple français est majoritairement un peuple de culture latine, mais qui souffre de difficultés relationnelles au quotidien), • du cognitif (le peuple français est « cartésien », « rationaliste », « philosophe », il cherche à comprendre la vie sans sacrifier l’intellect).

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Chapitre 1

La dimension sociale d’une Église en bonne santé Tu aimeras ton prochain comme toi-même. M arc 12 : 31

Dès le début de la Bible, nous comprenons que les êtres humains sont l’apogée de la création. Nous sommes le point culminant de la vie sur terre (et peutêtre dans l’univers). Notre vocation est de régner sur la terre, et effectivement nous avons réussi à la remplir. Les humains occupent toutes les parties de la terre, des régions polaires jusqu’à l’équateur, et nous avons découvert tellement de ressources que la vie d’une grande partie de l’humanité est aujourd’hui bien plus 27


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facile que celle de nos ancêtres. Mais vu sous un autre angle, nous ne sommes que de minuscules bipèdes qui se promènent sur une toute petite planète qui tourne autour d’une étoile plutôt insignifiante (que nous appelons le soleil), située loin du centre d’une galaxie qui ressemble à des millions d’autres. Les dimensions de l’espace sont stupéfiantes. À la vitesse de la lumière, nous pourrions faire sept fois le tour de l’équateur en une seconde, et nous pourrions atteindre la lune en deux secondes. Il faudrait quatre minutes pour atteindre Mars et cinq heures pour se rendre sur Pluton, à la limite de notre système solaire. Cependant, à la vitesse de la lumière, il faudrait plus de quatre ans pour atteindre l’étoile la plus proche, et 100 000 ans pour traverser notre galaxie (que nous connaissons sous le nom de « Voie lactée »). Mais c’est alors que les chiffres deviennent ahurissants : il faudrait deux millions d’années pour atteindre la galaxie la plus proche de la nôtre, et les cosmologues pensent qu’il existe des milliards de galaxies.Voilà l’échelle de notre grand Dieu créateur. C’est là qu’intervient l’incroyable décision de Dieu : « Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance » (Gen. 1 : 26). Et c’est exactement ce qu’il a fait. Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu. Il créa l’homme et la femme. G enèse 1 : 27

Les théologiens ont essayé de sonder les implications de cette création. Tout d’abord, il s’agit de la valeur de la vie humaine. « Si quelqu’un verse le sang de l’homme, son sang sera versé par l’homme, car Dieu a fait l’homme à son image. » 28


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