7 mensonges sur le célibat • Sam Allberry

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Sam Allberry



Sam Allberry débusque plusieurs présupposés à propos du célibat et de l’abstinence sexuelle. Des idées dissimulées dont nous sommes peu conscients mais qui déterminent notre attitude envers les célibataires. Après les avoir mises au grand jour, il s’appuie sur la Bible pour les dénoncer et nous montrer une meilleure façon d’aborder ces thèmes. Ce serait cependant une grave erreur de penser que ce livre ne s’adresse qu’aux célibataires. Si Sam a raison – et c’est le cas –, l’Église entière doit s’approprier l’enseignement biblique sur le sujet. L’Église locale ne doit pas être un simple réseau de familles. Elle doit constituer une famille unie, composée à la fois de couples mariés et de célibataires qui vivent tous ensemble en tant que frères et sœurs. Cet ouvrage nous en montre le chemin. Timothy Keller

Pasteur émérite de Redeemer Presbyterian Church, New-York City

Sept mensonges sur le célibat offre une perspective biblique rafraîchissante sur un sujet souvent négligé. Allberry écrit pour éliminer la stigmatisation du célibat et aider les chrétiens à considérer la vocation des célibataires au sein du corps de Christ, en se conformant à l’Écriture. Cette étude arrive à point nommé pour bénir l’Église. Russell D. Moore

Président de la commission Éthique et liberté religieuse de la Convention des Baptistes du Sud

Cet ouvrage est rédigé à n’en pas douter à la gloire de Jésus (un célibataire). Tout le monde en profitera. Sam Allberry nous ouvre les yeux pour que nous nous comprenions mieux nous-mêmes ainsi que dans nos relations mutuelles, pour mieux gérer notre vie de couple ou de célibataire, et surtout pour que nous délaissions certaines idées reçues qui brisent le cœur. Il le fait en nous révélant davantage Jésus là où il peut être difficile de le trouver : dans la vraie vie, celle que nous menons actuellement. Un homme marié a feuilleté ce livre et s’est dit : « Il me le faut. Il me sera utile ! ». Je pense qu’il le sera aussi pour vous. Ray Ortlund

Pasteur de Immanuel Church, Nashville


L’Église considère bien trop souvent les célibataires comme des gens qu’il faut plaindre et entourer d’attentions. Sam Allberry propose un guide pastoral pour corriger cette vision et aider l’Église locale à vivre en tant que famille de Dieu. Je remercie Dieu pour Sam Allberry et pour son nouveau livre ! Rosaria Butterfield

Auteure, conférencière, ancienne professeure de l’université de Syracuse. Auteure des Pensées secrètes d'une convertie insolite

Sam Allberry, avec authenticité, ne dit aucune parole inutile dans 7 mensonges sur le célibat. Le ton, le plan, l’humour et le fondement biblique font de ce livre l’un des meilleurs ouvrages récents sur le sujet. Non seulement Allberry a beaucoup réfléchi à la question du célibat, mais il l’a encore vécu, et continue de le faire, en glorifiant Christ. Les livres sur le célibat se concentrent trop souvent sur le mariage ou sa perspective. Ce n’est pas son cas. Au lieu de cela, il démonte les mensonges qui peuvent piéger les personnes non mariées, en montrant la vie abondante que Christ leur offre. Les gens me demandent souvent quel est le meilleur livre sur le célibat. Je suis heureuse d’en avoir enfin trouvé un. Lore Ferguson Wilbert

Auteure de Handle with care




Sam Allberry


Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : 7 Myths about Singleness • Sam Allberry © 2019 • Sam Allberry Publié par Crossway, éditeur de Good News Publishers Wheaton, IL 60187, États-Unis Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés Édition en langue française sous le titre : 7 mensonges sur le célibat • Sam Allberry © 2021 • BLF Éditions • www.blfeditions.com Rue de Maubeuge, 59164 Marpent, France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Traduction : Entre2mondes Couverture : Chantal Wenger Mise en page : Dan Vencatachellum Impression n° XXXXX • Evoluprint, 10 rue du Parc, 31151 Fenouillet, France Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version Segond 21 Copyright © 2007 Société biblique de Genève. Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. D’autres versions ont été citées, comme la Nouvelle version Segond révisée (Bible à la Colombe, COL), © 1978 Société biblique française ; la Bible en français fondamental « Parole de Vie » (PDV) © 2000 Société biblique française ; la Bible Ostervald (OST) ; © 2000 La Bible du Semeur (BDS), Société biblique internationale. Un partenariat BLF Éditions et JPC France ISBN 978-2-36249-559-5 ISBN 978-2-36249-560-1

Broché Numérique

Dépôt légal 1er trimestre 2021 Index Dewey (CDD) : 261.835 Mots-clés : 1. Célibat. Aspect religieux. Christianisme.


À Brian et Leslie Roe et Daniel et Sarah Roe, Dan et April De Witt, Tim et Kathy Keller, Ray et Jani Ortlund. Avec mes remerciements pour m’avoir confié une clé, pour m’avoir intégré dans votre famille et m’avoir offert une maison loin de chez moi.



Table des matières Introduction...................................................................................11 Chapitre un Le célibat, c’est trop dur !................................................................19 Chapitre deux Le célibat exige un appel spécial.................................................... 43 Chapitre trois Le célibat prive de toute intimité................................................... 59 Chapitre quatre Le célibat prive d’une famille......................................................... 79 Chapitre cinq Le célibat empêche d’exercer le ministère pastoral.................. 117 Chapitre six Le célibat gâche la sexualité.......................................................... 133 Chapitre sept Le célibat, c’est facile.......................................................................155 Conclusion......................................................................................185 Annexe Quatre moyens d’éviter le péché sexuel..................................... 189 Notes................................................................................................207 Index général.................................................................................213 Index biblique................................................................................215



Introduction Nous croyons savoir beaucoup de choses, mais la réalité est bien différente ! Au Royaume-Uni, un des jeux télévisés les plus comiques s’appelle QI, pour Quite interesting [Tout à fait intéressant]. Chaque semaine, les participants doivent discuter de sujets intéressants mais peu connus. Une partie du jeu est consacrée à « l’ignorance générale », c’est-à-dire aux idées fausses largement répandues. Vous apprendrez ainsi que vous n’avez pas deux narines, mais quatre (deux sont invisibles) ; que l’Everest n’est pas le plus haut sommet du monde (selon d’où l’on part) ; que le roi Henri VIII n’avait pas six épouses (bon, là, c’est compliqué !) ; que la terre n’a pas qu’une lune (il existe autour de nous toutes sortes d’objets flottants que l’homme n’a pas fabriqués et qui comptent techniquement comme des « lunes1 ») ; et ainsi de suite. En fait, nous savons beaucoup moins de choses que nous le pensons. Ce n’est pas seulement vrai des montagnes, des lunes, des rois et des narines, mais également du célibat. La plupart des affirmations sur le célibat sont carrément fausses ou, du moins, ne devraient pas être considérées comme vraies. Comme nous le verrons, presque tout ce qui en est dit est négatif. S’il n’est pas vraiment considéré 13


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comme mauvais, il n’est pas non plus jugé comme une bonne chose. Un auteur a comparé les livres chrétiens sur le mariage et ceux sur le célibat2 . Dans les premiers, le mariage est présenté comme une chose formidable ; il faut juste mieux le comprendre et, peut-être, connaître un ou deux pièges à éviter. Mais les seconds ne commencent pas de la même manière. Le célibat y est présenté comme quelque chose d’assez horrible, et l’objectif de ces ouvrages est de s’interroger sur la possibilité de le rendre supportable. Notre façon de décrire le célibat reflète parfaitement cette pensée. Il est presque toujours présenté de manière négative, comme un manque, une absence de quelque chose. Être célibataire, c’est ne pas être marié. Le célibat est l’absence de l’autre. Cette définition par la négation accentue l’idée qu’il n’y a intrinsèquement rien de bon dans le célibat. Être célibataire, c’est être en état de manque de ce qui est intrinsèquement bon dans le mariage. Je ressens cette manière de penser dès les premières paroles d’une conversation. « Vous êtes marié ? Vous avez des enfants ? ». Si vous dites oui, votre interlocuteur est ravi et engagé à poursuivre le dialogue. Il s’intéressera à la manière dont vous avez rencontré votre conjoint ou à l’âge de vos gamins. En revanche, si vous répondez négativement, les gens en face de vous sont mal à l’aise et la conversation s’arrête là ! Le mariage est dans une discussion un peu comme une intersection qui mène à différentes pistes intéressantes. Le célibat ressemble plutôt à 14


Introduction

un cul-de-sac qui requiert une manœuvre délicate pour en sortir ! Bien définir ce qu’est le « célibat » est important pour la suite de notre analyse. Pour le christianisme, un célibataire est un « non-marié » qui pratique l’abstinence sexuelle (aussi longtemps que la personne n’est pas mariée). La Bible ne mâche pas ses mots : toute relation sexuelle en dehors du mariage est péché, ce que Jésus souligne dans son enseignement. Être célibataire, c’est s’interdire toute vie sexuelle. Qui dit célibataire chrétien à long terme dit abstinent sexuel à long terme ! Notre société ne dit pas du tout la même chose. Elle est d’accord avec le premier point (ne pas être marié) mais pas avec le second (abstinence sexuelle). Et comme le mariage est souvent perçu comme une contrainte, le célibat est plutôt considéré comme une aubaine. Le célibataire est libre de trouver son épanouissement sexuel sans aucun des engagements liés au mariage. Il peut enchaîner les conquêtes et s’en donner à cœur joie. Mariella Frostrup, une célèbre journaliste et présentatrice de la télévision britannique, décrit le célibat comme « sécurité financière, sexualité géniale et absence de culpabilité3 ». Le célibat du chrétien peut dès lors paraître très différent de celui du non-chrétien. Il n’est donc pas étonnant que les notions chrétiennes d’abstinence et de chasteté n’attirent pas les foules ! En tapant les mots « abstinence » et « chasteté », je viens de me rendre compte à quel point ils paraissent démodés ! Ils collent mieux aux années 15


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1910-1920 de Downton Abbey* qu’à notre époque ! Mais ce malaise s’explique très simplement : il n’existe pas de termes contemporains équivalents. Nous ne pouvons donc qu’emprunter le langage des générations passées pour les décrire. Aujourd’hui, l’abstinence est un truc franchement ringard, voire nocif, pour à peu près tout le monde ! Dans un tel contexte, il n’est pas surprenant que, même dans l’Église, beaucoup pensent la même chose. C’est là où « l’ignorance générale » se manifeste. Comme, en réalité, Henri VIII n’avait pas six épouses, le célibat, en réalité, n’est pas une mauvaise chose. Selon la Bible, il est une bonne chose. Il est même décrit comme une bénédiction. Il est un merveilleux cadeau de Dieu qu’il convient de reconnaître et de célébrer. Poursuivez la lecture et, je l’espère, vous comprendrez pourquoi. La plupart des choses que nous croyons savoir ne sont pas vraies. Ce livre vise à révéler la beauté du célibat à l’Église. Il est évident que les célibataires ont besoin d’être au clair à ce sujet, mais pas seulement eux ! L’enseignement biblique à propos du célibat est destiné à tous. L’exposé le plus long et le plus complet sur ce sujet se trouve en 1 Corinthiens 7. Et, à première vue, il semble contredire ce que je viens d’affirmer : Paul aborde les questions du mariage et du célibat en s’adressant clairement à différents publics ! Il donne un message spécifique à chacun : « À ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves, je dis […] » (v. 8), puis : « À ceux qui sont mariés, j’adresse * NDÉ : série britannique à succès.

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Introduction

[…] cette instruction […] » (v. 10) ; « Aux autres, […] c’est moi qui dis […] » (v. 12). Je vous explique : l’apôtre s’adresse à chacun de ces groupes de manière particulière, mais il s’attend à ce que toute l’Église l’écoute. Je ne suis pas une veuve (et je n’en serai jamais une !). Mais les paroles des Écritures qui leur sont adressées sont aussi valables pour moi. Je n’ai pas le droit de sauter ce passage. De même, bien que je ne sois pas père, je dois considérer les passages adressés spécifiquement aux parents en tant que parole de Dieu : ils sont donc aussi pour moi. Il en est de même des passages sur le célibat s’adressant directement aux célibataires. Quelles que soient votre situation familiale et l’étape de la vie où vous êtes, vous avez besoin de connaître ce que Dieu dit aux célibataires à propos du célibat. Et ce, pour deux raisons : 1. La moitié de ceux qui sont mariés seront un jour de nouveau célibataires. Nous n’aimons pas y penser si nous sommes mariés. Il le faut pourtant ! Qu’on le veuille ou non, il est très rare que des conjoints meurent en même temps. Au moment où j’écris cela, vingt-quatre années se sont écoulées depuis le décès de ma grand-mère. Toute la famille a été accablée de chagrin, mais personne ne l’a été autant que son mari, mon cher Papy. Il était entouré par une famille nombreuse et attentionnée qui l’aimait tendrement, mais chacun se demandait comment il allait réagir. Et cela fait maintenant des décennies qu’il connaît le célibat. Papy aura bientôt passé plus de temps célibataire que 17


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marié, même s’il a été marié plus de cinquante ans (il est à quelques mois de son centième anniversaire !).

Le deuil replongera beaucoup de gens mariés dans une vie semblable au célibat. C’est triste et cela donne à réfléchir. Il faut vraiment y penser ! Ajoutez à cela le nombre de mariages qui se termineront par un divorce, et vous verrez combien le nombre de ceux qui se retrouveront à nouveau célibataires est grand. L’alliance que vous portez aujourd’hui ne garantit pas que vous ne serez pas à nouveau célibataire un jour ! Mieux vaut donc réfléchir au célibat, soigneusement et bibliquement, dès aujourd’hui !

2. Le célibat nous concerne tous. La Bible répète fréquemment que l’Église locale est un corps. Cela signifie que nous ne sommes pas libres d’aller et venir sans obligations. Paul déclare : En effet, de même que nous avons plusieurs membres dans un seul corps et que tous les membres n’ont pas la même fonction, de même, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ et nous sommes tous membres les uns des autres, chacun pour sa part. Romains 12 : 4-5

Nous sommes un corps. Nous nous appartenons les uns aux autres. Ce qui arrive à l’un affecte les autres. Si l’un d’entre nous lutte, nous souffrons tous. Chacun s’implique dans la vie des autres. J’ai donc besoin de savoir ce que représente la vie chrétienne 18


Introduction

dans votre situation, et vous avez besoin de savoir ce qu’elle représente dans la mienne. Cet intérêt mutuel déborde évidemment du cadre du mariage et du célibat. Mais il me montre qu’en tant que célibataire, je dois avoir à cœur la santé conjugale des couples de mon Église. Et eux doivent veiller à ce que je vive sainement mon célibat. Tout cela parce que nous appartenons les uns aux autres. Pensez à la proportion de gens de votre assemblée qui sont célibataires ou susceptibles de l’être à nouveau. N’est-il pas urgent que vous soyez à l’unisson, que vous parliez de la même chose et que vous alliez dans la même direction ? Il est dans l’intérêt de toute l’Église, dans l’intérêt de tous, célibataires et mariés, de comprendre la vision positive que la Bible donne du célibat. Pour cela, commençons par tordre le cou à certaines idées fausses.

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CHAPITRE UN

Le célibat, c’est trop dur !

Le célibat n’est pas un problème en soi dans notre société… mais l’abstinence, si ! C’est bien vu de ne pas être marié. Cela peut même être une bonne chose : vous êtes « libre comme l’air » (même si je ne sais pas vraiment ce que signifie cette expression !). Mais vivre sans relations sexuelles et sans intimité avec quelqu’un, c’est une autre paire de manches. Deux films récents l’illustrent1. D’abord la comédie de Steve Carrel : 40 ans, toujours puceau. L’idée principale est qu’être puceau à quarante ans est franchement risible. Des gars sont horrifiés quand ils se rendent compte que leur collègue l’est. Certains le traitent comme un petit enfant… Après tout, il n’est pas encore un véritable adulte. Bien entendu, l’heureux dénouement du film est qu’il perd sa virginité. Même si les répercussions sur la personne en question sont exagérées, la réalité est là : il est enfin entré dans un des domaines-clés de la vie. Le film 40 jours et 40 nuits (2002) en est un autre exemple. L’accroche est explicite : « Un homme est sur le point de réaliser l’impensable. Pas de relations sexuelles. 21


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Aucune. Pendant quarante jours et quarante nuits ». Réfléchissez-y un instant. Quarante jours et quarante nuits, ce n’est pas une durée arbitraire ni une façon arbitraire de la décrire. Selon les Évangiles, Jésus a « jeûné quarante jours et quarante nuits » (Matthieu 4 : 2). Les chrétiens qui observent le Carême renoncent à certaines choses pendant la même durée. Le temps standard pour ceux qui veulent sérieusement se priver de quelque chose est celui de quarante jours et quarante nuits. Et nous sommes prêts à tenir le coup : pas de chocolat, pas de sucreries, pas de réseaux sociaux ou pas de télé. Mais aussi longtemps sans relations sexuelles ? Même pas en rêve ! Un rapide calcul vient de me montrer que je l’ai fait pendant une durée plus de deux cents fois supérieure. Une fois, c’est inimaginable. Alors deux cents fois… Je dois être hors norme ! Un jour, j’ai entendu quelqu’un traiter les célibataires prolongés comme moi de « licornes » : on en entend parler, mais on n’imagine jamais en rencontrer une. L’aspect comique de ces films cache une croyance sérieuse, largement répandue aujourd’hui dans le monde occidental : sans rapports sexuels, impossible de savoir réellement ce que c’est que d’être un homme. Selon cette mentalité, notre existence en tant que personne est directement liée à notre vie sexuelle. Ignorer cette facette de notre être, refuser délibérément de l’exprimer et de la manifester, c’est nous faire du tort. Il est malsain de réprimer cet aspect fondamental de notre humanité. Les célibataires à long terme ne sont pas seulement bizarres et 22


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vieux-jeu : ils sont dans l’erreur. Quelque chose ne tourne vraiment pas rond en eux. Choisir de vivre ainsi est déjà assez discutable, mais l’exiger de quelqu’un d’autre, au nom de la religion, est particulièrement désapprouvé. Appeler quelqu’un à vivre dans l’abstinence sexuelle en dehors du mariage est aujourd’hui considéré comme inutile et cruel. Ceux qui désirent se conformer à l’enseignement biblique à propos de l’éthique sexuelle sont critiqués : ils « imposent le célibat » aux autres et leur causent ainsi des torts considérables. Tout cela nous pousse à nous accorder d’autant plus sur ce que la Bible enseigne vraiment sur le sujet.

Que dit Jésus au sujet de la sexualité et du mariage ? « Jésus était tolérant en matière d’éthique sexuelle » : voilà un mensonge tout à fait actuel. Les gens ont tendance à penser que l’Ancien Testament énonce des choses assez strictes à propos du mariage et de la sexualité, et que Paul avait sa tête des mauvais jours quand il a écrit certaines de ses lettres ! Mais ils pensent que Jésus était beaucoup plus cool à propos de ces choses et qu’il n’était pas complexé comme le sont ses disciples aujourd’hui. C’est archi-faux de prétendre que Jésus n’avait rien de sévère à dire sur la sexualité. Loin de là ! Il a repris à son compte toute l’éthique sexuelle de l’Ancien Testament et 23


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l’a même rendue plus exigeante. Il a clairement annoncé que toute relation sexuelle hors mariage est un péché : En effet, c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, l’immoralité sexuelle, les vols, les faux témoignages, les calomnies. Voilà ce qui rend l’homme impur ; mais manger sans s’être lavé les mains, cela ne rend pas l’homme impur. Matthieu 15 : 19-20

Pour Jésus, il est bien facile de se souiller et de se rendre inacceptable devant Dieu, d’un point de vue spirituel. Son auditoire pharisien pensait qu’être souillé, c’était un peu comme attraper un rhume : il suffisait d’éviter les personnes et les lieux infectés pour rester en bonne santé. Ils prenaient donc grand soin de se laver cérémonieusement et de se tenir à l’écart des gens qu’ils pensaient spirituellement impurs. Or, Jésus leur montre que la souillure n’est pas au premier chef quelque chose d’externe : la cause est en soi. Ce n’est pas une chose extérieure à éviter, mais une réalité intérieure à reconnaître. Elle vient du cœur. Certaines attitudes et types de comportement le reflètent comme ceux que Jésus cite : mauvaises pensées, meurtres, adultères, immoralité sexuelle, vols, faux témoignages, calomnies. Cette liste n’est que représentative, elle est loin d’être exhaustive. En son centre apparaît « l’immoralité sexuelle ». L’expression traduit un seul mot grec, utilisé par Matthieu à l’origine : porneia. Et ce terme nous semble assez familier, non ? Il a donné pornographie en 24


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français. Du temps de Jésus, la porneia désignait tout rapport sexuel en dehors du mariage. Étaient donc inclus les relations sexuelles prémaritales, la prostitution, l’adultère (que Jésus cite séparément) et l’homosexualité. Jésus affirme que ces comportements nous souillent. Comme le reste de la liste l’indique, d’autres choses en font autant. Mais la relation sexuelle hors mariage est un péché. Autrement dit, Jésus considère comme moralement coupable la majeure partie de la vie sexuelle vécue par notre société actuelle ! En réalité, il ne fait preuve d’aucune tolérance à l’égard de la sexualité débridée. Il va même plus loin, dans son célèbre Sermon sur la montagne : Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Mais moi je vous dis : tout homme qui regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur. Matthieu 5 : 27-28

Dans cette partie de son Sermon, Jésus oppose les traditions des chefs religieux à la disposition du cœur à laquelle les lois de Dieu encouragent. C’est cette attitude que ses enfants devraient avoir. Il était évidemment coutumier d’enseigner la loi en termes de comportements, mais Jésus rectifie ce travers : la loi a toujours visé beaucoup plus profond. Vous ne commettez pas d’adultère ? C’est bien, mais insuffisant ! Ce que Dieu réclame, ce sont des intentions pures et une attitude sainte. Ce qui importe, ce n’est pas tant ce que nous faisons (ou réussissons à ne pas faire), que ce que nous pensons, et même 25


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comment nous pensons. Jésus ne se contente pas de citer la loi de l’Ancien Testament et d’y aller en douceur avec ses auditeurs, il monte d’un cran : Les pharisiens l’abordèrent et, pour lui tendre un piège, ils lui dirent : « Est-il permis à un homme de divorcer de sa femme pour n’importe quel motif ? ». Il répondit : « N’avez-vous pas lu que le Créateur, au commencement, a fait l’homme et la femme et qu’il a dit : C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux ne feront qu’un ? Ainsi, ils ne sont plus deux mais ne font qu’un. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni ». Matthieu 19 : 3-6

Jésus est interrogé à propos du divorce, mais il ne répond pas sur le sujet. Il parle du mariage. Il remonte à l’origine, à Genèse 1 et 2. En disant : « le Créateur, au commencement, a fait l’homme et la femme », il se réfère à Genèse 1 : 27. Puis il cite directement Genèse 2 : 24 : « C’est pourquoi l’homme quittera etc. ». Mais il est clair que si Jésus fait référence aux premiers chapitres de l’Écriture, ce n’est pas seulement pour puiser dans la sagesse des anciens. Remarquez bien que c’est le Créateur qui déclare : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme ». C’est le Créateur lui-même qui livre ce commentaire sur ce qu’est le mariage. Et nous découvrons son plan pour la sexualité humaine. Ce n’est pas le meilleur de la sagesse humaine : c’est le projet de notre Créateur pour nous ! 26


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Ce dessein enseigne clairement que le modèle divin du mariage est l’union d’un homme et d’une femme pour la vie. Comme Jésus le démontre, c’est cette union qui permet à deux êtres de ne faire « qu’un ». Ce n’est pas quelque chose qui est conçu pour être défait ou annulé. Tandis que Jésus continue de dévoiler ce prodige et ses conséquences sur notre conception du divorce, les disciples réagissent d’une manière qui en dit long sur leurs idées : Si telle est la condition de l’homme vis-à-vis de la femme, il vaut mieux ne pas se marier. Matthieu 19 : 10

Cela en dit long pour une raison très simple. J’ai lu ces paroles d’innombrables fois au fil des ans. Mais ce n’est que récemment que j’ai fait cette découverte : ceux qui écoutent Jésus parler du mariage en ressortent presque dissuadés. En fait, les disciples se rendent compte que le mariage est une affaire sérieuse. Ils se disent : Il vaut peutêtre mieux s’en passer. Cela ressemble un peu trop à un vrai engagement. Leur réaction est compréhensible, mais elle m’a fait réfléchir. L’un des avantages de mon ministère pastoral, c’est qu’il me donne souvent l’occasion de prêcher à des mariages. Mais personne n’est jamais venu me trouver après la prédication pour me dire : « Il vaut peut-être mieux ne pas se marier ». Alors, je me demande si j’ai bien enseigné la vision du mariage de Jésus. Sa norme en ce qui concerne la sexualité et le mariage n’est pas quelque chose de facile ! 27


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Sa réponse aux disciples semble le confirmer : Il leur répondit : « Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné ». Matthieu 19 : 11

Que veut dire Jésus par « cette parole » ? Les spécialistes ne sont pas unanimes : s’agit-il de ce qu’il vient d’enseigner sur le divorce et le mariage ? Ou s’agit-il de la remarque des disciples à la suite de son enseignement (« il vaut mieux ne pas se marier ») ? Dans le premier cas, Jésus souligne que la norme chrétienne du mariage n’est pas pour tous, et ce qu’il dit ensuite à propos du célibat serait une alternative. Dans le second cas, il déclare que tous ne sont pas capables de mener le genre de vie que ses disciples préconisent, mais que certains le font, d’où les commentaires suivants au sujet des eunuques. Dans le premier cas, c’est la conception chrétienne du mariage qui est dure à accepter ; dans le second, c’est celle du célibat. Dans un certain sens, cela ne fait pas une grande différence. Le fait est que le mariage peut être difficile à vivre, tout comme le célibat. Chacune de ces deux conditions comporte ses propres défis. Aucune n’est plus facile que l’autre, et les difficultés du mariage sont très différentes de celles du célibat. Je suggère de lier la dernière remarque de Jésus à ce qu’il a enseigné sur le mariage. C’est une parole que beaucoup ont du mal à entendre et à recevoir2 . 28


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Si les disciples espéraient que leur réaction inciterait Jésus à adoucir sa parole, ils ont dû prendre sa réplique comme une gifle ! Jésus ne négocie pas sa fermeté. Il confirme tacitement ce qu’ils viennent de dire concernant le mariage3. Oui, c’est difficile. Alors quelle est la solution ? Chose intéressante, ce n’est pas le concubinage. C’est l’abstinence. Et Jésus de poursuivre : En effet, il y a des eunuques qui le sont dès le ventre de leur mère, d’autres le sont devenus par les hommes, et il y en a qui se sont faits eux-mêmes eunuques à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne. Matthieu 19 : 12

Du temps de Jésus, les eunuques étaient des célibataires, notamment ceux qui avaient été castrés. Jésus explique que certains eunuques l’étaient involontairement : de naissance ou parce que d’autres l’avaient décidé pour eux. Mais certains hommes renonçaient au mariage par choix personnel. Barry Danylak fait remarquer : En utilisant le terme « eunuque », Jésus désigne moins l’homme non marié que celui qui a renoncé au droit de se marier et de procréer. […] Jésus donne à penser que certains hommes renonceront volontairement aux bénédictions du mariage et d’une descendance à cause du royaume de Dieu4.

Les disciples évoquent donc la possibilité de ne pas se marier, alors que Jésus aborde la possibilité d’être 29


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eunuque (nous y reviendrons plus loin). Pour lui, c’est la seule alternative au mariage qui soit agréable à Dieu. Ces propos dérangent, mais ils sont limpides. Résumons ces trois passages bibliques : – Toute relation sexuelle hors mariage est un péché (Matthieu 15 : 19). – Le péché sexuel ne comprend pas seulement l’acte physique, mais également nos pensées et nos attitudes (Matthieu 5 : 28). –

Le mariage se conclut entre un homme et une femme pour la vie ; la seule alternative qui plaise à Dieu est le célibat (Matthieu 19 : 4-5, 10-12).

En matière de sexualité, Jésus n’est donc pas aussi tolérant que les gens le pensent généralement. Jésus ne se satisfait pas des traditions juives courantes, dérivées de l’Ancien Testament ; il encadre plus sévèrement l’éthique sexuelle. Pour qui désire le suivre, le fait de ne pas être marié implique l’abstinence sexuelle.

La beauté du célibat Cela précise notre approche, mais ne répond pas encore à la question centrale : le célibat biblique est-il trop difficile ? Revenons à l’échange entre Jésus et ses disciples après son enseignement sur le mariage et le divorce : Ses disciples lui dirent : « Si telle est la condition de l’homme vis-à-vis de la femme, il vaut mieux ne pas se 30


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marier ». Il leur répondit : « Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné. En effet, il y a des eunuques qui le sont dès le ventre de leur mère, d’autres le sont devenus par les hommes, et il y en a qui se sont faits eux-mêmes eunuques à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne ». Matthieu 19 : 10-12

Remarquons d’abord le point de départ des disciples : le mariage semble trop difficile à vivre. Jésus ne le contredit pas. La vie conjugale telle qu’il la présente n’est pas facile. Elle est difficile. Ce ne sera pas la meilleure voie pour tous. C’est pourquoi certains décident de se conduire en eunuques. Notre démarche est souvent inverse. Le célibat paraît trop dur ; c’est pourquoi nous rendons le mariage plus accessible, quitte à en redéfinir les contours pour que davantage de gens puissent y entrer. La façon de penser de Jésus semble à contre-courant. Pour certains, le mariage peut être trop dur, c’est pourquoi il recommande le célibat. Vous n’avez pas oublié que Jésus s’est fait eunuque dans l’intérêt du royaume. Il s’est volontairement fait pleinement humain pour nous. Il s’est volontairement fait homme. C’était un être sexué, comme nous le sommes tous, mais il a choisi d’être célibataire. Il ne s’est jamais marié. Il n’a jamais entretenu de relation amoureuse. Il n’a jamais eu de relations sexuelles. Jésus n’a pas appelé les autres à un style de vie qu’il n’était pas prêt à assumer lui-même. Il n’a pas appelé les gens à l’abstinence sexuelle 31


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en ignorant ce que cela signifiait. Il a vécu son propre enseignement. Plus encore : Jésus n’est pas seulement un exemple d’enseignant non hypocrite, il est l’exemple de l’homme parfait. Il est l’être humain que nous sommes tous appelés à être sans qu’aucun de nous ne le soit. Il est l’individu le plus complet et le plus pleinement humain qui a jamais vécu. Le fait qu’il n’était pas marié n’est pas fortuit. Cela montre que ni le mariage, ni l’épanouissement sentimental, ni l’expérience sexuelle ne contribuent à faire de nous des êtres pleinement humains. Dès lors que nous affirmons le contraire, que nous qualifions le célibat de déshumanisant, nous donnons à penser que Jésus lui-même était moins qu’humain. La pertinence de cette pensée m’a récemment frappé. Je discutais avec un pasteur de cette éthique sexuelle que nous venons de dégager. Il était très réservé à l’idée de la rappeler dans son Église, car certains de ses membres sont attirés par des personnes de même sexe : Comment puis-je leur demander de renoncer à tout espoir d’une relation amoureuse ? s’interrogeait-il. Je suis reconnaissant pour le souci qu’il a de ces personnes. Beaucoup de pasteurs mariés pourraient se montrer insensibles face à ce qu’ils exigent des membres non mariés de leur Église. Lui, au moins, était conscient du prix que cela représentait pour eux, et s’en préoccupait. Mais la pensée en arrière-plan de son souci m’a troublé. Elle semblait être que nous ne pouvons pas vivre dans la mesure où nous renonçons à l’espoir d’une relation amoureuse ; qu’il est injuste d’exiger 32


Le célibat, c’est trop dur !

une vie sans aucune possibilité d’épanouissement sentimental ; qu’une telle vie est insupportable. Autrement dit, l’épanouissement sentimental serait essentiel à une vie pleine et entière. Quelque temps plus tard, j’ai prêché sur la première épître de Jean, y compris sur ce passage : Voici comment identifier l’Esprit de Dieu : tout esprit qui reconnaît que Jésus est le Messie venu en homme est de Dieu. Et si un esprit ne reconnaît pas que Jésus est le Messie venu en homme, il n’est pas de Dieu : c’est l’esprit de l’Antichrist. Vous avez appris sa venue, et maintenant déjà il est dans le monde. 1 Jean 4 : 2-3

Après le message, l’assemblée pouvait poser des questions. Quelqu’un a demandé s’il existait quelque part une personne niant la venue de Christ en homme. N’était-ce pas une hérésie du premier siècle que l’Église primitive a eu à éradiquer ? Alors que je réfléchissais à la réponse que j’allais donner, j’ai pensé à cet entretien avec ce pasteur. Que faisons-nous lorsque nous affirmons qu’une vie sans épanouissement sexuel n’est pas une façon authentique de vivre ? Cela revient à dire que Jésus n’est pas pleinement venu en homme, que sa vie n’était pas pleinement humaine. Dire que le célibat est déshumanisant, c’est déshumaniser Christ, c’est nier qu’il est venu pleinement en homme. C’est nier que son humanité était « réelle ». Plusieurs fois, lorsque j’ai prêché sur ce sujet, des gens m’ont demandé si Jésus était vraiment célibataire. 33


7 mensonges sur le célibat

Certains ont ajouté que les Évangiles n’affirment pas explicitement qu’il n’a pas eu de relations sexuelles et que c’est donc un peu fort d’interdire aux autres d’en avoir. Je l’ai même entendu de la part de certains leaders au sein de ma dénomination. Les Évangiles ne fournissent pas une liste exhaustive de tout ce que Jésus a fait ou non. Si vous essayez de justifier moralement son comportement sexuel à partir d’actions non explicitées dans les textes, vous avez une drôle de façon d’interpréter la Bible ! Aucun Évangile ne raconte que Jésus ait donné un coup sur la tête d’un cheval. Mais le fait de ne pas le savoir ne m’autorise pas à le faire ! En réponse à cet exemple (un peu loufoque, j’admets), vous pourriez me rétorquer que ce geste ne cadre pas avec le Jésus des Évangiles. Vous auriez raison et c’est précisément là où je veux en venir : il est totalement ridicule d’imaginer Jésus se comporter ainsi. Tout comme il est absurde d’imaginer qu’il aurait pu avoir des relations sexuelles. Nous l’avons vu : il est tout de même l’homme qui, en matière d’éthique sexuelle, a présenté à ses contemporains des exigences plus élevées que les standards de l’époque. Jésus avait-il l’habitude d’enseigner une chose et de faire son contraire ? Ceci dit, tout le Nouveau Testament (sur la base des récits des Évangiles) affirme que Jésus a mené une vie exempte de péché. Jusqu’ici, nous avons seulement vu à quel point les exigences de Jésus en matière d’éthique sexuelle sont élevées et combien son enseignement donne une image du mariage plus difficile que nous ne la pensons. Ce n’est 34


Le célibat, c’est trop dur !

guère encourageant ! À l’inverse, ce que la Bible dit du célibat l’est beaucoup plus. Paul va jusqu’à affirmer que le célibat peut être une bonne chose. À certains égards, il est plus facile d’être célibataire que marié. Il en parle dans les deux sens. Certaines difficultés sont épargnées aux célibataires, et ils sont, en quelque sorte, plus libres. Commençons par ce à quoi ils échappent ! Paul écrit aux Corinthiens que les chrétiens sont libres de se marier et libres de rester célibataires. Bien que célibataire lui-même et recommandant le célibat aux autres (1 Corinthiens 7 : 7), il affirme qu’il n’y a rien de mal à ce que des célibataires qui le peuvent se marient : Si toutefois tu te maries, tu ne pèches pas, et si la jeune fille se marie, elle ne pèche pas. Cependant, les personnes mariées connaîtront des souffrances dans leur vie, et je voudrais vous les épargner. 1 Corinthiens 7 : 28

Paul présume que la vie conjugale inclut « des souffrances dans leur vie ». Ce n’est pas du tout une critique du mariage. En d’autres endroits, l’apôtre se fait très sentimental et le présente comme le reflet du mariage spirituel de l’Église avec Jésus (Éphésiens 5 : 31). Il n’enfonce pas le mariage. Il est tout simplement réaliste. La vie dans ce monde fait que le mariage n’est pas facile. Il s’accompagne de quelques tracas. Il importe de le savoir. Dès notre jeune âge, on nous bombarde avec l’idée que les jeunes mariés « nagent dans le bonheur » et « vivent un rêve ». Même si nous sommes 35


7 mensonges sur le célibat

généralement suffisamment informés pour savoir que la vie n’est pas aussi simple que cela, nous entendons sans cesse que le mariage est l’aboutissement et l’apothéose, la résolution de toutes les tensions, le but et la destination. Une fois le couple uni, l’histoire est finie. Même si les mariés ne connaissent pas pleinement le « …et ils vécurent heureux pour toujours », ils s’en rapprochent quand même. Je suis pasteur depuis une quinzaine d’années et l’ami intime de plusieurs personnes mariées depuis plus longtemps encore. J’ai observé de très près leurs mariages et j’ai accompagné ces couples amis à travers certaines difficultés qui accompagnent la vie conjugale. Il est bon de cultiver des amitiés franches et honnêtes, et de pouvoir partager les hauts et les bas. Certaines « souffrances dans leur vie » sont causées par le mariage lui-même. L’un des premiers couples dont j’ai présidé la cérémonie nuptiale a divorcé. Je connais plusieurs couples mariés qui connaissent de sérieuses tensions. Récemment, un ami a été très franc avec moi : lui et sa femme ne s’aiment tout simplement plus. Je connais des couples pour lesquels la vie conjugale ne s’est pas du tout déroulée comme ils l’avaient espérée. Une dame dont le mari est gravement handicapé m’a dit un jour : « Ce n’est pas pour ça que j’ai signé ! » (Pourtant, si, ai-je pensé.) Je connais un gars qui, suite à une maladie, se retrouve avec les bras considérablement affaiblis. Il est 36


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incapable de boutonner ses chemises, et encore moins de porter ses enfants. Il n’est pas du tout le mari qu’il imaginait être. Je connais une chrétienne qui a épousé un non-chrétien. Elle pensait que ce n’était pas grave. Mais les conséquences se sont révélées désastreuses. Je connais aussi le cas d’une femme qui a épousé un homme qui se présentait comme un chrétien affermi, mais qui, en réalité, en était loin. D’autres « souffrances dans leur vie » sont liées aux enfants. Des amis ont été profondément abattus en apprenant qu’ils ne pourraient pas en avoir. D’un seul coup, tout ce qu’ils avaient prévu pour leur vie de famille a volé en éclats. Certes, ils ont eu le bonheur de pouvoir adopter plusieurs enfants et de les intégrer pleinement dans leur famille, mais ils savent que leurs parents ne pourront jamais dire : « Il a vraiment tes yeux ! », ou : « Elle a bien hérité du nez familial ! ». Plusieurs couples dont je suis très proche, ont connu la terrible angoisse, à la naissance de leurs enfants, de ne pas savoir s’ils survivraient. Des amis ont connu la douleur cuisante de voir un enfant sombrer dans le péché ou de rejeter totalement la foi. Une famille qui m’est très chère a perdu deux filles, l’une d’un cancer, l’autre par suicide. Et je pourrais continuer. Tout cela montre qu’il y a des hauts et des bas dans la vie de couple. Je ne connaîtrai jamais directement ces chagrins dans ma vie de célibataire mais je ne les prends pas à la légère. Je partage une mesure de ces souffrances en côtoyant de près les amis qui 37


7 mensonges sur le célibat

passent par le creuset de telles épreuves, mais ce n’est pas la même chose qu’avoir à les affronter personnellement. Rien de tout cela ne doit nous rebuter du mariage ni nous faire croire qu’il s’accompagne d’une litanie de malheurs. Le mariage est un don de Dieu et ne doit pas être méprisé. Paul déclare que ceux qui interdisent de se marier s’attachent à « des doctrines de démons » (1 Timothée 4 : 1-3). Le mariage est fondamentalement bon. Mais comme toutes les bonnes choses dans un monde déchu, il est souillé par le péché et n’est pas à l’abri des malheurs. En fait, le célibat et le mariage ont chacun leurs bons et leurs mauvais côtés. Beaucoup de célibataires sont tentés de comparer les inconvénients du célibat aux avantages du mariage. Et beaucoup de gens mariés sont enclins à comparer les inconvénients du mariage aux bons côtés du célibat. C’est dangereux dans les deux cas. L’herbe paraît souvent plus verte dans le pré du voisin. Quel que soit notre don – mariage ou célibat – l’autre paraît vite plus attrayant. C’est trop facile. Paul indique tout simplement aux célibataires que le mariage a ses inconvénients (des « souffrances dans leur vie ») qui leur sont épargnés. L’affirmation : « Le mariage est meilleur et plus facile » est courante… mais fausse ! Après tout ce que j’ai vu durant les dix dernières années, je puis affirmer qu’en toutes circonstances, je préfère les inconvénients du célibat à ceux du mariage. Je pense que la vie est plus dure pour un marié malheureux que pour un célibataire malheureux. Mais à côté de l’absence de problèmes, Paul évoque aussi l’existence d’avantages. Le célibat ne se définit pas 38


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seulement par ce qui nous est épargné, mais également par ce qui nous est donné. Or, je voudrais que vous soyez sans inquiétude. Celui qui n’est pas marié se préoccupe des affaires du Seigneur, des moyens de plaire au Seigneur, alors que celui qui est marié se préoccupe des affaires de ce monde, des moyens de plaire à sa femme. Il y a aussi une différence entre la femme non mariée et la jeune fille : celle qui n’est pas mariée se préoccupe des affaires du Seigneur, afin d’être sainte de corps et d’esprit, alors que celle qui est mariée se préoccupe des affaires de ce monde, des moyens de plaire à son mari. Je dis cela dans votre intérêt ; ce n’est pas pour vous imposer des contraintes, mais pour vous montrer ce qui est convenable et à même de vous attacher au Seigneur sans tiraillements. 1 Corinthiens 7 : 32-35

Attention ! Nous pouvons facilement mal comprendre ce passage. Paul ne dit pas que le célibat est spirituel et que le mariage ne l’est pas. Ni que le premier est facile et le second difficile. Il oppose simplement la complexité de l’un à la simplicité de l’autre : la vie de la personne mariée est plus complexe, tandis que celle de la personne célibataire est plus simple. Paul rappelle un aspect caractéristique du mariage : le mari et sa femme « se préoccupent des affaires de ce monde ». Il ne le dit pas dans un sens péjoratif. Il n’affirme pas qu’ils se préoccupent de choses impies. Il déclare simplement que le mari comme l’épouse portent une partie de leur attention sur les choses de ce monde. C’est normal. Le mari et sa femme ont des devoirs l’un envers l’autre 39


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et envers chacun de leurs enfants. Ils doivent réfléchir à la manière de s’aimer et s’encourager mutuellement. Ils doivent être attentifs aux besoins spirituels, émotionnels et physiques l’un de l’autre ainsi que de ceux de leurs enfants. Les « souffrances » des époux sont donc dispersées. La vie peut facilement ressembler à un tourbillon de besoins immédiats, pressants et opposés. Les gens mariés sont absorbés par les choses de ce monde, par nécessité. S’ils vivaient et agissaient autrement, ils négligeraient leurs responsabilités. La personne célibataire, quant à elle, jouit d’une plus grande liberté. Notre attention est moins éparpillée. La vie est moins compliquée. Nous pouvons davantage donner de nous-mêmes que les personnes mariées. Paul pense certainement à certains aspects de sa vie et de son ministère où il a pu profiter de cette liberté. Il a pu effectuer de lointains déplacements, passer de longues périodes dans certaines régions, et même risquer sa vie pour l’Évangile. Il n’aurait rien pu faire de cela s’il avait été marié. L’apôtre ne dit pas que les gens mariés ont des souffrances et que les célibataires n’en ont pas. Il explique que ces soucis sont nécessairement différents. La vie de célibataire n’est pas exempte de responsabilités. Nous avons des amis et de la famille que nous devons honorer. Mais comme l’écrit Vaughan Roberts, « nous sommes entraînés dans moins de directions que ceux qui sont mariés et, de ce fait, nous pouvons consacrer plus de temps “aux affaires du Seigneur”5 ». 40


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Nos vies de célibataires sont généralement moins compliquées que celles de nos amis mariés. J’ai raconté à un ami que je devais effectuer un voyage qui impliquait un long vol. Il a immédiatement fait la grimace et m’a demandé : — Tu aimes l’avion ? — Oui, énormément ! Je peux bien travailler. Tant d’heures d’affilée ! C’est en avion que sont nées certaines de mes études et réflexions les plus profondes. — Ah, oui, j’oublie toujours : tu n’as pas d’enfants avec toi quand tu prends l’avion. C’est un exemple banal, mais il me montre que dans certains détails les plus simples de la vie, mon ami et moi voyons les choses selon deux perspectives complètement différentes. Voyager, pour moi (surtout les longs vols), c’est l’occasion de faire un tas de choses. Pour lui, c’est l’obligation de trouver les moyens d’occuper pendant des heures des petits enfants débordants d’énergie. Transposez cette scène dans d’autres domaines et vous comprendrez que, pour moi, la vie est bien moins compliquée. Mais cette vie de célibataire comporte évidemment aussi des pièges. Paul affirme que nous, célibataires, nous nous occupons « des affaires du Seigneur ». C’est un combat pour beaucoup d’entre nous. Il est si facile d’utiliser notre souplesse de vie et notre énergie pour les choses qui nous plaisent plutôt que pour celles qui plaisent à Dieu. De nombreux célibataires, surtout ceux qui vivent seuls, sont exposés à la forte tentation de l’égocentrisme. Je 41


7 mensonges sur le célibat

peux facilement m’occuper de « mes affaires ». Il m’est facile de faire ce que je veux, comme je le veux et quand je le veux. Je n’ai pas de « vis-à-vis » important dont je doive tenir compte. Si je veux sortir, je sors. Si je veux avoir de l’espace, je me l’octroie. Pour nous, célibataires, il est plus facile de prendre nos repas quand nous le voulons et de nous coucher quand nous en avons envie. Nous devons donc constamment nous rappeler que notre célibat n’est pas pour nous, mais pour le Seigneur. Pas pour nos affaires, mais pour les siennes. J’y pense quand je suis avec d’autres. Comme je l’ai dit, je voyage beaucoup en ce moment et, chaque fois que je le peux, j’essaie de loger chez des amis plutôt qu’à l’hôtel. Je ne le fais pas seulement pour le plaisir d’avoir de la compagnie, mais parce que cela me donne l’occasion de m’adapter à toutes sortes de gens. Si je veux profiter du repas en famille, je dois rentrer à l’heure. Je pourrais faire la vaisselle ensuite. Si je me sens fatigué et que je n’ai pas envie de parler, je ne peux pas me lever de table pour aller regarder la télé au salon. Même si ce n’est que pour quelques jours, le partage « du mieux possible » de la vie des autres est contraignant ! Rien de tout cela ne signifie que le célibat est facile ou qu’il est nécessairement plus simple que le mariage. Mais nous avons tort de prétendre que le célibat, c’est trop dur ! Affirmer cela, c’est ignorer les nombreux aspects du mariage qui peuvent se révéler très difficiles. Ce n’est pas pour rien que les disciples ont dit : « Il vaut mieux ne pas se marier ». La vie conjugale s’accompagne de « souf42


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frances » qui lui sont propres. Ouvrons nos yeux sur les façons dont le célibat nous libère pour que nous puissions nous attacher entièrement à Jésus ! Il est facile de concevoir le célibat comme un fardeau, une contrainte, qui nous éloigne de la réalité de la vie. Paul affirme le contraire : Je dis cela dans votre intérêt ; ce n’est pas pour vous imposer des contraintes, mais pour vous montrer ce qui est convenable et à même de vous attacher au Seigneur sans tiraillements. 1 Corinthiens 7 : 35

L’apôtre ne veut pas nous imposer de contraintes (littéralement : « vous mettre un nœud coulant autour du cou »). C’est pourtant ce dont nous l’accusons. Pour lui, le célibat n’est pas synonyme de privations (à l’exception des « souffrances » liées à la vie conjugale) mais de liberté. Paul le recommande parce qu’il nous souhaite ce qui est « convenable », les bienfaits d’une vie mieux ordonnée, moins compliquée, quelque chose qui nous permette de servir le Seigneur de tout notre être.

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CHAPITRE DEUX

Le célibat exige un appel spécial

Nous sommes en juillet, la saison des super-héros bat son plein. Vous pouvez regarder où vous voulez ! Vous voilà dans le classique bal des suites, des réadaptations, des suites de réadaptations, et des films qui mélangent les univers et regroupent les personnages de toutes ces nouvelles versions, sans oublier leurs propres suites qui finiront probablement par être réadaptées à leur tour ! Je viens juste de voir la dernière version de Spiderman, avec un autre acteur. Je crois que le personnage s’est « réincarné » plus souvent que Bouddha ! Cette façon que les studios ont de reprendre l’histoire de zéro donne l’impression qu’ils ne parviennent pas à adapter certaines bandes dessinées en films malgré leurs centaines de millions de dollars investis. Et pourtant, nous en redemandons ! Presque tous les succès de cet été étaient des films de super-héros. Facile de comprendre pourquoi ! Les super-héros nous ont toujours fascinés. Je soupçonne même le livre des Juges (oui, celui de l’Ancien Testament) d’y être pour quelque chose ! Comme le rappelle un récent livre anglais, 45


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