Communiquer l'Évangile aujourd'hui • Marc Van de Wouwer

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MARC VAN DE WOUWER

LE MODÈLE INCONTOURNABLE DE LA BIBLE POUR TOUT CHRÉTIEN



communiquer

aujourd’hui



MARC VAN DE WOUWER

communiquer

aujourd’hui LE MODÈLE INCONTOURNABLE DE LA BIBLE POUR TOUT CHRÉTIEN


Communiquer l’Évangile aujourd’hui : Le modèle incontournable de la Bible pour tout chrétien Marc Van de Wouwer © 2020 • BLF Éditions • www.blfeditions.com Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Couverture : Seegn Mise en page : BLF Éditions Impression n° XXXXX • SEPEC • Rue de Prony • 01960 Péronnas • France Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Nouvelle version Segond révisée (Bible à la Colombe), © 1978 Société biblique française. Avec permission. Versions alternatives : La Bible version Segond 21, © 2007 Société biblique de Genève ; la Bible des Nouvelles éditions de Genève (NEG) © 1979 Société biblique de Genève ; la Bible Ostervald (OST). Les caractères italiques sont ajoutés par l’auteur du présent ouvrage. ISBN 978-2-3624-954-03 ISBN 978-2-3624-954-10

Dépôt légal 1er trimestre 2020 Index Dewey (CDD) : 269.2 Mots-clés : 1. Mission de l’Église. 2. Évangélisation.

broché numérique


À Alphonse et Ninette, mes chers parents. Ils m’ ont montré le Chemin.



Table des matières

Introduction .............................................................................................................. 11

- PREMIÈRE PARTIE ENTRER DANS LE MODÈLE CHAPITRE UN

Quel modèle ?......................................................................................................... .23 CHAPITRE DEUX

Deux piliers et quatre méthodes............................................................... .33 CHAPITRE TROIS

Je discute de l’Évangile.................................................................................... .43 CHAPITRE QUATRE

Je proclame l’Évangile....................................................................................... .57 CHAPITRE CINQ

Nous rayonnons l’Évangile............................................................................ .75 CHAPITRE SIX

Nous mettons l’Évangile en action.......................................................... .81 CHAPITRE SEPT

Je regarde... Et j’agis !........................................................................................ .89 CHAPITRE HUIT

Nous occupons les lieux.................................................................................. .99


- DEUXIÈME PARTIE MA PLACE DANS LE MODÈLE CHAPITRE NEUF

Je découvre ma fonction................................................................................113 CHAPITRE DIX

Je trouve ma place..............................................................................................125 CHAPITRE ONZE

L’évangéliste dans l’Église locale..............................................................135

Conclusion ............................................................................................................... 143 Annexe ....................................................................................................................... 157 Remerciements .................................................................................................... 161


INTRODUCTION

Communiquer l’Évangile sinon rien

L’Évangile n’est pas une poudre à laver ! La Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ n’est pas un produit à vendre ou une marque à placer. Je suis certain que vous ne le voyez pas comme cela. Pourtant, les méthodes que nous utilisons pour communiquer l’Évangile pourraient le faire penser. Or, en matière de communication, la perception du message est essentielle. Posons-nous la question : comment l’Évangile que je partage est-il perçu ? On se servait autrefois d’un langage guerrier et d’images de conquête pour stimuler la communication de l’Évangile. Pourtant, dans l’attitude de Jésus ou de ses apôtres, rien ne manifeste une attitude guerrière ou conquérante. Le combat est avant tout spirituel. Nous sommes passés, aujourd’hui, aux techniques et au langage du marketing. Il est question d’objectifs, de plans d’action, d’approche proactive, d’efficacité ou de rendement. Des méthodes « faciles » sont proposées, voire infaillibles pour communiquer 11


l’Évangile. Puisque les messages simplistes cartonnent, on lisse l’Évangile à l’extrême pour tenter de mieux le faire passer. Mon expérience de proclamateur de plus de trente ans m’a montré que communiquer l’Évangile n’est ni facile ni parfaitement exemplaire. Et que ce n’est pas là l’essentiel. Dans notre enthousiasme, nous oublions une chose : la manière dont nous communiquons dit quelque chose de ce que nous communiquons. Que dit de l’Évangile notre façon de le communiquer ? Nous avons cru – à tort – que l’approche conquérante était biblique. Nous croyons – à tort – que l’approche publicitaire est biblique. Ces tendances ne reflètent en rien la démarche de Jésus et de ses apôtres. Il m’a fallu commettre beaucoup d’erreurs, être souvent corrigé par le Saint-Esprit, revenir sans cesse à la Parole de Dieu et me soumettre à l’un et à l’autre pour saisir que le Seigneur Jésus ne nous confie pas seulement une Bonne Nouvelle à transmettre. Il nous propose aussi les principes pour la communiquer. Pas pour que cela devienne facile (cela ne le sera jamais vraiment), mais pour que notre communication défaillante ne complique pas la compréhension de l’Évangile. C’est l’Évangile qui doit être accepté ou refusé, pas notre façon inadéquate de le communiquer. L’apôtre Paul supportait « tout afin de ne pas créer d’obstacle à l’Évangile de Christ » (1 Corinthiens 9 : 12). Le premier obstacle vient de nous-mêmes, tant notre communication manque souvent de clarté, de transparence, de simplicité et de cohérence. Quand nous en prenons conscience, nous nous retrouvons démunis, sans solution. Nous finissons par perdre la joie de communiquer l’Évangile. Le faire uniquement par devoir est tout l’inverse de ce que Jésus veut pour nous. Comprendre comment communiquer l’Évangile est le premier élément de mon engagement pour Jésus-Christ. Trouver ma place dans le grand projet de Dieu de diffuser sa Bonne Nouvelle en constitue le second élément. Ensemble, ces deux éléments constitueront la colonne vertébrale de notre réflexion. 12


Introduction

Quand nous avons adopté une forme de communication de l’Évangile, quelle qu’elle soit, nous cherchons notre place dans le dessein de Dieu. Le danger est de nous lancer sans la passion qui animait les apôtres suspendus aux lèvres du Christ ressuscité lorsqu’il leur disait : « Vous serez mes témoins » (Actes 1 : 8). Parce que nous nous sentons mal équipés ou maladroits, nous risquons de nous décourager. Et du découragement au renoncement, il n’y a qu’un pas, vite franchi. Dites-moi si je me trompe : ce ramassis de disciples trouillards, incompétents et incrédules dont quelques-uns doutaient encore du Christ qui se tenait ressuscité devant eux (Matthieu 28 : 17) n’a-t-il pas été envoyé par Jésus « faire de toutes les nations des disciples » (Matthieu 28 : 19) ? Et ils l’ont fait ! Ils y sont parvenus parce qu’ils ont observé Jésus, retenu ses paroles, imité sa façon de faire et continué à suivre la direction du Saint-Esprit en restant ce qu’ils sont : des « élèves ». Alors, pourquoi pas vous ? De son côté, l’apôtre Paul avait très mal commencé. Mais il a été rattrapé par Jésus et dirigé vers la bonne voie. En suivant Jésus, Saul de Tarse, le réfractaire obtus et intolérant, ancré dans ses certitudes rigides, est devenu l’apôtre Paul, le serviteur souple et dynamique de l’Évangile, dont la vie nous sert de modèle. Alors, pourquoi pas vous ?

MON CHEMIN DE DAMAS Je me sens proche de Paul (dans ses aspects les moins flamboyants, évidemment). Il pensait bien faire, mais il avait tout faux. Il a dû être éduqué par Jésus-Christ. Et tout a débuté lors d’une rencontre sur la route de Damas. Laissez-moi vous raconter mon chemin de Damas. Je suis tombé dans la marmite de l’Évangile comme Obélix dans la potion magique. J’en ai été nourri au biberon. Je n’ai jamais contesté les grandes vérités de la Bible auxquelles j’ai adhéré depuis toujours (j’ignorais qu’il s’agissait uniquement d’une approbation intellectuelle). À l’âge de seize ans, fort de mes convictions et plein de sincérité, j’ai répondu présent lors du recrutement de « conseillers » pour une « campagne » de l’évangéliste américain Billy Graham à Bruxelles. Il s’agissait de ma première expérience de communication 13


de l’Évangile. Les « conseillers » étaient chargés d’accompagner les personnes qui répondaient favorablement à l’appel à la conversion à Jésus-Christ, lancé par l’évangéliste. J’ai passé les tests d’aptitude haut la main. Pensez donc : seize ans de gavage évangélique m’avaient rendu incollable ! J’ai appris les six versets-clé et, muni de ce substantiel bagage, je me suis rendu chaque soir dans le stade national où se déroulait l’événement. Lors de l’appel, je m’avançais avec les personnes qui réagissaient au message. Je choisissais une personne et j’engageais la conversation pour lui donner les premiers conseils de vie chrétienne et prier avec elle, si elle le souhaitait. J’ai pris conscience de deux choses : la première, c’est que beaucoup de gens qui s’avançaient n’avaient pas forcément compris l’Évangile (malgré l’exposé admirable de simplicité et de profondeur de Billy Graham). Ce constat m’a beaucoup aidé par la suite à rester humble et compréhensible lorsque je suis moi-même devenu proclamateur de l’Évangile. La seconde – et ce fut le choc de mon chemin de Damas – c’est que je n’étais pas convaincu moi-même des vérités dont j’essayais de convaincre les autres. Il n’y a pas eu de lumière aveuglante. Je n’ai pas été frappé de cécité (j’étais déjà aveugle !). Je n’ai pas entendu de voix, sinon cette voix intérieure qui mettait le doigt sur mon incohérence spirituelle. Mais j’ai posé la même question que l’apôtre Paul : « Qui es-tu, Seigneur ? » (Actes 9 : 5). Car j’ai dû reconnaître, comme Paul, que je ne connaissais pas Jésus. En tout cas pas qui il était vraiment. J’étais sincère dans mon erreur, mais j’étais surtout dans l’erreur. Ce jour-là, j’ai reconnu Jésus-Christ comme mon Sauveur et Seigneur. Il s’est imposé à moi avec douceur comme la personne la plus aimante. La réalité de son sacrifice à la croix pour mon salut m’a percuté. Comme Paul l’exprime, « j’ai été saisi par le Christ-Jésus » (Philippiens 3 : 12). Je participais en même temps à un congrès international avec huit mille autres jeunes (Eurofest 1975). Je n’ai donc pas manqué d’Ananias qui ont prié pour moi et qui m’ont pris par la main et enseigné. Les écailles de l’autosatisfaction spirituelle sont tombées de mes yeux et mon cœur s’est ouvert au désir de servir Dieu. 14


Introduction

MON ENVIE DE (MIEUX) COMMUNIQUER L’ÉVANGILE Très rapidement, j’ai voulu partager l’Évangile. J’ai tenté de le faire, parfois avec succès, souvent en échouant. Par contact personnel ou en groupe. Dans le meilleur des cas, ma communication était enthousiaste, mais naïve. Dans le pire des cas, elle était désastreuse. Je me souviens d’un entretien avec un jeune qui s’était détaché de son Église. Au lieu de l’encourager, je l’ai accablé de reproches et bombardé de versets bibliques. Une expérience dont je me souviens encore amèrement. Le zèle peut être amer (Jacques 3 : 14). J’avais oublié le verset qui précède et qui prône « douceur et sagesse ». Avec le groupe de jeunes de l’Église dont on m’avait confié le leadership, nous allions au coin des rues avec une simple guitare et nous chantions des cantiques. Puis je disais quelques mots, à pleine voix, sans micro. Nous avons organisé des week-ends de communication de l’Évangile rien que pour les jeunes. La salle était bondée. Nous faisions venir un évangéliste proclamateur. Des jeunes ont confié leur vie à Christ, dont mon meilleur ami, devenu lui-même évangéliste. Heureusement que Dieu bénit les efforts malhabiles, sinon il ne bénirait jamais. Car disons-le tout net : il vaut mieux une façon de communiquer inadaptée que pas de façon du tout ! Dieu se charge de corriger nos erreurs. À l’âge de vingt-neuf ans, après avoir consacré plusieurs années à atteindre mes objectifs professionnels, j’ai subi un burn out et traversé une crise spirituelle. J’avais abandonné mes rêves et mon appel à communiquer l’Évangile. Mais Dieu n’avait rien oublié ni abandonné. Il m’a amené à recentrer ma vie sur Christ. L’appel à communiquer l’Évangile s’est imposé, plus insistant que jamais. Malheureusement, je connaissais alors mieux mes limites et mes insuffisances et il y avait de quoi être déprimé. Je vivais une tension incessante entre le vouloir et l’incapacité. Comment faire, bien faire et mieux faire ? Où trouver ma place de chrétien engagé, d’époux, de père de famille (nous avions trois enfants) ? Communiquer l’Évangile, oui mais dans quelle fonction, dans quel cadre, avec qui ? Et ma place dans l’Église ? Comment conjuguer tout cela avec une vie professionnelle ? Je ne ressentais pas 15


d’appel pour un service à plein temps mais je voulais être engagé à plein temps pour Jésus dans tout ce que je faisais.

MON CHEMIN D’EMMAÜS Je considère cet épisode de ma vie comme mon chemin d’Emmaüs (voir Luc 24 : 13-35). J’avais besoin d’être éclairé pour comprendre. La crise que je traversais exacerbait mon écoute spirituelle. Elle rendait Jésus-Christ plus nécessaire que toute autre chose. Il me fallait reprendre le cours de ma vie par le bon bout. Je me suis plongé dans la Parole de Dieu, avec avidité, comme un mort de faim spirituel. Je voulais laisser Christ construire mon engagement pour lui sur de bonnes bases, solides et durables, éviter les faux départs. Je ne me suis rendu compte que plus tard, après une longue marche de plusieurs années (Emmaüs m’a paru bien loin !), que Jésus avait fait route avec moi. Il était au cœur de l’Évangile que je dévorais, derrière les choix de lecture vers lesquels j’étais guidé, au centre de mes conversations avec des serviteurs de Dieu passionnés et passionnants, inspirant chaque encouragement reçu et me soutenant après chaque déception. Il faut parfois peu de chose pour aller de l’avant. Notre Église avait invité l’évangéliste Alain Choiquier pour une série de réunions. Le dimanche après-midi, nous sommes allés avec un petit groupe sur une place principale de Liège. J’ai pris la parole en public quelques minutes en essayant de bredouiller quelques éléments de l’Évangile. Après m’avoir écouté, Alain Choiquier m’a glissé ces simples mots : « Il y a quelque chose là. Persévère ! ». Cet encouragement tout simple m’a permis de tenir bon jusqu’à ce que mon ministère soit reconnu par l’Église. En m’accompagnant comme il a accompagné les disciples d’Emmaüs, Jésus a éveillé mon intérêt spirituel par son écoute, ses questions simples et directes et les explications des Écritures. Par elles, j’ai reconnu que Jésus était non seulement mon Sauveur et mon Seigneur mais aussi un modèle, notamment pour communiquer l’Évangile.

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Introduction

LE MONDE CHANGE… PAS L’ÉVANGILE : COMMENT FAIRE LE LIEN ENTRE LES DEUX ? Le chrétien peut vivre dans deux mondes parallèles – l’Église et la société – qui ne se rejoignent pas. Et pourtant, c’est notre mission : relier Dieu et les gens par Jésus-Christ. Comment rejoindre l’affirmation de l’apôtre Paul ? « Vous savez en quel temps nous sommes » (Romains 13 : 11). Le monde postmoderne1 a vécu des bouleversements gigantesques ces dernières décennies et le rythme des changements s’accélère. L’attitude des gens vis-à-vis de l’Évangile et du Christ évolue aussi. Comment communiquer l’Évangile qui ne change pas dans un monde qui change ? J’aime assez le concept de « double écoute » développé par John Stott : L’évangélisation authentique repose sur une double écoute. En effet, le témoin chrétien se trouve pris entre la Parole et le monde, avec l’obligation d’écouter les deux. Il écoute la Parole, pour découvrir toujours davantage les richesses du Christ. Il écoute le monde pour découvrir quelles sont les richesses du Christ qui font le plus défaut et pour savoir comment les présenter sous le meilleur éclairage2.

Je me suis donc mis à l’écoute des deux.

INNOVER SANS CESSE ? OU REVENIR AUX FONDAMENTAUX BIBLIQUES ? La pertinence du concept de « double écoute » repose sur son équilibre. On ne peut proposer les réponses sans connaître les questions. Tout comme on ne peut donner les réponses sans connaître… les réponses. Un bon médecin doit en savoir autant sur la maladie que sur 1 Les penseurs post-modernes se situent dans la perspective de surmonter le désenchantement du monde, après la désagrégation des repères culturels ou religieux, le relativisme des sciences, la crise de l’idée de progrès, l’humanité confrontée aux faillites écologiques, économiques et sociales, et l’échec patent des utopies révolutionnaires ». Encyclopédie en ligne Wikipedia, s. v. « postmodernité ». URL : <https://fr.wikipedia.org/wiki/Postmodernité> (consulté le consulté le 14/1/2020).

John Stott, Le Chrétien à l’aube du xxie siècle, vol. 1, Québec : La Clairière, 2000, p. 101.

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le médicament. Il doit pouvoir les expliquer pour convaincre le malade qu’il est malade, qu’il a besoin d’un traitement et pour qu’il accepte de se soigner. Notre communication de l’Évangile est peu efficace parce que nous savons ce que la Bible dit de l’Évangile, mais nous ignorons ce qu’elle dit de sa communication. Nous voulons administrer le remède de Christ aux maux de la société, mais selon les standards de communication de la société au lieu de partager l’Évangile en suivant le modèle de communication que nous propose l’Évangile lui-même.

OÙ TROUVER CE MODÈLE ? Lorsque je me suis posé cette question, je me suis replongé dans le Nouveau Testament. L’apôtre Pierre écrit que la divine puissance de Dieu « nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété » par la connaissance de Christ (2 Pierre 1 : 3). Ne nous a-t-il pas donné aussi un modèle de communication de l’Évangile ? Un modèle reproductible et adaptable par toutes les générations et dans toutes les cultures ? Je me suis donc mis à l’écoute de Jésus et de ses apôtres. Je les ai observés, longuement, pour voir comment ils procédaient. Pour paraphraser André Frossard3, « le modèle de communication de l’Évangile existe, je l’ai rencontré ! ». Je l’ai non seulement rencontré, mais aussi appliqué chaque fois que j’en ai eu l’occasion, dans mon ministère d’évangéliste proclamateur itinérant aussi bien que dans l’Église locale (la mienne d’abord) lors de formations. J’ai constaté combien ce modèle est pertinent, mais aussi libérateur. Il a ouvert une joie nouvelle dans mon ministère. Il nous décharge du poids de la culpabilité de ne pas en faire assez ou de ne pas faire ce qu’il faut. Le modèle du Nouveau Testament est le plus pertinent pour notre société. Jésus et ses apôtres vivaient dans un monde païen préchrétien. Nous vivons dans un monde néopaïen postchrétien. D’un bout à l’autre de l’histoire de la chrétienté, nous sommes plongés dans un contexte semblable. Si les deux époques se ressemblent, les réponses à Auteur du livre Dieu existe, je l’ai rencontré, aux éditions Fayard.

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Introduction

apporter doivent être similaires : le modèle appliqué au temps de Jésus reste valable aujourd’hui !

COMMUNIQUER L’ÉVANGILE AVEC TOUTE L’ÉGLISE ? Enfin, et ce n’est pas la moins bonne nouvelle, il y a de la place pour tout le monde dans ce modèle. Il est personnel autant que collectif. Quand il devient le projet de toute la communauté, il atteint sa pleine puissance. Chaque chrétienne et chaque chrétien ont un rôle à jouer dans le désir de Dieu de faire connaître l’Évangile. Il ne s’agit pas d’un modèle complexe réservé aux hyper spécialistes mais d’un modèle simple, accessible, pratique. Beaucoup ont vu leur vie transformée en y trouvant leur place. Communiquer l’Évangile de manière appropriée est une source de satisfaction et de croissance spirituelle. Votre place vous attend. Voulez-vous la trouver ? Alors, entrons dans le modèle !

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PREMIÈRE PARTIE

Entrer dans le modèle



CHAPITRE UN

Quel modèle ?

Quand j’ai commencé à proclamer l’Évangile, je cherchais des modèles. J’ai observé les évangélistes connus. J’ai lu leurs recueils de prédications et j’ai cherché à imiter leur façon de faire. Mes premiers messages s’inspiraient maladroitement des leurs. En réfléchissant, je me suis dit qu’à leurs débuts, ils devaient avoir fait la même chose : chercher l’inspiration auprès de ceux qui les avaient précédés. De même pour leurs aînés. Si on remonte l’histoire de l’Église, chaque évangéliste ou témoin de Jésus doit s’être tourné vers les modèles qui l’ont précédé. Finalement, pourquoi ne pas retourner directement à la source, l’Évangile et les Actes, et prendre comme modèles JésusChrist et ses apôtres ?

LE MODÈLE EN ACTION CHEZ PAUL Si le modèle de communication de l’Évangile imprègne tout le Nouveau Testament, existe-t-il un texte qui en fasse la synthèse, tout au moins partiellement ? Nous pouvons le découvrir à travers l’apôtre Paul qui a appliqué le modèle dans sa diversité. 23


Quand il fait venir à lui les anciens de l’Église d’Éphèse, sur les rivages de la Méditerranée à proximité de Milet, l’apôtre leur ouvre son cœur. Le ton est solennel, chargé d’émotion. Paul sait que ce troisième voyage missionnaire est le dernier qu’il accomplit librement. Il ne reviendra plus à Éphèse. C’est pourquoi il leur délivre son testament spirituel. Comme tout testament, il contient le meilleur de ce qu’on veut léguer et transmettre. Il revêt donc une importance capitale. Lisons ce texte dans lequel Paul résume les contours de son ministère : Vous savez comment je me suis tout le temps conduit avec vous, depuis le premier jour où j’ai mis le pied en Asie ; j’ai servi le Seigneur en toute humilité, avec larmes, et au milieu des épreuves que me suscitaient les complots des Juifs. Sans rien dissimuler, je vous annonçais et vous enseignais publiquement et dans les maisons, tout ce qui vous était utile, en proclamant aux Juifs et aux Grecs la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus. Et maintenant voici que lié par l’Esprit, je vais à Jérusalem, sans savoir ce qui m’y arrivera ; seulement, de ville en ville, le Saint-Esprit atteste et me dit que des liens et des tribulations m’attendent. Mais je ne fais aucun cas de ma vie, comme si elle m’était précieuse, pourvu que j’accomplisse avec joie ma course, et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus : rendre témoignage à la bonne nouvelle de la grâce de Dieu. Et maintenant voici : je sais que vous ne verrez plus mon visage, vous tous au milieu de qui j’ai passé en prêchant le royaume de Dieu. C’est pourquoi je l’atteste aujourd’hui : je suis pur du sang de vous tous, car sans rien dissimuler je vous ai annoncé tout le dessein de Dieu. Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau au sein duquel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour faire paître l’Église de Dieu qu’il s’est acquise par son propre sang. Actes 20 : 18-28

La suite du passage (v. 29-38) montre le souci et l’affection de l’apôtre pour cette Église d’Éphèse qu’il a côtoyée pendant trois ans et demi. Quant aux versets 18 à 28, ils offrent une synthèse assez complète du modèle que l’apôtre Paul a appliqué et qu’il a voulu transmettre. 24


Quel modèle ?

Comme pour toute synthèse, l’apôtre Paul ne peut tout dire en quelques mots. Il ne présente pas non plus sa propre méthode. Il s’inscrit résolument dans les traces de Jésus et des autres apôtres auxquels il était associé. Nous ne pouvons bâtir une théorie sur un passage unique. Cela dit, tous les Évangiles et les Actes des Apôtres contiennent des constantes que nous pouvons observer chez Jésus, Pierre, Philippe ou encore Paul. C’est ainsi que le modèle nous est parvenu.

LES SIX CLÉS DU MODÈLE Nous pouvons distinguer six principes-clés sur lesquels l’apôtre Paul a construit son ministère de communicateur de l’Évangile : l’intégralité, l’équilibre, la complémentarité, la contextualisation, l’engagement personnel et l’engagement communautaire. Son modèle recèle certainement d’autres caractéristiques, mais ces six principes me paraissent être les plus marquants. On ne peut pas faire l’économie de comprendre le modèle avant de l’appliquer. Cette partie théorique, certainement moins « glamour », est donc incontournable.

L’intégralité L’apôtre Paul démontre combien sa communication de la Bonne Nouvelle est intégrale, complète, transversale. Ce principe se traduit concrètement par : • Une intégralité de vie. Paul évoque d’abord la manière dont il s’est toujours comporté (v. 18) avant de rappeler qu’il a annoncé et enseigné l’Évangile (v. 20). • Une intégralité de méthodes. Celles que Paul énonce sont la proclamation et la conversation (v. 20, 24, 25, 27). • Une intégralité du message. Paul a annoncé et proclamé tout l’Évangile, tout le dessein (ou plan) de Dieu, sans rien cacher 25


de ce qui est nécessaire et utile au salut, en incluant la foi et le changement d’attitude ou la repentance (v. 20, 21, 27). • Une intégralité de lieux. Paul communiquait l’Évangile en public et dans les maisons (v. 20). Nous savons qu’il a proclamé la Bonne Nouvelle dans les synagogues chaque fois qu’il en a eu l’occasion1.

• Une intégralité de personnes. Comme le rapporte Luc, son biographe, Paul a toujours été accompagné dans ses déplacements missionnaires. C’est encore le cas lors de ce discours (Actes 20 : 13-16). Paul travaillait en équipe ; chaque membre se mettait au service des autres.

L’équilibre Si la communication de Paul est intégrale, complète, elle est aussi merveilleusement équilibrée. Nous observons cet équilibre entre ses actes et ses paroles, entre ses méthodes de communication, dans le contenu de son message (foi et repentance), dans son utilisation des lieux publics, religieux ou privés, entre le travail qu’il accomplissait et celui qu’il déléguait à ses coéquipiers, etc. Nos préférences peuvent nous entraîner à favoriser telle ou telle méthode ou tel ou tel aspect de l’Évangile au détriment de l’ensemble. Un Évangile déséquilibré ou communiqué de manière déséquilibrée rate sa cible. Dans son vibrant plaidoyer, l’apôtre rappelle les éléments d’une communication équilibrée de l’Évangile.

La complémentarité Le modèle intégral et équilibré est aussi complémentaire. Chaque élément vient compléter les autres. Ce principe se vérifie dans le fait que chez Paul, la parole accompagne les actes en temps opportun. L’annonce de l’Évangile commence par la conversation pour se poursuivre par la proclamation, ou l’inverse (c’est également le cas chez Jésus comme nous le verrons plus loin dans ce chapitre). Paul est à 1 L’apôtre Paul a commencé à proclamer l’Évangile dans les synagogues de Salamine (Actes 13 : 5).

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Quel modèle ?

la fois témoin et évangéliste, et il endosse chaque fonction au bon moment pour accompagner une personne ou une foule vers Christ. Comme l’Église du premier siècle, Paul a compris l’importance de se réunir dans des maisons où l’enseignement, donné en public ou dans une assemblée religieuse, peut se poursuivre de manière approfondie et personnalisée. Comme nous le verrons avec Jésus, Paul ne privilégie aucune méthode par rapport à une autre. Il les associe, il les combine en fonction des opportunités et des personnes.

La contextualisation En réalité, Paul a déjà adopté ce que John Stott appellera le concept de « double écoute » (voir en introduction). L’exemple le plus frappant est son discours à Athènes sur lequel nous reviendrons. L’apôtre évolue d’un contexte géographique, culturel et religieux à l’autre avec une maîtrise impressionnante. Nous connaissons sa célèbre formule : « Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver de toute manière quelquesuns. Je fais cela à cause de l’Évangile » (1 Corinthiens 9 : 22-23). Paul démontre l’importance de la contextualisation dans la communication de l’Évangile. C’est certainement le principe le plus connu. Il fait partie de l’enseignement de base dispensé aux missionnaires qui se rendent en pays étranger. Comme le fait remarquer Rick Warren, « aucun missionnaire n’essaierait d’évangéliser et de prêcher aux populations d’un pays étranger sans comprendre leur culture avant tout. Ce serait insensé d’agir ainsi. Dans notre monde d’aujourd’hui, qui a perdu la foi, il est aussi important de comprendre la culture au sein de laquelle nous prêchons la Parole de Dieu. Nous n’avons pas à nous conformer à notre culture, mais nous devons la comprendre2 ».

Le problème pour nous, chrétiens occidentaux, c’est que nous évoluons de plus en plus chez nous comme en « pays étranger ». Les valeurs et la culture contemporaines n’ont plus rien à voir avec celles qui fondent le christianisme. Ainsi, nous devons faire l’effort de présenter

2 Rick Warren, L’Église, une passion, une vision, Varennes : Eternity Publishing House, 1999, p. 125.

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l’Évangile dans son contexte. La démarche est à faire avec chaque personne et avec chaque groupe de notre société multiculturelle.

L’engagement personnel L’apôtre Paul évoque ce qu’il a accompli personnellement : « Je me suis toujours comporté… j’ai servi… je vous ai annoncé et enseigné… en appelant… en prêchant… ». Paul se vante-t-il ? C’est ce que nous serions tentés de croire, mais ce n’est pas le cas. Tout ce qu’il a accompli, il l’a fait « en Christ3 », son modèle. À côté de ses succès, Paul rappelle aussi ses larmes et ses épreuves. Il veut souligner le fait que communiquer l’Évangile est d’abord un engagement personnel. Cet engagement fait suite à une réelle conversion à Jésus-Christ. Il en est le fruit manifeste, peut-être le plus beau. « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé », déclare très sobrement Paul (2 Corinthiens 4 : 13). Faut-il une autre explication ? C’est un lieu commun de dire que nous sommes tous appelés à partager l’Évangile. Si c’est le résultat d’une foi conséquente, cela ne coule pourtant pas de source. Nous ne devenons pas instantanément de parfaits porte-paroles de la Bonne Nouvelle dès notre conversion, comme nous ne devenons pas instantanément parfaits. L’œuvre du Saint-Esprit en nous est nécessaire ; la Parole que nous voulons transmettre doit d’abord nous façonner, nous changer. Nous devons donc laisser la Parole et l’Esprit de Dieu nous travailler. Dieu ne nous brusque pas, ni à la conversion, ni dans la progression dans la sainteté, ni dans son service. Plus nous nous rapprochons de Christ, plus nous pourrons rapprocher les autres de lui. Si nous voulons aller loin avec Jésus, si nous désirons recevoir, comme Paul, le ministère d’« annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu » et l’accomplir avec joie (Actes 20 : 24), il faut nous engager à la suite de Jésus. Cet engagement coûte. Il a coûté à Paul des larmes, des épreuves, de l’opposition, des souffrances, la liberté et finalement la vie. Mais rien n’avait plus de valeur pour lui, rien n’était plus précieux que cet L’une des expressions favorites de l’apôtre Paul dans ses lettres.

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Quel modèle ?

engagement ; il n’aurait échangé sa vie pour rien au monde. Mon ministère de proclamateur de l’Évangile m’a valu d’être calomnié dans les médias et devant les autorités. Il m’a parfois tiré des larmes. Mais je ne regrette pas une minute passée à communiquer l’Évangile, parce que c’est la Bonne Nouvelle qui sauve et qui transforme. Je comprends la joie profonde de Paul et je la partage. Cet engagement que j’ai pris personnellement il y a trente-deux ans de répondre à l’appel de Jésus-Christ reste tout aussi vivace, et ma motivation demeure plus profonde encore. Rien n’est possible sans Jésus-Christ, mais tout est possible si nous nous engageons pour lui.

L’engagement communautaire En convoquant les anciens de l’Église d’Éphèse pour leur résumer son action et développer son modèle, en leur rappelant leur responsabilité individuelle et collective envers le « troupeau dont le SaintEsprit [leur] a confié la responsabilité », en les confiant « à Dieu et au message de sa grâce » (Actes 20 : 32, S21), Paul souligne le rôle primordial de l’Église dans son ensemble. C’est une dimension que nous perdons parfois de vue. Certains considèrent que la communication de l’Évangile est affaire de spécialistes alors qu’elle est l’affaire de toute l’Église (y compris les spécialistes). D’autres se noient dans la masse en se fiant aux autres et en suivant le mouvement quand il y en a un. D’autres encore aimeraient trouver leur place dans l’ensemble sans se considérer comme un ou une spécialiste. Ils aimeraient simplement participer à la communication de l’Évangile dans le cadre de leur service dans l’Église. En étudiant plus attentivement le modèle présenté par Jésus, repris par les apôtres et appliqué dans la première Église, nous découvrirons combien il mobilise chaque chrétienne et chaque chrétien dans un engagement communautaire joyeux et cohérent. C’est ce qui fait la beauté du modèle : il est pour toutes et pour tous. Il donne de l’Église une image dynamique et positive. Une image que nous avons perdue et que nous pouvons retrouver, comme les premiers chrétiens qui gagnaient « la faveur de tout le peuple ». Tout cela contribue à ce que 29


« le Seigneur [ajoute] chaque jour à l’Église ceux qui [sont] sauvés » (Actes 2 : 47).

UN MODÈLE MENACÉ ? Quelles sont les menaces qui pèsent sur le modèle de communication de l’Évangile ? L’apôtre Paul parle de menaces extérieures et intérieures à l’Église. Il parle des épreuves que lui causaient les opposants à la foi chrétienne (« les complots des Juifs »). Il évoque aussi les « loups redoutables » qui s’introduisent dans l’Église, mais il avertit que la menace viendra aussi de l’Église : « Du milieu de vous se lèveront des hommes qui prononceront des paroles perverses, pour entraîner les disciples après eux » (Actes 20 : 29-30). Quand j’étais jeune évangéliste, nous nous rendions une fois par mois sur une place de la ville pour chanter et présenter courtement l’Évangile, dans le but d’inviter les passants à nous rejoindre ensuite à l’Église pour une réunion. Nous n’étions qu’une poignée, alors que la réunion au temple rassemblait davantage de chrétiens. J’essayais d’encourager plus de monde à se joindre à nous sur la place. Plusieurs personnes s’opposaient à moi. Selon eux, puisque nous étions appelés ou sensibilisés à proclamer l’Évangile, c’était à nous d’y aller. Nous n’avions pas à y entraîner tout le monde. C’était le « truc » de l’évangéliste, et les autres avaient d’autres tâches à accomplir dans l’Église. Cette opposition en a découragé plus d’un. Mais avec le pasteur, qui faisait partie des motivés, nous avons persévéré pendant des années. La position de nos adversaires, tout comme notre position, s’appuyait sur un enseignement erroné. Ils avaient tort de considérer la communication de l’Évangile comme une activité à part, réservée à certains. Nous avions tort de considérer qu’il fallait que tout le monde s’implique dans une méthode particulière d’évangélisation. Communiquer l’Évangile n’est pas une activité parmi d’autres, mais une activité « au milieu » des autres, au centre de toutes les autres. Communiquer l’Évangile n’est pas développer l’une ou l’autre activité d’évangélisation, sans cohérence avec ce qui se fait dans l’Église. C’est 30


Quel modèle ?

mettre en place, dans notre vie et dans l’Église, le modèle proposé par Christ et ses apôtres. Il y a quarante ans, à l’époque des idéologies logiques et rationnelles, il suffisait d’appliquer un élément isolé du modèle pour convaincre (la proclamation, par exemple). Cela fonctionnait assez bien. La postmodernité a tout bouleversé. Elle nous contraint à coller davantage au modèle biblique dans son ensemble. Elle bouscule nos habitudes ou notre inertie. Elle nous oblige à réfléchir avant d’agir. Ce modèle est un trousseau auquel sont pendues six clés (les six principes). Aucune clé n’ouvre à elle seule la porte de la communication de l’Évangile. Cette porte comporte (au moins) six serrures, et il faut toutes les ouvrir. Appliquer seulement un, deux ou cinq principes peut donner des résultats, et on peut s’en contenter. Mais seul le modèle appliqué entièrement donne des résultats complets. Le modèle incomplet donne des résultats incomplets et frustrants. La porte à ouvrir est d’abord celle de notre cœur. C’est aussi celle de l’Église. Un jour, une union d’Églises m’a demandé d’apporter une réflexion sur le thème de leur convention, « Église, ouvre-toi ! ». Ces responsables avaient saisi un problème important : l’Église a besoin de s’ouvrir ! Je leur ai alors présenté le modèle biblique de communication de l’Évangile. L’Église doit s’ouvrir pour laisser entrer les gens de l’extérieur et pour permettre aux chrétiens d’aller vers eux. Quand L’Église est fermée, elle l’est de l’intérieur. Les six principes sont autant de clés qui nous ouvrent sur l’extérieur. Elles nous permettent de voir les besoins des autres et de leur tendre la main. Une autre menace pèse sur le modèle : la hiérarchisation. Nous avons tendance à hiérarchiser les principes, les méthodes et les personnes. Nous donnons plus de valeur à ceux qui ont un ministère en vue, en particulier la proclamation. Nous privilégions une méthode par rapport aux autres (la nôtre est souvent la meilleure !). Nous pensons que tel principe est supérieur aux autres et nous mettons, par exemple, en concurrence engagement personnel et communautaire. 31


Lorsque nous suivons Jésus dans les Évangiles, nous voyons qu’il utilise, alternativement ou simultanément, la proclamation, la conversation et l’action pour communiquer la Bonne Nouvelle. Je vous invite à lire trois ou quatre chapitres à la suite de n’importe quel évangile et à observer comment fait Jésus, à quel endroit, qui il rencontre, etc. Vous verrez que son approche est toujours équilibrée, complémentaire et contextuelle. Ses actes soutiennent ses paroles. Il n’exclut personne. Il accorde la même valeur à chacun. Il se met au service des humains et nous propose une seule ambition : celle de servir. L’apôtre Paul résume parfaitement le nivellement hiérarchique qui caractérise les communicateurs de l’Évangile : « Qu’est-ce donc qu’Apollos et qu’est-ce que Paul ? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun » (1 Corinthiens 3 : 5). Le modèle biblique ne met rien ni personne au-dessus des autres. Il fait de tous des serviteurs et il soumet chaque principe ou méthode au service de l’Évangile.

SE MUNIR DES CLÉS La communication de la Bonne Nouvelle doit redevenir l’affaire de toute l’Église et de chaque chrétien et chaque chrétienne. Elle doit s’intégrer en filigrane de toutes les activités. Toute la vie de l’Église et chaque projet devraient être considérés comme des occasions de communiquer la Bonne Nouvelle. Chaque personne impliquée dans l’Église devrait penser « communication de l’Évangile » dans son ministère ou son service quel qu’il soit. Comme responsables de l’Église, nous diffusons le même mot d’ordre à chaque dirigeant d’activité : « Pensez communication de l’Évangile selon les six principes ! ». Mais poussons plus loin notre recherche et découvrons les aspects concrets de ces principes.

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