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Auteur du best-seller Les langages de l’amour

5 caractéristiques d’une famille en bonne santé



Une famille qui s’aime



BLF Europe • Rue de Maubeuge 59164 Marpent • France


Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : The Family You’ve Always Wanted • Gary Chapman © 1997, 2008 Gary Chapman Publié par Northfield Publishing • 820 N. LaSalle Blvd. • Chicago, IL 60610 Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés. Édition en langue française : Une famille qui s’aime • Gary Chapman © 2010 BLF Europe • Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Ancienne édition parue sous le titre : Une famille d’amour (The Five Signs of a Loving Family). Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Traduction : Antoine Doriath et Virginie Thémans Couverture et mise en page : BLF Europe • www.blfeurope.com Impression nº 91657 • IMEAF • 26160 La Bégude de Mazenc Les citations bibliques sont tirées de La Nouvelle Version Segond Révisée (Bible à la Colombe) © 1978 Société Biblique Française. Avec permission. ISBN version brochée 978-2-910246-87-7 ISBN version PDF 978-2-36249-039-2 ISBN version Mobipocket 978-2-36249-040-8 ISBN version ePub 978-2-36249-041-5 Dépôt légal 4e trimestre 2010 Index Dewey (CDD) : 306.85 Mots-clés : 1. Famille. Aspects psychologiques. 2. Relations interfamiliales. Communication.


Table des matières Remerciements.................................................................................. 5 Introduction....................................................................................... 7 . prologue. Un étranger dans la famille....................................................... 11 . première partie Une famille qui sert..................................................................... 17 Chapitre 1 : de la peine au plaisir,. un cheminement personnel................................................ 19 Chapitre 2 : qu’est-ce qu’une famille qui sert ?................. 25 . Deuxième partie. Des couples en pleine intimité............................................... 37 Chapitre 3 : notre soif de proximité.................................... 39 Chapitre 4 : cinq pas vers l’intimité.....................................51 troisième partie. Des parents qui guident........................................................... 69 Chapitre 5 : parler, faire, aimer.............................................71 Chapitre 6 : le défi : enseigner. de manière créative. .............................................................. 83 Chapitre 7 : le défi : enseigner. de manière cohérente. ........................................................ 103


quatrième partie. Des enfants qui obéissent à leurs parents et les honorent. ........................................................................... 121 Chapitre 8 : pourquoi obéir est si important. ................. 123 Chapitre 9 : le don de l’honneur........................................143 cinquième partie. Des maris qui aiment et dirigent.......................................... 151 Chapitre 10 : que signifie « diriger » ?................................. 153 Chapitre 11 : les pères, ce qu’ils font. pour leur famille. .................................................................. 171 Chapitre 12 : pour les épouses seulement,. l’art de l’encouragement..................................................... 187 épilogue........................................................................................205 un mot de la part de Shelley et Derek. ......................... 209 Autoévaluation À votre tour. .................................................................................. 213 À votre tour.....................................................................................215 Développez une attitude de service................................. 216 Développez l’intimité. ........................................................ 225 Les langages d’amour de vos enfants.............................. 249 L’éducation créative..............................................................251 Apprenez aux enfants à respecter autrui........................ 261 Évaluez vos capacités de leader. ....................................... 272 Projet de croissance pour le père aimant....................... 280 Notes................................................................................................. 311


Remerciements

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Remerciements

L’individu seul ne constitue pas une famille. Le mot famille implique plusieurs personnes qui agissent de concert pour former une unité. Chez nous, la famille comprend Gary, Karolyn, Shelley et son mari John, et Derek. Dans la mesure où ce livre met en lumière notre famille dans ses années de formation, je tiens à exprimer ma sincère gratitude à ses membres qui m’ont permis de raconter un peu de leur cheminement commun. Un merci spécial à Derek qui a relu le manuscrit et m’a fait d’utiles suggestions ; je le remercie aussi pour l’évocation de ses souvenirs. Ma reconnaissance va également à John Nesbitt [« Jean » dans ce livre], notre hôte anthropologue, avec qui vous ferez connaissance au fil des pages. Il m’a laissé suffisamment de temps pour réfléchir à l’année qu’il a passée dans notre foyer il y a plus de vingt ans et m’a fait part de ses propres réflexions. Je suis aussi redevable à Tricia Kube, mon assistante administrative depuis une quinzaine d’années. Elle a procédé à la saisie du manuscrit et formulé des remarques pertinentes. Merci également à Betsey Newenhuyse de Moody Publishers pour sa précieuse collaboration au niveau de l’édition.


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Enfin, ma reconnaissance va aussi et surtout aux innombrables individus dont les récits apparaissent ici ou là dans le livre. Les noms de personnes et de lieux ont bien sûr été modifiés pour préserver l’anonymat. En acceptant de me faire connaître leurs peines et leurs joies, elles ont contribué à enraciner ce livre dans la vie réelle.


Introduction

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Introduction Cela fait maintenant plus de trente ans que je m’intéresse aux problèmes de famille. En plus de ma propre famille, des milliers d’autres ont poussé la porte de mon bureau pour me faire part de leurs joies et de leurs soucis. Peu de chose de la vie peut nous procurer autant de bonheur que les relations familiales. Mais peu de chose peut autant nous faire souffrir que des relations familiales brisées. Plusieurs milliers d’hommes et de femmes, pas moins, m’ont fait part de leurs aspirations vers la famille dont ils ont toujours rêvé : « une famille qui s’aime ». Mais comment, en particulier dans le monde d’aujourd’hui, peuvent-ils concrétiser ces désirs de leur cœur ? Ces dernières années, je me suis aperçu que, parmi nos contemporains, de plus en plus de personnes n’ont pas une vision claire de ce en quoi consiste une famille en bonne santé. Ils connaissent la souffrance et les problèmes qu’engendre une famille en dysfonction, mais ne savent pas à quoi une famille en bonne santé est censée ressembler. Cette constatation m’a alors poussé à écrire ce livre. C’est peu dire que, dans la culture occidentale, la famille traverse une passe difficile. Soyons réalistes et disons qu’elle a perdu ses repères et son chemin. Les trente dernières années ont entraîné des bouleversements considérables. Des voix discordantes, voire contraires, agressent la famille. Certaines insistent sur le matérialisme et la possession de biens matériels, comme des maisons plus vastes et des voitures plus puissantes et plus luxueuses ;


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d’autres prônent l’épanouissement personnel avant tout ; certaines en appellent à la quête d’un sens à la vie, d’autres déclarent qu’il n’y en a pas. Des voix venues d’Orient préconisent de vivre en symbiose avec la nature. Des voix humanistes déclarent que l’homme est son propre maître et peut se passer de religion, tandis que des voix religieuses de tous horizons proposent leurs visions de la vie familiale, des visions souvent opposées. La famille moderne est à la croisée des chemins, perplexe, et se demande quelle voie suivre. La famille est une cellule universelle. Il n’existe aucune culture au monde où les relations entre hommes et femmes ayant des relations sexuelles ne soient pas codifiées par des règles. Aucune culture ne laisse les enfants livrés à eux-mêmes. Là où la philosophie a imposé ce modèle à une culture existante, l’expérience a fait long feu pour une raison très simple : ça ne marche pas ! Ce modèle ne procure pas un bonheur plus grand ni une plus grande liberté à ceux qui l’expérimentent. Il ne produit pas non plus une génération plus épanouie, avec plus d’esprit créatif et moins de troubles émotionnels. C’est plutôt le contraire. Les pères de l’expérience s’évanouissent dans la nature, et la nouvelle génération se retrouve sans boussole dans un vaste monde rempli d’inconnues. Au cours des dix dernières années, les livres et les médias n’ont cessé de décrire les familles dysfonctionnelles. Il existe toutes sortes de livres sur la codépendance, la libération de son passé, la quête d’une raison d’être et d’autres sujets encore. Nous avons tellement insisté sur les familles dysfonctionnelles que la plupart des gens croient maintenant qu’ils ont grandi dans l’une d’elles si c’est au pluriel, la famille dysfonctionnelle devrait l’être aussi ? Beaucoup de gens viennent me trouver dans mon cabinet de consultation


Introduction

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et me disent lors de notre premier contact : « Monsieur Chapman, je suis issu d’une famille dysfonctionnelle ». Ils essaient alors de démêler l’écheveau de leur passé et de trouver un sens à leur présent. J’éprouve beaucoup de sympathie pour eux, et je consacre une grande partie de ma vie à les aider à trouver leur voie. Lorsque la direction d’un établissement bancaire forme ses employés pour détecter les faux billets, elle ne se contente pas de leur montrer uniquement des exemples de billets contrefaits. Elle s’efforce surtout de leur apprendre à regarder attentivement les vrais billets, à en observer les détails, à en visualiser l’image jusqu’à ce qu’elle s’imprime dans leur esprit. En ayant une idée précise et sûre du vrai billet, ils seront plus à même de reconnaître les faux. Je pense que ce principe s’applique aussi pour aider les gens à bâtir des familles saines. Ces dernières années, nous avons mis l’accent sur l’étude des familles contrefaites, en examinant les éléments de la contrefaçon. Cette démarche s’est certes révélée utile, notamment pour aider ceux qui ont grandi dans cet environnement perturbé et leur faire découvrir les éléments des relations familiales qui ont façonné leur comportement social et émotionnel. Des guérisons ont été opérées, et les personnes ainsi restaurées ont vraiment besoin de connaître un nouveau modèle familial. À quoi ressemble une famille saine ? Tant que nous ne l’aurons pas décrite, nous serons incapables d’en créer une. J’ai commencé à me passionner pour la famille en 1955, lorsque je suis entré à l’université. J’ai obtenu ma licence et ma maîtrise en anthropologie, avec une option en structure familiale. Depuis plus de trente ans, je m’efforce d’aider les gens qui se débattent avec des problèmes conjugaux et familiaux. J’ai moi-même connu les joies et les difficultés dans la formation de ma propre famille : en


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1961, j’ai épousé Karolyn qui m’a donné une fille, Shelley et un fils, Derek. Shelley a construit sa cellule familiale avec son mari John ; quant à Derek, il est encore célibataire et poursuit ses études universitaires. Je suis particulièrement heureux de ce que Derek a participé à la rédaction de ce livre. Il m’a donné de sages conseils à chaque chapitre. Le fait d’écrire ce livre à deux a été une nouvelle expérience dans notre relation qui a commencé il y a trente-quatre ans. J’ai trouvé qu’une famille saine se caractérisait par cinq éléments fondamentaux. S’ils s’y trouvent, ils créent une dynamique familiale saine. Je me sens poussé à donner des conseils pratiques sur la manière d’inclure ces cinq éléments dans votre famille. C’est pourquoi le livre se divise en cinq grandes sections, chacune décrivant l’une des cinq caractéristiques d’une famille empreinte d’amour, et donnant ensuite des idées pratiques sur la manière de l’appliquer directement à votre situation familiale. Ce qui se passe dans votre famille a des répercussions sur la nation, et même sur le monde, en bien ou en mal. Nous nous redressons ou nous tombons tous ensemble. Je suis ouvert à toutes vos remarques et espère que mes réflexions vous seront utiles.


Prologue : un étranger dans la famille

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P R O L O G U E

Un étranger dans la famille Il y a plusieurs années, un jeune homme fraîchement diplômé de l’université et enseignant dans un lycée vint me poser une question qui me laissa pantois : « Vous et votre femme accepteriez-vous que je vienne habiter chez vous pendant une année afin de voir comment fonctionne votre famille ? » Il expliqua qu’il avait grandi dans une famille à problèmes et qu’il avait été partiellement guéri grâce à un groupe chrétien sur le campus universitaire. Il n’avait cependant aucune idée de ce que pouvait être une vie conjugale et familiale saine. Il avait lu certains livres sur la vie de famille, mais il voulait voir vivre et agir une famille qui fonctionne normalement. Serions-nous prêts


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à l’intégrer dans notre cercle familial pendant un an pour lui permettre de réaliser son expérience ? La question me prit au dépourvu. Jamais on ne m’avait présenté pareille requête. Je répondis comme tout conseiller sage et mature l’aurait fait : « Permettez-moi d’y réfléchir ». Cette réponse permet de se ménager du temps pour la réflexion. Ma première réaction instinctive fut de me dire : C’est impossible, ça ne marchera jamais. J’avais mes raisons : d’abord notre maison ne compte que trois chambres à coucher et deux salles de bain. Nos enfants étaient encore petits, et toutes les chambres à coucher étaient occupées. De plus, nous étions déjà obligés de faire la queue pour disposer des salles de bain ! Dans ces conditions, comment introduire une personne de plus, et une personne étrangère adulte de surcroît ? Ma deuxième raison était la suivante : Cette présence risque d’avoir des répercussions sur notre famille. Une personne allait nous observer en permanence, analyser nos faits et gestes et notre façon de nous lier les uns aux autres. Ne risquerionsnous pas d’adopter des attitudes feintes et de ne plus être nous-mêmes ? J’ai fait suffisamment de voyages d’études anthropologiques pour savoir que la présence d’un anthropologue qui s’installe dans un village tribal pour en étudier la culture modifie celle-ci (même si les comptes-rendus des anthropologues ne le disent pas). Dès le début, sa présence constitue la nouvelle du siècle ! Cette personne est venue dans le village ; elle fait des bruits et des mouvements étranges. Elle n’est visiblement pas des nôtres. Pourquoi est-elle là ? Devons-nous la dévorer et remercier les dieux de nous avoir donné un bon repas ? Ou devons-nous la choyer et voir si elle connaît des endroits où le gibier est abondant ?


Prologue : un étranger dans la famille

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Et voilà qu’un jeune homme me demandait de venir dans mon village comme observateur ! Au moins, il parlait ma langue et il me faisait connaître son but. J’avais certainement un grand avantage sur les villageois qui mettent parfois des mois avant de savoir pourquoi un étrange visiteur qui pose des questions insensées et inscrit des signes bizarres sur ses feuilles blanches est venu vivre dans leur village.

« Avons-nous vraiment quelque chose à partager ? » Comme je fais partie d’une famille dans laquelle règne l’amour, je fis part de cette étrange requête à mon épouse et à mes enfants et nous en avons discuté ensemble. Le croiriez-vous ? L’idée les séduisit ! Shelley et Derek se dirent que ce serait formidable d’avoir un grand frère, et Karolyn, qui cultive un certain goût pour les expériences hors du commun, admit que c’en était une qui valait la peine d’être tentée ! « Peut-être aidera-t-elle ce jeune homme pour le restant de sa vie ; et cela ne nous fera pas de mal de partager un peu de notre vie familiale. N’avons-nous pas toujours enseigné aux enfants qu’« il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » ? » (Je n’ai jamais beaucoup aimé la façon dont elle applique à ma vie les grands principes que nous enseignons à nos enfants.) — Qu’en est-il de la chambre à coucher ? demandai-je. — Nous construirons un mur au sous-sol et ferons une chambre avec cabinet de toilette. L’espace suffit amplement. Ce n’est pas un problème. Les enfants suggérèrent de partager leur salle de bain. C’était une proposition qui ne leur coûtait pas beaucoup, étant donné que la moitié du temps, ils utilisaient la nôtre ! Je voyais déjà le spectacle : une salle de bain pour


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nous quatre, et l’autre pour l’hôte. (Pourquoi suis-je si enclin à voir le négatif ?) Je me demandai : « Avons-nous vraiment quelque chose à partager ? » Je me souvins alors des paroles d’Édith Schaeffer : « S’il faut ouvrir sa famille aux autres, il faut qu’elle ait quelque chose à donner 1 ». Autrement dit, avant d’accueillir quelqu’un dans votre famille, vous devez d’abord veiller à ce qu’elle fonctionne correctement et harmonieusement. À mon avis, les relations au sein de notre famille étaient saines et bonnes. Certes, nous n’étions pas parfaits ; nous avions connu bien des luttes, surtout au début de notre mariage, avant la naissance des enfants. Mais ces tensions nous avaient beaucoup appris, et nous jouissions maintenant du fruit du dur labeur que nous avions accompli. Oui, nous avions quelque chose à transmettre.

« Complètement intégré à la famille » Nous avons donc agi en conséquence. Nous avons monté un mur à l’une des extrémités du sous-sol et aménagé une chambre à coucher ; au fond, nous avons installé des portes coulissantes pour créer un petit cabinet de travail. Ensuite, nous avons mis un moyen de chauffage et une grille d’aération. Nous avons meublé cette chambre de fortune au moyen d’un lit et d’une table de nuit, récupérés dans le grenier de ma mère. Puis Jean emménagea. Nous étions tous d’accord sur le fait que Jean ferait partie intégrante de la famille pendant toute une année, et que nous mènerions notre vie aussi « normalement » que possible. Jean vit tout, entendit tout, participa à tout. Des années plus tard, il écrivit : En me remémorant cette expérience, j’en conserve de nombreux souvenirs agréables. Je me souviens que le matin, je passais tôt près de la pièce où Shelley faisait ses exercices de piano. Je me rappelle avoir


Prologue : un étranger dans la famille

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lavé la vaisselle et me rends compte, pour la première fois maintenant, combien j’étais lent et gauche. Parfois Karolyn, voulant que la vaisselle soit faite plus rapidement, prenait ma place et terminait en cinq minutes ce qui me prenait vingt minutes, tellement j’étais perfectionniste. J’ai encore en mémoire les moments chaleureux passés autour de la table, le soir, et ce sentiment d’être complètement intégré à la famille. Je me rappelle aussi la joie que nous avions à nous retrouver le vendredi soir, après le souper, avec les étudiants de l’université pour des discussions intéressantes. Ce furent des moments inoubliables. La vie dans votre foyer, dans un environnement agréable, sain et positif, restera le souvenir le plus durable. Je peux sincèrement dire qu’avant ces moments passés chez vous, tout dans ma vie me posait problème. Avec cette expérience, j’ai acquis de la maturité et un sens des responsabilités, ce qui m’a permis de vivre une vie qui me semble être plus saine et équilibrée.

Ce que nous avons transmis à Jean par cette expérience d’intégration dans notre vie familiale, je vais m’efforcer de vous le transmettre sous forme écrite par le moyen de ce livre. J’essaierai de le faire de la façon la plus vivante possible pour que vous puissiez presque sentir certaines des odeurs que nous avons humées ensemble, et goûter à certaines des émotions que nous avons partagées. J’illustrerai quelques-uns des principes énoncés en mentionnant, sous des noms d’emprunt, d’autres familles qui, au fil des ans, ont bien voulu me dévoiler quelque chose de leur vie lors de nos discussions.



Première partie : une famille qui sert

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Chapitre 1 : de la peine au plaisir, un cheminement personnel

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De la peine au plaisir, un cheminement personnel Qu’est-ce que Jean allait découvrir dans notre famille ? J’espérais sincèrement qu’il remarquerait un esprit de service. Des années plus tôt, lorsque notre mariage était passé du stade de dysfonctionnement à celui de bon fonctionnement, ma femme et moi avions pris comme première résolution celle de cultiver une attitude de service. Je m’étais marié avec l’idée que mon épouse me rendrait suprêmement heureux, qu’elle répondrait pleinement à mes aspirations de compagnie et d’amour. Bien sûr, je désirais également faire son bonheur, mais la plupart de mes


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rêves se cristallisaient sur le bonheur que me procurerait le mariage. Six mois après notre mariage, j’étais plus malheureux que je ne l’avais jamais été au cours des vingt-trois années précédentes ! Avant le mariage, je rêvais au bonheur qui serait le mien, mais mon rêve avait tourné au cauchemar. Je découvris toutes sortes de choses que j’ignorais avant le mariage. Dans les mois qui précédèrent notre union, je m’étais imaginé la manière dont se dérouleraient les soirées dans notre petit appartement. Je nous voyais tous les deux, moi, assis au bureau à étudier, car je préparais ma licence, elle, assise sur le canapé. Lorsque j’aurais été las d’étudier, j’aurais levé les yeux ; nos regards se seraient croisés et auraient fait vibrer quelque chose de très profond en nous. Une fois marié, je découvris que ma femme ne tenait pas du tout à rester assise sur le canapé à me regarder plongé dans mes livres. Dès que je me mettais à l’étude, elle descendait les escaliers et allait rendre visite aux gens du lotissement, désireuse de se faire de nouveaux amis, passant son temps à tisser des liens sociaux. Et moi, j’étais seul dans l’appartement. Je me disais : C’est exactement la même situation qu’avant notre mariage ; seulement, à ce moment-là, j’occupais une chambre d’étudiant beaucoup moins chère que ce logement. Au lieu d’éprouver des émotions douces et chaleureuses, je souffrais terriblement de la solitude. Avant le mariage, je me disais que nous irions nous coucher tous les soirs à dix heures et demie ! Ah ! Pouvoir se mettre au lit tous les soirs à vingt-deux heures trente avec une femme ! Quel bonheur ! Une fois marié, je découvris que l’idée de se coucher tous les soirs à dix heures et demie ne l’avait jamais effleurée. Son idéal était de rentrer de ses visites à cette heure-là, et de lire ensuite jusqu’à minuit. Je me disais : Pourquoi ne lit-elle pas ce livre, pendant


Chapitre 1 : de la peine au plaisir, un cheminement personnel

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que moi j’étudie les miens ? Ainsi, nous pourrions nous coucher en même temps. Avant que nous soyons mariés, je pensais que nous nous lèverions avec le soleil. Une fois marié, je découvris que mon épouse aimait faire la grasse matinée. Il ne fallut pas longtemps pour que je n’apprécie pas sa façon de vivre, ni elle la mienne. Nous avons fini par être profondément malheureux tous les deux. Au bout d’un certain temps, nous nous sommes même demandé pourquoi nous nous étions mariés ensemble ! Nous semblions en désaccord sur presque tout. Nous étions différents sur toute la ligne. Le fossé entre nous se creusa, et nos différences devinrent source de division. Le rêve s’était envolé, faisant place à une souffrance atroce.

Transformer la guerre en paix Notre approche initiale consistait à nous anéantir réciproquement. Je soulignais ses défauts, et elle les miens. Nous réussissions à nous blesser mutuellement de façon régulière. Je savais que mes idées étaient logiques et que si elle acceptait de m’écouter, nous pourrions mener une vie conjugale heureuse. Quant à elle, elle estimait que mes conceptions n’avaient aucun lien avec la réalité, et que si je voulais bien lui prêter une oreille attentive, nous finirions par trouver un terrain d’entente. Nous prêchions tous les deux dans le désert ; nos paroles tombaient dans des oreilles de sourds. Notre souffrance augmenta. Nos relations conjugales ne s’améliorèrent pas par un coup de baguette magique, en un clin d’œil. Le virage s’effectua sur une période d’un an, plusieurs années après notre mariage. Je commençais à me rendre compte que j’avais abordé le mariage avec une attitude très égocentrique. J’avais cru que, si elle m’écoutait et faisait ce que je préconisais, nous serions heureux tous les deux ; que si


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elle me rendait heureux, je m’efforcerais de la rendre heureuse à mon tour. Je nourrissais l’idée que ce qui me rendait heureux la rendrait automatiquement heureuse elle aussi. J’ai de la peine à l’admettre, mais je consacrais peu de temps à penser à son bien-être. Tout gravitait autour de ma souffrance, et de mes besoins et désirs insatisfaits. Ma recherche d’une solution à cette situation douloureuse me conduisit à réexaminer la vie et l’enseignement de Jésus. Les récits que j’avais entendus dans mon enfance à propos de la guérison des malades, de la multiplication des pains, de sa bonté envers les malheureux auxquels il redonnait de l’espoir me revinrent à la mémoire. Je me demandai si, en tant qu’adulte, je n’avais pas négligé les vérités profondes qui se dégageaient de ces histoires simples. Avec derrière moi des années d’étude du grec biblique, je décidai d’aller à la redécouverte de la vie et des enseignements de Jésus dans les textes originaux. La simple lecture du texte dans ma langue m’aurait permis de découvrir la même chose. En fin de compte, sa vie et son enseignement se résument à un service d’autrui, un service qui va jusqu’au sacrifice de soi. Il dit un jour : « Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir ». Tous les grands personnages du passé, hommes et femmes, ont vécu selon ce même principe. Ce qui donne du sens à la vie humaine ne consiste pas à recevoir, mais à donner. Ce principe pouvait-il avoir une incidence profonde sur mon mariage ? J’étais en tout cas fermement décidé à le savoir.

Prêcher moins et servir davantage Comment une épouse réagira-t-elle face à un mari qui cherche sincèrement à se mettre à son service, qui s’enquiert de ses besoins et de ses désirs et s’efforce de les combler ? Je commençai tranquillement et lentement à faire certaines choses qu’elle demandait de moi dans le passé.


Chapitre 1 : de la peine au plaisir, un cheminement personnel

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Au point où nous étions arrivés, nous étions trop distants l’un de l’autre pour pouvoir parler de notre relation, mais je décidai de tenir compte de certaines de ses anciennes récriminations contre moi. Je fis la vaisselle sans qu’elle me le demande. J’acceptai de plier mes vêtements. Je me dis que s’il avait été marié, Jésus aurait fait de même. Quand elle me présentait des requêtes particulières, je m’efforçais de répondre avec bonne humeur à ses désirs. En moins de trois mois, l’attitude de Karolyn à mon égard changea. Elle sortit de sa coquille et consentit à discuter. J’eus le sentiment que pour elle, j’avais cessé d’être un beau prêcheur et que ma vision de la vie avait évolué. Avec le temps, je me rendis compte qu’elle faisait des choses que je lui avais maintes fois demandées, en vain, dans le passé. Elle me tenait la main quand nous sortions, me souriait quand je disais un bon mot, elle me touchait en passant près du bureau où je travaillais. Peu de temps après, toute notre hostilité disparut, et nous avons de nouveau commencé à éprouver des sentiments positifs l’un envers l’autre. Je me souviens du premier jour où je me suis dit : Après tout, peut-être pourrais-je un jour l’aimer de nouveau. Pendant des mois, je n’avais plus éprouvé d’amour, mais seulement de la peine, de la tristesse, de la colère et de l’hostilité, car j’avais mal. Maintenant, tout cela semblait s’être envolé, et avait été remplacé par de solides sentiments d’affection. Je me mis à envisager de la toucher affectueusement si j’avais l’assurance qu’elle accepterait. Je ne voulais pas le lui demander, mais je me disais : Je n’y verrais aucun inconvénient si elle n’en voyait pas de son côté. Avant le printemps, ce désir se réalisa. Nous étions redevenus très amoureux l’un de l’autre, et le plaisir sexuel, qui s’était estompé, fut de nouveau au rendez-vous. La boucle était bouclée. Nous n’étions plus des ennemis qui se lançaient des sermons acerbes ; chacun était devenu attentif aux désirs de l’autre. Nous étions animés du désir


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de servir et non de celui d’exiger. Nous récoltions les doux fruits de l’intimité retrouvée. Dans ce processus, nous avions découvert la voie royale de l’attitude de service. Il ne s’agissait plus d’une noble ambition, mais d’un style de vie. Tout cela s’est produit dans un passé qui me paraît bien lointain désormais. À présent, nous nous retrouvions avec deux enfants et un observateur étranger. Nous avions essayé d’enseigner à nos enfants ce qui nous semblait être des éléments importants d’une famille aimante, dont l’adoption d’une attitude de service. Jean s’en rendrait-il compte ? La simple observation permettrait-elle de mettre ce principe en évidence ? Je l’espérais sincèrement.


Chapitre 2 : qu’est-ce qu’une famille qui sert ?

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Qu’est-ce qu’une famille qui sert ? Comme j’anime de nombreux séminaires sur le mariage à travers tout le pays, je demande aux couples de prévoir un repas tiré du sac pour le samedi. Comme je suis généralement loin de chez moi et dans l’incapacité de me faire des sandwiches, il m’arrive fréquemment de demander à la fin de la réunion du vendredi soir : « Quelqu’un voudrait-il m’apporter un casse-croûte pour demain ? » Trois ou quatre mains se lèvent immédiatement. Pourquoi ces personnes se portent-elles si spontanément et si librement volontaires pour préparer un repas à


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un étranger ? Il y a de fortes chances qu’elles aient appris dès leur plus jeune âge à rendre service avec plaisir. Elles sont impatientes de servir ; elles trouvent leur raison d’être et leur bonheur à venir au secours des autres. Dans une famille où l’amour règne, cette mentalité de service imprègne toute la famille. Les membres se mettent au service les uns des autres, et même au-delà du strict cadre familial. Auteur de best-sellers et critique culturel, Bill Bennett classe le travail parmi les dix plus grandes vertus 1. La plupart des historiens s’accordent à dire que la civilisation occidentale s’est édifiée sur l’éthique du travail. Comment définir le travail ? C’est un exercice mental et physique visant à atteindre un objectif de valeur. L’apprentissage du travail commence dans les foyers.

Qui peut sortir la poubelle ? Dans une famille, de nombreuses tâches doivent être effectuées. Il faut laver, plier et peut-être repasser le linge, faire les lits, préparer les repas, faire les courses, vider les poubelles, balayer, passer l’aspirateur et laver le sol. La voiture a besoin d’une vidange, il y a des factures à régler, une pile de bazar à ranger, des animaux domestiques à nourrir, à soigner et à sortir, le gazon à tondre, les feuilles mortes à ramasser, la haie à tailler… Je sens que je commence à déprimer, j’arrête donc ici mon énumération ! Nous n’avons peut-être pas autant de corvées à accomplir aujourd’hui qu’autrefois, mais il y a toujours de quoi nous occuper largement. Comme la plupart des maris et plus de la moitié des femmes exercent un métier en dehors du foyer, les parents ont un temps limité pour s’occuper de toutes ces tâches. Qui va donc s’en charger ? La famille, toute la famille. Dans n’importe quelle famille, il y a de quoi s’occuper. La


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venue de Jean dans notre cercle familial s’accompagna d’un surplus de linge à laver, plus de repas à préparer, etc. Mais nous avions aussi un ouvrier de plus. Si le travail est une vertu si fondamentale, alors chaque membre de la famille devrait apprendre à travailler. Dans certaines familles très occupées, cette responsabilité est négligée sous prétexte qu’il est plus important que les enfants fassent du sport ou d’autres activités, plutôt que de participer aux tâches ménagères. Ou, comme le pensent certains parents : « C’est plus simple que je le fasse moimême ». Cette attitude ne rend pourtant pas service aux enfants. Il faut leur confier des tâches adaptées à leur âge et leur montrer comment les exécuter. Quand notre fils Derek a été en âge d’apprendre à tondre le gazon (soit dit en passant, c’est mon âge préféré dans le processus d’éducation des enfants !), il tenait absolument à tondre en faisant des allers et retours. Pendant des années, j’avais tondu la pelouse en commençant par le périmètre extérieur et en me rapprochant du centre du terrain, en repoussant toujours l’herbe tondue vers le centre, si bien qu’à la fin, il m’était facile de la ramasser. J’ai expliqué ma stratégie si efficace à Derek, mais ça n’a jamais accroché. Il avait développé une autre méthode consistant à répandre l’herbe tondue sur toute la surface de la pelouse afin de ne pas avoir à la ramasser dans des sacs. Ses allées et venues avec la tondeuse laissaient une fine couche d’herbe coupée à chaque passage mais, au bout de vingt-quatre heures, elle avait fortement fané ou séché, si bien qu’on ne la remarquait même plus. Je luttais avec moi-même, cherchant à me raisonner… Qu’est-ce qui importait le plus : ma méthode perfectionniste et efficace, ou la créativité et l’individualité de mon fils ? Je choisis la seconde option. Je refusai de faire de Derek un robot ou un clone. J’avoue que c’est difficile pour un parent naturellement perfectionniste.


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Peut-être vous demandez-vous : « Bon, il y a des travaux à effectuer, et chaque membre doit prendre sa part du fardeau. Où est la nouveauté ? » C’est l’attitude de service. Celle-ci ne s’intéresse pas seulement à ce que le travail soit fait. Dans une famille saine, ses membres ont le sentiment qu’en accomplissant quelque chose pour le bien des autres membres, ils font une œuvre vraiment bonne, presque noble. L’individu éprouve le désir profond de servir, et la tâche accomplie pour le bien d’autrui lui communique un sentiment de satisfaction. Dans une famille qui fonctionne harmonieusement, les membres cultivent l’idée qu’un service rendu aux autres constitue l’un des objectifs les plus nobles de la vie. Une famille digne de ce nom adopte une attitude de service vis-à-vis de ses membres et vis-à-vis du monde extérieur. Lisez la biographie des hommes et des femmes qui ont vécu une vie consacrée au bien d’autrui, et vous verrez que la plupart d’entre eux ont grandi dans des familles qui cultivaient l’idée du service comme une vertu à développer. L’écrivain Philip Yancey fait remarquer qu’à la fin de sa vie, Albert Einstein avait décroché d’un mur de sa maison les portraits de deux grands savants, Newton et Maxwell, pour les remplacer par ceux de deux autres grands hommes, Gandhi et Schweitzer. Le savant avait expliqué qu’il était temps de remplacer l’image de la réussite par celle du service 2.

Des enfants qui veulent aider, des adolescents  qui désirent servir Il est relativement facile de développer chez l’enfant un esprit de service. Lorsque le bambin commence à marcher, il devient explorateur. Peu après, il se change en bâtisseur. Vers l’âge de quatre ans, il a le souci d’aider. L’idée


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du service semble presque innée chez lui. Si on lui permet d’aider et si on reconnaît la valeur de son travail, il se portera volontaire pour de nombreuses tâches dès l’âge de six ou sept ans. Les années suivantes, son attitude de service sera grandement influencée par le modèle familial. Si ses parents ont présenté le service comme une vertu et ont aidé l’enfant à trouver des moyens de rendre service à sa famille, et s’ils ont su l’encourager et le féliciter pour les services rendus, il continuera à trouver une réelle satisfaction dans le service des autres quand il entrera dans l’adolescence. Entre treize et dix-huit ans, l’ado subit de profondes transformations. Si l’attitude de service s’est bien ancrée en lui, il se mettra facilement au service des gens en dehors du cercle familial. À l’école et peut-être même dans l’église, il sera le premier à prendre des initiatives pour servir. Il passera beaucoup de son temps à aider les autres à progresser. Il se peut qu’il se montre moins empressé à donner un coup de main à la maison. Il sera probablement de plus en plus souvent hors de la maison et moins enclin à prendre part aux activités familiales. Il faut dire qu’il est alors en train d’éprouver une autre grande pulsion de la vie : la soif de liberté. L’adolescent cherche à accroître la distance entre lui et ses parents, et à s’aménager ainsi un espace qui lui permettra de grandir vers son indépendance. Il fermera la porte de sa chambre, alors qu’il la laissait ouverte quelques années plus tôt. Il s’impliquera dans des activités extérieures à la famille, et ce, loin de la maison. L’avis des copains primera sur celui des parents. La distance qu’il met et sa réticence à assumer ses fonctions au sein de la famille deviennent source de tensions. Mais les conflits ne sont pas les symptômes d’une maladie : notre façon de les gérer révélera la santé et la solidité de la famille. Dans une famille où l’amour règne, on sait que des conflits surgiront inévitablement. Nous


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savons bien que les gens ne pensent pas tous de la même façon et n’ont pas le même ressenti des choses. Parents et enfants ne jettent pas le même regard sur le monde. Ne soyons donc pas surpris par les conflits qui surviennent. Les familles saines apprennent à gérer les conflits. Au lieu d’éviter les sujets de discussions, elles les abordent franchement. Les ados sont encouragés à faire connaître leur point de vue, et les parents écoutent. Ces derniers cherchent à comprendre aussi bien ce que le jeune dit que ce qu’il ressent. En retour, les adolescents écoutent ce que les parents disent avec des oreilles bien disposées et bienveillantes. (Les choses se passent-elles vraiment ainsi ? Oui, partout où les membres se sentent bien en sécurité dans la famille.) Contrairement à une idée très répandue, les adolescents souhaitent réellement qu’on leur fixe des limites. Un jeune de quinze ans demandait récemment : « Y a-t-il encore quelqu’un qui prenne fermement position pour un idéal ? Tout le monde semble accepter n’importe quoi. Je souhaiterais que les adultes soient plus directifs. N’ont-ils pas appris dans leur vie ce qui nous permettrait d’éviter certains écueils ? » Les limites imposées se transforment en garde-fous, et ces garde-fous développent un sentiment de sécurité. Dans ce climat sécurisant, les ados peuvent apprendre et se développer. Et quand le jeune arrive à l’âge où il est épris de liberté et risque d’oublier ses devoirs de service au sein même de sa famille, les parents doivent respecter son désir d’indépendance tout en lui rappelant que les gens sont toujours interdépendants, et que le service d’autrui fait nécessairement partie non seulement de la vie familiale, mais de toute la vie. Les adultes et la jeunesse sont naturellement attirés par le jeune homme ou la jeune fille qui se démarque des autres par son esprit de service. Il y a quelques années,


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lorsque j’étais responsable du groupe de jeunes de notre église, j’ai fait la connaissance de quatre jeunes hommes qui venaient de Caroline du Nord. Ils avaient trouvé un job d’été dans notre ville et avaient décidé de se joindre à notre groupe pendant cette période. Je découvris plus tard qu’ils vivaient tous les quatre dans un petit appartement pour économiser le plus d’argent possible durant l’été. Ils venaient régulièrement à nos activités depuis quelques semaines quand ils vinrent me trouver pour me faire part de leur intention de s’intégrer pleinement à la vie de l’église et offrir leurs services. Ils me déclarèrent qu’ils seraient heureux de servir dans n’importe quel domaine que je pourrais leur suggérer. Je me disais que comme beaucoup d’étudiants en ce temps-là, ils désiraient prendre la direction de nos différents programmes estivaux. J’allais même plus loin en pensant que le fait de pouvoir dire à un futur employeur qu’ils avaient exercé pendant un certain temps les fonctions de directeurs bénévoles dans un programme destiné à la jeunesse ne pourrait qu’influencer favorablement le directeur des Ressources Humaines. Je leur exprimai ma reconnaissance pour leur proposition et leur volontariat, mais j’ajoutai que nous avions pris dès l’hiver toutes les dispositions utiles en vue de l’encadrement et de l’animation des activités estivales. Le porteparole du groupe me coupa presque la parole et précisa : — Vous nous avez mal compris. Nous ne voulons pas diriger, nous souhaitons simplement nous mettre au service de l’Église. — Pouvez-vous me donner un exemple de ce que vous avez en tête ? demandai-je. Sans hésiter un seul instant, l’un d’eux répondit : — Nous nous sommes dit que vous pourriez avoir besoin de quelqu’un pour faire la vaisselle après le repas communautaire du vendredi soir, ou pour nettoyer les


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fourneaux, ou pour remettre la salle en ordre. N’importe quoi. Nous voulons simplement servir. — Dans ce cas, je pense que nous avons de nombreuses possibilités de service à vous proposer. Durant tout l’été, ils ne se contentèrent pas seulement de faire la vaisselle, récurer les fourneaux, balayer et laver le sol, mais ils lavèrent également les bus de transport de l’église, fauchèrent l’herbe et nettoyèrent le mobilier de l’église. Les membres de l’église présents cet été-là n’oublieront jamais ces « garçons de la Caroline ». On peut même dire que leur esprit de service influença durablement toute l’orientation de notre ministère parmi les jeunes. Les services rendus ne visent pas seulement des êtres humains. Élisabeth, une lycéenne, me fit part de sa passion pour les animaux en difficulté. Je la rencontrai près d’un lac ; elle mettait une attelle à un canard qui avait la patte brisée. Le volatile avait été heurté par une voiture ; Élisabeth courut à son secours. Nous sommes tous émus et encouragés de voir des jeunes gens prendre en charge la tonte du gazon chez une veuve, ou désherber son allée centrale, ou faire les courses de personnes âgées. Ces jeunes ont généralement appris à développer ce goût du service dans leur famille.

Qu’est-ce qu’un adulte qui sert ? L’indépendance gagnée à l’âge adulte est souvent le terrain favorable dans lequel se développe le service à autrui. Les adultes choisissent d’avoir des enfants, tout en sachant qu’une telle décision entraînera vingt-quatre mois de couches à changer, cinq ans de bains à donner, deux ans d’allaitement ou de nourriture au biberon, puis des centaines de repas à la petite cuillère, des quantités impressionnantes de pansements à poser, la présence à des


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centaines d’événements sportifs en tous genres, la préparation d’un nombre incalculable de repas, et mille autres tâches. Pourtant, nous avons choisi – librement – d’avoir des enfants. Ceux qui ne peuvent avoir d’enfants biologiques adoptent souvent des enfants dont d’autres parents n’ont pu réussir à s’occuper. L’homme place l’abnégation et le service d’autrui au sommet de l’échelle des valeurs. La plupart des gens qui ont étudié la vie de Jésus-Christ s’accordent pour reconnaître qu’il a démontré sa vraie grandeur lorsqu’il a pris un bassin, s’est ceint d’un linge et a lavé les pieds de ses disciples, tâche généralement réservée aux esclaves. Il ne cachait pas ses intentions en accomplissant ce geste : « Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres ; car je vous ai donné un exemple, afin que, vous aussi, vous fassiez comme moi je vous ai fait… Si vous savez cela, vous êtes heureux, pourvu que vous le mettiez en pratique 3 ». À une autre occasion, il déclara à ses disciples : « Quiconque veut être grand parmi vous sera votre servi4 teur   ». Quel paradoxe ! Pour monter, il faut descendre. La véritable grandeur se mesure au service, et non au pouvoir de dominer. Aucun parent n’encourage ses enfants à ressembler à Hitler, alors qu’ils sont des milliers à les encourager à imiter Jésus. Oui, le service est la caractéristique de la vraie grandeur. Qu’avait découvert Jean, notre « anthropologue » de service, immergé dans notre famille ? Il avait vu Karolyn, qui n’est certainement pas par nature une lève-tôt, se lever de bonne heure cinq jours par semaine pour préparer un petit-déjeuner chaud pour toute la famille, un service de la même nature que celui de Mère Teresa. (Si vous êtes une personne matinale, vous ne pouvez comprendre le sa-


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crifice consenti.) Karolyn n’accomplissait pas ce sacrifice matinal sous l’effet de la contrainte ou par obligation. Je ne l’exigeais pas, et ne l’espérais même pas, même si, je dois l’avouer, je l’appréciais énormément ! Simplement, lorsque Shelley, l’aînée de nos enfants, avait atteint l’âge d’aller à l’école, Karolyn avait estimé que les enfants ne devaient se rendre à l’école qu’après avoir eu un repas chaud. Ce fut une de ses manières de se mettre au service de la famille. C’était pour elle une façon d’exprimer sa reconnaissance à Dieu pour le don des enfants. C’était, à mon avis, une noble expression de son esprit de service. Shelley nous quitta pour aller à l’université l’année où Derek entrait au lycée. Karolyn continua à servir un petit-déjeuner chaud et consistant jusqu’au jour où Derek quitta à son tour la maison pour aller remplir son esprit de philosophie, de langue anglaise et d’études théologiques. C’est alors qu’une ère s’acheva aussi discrètement qu’elle avait commencé seize ans plus tôt. Je dus alors retourner à mon lait froid dans mes céréales, mon pamplemousse et mes bananes, ce qui d’ailleurs était désormais bien meilleur pour ma santé. Encore maintenant, quand nos enfants adultes reviennent à la maison, ils évoquent avec plaisir ces petits-déjeuners chauds et copieux et en gardent un excellent souvenir. Ce souvenir est ravivé une fois l’an, le matin de Noël, lorsque Karolyn descend à la cuisine et répète cet ancien rite de service. Quel effet tout cela eut-il sur Jean ? Voici ce qu’il déclara des années plus tard : Je ne pense pas avoir pu apprécier alors ces choses à leur juste valeur comme je les apprécie aujourd’hui, maintenant que j’ai pris de l’âge et commencé à développer ce sens du sacrifice à offrir à la famille. Mais j’ai personnellement ressenti que vous m’aviez entièrement intégré à votre famille. Je n’avais pas l’impression d’être un étranger, un locataire dont


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on a pitié et qu’on tolère simplement au sein de la famille. Je me sentais faire partie de la famille. Je vous considérais, vous et Karolyn, presque comme mon père et ma mère. Pour Shelley et Derek, j’étais un grand frère. Je mesure le sacrifice que vous avez dû consentir pour me permettre de venir vivre parmi vous. Mon intrusion soudaine avait modifié la dynamique de votre cellule familiale. Je n’avais alors aucune idée du prix que vous avez dû payer. J’ai toujours eu le sentiment que vous et votre femme étiez prêts à me consacrer du temps chaque fois que j’avais besoin de vous parler. Vous étiez pourtant tous les deux extrêmement occupés et actifs, mais je sentais que j’avais toujours un libre accès à vous. Vous ne me donniez jamais l’impression d’être en train de m’écouter par contrainte. Je me souviens de ce Noël où Shelley et Derek m’ont offert un cadeau. J’ai vraiment vu une famille au sein de laquelle chaque membre était au service des autres.

Dans une famille qui fonctionne normalement, cet esprit de service lubrifie tous les rouages de la vie familiale. Là où il s’y trouve en quantité suffisante, la famille tourne rond. Là où il fait défaut, les rouages grincent, se bloquent, et la famille connaît de graves difficultés.



Deuxième partie : des couples en pleine intimité

D E U X I È M E

P A R T I E

Des couples en pleine intimité

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Chapitre 3 : notre soif de proximité

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C H A P I T R E  3

Notre soif de proximité En proclamant « Oui, je le veux », nous avons uni nos existences avec le désir de poursuivre notre rêve de bonheur partagé. Nous avions la ferme intention de cultiver cette relation franche et attentionnée qui était née quand nous sortions ensemble. Bref, nous espérions connaître l’intimité. Malheureusement, pour de nombreux couples, l’intimité s’étiole une fois l’exaltation du coup de foudre retombée. De nombreux conjoints finissent par dire qu’ils s’étaient fait une autre idée de l’intimité. Alors que la fin de la deuxième séance de thérapie de couple approchait, le mari me regarda et me dit : « Si nous pouvions reconstruire notre vie sexuelle, tout irait pour le


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mieux ; quand nous n’avons pas de rapports sexuels, j’ai le sentiment qu’elle ne se soucie pas du tout de moi. Il m’est impossible de continuer ainsi ». Il avait dit ce qu’il avait sur le cœur. Je sus qu’il se sentait soulagé. En tant que conseiller, j’étais heureux qu’il ait ouvertement reconnu son besoin d’intimité sexuelle. Lors des deux séances, sa femme tint à peu près ce langage : « Nous ne faisons plus rien en commun ; il est toujours parti. Autrefois, nous avions l’habitude de faire des choses ensemble. À présent, il n’y a pratiquement plus aucune communication entre nous. Nous ne nous parlons même plus. Il ne comprend pas ce que je ressens. Quand j’essaie de lui faire part de mes luttes, il me répond sèchement et sort de la pièce ». Cette femme criait ainsi son besoin d’intimité émotionnelle. Leur présence à tous les deux dans mon bureau témoignait de leur vive inquiétude quant à l’issue de leur mariage. Ils savaient que les choses ne tournaient pas rond entre eux. En fait, chacun d’eux désirait l’intimité, mais chacun insistait sur un aspect différent ; lui sur l’intimité physique, elle sur l’intimité affective. Ces divergences ne sont pas rares. Le malheur est que des conjoints passent des années à se reprocher mutuellement leur incapacité à procurer l’intimité désirée, et qu’ils n’ont pas appris comment créer cette intimité. Ce chapitre a pour but de vous aider à saisir l’extrême importance de l’intimité conjugale et de vous donner les moyens d’y parvenir.

« Os de mes os » Le mot intimité vient du latin intimus, qui signifie « intérieur ». Il y a intimité entre deux êtres lorsque chacun ouvre son intérieur à l’autre. C’est entrer en contact avec la vie de l’autre sur les plans émotionnel, intellectuel, social, physique et spirituel. C’est se connecter l’un à l’autre


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au niveau le plus profond dans tous les compartiments de la vie. L’intimité s’accompagne d’amour et de confiance. Nous croyons que l’autre a le souci de notre bien suprême ; nous pouvons donc nous dévoiler à lui sans craindre qu’il se serve contre nous de ce que nous lui avons dit ou permis de voir. Le désir d’intimité entre un homme et une femme est aussi vieux que la race humaine. Dans la Bible, le livre de la Genèse décrit Dieu en train de créer la femme à partir de la côte de l’homme. Lorsque l’homme se réveilla de son profond sommeil et vit la créature que Dieu avait faite, il s’écria : « Cette fois, c’est l’os de mes os, la chair de ma chair. C’est elle qu’on appellera femme, car elle a été prise de l’homme 1 ». Elle se tenait là, un vis-à-vis, une créature semblable à l’homme avec cependant des différences uniques ; elle ressemblait davantage à lui que tout ce qu’il avait vu jusqu’alors, et pourtant elle était si visiblement différente ! Elle était distincte de lui et pourtant liée à lui. Quelque chose de profond en lui correspondait à quelque chose de profond en elle. Il ne s’agissait pas d’une rencontre superficielle. Le cœur d’un être humain répondait au cœur de l’autre. La femme était plus proche de l’homme que toute autre créature dans l’univers. Ces deux réalités, similitude et différence, sont à la base de l’intimité humaine. Sans elles, il ne pourrait y avoir d’intimité. Les hommes et les femmes sont des individus différents, mais ils sont cependant connectés l’un à l’autre dans les domaines physique, affectif, intellectuel et spirituel. Quelque chose en l’homme réclame la femme, et quelque chose dans la femme soupire après la compagnie de l’homme. Nier nos ressemblances, c’est nier notre nature humaine fondamentale. Nier nos différences, c’est vouloir vainement rejeter la réalité. Dans un mariage sain, on ne recherche pas la compétition mais la coopération. Chacun trouve en l’autre un lieu de repos, un foyer, un


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proche avec lequel il entretient une relation profonde et unique. L’intimité sexuelle n’est qu’un aspect de l’unité. Mais on ne peut séparer le domaine physique des domaines émotionnel, intellectuel et spirituel. C’était justement l’erreur commise par le jeune couple assis dans mon bureau. Lui souhaitait l’intimité sexuelle, elle une étroite communion affective, mais aucun des deux ne reconnaissait qu’ils recherchaient en fait la même chose. Chacun voulait se sentir proche de l’autre, accepté et aimé par lui. Ils insistaient cependant sur deux aspects différents de la même réalité. Des conjoints qui s’aiment doivent comprendre que leur désir d’intimité fait partie de ce qu’ils sont. C’est la raison qui les a poussés à s’unir par le mariage. La plupart des couples se souviennent avec émotion de cette période de leur vie où ils étaient tendrement amoureux l’un de l’autre. Ils étaient bien l’un contre l’autre. Tout a commencé par une attirance physique et affective de l’un pour l’autre. Quelque chose s’est mis en émoi en nous, et nous a poussés à nous fréquenter. Le but des fréquentations c’est de nous permettre de mieux nous connaître, ce qui est un autre aspect de l’intimité. Dans cette phase amoureuse, nous avons le sentiment de nous appartenir tout entier l’un à l’autre, d’avoir été faits l’un pour l’autre. Nous sommes prêts à être transparents l’un avec l’autre, à nous dire tous nos secrets. Notre cœur nous dit que nous nous aimerons toujours, que nous désirons travailler au bonheur de l’autre avant toute chose et que notre propre bonheur dépend principalement de la présence de l’autre à nos côtés. C’est ce profond sentiment d’intimité qui nous donne le courage de nous engager pour la vie dans le mariage (j’aborde plus en détail cette phase amoureuse dans mon livre Les cinq langages de l’amour, au chapitre un 2).


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Un mur de désillusions Jennifer était en larmes. Je lui tendis la boîte de mouchoirs : « Je ne comprends pas, me dit-elle entre ses sanglots. Avant le mariage, je me sentais tellement proche de Robert ! Nous partagions tout. Il était si gentil, si tendre et si compréhensif. Il m’écrivait des poèmes et m’offrait des fleurs. Maintenant, plus rien de tout cela ! Je ne le reconnais plus. Ce n’est plus l’homme que j’ai épousé. Nous ne pouvons même plus nous adresser la parole que déjà le ton monte entre nous. Nous semblons si distants l’un de l’autre ! Je suppose qu’il doit se sentir aussi malheureux que moi. Je sais qu’il n’est pas heureux ». Qu’est-il arrivé à l’intimité entre Jennifer et Robert ? La réponse est aussi ancienne que la création du monde. Le livre de la Genèse décrit les origines de la relation entre nos premiers parents : « L’homme et la femme étaient tous les deux nus et n’en avaient pas honte 3 ». L’homme et la femme étaient nus sans en éprouver de la honte. C’est le portrait de l’intimité conjugale. Deux êtres distincts de même valeur, proches l’un de l’autre sur le plan affectif, spirituel et physique ; totalement transparents l’un pour l’autre sans crainte d’être connus. Tout couple aspire à ce genre d’ouverture, cette acceptation, confiance et ardeur dans la relation. Mais quelques pages plus loin dans ce document ancien, nous lisons qu’après avoir désobéi à Dieu, le même homme et la même femme se fabriquèrent des pagnes en feuilles de figuier. Ils se cachèrent devant Dieu et l’un devant l’autre. Ils avaient maintenant des raisons d’avoir honte. Ils faisaient l’expérience de la peur ; l’homme et la femme ne supportaient plus d’être nus. La culpabilité et la honte étaient insupportables. L’intimité en avait pris un coup. Adam commença par accuser Ève, laquelle s’en prit au serpent. Avant la fin de la journée, Dieu leur fit


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connaître les conséquences de leur péché, les revêtit de peaux de bêtes sacrifiées, et les chassa hors du merveilleux jardin. Le paradis n’est plus qu’un lointain souvenir, et la souffrance une réalité constante. La plupart des couples rêvent de vivre l’intimité parfaite du paradis. Nous démarrons souvent notre vie conjugale avec une grande mesure d’intimité ; puis, avec le temps, il nous arrive de remplacer l’intimité par l’isolement. Comment se passe cette disparition plus ou moins lente de l’intimité conjugale ? De nombreux conjoints ont parlé d’un mur qui se dressait peu à peu entre eux. Sachez qu’un mur se construit brique après brique. Peut-être vous rappelez-vous un incident survenu dans votre vie de couple, un incident semblable à celui que je vais raconter. Marc et Isabelle étaient mariés depuis trois semaines. Tout se passait très bien pour eux jusqu’à ce jeudi soir où Marc, tout excité, raccrocha le téléphone et annonça brusquement à Isabelle : — Tu sais quoi, ma chérie ? C’était David. Je pars ce weekend pêcher avec les copains. C’est pas formidable ? Ce sont des mordus de pêche ! — Aller pêcher ? Avec des copains ? Mais je pensais qu’on s’était mis d’accord pour travailler dans la maison ce weekend. — Mais… — Mais, tu es marié ! Tu t’en souviens ? David, lui, ne l’est pas. Ça lui est égal. Marc, tu ne peux pas juste décider comme ça que tu vas sortir avec tes potes. Cette expérience posa la première brique du mur qui allait bientôt se dresser entre tous les deux. Mais comme en ce temps-là, ils étaient encore très amoureux l’un de l’autre, ils passèrent sur l’incident et oublièrent la blessure


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et la déception. Au bout de quelques jours, la situation était presque redevenue normale. Ils avaient surmonté l’obstacle, mais la brique était bel et bien là. Deux mois plus tard, nouvel incident, et nouvelle brique sur le mur. Avec le temps, un mur épais s’était érigé entre les deux époux. Ils n’avaient certainement pas voulu le construire. Leur intimité s’était envolée ; entre eux ne subsistait qu’un mur de désillusion. Comment retrouver l’intimité ? Si la réponse est simple, elle n’est pas facile : il faut renverser le mur. Il faut aller vers l’autre et lui dire : « J’ai bien réfléchi à ce qui nous arrive, et je me rends compte que tu ne portes pas toute la responsabilité de nos difficultés. J’ai pensé à notre mariage et je reconnais que j’ai eu des torts envers toi. J’aimerais t’en parler et te demander de me pardonner ». Dès l’instant où vous êtes prêt à admettre vos fautes et à demander pardon, le mur de votre côté commence à se disloquer. Si votre conjoint accepte de vous pardonner et reconnaît à son tour ses erreurs, le mur est ébranlé des deux côtés, et l’intimité est presque aussitôt restaurée. Pour que le mur reste démoli, vous devez reconnaître vos échecs le plus rapidement possible. Personne n’est parfait. Il nous arrivera de décevoir notre conjoint, mais si nous acceptons de reconnaître nos fautes et de demander pardon, nous pouvons maintenir le mur démoli.

Parler, écouter, comprendre Une fois les murs détruits, nous devons travailler à la construction de l’intimité. En effet, l’intimité n’est pas comme un trésor qu’on trouve un jour et qu’on garde ensuite le restant de notre vie. Elle est fluide et non statique, la résultante d’une communication ouverte, honnête et constante. Cette communication comporte deux éléments simples : la révélation de soi par laquelle l’un fait connaître


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à l’autre quelque chose de ses pensées, de ses sentiments et de ses expériences pendant que l’autre reçoit l’information et cherche à comprendre ce que le premier dit et ressent. Ensuite, la deuxième personne exprime à son tour ses pensées, ses émotions et ses expériences, pendant que la première l’écoute et cherche à comprendre. Le simple mécanisme de la parole et de l’écoute préserve l’intimité. Nous sommes incapables de lire les pensées. Nous pouvons observer le comportement du conjoint, mais nous ignorons quels sont les pensées, les sentiments et les motivations qui se cachent derrière le comportement. En voyant l’autre pleurer, nous ne savons pas forcément quelle est la cause de ses larmes. Nous pouvons voir l’autre entrer dans une violente colère sans pour autant savoir ce qui l’a provoquée. C’est en nous dévoilant l’un à l’autre que nous pourrons continuer à entretenir des sentiments d’intimité l’un avec l’autre. Comment se fait-il que ce simple exercice de l’écoute et du dialogue soit si difficile à mettre en œuvre dans le contexte d’un couple ? Avant le mariage, quand nous sortions ensemble, nous donnions l’impression d’être des champions de la communication. Nous consacrions des heures à nous parler et à nous écouter, à faire connaître nos secrets profonds, à donner libre cours à nos sentiments, parfois de manière poétique. Pourquoi la communication si facile avant le mariage devient-elle si difficile après ? En plus des briques qui s’amoncellent entre nous, d’autres raisons expliquent pourquoi nous communiquons mal sur le plan émotionnel intime.

Enfouir ses émotions La plupart des conjoints continuent de se parler même après la disparition de l’intimité affective. À quelle heure dois-je passer prendre les enfants à l’école ? Quand commence la réunion ? Où mangerons-nous ce soir : au restau-


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rant ou chez nous ? À quelle heure devrais-je être de retour pour conduire les enfants à leurs activités ? Je vais promener le chien. Ce genre de dialogue qui consiste à échanger des informations se poursuit généralement longtemps après la disparition de l’intimité affective, intellectuelle, spirituelle et sexuelle. Mais ce genre de conversation superficielle ne nourrit pas l’intimité car celle-ci s’enracine dans le partage des sentiments, des passions, des pensées, des expériences, des désirs et des frustrations. Qu’est-ce qui empêche la libre communication à ce niveau-là ? Voici quelques obstacles courants. Certains parmi nous sont incapables de parler de leurs sentiments simplement parce qu’ils refusent de les admettre. Pour toutes sortes de raisons, nous avons été habitués à nier nos émotions. Il se peut que dans notre enfance quelqu’un nous ait fait croire que nos émotions n’étaient pas acceptables. Nous n’avons jamais aperçu notre père démontrer de la tristesse ou de la faiblesse. Son silence était stoïque. Notre mère nous disait : « Regarde toujours la vie du bon côté ! » Une grand-mère nous répétait : « Les grands garçons, ça ne pleure pas ! » Durant toute notre enfance, les autres nous ont dissuadés de partager nos craintes, notre pessimisme, ce que nous avions réellement au fond du cœur. Pour d’autres, la souffrance psychique profonde ressentie dans l’enfance a marqué leur réalité d’adulte : la souffrance consécutive à la séparation des parents, le souvenir d’abus physiques ou sexuels, la peine provoquée par la disparition prématurée d’un être cher, etc. Voici certaines expériences de souffrances émotionnelles, parmi tant d’autres, que l’enfant n’a pas appris à gérer. Les sentiments restent profondément enfouis à l’intérieur de son être. À un certain moment, l’enfant a cessé de ressentir la souffrance, car celle-ci était tellement vive qu’il a appris à déconnecter sa vie émotionnelle de sa vie intellectuelle, si


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bien qu’aujourd’hui, il n’est plus en contact avec ses émotions. Si vous demandez à cette personne : « Quel effet a sur vous le cancer de votre sœur ? », il répondra : « Cela ne me fait rien. J’espère simplement qu’elle ira mieux ». Il n’esquive pas la question. Il s’est tout simplement coupé du côté émotionnel de sa nature humaine. Pour guérir et recouvrer la santé, une telle personne devra faire appel à un conseiller professionnel. Son conjoint n’aura certainement pas intérêt à lui reprocher de ne pas vouloir parler de ses émotions. La crainte de la réaction du conjoint est un deuxième obstacle à notre libre communication. Nous craignons qu’il condamne ce que nous ressentons, qu’il prétende que nous ne devrions pas nourrir de telles pensées ou de tels sentiments, qu’il se mette en colère ou nous rejette. Cette crainte peut s’ancrer dans des expériences précédentes avec notre conjoint, ou dans des expériences de notre enfance. Elle constitue un obstacle énorme à l’intimité affective. Pour surmonter ces peurs, nous devons d’abord les reconnaître et saisir l’occasion de les admettre. C’est en les abordant de face que nous serons en mesure d’en démonter le mécanisme et de les transcender. Voici un troisième obstacle : certaines personnes refusent de discuter de leurs émotions parce qu’elles ne l’ont jamais fait dans le passé. « Nous vivons heureux en couple, sans avoir besoin de parler de nos émotions. Pourquoi devrions-nous commencer maintenant ? » En général celui qui tient de tels propos a grandi dans une famille où on ne faisait pas état de ses sentiments. Il a retenu la leçon : « Ne dévoile pas tes sentiments, surtout si tu penses que les autres les critiqueront ». La personne en question a donc appris à vivre sans laisser percer ses émotions. Toute sa vie conjugale est structurée de manière à ne laisser que très peu de place au domaine des sentiments. Alors l’idée d’agir autrement l’effraie quelque peu. Or, pour tisser des


Chapitre 3 : notre soif de proximité

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liens intimes profonds dans le couple, il est indispensable de parler de ce que l’on ressent. Il faut aussi se rappeler que l’intimité affective a des répercussions sur l’intimité sexuelle : nous ne pourrons jamais réussir à séparer les deux. J’ajoute encore une dernière excuse derrière laquelle s’abritent ceux et celles qui ne veulent pas discuter de leurs émotions avec leur conjoint : « Je ne veux pas l’accabler avec mes problèmes de sentiments ». À première vue, cette affirmation pourrait faire croire que son auteur se soucie beaucoup de l’autre. Il peut effectivement se préoccuper de lui. Il y a des moments dans la vie où l’un des conjoints est tellement stressé qu’il ne serait pas sage de lui soumettre nos problèmes émotionnels, surtout s’ils sont négatifs et lourds à porter. Dans ces moments-là, il importe que nous prêtions une oreille attentive à l’exposé et au partage de ses propres difficultés psychiques et sentimentales et que nous le soutenions dans cette passe difficile, au lieu de l’accabler avec nos propres problèmes. Mais dans une relation saine, la discussion à propos des émotions doit être à double sens. Si nous ne faisons pas connaître à l’autre ce qui nous fait mal et ce qui nous déçoit, comment pourra-til nous apporter son soutien ? Nous privons le conjoint de la possibilité d’être intime avec nous et ainsi de partager nos luttes. Ce dévoilement du Moi profond est la trame sur laquelle nous tissons notre intimité conjugale. C’est bien ce que nous pensions obtenir lorsque nous nous sommes mariés. C’est bien ce que nous espérions conserver pour toute la vie. Sans cette révélation réciproque, la relation dépérit. Elle est de première importance pour la formation d’une famille aimante. Elle répond aux besoins les plus profonds du couple, et, si la famille s’est enrichie d’enfants, elle sert pour eux de meilleur modèle de ce que doit être une vraie famille.


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Étant donné que le désir d’intimité conjugale est profondément ancré dans notre psychisme, il a des répercussions sur tous les autres aspects de la vie familiale. D’abord, il influence la manière dont les conjoints se comportent l’un envers l’autre. Il influence ensuite la manière avec laquelle les deux parents vont agir envers les enfants. Quand l’intimité existe entre un mari et sa femme, elle se traduit par un environnement sain, propice à l’éducation et au développement des enfants. Lorsque l’intimité est absente, les enfants grandissent sur un champ de bataille et risquent de porter des cicatrices à vie. Le temps et les efforts consacrés à cultiver et développer l’intimité au sein du couple sont des moments sagement investis dans l’intérêt du bien-être psychique et physique des enfants. En fait, peu de chose est capable d’exercer une influence positive aussi déterminante sur eux. L’intimité entre le mari et sa femme crée un environnement de sécurité autour de l’enfant. Au plus profond de lui-même, quelque chose lui dit : « C’est bien comme cela que ça devrait marcher ! »


Chapitre 4 : cinq pas vers l’intimité

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C H A P I T R E  4

Cinq pas vers l’intimité Nous ne nous sommes pas mariés afin de trouver une façon agréable de faire la cuisine, de laver la vaisselle, de faire la lessive, de laver la voiture et d’élever des enfants. Ce qui nous a poussés avant tout à nous marier, c’est le désir de connaître l’autre et d’être connu de lui, d’aimer et d’être aimé, de vivre la vie ensemble. Nous étions persuadés qu’ensemble, nous vivrions notre vie de manière plus intense que si nous étions séparés l’un de l’autre. Comment ce but noble et quelque peu abstrait peut-il se traduire dans la réalité ? Il vaut la peine de considérer les cinq composantes essentielles d’une relation intime.


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1. Nous nous communiquons nos pensées (intimité intellectuelle). 2. Nous partageons nos sentiments (intimité émotionnelle). 3. Nous passons du temps ensemble et nous parlons du temps passé sans l’autre (intimité sociale). 4. Nous épanchons notre âme l’un devant l’autre (intimité spirituelle). 5. Nous offrons notre corps l’un à l’autre (intimité physique). Dans la vie pratique, il est évidemment impossible de scinder ces cinq aspects, car ils sont interdépendants. Mais pour plus de clarté, nous les examinerons chacun séparément.

« Que penses-tu ? » – Comprendre l’intimité intellectuelle Lorsque nous sommes éveillés, nous évoluons dans le monde de la pensée. Nous sommes constamment en train de penser et de prendre des décisions qui découlent de notre réflexion. Dès notre lever, le cerveau se met à fonctionner. Il saisit la vue, les bruits et les odeurs que nous captons par nos sens, et leur confère une signification. Dès les premiers « bips » du réveille-matin ou de la montre, le cerveau nous encourage à nous lever (ou à somnoler encore cinq minutes supplémentaires !). Nous ouvrons la porte du réfrigérateur et constatons qu’il n’y a plus de lait. Nous nous demandons alors si nous prendrons les céréales avec de l’eau, ou si nous nous arrêterons sur le chemin du travail pour boire un café et manger un croissant. Bref, nous pensons, nous analysons, nous décidons. Tout se passe au niveau de la pensée. Personne d’autre ne


Chapitre 4 : cinq pas vers l’intimité

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sait ce qui se passe dans notre tête. Et ce mécanisme se répète à longueur de journée ! Il n’est pas étonnant que nous ayons parfois des maux de tête ! En plus de l’analyse et de la gestion des informations transmises par nos cinq sens, le cerveau a la faculté de vagabonder. Tout en accomplissant certaines tâches (surtout si elles sont routinières), par la pensée nous visitons la tour Eiffel, le Mont-Blanc, la Croisette. En quelques millièmes de secondes, nous franchissons les océans. Nous sommes capables de voir des visages et d’entendre des voix, alors que tout se situe dans notre mémoire. L’esprit est aussi rempli de désirs. Le désir nous pousse à mettre en marche la machine à café, ou à téléphoner à une agence de voyage pour effectuer un voyage au loin. Le désir se fonde sur l’idée qu’en obtenant ou en accomplissant quelque chose, je me procurerai du plaisir ou je ferai une œuvre valable. Ces envies ou désirs inspirent en grande partie le comportement humain. Ainsi donc, l’esprit agit toute la journée et tous les jours. Il brasse une quantité phénoménale de pensées. Ce qui est vrai pour vous l’est évidemment pour votre conjoint. Vous vivez chacun dans votre univers. Que vous soyez tous les deux dans la même pièce, ou séparés par des milliers de kilomètres, votre esprit génère des pensées, les analyse, les range. Bref, il ne cesse d’être actif. Si nous voulons parvenir à l’intimité, nous devons accepter de nous faire connaître mutuellement certaines de nos pensées. Il va de soi que nous devons opérer un tri. Il est absurde d’imaginer que nous pourrions discuter de toutes nos pensées ! La vie ne serait pas assez longue. Mais le refus de révéler la moindre pensée à l’autre signifie la mort de l’intimité. Une si grande partie de notre vie se déroule au niveau des pensées que si nous prenons le temps d’en faire connaître quelques-unes, ainsi que notre interprétation des événements de la journée et les désirs


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que nous avons éprouvés, nous goûtons à l’intimité intellectuelle. Quand je parle d’intimité intellectuelle, je ne veux pas dire que les conjoints doivent se lancer dans des discussions de très haute teneur technique ou théorique. Ce qui importe est de discuter de vos pensées. Il peut s’agir de pensées qui s’articulent autour de questions d’argent, d’énergie nucléaire, de nourriture, de santé, de catastrophes. Mais ce sont bien là des choses auxquelles vous avez pensé. Elles révèlent une partie du travail qui s’est opéré dans votre esprit au cours de la journée. Quand deux esprits se rencontrent, ils aménagent un espace d’intimité intellectuelle. La façon de voir les choses de l’un ne correspond pas à celle de l’autre, et les deux conjoints ne portent pas le même regard sur les expériences vécues ; c’est d’ailleurs là toute la richesse du partage et le bienfait de l’intimité intellectuelle. Nous avons le plaisir d’apprendre en partie ce qui s’est tramé dans l’esprit du conjoint. Telle est l’essence de l’intimité intellectuelle.

Permettre à l’autre d’entrer dans votre univers  – Comprendre l’intimité émotionnelle Les sentiments sont notre réaction émotionnelle spontanée aux informations captées par nos cinq sens. En apprenant que l’enfant d’un ami est malade, je suis triste. En voyant passer le camion des pompiers dans la rue et en entendant la sirène, je suis préoccupé. Posez tendrement votre main sur mon bras, et je me sentirai aimé. En vous voyant sourire, je me sens encouragé. Tous les jours et à longueur de journée, la vie est remplie d’émotions. Vous glissez une pièce de monnaie dans le distributeur automatique de boissons, mais rien ne sort. Vous éprouvez des émotions ! Vous apprenez qu’il y aura une réduction de personnel dans l’entreprise qui vous em-


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ploie ; aussitôt, des sentiments vous envahissent ! Votre femme vous téléphone pour vous annoncer qu’elle a enfin obtenu le poste qu’elle espérait avoir. Votre jeune enfant se met à argumenter avec vous. Dans tous ces cas, vous ressentez quelque chose, mais personne ne voit vos émotions. Un observateur extérieur peut constater que votre comportement est motivé par vos émotions, mais à proprement parler, il ne peut voir celles-ci. Il voit votre rire, mais ne connaît pas sa cause. Il peut vous voir froncer les sourcils, mais n’aura au mieux qu’une idée partielle de ce qui vous chagrine ou vous irrite. La communication réciproque des émotions crée une intimité émotionnelle. C’est permettre à l’autre d’entrer dans l’univers intérieur de vos sentiments, accepter de dire : « Je me sens très angoissée en ce moment » ou : « Je me sens très heureux ce soir », ou : « J’ai été très encouragé d’apprendre… », ou : « Hier soir, j’étais très ennuyé à cause de… », ou : « Ma meilleure façon de décrire mes sentiments en ce moment, c’est de te dire que je me sens meurtri par le mal que tu m’as fait ». Ce sont là des exemples de révélation de soi. En prononçant ces paroles, nous affirmons notre volonté d’intimité émotionnelle avec notre conjoint, de lui faire connaître les sentiments qui s’agitent dans notre cœur. Apprendre à parler de nos émotions est l’une des expériences les plus gratifiantes qui soit. Mais la discussion présuppose un climat d’acceptation réciproque. Si j’ai l’assurance que mon conjoint ne condamnera pas mes sentiments, n’essaiera pas de les contrer ni de les changer, je serai beaucoup plus disposé à les étaler. Supposons le dialogue suivant entre la femme et son mari : L’épouse : « Je me sens très déprimée ces derniers jours ».


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Le mari : « Pourquoi devrais-tu te sentir déprimée ? Avec la vie facile que tu mènes, comment peux-tu parler de dépression ? » La prochaine fois, la femme aura bien du mal à engager le dialogue avec son mari sur le terrain des émotions et lui faire part de ce qu’elle ressent. Imaginons une autre réaction de la part du mari : « Cela me fait de la peine. Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? » Si, de plus, il écoute avec attention et bienveillance ce qu’elle révèle de ses sentiments présents, il crée une atmosphère qui encouragera l’épouse à épancher son cœur devant lui. Dans un climat de sécurité, je sais que mon conjoint acceptera ce que je dirai, et ne cherchera ni à me réprimander ni à m’humilier pour ce que je ressens. Il me sera alors facile de vider mon cœur. La communication des émotions positives nous permet de partager nos joies réciproques. Une épouse s’empresse de dire à son mari : « Tu ne peux pas t’imaginer à quel point je suis heureuse ! Je viens de recevoir une lettre de ma meilleure amie du lycée ! J’étais sans nouvelles d’elle depuis des années ! » Si le mari réagit à l’excitation de sa femme en disant : « Effectivement, c’est une excellente nouvelle ! Que te raconte-t-elle ? », et qu’il prête une oreille attentive à sa femme qui lui parle avec enthousiasme de son passé et des souvenirs qui la rattachent à cette amie, les deux époux vivront un moment d’intense intimité émotionnelle. L’intimité se développe aussi dans le partage des émotions négatives. Une femme déclare : « Je crains que nous n’ayons pas de quoi payer le deuxième semestre d’études universitaires de Julie. Cela m’attriste énormément, et je ne sais vraiment pas quoi faire ». Le mari répond : « Je vois effectivement que cette situation te pèse énormément. Voudrais-tu que nous discutions des mesures à prendre ? »


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Les époux aborderont leur situation financière et trouveront peut-être ensemble une idée qui permettra à leur fille de poursuivre ses études. Ce partage des difficultés et des soucis rapproche les conjoints et favorise leur intimité émotionnelle. Le partage des émotions, aussi bien heureuses que malheureuses, est l’un des aspects les plus bénéfiques du mariage. En faisant part de nos sentiments à notre conjoint, nous l’invitons à partager une partie importante de notre vie. Le plaisir partagé est multiplié, la peine partagée est divisée. Des époux qui s’entendent bien ne considèrent pas leurs émotions comme des ennemis, mais comme des amis ; pour eux, la mise en commun des sentiments fait partie du cours normal de la vie.

Partager un vécu – Comprendre l’intimité sociale Avoir une intimité sociale, c’est vivre ensemble certains événements de la vie. Ces événements impliquent souvent la présence d’autres personnes. Il y a des événements que nous partageons à plusieurs, et d’autres que nous partageons à deux. Le développement de l’intimité sociale nécessite les deux types d’expériences. Une grande partie s’articule autour de rencontres qui se produisent tout au long de la journée, de choses que les gens nous disent ou font pour nous, avec nous ou contre nous, de situations qui se présentent de façon inattendue et auxquelles nous sommes bien forcés de faire face. Notre supérieur nous adresse un mot d’encouragement ou nous fait part d’une nouvelle bouleversante. Notre fils revient de l’école avec une note déplorable en mathématiques, et notre fille rentre malade. La vie est faite d’événements routiniers et d’événements inattendus. Beaucoup de ces expériences se vivent alors que les conjoints ne sont pas ensemble. Il


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leur appartient alors de s’informer de ce qui a rempli leur journée. Quand je parle avec mon épouse, c’est notre horizon qui s’élargit. Nous avons le sentiment d’avoir été partie prenante de ce que l’autre a fait ou de ce qui lui est arrivé. Nous sentons que nous formons une unité sociale, et chacun comprend que ce qui est arrivé dans la vie de l’autre est important. Le récit du déroulement de la journée fait évidemment intervenir des pensées et des émotions. Nous nous disons comment nous avons interprété les événements de la vie, et expliquons les sentiments éprouvés à ce momentlà. Cela fait maintenant des années que lors de mes séminaires sur le mariage, j’encourage les conjoints à mettre journellement quelques instants à part pour que chacun puisse indiquer à l’autre trois choses qui lui sont arrivées dans le courant de la journée, et les sentiments qui en ont résulté. Grâce à cette pratique quotidienne, de nombreux couples m’ont fait savoir que ces moments réguliers d’échange marquaient l’apogée de leurs journées, et qu’ils y trouvaient l’occasion d’une réelle intimité sociale. Un autre aspect de l’intimité sociale implique la participation des deux à des entreprises communes. Ils peuvent parfois s’engager avec d’autres gens, par exemple aller au cinéma avec des amis ou assister à une manifestation sportive. Mais dans les activités sociales, les époux ne restent pas forcément spectateurs. Ils peuvent jouer aux boules ou au Scrabble, ou planter un arbre devant la maison. Ils peuvent faire des courses ensemble (ce que certains maris considéreront comme un service rendu). Un pique-nique à la campagne peut ajouter une note de gaieté et d’aventure à une journée maussade. Une bonne partie de la vie se passe à faire quelque chose. En faisant quelque chose à deux, nous ne développons pas seulement notre esprit d’équipe, nous cultivons aussi notre sentiment d’intimité.


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Ce que nous faisons ensemble reste généralement parmi les souvenirs les plus vivants et les plus durables. Un mari et sa femme peuvent-ils oublier le jour où ils sont allés ensemble visiter la baie du Mont Saint-Michel ? Ou le jour où ils ont essayé de couper les poils du chien ? « Tu le tiens, et je coupe ? » Expérience agrémentée de fous rires. Avant la naissance des enfants, ma femme et moi faisions souvent de la luge. Nous avons continué à en faire avec les enfants. Une fois, au beau milieu de la nuit, pendant que les enfants dormaient, nous sommes allés sur la butte toute proche pour faire une partie de luge à deux. Dans une famille où l’amour règne, l’intimité sociale est un art de vivre. C’est un moyen d’évacuer le stress, d’oublier la course contre la montre. Mais il faut évidemment que les deux conjoints consentent des efforts pour se rendre disponibles et faire certaines activités ensemble.

Un couple, sous le regard de Dieu – Comprendre l’intimité spirituelle L’intimité spirituelle est souvent l’aspect le moins cultivé de l’intimité conjugale. Et pourtant, elle a une influence énorme sur les quatre autres domaines d’intimité. Quand j’ai commencé mes études d’anthropologie il y a de nombreuses années, j’ai été fasciné par le fait que partout où nous découvrons la présence de l’homme, celle-ci s’accompagne de la croyance dans un monde spirituel. Peu d’aspects de la culture humaine sont communs à toutes les cultures. La croyance dans un monde d’esprits en est un. Après des années d’études, je suis arrivé à la conclusion que les efforts déployés par l’homme pour ne pas tenir compte de la réalité de sa nature spirituelle, ou pour la nier, sont vains. L’engouement actuel pour toutes sortes de spiritualités prouve que l’homme occidental postmoderne est encore en quête de son âme.


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Ma conviction personnelle est la suivante : quand l’homme s’est détourné de la foi chrétienne dans sa quête d’illumination, il a renoncé à s’abreuver à la source de la vérité spirituelle. Depuis de nombreuses années, je me désaltère à cette source et puis témoigner qu’elle n’a rien perdu de sa fraîcheur. J’y puise ma sérénité. Puisque le mariage réunit deux individus cherchant à créer une intimité entre eux, leurs perceptions et leurs expériences dans le domaine spirituel méritent d’être discutées ensemble. L’idée qui veut que la religion soit quelque chose de tout à fait personnel qui ne se discute pas ressemble à celle qui prétend que les sentiments sont personnels et échappent à toute discussion. Si pour quelque raison que ce soit, nous refusons catégoriquement de parler de nos perceptions spirituelles, nous supprimons tout un pan de notre nature humaine et limitons l’intimité conjugale. L’intimité spirituelle n’exige pas l’unité de croyance dans tous les détails. Comme dans les autres domaines de l’intimité, nous cherchons à dire à l’autre ce qui se passe au plus profond de nous-mêmes. Lorsque nous parlons de nos pensées, de nos émotions et de nos expériences à notre conjoint, nous lui faisons part de choses dont il n’aurait jamais eu connaissance autrement. Il en va de même à propos de l’intimité spirituelle. Nous disons à l’autre nos pensées, nos expériences, nos impressions, nos interprétations personnelles concernant des sujets spirituels. Le but n’est pas de tomber d’accord, mais de comprendre. Il est évident que si nous partageons les mêmes croyances fondamentales, le niveau de notre intimité spirituelle sera très élevé, mais même dans ces conditions, nous ne partagerons pas forcément les mêmes pensées, les mêmes émotions et les mêmes interprétations à propos de choses spirituelles. L’un pourra avoir longuement médité cette semaine sur l’amour de Dieu, alors que l’autre s’est davan-


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tage senti poussé à réfléchir à la colère divine. L’un essaie de comprendre l’un des aspects de la nature de Dieu, tandis que le conjoint cherche à en comprendre un autre. Si nous sommes disposés à nous ouvrir l’un à l’autre dans le domaine des réalités spirituelles, nous nous enrichirons mutuellement et goûterons une intimité spirituelle plus profonde. L’autre soir, ma femme est entrée en trombe dans mon bureau et m’a dit : « Il faut absolument que je te lise quelque chose ». Elle me lut alors un passage assez long des Misérables, de Victor Hugo. Il y était question de l’évêque de Digne qui discutait avec un homme qui venait d’être relâché après dix-neuf années passées derrière les barreaux. L’homme était bouleversé par l’idée que l’évêque le recevait à sa table, alors que plusieurs hôtels de la ville avaient refusé de lui accorder le gîte et le couvert. « Si vous connaissiez mon nom ! » déclara l’ancien forçat. L’évêque lui répondit : « Je le connais. Votre nom est : « Mon frère ». Mon épouse poursuivit sa lecture sur la manière dont l’évêque avait réagi en face de cet homme qui avait mené une vie si difficile. Puis elle me fit part des pensées et des sentiments que cette lecture lui avait inspirés ; elle me rappela également ce qu’elle avait retiré du spectacle Les Misérables, qu’elle avait vu à New York. Tandis qu’elle parlait et que j’écoutais, nous vivions une intense expérience d’intimité spirituelle. L’intimité spirituelle consiste aussi à discuter ensemble des pensées sur des réalités spirituelles. Patricia a lu le psaume 23 hier matin ; elle a été frappée par la fréquence des pronoms personnels et adjectifs possessifs : « L’Éternel est mon berger : je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans de verts pâturages… » Le soir, elle a fait part à son mari de sa découverte. Il lui a alors raconté son expérience avec un berger en Australie avant leur mariage.


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Ce fut pour tous les deux un heureux moment de communion spirituelle. L’intimité spirituelle ne se développe pas seulement par la communication verbale, mais également par le partage d’expériences. Pierre et Françoise vont régulièrement à l’église ensemble le dimanche matin : « Le fait de participer avec mon mari au culte me communique un sentiment de plus grande intimité avec lui. Nous chantons dans le même recueil ; je l’entends prononcer les mêmes paroles que moi. Nous nous tenons par la main pendant la prière, nous écoutons et prenons des notes pendant le sermon du pasteur. Et sur le chemin du retour, nous nous disons ce qui nous a le plus marqués lors du culte ». Le fait de prier ensemble favorise l’intimité spirituelle. Peu de chose est aussi personnel que la prière sincère. Deux personnes qui s’unissent dans une prière honnête expérimenteront un profond sentiment d’unité spirituelle. Nous sommes rarement plus vulnérables que lorsque nous prions sincèrement l’un avec l’autre. Pour ceux qui se sentent mal à l’aise de formuler des prières en présence de leur conjoint, je suggère de prier en silence. Joignez les mains, fermez les yeux et priez en silence. Mais lorsque vous avez fini, dites : « Amen » à haute voix. L’autre saura ainsi que vous avez terminé votre prière. Même si aucune parole audible n’est sortie des lèvres des conjoints, il se sera établi entre eux une réelle intimité spirituelle.

« Une seule chair » – Comprendre l’intimité physique D’après l’écrivain et humoriste Garrison Keillor, l’une des grandes joies de la vie est de manger du maïs tendre encore frais. Il a déclaré : « En fait, il y a quatre grandes sources de joie dans la vie. La première est la connaissance de Dieu ; la deuxième est la joie d’apprendre ; la troisième


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est celle que vous pensiez être la première ; et la quatrième celle de manger du maïs tendre encore frais ». Que l’intimité sexuelle figure au premier rang ou au troisième, elle est certainement parmi les intimités les plus généralement désirées dans le mariage. Parce que les hommes et les femmes sont sexuellement différents (vive la différence !), nous parvenons à l’intimité sexuelle de façon différente. Pour le mari, ce qui compte surtout, ce sont les aspects physiques de l’intimité sexuelle. Il porte son attention sur la vue, le toucher, le préambule et l’acte sexuel proprement dit. L’expérience est excitante, exaltante, épanouissante ; beaucoup d’hommes estiment que c’est le plus grand plaisir physique au monde. De son côté, la femme parvient à l’intimité sexuelle par son aspect émotionnel. Elle trouve sa plus grande joie dans le fait qu’elle se sent aimée, entourée d’attentions, admirée, appréciée et traitée avec tendresse. Si l’acte sexuel est précédé de paroles valorisantes et de marques d’amour, bref si la femme se sent vraiment aimée, alors l’expérience sexuelle n’est que le prolongement du plaisir émotionnel. Elle jouira de l’orgasme, mais elle ne vit pas pour ce moment. Son plaisir découle plutôt de l’intimité émotionnelle qu’elle ressent avec son mari dans le rapport sexuel. L’intimité sexuelle suppose que les deux époux comprennent leurs différences et en tiennent compte. Le mari doit apprendre à combler le besoin de tendresse de sa femme, et celle-ci doit accepter l’aspect physique de la sexualité de son mari. Si les époux s’efforcent de faire de l’expérience sexuelle un acte d’amour réciproque et prennent le temps d’apprendre à se procurer du plaisir l’un à l’autre, ils parviendront à l’intimité sexuelle. Mais s’ils obéissent seulement à l’instinct naturel, ils éprouveront de la frustration dans leur vie sexuelle.


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Les différences existent aussi sur le plan de l’excitation. L’homme est excité par la vue. Le simple fait de voir sa femme déshabillée dans la pénombre de la chambre à coucher provoque une érection. (Mes amis les hommes, je suis navré, mais notre femme peut nous voir nus sans que cela ne l’émeuve et ne suscite une envie sexuelle !) La femme est davantage excitée sexuellement par le toucher, les paroles valorisantes et les gestes attentionnés. C’est pourquoi de nombreuses épouses déclarent : « La relation sexuelle ne commence pas dans la chambre à coucher, mais dans la cuisine ; elle ne débute pas le soir, mais le matin ». La manière dont elle est traitée en actes et en paroles pendant la journée a de profonds effets sur son excitation sexuelle. Il va donc de soi qu’on ne peut dissocier l’intimité sexuelle des intimités émotionnelle, intellectuelle, sociale et spirituelle. Nous les avons dissociées pour les besoins de l’étude, mais dans le contexte des relations humaines, on ne peut pas les compartimenter. Nous n’atteindrons pas l’intimité sexuelle si nous ne recherchons pas l’intimité dans les autres domaines de la vie. Certes, nous pouvons avoir un rapport sexuel, mais pas d’intimité sexuelle, c’està-dire le sentiment d’être proches l’un de l’autre, d’être un, et de goûter la jouissance mutuelle. La Bible dit que lorsque l’homme et la femme ont un rapport sexuel, ils deviennent « une seule chair ». Cela ne veut pas dire qu’ils perdent leur identité, mais que dans le rapport sexuel, leurs deux êtres se fondent d’une manière satisfaisante pour les deux. Il ne s’agit pas simplement de la fusion de deux corps faits l’un pour l’autre, mais d’une fusion intellectuelle, émotionnelle, sociale et spirituelle. L’acte sexuel est l’expression physique de l’union intérieure de deux vies. Dans les écrits sacrés hébreux anciens et dans les écrits grecs de l’Église primitive du premier siècle, le rapport sexuel était réservé au mariage. Les au-


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teurs inspirés ne condamnaient pas les relations sexuelles hors mariage de façon arbitraire ; ils les dénonçaient parce qu’elles sont contraires à la vraie nature du rapport intime entre le mari et sa femme. Une expérience aussi profonde qui engage si fortement deux êtres ne convient pas en dehors d’un engagement d’amour à vie entre eux. Dans une famille en bonne santé, la relation entre le mari et sa femme est incontestablement la plus importante. Et dans cette relation, rien n’est plus important que l’intimité conjugale. L’union sexuelle est l’expression la plus physique de cette intimité. La réussite de l’intimité sexuelle dépend fortement de l’intimité sur le plan intellectuel, émotionnel, social et spirituel.

Intimité conjugale et sécurité familiale Le stress, les temps de séparation, la maladie, le travail, les enfants et les autres préoccupations normales de la vie ont une grande incidence sur le temps et l’énergie consacrés à l’intimité conjugale. Pourtant, dans une famille qui s’aime, mari et femme font tout pour préserver cette intimité et la nourrir. Une telle intimité ne procure pas seulement une profonde satisfaction au couple, mais sert également de modèle pour les enfants du couple. Et ce modèle fait cruellement défaut dans de nombreuses familles contemporaines. Quel jugement notre jeune anthropologue a-t-il porté sur notre intimité ? Qu’en a-t-il aperçu ? Nous n’avons évidemment pas invité Jean à partager notre chambre à coucher, mais il nous a parfois surpris en train de nous embrasser sur le canapé. Karolyn était plus démonstrative, plus expansive. Je vous trouvais plus réservé, mais il était évident que vous vous aimiez tendrement. Chacun se sentait en sécurité. Je vous vois encore placer votre bras autour


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66   Une famille qui s’aime d’elle, la toucher affectueusement. C’était pour moi un plaisir de voir à quel point vous étiez bien assortis l’un à l’autre. Parfois, Karolyn faisait mine de vous résister, mais elle cédait, car elle vous aimait passionnément et de tout son cœur, comme vous, de votre côté, vous l’aimiez ardemment. J’ai toujours senti un grand respect l’un pour l’autre. Il était manifeste que vous la respectiez beaucoup, car vous l’écoutiez, vous la laissiez parler sans l’interrompre ; vous agissiez de même avec moi. Je pense aussi que vous étiez transparents. Vous étiez honnêtes, pour avoir tiré les leçons des moments difficiles que vous aviez connus autrefois. C’était très encourageant pour moi.

Jean s’est parfois porté volontaire pour faire du babysitting afin que Karolyn et moi puissions sortir ensemble. Nous nous efforcions toutefois de ne pas profiter de sa disponibilité, car nous savions que ce n’était pas pour cela qu’il avait demandé à vivre avec nous ! À d’autres moments, nous emmenions les enfants avec nous pour une promenade dans un parc proche. Tout en déambulant dans les allées, Karolyn et moi échangions nos pensées, nos sentiments et nos expériences de la journée. Nous avions pris l’habitude de coucher les enfants à huit heures et demie du soir, ce qui nous laissait du temps pour nous deux. Nous faisions notre possible pour prendre ensemble le repas du soir. C’était l’occasion pour chacun de dire ce qu’il avait fait durant la journée. Jean participait pleinement à cet échange. Après le départ de Jean et l’entrée de nos enfants dans l’adolescence, nous avons maintenu cette tradition, même s’il fallait jongler pour conduire les enfants à leurs différentes activités extrascolaires. Cela nous obligeait parfois à avancer l’heure du souper à 16 heures, et parfois à la repousser jusqu’à 22 heures. Pour nous, c’était une question de principe ; c’était la vie de famille sous l’un de ses plus beaux aspects. Nous pouvions ainsi répondre aux besoins intellectuels, émotionnels et sociaux de cha-


Chapitre 4 : cinq pas vers l’intimité

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cun. Maintenant que les enfants sont adultes, lorsqu’ils viennent occasionnellement nous rendre visite, le souper reste le moment privilégié pour nos échanges. Nous pouvons rester assis des heures à parler de choses et d’autres. L’intimité entre le mari et sa femme imprègne le reste des relations familiales. Si l’intimité fait défaut entre les époux, les relations entre parents et enfants seront faussées ainsi que celles entre frères et sœurs. Dans une famille en bonne santé, les époux accordent la priorité à la relation conjugale, sachant que celle-ci ne répond pas seulement à leurs propres besoins, mais qu’elle garantit la plus grande sécurité émotionnelle aux enfants. C’est parce que je suis pleinement convaincu du bien-fondé de ce principe que je consacre mon temps et mes forces à servir les enfants de ma génération en aidant leurs pères et leurs mères à consolider l’intimité de leurs mariages.



Troisième partie : des parents qui guident

T R O I S I È M E

P A R T I E

Des parents qui guident

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Chapitre 5 : parler, faire, aimer

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Parler, faire, aimer Dans une famille en bonne santé, les parents prennent à cœur leur responsabilité de guider leurs enfants, les enseigner, les former, et, oui aussi, de les discipliner. Dans le monde grec antique, deux mots servaient à décrire le rôle des parents : l’enseignement et la formation. En grec, le terme enseignement était nouthesia et signifiait littéralement « ancrer dans la pensée » ; c’était la fonction de l’instruction verbale. Le mot formation, en grec paideia, est rendu parfois par « élever, nourrir » ou par « corriger ». Chez les Grecs, la formation impliquait toujours l’action, dans ses aspects positifs et négatifs. « Élever » un enfant pouvait impliquer étreintes et baisers, tandis que « corri-


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ger » un enfant pouvait signifier l’arracher physiquement du danger. L’emphase de l’un et de l’autre était toujours sur la nécessité d’agir. Tous les parents vous le diront : savoir quand recourir à ces différentes méthodes éducatives n’est pas toujours facile. Certains parents se sont promis de toujours tout expliquer à leurs enfants, et de ne jamais leur répondre : « Parce que c’est comme ça ! » Leur devise semble être : « Parlons-en ». D’autres engagent avec l’enfant un monologue, en lui délivrant un sermon ; quelques-uns insistent sur les vertus du dialogue, ce qui leur permet de connaître les pensées de l’enfant et de ne pas simplement lui communiquer les leurs. Mais dans tous ces cas, l’accent porte toujours uniquement sur la parole. Ils sont forts pour raisonner et argumenter, et veulent pouvoir répondre à tous les « Pourquoi ? » de l’enfant. Ils croient à la philosophie qui prétend que si l’enfant comprend la raison des règles imposées par les parents ou la raison de leurs requêtes, il s’y plie plus facilement. Certains des parents qui ont adopté cette pédagogie le font par réaction aux abus physiques disciplinaires de leurs propres parents à leur égard. Ils se sont promis de ne jamais traiter leurs enfants comme euxmêmes l’ont été. Cette pédagogie qui porte toujours uniquement l’accent sur la parole a un côté négatif. Si l’enfant n’obéit pas à des paroles calmes et logiques, les parents finissent par crier, hurler, et menacer verbalement l’enfant pour le ramener dans le droit chemin. Les enfants ont alors euxmêmes tendance à élever la voix, et le foyer devient un champ de bataille ; le vainqueur est généralement celui qui crie le plus fort et le plus longtemps. Une autre catégorie de parents privilégie l’action au détriment de la parole. Leur slogan est : « Agissons d’abord, parlons plus tard ». Mais pour beaucoup, il n’y a


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jamais de « plus tard ». Quand l’enfant se conduit mal, ils l’attrapent par les épaules et le secouent violemment, lui flanquent une paire de claques, le remettent dans la chaise et lui interdisent de pleurer. Leur devise est toujours : « Les actions ont plus d’impact que les paroles ». L’enfant doit être remis en place. Ils pensent que s’ils ne le corrigent pas sévèrement, il leur échappera. Ce sont ces parents qui se rendent parfois coupables de violence physique envers leurs enfants. Puisque l’enfant ne réagit pas positivement à leurs actions, ils utilisent des moyens de plus en plus violents et finissent par commettre des actions qu’ils n’auraient jamais imaginées. Dans une famille en bonne santé, les parents équilibrent les paroles et les actions. Ils prennent le temps de bien expliquer les règles et les peines qui suivent les désobéissances aux règles. Ils prennent le soin d’appliquer les corrections avec amour. Une fois cet équilibre atteint, celui-ci protège les parents contre les risques de déraper vers les abus verbaux – crier, hurler, menacer – ou vers les violences physiques. Ils ont beaucoup plus de chances d’atteindre leur objectif qui est d’aider l’enfant à devenir un adulte équilibré sur le plan émotionnel.

L’amour d’abord Certains d’entre vous se demandent peut-être : « Estil possible que deux parents qui ont une approche très différente en matière d’éducation trouvent un terrain d’entente ? » Nous répondons « oui » sans la moindre hésitation. Dans notre propre famille, nous avons constaté que j’étais personnellement enclin à être un parent calme, ouvert au dialogue, tandis que Karolyn était plus impulsive, et donc plus portée sur l’action. Il nous fallut quelque temps pour nous rendre compte de cette situation, pour analyser nos schémas, et accepter nos tendances person-


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nelles. Une fois ce travail effectué, et après avoir examiné ce qui était le mieux pour nos enfants, nous avons découvert que nous pouvions travailler en équipe, et qu’il était même indispensable que nous le fassions. Nos tendances de base ne changèrent pas, mais nous avons appris à les contrôler. J’appris à agir de façon responsable, et à associer paroles et actes. Karolyn apprit à réfléchir avant d’agir. Dans les chapitres qui suivent, je vous indiquerai certaines idées qui nous ont aidés dans ce processus. Mais d’abord examinons le premier élément essentiel à tous parents qui veulent bien guider leurs enfants. Aucune méthode pédagogique et disciplinaire ne sera efficace si l’enfant ne se sent pas aimé par ses parents. En revanche, s’il se sent aimé, même des méthodes éducatives médiocres feront de lui un adulte équilibré. J’ai lu un jour l’histoire d’un homme ordinaire : il avait une femme, deux fils, une maison confortable, un travail valorisant. Tout allait bien jusqu’à une certaine nuit où l’un des garçons tomba malade. Pensant qu’il ne s’agissait pas de quelque chose de grave, les parents lui donnèrent un cachet d’aspirine et retournèrent se coucher. Durant la nuit, l’enfant mourut d’une crise aiguë d’appendicite. Le chagrin et le sentiment de culpabilité incitèrent l’homme à boire. Au bout de quelque temps, sa femme le quitta. Il se retrouvait seul avec un fils, Matthieu, et sa dépendance à l’alcool. Au fil des années, l’homme perdit son emploi à cause de la boisson ; il perdit aussi sa maison, ses biens et son estime de soi. Il finit par mourir dans une chambre d’hôtel, dans la plus triste des solitudes. Le fils devint cependant un ouvrier hautement qualifié, équilibré, travailleur et généreux. Connaissant les circonstances dans lesquelles il avait grandi, quelqu’un lui demanda un jour :


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— Je sais que vous avez vécu plusieurs années seul avec votre père. Je sais aussi que votre père avait un sérieux problème d’alcool. Comment expliquer que vous soyez devenu un homme si bienveillant, si bon et si généreux ? Le fils réfléchit un instant puis répondit : — Aussi loin que remontent mes souvenirs d’enfant, je me souviens que, jusqu’à l’âge de dix-huit ans, tous les soirs mon père entrait dans ma chambre, déposait un baiser sur ma joue et disait : « Je t’aime, fiston 1 ». L’amour couvre une multitude de péchés. Visiblement, l’amour que Matthieu reçut de son père sur le plan du toucher physique par le baiser et sur le plan des paroles valorisantes remplit son réservoir émotionnel et lui permit de cultiver une vision positive de la vie, malgré les manquements de son père dans d’autres domaines. Malheureusement, des paroles valorisantes et un baiser ne suffisent pas pour que tous les enfants se sentent aimés. Mon livre Langages d’amour des enfants 2 montre l’importance de bien connaître le principal langage d’amour de l’enfant, et de s’en servir régulièrement. Je suis convaincu qu’il existe cinq façons fondamentales d’exprimer l’amour, et que l’une des cinq parle mieux au cœur de l’enfant que les autres. Permettez-moi de les rappeler brièvement.

Premier langage d’amour  – Les paroles valorisantes Le père de Matthieu parlait deux des cinq langages d’amour : ceux des paroles valorisantes et du toucher. Disons un mot du premier. Prononcer des paroles qui mettent l’enfant en valeur et qui soulignent combien il est apprécié, cela fait partie du premier langage d’amour. Voici quelques exemples de paroles valorisantes : « Très bon travail ! », « Merci pour ton aide », « J’apprécie beaucoup ta façon de faire ; je reconnais que tu as travaillé dur », « Tu


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as fait une partie superbe ! », « Tu as l’air costaud ! », « Tu es ravissante », « Je t’aime ». Ces expressions valorisantes sont importantes pour communiquer à tous les enfants le sentiment qu’ils sont aimés, mais pour ceux qui sont particulièrement sensibles à ce langage d’amour, c’est une question de vie ou de mort sur le plan émotionnel.

Deuxième langage d’amour  – Les moments de qualité C’est accorder à l’enfant des moments d’attention non partagée. Pour l’enfant qui est sensible à l’amour témoigné par ce langage, rien ne compte davantage que ces moments d’attention non partagée. Ce temps peut être consacré à la lecture d’un livre, à jouer au ballon, à faire une promenade à vélo, à marcher ou tout simplement à bavarder en se rendant au restaurant. Ces moments lui font sentir combien il est aimé. Dire à un enfant sensible à ce langage : « Je t’aime » sans lui consacrer du temps de qualité lui paraîtra un creux verbiage. Le parent peut être très sincère en prononçant ces paroles, mais elles ne suffisent pas à communiquer à l’enfant l’assurance qu’il est aimé.

Troisième langage d’amour  – Le toucher physique Nous connaissons depuis longtemps la puissance du toucher physique comme moyen d’expression de l’amour. Des études ont montré que des bébés qui sont souvent pris dans les bras ont un meilleur équilibre psychique que ceux auxquels on ne prête aucune attention. Le toucher revêt une grande importance pour tous les enfants, mais encore davantage pour ceux qui y sont particulièrement sensibles. Il faut évidemment modifier la nature du toucher affectif en fonction de l’âge de l’enfant. Embrasser un adolescent devant ses copains peut davantage le gêner


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que lui donner le sentiment d’être aimé. Si le toucher est pourtant le langage dans lequel l’adolescent comprend le mieux l’affection, il le réclamera en l’absence de ses amis.

Quatrième langage d’amour  – Les cadeaux L’échange de cadeaux est une façon universelle d’exprimer l’amour. L’enfant qui a reçu un présent se dit : « Papa (ou Maman) a pensé à moi ». Si, au retour d’un voyage, vous apportez un souvenir à l’enfant, il se dira que pendant votre absence, vous avez pensé à lui. Cela ne signifie évidemment pas que vous devez donner à l’enfant sensible à cette forme d’expression de l’amour tout ce qu’il demande pour qu’il ait vraiment le sentiment d’être aimé. Mais pour qu’il se sente aimé, vous devrez lui faire un certain nombre de cadeaux dans l’année. Inutile de dépenser de grosses sommes d’argent, car c’est l’intention qui compte.

Cinquième langage d’amour  – Les services rendus Les services que vous rendez à l’enfant qui les apprécie à leur juste valeur sont un autre moyen de lui communiquer votre amour. Vous occuper de ses repas, faire sa lessive, le véhiculer, l’aider à faire ses devoirs scolaires, assister à un match de son équipe, tout cela représente pour lui des marques d’amour. Pour l’enfant attentif à cette forme d’expression d’amour de ses parents, ces services rendus sont indispensables à son bien-être affectif. En réparant son vélo, vous faites plus que simplement lui permettre de remonter en selle, vous graissez les rouages avec de l’amour. J’aime beaucoup le concept de « réservoir d’amour » du psychiatre et auteur Ross Campbell 3. Il estime qu’en


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chaque enfant, il y a un réservoir d’amour. Lorsque l’enfant se sent vraiment aimé par ses parents, il se développe normalement et sera ouvert à l’enseignement et la formation de ses parents. Mais si ce réservoir est vide, et que l’enfant ne se sent pas aimé de ses parents, il aura tendance à se rebeller contre toute tentative de ses parents pour le guider et le discipliner. Ce sont là des expressions d’amour qui sont aussi valables les unes que les autres, mais elles ne remplissent pas de la même manière le réservoir d’amour de chaque enfant. Parmi ces cinq langages d’amour, chaque enfant aura un langage « primaire », auquel il est le plus sensible, et un langage « secondaire ». Ces deux langages sont plus importants pour lui que les trois suivants. Si de façon régulière le parent communique à l’enfant son amour dans les deux langages les mieux compris, il est assuré de remplir le réservoir d’amour du petit. S’il ne le fait pas, il a beau exprimer son amour dans les trois autres langages, l’enfant ne se sentira pas aimé. Cela ne suffit pas pour un parent d’aimer son enfant. Il doit aussi se poser la question : « Mon enfant se sent-il aimé ? » Tout conseiller a rencontré des enfants en bas âge ou des adolescents qui se plaignent : « Mes parents ne m’aiment pas. Ils aiment mon frère, mais n’ont pas d’amour pour moi ». Dans presque tous les cas, leurs parents l’aiment sincèrement, mais ils n’ont pas réussi à le faire comprendre à l’enfant parce qu’ils ne le lui ont pas exprimé dans son langage d’amour primaire. L’enfant a donc grandi en ayant son réservoir émotionnel vide.

Découvrez les langages d’amour de vos enfants Comment faire pour savoir quelles sont les expressions de l’amour que l’enfant comprend bien ? Voici trois recommandations. Premièrement, observez comment il


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vous témoigne son amour. Si votre fils répète souvent que vous êtes un bon parent et vous dit qu’il apprécie hautement ce que vous faites pour lui, il est très sensible aux paroles valorisantes. Si votre fille vous couvre de cadeaux qu’elle confectionne elle-même et enveloppe soigneusement, c’est qu’elle-même est sensible aux cadeaux. Si l’enfant vous prodigue ses câlins et se blottit facilement contre vous, dites-vous qu’il aime lui-même être touché affectueusement. S’il est toujours disposé à vous donner un coup de main dans la maison, sachez qu’il est sensible au langage des services rendus. S’il tourne constamment autour de vous, cherchant à jouer avec vous, à lire en même temps que vous, il y a de fortes chances qu’il apprécie avant tout l’amour exprimé par les moments de qualité. Vos enfants vous donnent ce qu’eux-mêmes aimeraient recevoir. Le langage d’amour de mon fils, c’est le toucher physique. Je m’en rendis compte quand il avait quatre ans. Quand je rentrais à la maison en fin d’après-midi, il courait vers moi, sautait sur mes genoux et me décoiffait. Il me touchait parce qu’il voulait être touché. C’est maintenant un adulte, mais quand il vient passer un week-end à la maison et regarde la télévision, couché à même le sol, il suffit que je passe dans la pièce, pour qu’il m’attrape par les jambes. Le toucher physique lui parle fort. Notre fille, en revanche, est sensible aux moments de qualité que nous pouvons lui accorder. Cela m’a incité à marcher plusieurs soirs par semaine avec elle lorsqu’elle allait au lycée, ou à discuter de livres, des garçons et d’autres sujets moins importants. Elle est maintenant médecin, mais quand elle vient nous rendre visite, elle me dit : « Papa, on va faire un petit tour ? » Les moments de qualité correspondent toujours à l’expression de l’amour qu’elle saisit le mieux.


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Mon fils ne venait jamais se promener avec moi. Il disait : « C’est stupide de faire une promenade à pied ! Ça ne mène nulle part ! Si tu veux aller quelque part, prends la voiture ». Ce qui donne à penser à un enfant qu’il est aimé, ne donne pas du tout la même impression à un autre. Il importe donc d’apprendre le premier langage d’amour de chaque enfant, et de s’en servir systématiquement. Vous pourrez alors exprimer de temps à autre votre amour dans les autres langages. Ce sera un plus pour l’enfant, mais il ne faut surtout pas négliger les modes d’expression de l’amour auxquels il est le plus sensible 4. Deuxièmement, observez ce que l’enfant attend le plus de votre part. Cela permet souvent de deviner quel est le langage qui lui communique le plus clairement votre amour. Si au moment de votre départ en tournée, l’enfant vous dit : « Bon voyage, et n’oublie pas de me rapporter un petit souvenir », il vous donne un indice important quant à la forme d’amour à laquelle il prête une grande attention. S’il demande fréquemment : « C’est bien comme ça maman ? », il vous fait comprendre qu’il est à l’affût de paroles valorisantes. Si l’enfant vous supplie de jouer avec lui ou de faire une activité avec lui, vous pouvez en conclure que vous lui communiquerez le mieux votre amour en lui consacrant des moments de qualité. Observez et écoutez attentivement jusqu’à ce que vous voyiez se dessiner les contours de son principal langage d’amour. Une fois que vous avez vu un mode d’expression de l’amour émerger dans la liste de ses requêtes, dites-vous que c’est son premier langage d’amour, et utilisez-le pour faire comprendre à l’enfant que vous l’aimez. Troisièmement, notez les plaintes les plus fréquentes de l’enfant. S’il vous en veut de ne pas jouer plus souvent avec lui, ou s’il vous reproche de ne pas lui avoir rapporté un cadeau, ou de n’avoir même pas remarqué son bon bulletin de notes, il vous fait savoir à quoi il est surtout sen-


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sible en matière d’amour parental. Il manifestera le plus grand mécontentement dans le domaine de son premier langage d’amour. Aussi longtemps que vous n’êtes pas sûr d’avoir découvert les langages primaires et secondaires de vos enfants, témoignez-leur votre affection successivement dans chacun des cinq langages, à raison d’un par mois et observez leurs réactions. Lorsque vous parlerez le premier langage d’amour de votre enfant, il sera plus réceptif à votre enseignement et à votre formation. Il adoptera des dispositions plus positives devant la vie en général et participera davantage à l’harmonie au sein de la famille. En revanche, si son réservoir d’amour est vide, vous le verrez sous son plus mauvais jour !



Chapitre 6 : le défi, enseigner de manière créative

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Le défi : enseigner de manière créative Quel est le parent qui n’a pas été lassé par le flot ininterrompu de comment et de pourquoi jaillis de la bouche de l’enfant curieux de savoir ? Tout enfant est curieux par nature. Malheureusement, beaucoup de parents ont tué cet esprit curieux en répondant : « Pas maintenant » et : « Parce que c’est comme ça » ! Le parent qui enseigne est confronté à une rude tâche : tenir compte du désir naturel de l’enfant d’apprendre, et le faire de manière à maintenir son esprit ouvert pour apprendre tout au long de sa vie. C’est pourquoi j’ai parlé d’un


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enseignement favorisant la créativité. Il faut créer pour cela un climat dans lequel le désir d’apprendre de l’enfant et le désir d’enseigner des parents suivent un rythme normal. L’expérience sera ainsi agréable et profitable autant pour l’enfant que pour les adultes. La joie d’apprendre est une source inépuisable de plaisir pour l’enfant qui bénéficie d’un enseignement qui stimule l’imagination. Le parent chargé de l’enseigner s’efforce de canaliser cette source. Comme parents, nous devons accepter le fait que l’enseignement prodigué à nos enfants dévorera une partie non négligeable de notre vie. L’idéal serait que cet enseignement se pratique de façon constante, sur une base journalière. L’un des grands obstacles auxquels sont confrontés les parents dans leur rôle d’éducateur est celui du temps. Avec une majorité de mères travaillant hors de la maison, des temps de trajets travail-domicile souvent très longs, et les nombreuses exigences du calendrier auxquelles chaque famille doit faire face, le peu de temps qui reste pour l’éducation des enfants rend difficile la recherche de la créativité. Les limites de cet ouvrage ne permettent pas de proposer des solutions précises et spécifiques au problème du temps. Mais j’ai la ferme conviction que nous devons prendre le temps d’instruire nos enfants. Dans notre société, nous ne disposons que de dix-huit années pour conduire nos enfants d’une dépendance totale à une indépendance relative, dix-huit années pour leur transmettre les compétences qui, selon nous, doivent leur servir toute la vie, pour leur communiquer notre savoir et nos valeurs de telle manière qu’ils puissent les évaluer par eux-mêmes et choisir celles qui correspondent à leur propre intérêt. C’est une tâche gigantesque qui nous incombe ; elle mérite que nous lui consacrions le temps nécessaire. Passons en revue quatre domaines particuliers d’enseignement créatif.


Chapitre 6 : le défi, enseigner de manière créative

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« C’est important » Quand vous pensez enseignement, la première idée qui vous vient à l’esprit est peut-être celle de l’instruction. Instruire, c’est utiliser des mots pour communiquer à l’enfant quelque chose que le parent estime important. Il peut s’agir de la transmission de l’histoire et des traditions familiales, de dire ce qui se fait et ce qui ne se fait pas dans la société, de théories et de faits intellectuels, de valeurs morales et spirituelles, de notions touchant à tous les domaines de la vie, qui rendront la vie de l’enfant plus productive et plus intéressante. Le père apprendra à sa fille que dans notre culture, nous roulons à droite, attachons nos ceintures de sécurité et respectons les limitations de vitesse. Il l’assure qu’en se conformant à ces règles, elle augmente ses chances de parvenir à l’âge adulte. Les parents parlent à leurs enfants de sexualité et de santé, des bonnes camaraderies, des limites à se fixer et à respecter, d’animaux et de plantes, d’attitudes et de comportements. C’est ce que les anthropologues appellent le processus d’intégration, qui montre à l’enfant comment vivre en harmonie avec son milieu culturel. Pour cela, il faut lui apprendre certains comportements sociaux, lui transmettre un ensemble d’informations sur lesquelles il pourra construire une vie réussie. Dans notre société, cette tâche n’incombe pas seulement aux parents. L’école, l’église, et d’autres organismes sociaux assument une part de responsabilité dans le développement de l’enfant et l’aident à trouver sa place dans la société. Mais dans notre société extrêmement organisée et de haute technologie, ce sont principalement les parents qui sont responsables de former les enfants en vue d’une croissance harmonieuse pour survivre dans le monde moderne.


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Quand ils pensent à l’instruction, beaucoup voient un maître d’école debout devant ses élèves, en train de leur expliquer comment additionner, multiplier, ou diviser. En réalité, une bonne pédagogie ne se limite jamais à un monologue. Elle inclut évidemment nécessairement une instruction formelle, mais s’enrichit également de conversations avec les élèves, par le biais du dialogue. Nous ne faisons pas que remplir la tête de nos enfants d’un certain nombre de données ; nous entrons en contact avec des personnes qui éprouvent des sentiments, nourrissent des pensées et font des choix. La meilleure façon d’enseigner fait donc intervenir le dialogue entre parents et enfants. Parfois, c’est le parent qui prend l’initiative : « Je voudrais te dire ce que ma mère m’a appris ». À d’autres moments, c’est l’enfant qui interroge : « Pourquoi l’ours hiberne-til ? » Ce sont là deux éléments valables de tout enseignement. Notre défi consiste à rendre l’un et l’autre créatif et original. Si le parent peut noter sur une fiche la maxime ou le principe de vie que sa mère lui a appris et donner la fiche à l’enfant en prenant un moment pour la commenter, l’enfant saisira mieux la valeur des propos de sa grand-mère. Éventuellement, la fillette pourrait même accrocher cette carte à côté de son miroir et apprendre cette maxime par cœur. De cette façon, elle appliquera à sa propre vie les conseils de sagesse de son aïeule.

Un enseignement qui fait partie de la vie Dans le déroulement normal de nos journées, quand trouverons-nous le temps de dispenser un enseignement stimulant ? Difficile de faire mieux que les Hébreux : ils instruisaient leurs enfants quand ils étaient assis à la maison, quand ils voyageaient, préparaient les repas, au moment d’aller au lit ou au réveil 1. L’enseignement ne se limitait donc pas à des moments précis mis spécialement


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à part dans la journée. Il faisait partie de la vie. On peut enseigner chaque fois qu’on est ensemble dans la journée. Karolyn et moi avons beaucoup étudié la vie des anciennes familles juives et avons été fortement impressionnés par la solidarité qui existait entre leurs membres. Nous avons donc pris au sérieux ce modèle parental d’éducation. Dans notre culture contemporaine, pouvions-nous enseigner nos enfants lorsque nous étions assis tous ensemble à la maison, quand nous nous promenions, le soir avant de nous coucher ou le matin dès notre lever ? Nous avons découvert que ces quatre occasions d’enseignement cadraient bien avec notre monde moderne, même s’ils exigeaient un effort soutenu de notre part.

Le matin En préparant le petit-déjeuner pour toute la famille, Karolyn rendait un service très apprécié ; elle ne pouvait donc pas consacrer ce temps à enseigner les enfants (sauf par son exemple de service dans l’amour). Je me chargeais donc de ce rôle. Nous ne consacrions que peu de temps à l’enseignement. À la fin du petit-déjeuner, je lisais un bref passage de la Bible, nous échangions quelques idées sur la leçon qui se dégageait du texte, je donnais l’occasion aux enfants de poser quelques questions ou de faire des remarques. Puis nous avions un petit moment de prière. L’enseignement prenait rarement plus de cinq minutes. Je ne dirais pas que c’était le meilleur moment de la journée pour enseigner, mais il nous donnait l’occasion de nous retrouver tous ensemble autour d’une idée centrale. Nous pouvions ensuite vaquer à nos différentes occupations avec le sentiment d’avoir commencé la journée en tant que famille unie. Si l’esprit de famille est cultivé dès le matin, il nourrit toute la journée la pensée qu’il existe une famille où les membres se retrouvent. Et même si on ou-


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bliait le contenu de la leçon matinale, le simple fait d’avoir été ensemble suffisait à rendre ces moments précieux.

Dans la maison La famille moderne se retrouve-t-elle dans la maison ? Certainement, lorsqu’elle regarde la télévision ou pianote sur le clavier de l’ordinateur. Mais il est bien rare que parents et enfants s’asseyent, les uns pour enseigner, les autres pour apprendre. Nous sommes tous dans la maison, souvent assis, mais nous ne nous parlons pas. Je ne veux pas dire par là que la télévision ou l’ordinateur ne sont pas des outils pédagogiques. Ils peuvent être très utiles, à condition que les programmes soient bien choisis. Autrement, ils risquent de communiquer des leçons que les parents ne jugeraient pas sages. Si ces outils modernes d’instruction ne sont pas utilisés par les parents pour enseigner de bonnes choses, ils risquent d’être des ennemis de la pédagogie familiale et non ses alliés. Dans notre famille, nous prenions le temps de nous asseoir et de bavarder ; parents et enfants échangeaient leurs idées, leurs sentiments et leurs expériences. Cela se passait principalement au moment du repas du soir. Il n’était pas rare que nous restions assis une heure après le souper pour dialoguer. Au fur et à mesure que les enfants grandirent, ces moments s’allongèrent. Lorsqu’ils rentraient de l’université, le week-end, nous arrivions à bavarder pendant trois heures. Leurs amis que nous accueillions souvent avec eux étaient très surpris de voir qu’une famille pouvait rester assise et discuter aussi longtemps. Beaucoup de ces jeunes avaient grandi dans des familles dont les membres n’avaient jamais pris le temps de s’asseoir ensemble pour dialoguer. J’étais encore un jeune père, mais j’avais déjà été frappé par la déclaration du Dr Graham Blaine, un professeur de psychiatrie à l’université de Harvard. Il disait que le


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grand problème avec la télévision n’était pas la pauvreté de ses programmes, mais le fait qu’elle avait supprimé les échanges entre les membres de la famille lors du souper. Quand les gens sont pressés de regarder une émission télévisée, ils mangent à toute vitesse. Ils ne prennent plus le temps de se raconter leur journée, les petits détails comme les grands sujets. Karolyn et moi avons perpétué la tradition des soupers familiaux et nous avons choisi ce moment pour dispenser notre enseignement aux enfants. Ceux-ci ne le percevaient pas comme un temps d’instruction. C’était plutôt un temps de partage, de discussion, d’écoute. Chacun faisait part des événements de la journée, des sentiments qui les accompagnaient, des frustrations ressenties. C’était l’occasion de resserrer les liens familiaux, de prouver que la famille s’intéressait à ce que chacun de ses membres avait vécu durant la journée, aux pensées qui avaient agité l’esprit, aux décisions qu’il fallait prendre. Je dois reconnaître que lorsque nos enfants entrèrent dans l’adolescence, nous avons dû user d’habileté et de fermeté pour maintenir cette bonne tradition. Il fallut prendre le repas tantôt à quatre heures de l’après-midi, tantôt à dix heures du soir ! Il fallait en effet tenir compte des séances d’entraînement de basket, des répétitions de théâtre, des leçons de piano. Mais le jeu en valait la chandelle, et nos enfants conservent un bon souvenir de ces moments de partage.

En voyage Quand Moïse donna ce conseil aux parents hébreux de son temps, les gens se déplaçaient à pied : ils étaient nomades. Aujourd’hui encore, ils sont constamment en mouvement. Autrefois, ils allaient chasser, pêcher ou cueillir des fruits sauvages ; aujourd’hui ils se rendent à des réunions d’affaires aux quatre coins du monde. Seul le moyen de transport a changé. À notre époque, c’est en


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voiture qu’on se rend à l’école, à l’église, au supermarché ou au terrain de sport. Ces déplacements constituent d’excellentes occasions de dialogues entre parents et enfants. Tout en n’étant pas formel et systématique, l’enseignement n’en est pas moins important. C’est souvent en voyage que les enfants posent les questions qui les préoccupent. Parfois, ils cherchent une information. Mais souvent, ils donnent libre cours à leur curiosité et harcèlent les parents de « pourquoi ? ». Les adultes peuvent donc saisir cette opportunité pour souligner les choses auxquelles ils accordent de la valeur, et en discuter avec leurs enfants. Les parents qui n’ont pas établi un système de valeurs qui leur est propre sont souvent embarrassés par les questions de leurs petits, et finissent généralement par ne pas y répondre. En revanche, ceux qui ont des principes auxquels ils tiennent sont parfois enclins à les imposer à leurs enfants et à se montrer dogmatiques et intransigeants. Or, on transmet les valeurs à la génération montante plus facilement par l’exemple et le dialogue que par la contrainte. Laissez vos enfants observer votre façon de vivre ; ils verront tout seuls ce qui a de l’importance pour vous. Laissezles vous interroger et donnez-leur des réponses honnêtes. Ils auront ainsi l’occasion de s’approprier personnellement vos valeurs. En fin de compte, en grandissant, l’enfant pourra rejeter ou accepter vos principes de vie. L’essentiel aura été le dialogue entretenu avec lui. Ces questions se discutent le plus souvent dans le cadre informel de nos déplacements habituels.

Au coucher Dans toutes les cultures, les hommes, les femmes et les enfants dorment. Et dans de nombreuses cultures, les moments qui précèdent le coucher sont perçus comme des instants privilégiés pour enseigner les enfants. Dans le cadre de mes voyages anthropologiques, j’ai pu obser-


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ver les Indiens Tzeltal au sud du Mexique et les Indiens caraïbes sur l’île de la Dominique. J’ai vu des mères cajoler leurs petits enfants devant un feu en plein air et leur chanter des berceuses, une façon de leur transmettre des leçons. J’ai vu des pères rassembler des jeunes enfants autour du feu et leur raconter des histoires de leurs ancêtres. Cela permettait aux petits de s’endormir en sécurité et de rêver aux lointaines années passées. La vie dans le monde contemporain, bien que très différente de celle des tribus autour du feu, offre, elle aussi, d’excellentes occasions d’instruire les petits. Comme les enfants font tout pour retarder l’heure du coucher, ils sont souvent prêts à écouter n’importe quelle forme d’instruction. Les chants, les prières et les histoires sont de merveilleux outils pédagogiques avant l’heure d’aller au lit. Dans notre foyer, Jean fut témoin du rite suivant. Karolyn ou moi, nous nous asseyions avec les deux enfants sur le divan, la télé éteinte (la cheminée allumée en hiver), et nous leur lisions une histoire d’un des nombreux livres que nous avions fini par accumuler au fil du temps. L’histoire était toujours suivie de questions. Celles-ci avaient parfois un rapport avec le récit lu, mais parfois, c’était une question qui avait subitement traversé l’esprit de l’enfant, et qui ne pouvait attendre. Nous avions fixé l’heure du coucher, mais nous acceptions parfois de la repousser un peu si nous estimions le moment favorable pour une leçon importante. Puis, c’était le dernier petit tour dans la salle de bain, le dernier verre d’eau avant de se glisser sous les couvertures. Lorsque les enfants étaient au lit, nous faisions une prière. Les enfants ne se couchaient pas à la même heure. Derek, le plus jeune, se couchait en premier ; Shelley, plus âgée, allait au lit un quart d’heure plus tard. Cela nous permettait de prier séparément avec chaque enfant. Les petits priaient pour Zachée, le chien, pour l’instituteur et


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l’institutrice, et pour bien d’autres sujets qui leur venaient à l’esprit. Shelley ne manquait jamais de prier pour le Dr Al Hood, un médecin missionnaire en Thaïlande. Aujourd’hui médecin elle-même, elle reconnaît que son intérêt et ses prières pour le docteur Hood ont façonné son propre désir de devenir médecin. Assurément, l’heure du coucher est un merveilleux moment où les parents peuvent communiquer de précieuses leçons à leurs enfants. Chaque fois que les parents et les enfants se retrouvent, c’est une occasion à saisir pour enseigner. Une pédagogie innovante met à profit les moments informels, lorsque les parents et les enfants sont réunis, pour partager des idées, faire connaître des sentiments, évoquer des souvenirs, bref pour exprimer tout ce que le parent considère comme important ou ce qui suscite l’intérêt de l’enfant. C’est au parent qu’il appartient de conduire l’enfant dans la magie du dialogue.

Encourager avec créativité C’est le deuxième volet d’une pédagogie créative. Le verbe « encourager » signifie : insuffler du courage. C’est un état d’esprit qui permet à l’enfant d’explorer ses possibilités, de prendre des risques, d’accomplir ce que d’autres estiment impossible. La façon dont les parents éduquent leurs enfants a une grande influence sur eux, car la pédagogie parentale peut les encourager ou les décourager. Dans les familles saines, les parents trouvent le moyen d’encourager fréquemment les enfants par leurs paroles. En tant que parents, nous ne devons pas attendre que l’enfant agisse à la perfection avant de lui adresser des paroles d’encouragement. Des parents craignent qu’en l’encourageant pour un travail qu’ils jugent médiocre, il ne fasse jamais l’effort d’élever le niveau de son travail. C’est


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plutôt l’inverse ! Si vous n’encouragez pas ses efforts imparfaits, l’enfant n’atteindra jamais son plein potentiel. Apprenons à dire des mots d’encouragement pour les efforts de l’enfant, et non pour ses résultats. C’est d’ailleurs ce que nous faisons de façon naturelle quand les enfants sont petits. Rappelez-vous la première fois que votre petit a commencé à marcher ! Il prenait appui sur le divan, et vous étiez à deux pas de lui. Vous lui disiez : « C’est bien ! Vas-y ! Viens vers moi. Essaie. Avance. Tu y arriveras ». Le bambin a fait un pas vers vous, et il est tombé. Que lui avez-vous alors dit ? Certainement pas : « Espèce de nigaud ! Tu ne sais même pas mettre un pied devant l’autre ! » Vous avez plutôt applaudi son exploit en disant : « C’est très bien, mon lapin. La prochaine fois, ça ira encore mieux ». Au bout de quelques jours, l’enfant s’est mis à gambader dans toute la maison. C’est votre encouragement pour les efforts déployés qui lui a donné le courage de recommencer. Combien il est regrettable que nous ne pratiquions plus cette pédagogie positive lorsque l’enfant grandit ! Nous entrons dans la chambre de Marie et constatons que douze jouets sont étalés par terre. Nous demandons calmement à la fillette de les ramasser et de les ranger dans leurs boîtes. Nous revenons cinq minutes plus tard et remarquons que sept jouets ont été remis dans leurs boîtes. Cinq sont donc encore éparpillés sur le sol de la chambre. Nous avons alors le choix entre deux attitudes. Nous pouvons faire des reproches à l’enfant : « Marie, je t’avais dit de ranger tes jouets. Faut-il que j’en vienne à la fessée ? » Nous avons aussi la possibilité d’adopter un autre comportement : « C’est formidable ! Tu as déjà rangé sept jouets ! Je suis certain qu’en un rien de temps, les cinq autres se retrouveront eux aussi dans leurs boîtes respectives ». Des paroles d’encouragement inciteront l’enfant à faire des efforts ; les reproches auront un effet contraire.


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Il y a quelques années, je rendis visite à un garçon de treize ans qui était hospitalisé pour un ulcère à l’estomac. Pour savoir quelle était la dynamique émotionnelle de sa vie, je lui demandai : — Comment ça se passe avec ton père ? — Pas très bien. — Peux-tu me donner des exemples ? — Si je rentre à la maison avec un Bien sur mon bulletin scolaire, mon père me dit : « Tu aurais dû avoir un Très bien. Tu es tout de même plus intelligent que cela ». Si je reviens d’un match de football en ayant marqué un but, il me dit : « Tu aurais dû en marquer deux ». Quand j’ai tondu le gazon, mon père inspecte mon travail et trouve toujours à redire : « Tu as oublié de passer la tondeuse sous les buissons. N’as-tu pas vu les touffes d’herbe en dessous ? » Monsieur Chapman, chaque fois que je fais quelque chose, ce n’est jamais assez bien. Je connais le père de ce garçon. On peut dire que c’est un bon père. Je comprends pourquoi il agissait ainsi vis-à-vis de son fils. En somme, il voulait lui faire comprendre ceci : « Lorsque tu joues au foot, donne-toi à fond. À l’école, fais le maximum. Quand tu fais un travail, faisle aussi bien que possible ». Il se rappelait sans doute les paroles de son propre père : « Une tâche qui mérite d’être faite, doit l’être à la perfection ». Ce père incitait son fils à l’excellence dans tous les domaines de la vie. Or, que percevait le garçon ? « Ce n’est jamais assez bien. » Les paroles bien intentionnées du père étaient une source de découragement pour l’enfant et causaient un profond désarroi émotionnel en lui. Ce n’est pas le jour où l’enfant rentre de l’école avec un Bien qu’il faut lui faire comprendre qu’il vaudrait mieux revenir avec un Très bien. Ce jour-là, il faut le féliciter pour


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son Bien. Quelques jours plus tard, une fois le bulletin ramené à l’école, le parent pourra dire : « Matthieu, tu as obtenu de bons résultats scolaires. Et si tu essayais de revenir avec un Très bien au prochain trimestre ? » Vos félicitations pour ses efforts passés l’encourageront à tenter de faire mieux à l’avenir. Ce n’est pas le jour où l’enfant revient du match qu’il a disputé en ayant marqué un but, après avoir raté d’autres occasions, qu’il faut lui reprocher ses maladresses. Il faut d’abord l’encourager pour le positif accompli. Quelques jours plus tard, le papa pourra prendre le garçon à part et lui montrer avec tact et douceur les erreurs commises au cours du match. Ce n’est pas lorsque l’enfant a fini de tondre le gazon qu’il faut lui faire remarquer sous les buissons les quelques touffes d’herbe qui n’ont pas été tondues. Ce jour-là, il convient plutôt de lui dire : « Sébastien, tu as fait du bon boulot ! La pelouse a tout de même meilleure mine maintenant que tu as passé la tondeuse ! » La semaine suivante, au moment où l’enfant s’apprête à tondre de nouveau le gazon, le père pourra lui dire : « Sébastien, vois-tu l’herbe sous les buissons ? C’est difficile d’y accéder. Tu devras te baisser et passer plusieurs fois la tondeuse, mais je suis sûr que tu y arriveras ». Je vous garantis que l’enfant veillera à ce qu’il ne reste plus d’endroit où la tondeuse ne sera pas passée. Les enfants sont sensibles aux paroles d’encouragement. Elles les poussent à faire mieux. Dans une famille saine, les paroles d’encouragement font partie de la vie. Lors d’un récent déménagement, en fouillant dans de vieilles boîtes, je découvris la lettre suivante que j’avais écrite à mon fils Derek, revenu dépité d’une piètre prestation lors d’un match de basket. Cher Derek, Je sais que tu es rentré très déçu de ton match hier soir. Je te comprends. Car chaque fois que nous restons en deçà de notre niveau habituel, nous


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96   Une famille qui s’aime sommes découragés. Il est toujours dur d’assumer un échec. Je le sais parce que je l’ai vécu moi-même. Ce matin, j’ai réfléchi à quelques personnages bibliques qui, eux aussi, ont connu des déceptions. 1. Ce fut le cas de Joseph lorsque ses frères le vendirent pour être esclave. 2. Ce fut encore son cas, lorsque la femme de Potiphar l’accusa faussement. 3. Je pense encore à Abraham qui mentit en déclarant que sa femme était sa sœur. 4. Et que dire de ce que ressentit Pierre après qu’il eut nié connaître Christ ? Ils ont tous dû éprouver une amère déception à la suite de leurs manquements ou de leur sort injuste. Mais tous sont devenus de grands serviteurs de Dieu. Je sais que tu n’es pas de ceux qui renoncent facilement. Je sais que tu rebondiras et que tu donneras le meilleur de toi-même. Sache cependant que je comprends ton découragement. Je t’aime très fort et suis fier de toi, quelle que soit ta façon de jouer. Tu as du tempérament, et c’est ce qui compte, aussi bien au basket que dans la vie ! Ton père qui t’aime…

Qu’elles soient orales ou écrites, les paroles d’encouragement continuent de vivre dans l’esprit des enfants longtemps après que les parents les ont oubliées.

Corriger avec créativité Dans une famille qui s’aime, les parents n’hésitent pas à corriger si nécessaire. Mais il importe que la correction soit donnée dans un but positif et de manière créative. Rappelons-nous que notre objectif est d’enseigner dans le but de stimuler l’appétit de l’enfant. Nous voulons lui communiquer le goût d’un comportement positif. La correction comporte deux volets : un volet négatif et un vo-


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let positif. Examinons d’abord la correction donnée sous l’angle positif. Assurons-nous d’abord de ne pas corriger un comportement qui n’a pas besoin de l’être. Dans notre pédagogie, il nous arrive parfois de freiner la créativité au profit de la conformité. Est créatif celui qui a le merveilleux don de sortir des sentiers battus. La créativité nous permet de développer en nous ce qu’il y a d’unique. Elle fait que nous sommes comme des flocons de neige, tous différents, plutôt que comme des gouttes d’eau, toutes semblables. Jordan dessinait des fleurs avec un visage. — Les fleurs n’ont pas de visage, lui dit l’instituteur. — Les miennes si, répondit l’enfant. Cet enfant était créatif. S’il suit les conseils de son instituteur, ses fleurs finiront par ressembler aux fleurs de n’importe qui. Dans une famille saine, nous ne cherchons à corriger que les comportements qui sont destructeurs et nuisibles pour le développement de l’enfant. En aucun cas, nous ne devons corriger ses élans uniques de créativité. Les parents feraient bien de se poser la question : « Le comportement que je suis sur le point de corriger chez mon enfant est-il nuisible ? Compromet-il son avenir si je n’agis pas ? » Si la réponse est affirmative, la correction est justifiée et de mise. Si vous n’êtes pas sûr de la réponse, ou si elle est négative, vous devez étudier plus à fond le comportement de l’enfant. Trouvez une occasion pour encourager le développement de la créativité et de l’imagination. Ainsi, l’instituteur aurait pu demander à Jordan qui dessinait des fleurs avec un visage d’expliquer ce que la fleur signifiait. L’imagination de l’élève lui aurait alors probablement permis d’exprimer un message qui en disait long sur ses pensées et ses sentiments, et aurait donné à l’enseignant des renseignements précieux sur ce qui se


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passait dans l’esprit de l’enfant. Les parents sages ont appris que le fait de poser des questions avant de corriger était une bonne précaution. Une fois assurés que la correction est indispensable, nous devons corriger par amour, et non sous l’effet d’une colère incontrôlée. L’amour vise le bien-être de l’enfant et démontre que la correction dispensée est pour son bien durable. Les manifestations de colère incontrôlée ne sont que l’expression de notre propre frustration, et peuvent être très préjudiciables à l’enfant. Je ne dis pas que les parents ne doivent jamais éprouver de colère vis-à-vis de leurs enfants ; ce serait manquer de réalisme. L’irritation est un sentiment qui naît en nous lorsque nous constatons que l’enfant a mal agi, par exemple lorsqu’il refuse de suivre nos recommandations ou qu’il interprète notre « non » ferme comme un « peut-être » qui pourrait même se transformer en « oui » s’il supplie suffisamment longtemps. La colère est une émotion tout à fait normale et souvent saine. Son but est de nous pousser à prendre des mesures constructives. Malheureusement, les parents ne savent pas toujours la gérer, et ils finissent par prononcer des paroles et adopter des attitudes qui sont destructrices. Si vous êtes irrité contre votre enfant et croyez qu’il mérite une correction, vous feriez mieux de repousser votre réaction initiale, de prendre le temps de vous calmer et de réprimander correctement l’enfant par des paroles appropriées et par des sanctions si nécessaire. Par amour, il convient de se poser la question primordiale : « La correction que je m’apprête à infliger concourtelle au bien de mon enfant (ou de la famille, ou de la communauté) ? » C’est cette réalité que l’enfant doit saisir lorsque nous le corrigeons. « Je t’aime énormément. Et j’ai le souci de te voir devenir un adulte responsable. C’est


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pourquoi je ne veux plus te voir faire du vélo sans porter un casque de protection. Tu m’as compris ? » Si, après cette mise en garde sérieuse et affectueuse, vous tendez à l’enfant une coupure de journal montrant un adolescent qui s’est tué en tombant de sa bicyclette, vous l’aurez certainement convaincu à jamais de porter un casque. La correction doit aussi chercher à expliquer. Les paroles cinglantes ne corrigent généralement pas le comportement. Elles incitent plutôt l’enfant à se replier sur lui-même. C’est pourquoi, dès que l’enfant est en âge de comprendre, nous devons nous efforcer de lui expliquer en quoi son comportement est mauvais, et lui donner des instructions claires pour l’avenir. Notre but n’est pas de l’humilier en le traitant de tous les noms, mais de le corriger et le redresser pour qu’il devienne un adulte qui se conduit bien et de façon responsable. Le fait de traiter un enfant d’« idiot » en dit plus sur l’intelligence du parent que sur celle de l’enfant ! Aucun parent sensé ne veut communiquer une telle idée à son petit. Cela ne signifie pas que si nous nous sommes abaissés jusqu’à traiter notre enfant de toutes sortes de noms injurieux, nous soyons à tout jamais catalogués comme des parents indignes. Mais nous devons impérativement confesser notre faute à l’intéressé : « Je suis désolé, je me suis laissé emporter, je n’aurais jamais dû te traiter d’idiot, car ce n’est pas vrai. Tu es très intelligent. C’est moi qui ai manqué de sagesse en utilisant ce mot. J’étais en colère et je ne me suis pas maîtrisé avant de te parler. Je te demande de me pardonner. J’aimerais pouvoir t’aider à prendre des décisions de plus en plus sages et de mon côté, je veux essayer de devenir un meilleur père pour toi ». Ce sont là effectivement les propos d’un père sage. Les enfants sont prêts à pardonner les manquements des parents qui reconnaissent leurs faux pas. Voici le troisième principe inhérent à une correction créative : elle ne doit concerner que le litige présent, et ne


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pas ramener à la surface les erreurs passées. En étalant devant l’enfant toutes ses fautes passées avant d’aborder ce qu’il vient de mal faire, vous lui communiquez le sentiment qu’il est vraiment un raté. Combien de fois le savant Edison a-t-il échoué avant d’inventer l’ampoule électrique ? Pourtant, il ne vient à l’idée de personne de considérer Edison comme un raté, même si ses échecs furent plus nombreux que ses réussites ! Votre enfant est peut-être un savant en herbe. Ne le découragez pas en lui rappelant constamment ses erreurs passées. À l’intention des parents qui ont tendance à être perfectionnistes, j’ajoute cette mise en garde : s’il vous plaît, n’attendez pas la perfection de vos enfants ! Une machine peut fonctionner parfaitement, à condition que l’on respecte tous ses paramètres de fonctionnement, mais votre enfant n’est pas une machine. C’est un être humain, et à ce titre, il est capable du meilleur comme du pire. Les parents ont pour mission d’aider l’enfant à éviter les pièges et les chutes pour atteindre son plein potentiel et tirer le meilleur de lui-même. Nous y parvenons le mieux en n’exigeant pas de lui la perfection, mais en l’encourageant systématiquement à progresser et en le corrigeant chaque fois que c’est nécessaire. Encourager l’enfant à recommencer est beaucoup plus efficace que de lui dire : « Tu as échoué une fois de plus ! Pourquoi ne renonces-tu pas ? » ou : « Laisse-moi le faire à ta place ». En accomplissant les choses difficiles à la place de leur enfant, les parents font de lui un être passif, craintif et résigné. Ils tuent l’esprit d’initiative de l’enfant et sapent son désir d’apprendre. Rappelons-nous que, en tant que parents, nous ne cherchons pas avant tout à ce que la tâche soit accomplie ; notre objectif est de stimuler l’appétit de l’enfant afin qu’il découvre la joie d’apprendre et qu’il puisse ainsi devenir un adulte efficace et productif.


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Si l’enfant est enclin au découragement à la suite d’échecs répétés, ou s’il prend trop à cœur les critiques qui lui sont adressées, les parents ont tout intérêt à lui offrir la biographie de personnages qui ont surmonté de nombreux obstacles avant de connaître le succès. C’est le cas d’Edison, d’Helen Keller, de Bernard Palissy, de Louis Braille, entre autres. L’échec peut être notre allié. Chaque échec nous pousse à tenter une autre voie. Et avec des idées nouvelles, nous nous rapprochons de la vérité. Grâce à ces biographies, le sentiment d’échec de l’enfant peut se transformer de façon positive. Il vaut la peine de prendre régulièrement le temps d’évaluer notre pédagogie disciplinaire à l’égard de nos enfants. Je vous invite à marquer une pose dans votre lecture pour y consacrer quelques instants.

Valoriser avec créativité Le quatrième aspect d’une pédagogie créative consiste à valoriser l’enfant d’une façon qui encourage sa créativité. Il faut distinguer les paroles d’encouragement des paroles valorisantes ; les premières concernent ce que l’enfant fait, les secondes s’appliquent à ce qu’il est. « Je t’aime. Tu es remarquable. Tu as une chevelure splendide. Tu as le regard vif. Tu es grand et charmant. Tu es fort ». Ce sont là des paroles qui valorisent l’enfant. Dans les familles saines, les parents cherchent à donner à l’enfant une bonne estime de lui-même en soulignant les aspects positifs de sa personnalité, de son corps et de son esprit. Valoriser, c’est insister sur le positif. Il ne s’agit pas de passer sous silence les côtés négatifs de sa personne, mais nous les faisons passer au second plan, pour mettre en avant les côtés positifs, de manière à compenser les messages négatifs qu’il entendra de la part de ses pairs ou de son introspection.


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Les enfants d’aujourd’hui se comparent volontiers aux athlètes et aux personnages photogéniques présents partout dans les médias. En les prenant pour modèles, la plupart des enfants se sentent inférieurs. Il est donc du devoir des parents d’aider l’enfant à cultiver une opinion saine et positive de lui-même dans un monde qui exalte les prouesses sportives, artistiques, intellectuelles et laisse les gens ordinaires s’embourber dans un sentiment permanent d’infériorité. En tant que parents, nous devons compenser ce déséquilibre. Une maman demanda à son fils de huit ans : « De toutes les paroles que je te dis, laquelle aimes-tu entendre le plus ? » — C’est quand tu me dis que je suis fort, répondit-il avec un large sourire éclairant son visage. Au cours de cette brève conversation, une mère découvrit la puissance des paroles valorisantes. Les parents qui tiennent à développer chez leurs enfants un esprit imaginatif s’efforceront de souligner leur valeur par des propos valorisants.


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Le défi : enseigner de manière cohérente Dans mes études d’anthropologie, je n’ai jamais vu une seule culture dans laquelle les parents ne sont pas censés fournir des directives pratiques à leurs enfants. La réalité biologique est telle que le petit de l’homme naît pratiquement sans ressources. Livré à lui-même, le bébé mourrait très vite. Il reçoit ses premiers soins de sa maman qui le prend tendrement dans ses bras pour l’allaiter. De nombreuses études et recherches ont montré que les nourrissons qui sont pris dans les bras et bercés acquièrent un sentiment de sécurité plus vite que ceux qui ne


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bénéficient pas de contacts physiques aussi fréquents avec leurs mères. Les parents guident donc l’enfant dès ses premières heures de vie, et dans notre société, ils continueront de le faire au moins pendant dix-huit ans. Nous disposons donc de dix-huit années pour conduire l’enfant d’une dépendance totale vers une indépendance relative. Dans les familles qui fonctionnent bien, les parents reconnaissent et acceptent cette responsabilité. Cet apprentissage de la vie nécessite généralement plus de temps que l’enseignement théorique. Il faut moins de temps pour dire à un enfant comment réaliser une chose que pour lui montrer comment faire, observer ses gestes et lui donner des conseils utiles pour améliorer son travail. Cet apprentissage ne se limite pas à montrer à l’enfant comment lire, écrire, nager, ou monter à bicyclette ; c’est aussi lui apprendre comment réagir à des émotions comme la peur, la colère et la déception. C’est forger son caractère en lui inculquant les valeurs d’honnêteté, de travail et de courage. Si ce rôle est très astreignant pour les parents, il est aussi très gratifiant. La récompense se trouve dans la qualité de la vie que l’enfant mène ; en outre, les bienfaits de cet apprentissage rejailliront positivement sur la société. Comme le Dr Karl Menninger le dit un jour : « Ce que l’on donne aux enfants, ils le redonneront à la société ». L’instruction au sens large dispensée à nos enfants est une tâche noble. Comment nous acquitter efficacement de cette responsabilité ?

Apprendre en regardant les parents vivre Commençons par le commencement. Nos enfants s’inspirent avant tout du modèle que nous leur offrons. Ils observent notre façon d’agir et de vivre. Si ce que nous disons n’est pas en accord avec ce que nous faisons, ils sont


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les premiers à s’en rendre compte et ils ne se privent généralement pas de nous le reprocher. Quelqu’un a dit que jusqu’à l’âge de quinze ans, le garçon fait ce que son père dit ; ensuite, il fait ce que son père fait. Pour la plupart des parents, c’est là une pensée effrayante et merveilleuse à la fois. C’est effrayant de penser à quel point nous avons de l’influence sur nos enfants ; c’est encourageant de se rendre compte qu’en dépit de tout ce que nous savons et ignorons quant à notre rôle de parent, il nous suffit de mener une vie qui mérite d’être imitée pour entraîner efficacement nos enfants dans une direction positive. Abraham Lincoln dit un jour : « Aucun homme n’est pauvre, s’il a eu une mère pieuse ». Ce que nous sommes parle très fort à nos enfants et constitue peut-être la méthode la plus efficace pour les instruire. Permettez-moi d’évoquer un exemple personnel. Pendant toute ma petite enfance, mon père faisait partie de l’équipe de nuit dans une usine textile. Il commençait son travail à onze heures du soir et le terminait à sept heures du matin. Quand je me préparais à aller à l’école, lui se préparait à aller au lit. Mais avant de se coucher, il consacrait régulièrement un moment à la prière. Il s’agenouillait au pied de son lit ou dans la salle de bain. Il avait pris l’habitude de prier à haute voix. Il ne criait pas, mais parlait d’une voix normale et audible. En sortant de ma chambre pour me rendre à la cuisine, je l’entendais souvent prier. Parfois je l’entendais prier pour moi. Je savais que la prière était un exercice qui comptait beaucoup pour lui ; elle devint importante aussi pour moi. Elle prit même tellement d’importance que mes études d’anthropologie, de philosophie et d’histoire, qui ne me laissaient que très peu de temps libre ne réussirent pas à me faire perdre l’habitude de prier, héritée de mon père. Je ne veux cependant pas laisser croire que nos enfants suivront systématiquement notre modèle toute leur


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vie. Le déterminisme ne s’accorde pas avec la liberté humaine. Je dis simplement que notre modèle exercera une grande influence sur le comportement de nos enfants au point qu’ils ne l’oublieront jamais. La question la plus sérieuse qui a jamais traversé mon esprit est celle-ci : « Et si mes enfants me ressemblaient ? » Cette préoccupation m’a souvent facilité la prise de décisions morales difficiles. Je ne prétends pas encore y être arrivé, mais mon but est de vivre de telle manière que je ne serais pas gêné si mes enfants prenaient les mêmes décisions que moi. Il ne faudrait cependant pas croire que les enfants ne peuvent rien apprendre d’un mauvais exemple. Permettez-moi d’évoquer une fois encore un cas personnel. Mon grand-père était alcoolique. Lui aussi travaillait dans une usine textile, mais après plusieurs années d’ancienneté, il fut intégré dans la première équipe, qui travaillait de sept heures du matin à trois heures de l’après-midi. Dans mes souvenirs d’enfant de dix ans, mon grand-père ne travaillait que pour le week-end et que pour la boisson. Tous les vendredis après-midi, il parcourait le petit kilomètre jusqu’à Goat Turners, le lieu de rendez-vous des hommes de son âge. Là il buvait jusque tard dans la nuit, puis il essayait de retrouver le chemin de la maison. Il arrivait souvent qu’une personne du voisinage vienne frapper à notre porte et appelle mon père, pour lui dire que son père était tombé dans le fossé et avait besoin d’aide. À plusieurs reprises, j’accompagnai mon père pour l’aider à tirer grand-père hors du fossé, à le porter sur nos épaules jusqu’à la maison, lui faire prendre un bain et le mettre au lit. Devenu adolescent, je perdis toute envie de consommer de l’alcool. Jamais je n’ai été tenté de boire. Maintenant que je suis un adulte plus âgé, je reconnais que ma décision m’a permis d’économiser une somme colossale au fil des ans et qu’elle a sauvegardé ma vie. Je le


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dois à mon grand-père. Son exemple fut convainquant, et j’en saisis rapidement le message. Vous qui avez grandi dans un foyer où vos parents ne vous ont pas laissé un bon exemple, vous qui avez appris par un article ou l’autre que les enfants d’alcooliques ont plus de chance de devenir alcooliques à leur tour, que les enfants de parents abusifs sont davantage menacés de devenir à leur tour des parents abusifs, prenez courage. La liberté individuelle personnelle est quelque chose de bien réel. Même si vous êtes psychologiquement et physiquement plus enclins à copier le comportement de vos parents, ce n’est pas une fatalité et vous n’êtes pas obligés d’adopter le même style de vie destructeur qu’eux. Votre décision de suivre une autre voie, l’encouragement de vos amis et l’aide de Dieu peuvent vous influencer dans une direction opposée. Bien qu’issu d’une famille à problèmes, vous pouvez devenir un parent tout à fait normal et exemplaire. L’une des caractéristiques essentielles de l’être humain est sa capacité de changer sa façon de vivre. Notre décision de changer d’orientation de vie devient un exemple pour nos enfants. Je me souviens du jour où mon père décida d’arrêter de fumer. Nous étions en train de repeindre une pièce ensemble. Sa toux sèche était devenue un vrai supplice. Il était sur l’échelle et mit sa main dans la poche pour en extraire une cigarette. Mais au lieu de la porter à ses lèvres et de l’allumer, il la brisa et la jeta par terre. Il sortit le paquet encore à moitié plein, l’écrasa entre ses doigts, et le jeta en disant : « J’en ai assez de ces cigarettes. J’arrête de fumer ». Effectivement, il ne fuma plus jamais. Je l’ai toujours admiré d’avoir pris cette décision. Il me montra ainsi que l’être humain détient un réel pouvoir de liberté pour choisir une voie meilleure ; son exemple m’a fortement marqué.


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Apprendre en regardant les parents faire Il n’avait que six ans (je le sais parce qu’il me l’a dit), avec des cheveux blonds et des yeux bleus, et il avait l’air assez excité. Selon toute vraisemblance, son père approchait de la trentaine ou l’avait atteinte depuis peu. Ils étaient seuls au bord du lac avant mon arrivée. Ils ne me connaissaient pas et moi je ne les connaissais pas non plus. Mais Antoine, le petit garçon de six ans, était pressé de me montrer le poisson qu’il avait attrapé et de me dire que son père était en train de lui apprendre à pêcher. L’adulte sourit légèrement ; après m’être extasié devant la prise d’Antoine, je fis le tour du lac. J’avais eu le privilège d’assister à une leçon de choses donnée par un père. On peut apprendre à pêcher à un fils en restant assis dans le salon, mais il est infiniment plus profitable et plus efficace d’aller avec lui au bord d’un étang et lui montrer concrètement comment faire. Les équipes de football passent des vidéos pour connaître la stratégie de l’équipe adverse, mais le vrai jeu s’apprend sur le terrain. C’est en regardant les parents faire le lit ou la vaisselle, laver le sol ou la voiture que l’enfant apprend le mieux. L’éducation que les parents dispensent à l’enfant d’âge préscolaire se fait essentiellement en lui montrant comment faire. Nous lui apprenons à compter les billes ou les pommes en touchant ces objets et en disant à voix haute : « Une, deux, trois… » Il ne faut pas longtemps avant que le petit touche lui-même ces objets en comptant : « Une, deux, trois… » À l’époque de la naissance de notre fille, la tendance voulait que l’enfant sache lire avant d’aller à l’école. Karolyn prépara donc des fiches sur lesquelles elle écrivit les mots orteil, genou, nez, main, porte, pomme, orange, etc. Plusieurs fois par jour, Shelley allait chercher ces cartes et voulait « lire ». En peu de temps, elle finit par reconnaître ces mots qu’elle retrouvait dans les livres


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d’histoire que nous lui lisions le soir, si bien que lorsqu’elle entra à l’école primaire, elle savait déjà lire. Karolyn le lui avait appris en lui montrant concrètement comment. Dans presque toutes les cultures, ce sont les parents qui enseignent aux enfants les aptitudes vitales fondamentales. Ils leur apprennent comment chasser le gibier, planter et cueillir les baies.

Enseigner en associant action et parole E. V. Hill, un pasteur noir d’une importante église dans les environs de Los Angeles, raconta un jour ce qui lui était arrivé lorsqu’il était encore un jeune adolescent. Un soir, il rentra ivre à la maison. En pénétrant dans sa chambre, il vomit par terre, se jeta sur son lit et s’endormit profondément. Sa mère, qui avait vu toute la scène, le laissa dormir. Mais le matin, à l’heure habituelle, elle le réveilla et lui dit : — Lève-toi. Nettoie le sol de ta chambre, lave-toi et habille-toi. Toi et moi, nous partons en voyage. — Mais je ne veux pas partir ! — Je ne te demande pas si tu veux ou non. J’ai dit que nous partons. Mais auparavant, tu dois remettre ta chambre en état et te faire propre. L’adolescent obéit et il fut à l’heure pour partir en voyage avec sa mère. Vers la fin de la matinée, sa mère et lui prirent le métro pour une destination qui lui était inconnue. En sortant du métro, il se retrouva dans un des quartiers mal famés de la ville. Sa mère y venait deux soirs par semaine faire la cuisine pour une organisation en faveur des sans-abri. Beaucoup de gens du quartier la connaissaient donc bien. Tandis qu’elle et son fils marchaient sur le trottoir, les gens la saluaient : — Bonne après-midi, Mama Hill.


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Un homme lui demanda : — Pourquoi êtes-vous si tôt aujourd’hui ? — Aujourd’hui je suis venue avec mon fils. Il s’est mis récemment à boire et a décidé qu’un jour il vivrait ici. Je tenais donc à ce qu’il voie ce coin de la ville pendant qu’il fait encore jour. Le pasteur Hill ajouta : — Ce fut la dernière fois que je bus une goutte d’alcool. Sa mère avait adopté une pédagogie efficace en joignant l’action à la parole. Un grand discours sur les méfaits de l’alcool n’aurait certainement pas eu les mêmes effets. Que nous corrigions le comportement que nous croyons néfaste pour l’enfant, que nous lui enseignions l’histoire ou la morale, les actions associées aux paroles sont toujours plus efficaces que les paroles seules. Imaginons par exemple que vous appreniez à l’enfant l’histoire de son pays et que vous voudriez qu’il connaisse ses racines spirituelles. Vous pouvez lui donner un cours d’histoire ou lui faire lire des livres d’histoire. Mais les leçons ne se graveraient-elles pas mieux dans son esprit si vous vous rendiez à Aigues-Mortes pour visiter la Tour de Constance où Marie Durand passa trente-huit années de sa vie à cause de sa foi et où elle grava les mots « résister » ; ou bien les catacombes où se réunissaient les premiers chrétiens, ou le monument dressé à Genève, à la mémoire des réformateurs ? Et pour lui enseigner les horreurs de la guerre, ne vaudrait-il pas mieux le conduire dans les rues désertes d’Oradour-sur-Glane, ou au Struthof voir les restes d’un camp de concentration ? L’enfant oubliera peut-être les paroles que vous aurez prononcées ou les textes qu’il aura lus, mais ce qu’il aura vu ne s’effacera pas de sitôt de sa mémoire.


Chapitre 7 : le défi, enseigner de manière cohérente

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La combinaison des actions et des paroles est extrêmement efficace dans ce processus de formation de l’enfant. C’est vrai pour acquérir des aptitudes, mais aussi pour forger son caractère. Même en l’absence de tout objectif éducatif précis, le fait d’entreprendre quelque chose avec l’enfant lui apprend la valeur des relations humaines. Dans toute famille qui fonctionne normalement, parents et enfants ont des activités communes. Celles-ci visent parfois un but éducatif, mais à d’autres moments elles ne visent que le plaisir, ce qui ne les empêche pas d’enseigner quelque chose aux enfants. Nous leur présentons dans ces moments-là un modèle d’éducation parentale qui souligne le fait que parents et enfants constituent ensemble une famille. Une famille qui entreprend des actions communes. Ce sera un réel défi pour vous que de faire preuve de créativité pour transformer les moments passés ensemble en occasions d’apprentissage, mais la récompense en vaut la peine. Si vous faites preuve d’imagination, les choses les plus banales et insignifiantes peuvent devenir des expériences agréables d’apprentissage. Une famille me raconta que lorsque venait le moment de faire le nettoyage de printemps, chacun des membres s’imaginait être un employé d’une société de nettoyage professionnel appelé à nettoyer la maison de quelqu’un d’autre. Ils s’organisaient en conséquence et se répartissaient les tâches. Un chef (généralement un parent, mais cela pouvait aussi être un adolescent plus âgé) veillait à ce que le travail soit correctement accompli. À un moment donné, les « ouvriers » marquaient une pause pour que chacun puisse savourer un biscuit ou un morceau de chocolat. Lorsque le ménage était entièrement terminé, tous allaient faire une petite promenade et en profitaient pour se dire ce que la journée de travail leur avait appris sur la vie.


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« Les enfants apprennent souvent ainsi des choses que nous n’avions même pas l’intention de leur enseigner, dit la maman. Par exemple, notre fils de neuf ans nous dit : “J’ai constaté que si personne ne laisse des cheveux dans le lavabo, le travail de celui qui est chargé de le nettoyer en est facilité”. Nous n’avions nulle intention de lui enseigner cette leçon, mais nous sommes heureux qu’il l’ait apprise. Depuis ce jour, il veille à enlever ses cheveux tombés dans le lavabo chaque fois qu’il sort de la salle de bain ». Dans une famille qui s’aime, les parents donnent à leurs enfants des directives depuis l’enfance jusqu’à l’adolescence. L’exemple que nous donnons, intentionnellement ou non, est la méthode pédagogique la plus efficace.

Apprendre à enseigner et former J’entends déjà certains parents reprocher : « Ça suffit. J’arrête. J’en ai assez. Mes parents n’ont pas fait de longues études. Ils se sont contentés de nous aimer, et nous nous en sommes bien sortis. Pourquoi faire tout un plat sur la nécessité de bien enseigner nos enfants ? Ne compliquonsnous pas trop la tâche des parents ? » J’avoue éprouver de la sympathie pour de telles pensées. Mais il existe de très bonnes raisons qui incitent les parents d’aujourd’hui à être plus performants dans leur pédagogie. Autrefois, dans nos pays, la culture était plus homogène ; elle l’est encore dans les civilisations primitives, moins érudites. L’ensemble de la population adoptait pratiquement le même style de vie. Tout le monde avait la même définition du bien et du mal. Les parents, l’école, l’église et le voisinage partageaient la même notion de ce qu’était un bon comportement de l’enfant. Chacune de ces structures épaulait les autres. Si les parents aimaient leurs enfants, pourvoyaient à leurs besoins matériels et physiques, et s’acquittaient de leurs responsabilités naturelles


Chapitre 7 : le défi, enseigner de manière cohérente

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à leur égard, les enfants évoluaient généralement bien et s’en sortaient plutôt bien. L’autorité parentale jouait alors un grand rôle ; les enfants apprenaient à respecter leurs parents et les autres adultes. Comme l’enfant recevait à peu près le même enseignement de tous côtés, il ne lui était pas difficile de le comprendre et de s’en accommoder. Le monde d’aujourd’hui est radicalement différent. Il n’existe plus un système de pensée ou un style de vie sur lesquel toutes les sociétés soient d’accord. Les messages qui sollicitent l’attention de l’enfant sont souvent contradictoires. Le style de vie du voisin de palier, ou même des familles de l’église, peut être très différent de celui de sa propre famille. L’enfant peut donc être plongé dans une grande confusion ; c’est pourquoi les directives parentales sont plus indispensables qu’autrefois. Ce qui est vrai dans toutes les sociétés, c’est que la responsabilité de l’enseignement et de l’apprentissage des enfants incombe principalement aux parents. Même si dans la culture occidentale contemporaine, l’école joue un rôle majeur, je suis d’avis que les parents ne doivent pas abdiquer de leur responsabilité d’enseignants. Qui interprétera les messages que l’enfant capte à l’école, à la télévision, sur Internet, à l’église, dans le voisinage ? Je crois que c’est la responsabilité des parents. Pour ceux qui ont été élevés dans la tradition judéo-chrétienne et qui croient que le décalogue reste le fondement de la morale pour la société, le rôle de parent revêt une importance accrue dans la société pluraliste moderne. Il est donc inévitable que dans le domaine pédagogique, on exige davantage des parents aujourd’hui qu’autrefois. Nous ne pouvons plus nous contenter de faire ce qui vient tout naturellement. L’enfant moderne est trop exposé à des styles de vie dangereux et destructeurs. Si nous aimons véritablement nos enfants, nous sommes contraints de les enseigner et de les former conformément aux principes que nous croyons être vrais.


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Ce chapitre s’adresse donc tout particulièrement à ceux qui veulent améliorer et parfaire leurs compétences dans les domaines de l’enseignement et de la formation de leurs enfants.

Transposer chez soi Je sais que je m’adresse en partie à des gens qui sont hautement qualifiés pour enseigner et former. Certains d’entre vous sont des enseignants chevronnés qui n’ont pas seulement une solide formation universitaire derrière eux, mais aussi plusieurs années de pratique pédagogique dans des établissements publics ou privés. D’autres exercent une profession qui exige de longues études. Si vous avez terminé vos études, vous savez certainement que certains individus sont d’excellents pédagogues et que d’autres, qui pourtant enseignent, ne sont absolument pas doués pour le faire. Un mauvais exemple vous a peut-être appris ce qu’il ne faut pas faire. Quelques-uns d’entre vous exercent une profession médicale ; ils ont derrière eux une longue histoire d’apprentissage par la théorie et la pratique. La plupart de mes lecteurs ont acquis des compétences dans la vie, dont certaines par la voie classique de l’enseignement et de l’apprentissage. Vous avez appliqué un certain nombre de vos capacités dans l’exercice de votre métier, ou dans d’autres relations professionnelles. Ce qui me surprend toujours est le faible nombre de personnes qui se servent chez eux des aptitudes qu’ils ont acquises au-dehors. C’est comme s’ils établissaient une cloison étanche entre le travail au dehors et la vie au sein de la famille. Ils privent celle-ci des richesses de l’autre. À titre d’exemple, j’ai souvent eu l’occasion de m’entretenir avec des cadres supérieurs et des chefs d’entreprises qui ont appris l’art de l’écoute et le pratiquent fort bien dans le cadre de leurs relations professionnelles. Ils savent écouter leurs


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collègues et les clients, et leur dire : « Si j’ai bien compris, vous dites que… » ou : « Êtes-vous vraiment en train de dire que… ? » Ils savent que cette technique est très utile au travail, mais il ne leur est jamais venu à l’esprit de l’utiliser avec leurs enfants. La première chose à faire est donc d’inventorier toutes les compétences d’enseignement et d’apprentissage acquises dans la vie, et les mettre en pratique à la maison, c’est-à-dire en faire bénéficier vos enfants. Qu’est-ce que votre profession ou votre engagement social vous a appris, que vous pourriez transposer pour instruire vos enfants sur le plan théorique et sur le plan pratique ? Je prends un exemple. Beaucoup d’entre vous se servent régulièrement d’un vidéoprojecteur pour expliquer tel schéma ou expliciter tel programme. Avez-vous déjà utilisé ce matériel pour faire comprendre quelque chose à vos enfants ? Vous avez appris que le fait d’estimer les opinions des autres comme valables et dignes d’être prises en considération était un signe de sagesse sur votre lieu de travail. Ce principe ne serait-il plus vrai dans le cadre des relations familiales ? Dans de nombreuses professions, il est courant d’écouter quelqu’un avant de lui répondre, et vous avez appris à le faire. Mais vos enfants ont-ils le sentiment d’être écoutés et entendus ou vivent-ils avec l’idée que pour vous, les enfants sont là pour être vus, mais pas pour être entendus ? Pourquoi ne pas vous asseoir avec votre conjoint et dresser la liste de toutes les aptitudes que chacun de vous a acquises au fil des années, sur la manière de nouer des relations, de communiquer des informations, d’inciter les gens à prendre une décision, d’inculquer des principes, de donner une formation, etc. Faites une liste aussi détaillée que possible de chacune de vos compétences respectives. Puis décidez d’en appliquer une ou plusieurs dans vos contacts avec vos enfants au cours de la semaine qui


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s’ouvre, afin de devenir un meilleur pédagogue ou formateur.

Lancez-vous ! Certains d’entre vous sont de jeunes parents. Vous n’avez pas encore une grande expérience en matière de pédagogie théorique et pratique. Votre métier ne fait pas appel à des compétences facilement transposables à la maison. Vous reconnaissez honnêtement avoir peu d’idées sur la manière dont les enfants apprennent. Vous vous sentez incapables et même effrayés par la tâche qui vous attend. J’ai une bonne nouvelle pour vous : vous pouvez vous faire aider ! Cela demande évidemment du temps et un certain investissement financier, mais des milliers de parents peuvent attester aujourd’hui de l’efficacité des moyens mis à leur disposition pour mieux s’acquitter de leur rôle d’enseignants et d’éducateurs de leurs enfants. Il y a moyen de suivre des cours dispensés par différents organismes laïques ou religieux. Ils permettent aux jeunes parents ou aux parents inexpérimentés de mieux comprendre le développement de l’enfant, de savoir comment l’enfant apprend le mieux, comment se comporter avec des adolescents, etc. La qualité de l’enseignement dépend évidemment de la compétence de l’enseignant et de la philosophie qui sous-tend le cours. Ces cours sont cependant généralement bénéfiques pour les parents. De nombreux mouvements religieux et organisations para-ecclésiastiques proposent aussi des cours semblables, en insistant sur certains aspects particuliers de l’enseignement et de la formation de l’enfant. Ce qui se fait par exemple dans le cadre des classes d’école du dimanche dans les églises peut facilement se transposer à la maison. On tient généralement compte des classes d’âge : enfants d’âge préscolaire, enfants d’âge scolaire, adolescents.


Chapitre 7 : le défi, enseigner de manière cohérente

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Certains cours visent à donner aux parents les moyens de base pour enseigner et former, tandis que d’autres donnent des idées pratiques sur l’art et la manière d’enseigner telle aptitude et de gérer certains problèmes particuliers du développement de l’enfant. Une femme me dit un jour : « Jamais je ne m’étais imaginé que des parents pouvaient rencontrer des difficultés dans l’enseignement de leurs bambins jusqu’au jour où j’ai assisté à une classe d’école du dimanche pour enfants de maternelle. J’ai glané des idées auprès des autres parents et du moniteur, je suis rentrée chez moi, j’ai changé ma méthode et j’ai été émerveillée par les résultats ». C’est dans une classe de ce genre, qui insistait sur le rôle de la musique pour les enfants, que ma femme fut pour la première fois convaincue de la valeur que revêtait la musique comme outil pédagogique. Elle acheta de nombreux disques et notre premier tourne-disque devint le lieu de rassemblement où nos enfants reçurent maints enseignements. Aujourd’hui, les parents possèdent des cassettes et des CDs ; vous pouvez enseigner au moyen d’une saine musique en roulant en voiture au lieu d’écouter des nouvelles déprimantes ou de laisser certaines musiques contemporaines remplir le cerveau des petits. Je puis vous assurer que si, dans un domaine quelconque, vous souffrez d’un manque de formation ou de compétence, il existe quelque part quelqu’un qui peut vous apporter une aide concrète. D’autres parents partagent vos luttes dans le domaine de l’enseignement de vos enfants. Elles ne vous semblent uniques que si vous vous débattez dans votre coin à vouloir instruire vos enfants. Sachez que les universités, écoles bibliques, églises ou groupements d’églises et autres associations comme Famille Je t’Aime (FJA) donnent des cours ou organisent des séminaires à l’intention des parents. Demandez de l’aide ! Et lancez-vous !


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Observer les autres On peut apprendre beaucoup sur la manière d’enseigner et de former les enfants en regardant faire des enseignants et des formateurs. Observez la manière de faire des autres parents. Dans quelque endroit que vous vous trouviez, au supermarché, à la bibliothèque, à l’église, dans un centre commercial ou au restaurant, vous pouvez voir comment des parents réagissent avec leurs enfants. Prêtez attention aux aspects positifs et aux aspects négatifs de ces interactions. Notez vos observations sur un carnet que vous aurez toujours sur vous. Rappelez-vous que vous pouvez aussi tirer des leçons utiles des exemples négatifs. Les lieux évoqués plus haut vous permettent d’observer le comportement des parents vis-à-vis de leurs enfants dans les situations les plus variées. Même si les parents sont toujours en train d’éduquer et d’instruire leurs enfants, ils n’en ont pas toujours conscience. Vous pouvez également apprendre en vous rendant dans des lieux où se pratique un enseignement systématique. Demandez à assister à un cours dispensé dans la classe de votre enfant. Si votre enfant n’est pas encore en âge d’aller à l’école, demandez à accompagner l’enfant d’un(e) ami(e). Observez l’instituteur en action. Prêtez attention aux échanges verbaux entre lui et les élèves. Notez les actions entreprises par l’enseignant. Vous pouvez demander à assister une fois par mois à la classe maternelle que suit votre petit, ou à la classe d’école du dimanche de votre enfant. Si vous êtes encore à l’université ou si vous suivez des cours dispensés par des organismes sociaux dans votre ville, soyez attentif à la façon de faire de vos enseignants. Vous ne pourrez probablement pas transposer intégralement leurs méthodes à votre situation de parent, mais vous pourrez vous en inspirer moyennant quelques modifications et adaptations. Et vous découvrirez certainement


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ce qu’il ne faut pas faire ! L’un de mes souvenirs les plus nets de mes études universitaires concerne un professeur qui s’asseyait à l’extrémité d’une longue table, devant laquelle avaient pris place sept étudiants qui l’écoutaient lire ses notes griffonnées sur un papier jauni par l’âge. Pendant toute la durée du cours, il parlait d’un ton monotone ; au début du cours, il lui fallait souvent cinq bonnes minutes avant de retrouver l’endroit où il s’était arrêté de lire la fois précédente. Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre que ce n’était pas la bonne méthode pour enseigner quoi que ce soit à quelqu’un. Il est intéressant également d’observer les animateurs d’émissions télévisées pour les enfants. Ils disposent certainement d’une gamme plus étendue et plus variée d’outils que vous à la maison, mais vous pourrez certainement apprendre en prêtant attention à leur style d’éducation et à la manière dont ils jonglent avec les mots et les gestes pour inculquer des leçons aux enfants. Certaines émissions de télévision destinées aux enfants permettent de glaner beaucoup d’idées nouvelles et pertinentes. Vous pouvez d’ailleurs inclure certaines de ces émissions instructives et culturelles dans votre propre programme d’enseignement pour vos enfants, mais dans ce cas, faites-le de façon délibérée et n’utilisez pas la télévision comme « baby-sitter ». Assurez-vous de plus que l’enfant tire un réel profit de l’émission. Efforcez-vous de vous renseigner auprès d’autres parents sur leur manière d’enseigner leurs enfants. Si vous avez parmi vos amis personnels des enseignants ou des moniteurs d’école du dimanche, sachez que ceux-ci sont généralement très intéressés à comparer leurs idées à celles des parents pour pratiquer une pédagogie favorisant l’éveil et la créativité de l’enfant. Vous donnerez encore plus de poids à vos observations si vous notez ce que vous voyez et les idées qui vous viennent à l’esprit. Il se peut que


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vous ayez glané une idée intéressante applicable à l’enseignement et à la formation d’un enfant de douze ans, mais le vôtre n’en a que trois. Si vous ne la consignez pas par écrit, elle vous sortira de la tête d’ici à ce que votre petit ait douze ans.

Lire un livre La lecture d’un livre ou la consultation de sites Internet constituent d’autres façons efficaces d’améliorer vos aptitudes en matière d’enseignement et de formation. Il existe une grande quantité de bons ouvrages et sites dans ce domaine. Certains s’appliquent à l’éducation d’enfants d’une certaine tranche d’âge, par exemple les petits de trois à cinq ans. D’autres énoncent des principes plus généraux. Les deux sont utiles. Faites un tour à la bibliothèque municipale ou à celle de votre église ; vous y découvrirez certainement de nombreux ouvrages qui traitent l’un ou l’autre sujet vous intéressant directement. Ils ne sont certes pas tous de même valeur ; c’est pourquoi il serait sage de demander conseil à un enseignant. Il est bien rare que les enseignants ne soient pas disposés à discuter avec les parents d’un sujet qui leur tient à cœur comme celui de l’éducation de leurs enfants. Je mets cependant en garde : ne soyez pas obsédé par la lecture d’ouvrages sur la manière d’éduquer les enfants au point de n’avoir plus le temps de vous consacrer à votre tâche de pédagogue ! J’ai constaté que certains parents sont si soucieux d’apprendre à être de meilleurs parents qu’ils négligent leurs enfants. Au moment où l’enfant quitte le foyer, les parents sont devenus d’excellents pédagogues, malheureusement ils ont laissé passer l’occasion d’enseigner leurs enfants. Il faut donc former les enfants tout en se formant soi-même.


Quatrième partie : des enfants qui obéissent à leurs parents et les honorent

Q U A T R I È M E

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P A R T I E

Des enfants qui obéissent à leurs parents et les honorent



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C H A P I T R E  8

Pourquoi obéir est si important Il était quatre heures et demie de l’après-midi. Mon fils de dix ans et moi étions dans la remise. — Fiston, je suis navré, mais tu ne pourras pas faire du vélo cet après-midi. Tu connais la règle. Chaque soir, il faut que la bicyclette soit mise à l’abri dans la remise. Si un soir tu la laisses dehors, tu es privé de vélo le lendemain. Or hier soir, tu as laissé ton vélo dehors toute la nuit. C’est pourquoi je t’interdis d’en faire cet après-midi. Derek répliqua : — Mais papa, tous mes copains font du vélo cet aprèsmidi. Laisse-moi les rejoindre, et je n’en ferai pas demain.


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— Je comprends fort bien ton envie. Mais rappelle-toi que nous étions d’accord tous les deux d’appliquer le règlement que nous avions établi ensemble, et notamment les conséquences en cas de transgression. Je sais que cela te pèse beaucoup. Tu souffres de ne pas pouvoir faire du vélo avec tes amis, mais il faut absolument que tu apprennes à ranger ton vélo dans la remise chaque soir. J’imaginais Jean, le jeune homme que nous avions accueilli pour un an dans notre foyer en train d’écouter cette conversation. Plusieurs pensées m’assaillirent : Me trouvera-t-il sévère, cruel et inflexible ? Comprendra-t-il que j’aime mon fils, et que je souffre autant que lui de savoir qu’il ne pourra pas faire de la bicyclette avec ses copains ? J’ignorais comment Jean interpréterait ma décision, mais je savais que j’étais en train d’inculquer à mon fils la dure leçon de l’obéissance. Aujourd’hui, cela devient de plus en plus dur pour les parents. La société dans laquelle nous vivons se veut de plus en plus égalitaire, et chacun est censé avoir les mêmes « droits ». Le respect envers l’autorité, que ce soit sur le lieu de travail, à l’école ou à l’église, a laissé la place à une attitude de plus en plus cynique envers les dirigeants. Et par-delà les influences de la société, les parents débordés et fatigués d’aujourd’hui trouvent souvent plus simple de laisser leur petit Jacob ou leur petite Caitlin se coucher tard ou se goinfrer de sucreries. Certains parents, il est vrai, abusent de leur autorité. Toutefois, un plus grand danger réside dans une éducation dépourvue de ces limites dont l’enfant a cruellement besoin. Dans une famille qui fonctionne bien, les parents exercent leur autorité pour le bien de l’enfant. Ils s’engagent à mener une vie hautement morale. Ils défendent les vertus de bonté, d’amour, d’honnêteté, de pardon, d’in-


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tégrité, de travail et de respect d’autrui. Les enfants qui obéissent à de tels parents récolteront les avantages d’une vie vécue sous cette saine autorité.

Amour et obéissance À l’instar d’une société ou d’une nation qui a besoin de règles et de lois pour fonctionner, toute famille doit mettre en place et respecter certaines règles. Notre amour envers les autres, notre souci du bien-être de chacun et notre crainte des conséquences fâcheuses nous motivent à leur obéir. Toutefois, l’obéissance doit s’apprendre. Nous ne naissons pas avec ; au lieu de cela, il semblerait plutôt que nous naissions avec une propension naturelle à mettre les règles à l’épreuve et à franchir les limites établies. Qui n’a jamais vu un bambin de deux ans tendre sa main vers un objet défendu et regarder si ses parents vont réagir ? L’obéissance s’apprend, et elle s’apprend mieux si l’enfant se sait authentiquement aimé de ses parents, quand il est profondément convaincu qu’ils se soucient de son bienêtre. Si l’enfant est persuadé que ses parents ne l’aiment pas, qu’ils pensent avant tout à leur propre intérêt et ont décidé de le rendre le plus malheureux possible, il se soumettra certainement à leur autorité, mais par pure forme, car la révolte grondera en lui. Avec le temps, il entrera en rébellion ouverte contre eux. Pour apprendre l’obéissance, il faut aussi bien se rendre compte que tout comportement entraîne des conséquences. L’obéissance a des effets positifs, la désobéissance des effets négatifs. C’est cette réalité pratiquée de façon cohérente et persévérante qui enseigne à l’enfant la valeur de l’obéissance. Par conséquent, dans une famille où l’amour n’est pas un vain mot, les parents insisteront sur ces deux aspects : d’un côté, ils aimeront l’enfant et feront tout pour qu’il en soit persuadé, de l’autre, ils veille-


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ront à ce qu’il subisse les conséquences de son comportement. Tout cela exige trois choses : d’abord fixer les règles, ensuite prévoir les conséquences (bonnes et mauvaises), enfin appliquer la sanction. Passons en revue ces trois aspects.

Bonnes et mauvaises règles Fixer des règles consiste à dire ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Les règles donnent des directives pour la vie de famille. Il y a certaines choses que nous ne faisons pas chez nous, par exemple : mâcher du chewinggum à table, jouer au ballon dans la cuisine, quitter la maison en laissant des bougies allumées, jouer au football dans la cour. En revanche, voici certaines choses que nous devons accomplir : ranger les outils une fois que nous les avons utilisés, ramasser les jouets quand on a fini de s’amuser, éteindre les lumières quand nous sortons de la chambre, mettre le linge sale dans la buanderie, demander « puis-je sortir de table ? » avant de se lever, appeler ses parents afin qu’ils sachent où je suis. Les consignes sont parfois peu compréhensibles, comme celle-ci par exemple : Toujours éteindre la lumière lorsqu’on quitte la maison, sauf si grand-mère est encore éveillée, si le chien est malade ou si tu sais que ton frère joue dans l’arrièrecour.

Avec une telle règle, le mieux est encore de ne jamais sortir de la maison ! Certaines règles sont implicites, comme celle découverte par cet adolescent de quinze ans qui me dit : — Chez nous, une règle est : Ne pas parler à papa quand il a bu.


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je.

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— Est-ce ta mère qui te l’a enseignée ? lui demandai— Non, je l’ai apprise par expérience, me répondit-il.

Toutes les familles ont des règles, mais elles ne sont pas toutes saines. Voici les quatre caractéristiques des bonnes règles : elles sont délibérées, voulues par les deux parents, raisonnables et connues de tous. Elles sont d’abord délibérées et ont fait l’objet d’une réflexion paisible. Elles ne sont pas le résultat d’un coup de tête. Il faut réfléchir à leur nécessité, à leur but et s’assurer qu’elles visent le bien de tous. Il ne s’agit pas simplement d’avoir une règle parce que c’était le cas dans notre famille d’origine. Ainsi, beaucoup de familles ont décidé : « Chez nous, on ne chante pas à table ». Quand on s’enquiert pourquoi elles ont admis ce principe, on découvre que beaucoup l’ont adopté parce que c’était ainsi chez eux, quand ils étaient petits. Mais demandez : « Qu’y a-t-il de mal à chanter à table ? » Je ne veux pas dire pour autant que c’est une mauvaise règle ou une bonne. Je cherche seulement à savoir pourquoi ces familles ont adopté cette règle, et ce qu’elles cherchent à atteindre par son moyen. Le caractère délibéré de nos règlements nous incite à réfléchir à la pertinence de chacun de ses articles, et ainsi à ne pas devenir victimes d’une vaine tradition. En deuxième lieu, de bonnes règles nécessitent l’accord mutuel du père et de la mère. Chacun des parents a grandi dans une famille différente et était donc soumis à des règles différentes. Je suis enclin à introduire dans ma famille actuelle mes règles d’autrefois, et mon épouse a tendance à faire de même avec les principes auxquels elle était soumise dans sa famille. Si ces règles ne concordent pas, il s’ensuit des conflits. Il faut les gérer comme tous les autres conflits conjugaux. Chacun des conjoints doit écouter attentivement l’autre, examiner ses idées avec di-


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gnité et respect, exprimer honnêtement ses pensées et ses sentiments, et s’ils ne peuvent tomber d’accord, ils doivent se demander : « Sur quoi pourrions-nous nous mettre d’accord ? » Ils rechercheront alors une voie moyenne entre leurs deux propositions inconciliables. Voici un exemple : si j’estime qu’un adolescent de seize ans doit être rentré au plus tard à onze heures du soir, et que mon épouse estime qu’il devrait l’être à dix heures, nous pouvons nous mettre d’accord pour fixer l’heure limite de rentrée à dix heures et demie. Si vous estimez que roter témoigne d’un manque évident de politesse de la part de votre enfant, et que votre conjoint prenne sa défense en disant que c’est mignon après tout, peut-être pouvez-vous convenir de le lui interdire dans la maison et dans la voiture, tout en lui laissant la liberté de roter dans le jardin.

Un examen des règles en usage dans la maison Dans un mariage en bonne santé, il importe que les parents respectent leurs idées mutuelles et qu’aucun n’impose son point de vue à l’autre. Les idées et les sentiments des deux doivent être pris en considération dans l’élaboration du règlement familial. Au fur et à mesure que les enfants grandissent, il est bon de les faire participer à cette élaboration. Il n’est évidemment pas question de leur laisser le dernier mot, mais les parents feront bien de tenir compte de leurs idées et de leurs sentiments. Dans ce processus, les parents n’apprennent pas seulement aux enfants la valeur de l’obéissance, mais ils leur montrent également comment fixer des règles. Troisièmement, les règles imposées doivent être raisonnables et avoir une fonction positive. La question fondamentale qu’il faut se poser est : « Cette règle est-elle bonne pour l’enfant ? Exercera-t-elle un effet bénéfique


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sur sa façon de vivre ? » Voici quelques questions pratiques bonnes à se poser au moment de fixer certaines règles. • Cette règle préserve-t-elle l’enfant du danger ou de la destruction ? • Cette règle lui enseigne-t-elle une vertu, comme l’honnêteté, le travail, la bonté, le partage, etc. ? • Cette règle protège-t-elle les biens d’autrui ? • Cette règle aide-t-elle à mieux gérer les possessions ? • Cette règle apprend-elle à l’enfant à prendre ses responsabilités ? • Cette règle lui enseigne-t-elle les bonnes manières ? En répondant à de telles questions, nous serons plus à même d’établir des règles saines pour la famille. Ces questions expriment justement nos préoccupations de parents. Nous tenons effectivement à préserver nos enfants du danger et de la destruction ; nous ne voulons pas que notre enfant soit renversé par une voiture dans la rue, ni que nos adolescents se droguent. Nous souhaitons enseigner à nos jeunes les vertus auxquelles nous sommes attachés. Nous cherchons à leur inculquer le respect de la propriété d’autrui. C’est pourquoi, en leur interdisant de jouer au ballon dans la cour, nous les empêchons de casser accidentellement une vitre du voisin. Nous leur apprenons à prendre soin de ce qu’ils possèdent. C’est la raison pour laquelle nous avons fixé comme règle l’obligation de rentrer le vélo dans la remise à la fin de la journée. Notre désir est de voir nos enfants devenir des adultes responsables, et cela s’apprend dans l’enfance. Voilà pourquoi la règle qui impose à l’enfant de faire son lit ou de passer l’aspirateur dans sa chambre est raisonnable. Et que


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dire des bonnes manières ? Il est remarquable de constater que les responsables de sociétés et les personnages en vue dans le monde paient les services de gens compétents pour leur apprendre comment se tenir dans les grandes réceptions ! Il faut reconnaître que les bonnes manières se perdent et que le comportement des gens se caractérise plutôt par l’impolitesse et la rudesse. Cela est dû à l’absence d’une bonne éducation à la maison. Aussi longtemps que les parents estimeront que dire « S’il te plaît » et « Merci » sera préférable à « Allez, donne ! » et « Bof ! », il y aura des bonnes manières enseignées à la maison. Quatrièmement, les règles poursuivent toujours un but sain. C’est aussi pour cela qu’elles doivent être énoncées de façon claire. Des parents estiment que leurs enfants savent ce qu’ils doivent faire et ne pas faire, alors que cela ne leur a jamais été clairement expliqué. Lorsque les parents se sont mis d’accord sur une règle imposée, il faut qu’ils en informent toute la famille. Les règles implicites sont souvent injustes. On ne peut attendre d’un enfant qu’il respecte une règle dont il n’a jamais entendu parler. Les parents doivent donc s’assurer que leurs enfants ont bien compris les règles auxquelles ils doivent se soumettre. En grandissant, l’enfant a besoin de savoir le pourquoi de telle ou telle règle. S’il se sent vraiment aimé de ses parents, il reconnaîtra généralement la valeur et le bien-fondé de la règle qui lui est imposée. Lorsqu’ils établissent les règles applicables dans leur famille, les parents ont intérêt à consulter d’autres parents, des enseignants, des membres de leur famille élargie, et à lire des ouvrages ou des revues qui traitent de ces questions. Afin de mettre en place le meilleur règlement possible, les parents ont besoin de beaucoup de sagesse. Les bonnes règles familiales ne deviennent pas la loi des Mèdes et des Perses ! Elles ne sont pas immuables. Si vous constatez que telle règle est nuisible à l’enfant, vous


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devez accepter de la supprimer ou de la modifier. Chez nous, nous avions commencé par interdire le chant à table. Nous nous sommes alors rendu compte que ce principe nous venait tout droit de nos familles d’origine, et qu’il ne cadrait pas avec l’idée que nous nous étions faite du moment des repas. Comme ma femme est musicienne et que moi-même j’apprécie la musique, nous avons rapidement conclu que nous devions abandonner cette règle et permettre à quiconque voulait entonner un chant de le faire (à condition de ne pas avoir la bouche pleine !). Pour évaluer la pertinence de vos règles familiales, commencez par indiquer le nom et l’âge de vos enfants au sommet d’une feuille de papier. Puis, sous chaque nom, énumérez les règles déjà établies et applicables à l’enfant en question. Faites deux colonnes : dans l’une vous indiquerez les règles qui s’appliquent à tous les enfants indistinctement, dans l’autre celles qui concernent plus particulièrement l’enfant désigné, compte tenu de son développement ou de ses centres d’intérêt. Chaque parent fera ce travail et ils fondront ensuite leurs deux listes en une seule. Dites-vous bien que vous n’êtes pas en train d’évaluer les règles établies ; vous en faites simplement l’inventaire. Si les enfants sont assez grands, vous pouvez les consulter et les faire participer à ce travail. Passez en revue chaque règle et demandez-vous :

Répond-elle à une volonté délibérée ? Y avons-nous bien réfléchi ou l’avons-nous adoptée parce que nos parents l’avaient déjà inclue dans leur règlement, ou parce que nous l’avons trouvée dans un livre ? Avons-nous pris le temps de la discuter à fond ? Sommesnous tous les deux d’accord pour lui reconnaître une utilité ? Qu’est-elle en mesure d’enseigner à nos enfants ?


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Bénéficie-t-elle de notre accord mutuel ? L’avons-nous voulue tous les deux, ou a-t-elle été imposée arbitrairement par l’un de nous seulement il y a longtemps ? Si nos enfants sont assez grands, les avonsnous consultés à son sujet ? Croient-ils que c’est un article juste ?

La règle est-elle raisonnable ? A-t-elle une fonction positive ? N’oubliez jamais la question fondamentale : la règle est-elle pour le bien de l’enfant ?

Parents et enfants ont-ils bien compris le sens de cette règle ? Une règle que les parents ont à l’esprit mais qui n’a jamais été abordée ouvertement avec les enfants n’est pas une règle que ces derniers peuvent observer. Si les parents punissent un enfant pour le non-respect d’une telle règle, il aura le sentiment d’avoir été traité de façon injuste.

Quelles sont les conséquences ? Le long de la route, des panneaux indiquent parfois : « Interdiction de déposer des ordures, sous peine d’amende ». Il n’empêche que les lisières de nombreuses forêts sont devenues de vrais dépotoirs. On y voit des carcasses d’appareils ménagers, des papiers, des sacs plastiques, des bouteilles, des chiffons, etc. C’est bien la preuve que les menaces de sanction ne suffisent pas à faire obéir. La transgression des lois civiles entraîne généralement des conséquences négatives. Mais l’un des maux de notre société est que les sanctions pour les méfaits commis sont souvent appliquées trop longtemps après. Les procédures juridiques traînent en longueur, et les sanctions finissent par être dérisoires. À mon avis, ce laxisme des pouvoirs


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publics a favorisé la recrudescence des actes d’incivilité. Pour que les gens soient incités à obéir, il faudrait que les sanctions soient systématiquement appliquées beaucoup plus rapidement. Il en est de même dans la famille. Les enfants apprennent l’obéissance en subissant les conséquences de leur désobéissance. Il faut donc enseigner que la transgression des règles s’accompagne inévitablement de désagréments pour le coupable. Si, en jouant au ballon dans la cour (ce que le règlement familial interdit), l’enfant casse une vitre de la maison de Monsieur et Madame Dupont, il devra leur présenter ses excuses et prendre de son argent de poche pour payer le remplacement de la vitre brisée. Cette expérience incitera désormais l’enfant à jouer au ballon sur le terrain vague plutôt que dans la cour. Chez nous, il était stipulé que les enfants ne devaient pas fumer. Si l’un d’eux était pris avec une cigarette aux lèvres, il devait verser une certaine partie de ses économies à la Ligue contre le Cancer, ramasser cent mégots dans la rue et les jeter à la poubelle, et lire un article présentant les méfaits de la nicotine sur les poumons. Si un jeune conducteur fait un excès de vitesse, ses parents le priveront de l’usage de la voiture de la famille pendant une semaine. S’il recommence, la sanction sera aggravée et il devra se déplacer par un autre moyen pendant deux semaines. Il n’y a pas beaucoup de jeunes qui acceptent d’être privés de voiture si longtemps. Ces exemples vous montrent que les conséquences doivent avoir un lien aussi étroit que possible avec la nature de la transgression du règlement. Il est particulièrement utile de prévoir les sanctions au moment où la famille discute et élabore le règlement familial. Cela permet à l’enfant de savoir d’avance à quoi il s’expose en cas de désobéissance, et évite aux parents de devoir se creuser la


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tête pour infliger une punition à leur enfant. Une punition fixée à la hâte est rarement éducative. Fixer la sanction avant que l’enfant ne viole les règles permet de mieux la proportionner à la faute et de lui donner un caractère pédagogique. Lorsque les enfants grandissent, vous pouvez les consulter sur la nature des sanctions que vous devez leur infliger en cas de désobéissance. Notre fils suggéra que s’il ne ramenait pas le ballon de basket à la maison à la fin de la journée, il lui serait interdit de jouer au basket pendant deux jours. Personnellement, je le lui aurais interdit pendant une seule journée. Mais comme il estimait que deux jours de privation de basket étaient une bonne sanction, j’acquiesçai. Lorsque les enfants participent à l’élaboration des sanctions, ils seront plus disposés à les reconnaître comme raisonnables. Cela ne signifie pas que les parents renoncent à avoir le dernier mot. Si l’enfant suggère une sanction qui n’est pas pénible, il sera tenté de désobéir plus souvent, parce que sa désobéissance ne le fera pas souffrir. Or, l’obéissance s’apprend surtout par les conséquences douloureuses de l’inconduite. Les conséquences de la désobéissance de l’enfant compliquent parfois la vie des parents. Lorsque le jeune homme de dix-huit ans se voit privé d’utiliser la voiture des parents, l’un des parents devra le conduire au lycée ou à l’université, ou à ses activités extrascolaires, une corvée dont le parent était si heureux d’être débarrassé ! Mais c’est dans la nature de la désobéissance d’empoisonner aussi les autres, et non seulement le coupable. Un chauffeur ivre ne se fait pas seulement du tort à lui-même ; il porte souvent atteinte aux biens et à la vie d’autrui. L’une des réalités de la vie est que l’inconduite d’une personne a des répercussions sur la vie des autres. L’enfant qui voit sa mère souffrir des conséquences de sa propre désobéissance sera certainement plus motivé à obéir la prochaine fois, surtout s’il


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se sait et se sent aimé de ses parents. Autrement, il risque d’estimer que sa mère mérite elle aussi de souffrir ; c’est même pour l’enfant un moyen de se venger d’elle.

Et la fessée ? On me demande souvent : « Que penser des fessées pour punir la désobéissance ? » Le châtiment corporel est souvent infligé par des parents qui n’ont pas pris le temps de réfléchir à des sanctions en rapport avec la faute commise. À mon avis, il vaut mieux infliger une sanction qui a un rapport avec la désobéissance. La fessée n’est pas le meilleur moyen de dissuader l’enfant de mal se conduire. Elle reflète souvent plutôt le refus des parents de prendre le temps d’enseigner l’obéissance à leur garnement. Je ne veux pas dire qu’il n’y a jamais lieu de donner une fessée pour sanctionner un mauvais comportement. Il me semble qu’un enfant qui bat physiquement un autre enfant mérite une correction physique à son tour. Il ressent ainsi les souffrances physiques qu’il inflige à l’autre. Une telle fessée ne doit cependant pas être administrée sous le coup de la colère, mais dans le calme et avec amour. L’enfant qui s’est mis à frapper l’autre l’a sans doute fait en ayant perdu le contrôle de lui-même ; il ne faut pas que l’adulte répète la même erreur. L’adulte qui le corrige doit être maître de ses émotions et de ses réactions ; il doit le faire avec amour en faisant bien comprendre à l’enfant coupable que son attitude vis-à-vis de l’autre était inacceptable et entraîne pour lui des conséquences douloureuses. Il est également préférable d’infliger un châtiment corporel s’il a été indiqué comme sanction avant que l’enfant ne se conduise mal. L’enfant doit savoir ce qui l’attend s’il transgresse le règlement. Il doit aussi ne pas douter de l’amour de ses parents, et se rendre compte que la fessée


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n’a pas pour but premier de le faire souffrir, mais de lui apprendre à obéir. La fessée peut aussi être de mise si l’enfant va seul dans la rue, ou s’approche trop près d’un feu ou d’un autre danger physique. S’il n’obéit pas à l’interdiction verbale, alors la fessée lui fera comprendre que chaque fois qu’il va seul dans la rue ou s’approche du feu, il devra souffrir physiquement. À mon avis, le châtiment corporel doit être réservé à des actes de rébellion ou de défiance, et être infligé à l’enfant quand il est encore petit. Donner une fessée à un enfant plus âgé peut le rendre encore plus rebelle, surtout s’il estime qu’il ne méritait pas la fessée. L’essentiel est que la fessée soit administrée avec amour et dans l’intérêt de l’enfant. Malheureusement, la fessée traduit plus souvent la colère mal contenue du parent que la réaction juste et réfléchie à l’inconduite de l’enfant. C’est le moment de nous interroger : « Avons-nous abusé de la fessée comme moyen disciplinaire dans notre famille ? » Si c’est le cas, convenez d’appliquer dorénavant la fessée si vous êtes tous les deux d’accord pour reconnaître qu’elle est, dans la situation présente, le meilleur moyen d’inculquer l’obéissance à l’enfant. Elle sera d’autant plus efficace que vous aurez précisé d’avance dans quel cas il conviendra de l’administrer. Si vous n’avez jamais défini les cas dans lesquels le châtiment corporel s’applique, vous agissez de manière impulsive et constatez que parfois votre conjoint vous désapprouve. Il vaut mieux prévoir ensemble les cas où ce châtiment s’impose et ne pas attendre de se trouver dans le feu de l’action. Une fois que vous avez bien précisé la nature des conséquences que l’enfant devra subir, assurez-vous que tous les membres de la famille les ont bien comprises. Cela rend la sanction disciplinaire plus acceptable pour l’enfant et entraînera moins de conflits entre les


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parents. Vous avez défini le genre de sanction pour telle infraction au règlement ; quel que soit le parent présent à la maison, l’enfant coupable sait qu’il aura la sanction prévue. Lorsqu’une règle familiale a été transgressée et que l’enfant mérite d’être châtié, le parent chargé de le punir devra communiquer une bonne dose de tendresse avant et après le châtiment. Cela se fera d’autant mieux qu’il parlera le premier langage d’amour de l’enfant. Prenons un exemple. Disons que l’enfant a joué au ballon dans le salon, ce qu’il savait être interdit. La sanction prévue dans ce cas est la confiscation du ballon pendant deux jours. De plus, si en jouant au ballon, l’enfant a brisé un objet, il est chargé de payer la réparation ou son remplacement avec son argent de poche. Tristan a enfreint la règle. En jouant au ballon dans le salon, il a brisé un vase. Supposons que le langage d’affection que Tristan comprend le mieux est celui des paroles valorisantes. La maman le prendra à part et lui dira : — Tristan, tu sais que je t’aime beaucoup. En général, tu respectes les règles établies. Je suis fière de toi, de tes résultats scolaires et de ton travail à la maison. Tu fais de moi une mère heureuse. Mais tu sais que si tu ne respectes pas une règle, tu dois en subir les conséquences. Tu connais le règlement et la punition. Je vais donc te confisquer le ballon pendant deux jours. Nous avions décidé que tu devrais payer la réparation ou le remplacement de tout objet brisé par ta faute. Le vase que tu as fait tomber en jouant au ballon dans le salon ne peut se réparer. L’achat d’un nouveau coûte trente euros. Cette somme viendra donc en déduction de l’argent de poche que nous te donnons tous les mois. Je sais que cela t’empêchera de faire ce que tu avais prévu avec ton argent de poche, mais nous devons tous apprendre à assumer les conséquences de nos erreurs.


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— Mais maman, Noël approche ! J’ai besoin de mes trente euros pour acheter des cadeaux, proteste l’enfant. — Mon fils, je te comprends fort bien, et je sais que tu auras plus de mal à acheter tes cadeaux avec ces trente euros en moins. Mais nous nous étions mis d’accord sur les conséquences en cas de désobéissance aux règles fixées. Je dois être conséquente avec ce que nous avions décidé. Sache cependant que je t’aime ; c’est pourquoi il est de ma responsabilité de t’aider à observer le règlement. La maman peut alors s’avancer et donner un baiser à son fils. Si avant de lui appliquer la sanction décidée d’un commun accord et après, le parent exprime son amour pour l’enfant dans le langage que celui-ci capte le mieux, il adopte la façon la plus efficace pour lui enseigner l’obéissance. Même dans les circonstances pénibles pour lui, l’enfant est assuré de l’amour de ses parents. Comparez cette approche avec la suivante : le père entend le vase tomber de son support et se briser en mille morceaux. Il se précipite dans le salon et hurle : « Je t’ai déjà dit mille fois de ne pas jouer au ballon dans le salon. Regarde ce que tu viens de faire ! Ce vase nous a été offert par grand-mère ; il a plus de trente ans, il est donc d’une valeur inestimable. Contemple ton œuvre ! Quand apprendras-tu donc à obéir ? Tu te conduis comme un enfant de deux ans. Je me demande ce que je vais faire de toi ! Allez, disparais de ma vue ». Et au moment où l’enfant passe devant lui pour sortir, le père lui administre une tape retentissante sur les fesses. Laquelle des deux méthodes est plus à même d’enseigner l’obéissance à l’enfant ? Soyez honnête. Quelle méthode se rapproche de votre réaction quand l’enfant a enfreint les règles ? Laquelle estimez-vous la plus productive ? Je pense que la plupart des parents seront d’accord avec moi : la méthode qui consiste à bien expliciter les règles, à indiquer clairement les sanc-


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tions avant que l’enfant ne les transgresse, puis, en cas de désobéissance, à appliquer fermement la sanction prévue en l’ayant fait précéder d’un geste d’affection, est de loin la plus efficace pour enseigner l’obéissance à l’enfant et conserver la santé mentale aux parents.

L’exercice de la discipline Une fois que les règles ont été clairement définies et les sanctions en cas de désobéissance communiquées à l’enfant, il est de la responsabilité des parents de s’assurer que le coupable subira bien la sanction prévue pour son inconduite. Si le parent se montre magnanime et permissif un jour en ne sanctionnant pas une faute, et que le lendemain il fasse preuve d’une sévérité extrême pour la même faute, il se prépare à coup sûr à élever un enfant désobéissant et irrespectueux. Les mesures disciplinaires inconstantes constituent le piège le plus courant dans lequel tombent les parents qui s’efforcent de faire de leurs enfants des êtres responsables. Il faudrait appliquer la sanction aussi près que possible de la faute, mais l’appliquer avec fermeté et amour. « Il y a des jours où je suis fatigué, me dira un parent. Je n’ai alors pas envie de réagir à la désobéissance de mon enfant ». Mais nous sommes tous sujets à la fatigue. Quel parent n’a pas été au bout du rouleau à cause du stress de la vie courante ? Or, rien n’importe plus que nos enfants. Dans les cas de grande lassitude, nous devons puiser dans nos réserves et tout de même réagir avec amour et fermeté à la transgression de nos enfants. Le fait d’avoir clairement fixé d’avance la nature des sanctions en cas de désobéissance empêche que vous soyez sous l’emprise des émotions du moment. Si vous avez déjà décidé quelle serait la punition infligée à l’enfant pour sa désobéissance, votre responsabilité consiste uniquement


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à vous assurer que le châtiment lui est bien appliqué. Vous n’avez pas à décider la punition qu’il mérite : vous mettez simplement en pratique ce qui a été décidé d’un commun accord. Vous n’avez pas besoin de hurler ou de crier après l’enfant, ni de le rosser sous le coup de la colère si vous avez décidé à l’avance des conséquences à prendre. Marie rentre de l’école en fin d’après-midi. Sa mère l’embrasse, lui donne son goûter et l’interroge sur le déroulement de sa journée. Puis elle ajoute : — Marie, tu sais que tu dois faire ton lit et ranger ton pyjama tous les matins avant d’aller à l’école. Or ce matin, ton lit n’était pas fait et ton pyjama traînait par terre. Tu te souviens que nous avions fixé une punition pour cet oubli : la privation de télé le soir. Fais tes devoirs, ensuite joue si tu en as envie, mais sache que tu ne pourras pas regarder la télévision ce soir. Je t’aime, et je sais que tu apprendras très vite à faire régulièrement ton lit et à ranger tes affaires. — Mais maman, ce soir, c’est mon programme préféré. Toutes mes amies en parleront demain à la récréation, et je ne pourrai pas participer à la conversation. S’il te plaît, maman, laisse-moi regarder l’émission ce soir, et je te promets que je ne la regarderai pas demain soir. Allez, maman s’il te plaît ! — Je comprends très bien que tu veuilles voir ton émission favorite, mais je me souviens que nous nous étions mises d’accord sur les sanctions à appliquer en cas de désobéissance. Je regrette, mais tu ne regarderas pas la télé ce soir. La maman reste douce mais ferme, en dépit des supplications de sa fille. Celle-ci se souviendra que ses actions ont des conséquences. Si la maman reste logique avec elle-même et avec le règlement défini, fait preuve d’amour et de fermeté, elle


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constatera rapidement que sa fille fera systématiquement son lit avant de quitter la maison le matin. En revanche, si elle cède ou renonce à faire subir à Marie les conséquences de sa désobéissance, il se pourrait fort bien que lorsque Marie aura quinze ans, ce soit sa mère qui fasse régulièrement son lit et range son pyjama. Cet exemple indique quelles sont les différentes étapes d’une saine discipline appliquée de façon conséquente. (1) Nous exprimons à l’enfant que nous l’aimons et que nous prenons soin de lui. C’est ce que la maman de Marie a fait en l’embrassant à son retour de l’école, en lui donnant un gâteau et en lui demandant des nouvelles de sa journée. (2) Nous indiquons à l’enfant qu’une règle claire a été violée et lui rappelons la sanction qui avait été prévue dans ce cas. (3) Nous veillons à ce que l’enfant subisse les conséquences de sa transgression. Nous écoutons les supplications de l’enfant, mais nous lui répétons qu’il doit assumer les conséquences de sa désobéissance ou de sa négligence. Le fait de punir l’enfant est souvent pénible et douloureux pour le parent. Voici un exemple. Maman et Thomas avaient convenu que si le garçon ne faisait pas ses devoirs scolaires, il n’aurait pas le droit de participer à la séance d’entraînement de basket le lendemain après-midi. Un soir, Thomas néglige de faire ses devoirs d’école. Le père l’informe qu’il sera privé de la séance d’entraînement du lendemain. — Papa, c’est un match important ce samedi. Si je ne participe pas à l’entraînement, je ne serai pas sélectionné dans l’équipe. S’il te plaît, papa, laisse-moi aller à l’entraînement ! — Fiston, je n’y suis pour rien. C’est toi qui t’es mis dans cette fâcheuse posture. Tu connaissais la règle concernant le travail scolaire. Tu avais largement le temps de le faire. Tu as préféré regarder la télévision et jouer avec


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Michel. Je regrette, mais nous étions bien d’accord sur le règlement et sur les sanctions à appliquer. — Papa, tu sais tout ce que cela représente pour moi. Interdis-moi les séances d’entraînement de la semaine prochaine, mais pas celle de demain ! S’il te plaît ! Que devrait faire tout père ? La réponse est simple mais pas facile. Soyez gentil, aimable, mais ferme. Le fait de rater le match ne supprime pas les chances de votre fils de faire partie de l’équipe universitaire quelques années plus tard, mais il lui fera certainement mieux prendre conscience des conséquences douloureuses entraînées par la désobéissance. Voilà ce qui pousse l’enfant à choisir la voie de l’obéissance. De telles sanctions doivent toujours être appliquées dans un esprit d’amour. Le parent directement concerné doit rester maître de lui-même, et ne pas se laisser entraîner à hurler et à crier. Il doit plutôt faire comprendre qu’il éprouve beaucoup de sympathie pour son enfant puni. Celui-ci doit voir que le parent aussi souffre de ce qu’il ne peut pas figurer dans l’équipe qui jouera le match. Mais c’est la réalité de la vie. Quand une personne désobéit, d’autres aussi en subissent les conséquences. Ce sont ces souffrances, ainsi que l’honneur dû à ses parents, qui apprennent à l’enfant à obéir.



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