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CHICHU art musuem III - Limites de la forme / fonction :

Forme et composition :

Le musée est enfuit dans la colline, et cela pour ne pas gâcher la vue surprenante du paysage afin de mettre en évidence la relation entre l’architecture et la nature .

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La composition du musée ne se base pas sur la réflexion en tant qu’un tout/ensemble, mais comme étant plusieurs fragments de traits différents , ces fragments bien sur devaient être à la fin un tout cohérent .

Le musée a trois espaces de formes purement géométriques (carré, triangle, rectangle) , ces espaces, malgré leur géométrie et simplicité, font travailler l’esprit du visiteur . Car ces formes génèrent un environnement de méditation et de calme pour penser à la complexité de la vie . Le visiteur se procure l’espace afin d’errer avec toutes ses pensées .

Les formes, malgré leurs différences , restent disposées de manière à ce qu’il restent connectés à travers des cheminements . Cette disposition suit la topographie, dans la mesure où chaque espace, selon sa disposition, génère une atmosphère singulière grâce à la quantité de lumière qui pénètre dans chaque espace .

La composition du musée reflète la pensée des trois artistes et de l’architecte, pensée artistique et architecturale sont fusionnées afin de donner vie à un espace où on retrouve l’harmonie entre l’art et l’architecture .

Ce qui est intéressant, c’est la composition de l’espace même, les murs abstraits sont là pour laisser place à l’ombre et à la lumière . Ces deux éléments sont ce qui donne à l’espace le mouvement . En analogie avec l’expérience visuelle et émotionnelle que donne l’art , le musée est conçu afin de donner cette même expérience mais à travers l’architecture . Tadao Ando mis en valeur l’espace et non l’esthétique, en matérialisant notamment les ombres, ou en réalisant ce jeu de lumière sur les murs abstraits en béton .

La lumière est un des éléments structurants du projet, le musée, sous la terre , offre cette expérience de lumière naturelle qui se capte et se rediffuse dans l’espace, la lumière est modelée selon la disposition de l’espace et des cloisons . Au niveau des circulations, la lumière devient guide pour éclairer le chemin des visiteurs et les diriger .

Quant à la relation avec la nature, toute la composition est mise à la disposition afin d’accentuer ce lien et inviter le visiteur à y faire partie, en lui créant une opportunité de communiquer avec la nature à travers les formes géométriques, les matériaux utilisées et les ouvertures qui suivent le mouvement de la topographie tout le long de l’édifice .

SYNTHESE

« I don't believe architecture has to speak too much. It should remain silent and let nature in the guise of sunlight and wind » - Tadao Ando

Avec le contemporain, plusieurs visions de l’architecture apparurent , la forme prend de l’importance, mais est traité bien différemment . Pour les deux exemples qu’on traite, la fonction fait partie de la forme, dans la mesure où la fonction à un impact sur les choix de l’architecte niveau forme. ce qui est intéressant, c’est de voir comment chaque architecte interprète les choses . Les deux édifices ont en commun cette approche de la nature, dans la mesure où elle impacte sur la conception de l’édifice. Mais cette approche est interprétée différemment par Calatrava, qui décida de s’inspirer du corps humain et reprendre la forme de l’oeil telle qu’elle est, alors que Tadao donna une autre dimension à la nature, en l’intégrant émotionnellement dans son architecture . L’un reprend la notion telle qu’elle est, alors que l’autre la travaille afin d’en extraire le coeur et l’essence . Et l’apport de la lumière devient un élement incontournable, la lumière devient plus qu’un matériau, c’est un geste, une pensée de l’architecte .

C’est deux approches conceptuelles différentes . La fonction ne dicte pas la forme, mais en fait une grande partie .

III- Limites forme / fonction

Fig 43 : the Prudential Building , facade recherchée

Fig 44 : Maison de ville marocaine

Il est vrai que l’architecture se base sur la triade, mais des fois , à vouloir trop en faire, on finit par perdre le tout .

1- Boite VS Boite :

Si la forme suit toujours la fonction, cela ne veut pas dire que forcement chaque édifice qui suit cette règle peut être qualifier d’édifice architectural de qualité .

Dans ce chapitre, je définis la boite est définie comme étant l’enveloppe du bâtiment .

- La boite recherchée en théorie :

Adolf Loos, dans « Ornements et crime » insista à mettre fin à l’impact antique et dissocia l’ornement de la façade, afin de rendre le bâtiment épuré et austère, le matériau devient l’enveloppe du bâtiment , moins d’ornementation plus de concentration sur le matériau .

Il fait rupture avec le passé et encourage à découvrir la culture de chacun et à y puiser ces idées . L’intimité est sacrée et ne doit en aucun cas être biaisé par l’exposition à l’extérieur .

Pour Loos, la façade est une enveloppe de l’édifice, c’est une protection et une rupture avec l’extérieur . La façade permet à l’habitant de se retourner sur lui-même et pouvoir se donner du temps soi-même .

L’ornement d’un autre coté reste un perte de temps et d’argent, le travail de l’ornement est tellement répandu qu’il devient sans valeur et donc non nécessaire . A partir du moment où on laisse l’ornementation de coté, on redonne de la valeur au matériau, on le travaille plus et on y investit plus . Ce qui rend un édifice différent et plus noble que l’autre .

Ce qu’on peut retenir de Loos, c’est qu’afin d ‘avoir une façade, c’est à dire enveloppe, digne, on doit supprimer tout ornementation et donner plus de valeur au matériau .

Mais on se retrouve avec des bâtiments fermés et opaques qui se détachent de la vie extérieure, avec des façades lisses sans mouvement et des formes qui se ressemblent .

Quant au Corbusier, il se concentra sur les ouvertures et percements, dans la mesure où il projette la maison, à titre d ‘exemple , comme une machine à habiter dans la mesure où on pouvait exposer la rationalité de cette dernière . La façade alors devient une surface de projection, c’est à dire un espace où on exprime ce qui se passe à l’intérieur .

L’importance des ouvertures dans la façade est que c’est l’intermédiaire entre l’intérieur et l’extérieur, avec bien évidemment leur fonction de base qui est d’éclairer et aérer l’espace.

On peut considérer la proposition du Corbusier comme une version améliorée de celle de Loos, car Le Corbusier proposait lui aussi une façade lisse et plane mais à priori ouverte sur l’extérieur à travers sa façade libre qui permet d’avoir une façade complètement ouverte .

Après vinrent les contemporains, qui remirent en question les propos de Loos et Le Corbusier , car pour eux, il faut recherche un juste milieu entre la façade comme barrière de séparation avec le monde extérieur et façade comme étant une exposition totale sur le monde extérieur .

- La boite retrouvée sur terrain :

Dans ce cas, je vais traité des exemples locaux marocains . Si on regarde de plus près la façade de la maison de ville marocaine et on la compare avec les façades soit disant réussite dans la théorie, on remarque qu’il y a des similarités, Pourquoi alors l’une est considérée réussie et l’autre considérée u désastre architectural ?

Si on analyse d’une façon superficielle les deux types de boites, on retrouve des similitudes au niveau de la fonction . En effet les deux façades répondes à des aspects fonctionnels, on ouvre où on a besoin d’aérer, donc la fonction est respectée .

Au niveau de la composition, on a une façade où aucun ornement ne se manifeste, cela fait rappel à Loos et à la pensée moderne mais cela ne veut pas dire pour autant qu’on a une boite riche, on pourrait même la qualifier de boite architecturalement pauvre et dépouillée .

Quelques efforts sont parfois ressentis, mais en vain . Une composition un peu maladroite, juste pour faire bonne impression car on croit que c’est « beau » .

Dans un autre contexte plus récent, internet s’impose de plus en plus, avec elle cette vague que je pourrais qualifier de « vague instagram »* . La reproduction est faite à

l’aveugle, ou parce que cela marche et que ce type x de façade se vend et à de la popularité, c’est pour cela qu’il va être dupliquer et redupliquer .

La théorie de la façade parfaite est alors recherchée, mais en vain car on ne peut pas vraiment la définir. Chaque façade a forcément un contexte qui la guide vers une forme précise . Les caractéristiques de la boite telle les d’ouverture ou les fermetures, l’opacité ou la transparence, le choix du matériau restent reliées au contexte géographique, historique et culturel de l’édifice .

Il est vrai qu’on ne peut pas définir LA boite parfaite, mais certains critères font que la façade est une vraie façade architecturale .

On pourrait définir les critères de base selon la pyramide de Maslow , l’idée est de classer les besoins selon la personne qui va pratiquer l’espace .

Il est alors évident que l’un des premiers critères afin de réaliser une boite appropriée est les ouvertures, d’un point de vue hygiénique, l’ensemble de l’édifice doit pouvoir respirer, l’aération est primordiale dans tout espace vivable, d’un autre coté la lumière doit pouvoir pénétrer dans tout les espaces, ce qui rend les ouvertures primordiales c’est leur relation directe avec l’habitant .

Le deuxième critère est la relation avec l’extérieur . Quand on parle de relation intérieur/ extérieur , on ne se limite pas seulement à l’impact de l’environnement extérieur sur la boite, mais la boite entant qu’impact sur l’environnement extérieur .

Au niveau de l’impact de la boite sur l’extérieur, il ne faut pas oublier que l’édifice fait partie intégrante de la composition de l’espace, la boite s’impose sur l’individu extérieur, c’est pour cela qu’elle doit le prendre en considération. Considérons une personne X dont le trajet qui la mène au travail l’oblige de passer par un édifice dont la boite est visuellement dérangeante, ou tout simplement insalubre, elle va l’impacter de manière négative, et il se retrouve devant deux choix, soit changer de trajet afin de détourner cette « horreur », soit s’infliger la souffrance de devoir affronter la boite chaque matin avant d’aller au travail .

Pour résumer, la Boite est importante, et quand on parle que de fonction sans penser à la forme ni au geste architectural, on pourra se retrouver avec des boites désastreuses .

(*) Vague instagram : le fait de reproduire tout ce qu’on retrouve sur internet sans réflexion, je la nomme ainsi car de plus en plus d’architectes reproduisent exactement ce qui se publie sur les réseaux sociaux .

Car en fin de compte, quelle est le rôle de l’architecte? C’est de différencier entre ces deux types de boites en y mettant son geste architectural, qu’on sente qu’il y a un vrai travail de réflexion et non un simple travail de dessinateur ou d’une personne normale .

La boite la plus proche de la boite parfaite absolue est celle qui est bien pensée, celle qui raconte une histoire, celle avec une logique derrière .

La boite en effet peut être simple mais non simpliste .

2 - Changement d’usage : Forcé ou accepté

L’édifice, dans des circonstances normales ( hors guerre ou catastrophes naturelles) , a une longue durée de vie . L’édifice en soi est réalisé pour une fonction précise, mais avec le temps et le contexte, l’édifice peut changer de fonction. Deux cas alors s’imposent , le premier étant que l’édifice accepte cette nouvelle fonction et s’harmonise avec, et le deuxième étant que l’édifice rejette cette fonction .

On traitera deux cas afin de comprendre la raison derrière chaque « réaction » de l’édifice.

- Cas accepté :

Im Viadukt - EM2N architects

C’est le cas d’un viaduc ferroviaire datant de 1894, c’est un pont qui se compose de cinquante-huit arches sur 500m, c’est une barrière entre le quartier résidentiel et le quartier industriel .

L’idée est de reconvertir le vieux pont en lieu de rassemblement à grande échelle afin de créer une urbanité dans un lieu qui en manque . On y intègre marché, crèches, magasins et restaurants .

La composition des nouveaux édifices laisse lire la structure du viaduc, c’est un projet à la fois économique et efficace à l’échelle urbaine .

Ce qui fait que le changement d’usage s’est effectué naturellement, c’est premièrement la fonction de l’édifice antérieur . En effet, l’édifice est ouvert et se compose d’une strucutre non fermée, ce qui facilite l’insertion .

Mais il est certain que les architectes , ayant réussi ce défi, ont fait preuve d’innovation, dans la mesure où une lecture architecturale a surement été faite, afin de savoir que laisser et que modifier, pour ne pas impacter d’une manière néfaste sur l’espace .

La nouvelle fonction choisie, ne demande pas des critères strictes, au niveau des marchés, restaurants ou ateliers, on est plus libre au niveau programme, plans etc …

On n’est pas contrait à respecter des chiffres bien précis qu’impose la grille d’équipements par exemple .

Fig 46 : Ecole privée marocaine

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