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Qu’est-ce qu’une consigne, qu’est-ce qu’une règle ?
from Visitez les techniques de la gestion de conflits pour vous les approprier dans les contextes 3 Jour
by Bruno TISON
Consigne, règle, interdit.
Il existe une confusion fréquente entre « règle » et « consigne ».
Cette confusion provoque de nombreux problèmes de cadre et d’application de ce cadre.
La distinction entre les deux est essentielle afin de faire exister un cadre juste et équitable au sein d’un groupe.
Consigne : consigner émet l’idée de mettre en mémoire. Donner une consigne signifie donc donner un conseil collectif pour que les individus le composant partagent cette intention.
Règle : la règle est une ligne directrice de conduite, claire et connue. Elle indique ce qui doit ou ne doit pas être fait. Les conséquences liées à une transgression sont clarifiées, et une sanction pourra être appliquée. Interdit : ainsi, l’interdit est défini par la règle, non pas par la consigne.
L’accès au vocabulaire est largement déterminé par notre environnement social. Alors que les “gros mots” font partie du vocabulaire de base dans certains milieux, ils peuvent être considérés ailleurs comme graves et être perçus comme des offenses.
Ainsi, une règle sur les gros mots risque de créer des inégalités liées aux environnements sociaux des enfants.
Un enfant issu d’un milieu où les gros mots sont monnaie courante risque d’être souvent punie (puisque difficile à sanctionner), et sa position sociale deviendra un facteur d’exclusion.
Néanmoins, ignorer les gros mots dans le cadre mis en place ne permettra pas aux individus offensés par ces mots d’être considérés avec leurs limites. Les gros mots deviendront alors la source de nombreuses tensions dans le groupe.
Dans un tel cas, émettre une consigne permettra d’articuler individu et collectif à travers un contrat social prenant en compte les personnes sensibles au vocabulaire grossier et les personnes n’ayant que celui-ci à disposition.
La consigne mènera progressivement à un apaisement des tensions sans mettre en échec des enfants. Par ailleurs, cet apaisement sera la conséquence d’une compréhension mutuelle et non d’un tabou.
Admettons :
… qu’il soit interdit de dire des gros mots. Il s’agit par conséquent d’une règle, et il faudrait y trouver une sanction adéquate qui ne soit pas de la punition, ce qui me paraît impossible. Il est d’ailleurs probable que cette interdiction mène à des échecs systémiques.
… qu’il y ait comme consigne de ne pas être grossier. Cette dernière n’implique donc pas de sanctions, mais elle permet tout de même de le faire remarquer.
Admettons maintenant : qu’il soit conseillé de ne pas rentrer dans les douches des autres. Ici, la consigne n’engendrera pas de sanctions si un enfant rentre dans la douche de quelqu’un.
… qu’il soit interdit de rentrer dans les douches des autres. Cette règle engendrera donc une première sanction protectrice (par exemple, ne pas avoir accès aux douches en même temps que les autres), et éventuellement d’autre type de sanctions (réparatrice, contrat, etc.).
On peut imaginer une remarque telle que :
« On avait dit qu’on essayait de ne pas rentrer dans la douche des autres, fait attention la prochaine fois. »
Dans ce cas-ci, quand bien même des personnes seraient habituées à entrer dans la douche des autres (très peu probable cependant), cet acte mettrait en péril les limites défensives des victimes éventuelles et une consigne serait insuffisante pour les protéger.
L’articulation individu/collectif passant ici par une règle paraît ici cohérente.
Ainsi, une réflexion permanente quant à la différenciation de ce qui devrait être de l’ordre de la règle ou de ce qui devrait être de l’ordre de la consigne permet une articulation plus juste des libertés individuelles tout en prenant en compte les contraintes collectives.
Introduction
Les conflits sont un sujet récurrent qui traverse le monde depuis la nuit des temps, ils ne sont ni bons ni mauvais, ils sont !
Ils sont une manifestation des forces de la vie. La difficulté est avec ce que nous en faisons, ou pas, et notre capacité à les traverser, ou pas.
Les conflits, ce n’est pas le chaos, ou le bordel ou la violence, c’est beaucoup plus que cela.
Ce sont des processus dans lesquels des énergies, des intentions, des dynamiques viennent soudainement s’opposer les unes aux autres dans un « hotspot ».
Les conflits sont en quelque sorte structurés en ce sens qu’ils répondent à des structures avec des éléments constitutifs, des conditions, des dynamiques, des étapes et des voies de sortie ou pas.
La plupart des conflits tournent autour des questions de rang, de pouvoir, d’abus, de violence, de colère, de vengeance, d’informations cachées ou manquantes, de représentations consensuelles ou non consensuelles, cad de perceptions partagées ou non, de secrets de famille, cadavres dans le placard, archétypes et time-spirits entre autres.
L'énergie du conflit contient de l’information. En Processwork2 , les conflits personnels, internes, interpersonnels et du monde sont causés par de l’information qui cherche à remonter à la surface de notre conscience.
En permettant à cette information de remonter à notre conscience, le champ du problème est enrichi d’éléments qui contribueront à sa réorganisation, puis à sa résolution dans un cadre supérieur.
2 "C'est une méthode créative de résolution de conflit, qui permet de laisser s'exprimer tous les points de vue et de débattre tout en avançant vers des points de résolution en s'ouvrant à plusieurs niveaux de compréhension Le travail se fait donc toujours sur un plan personnel, relationnel et global."
Pour Mindell il y a 3 niveaux de réalité et d’intervention qui possède sa logique propre
1. La réalité consensuelle (niveau 1), répond aux lois de cause à effet et aux lois d’interactions de la réalité partagée”. c’est le niveau dans lequel vivent la plupart des êtres humains : un monde réel, solide, dans lequel vivent la plupart des humains.
2. Le niveau du “Dreamland” (niveau 2), est le monde des ressentis, des rêves et des émotions. Il inclut les interactions externes et internes, tout ce qui se joue entre nous et l’autre. La plupart des méthodes thérapeutiques occidentales procèdent de ce niveau : sciences de la communication, communication non violente qui fait le lien entre le monde et conflits interne(s) et les relations et conflits externes, PNL, analyse transactionnelle, mais aussi hypnose, hypnose éricksonienne, psychanlyse, etc. Les gens qui ont travaillé sur eux-mêmes connaissent ce niveau.
1. Le niveau de l’essence (niveau 3), spécifique au Processwork, d’où naît le “Dreamland” (niveau 2), répond à des lois que nous connaissons pas Le plus grand talent des Mindell, peut-être leur génie, est de pouvoir et de savoir approcher ce niveau dans ces aspects utiles de la relation à soi, à l’autre et au monde, sans projeter ses propres représentations de ce niveau, sans construire de nouvelles cartes personnelles de ce niveau.
En allant plus loin, on pourrait estimer que nos “cartes” personnelles de ce niveau de l’essence pourraient représenter notre plus grand obstacle à son exploration profonde.
Dans le Processwork, comme comme nous l’avons déjà évoqué, le travail que je réalise sur-moi même affecte les groupes auxquels j'appartiens et le monde : une action réalisée ici et maintenant pour avoir des effets à l’autre bout de la planète.
Le Processwork nous replace ainsi au cœur de notre responsabilité et de notre capacité à influencer les systèmes (famille, amis, communautés) auxquels nous appartenons.
La proposition de Conflits et Communauté était que, si un groupe pouvait traverser ses conflits collectivement, alors une communauté plus saine, plus vivante pouvait être créée.
Le cas des conflits non traités
Ce qui empêche un groupe de personnes de co-créer et d’interagir dans une ambiance soutenante et même joyeuse, ce sont les conflits non traités qui la rongent; conflits individuels et collectifs.
Certains l’ont peut-être constaté de façon empirique vider son sac, se positionne fermement et dire ce que l’on pense, dénoncer une ambiance pesante, cela aide et est très difficile. Là, il y a un mode d’emploi et surtout un cadre (lieu, personnes motivées et temps dédié), nous pouvons travailler individuellement et collectivement nos conflits.
Ce que nous nommions métaphoriquement - brûler notre bois - et il y avait de quoi faire !