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LA GAZETTE DU RUISSEAU pr
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Des nouvelles du fleuve côtier Aygalades / Caravelle
La rédaction de ce numéro a été assurée par les membres du collectif des Gammares.
lesgammares gammares gammares@framalistes.org
Réunissant des structures et des habitants actifs le long du ruisseau, le collectif des Gammares souhaite prendre soin du Ruisseau, favoriser un meilleur partage des connaissances, relier les initiatives et les territoires du bassin versant, proposer des actions communes en vue de participer à la restauration écologique du fleuve côtier Aygalades/Caravelle.
Le collectif réunit à ce jour le Bureau des guides du GR2013, la coopérative Hôtel du Nord, l’ApCAR – Association pour la cité des arts de la rue, les CIQ riverains, les AAA (Association des Amis des Aygalades), l’association AESE (Action Environnement Septèmes et Environs), l’association Jardinot et l’école de jardinage du jardin des cheminots, les artistes-voisins, le collectif SAFI, Cap au Nord Entreprendre et des habitant·es motivé·e·s.
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BIAOU. s. m. Canal qui conduit les eaux pour les faire tomber sur la roue d'un moulin. Au fil des brèves partons à la rencontre du ruisseau.
Le Plan de Prévention des Risques Inondation (PPRI) du ruisseau des Aygalades et de ses affluents : une affaire d’état
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Depuis 1995, une loi ordonne qu’une commune traversée par un cours d’eau possède un Plan de Prévention des Risques Inondation. Celui du ruisseau
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Conférences Voix d’eau
Des bassins trop pleins Début décembre 2003, suite à de fortes pluies, le ruisseau Caravelle-Aygalades est sorti de son lit. Le dégrilleur de la Rougière, système de grille arrêtant les gros déchets, ayant accumulé trop de branches, feuilles, déchets plastiques, a entraîné le débordement de la rivière : l’eau atteint 1 m dans un lotissement au vallon de la Rougière à Septèmes, des résidents ont été secourus en barque par les pompiers. Les bassins de rétention, permettant de limiter le débit des eaux pluviales en tête de réseau, ont eux aussi fait le plein. À Fabregoules, près de la source, le premier bassin cascade dans le second et la forêt de peupliers est immergée à demi. Aux Pennes, les bassins de Boli, des Sauges,
Dans le cadre des Dimanches aux Aygalades, proposés tous les premiers dimanches du mois à 11h à la Cité des arts de la rue.
Dimanche Zone sensible 6 février Avec Ghislaine Verrhiest (DREAL), E. Fleury (SMBVH), A. Vandenbrouck 2022 (Cité des arts de la rue), Marine Torres (Gammares) et les artistes Germain Prévost alias IPIN, Stéphane Manildo et Jean-François Marc. Dimanche Droit aux Fleuves 6 mars Sophie Gosselin et David Gé Bartoli (philosophes, Assemblées de Loire). Dimanche Paysans d’avant le Canal 3 avril Avec Rémi Grisal (historien) – sous réserve
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On s’était dit que ça pouvait commencer avec un haïku. Un micro-poème qui raconterait le manque et le débordement. La sécheresse et la crue. Un poème qui danserait comme la pulsation battante d’un afflux sanguin. Les veines qui irriguent la terre et que la terre soutient. C’est la question : par quel bout rentre-ton dans une histoire, par quels fils commence-ton à défaire un nœud et à se sentir concerné ? Nous, au collectif des Gammares, on est entré dans l’eau par la disparition. C’est la disparition du ruisseau dans nos imaginaires, alors qu’y coulent des cascades, mais aussi la disparition concrète de l’eau qui nous a mis au travail. Notre question était « où sont les eaux abondantes que chante le nom Aygalades » ? Rétention d’eau par Lafarge ? Perturbation des réseaux de sources par le creusement sous le massif de l’Étoile de la galerie de la mer ? Le drainage des marécages pour construire l’autoroute ? L’imperméabilisation des sols qui empêche l’eau d’infiltrer la terre ? Ou encore, ce gros tuyau à Saint-Antoine qui raconte les eaux du canal de Marseille… Cette année 2021 nous a parlé de sécheresse : une rivière méditerranéenne est toujours intermittente mais encore une fois le ruisseau a commencé à s’assécher trop tôt. Anoxie précoce : le manque d’oxygène tue le ruisseau. On a eu peur : algues vertes, chevesne, poisson star de la gazette no2 a été trouvé mort. Mais ailleurs, l’été a parlé d’inondations. Ici, on a eu peur pour la hauteur des nappes phréatiques — ces eaux qui circulent dans les sols — on a eu peur pour la végétation, pour les chaleurs, pour les cultures. Cette année, ça a été, on a tenu bon. Mais là-bas, en Belgique
Le 8 novembre 1907, un violent orage éclate sur la région marseillaise. À Septèmes, des torrents d’eau descendent des collines dénudées par l’industrie. La Caravelle sort de son lit et transforme la rue principale en torrent, arrachant et brisant tout sur son passage. Une vache broutant sur les rives fut emportée, on ne put la récupérer qu’au moulin à eau de Saint-Antoine. On raconte qu’une de ses cornes fut cassée lors de l’incident.
Caravelle-Aygalades est prescrit par l’État vingt ans plus tard en 2015. Faute d’études sur le comportement hydraulique du tempétueux fleuve côtier, ce n’est qu’en 2019, pour la première fois dans son histoire, qu’une réglementation sur les risques inondation s’applique au ruisseau. Ce PPRI tout neuf prévoit que les inondations en tant qu’aléas climatiques peuvent avoir des conséquences dommageables sur des enjeux de société. Ce qui est la définition administrative du risque. Tentons ici une explication simplifiée : à partir d’un module de calcul pluie-débit pour chacune des zones du bassin versant, il est possible d’estimer l’augmentation des débits en fonction des statistiques pluviométriques en tous points du ruisseau. En fonction de la morphologie des lits mineurs et majeurs et/ou des ouvrages à un
prévention, voire des dispositifs d’atténuation du risque, ainsi que des compensations post catastrophe. Le PPRI fait mention de l’Article L125-2 du Code de l’environnement : sur l’obligation d’information de la population, stipulant que « seule une information réelle du citoyen est à même de contribuer à construire une mémoire collective et à assurer le maintien des dispositifs collectifs d’aide et de réparation ». C’est ce petit bout que nous voudrions voir mener un peu plus loin, pour que le risque ne reste pas peur sécuritaire mais l’occasion d’invention et de solidarité d’une mémoire et de gestes liés à l’eau.
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Inondation de 1907 : une pluie à décorner les vaches !
endroit donné, le comportement de l’eau débordante peut ainsi être modélisé, et donc les zones inondables délimitées. L’étude réalisée par SETEC Hydratec dessine différentes zones d’exposition en fonction de la fréquence des événements pluvieux. La crue décennale est celle qui se produit en moyenne tous les dix ans, ce qui signifie qu’elle a une possibilité sur dix de se produire chaque année. La crue dite de référence, à partir de laquelle le PPRI est établi, est la crue la plus importante documentée (ou la crue centennale si aucune crue de cette ampleur n’a été observée). Est enfin envisagée une crue qu’on nomme exceptionnelle, doublant les débits de la crue de référence, elle sert à établir une « zone de précaution », avec une réglementation particulière. Toutes les zones inondées par la modélisation de la crue de référence sont considérées comme « zone de danger ». L’intensité de l’aléa sera considérée en fonction de la hauteur de l’eau et de la vitesse de son débit. L’intensité de l’aléa est croisée au degré des enjeux (en fonction du type d’urbanité : centre urbain, établissement recevant du public, etc.) et on obtient les différents zonages du PPRI : rouge : inconstructible, bleu : constructible sous conditions. Les zones induisent des obligations ou interdictions particulières en fonction du risque ainsi établi. Le PPRI se doit également de prévoir les modalités de gestion de crise, mettre en place les dispositifs de
Dimanche Architecture de l’eau : le Canal de Marseille 1 mai Avec Séverine Steenhuyse (chercheuse en architecture) Dimanche Appel du 5 juin ! 5 juin Avec Frédéric Pitaval (Appel du Rhône) Dimanche Autour de la Durance 4 juillet Pierre Follet (SOS Durance vivante) – sous réserve
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Un parc inondable exigeant ?
Début des travaux du parc de Bougainville. Grand événement : le ruisseau va sortir de sa chape de béton en tout aval, au niveau du métro : là où sa force motrice a été tant détournée pour le développement
de la zone industrialo-portuaire qu'ont été ces quartiers de Marseille avant la déprise (et surtout délocalisation) industrielle — et donc aussi la disparition des activités qui devaient tout justifier. Mais la puissance de l’eau, si elle a été la cause de sa mise au pas, sort maintenant de ses gonds. Elle exige, et son exigence se dit sous forme d’inondation. Le PPRI*, comme porte-voix du ruisseau, a permis la transformation radicale des projets de l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée ayant la mission étatique de refaire de la ville sur ce lieu très abîmé écologiquement, mais pourtant encore bien habité. Une partie conséquente du périmètre Euromed 2 s’est retrouvée en zone rouge*. Caravelle-Aygalades est devenue l’épine dorsale d’un projet de long parc inondable, dont le parc de Bougainville ne devrait être que le début. La redécouverte de son affluent, le turbulent petit ruisseau des Lions — particulièrement virulent en temps de crue — a contraint (ou permis à ?) Euromed de se requestionner sur ce que « faire de la ville »
« Aux Etats Généraux de l’Eau à Bruxelles, nous avons ce super personnage : Super Désasphaltico qui vient raconter au monde qu’il faut décidément lutter contre cette grande machine qui nous asphalte tout. Quand il est apparu, on disait qu’en France la taille d’un département se retrouvait imperméabilisée tous les dix ans. La machine Asphaltor est malheureusement toujours active… »
signifie. L’eau est devenue interlocutrice, et l’établissement public a beaucoup contribué à la re-connaissance du fleuve côtier. Mais, ce dont le PPRI ne porte pas la voix, c’est qu’un ruisseau, c’est aussi ses habitant·e·s, avec leurs mémoires, leurs histoires, leurs pratiques, qui trop souvent ont été destitué·e·s de leur capacité à exiger par les milles petites dissolutions de responsabilité dans ce qu’on finit par appeler « le système ». Soyons plus exigeant·e·s pour une ville avec ses eaux, pour et par ses habitant·e·s. * Plan de Prévention des Risques Inondations. Voir article sur le PPRI dans ce numéro de la gazette.
La rivière CaravelleAygalades après la pluie : le pont manquant
Elle est souvent réduite à un petit filet d’eau, notre rivière, et notre cascade : à une chute de branchages et de lianes à laquelle seuls des lâchers d’eau redonnent l’allure d’une cascade. Mais dans la nuit du 3 octobre 2021, il a plu et la cascade s’est mise en mode « chutes
du Niagara » et le ruisseau Caravelle a mérité son nom Aygalades (« eaux abondantes »). Le 4 octobre dernier, deux vidéos de notre cascade sont postées sur les réseaux. En quelques minutes, elles font le tour de la planète. Le sentier des cascadeurs prend des allures de Canebière ! Les Gammares enfilent leurs casquettes de guides pour répondre aux multiples demandes qui leur sont faites. Mais problème ! Notre belle et tempétueuse cascade s’est rendue inaccessible. Sauvage, elle se laisse entendre mais pas regarder, elle se suggère au travers des branches et des feuillages aux voyageur·euse·s piégé·e·s au niveau de la passerelle… qui a été emportée par le tumulte des flots. Un avis de recherche a été lancé jusqu’à Arenc et même au Frioul. Rien, nada ! De source bien documentée, la fameuse passerelle aurait finalement été retrouvée en Corse, à Nonza.
et en Allemagne, ce sont les pluies diluviennes, les barrages qui doivent lâcher les eaux sur les villages pour ne pas céder, emportant toutes les matières qui composent nos sociétés : métaux, plastiques, électroniques, bois, polluants. La toxicité de nos mondes n’était plus contenue dans les endroits auxquels on tente de la confiner. On l'a vu, mais qui, depuis le lointain, l’a vraiment ressenti ? Et puis, il y a eu la grève des éboueurs et les pluies, ici. Les poubelles sur les plages. Le 4 octobre 2021, Marseille est déclarée en état de catastrophe naturelle. C’est la mémoire des inondations qui remonte : 2003, 2000, 1973, 1932, 1907… La veille, 3 octobre, comme une coïncidence prémonitoire, Céline Vairon et Françoise Colard du Syndicat d’Aménagement du Bassin de l’Arc étaient venues nous en parler au pied de la cascade pour une conférence Voix d’Eau. La crue est un phénomène naturel, elle n’est pas obligatoirement une catastrophe. Elle est avant tout la santé d’un cours d’eau et des terres qui ont soif. « Inondation » est un mot d’urbaniste. C’est lorsque l’eau s’attaque aux installations urbaines qu’elle devient problème. « Inondation » dit cette peur. L’eau devient « risque ». On dit d’elle qu’elle déborde. Mais cela ne nous raconte-t-il pas aussi un urbanisme qui n’a pas appris qu’il avait besoin de l’eau ? On s’est dit aussi que ça pouvait commencer par là, par la citation de Bertolt Brecht : « On parle toujours de la violence du fleuve, jamais de celle des berges qui l'enserrent. » L’une d’entre nous disait que ça nous autoriserait une bonne punchline : « notre ruisseau a enfilé son gilet jaune ». La métaphore de Brecht, reprise par de nombreuses luttes sociales, est soustendue par cette réalité écologique : la violence des flots est signe de l’impossibilité physique qu’ils ont à supporter ce qui leur a été fait. On a souvent pensé que ce qui avait été fait au ruisseau, c’était aussi ce qui avait été fait à nos sociétés. On voulait dans cette Gazette se parler de la crue, de l’eau abondante, de celle qui déborde, de ces moments où l’aménagement déraille, où la matière déferle, où nos émotions sursautent. Mais sans oublier que notre première question avait été celle de cette violence : la façon dont cette eau avait été réduite à sa force de travail avant d’être délaissée. On s’est aussi souvenu de la façon dont le canal en arrivant à Marseille fit oublier notre dépendance en eau. Ces eaux gérées, réduites au plus proche de la formule H2O, séparées en eaux potables, eaux-exutoires industrielles, eaux-assainissement domestique,
🐠 Dominique Nalpas et Pierre Bernard, conférence Voix d’Eau du 05.09.2021
Fameuse passerelle des Aygalades retrouvée au large de Nonza.
Bouroumettes, Cossimo et celui des Bas cadeneaux affichent complet. À Marseille les bassins du Merlan, de la ZAC de Sainte Marthe et surtout deux des trois bassins de Chaillan situés le long de l’autoroute au niveau des Aygalades, malgré leur capacité de 43 000m3, ont surversé dans le fleuve Caravelle-Aygalades. L’eau entraîne sur son passage les déchets, la boue, des voitures, des personnes aussi ont perdu la vie… Cet épisode dramatique a mis en évidence l’insuffisance des bassins lors des épisodes de fortes pluies et deux projets de bassins de rétention d’un volume total de 23 000m3 sont alors prévus sur l’axe du ruisseau de la Bédoule, affluent de Caravelle-Aygalades. Est-ce la bonne réponse ? Est‑ce surtout la seule réponse ? Et si on désimperméabilisait les sols de nos villes ?
Balades mille-pattes
Conversations marchées
Deux chantiers de construction de balades collectives orchestrés par la coopérative Hôtel du Nord. Possibilité de rejoindre les groupes à tout moment.
Avec des scientifiques et le collectif SAFI, dans le cadre du programme Nature for City Life animé par le Bureau des guides du GR2013.
Infos & dates : contactez les Gammares sur les réseaux ou par email.
Aval Du côté de l’embouchure, du village des Crottes et des projets de parcs portés par Euroméditerranée.
Samedi 19 mars
Conversation marchée avec Marie-Laure Lambert Avec Marie-Laure Lambert (juriste de l’environnement) sur les terres polluées de Septèmes les Vallons.
Amont Dans les collines de Septièmes où ruissellent une partie des sources et où l’histoire industrielle se déplie entre Lafarge Holcim, traces de l’activité chimique et reconversion photovoltaïque.
Mercredi 20 avril
Conversation marchée avec Bertrand Vignal avec Bertrand Vignal (paysagiste) de l’agence Base sur les traces du futur Parc des Aygalades.
Tout se tient
On vous parlait dans la gazette no2 de notre long compagnonnage avec la canne. Sa présence dans nos espaces délaissés de nos aventures urbaines s’explique aussi grâce à son système de dispersion souterrain : le rhizome. Si ce système implique que les cannes n’ont presque pas de diversité génétique, il joue un rôle dans le lien que la canne tisse avec son environnement. Il décompacte les sols, participe à l’absorption des ruissellements, aide à fixer et stabiliser les berges et absorbe divers polluants.
Constellation familiale
Il se passe beaucoup de choses dans la vie juridique du ruisseau depuis 3 ans… Bizarrement, la poésie n’est pas que du côté des habitant·e·s, le vocabulaire réglementaire étant parfois plein de surprises ! Ainsi Caravelle‑Aygalades était jusqu’alors un fleuve dit « orphelin » : il n’y avait pas d’institution chargée de sa gestion. En 2022, le Syndicat Mixte du Bassin versant de l’Huveaune, qui va se transformer pour l’occasion en EPAGE* des bassins versants de l’Huveaune et des Aygalades, deviendra l’organisme responsable de définir et de mettre en œuvre une gestion du cours d’eau et de son bassin versant. Mais si le ruisseau était sans gestion, il avait entre-temps trouvé de nombreuses familles adoptives ! Le collectif des Gammares va ainsi faire son entrée au « comité de rivière » pour contribuer activement à ce début de recomposition familiale, porter auprès de l’institution la vitalité de la communauté habitante et pourquoi pas infuser un peu de son imaginaire ?
Mais l’eau, c’est bien plus que H20 sous forme liquide, potabilisée ou non. L’eau c’est ce qui constitue nos corps, les plantes et les animaux. C’est ce qui façonne inlassablement les territoires qu’on habite, c’est la pluie, c’est le brouillard, ce sont les sols, immensément les sols. L’eau qui coule en surface sous forme de rivière n’est bien souvent qu’un dixième de ce qui se trame sous terre, c’est l’affleurement d’un sol gorgé d’eau.
eaux agricoles, sont devenues théoriquement non-perméables les unes aux autres. Les eaux aux usages non-assignés ont été oubliées, elles ont été qualifiées de « parasites » (citation Yann Fradin). Pour ces eaux-là, ont été construites des infrastructures permettant de les évacuer comme on cherche à faire disparaître les déchets. On trouve encore une centaine d'exutoires numérotés tout au long du ruisseau, sans que personne ne sache bien quelles eaux sont acheminées. Ainsi, l’eau de pluie est envoyée dans les égouts, avec de nombreuses petites sources. Ou alors, on les évacue par un ruisseau aménagé en égout…
* Établissement Public d’Aménagement et de Gestion de l’Eau.
Découvrir Tous les mercredi après-midi 13h — 17h
Ouvertures publiques du Jardin de la cascade des Aygalades Les « cascadeur·euse·s » du chantier de l’ApCAR vous accueillent pour redécouvrir l’histoire de cette parcelle singulière. Accès : 32 bis, rue Augustin Roux. Entrée libre et gratuite.
Tous les 1er dim. du mois 9h — 14h
Dimanches aux Aygalades Visites commentées, marché de producteurs locaux, ateliers, propositions artistiques et conférences. Accès : Cité des Arts de la Rue.
17–18 sept. Journées Européennes du Patrimoine
Retrouver les « sens de l’eau ». Celui du ruisseau qui s’écoule tout près de nous, et plus largement celui du vivant qui circule par-dessus, par‑dessous et par dedans nous… Les compagnonnages artistiques font partie de notre histoire pour faire sens avec la rivière. Voici trois mini-récits de propositions artistiques qui nous ont permis de mieux nous relier au ruisseau. I. En réponse à une démarche expérimentale de la Mission inondation de la DREAL*, explorant comment l’art peut devenir un vecteur de rencontres dans nos rapports au risque, Germain Prevost alias IPIN réalise durant l’été 2021 « Ruisseau en sursaut » **, une grande fresque sur le mur de la Cité des Arts de la Rue rendant visible le pic d’une crue, heure par heure, en 2018. Dans l’immensité de la courbe de la crue, on peut lire la « crise » mais voir aussi apparaître l’image d’une pulsation cardiaque sur le grand mur, quelque chose qui aurait à voir avec la vie du ruisseau. Ce dessin fait vague, ça déferle, ça nous déborde. L’extrapolation du graphe technique fait voir un autre visage du ruisseau : il devient onde. II. En venant au jardin de la Cité des Arts de la Rue, vous êtes déçu·e·s de ne pas voir la cascade en eau ? Et bien voilà qu’elle coule soudainement, à la demande ! Imaginée par Jean-François Marc et Stéphane Manildo, la « Machine à renaturer » est un bricolage ingénieux de pompes qui remontent l’eau pour faire rejaillir la cascade
indépendamment des pluies. Elle met ainsi en mouvement les eaux, participant à leur fraîcheur et à leur oxygénation. Mais la « Machine » attise aussi la curiosité sur ce qui fait la présence ou l’absence de l’eau, en interpellant nos représentations de la nature et du sauvage. En convoquant ce terme « Machine » dans nos conversations sur la renaturation, ces artistes nous rappellent que la cascade, avec sa mystérieuse turbine et ses mises en eaux à des fins industrielles, est prise depuis bien longtemps dans une machine à produire. Et si aujourd’hui on la trafiquait en un élément d’une machine — un peu bidouillée — à produire du soin ? C’est ce qu’ils semblent nous annoncer avec leur slogan‑manifeste « Les arts de la crue ».
Stéphane Manildo, Les arts de la crue, photomontage (extrait).
🐠 Véronique Mure, Voix d’eau du 04.07.2021
Les sens de l’eau
De même l’eau qui retourne dans les airs par évaporation directe des mers et océans n’est qu’une petite proportion de toutes les eaux détournées par les végétaux : de l’eau faite chlorophylle, lignine, fleurs et fruits. Évapo-transpirée, elle humidifie l’air et rafraîchit la vie sous les ombrages. Ces végétaux invitent les insectes et les vents dans leurs cycles reproductifs. Ces interdépendances dessinent de proche en proche un gradient de vitalité qui s’étend jusqu’à la crête la plus sèche. On a souvent sous-estimé l’importance du végétal dans le cycle de l’eau. C’est pourtant lui le maillon principal de la fabrication des nuages. Il retient l’eau, la filtre, en détourne les trajectoires pour démultiplier son pouvoir de vie. Isolées et séparées, dès qu’elles ne sont plus prises dans les cycles des corps qui échangent des eaux en permanence, les eaux ne se régénèrent plus, et ne régénèrent plus le bassin versant. Le bassin versant, c’est ce milieu de l’eau qui rassemble toutes les eaux pluviales dans une histoire commune. C’est un relief qui verse les eaux dans un même cours, dans ce qu’on appellera
« Il est plus intéressant d'aller plus loin que l'inventaire botanique et de regarder comment toutes ces plantes, ensemble, font société le long du ruisseau. Ça, ça peut beaucoup aider à la manière dont on va jardiner la ripisylve, une fois que l'on a changé ce regard- là. »
Et aussi Toute l’année
Ateliers et balades pédagogiques à destination des scolaires et structures sociales du territoire. Proposés par l’ApCAR. Des balades patrimoniales avec la coopérative Hôtel du Nord.
Samedi 5 février
Exposition « Septèmes raconte ses vallons » Photographies de Vincent Beaume et des jeunes du centre social de la Gavotte Peyret. Médiathèque de Septèmes. Dans le cadre de l’agenda 21.
Dimanche 6 février
Inauguration de la fresque « Ruisseau en sursaut » Réalisée par Germain Prevost Alias IPIN à la Cité des Arts de la Rue.
« Le Biorégionalisme propose de ré-habiter les bassins versants, avec tout un imaginaire politique et sensible qui nous relie à ces réseaux hydrographiques. Faire émerger des solidarités entre les estuaires en aval et les montagnes en amont dans un réseau d’eau que tout le monde habite : on habiterait un territoire de l’eau qui nous relie et nous retient ensemble. » 🐠 Marin Schaffner et François Guerroué, Conférence Voix d’Eau du 04.04.2021
Marseille, la mer. Mais surtout on a pu expérimenter l'œuvre comme un moyen de rentrer en communication — de faire médiation. C'est en échangeant sur le ruisseau, la fresque et les imaginaires qu’ils convoquent, que l’on a continué à tisser des liens entre toutes nos histoires riveraines.
« Je pense qu'il y a un travail de médiation à faire pour se reconnecter avec la nature […] La cascade, ça peut être un bon outil pour parler du ruisseau, pour parler de ce que c'était avant, les Aygalades. Parce
que c'était un truc de fou, non ? Le quinzième c’était des paysans, j’aime bien l’idée que c’est ça l’histoire du quartier : la cascade, le ruisseau. J'ai grandi dans le quartier des Aygalades, collée à la colline mais je n’ai pas eu une approche en mode « la nature c'est trop bien, on peut faire plein de choses ». Maintenant, je travaille à la ferme Capri, et j’adore me dire qu’avec ces bouts de nature, on peut encore être paysans dans le quinzième. » Zina, riveraine, nous a partagé son rapport au ruisseau en novembre, lors des enquêtes de perception de l’œuvre Ruisseau en sursaut réalisée par Germain Prévost alias IPIN, présentée dans l’article Les sens de l’eau. Au-delà d’être une commande artistique, ce projet a occasionné de multiples rencontres et partenariats de terrain. L’enquête a ainsi motivé les Gammares à aller à la rencontre des voisin·e·s des rues adjacentes. On y a appris que la fresque a évoqué pour eux et elles la musique, Notre-Dame de la Garde, un graphique médical ou autre, des bâtiments,
Fête du Ruisseau La Fête du Ruisseau, organisée tout au long du fleuve côtier par les membres du collectif des Gammares, se déroulera pour sa deuxième édition, d'aval en amont sur trois week-ends successifs, de fin mai à début juin.
Après avoir édité le Cahier du ruisseau, petit frère de la Gazette afin de sensibiliser les scolaires aux problématiques du ruisseau, les Gammares ont rassemblé leurs connaissances sur le Wiki du ruisseau que vous pouvez désormais consulter en ligne en tapant « wiki du Ruisseau Caravelle-Aygalades ». Réécoutez également les conférences Voix d’eau sur le Soundcloud Gammares et profitez d’un Dimanche aux Aygalades chaque premier dimanche du mois pour venir faire la promenade sonore le long du Ruisseau ou discuter avec nous autour d’un petit café au sein de notre nouveau stand-librairie !
Dégrilleur Capricorne
En quête de perception
la rivière. Ce qui fait la richesse d’un bassin versant, c’est aussi sa capacité à détourner les eaux de leur pente et à la faire diverger dans un « chevelu » d’histoires humides capables de rendre les êtres solidaires. La sécheresse et l’inondation sont deux faces de la même problématique. Ce que pointent les inondations, c’est surtout que les eaux n’arrivent plus à être retenues, qu’elles ne font que passer et qu’elles n’abreuvent plus sur leur passage. Les inondations sont souvent la première étape vers la sécheresse. C’est pourquoi, il est important de repenser ce rapport à la crue, à l’eau qui déborde et qu’il faut apprendre à la célébrer, sans chercher à nier la violence et la souffrance qu’occasionnent les inondations. L’eau nous relie, elle relie nos histoires singulières en une histoire commune. Le collectif des Gammares enquête incessamment, pour tenter de rendre perceptible la complexité infinie de cette histoire, pour lui donner la force de nous relier encore un peu plus… Au côté de l’enquête, se relier c’est aussi observer, représenter, imaginer et parfois agir. Alors que le ruisseau orphelin va prochainement trouver une forme d’adoption par le Syndicat du Bassin Versant de l’Huveaune, voilà une question que nous pouvons partager ensemble, institutions, citoyens et artistes, se « sensibiliser » pour fabriquer collectivement cette histoire commune et s’en donner le goût, pour mieux saisir les pulsations multiples de l’eau et mieux y répondre.
III. La Balade du Caprisun du collectif artistique SAFI nous embarque dans un voyage, à fleur de Caravelle, à la collecte de ces poches argentées indestructibles qui jalonnent nos villes et finissent dans les rivières. Muni·e·s de pinces fabriquées en canne de Provence et d’un drôle d’album « Panini-Capri Sun » à compléter (qui sera renvoyé au producteur ou transformé en sac-à-main), la balade relie les différents points de nettoyage du ruisseau organisés à l’occasion de la Fête du Ruisseau et de l’opération Calanques propres. On découvre en marchant l’histoire rocambolesque de ce déchet, témoin de nos modes de consommation et du monde internationalisé de l’industrie agro-alimentaire, qui n’est pas
sans lien avec les pollutions que connaît le ruisseau. L’histoire au fil de la marche se tisse de ce que nous racontent les rencontres avec la ripisylve, les ramasseurs, la faune qui résiste et l’eau qui nous oriente vers d’autres manières de faire monde. Toutes ces démarches artistiques qui agissent avec nos sensibilités sont formellement assez loin de ce qu’on appelle habituellement des actions de sensibilisation, et pourtant elles renouvellent nos manières de se sentir concerné·e·s, elles sont des opportunités pour entrer en discussion, pour vivre des situations, pour nous rendre curieux.ses de nos environnements en liant soin, connaissance, imaginaire et communauté. Et ça serait un peu ça, commencer à ré‑habiter ensemble la rivière…
Restez au courant Dimanche 29 mai
L'aval Remontée du Ruisseau depuis l’embouchure.
Week-end 4, 5 juin
Des Jardins en cascade Plusieurs rendez-vous proposés en parallèle d'une grande collecte citoyenne de déchets dans le cadre de Calanques propres.
Samedi 11 juin
L'amont Trek danse et goûter dansant à Fabregoules
lacitedesartsdelarue.net bureaudesguides-gr2013.fr hoteldunord.coop
Le tracé cartographique a été réalisé par Alexandre Lucas (làBO). Le mise en page a été assuré par Pierre Tandille (Aero Club Studio). Ce journal a été imprimé par CCI (Marseille).
Ce journal est soutenu par le projet européen Nature 4 City Life porté par la Région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur pour une meilleure intégration de la nature au sein du projet urbain dans un contexte de changement climatique et par l'Agence de l'eau RMC dans le cadre du Contrat de baie de la Métropole Aix Marseille Provence pour la valorisation des milieux aquatiques.
Les Gammares font leur trou (d’eau)