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DISCUSSION

DISCUSSION

La nourriture ne se retrouve pas dans nos assiettes par magie. Nourrir les villes a toujours nécessité des efforts gargantuesques et entraîné des répercussions sur les lieux et les écosystèmes, a fortiori dans un système mondialisé. Nos mœurs alimentaires façonnent la ville, ainsi que la campagne environnante. Carolyn Steel offre une vision fascinante de l’évolution des cités à travers le prisme de la nourriture : au cours des époques et tout autour de la planète, elle suit le trajet des aliments jusqu’à la ville, puis du marché ou du supermarché à la cuisine, et enfin de la table à la décharge ou aux égouts. Alors que plus de deux tiers de l’humanité vivra en ville d’ici à 2050, le sujet est brûlant d’actualité : comment nourrir la ville de demain ? Dans un style clair et imagé, l’autrice analyse cette question à la fois éthique et écologique, donne des pistes pour repenser nos villes et leur arrière-pays, mieux les concevoir, afin d’y vivre en harmonie.

Fin des sociétés paysannes, cuisines équipées, bétonisation des terres arables, effacement des savoir-faire et cosmogonies autochtones, ignorance des rythmes du monde vivant… Ces phénomènes divers que l’on apprend aujourd’hui à déplorer sont bel et bien liés, nous disent depuis un demi-siècle des théoriciennes écoféministes, critiques de la modernité industrielle. C’est à leurs pensées, méconnues en France, ainsi qu’aux leçons existentielles et politiques qu’il convient d’en tirer, qu’est consacré cet ouvrage. L’auteure explore les alternatives écologiques et anticapitalistes contemporaines pour démontrer que la vie quotidienne est un terrain politique fondateur. Sans politique du quotidien, sans reconstruction collective et radicale de notre subsistance, il n’y aura pas de société égalitaire ni écologique. Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas la généralisation du salariat qui a permis d’accéder à la société de consommation et au confort appareillé, mais le colonialisme et le travail domestique féminin. Une autre organisation politique de la vie et des rapports à la nature est possible. À condition d’être redistribué, ancré dans une communauté en prise avec un biotope et des usages, le travail de subsistance ainsi repensé devient un facteur d’émancipation. La fabrique du quotidien apparaît alors pour ce qu’elle est : un enjeu révolutionnaire.

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À moyen terme, le changement climatique et l’épuisement des ressources fossiles vont inévitablement nous rattraper. Que faire face à ces réalités ? Comment vont-elles modifier nos sociétés et nos économies ? À partir de ce diagnostic et de ces questions, David Holmgren identifie 4 scénarios d’avenir :

1) dirigisme et sociétés de contrôle (« brown tech » ou technologie brune) ;

2) États-providences et énergies renouvelables (« green tech ») ; 3) sociétés écologiques désindustrialisées (« intendance de la Terre ») ;

4) effondrement et tribalisme néo-féodal (« canot de sauvetage »). Ces 4 scénarios de descente énergétique ne sont pas mutuellement exclusifs : ils glissent les uns vers les autres. Se préparer activement au troisième est la meilleure façon d’éviter que le monde ne bascule dans le dernier. Ce travail inédit de « prospective écologique » s’inscrit dans le droit fil de la permaculture – un projet de transformation indissociablement agricole et social. Textes choisis, traduits et présentés par Sébastien Marot, philosophe et professeur en histoire de l’architecture.

Nous manquons, aujourd’hui en Europe, d’un projet écologiste capable de résister aux politiques d’étouffement, dans un monde de plus en plus irrespirable. D’un projet initié dans les quartiers populaires, qui y articulerait enfin l’ancrage dans la terre et la liberté de circuler. D’un projet dont le regard serait tourné vers l’Afrique et qui viserait à établir un large front internationaliste contre le réchauffement climatique et la destruction du vivant. D’un projet qui ferait de la Méditerranée un espace autonome et un point de ralliement des mutineries du Nord comme du Sud. D’un projet se donnant comme horizon à la fois la libération des terres, la libération animale et l’égale dignité humaine, fondamentalement liées. D’un projet assumant la sécession face à des forces d’extrême droite toujours plus menaçantes. D’un projet permettant de prendre le large en quête du One Piece, le fameux trésor du manga éponyme, devenu symbole, dans les quartiers populaires, de la soif de liberté qui y gronde. D’un projet qui se mettrait à hauteur d’enfants et chercherait leur bien-être et leur libération. Ce projet, c’est celui de l’écologie pirate.

Le temps joue pour nous : les AMAP, la Bio et les circuits courts apparaissent de plus en plus dans les médias comme dans nos assiettes – l’opinion publique est acquise. Si chaque consommateur change ses habitudes alimentaires, si chaque agriculteur se forme à l’agroécologie, alors la victoire est au bout de la fourchette. Ceci est une fable. L’appel à la responsabilité individuelle, ce « chacun doit faire sa part », ne mettra jamais fin au modèle alimentaire industriel et marchand. Celui-ci est une machine à produire artificiellement au moindre coût, une machine à confisquer les savoirs et savoir-faire, à enrichir les industries technologiques, à déshumaniser. Il est temps d’échapper à notre enfermement dans les niches d’un marché alimentaire réservé aux classes aisées et de reprendre entièrement la terre aux machines. Ce manifeste propose de sérieuses pistes de rupture. L’Atelier Paysan accompagne la conception et le colportage des technologies paysannes. Les auteurs, paysans, syndicalistes et militants, sociétaires de la coopérative, font le constat que les alternatives paysannes, aussi incroyablement riches soient-elles, s’avèrent totalement inoffensives face au complexe agro-industriel, plus prédateur que jamais.

Avec le collectif Reprise de terres en rédacteurs en chef invités : 180 pages pour défendre nos terres agricoles contre l’accaparement. Nous sommes au seuil d’une catastrophe foncière. Dans les dix prochaines années, la moitié des agriculteurs français va partir à la retraite, et c’est près d’un quart du territoire français qui va changer de mains. Alors comment inventer des tactiques foncières, politiques et juridiques pour contrer cet accaparement ? Comment résorber les divisions historiques entre paysannerie et protection du vivant ?

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