Le grand air

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LE GRAND AIR


MARCHE(S) D’APPROCHE Dans les années 1930 la vallée de l’Huveaune est déjà une zone d’urbanisation en pleine expansion de fait de l’implantation d’un nombre important d’usines. Coder et Rivoire et Carret font partie des plus grandes entreprises. C’est à ce moment-là que commence la construction d’habitations collectives «ouvrières» dont la première - la cité Michelis.

L’usine Rivoire et Carret 1890-1892

Grand producteur des pâtes alimentaires françaises, l’usine Rivoire et Carret est la première usine à être construite dans la vallée de l’Huveaune.

1948

Les employés de l’usine sont 648 ouvriers, la plupart sont des habitants du quartier.

2003

L’usine cesse son activité et est rachetée par la Ville de Marseille avec un projet d’y mettre un pôle logistique de nettoiement mais les habitants expriment leur opposition. Ils se regroupent en Collectif Rives et Cultures (les premières lettres renvoyent au nom de l’usine) souhaitant convertir le site en médiathèque et en maison du patrimoine de la vallée de l’Huveaune.

2012

Grâce aux efforts de Rives et Cultures, L’usine Rivoire et Carret est officiellement labellisée « Patrimoine du XXème siècle », mais n’a pas été reconvertie en espace culturel.

Jardins ouvriers Coder: «Un vrai poumon du quartier» Cachés entre la rive gauche de l’Huveaune et l’autoroute Est, ces jardins, étaient autrefois attachés à l’usine Coder. Aujourd’hui ils appartiennent à la Ville et sont entretenus par des passionnés du jardinage, presque tous à la retraite. En 2016 lors d’une crue de l’Huveaune l’eau a emporté une partie de la voie d’acces aux jardins. 2

Menuiserie Antoine et Le Modern cinéma Avant ici c’était le cinéma. Construit à la fin des années 1930 le Modern cinéma disposait d’une salle immense pour l’époque qui pouvait accueillir 700 personnes. C’était un grand lieu d’attractions pour les habitants de la cité Michelis. Dans les années 1960 le Modern cinéma sera transformé en menuiserie Antoine - il subira le même sort que les cinémas des quartiers marseillais de cette époque-là, ils disparaissent laissant place souvent à des commerces, les cinémas ne perdurent alors que dans le centre ville.


Cité Michelis: à la frontière des deux mondes Construite par Gaston Castel en 1934, la cité Michelis est emblématique du territoire industriel de la vallée de l’Huveaune et des programmes de construction de logements sociaux de la première moitié du XXe siècle. Depuis quatre générations, elle est surtout un lieu d’ancrage familial pour ses habitants issus de différentes vagues d’immigration. Il était des fois la cité Michelis à Marseille, Liliane KHOURI, 2016

La cité-jardin est un modèle, théorisé par l’urbaniste britannique Ebenezer Howard en 1898, qui répond au vœux d’installer la ville à la campagne. Selon ce modèle, les habitants des cités-jardins doivent pouvoir bénéficier des services qu’offre une ville tout en joissant d’un cadre de vie campagnarde.

Construction en forme d’escargot: la configuration circulare de la cité et des equipements collectifs (lavoir, épicerie, bar) ont imprimé à la cité Michelis sa vocation «historique» de centre d’attraction pour les groupes d’habitations

Destination: le lavoir A l’origine, dans la cité Michelis n’y avait pas de salle de bains dans les appartements. Pour laver leur linge, les femmes se réunissaient au lavoir, où elles en profitaient pour s’échanger les nouvelles du jour, entourées de leurs enfants qui en profitaient pour se laver.

Il était des fois la cité Michelis à Marseille, Liliane KHOURI, 2016

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PARCELLE Entre le quartier populaire de Valbarelle et le massif naturel du Parc des Calanques se niche une ancienne parcelle agricole. Historiquement, ce lieu faisait partie d’une bastide, à la fois domaine agricole et lieu de villégiature de l’aristocratie ou de la bourgeoisie marseillaise. À contempler les paysages actuels des Calanques, on peut donc voir la nature reconquérir d’anciens espaces agricoles abandonnés par les générations précédentes. Aujourd’hui c’est un lieu d’usages miltiples: promenades de chiens, apéritifs entre voisins, chemins de cueillettes, endroit de contemplation et de conversation pour les jeunes et les moins jeunes...

« depuis les franges des collines, les bords de la ville et un grand parc national : prendre l’air et découvrir, longer un bord de canal / vent et oiseaux / jusqu’à la crête et la mer des pistachiers / espaces flottants / monter ou descendre en galopade /oublier vite le temps / croiser un chien / de quelle nature sommes-nous constitués ? / les mots partagés et le vent en harmonica / improvisation / matin et nuit, les berges et les bâtiments / se faufiler / accueillir les mélodies terrestres /souffles et fin du jour…» 4

Ici-Même [Gr.]


PASSERELLE Quel avenir pour cette lisière ? Comment envisager aujourd’hui les enjeux de préservation de la biodiversité sans partager et impliquer plus largement les parties prenantes (habitants, gestionnaires, collectivités, enseignement, recherche) dans la connaissance et les modes d’action qui participent à son renforcement voire à sa restauration ? Il fait et fera réfléchir, collaborer, travailler ensemble des associations, des enseignantschercheurs en biodiversité, architecture, paysage, communication de transition écologique, agriculture et sciences sociales ainsi que des citoyens et des acteurs publics et privés. L’objectif étant de créer un espace ouvert à tous d’observation, d’initiation, d’apprentissage, de recherche, de coopération et de transmission des enjeux de la biodiversité.

En Lisières, un jardin entre ville et nature. Plan guide & stratégie d’accompagnement,

Cultures Permanentes, 2021-2022

«Le plan de paysage du PnCal (Parc National des Calanques) prend en compte les dynamiques naturelles et les orientations d’aménagement, avec la volonté de “désaménager” le cœur de Parc et d’en organiser les limites et transitions vers l’espace naturel.” Plan paysage, site web PnCal : www.calanques-parcnational.fr/fr/plan-de-paysage

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CANAL Le réseau d’eau potable de la ville de Marseille est alimenté au 2/3 par le canal de Marseille. Il a été construit au 19ème siècle et amène l’eau de la Durance sur 80 km jusqu’à la cité phocéenne. Marseille a longtemps souffert d’un problème d’approvisionnement en eau potable. Au fur et à mesure du développement de la ville, les moyens utilisés pour obtenir l’eau (puits, bassins, aqueducs, citernes) sont insuffisants. L’approvisionnement de la ville était particulièrement problématique lors des épisodes extrêmes de sécheresse. Entre 1834 et 1835 les épidémies de choléra accompagnant les épisodes de canicule font des ravages dans la population marseillaise, plus de 3000 personnes sont mortes. Face à cette situation, Maximin-Dominique Consolat, maire de Marseille entre 1832 et 1843, prend la décision en 1834 d’acheminer l’eau de la rivière Durance, située à 40 kilomètres à vol d’oiseau, dans la ville en construisant un canal. Débuté en 1839, celui-ci est achevé en 1854 après 15 ans de travaux difficiles. Le canal de Marseille est un véritable patrimoine dans le sens où il est une oeuvre humaine historique témoignant de pratiques, de techniques et d’évènements liés à l’histoire de Marseille. Dès sa création, il a modifié le paysage marseillais en permettant aux agriculteurs et aux propriétaires d’arroser les champs et les jardins des bastides. Ce fut le début du maraîchage à Marseille, grâce aux rigoles d’irrigation par gravité qui partaient du canal et descendaient vers la ville.

«Le canal de Marseille est une formidable promenade à ouvrir au public et associer aux systèmes d’entrées du Parc. En plus d’un déplacement en mode doux, il permet de traverser le système cadastral pour y découvrir la diversité paysagère de la lisière urbaine et de l’aire d’adésion. Ce lien ville-parc forme un continum écologique urbain en attente, formidable vecteur d’accès et d’usages en seuil du Parc national urbain des Calanques». Plan paysage, site web PnCal: www.calanques-parcnational.fr/fr/plan-de-paysage

Aujourd’hui se pose la question des usages officielles de l’eau du canal, de l’accès à ses berges, mais aussi de la valeur de ses fuites, qui tout en étant non maitrisées participent à la circulation de l’eau dans les sols marseillais. 6


Cherchez le beau bruit d’eau À l’époque, pour entretenir sa branche « mère » et ses rigoles, le canal de Marseille avait ses propres techniciens, les aygadiers, qui avaient droit de passage dans les propriétés privées, manœuvraient les martelières et les pompes. Aujourd’hui il n’y a plus d’aygagiers, les rigoles d’irrigation partant du canal sont souvent abandonnées. À la place des aygadiers viennent les chercheurs de fuites. Laurence Lemaire, Les gens de Marseille font le guide, Marseille, 2003

En longéant le Canal entre la résidence Chateau Saint-Jacques et la Cité Michelis on perçoit un lieu de rencontres - des promeneurs de chiens et des joueurs de pétanque viennent du haut et d’en-bas, le chemin ombragé attire les habitants en temps de chaleur, l’école n’est pas loin ... Le canal est bordé sur la plupart de ses rives par une végétation arborée et arbustive épaisse et variée, on devine qu’elle compose de bons habitats pour de nombreuses espèces. On sent qu’ici la vie circule.... 7


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BARRIÈRES Dans « Le château de ma Mère », Pagnol raconte les longs détours que la famille était obligée de faire, à pied et chargée de bagages, pour contourner les domaines privés entourant les bastides. Ils se rendaient dans leur location de vacances depuis l’arrêt du tramway dans le quartier de la Barasse. Jusqu’à leur rencontre avec Bouzigue, cantonnier-arroseur du canal de Marseille, qui insiste pour leur prêter la clef qui ouvre les portillons des bastides le long du canal pour raccourcir leur chemin.

Aujourd’hui le canal n’est quasiment nulle part accessible L’évolution du rapport au risque a conduit peu à peu à la fermeture du canal: busage, grillage, barbelés, murs... On l’aperçoit au détour d’un pont, d’un point de vue... Ici, à La Valbarelle c’est un des rares endroits où on peut encore l’arpenter de par sa taille modeste. Le phénomène croissant des résidences fermées accentue la difficulté d’accès au canal et aux cheminements.

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Marseille compte plus de 1500 résidences fermées marsactu.fr/29-de-logements-sont-situes-en-residences-fermees-a-marseille/

Ces fermetures bloquent la circulation des voitures, mais aussi la mobilité douce (piétons, cyclistes, fauteuils roulants et poussettes). Depuis 2014 les services de voirie ne peuvent plus s’opposer à une demande de fermeture non maçonnée dès lors que la voie est privée, et qu’il y a juste pose d’une grille.

Parcours santé ou parcours du combattant?

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PORTE OUVERTE Passer de l’autre côté du canal... ...du côté de la pente, de l’autre côté des arbres en ciment... ...du côté des tours fleuries Bienvenu·es à la Mathilde Bienvenu·es aux Néréïdes

RocaillE Ou la maçonnerie arborescente, ou la rocaille de ciment ou « faux bois », Un art rustique de tradition plus que centenaire. Avec l’invention du ciment Portland vers 1850 Il est à l’origine des décorations et ornements de jardin et des bâtiments (création artistique et artisanale de rochers, ponts, rambardes, kiosques ou mobilier). On peut même trouver comme ici des arbres à l’écorce usée par les années....

Les jardins ouvriers apparaissent en France à la fin du 19e siècle suite à l’essor industriel et se développent sous l’impulsion de l’abbé Lemire dans un mouvement associant hygiénisme et mythe d’un retour à la terre. Ils permettaient de mettre à disposition des ouvriers des parcelles de terre cultivables afin de subvenir aux besoins alimentaires et de les éloigner des cabarets en encourageant les activités familiales. Après la seconde guerre mondiale, les jardins ouvriers devennent des jardins familiaux car la mise à disposition de parcelles de terrain s’ouvre à d’autres catégories socioprofessionnelles.

Néréïdes-Bosquet, un des premiers jardins collectifs en pied d’immeuble L’histoire commence avec l’association AMIEU (Atelier Marseillais d’Initiatives en Ecologie Urbaine) et les locataires des Néréides et du Bosquet (Marseille, 11ème) qui proposent de travailler ensemble sur un projet de jardin partagé dans le quartier, rassemblant ses habitants. Les premiers jardins voient le jour en 2009; on retrouve aujourd’hui 70 parcelles jardinées.

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Faire adresse «Un dimanche, je revenais voir cette pièce «Faire avec», au moment où ce n’était pas sûr du tout que l’on puisse la laisser. Il pleuvait bien, pourtant des habitants étaient là à discuter tout autour. L’un d’eux, qui était architecte avant de venir en France mais qui n’avait plus pu exercer ici, me dit ceci : Vous savez, ils pourront pas vraiment l’enlever cette oeuvre. Parce qu’en la mettant là et en permettant ainsi aux gens de se retrouver, vous avez créé une adresse et on peut pas effacer une adresse.. » Olivier Nattes

Avec le projet « Collines en ville » l’Association Rives et Cultures travaille le lien ville-nature aux quatre points cardinaux de Marseille en sensibilisant les habitants des espaces en lisière à travers des sculptures-signal. L’oeuvre «FAIRE AVEC – ZIVA (Zone d’inspiration vivante et active) » a été érigée dans les collines de l’Est sur le site des cités Néréides – Bosquets par l’artiste Olivier Nattes. Après de multiples peripethies, quand à sa perennisation, cette pièce a pu être conservée in situ grace à son rachat par le Parc National des Calanques. 13


TRAVERSE Un site sacré où s’organisent régulièrement des rituels clandestins, des danses circulaires des scooters enflammés. Ces rituels visent à honorer le Mont Saint-Cyr, et à appeler l’eau. Le rituel est réussi si les scooters sont éteints en moins de 20 minutes. Source anonyme

Le Massif de Saint-Cyr est l’un des massifs montagneux qui bordent la ville de Marseille. Il est situé en arrière des calanques de Marseille par rapport à la mer Méditerranée. Son point culminant est le mont Carpiagne, qui culmine à 645 mètres.

Ce site est répertorié comme étant un lieu où les départs d’incendies sont particulairement nombreux. OPH 13 Habitat: Aménagement limitant l’accès des engins motorisés au parc des Calanques

Pour ne pas risquer de vous-même prendre feu nous vous invitons à vous désaltérer ! 14


Le Ruisseau intermittent Le ruisseau Saint-Cyr n’apparaît que lors de fortes pluies, quand l’eau de toutes les petites ravines du massif ruisselle vers l’Huveaune. L’impermeabilisation des sols due à l’urbanisation engendre des fortes risques d’inondation. La traverse Saint-Cyr a été aménagée en agençant des cailloux et du ciment pour accueillir cette eau de ruissellement et casser son flux puissant.

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PASSAGE À GUÉ Écoutez ! Qu’est-ce que c’est que ce bruit? L’océan? Le ruisseau Saint-Cyr? L’Huveaune? L’auto-route?

L’Huveaune est un fleuve qui prend sa source dans le massif de la Sainte-Baume et se jette à Marseille dans la mer Méditerranée. Avec son affluent le Jarret, il est le principal cours d’eau arrosant Marseille. L’Huveaune s’est appelé en celto-ligure Ybelcos ou Ubelka (« la dévastatrice »), d’une racine pré-latine obscure. Il est attesté sous la forme Uvelne en l’an 985 ; le nom en provençal est Evèuno ou Vèuno, puis la Veaune en français. Source Wikipédia

L’usine de peinture Pébéo fut fondée en 1919 par Claudius Chaveau. Elle s’installa à Saint-Marcel en profitant du béal de l’Huveaune qui alimentait en force motrice l’entreprise d’une vingtaine d’employés à l’époque. A l’époque de sa création l’entreprise Pébéo transformait le plomb en produits dérivés et notamment des pigments, commercialisés à l’état pur ou transformés en couleurs en poudre destinées aux artisans peintres. Les peintures prêtes à l’emploi n’existaient pas encore. Le nom de l’entreprise vient de PbO, formule chimique du protoxyde de plomb fabriqué à l’époque et base de toutes les peintures. 1989 marque la fin de l’aventure de l’usine historique marseillaise qui laissera sa place à la communauté d’Emmaüs de Saint Marcel. www.pebeo.com/apropos/Histoire-de-Pebeo

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En mai 2020 dans le cadre de la Biennale des Ecritures du réel devait se tenir la première version de cette balade, nommée alors Far East. Elle s’était construite avec aussi des habitants de Airbel, les compagnons d’Emmaüs et le collectif l’Agonie du palmier. Cette marche était également une des étapes de la 20ème édition du Festival des arts de passage.

Depuis 1997 la communauté Emmaüs de Marseille Saint-Marcel organise son Festival des arts de passage. Un festival, qui s’invente lentement dans la rencontre, qui a à coeur de réunir des compagnons d’Emmaüs, des habitants de la vallée de l’Huveaune, des artistes et acteurs associatifs.

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AUTOROUTE-FLEUVE «VOUS SAVEZ QUOI ? LES AMANDES VERTES ET LAITEUSES SONT PLEINES DE VITAMINES, PRENEZ-EN C’EST BON POUR LA SANTÉ !»

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« ET VOUS, VOUS VENEZ D’OÙ ? LES QUATRES CHEMINS À AUBERVILLIERS? C’EST FOU, MOI, JE SUIS NÉ LÀ-BAS ! » Rencontres de bord de route du 28 avril 2022

L’Autoroute Marseille-Aubagne lors de la crue de janvier 1978. Le provençal.

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MIROIR

Le chemin de fer Le chemin de goudron Le chemin d’eau Derrière Ici j’avance derrière le miroir Un souvenir d’odeur Une marche à l’envers A contre-courant du temps … Rêverie en lisière - 30/04/22

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MIROIR


CHEZ LES COMTES Le nom vient de Bernard Comte, qui a fondé au 15è siècle le hameau du Collet des comtes. Le développement de la culture maraîchère commence ici avec la construction du Canal de Marseille. La ferme voit le jour en 1855 et se développe grâce à l’apport en eau du canal. En 1980, la Ville de Marseille rachète la propriété pour la préserver des promoteurs et la transforme en ferme pédagogique en 1988. Une DSP (délégation de service public) est mise en place. La fratrie d’Alban, et Marie-Jeanne qui travaillait alors dans cette ferme se voit confiée de nouvelles missions éducatives. A leur retraite un appel d’offre est ouvert et les parents de Célina et Joelle Crochemore remportent l’appel. Début 2022 Célina et Joelle remportent de nouveau la DSP et proposent de porter le projet en collectif. Aujourd’hui encore, Marie-Jeanne, Alban et ses frère et soeur Armand et Elise habitent le domaine. Dans les 1950 Marseille était entourée de terres cultivées, une bordure maraichère liée au canal. Cette ceinture verte lui a assuré une auto-suffisance alimentaire et a constitué le terroir marseillais. Avec l’urbanisation croissante et la destruction des terres agricoles, la préservation d’espaces cultivés s’est imposée comme un enjeu majeur en terme pédagogique et patrimonial. Il existe aujourd’hui deux autres fermes pédagogiques à Marseille : Le Roy d’Espagne (6e) et La Tour des pins (14e). L’enjeu alimentaire réémerge actuellement comme le manifeste la sauvegarde des terres agricoles de Sainte Marthe (14ème) ou la mobilisation pour la préservation du vallon des Hautes Douces (11ème).

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«On a besoin d’avoir un terrain assez important pour montrer aux enfants à quoi ressemblait une ferme d’antan, qui fonctionnait comme ça avec un exemplaire de plein d’animaux»


«Avec le confinement des gens se sont un peu perdus dans leurs filières, à trop regarder les écrans. Certains ont décroché du système, se retrouvant isolés, derrière les ordis. Il y a ceux qui sont venus nous voir pour faire du bénévolat ici, pour retrouver des choses essentielles, être en contact avec la terre»

«On aime l’idée que les enfants puissent apprendre à fabriquer de leur mains» Célina Crochemore, Responsable animation de la ferme du Collet des comtes 23


LES MAINS DANS LA TERRE Dégustation et fanfare d’argile Un écho aux productions du lieu et au souffle qui anime le collectif de la ferme.

Dans un ballet des gestes, ici naissent les légumes Ici, se déguste le travail de la terre et résonne le souffle du collectif

Nous avons imaginé une dégustation qui raconte ce qui anime la ferme, le travail de la terre. L’élan collectif et les gestes pratiqués en communs, ceux qui font naitre les légumes, prennent soins des herbes vagabondes, les gestes précis et puissants du voisin, ancien fermier des lieux, qui coupe et range le bois pour alimenter le feu. Mais aussi ceux souples et tout aussi précis de l’autre travail de la terre, qui se joue dans la remise transformée en atelier et façonnent l’argile en céramique. Colletcif SAFI

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LA VAISSELLE CHANTANTE A l’issu du repas, les bols se transforment en cloches, les assiettes se raclent, les piques se font percussifs et les oiseaux se deviennent sifflets, suivant les gestes de la cheffe d’orchestre, ensemble, devenons fanfare !

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Dessin : Stéphane Brisset (Collectif SAFI) 27


SONNER AVEC LA TERRE On s’accorde sur quelques signes On les suit avec attention On s’écoute

Le Soundpainting est un langage de signes, universel et multidisciplinaire, permettant la composition sonore en temps réel.

Jouer ensemble et devenir un paysage sonore…

Des sons en goutte à goutte, jusqu’à la pluie

Le souffle, rien que le souffle

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A toi!

Des variations de volume sonore

Stop, bienvenu au silence Le rythme, rien que le rythme

Dessin : Stéphane Brisset (Collectif SAFI)

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VAGABONDAGES À VALVERT La psychothérapie institutionnelle apparait en France à partir des années 1950. Cette nouvelle approche met l’accent sur la dynamique de groupe et vise à humaniser la relation entre soignants et soignés. Il s’agissait à l’époque de sortir de qu’appelait Jean Oury « la structure concentrationnaire» des hopitaux psychiatriques. Dès lors des lieux emblématiques émergent : L’hôpital de Saint-Alban-sur-Limagnole, les cliniques de La Borde et de La Chesnaie à Chailles. C’est dans cette lignée qu’a été crée en 1975 le centre hospitalier Valvert, multipliant alors les approches afin de rendre toujours plus humaine et spécifique les prises en charges thérapeutiques. Depuis 2006, avec le dispositif Ose l’art, le centre s’appuie notamment sur des artistes de divers horizons pour mêler patients, personnel soignant, technique, administratif et habitants du quartier au sein d’ateliers artistiques visant une création. Théâtre, danse, musique, cinéma, en 16 ans d’existence les projets fleurirent. Aujourd’hui des projets de BD, d’impro musicale, de théâtre et d’expo rétrospective sont en préparation, notamment avec le Théâtre de la Cité qui organise La Biennale des écritures du réel.

« Au fil de nos interventions, une pratique à la lisière du comique, du philosophique et du poétique s’est developpée entre les patients, les soignants et nous. » Pilar Arcila et Jean-Marc Lamoure, cinéastes à Abjoy production, intervenants à Valvert

« C’est ça Valvert. Ça grouille de vivants laissant ses traces indélébiles et ses histoires qui font l’Histoire. » Vagabondages, le magazine du Centre hospitalier Valvert, N°49 - février 2022

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Jouer avec le vent, écouter et attraper les mots d’ici, les partager, improviser avec les sonorités, chercher la pulsation de l’eau, le rythme de nos pas le long des berges. Et puis trouver l’argile, accueillir les mélodies terrestres, et voir ce que ça nous fait au corps.

Dessins du livret : Natalia Prokofyeva

Sentir comment les espaces nous portent, comment la vie les recomposent, circuler aux franges des collines et aux confins de la ville.

Une journée imaginée avec le Bureau des guides du GR2013, le Collectif SAFI (Stéphane Brisset, Dalila Ladjal et Lise Fovet), Ici-Même [Gr.], l’association Cultures Permanentes, les habitant.es de la CIté Michelis et l’association Rives & Cultures, la ferme pédagogique du Collet des Comtes, le Centre hospitalier Valvert à l’invitation du Théâtre de La Cité dans le cadre de la Biennale des écritures du réel #6.


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