Au Grand Air : du ruisseau de la mer...

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Au Grand Air Du ruisseau à la mer


Une balade musicale Cette année, Au Grand Air vous invite à une balade musicale au départ de la Cité des arts de la rue, en passant par la cascade des Aygalades et s’achevant face à la mer. Accompagné de l’urbaniste conteur Nicolas Memain pour une marche sensible en milieu péri-urbain, ce projet est l’occasion pour de jeunes artistes du bassin méditerranéen en résidence au Festival d’Aix de proposer une création musicale qui ponctuera le parcours. Menée par Violaine Fournier, cette session propose à des jeunes artistes venant d’horizons musicaux divers (musique classique, jazz, musiques traditionnelles de la Méditerranée, etc) une expérience dans le domaine de la création musicale contextuelle, c’est-àdire dans l’élaboration de formes sensibles, inspirées par un contexte donné et en interaction avec le milieu environnant. Avec une sensibilité particulière pour les héritages méditerranéens, Violaine

Fournier, chanteuse, dramaturge et autrice, partage ici son expertise dans la création de spectacles vivants qui visent à sensibiliser les publics les plus divers à la musique, notamment en dehors des salles de spectacles, et avec le souci de décloisonner les espaces et formes de performances. Une opportunité de perfectionnement unique pour mieux mettre sa créativité au service de l’exploration et de la valorisation d’un environnement, pour développer une plus grande interaction avec les publics les plus divers et pour oser créer de nouvelles formes et de nouvelles scènes, hors des salles de spectacle. Une proposition réalisée en partenariat avec le Bureau des guides du GR2013 et grâce à la complicité de La Cité des arts de la rue et de l’association Foresta. Remerciements à la Tuilerie Monier (BMI) pour leurs tuiles musicales.



Prélude Une composition de 2,7 kilomètres Un climax à 106 mètres



Vibrations C’est depuis la Cité des arts de la rue que l’on se met en marche. Cité artistique, cité mécanique : les lieux entrent en résonance avec ce(ux) qui s’expriment. Fermez-les yeux, et essayez de saisir l’ampleur de l’espace grâce aux sons que vous saisissez. Sous les immenses toits de tôle, les voix se font écho. En contrebas, le train passe régulièrement, le vrombissement de son moteur allant crescendo, puis decrescendo à mesure qu’il s’éloigne. En face, les pelleteuses bourdonnent et s’activent à brasser le verre qui carillonne. Empruntez le petit pont métallique duquel vous embrasserez une large vue de Marseille, et c’est le bruit de vos pas qui cliquettent.



Ruisseau adagio En descendant par la Cité, on découvre un ruisseau, et ce ruisseau, que l’on pourrait aussi appeler fleuve car il se jette dans la mer, a disparu. Il s’est fait engloutir par les déchets, les activités industrielles, la propriété privée et l’oubli. Il s’appelle Ruisseau des Aygalades (de « aiga » en provençal qui veut dire eau), un quartier porte son nom.

Le Rap de la Caravelle : du flow dans le ruisseau « La Caravelle : piscine l’été, usine pour le reste de l’année…» Depuis 2018, les jeunes du centre social de la Gavotte Peyret se sont pris d’affection pour ce fleuve côtier qu’ils croisent en allant au collège ou aux entraînements de foot. À travers cette composition musicale, ils nous partagent leur vision du cours d’eau.


Et dans les quartiers Nord, un appendice du port Ruisselle en cascade, le fleuve des Aygalades Caravelle, coules-tu ? Caravelle, t’assèches-tu ? Caravelle, pleures-tu ? Caravelle, te défends-tu ? Au milieu des déchets, De la vie se fait Depuis le fond du lit Des gammares nous sourient Caravelle, coules-tu ? Caravelle, pleures-tu ? Caravelle battement d’ailes Tu nous rends la vie plus belle Chanson de geste


Quatuor à cordes En s’approchant du ruisseau, ayez l’oreille attentive. Le grabuge de la ville s’estompe et laisse place aux chants de ceux qui peuplent les alentours. Ils pépient, bécassent, jabotent, babillent, sifflotent, tintinnabulent... Un seul être glissé ici reste muet, mais son nom est trop mélodieux pour l’ignorer.

Il raille, pleure. Il lance des « rires » sonores, mais plus profonds et nasillards que ceux du Goéland argenté kyowyow-yow. Il émet aussi des aboiements, des gémissements et des cris aigus.

Son cri est un siii appuyé et incisif, puissant et répété. C’est par ce cri que l’oiseau s’annonce quand il arrive en vol comme une flèche bleue audessus de l’eau. Le chant est une succession de sifflements stridents de fréquence un peu variable.


Ses froissements bruissent légèrement dans le vent. Elle pousse en rosette : toutes ses feuilles partent de son pied. Elle fait partie de la famille des oseilles et a un goût plutôt astringent.

Son chant est une phrase assez courte qui commence par un grincement retenu rappelant le bruit d’un papier que l’on froisse et qui se poursuit par la répétition rapide d’une note tu tu tu tu tu qui rappelle le rougequeue à front blanc.

Dessins Collectif SAFI




Pianoter vers ailleurs En quittant la Cité, au niveau de la casse automobile, retournez-vous. Sur le mur apparaît la fresque «Ruisseau en sursaut» de Germain Prévost (alias Ipin). Elle nous parle de la vivacité d’un cours d’eau, surtout en période de crue.



Sur le chemin Henri Beyle

« Les jours de bonheur, vous préfèrerez Cimarosa ; dans les moments de tristesse, Mozart aura l’avantage. » écrivait Henri Beyle, mieux connu sous le nom de... Stendhal, à propos de ses compositeurs favoris.


Les tuiles que vous avez entre vos mains ont aussi servi à fabriquer des maisons... et pas uniquement leur toiture ; les tuiles abîmées étant parfois récupérées comme matériau de construction des murs.


Interlude au parc Brégante Avant d’être le parc public que nous traversons aujourd’hui, le parc Brégante était le parc d’une ancienne bastide que l’on voit encore. Installé sur le côteau de la Viste (la «Vista», la vue), le parc est un belvdédère (de l’italien «bel vedere», belle vue) sur la Méditerranée. Si les lieux sont aujourd’hui calmes, autrefois les propriétaires y venaient pour organiser des parties de chasse aux oiseaux... Imaginez-donc le détonnement des tirs de carabine ici. Moins délicat que les chants d’oiseaux.

En arrivant ici, on a peut-être perdu la trace du ruisseau des Aygalades... mais l’eau est toujours présente : dans les années 60, la Société des Eaux de Marseille installe au parc Bregante un immense réservoir d’eau souterrain. Eaux grondantes, eaux ronflantes.


Tendre oreille Lorsqu’une plaque sur laquelle on a déposé du sable ou un liquide est soumise à une vibration ou à un son, le sable ou le liquide s’arrangent en d’extraordinaires figures géométriques. Ces figures sont segmentées en cellules symétriques d’autant plus fines et complexes que la fréquence vibratoire est élevée. Des gouttes d’eau isolées pulsent et s’organisent en polyèdres. Par ce procédé, le son est transcrit en formes. La voix humaine produit de merveilleuses figures et l’on peut suivre les formes d’une musique. Beaucoup de ces figures acoustiques sont analogues à des formes que l’on trouve dans les végétaux et les animaux, et aussi dans les planètes et les crop-circles. Se pourrait-il que l’univers et la nature aient été créés par des sons, comme le rapportent les mythes de nombreuses traditions ?

Suite d’ondes stationnaires dans un film d’eau, pour des fréquences croissantes de 10 à 160 Hz. © A. Lauterwasser, Images sonores d’eau


Sonnez les tuiles !


Chaque jour, les tuiles fabriquées la veille sont sonnées : elles sont toquées avec un petit marteau pour vérifier leur qualité. Au son émis, les ouvriers savent reconnaître si la tuile est conforme ou défectueuse. Dans les années 50, les sonneurs de tuiles ne se protégeaient pas les oreilles. Beaucoup d’entre eux, aujourd’hui retraités, ont développé des troubles de l’audition en raison de la répétition prolongée du son des tuiles toquées. La vallée comptaient à l’époque de nombreuses tuileries... Imaginez la résonance des tuiles toquées se répondant d’un site à l’autre... Aujourd’hui, de l’ensemble des tuileries regroupées sous le même vocable «Société Générale des Tuileries de Marseille» il ne reste aujourd’hui plus que l’entreprise Monier.


Tout le monde se souvient de Foresta Dans ce quartier où bastides et maisons de maîtres pullulaient et où on les appelait des châteaux, chacun conserve un château dans son petit musée de mémoire personnel : démoli, englouti, enfoui, ou exceptionnellement encore debout, il a nourri notre imaginaire et rejoint les contes de fées dans le coin le plus poétique de notre enfance. Mais LE CHÂTEAU des châteaux c’était Foresta. Les Foresta sont les derniers grands seigneurs qui, bien après la révolution de 1789, aient maintenu dans nos quartiers quelque chose de l’ordre d’une vision féodale du monde. Beaucoup ont un grand-père ou une grand-mère qui a servi à Foresta. Chacun s’en souvient ou en a entendu parler, et même ceux qui sont nés après le bombardement du château. Et chacun a une anecdote à raconter. À commencer par moi. Pour moi Foresta, c’est un cerf-volant. Je ne sais pas pourquoi mon père, qui était totalement indifférent à nos yeux et pas bricoleur pour deux sous, s’était mis en tête de fabriquer un cerf-volant avec moi. Mais il l’a fait. Le cerf-volant était en papier-journal, avec des papillons de journaux tout au long de son immense queue. Le papier-journal est beaucoup trop lourd pour les cerfs-volants, tous les spécialistes vous le diront. Mais le nôtre a marché quand même. Un beau jour nous avons pris le 36 jusqu’à Saint-André, puis nous sommes montés à pied sur le plateau. Ça devait être en 1950. Le château était donc déjà partiellement détruit. Mais j’avoue n’avoir gardé qu’un souvenir très flou de ces ruines. Dans ma mémoire il n’y a qu’un ciel bleu, sans doute un ciel de léger mistral. Il y a aussi un vaste plateau d’où je dominais tout le bassin, et mon cerf-volant qui s’élevait vaillamment au-dessus du paysage. Nos bastides pouvaient se blottir dans la fraîcheur des vallons, mais Foresta, château féodal, se dressait forcément sur une hauteur. Dans ma mémoire, il y a aussi mon père que je voyais courir pour la première fois. Lucienne Brun Sur les traces de nos pas, 2008


Le château de Foresta surplombant le creux d’argile, photo musée d’histoire de Marseille


Rhapsody en F(orest)a majeur Entendez-vous le vacarme infernal de ce chantier ?

La Lorette lors de sa destruction (©J. Windenberger, 1995)

Construction de la Bricarde (©J. Windenberger, 1972) Chantier de construction de Grand Littoral (©.Windenberger, 1995)


Carte du bruit dans le quartier de Foresta (AGAM)



Orchestre des Jeunes de la Méditerranée (OJM)

Violaine Fournier - Chanteuse, dramaturge et mentorat de la résidence | Nikolas Delivasilis - Violon | Simon Pierron Sochaki - Alto | Veatriki Alithinou - Percussions. Pauline Chaigne - Directrice adjointe de la programmation Méditerranée et de l’OJM | Elodie Ughetto - Chargée de production OJM.

Passerelles

Service socio-artistique : Marie-Laure Stephan, Floriane Brignano, Jeanne Rousselle. Service éducatif : Frédérique Tessier, Elsa Taillard, Paul Tranié, Louisiane Toumelin. Frédérique Moullet, Benjamin Privey. Équipe technique Festival d’Aix : Emmanuel Champeau - régisseur général | Philippe Chioselli - régisseur général adjoint | Guillaume Parmentelas - régisseur général Au Grand Air | Anthony Deroche régisseur Au Grand Air.

Bureau des guides du GR2013

Nicolas Memain - guide | Marielle Agboton - suivi de projet | Delphine Tourte - réalisation du livret | Noémie Behr - administration.


Au Grand Air

Depuis plus de 10 ans, Passerelles met au cœur de ses programmes de sensibilisation à l’opéra la rencontre avec des artistes et compte pour cela sur la précieuse participation des artistes des productions du Festival d’Aix, des jeunes artistes de l’Académie et de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée. Ces rencontres sont autant des découvertes artistiques, que des temps d’échanges et de partages. Au Grand Air vous propose une approche sensible et sensorielle de l’environnement en proposant des rencontres artistiques en espaces naturels.

Passerelles

Passerelles rassemble l’ensemble des actions de médiation, de sensibilisation et de pratique artistique amateure portées tout au long de l’année par les services éducatif et socio-artistique du Festival d’Aix. Depuis quinze ans, Passerelles intervient sur tout le territoire régional auprès de partenaires multiples (structures associatives, sociales, médico-sociales, sanitaires, etc.), des conservatoires et des établissements scolaires, de la maternelle à l’université. Près de 5 000 enfants, adolescents et adultes découvrent ainsi chaque année l’univers de l’opéra grâce à des projets innovants, développés à partir de la programmation du Festival.

Académie et Méditerranée

Au sein du Festival d’Aix-enProvence, l’Académie et l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée (OJM) propose des parcours de formation, de perfectionnement et de professionnalisation à de jeunes artistes talentueux venus du monde entier. Sous la forme de « résidences » ou de « sessions », ces parcours comprennent, en fonction de leur finalité, des master classes, des conférences, des ateliers d’échanges, d’expérimentation, de développement de carrière ou de médiation ainsi que des restitutions publiques, sous la forme de concerts et de spectacles. Immergés dans l’environnement festivalier, ces jeunes artistes sont encadrés par des professionnels internationaux, échangent avec les artistes invités du Festival et ont l’opportunité de rencontrer de nombreux professionnels du secteur.

1ère édition Lundi 23 mai et mardi 24 mai 2022


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