1001 Nuits #6
Samedi 21 avril Le sel de la Terre Gare TER Croix Sainte 13500 Martigues
15h Voyage culinaire
20h28 Coucher du soleil
Coucher du soleil
20h28
Pléiades
1001 nuits Qu’est ce que le projet 1001 nuits ? 1001 NUITS c’est une collecte de récits et une série de rendez-vous artistiques pour passer ensemble du jour à la nuit. Le principe est d’inviter habitants de proximité et voisins métropolitains à découvrir ensemble un endroit du territoire de manière originale, au travers de rencontres et d’histoires qui entrent en résonnance avec les paysages.
Quand ? Du 17 février au 2 septembre 2018.
Où ? Dans des lieux insolites autour du sentier GR2013.
Qui ? 1001 NUITS est un projet proposé par le Bureau des guides du GR2013, coproduit par MP2018, avec le soutien de la Banque Populaire Méditerranée, en partenariat avec Bouches-du-Rhône Tourisme et le Comité Départemental de Randonnée Pédestre des Bouches-du-Rhône.
Illustrations © Catherine Chardonnay Graphisme © Lindsay & Bourgeix
P L É i A D E S . Groupe de sept étoiles qui constitue un petit amas très groupé dans la constellation du Taureau et bien visible les nuits d’hiver. Par glissement, groupe de sept poètes français du 16ème siècles. Dérivé : une pléïade, une grande quantité.
« En vérité, ma sœur, dit alors Dinarzade, je ne sais où vous allez prendre tant de belles choses. » « Vous en entendrez bien d’autres demain, répondit Scheherazade, si le sultan, mon maître, a la bonté de me prolonger encore la vie. » Onzième nuit, les Mille et une nuits
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Le corse, pêcheur à Port de Bouc
Face aux Chaluts et senneurs, pêche industrielle de malheur. Pierre « le corse » petit pêcheur, pêcheur local, artisanal, préserve les ressources halieutiques, jardine la frange littorale et cueille des poissons de saison que ce soir nous dégustons. P ierre G iannetti - P ort - de -B ouc , 2018
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Début du 18ème siècle, anonyme
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LA VILLE QUI N’EXISTAIT PAS En 1834, Alexandre Dumas effectue un voyage dans le midi, après avoir couché à Arles, il se rend à Bouc et en fait le récit : Vers les deux heures de l’après-midi, notre coche s’arrêta : nous descendîmes à terre, et, comme nous demandions dans quel but on nous avait déposé là, notre patron répondit que nous étions arrivés à la ville de Bouc. Nous regardâmes autour de nous, et nous vîmes trois maisons : deux étaient fermées et une ouverte, et nous la trouvâmes habitée par un aubergiste qui jouait tout seul au billard ; sa main droite avait fait défi à sa main gauche et était en train de la peloter, quoiqu’elle lui rendît six points. Nous demandâmes à ce brave homme s’il y avait moyen d’avoir à dîner : il nous répondit que rien n’était plus facile, pourvu que nous eussions la complaisance d’attendre. Que faire pendant ce temps-là ? Il nous répondit que nous pourrions visiter la ville. — Quelle ville demandai-je ? — La ville de Bouc, répondit l’aubergiste. Je crus que j’avais passé près d’elle sans la voir ; je retournai sur le seuil de la porte, je regardai tout autour de moi : il n’y avait que deux maisons fermées, et aussi loin que la vue pouvait s’étendre, pas le plus petit monticule derrière lequel pût se cacher, non pas une ville, mais un plan en relief. Je rentrai et trouvai Jadin qui lisait un papier imprimé collé contre le mur. — Il faut, lui dis-je, que Bouc soit quelque ville souterraine comme Herculanum, ou cachée comme Pompéi, car je n’en ai pas aperçu un vestige. — Eh bien ! Je l’ai découverte moi, me dit Jadin. — Et où est-elle ? — La voilà, me dit-il. Et il me montra du doigt l’imprimé. Je m’approchai et je lus : “Napoléon, par la grâce de Dieu, Empereur des Français, Roi d’Italie... avons ordonné ce qui suit : il sera élevé une ville et creusé un port entre la ville d’Arles et le village de Martigues. Cette ville et ce port s’appelleront la ville et le port de Bouc. Notre ministre des Travaux Publics est chargé de l’exécution de la présente ordonnance. Donné en notre château des Tuileries le 24 juillet 1811. Signé : Napoléon”. Au-dessous de l’ordonnance était le plan. — Voilà me dit Jadin. En effet, dans un des rares moments de repos que lui donnait la paix, Napoléon avait reporté ses yeux de la carte de l’Europe à la carte de France, et, posant le doigt sur les bords de la Méditerranée, entre la Crau et la Camargue, il avait dit : “il faudrait là une ville et un port”. Aussitôt sa pensée, recueillie au vol, avait pris corps et s’était représentée à lui le lendemain sous la forme d’une ordonnance au bas de laquelle il avait mis son nom. Alors on avait fait un plan et envoyé des ingénieurs. Puis la campagne de Russie était venue, suivie des désastres de Moscou, et comme on manquait d’hommes, attendu la grande consommation qu’en avait fait l’hiver, les ingénieurs furent rappelés ; ils avaient
eu le temps de creuser un canal et de tracer le plan de la ville ; puis un spéculateur précoce avait bâti trois maisons dont deux étaient fermées faute de locataires, et dont la troisième transformée en auberge était habitée par notre hôte. C’était cette ville qui n’existait pas qu’il nous avait offert de visiter. J’eus un instant de terreur : l’idée m’était venue que le dîner pourrait bien être aussi fantastique que la ville. Je ne fis qu’un saut de la chambre à la cuisine : la broche tournait et les casseroles étaient sur le fourneau. Je m’approchai de l’un et de l’autre pour m’assurer si ce n’était pas le fantôme d’un gigot ou l’ombre d’une perdrix que j’avais devant les yeux ; cette fois c’était bien une réalité. — Ah ! Ah ! c’est vous me dit l’hôte en remontant le tournebroche ; patience ! Faites un tour dans la grand-rue, je vous rejoins en face du Théâtre. Je crus qu’il était fou : mais comme j’ai autant de respect pour les insensés que de mépris pour les imbéciles, je pris Jadin par le bras et nous sortîmes dans la grand-rue. Nous ne fûmes pas longtemps à la trouver. À quelques pas de la maison, il y avait une perche. Au bout de cette perche un écriteau : “Grand- Rue ou Rue du Port”. Nous y étions. Nous nous engageâmes. Au bout de cent pas, nous trouvâmes un autre écriteau sur lequel il y avait : “Théâtre de Sa Majesté l’Impératrice Marie-Louise”. Nous nous arrêtâmes ; c’était là, selon toutes les probabilités, que nous avait donné rendezvous notre aubergiste. En effet, cinq minutes après nous le vîmes paraître. Le brave homme fut d’une complaisance merveilleuse : je n’avais jamais vu cicérone plus érudit. Pendant deux heures, il nous promena dans les quatre coins de la ville et nous fit tout voir, depuis les “Abattoirs” jusqu’au “Jardin des Plantes”, nous indiquant chaque bâtiment dans ses moindres détails et ne nous faisant pas grâce d’une fontaine. Heureusement j’avais pris mon fusil, si bien que, tout en parcourant la ville, je tuai un couple de cailles à la “Bourse” et un lièvre à la “Douane”. C’est une ville magnifique que Bouc, seulement elle a le malheur contraire à celui du cheval de Roland : le cheval de Roland n’avait qu’un vice, celui d’être mort ; la ville de Bouc n’a qu’un seul défaut, celui de n’être pas née. À cela près il n’y a pas de reproches à lui faire, je dirais même plus, c’est qu’on y dîne mieux que dans beaucoup d’autres villes qui, pour la désolation des voyageurs, ont le malheur d’exister.
alexandre dumas voyage dans le midi
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Port de Bouc se construit au début du XXème siècle autour des Chantiers et Ateliers de Provence (CAP) spécialisés dans la construction de paquebots et de cargos. À l’origine de la création des C.A.P en 1899, deux hommes : Alfred Fraissinet et Jules Charles Roux qui, par leurs activités économiques et politiques, vont rassembler les capitaux nécessaires à l’entreprise. Alfred Fraissinet est directeur de la Compagnie française de navigation et membre du Conseil d’administration de la Compagnie des docks et entrepôts de Marseille, il réussit à intéresser les plus grands armateurs et banquiers de la place. La municipalité accepte également le principe de cette implantation qui permettra à la petite bourgade de 1400 habitants de se développer : la population double en quelques années, il faut loger les travailleurs étrangers (italiens, espagnols, grecs et bien d’autres) et leurs familles et les patrons créent “la Société des maisons ouvrières de Port de Bouc”.
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AU COMMENCEMENT ÉTAIT L’ÉTANG De tous les étangs qui bordent la Méditerranée, seul l’étang de Berre est de formation très ancienne. « La Mer de Berre » comme disaient les anciens pour la désigner, occupe une superficie de 15.000 hectares et sa profondeur varie de huit à dix mètres selon les endroits, atteignant parfois douze mètres, comme c’est le cas au pied des rochers des « Trois Frères à la Mède ». Certains endroits de l’étang offrent un fond vaseux, d’autres un lit de galets comme ceux de la Durance. Tout laisse donc supposer que le bras de Caronte, hier étang, aujourd’hui canalisé, était l’embouchure d’un grand fleuve à une époque où l’étang de Berre n’était lui, pas encore très bien formé. L’idée d’utiliser cet étang n’est pas neuve. La passe fangeuse de Caronte ne permettait pas le passage des bateaux phéniciens et phocéens. L’étang, au désespoir de tous, restait isolé du monde commercial méditerranéen en formation. Les Romains, les premiers l’utilisèrent et ouvrirent en quelque sorte la voie à son développement. Le général Marius fut certainement le grand « promoteur » de l’aménagement de cette région. Fos était alors un grand port, dont l’importance, à l’époque, était comparable à celle d’Ostie. Relié à Arles par le grand canal des Fosses-Mariennes, il était aussi relié par un tunnel, à l’étang de Pourra, près de St-Mitre-les-Remparts. Ce n’est seulement que du point de vue militaire qu’il fit aménager l’étang. Il l’utilisa en effet comme refuge pour sa flotte. Et pour cela il fit creuser un long chenal à travers l’étang de Caronte. La première conséquence fut l’abaissement du niveau de l’étang de Berre. L’aspect de celui-ci allait s’en trouver modifié car, de ce fait, apparaissait l’échine de la longue langue du Jaï, grossie maintenant par les sables marins. Bien qu’un peu partout autour de l’étang de Berre s’installèrent, siècles après siècles, à côté des petits ports de pêche, des entreprises, le chenal de Marius fut abandonné et l’étang renvoyé à une fonction de « mer morte ». Et pourtant ! Le développement du port de Marseille, la recherche de nouvelles voies de communication avec l’intérieur, la montée de la bourgeoisie allaient mettre Marius à l’ordre du jour, et cela sous l’impulsion du géographe Elisée Reclus qui, au dix-neuvième siècle, se scandalisa de l’inutilisation de cette mer intérieure.
Jean-Claude Izzo Extrait de l’article Quand on reparle de Marius
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1638, Carte particulière des côtes de Provence, Christophe Tassin
J’AI MANGÉ UN PALEO-DELTA DEGUSTATION STRATIGRAPHIQUE N° 21 Installez-vous confortablement. Par une dégustation lente et attentive nous vous invitons à goûter le paysage. Sous forme de poudre, des fragments de paysages viennent à vous. Ils s’installent dans le creux de votre main. Faites un puits, un minuscule plissement dans votre paume pour abriter votre trésor. Prêtez-lui un peu attention... Posez votre paysage au centre de votre langue. Les saveurs emplissent chaque alvéoles de vos papilles et roulent dans votre palais. Laissez-vous envahir, une saveur en particulier retient votre attention, puis une autre... Petit à petit, elles vous racontent... POUDRE N°2 : LA MER DU QUATERNAIRE Délaissant son lit littoral à l’embouchure de la Méditerranée, la Durance abandonne un paléo-delta de 550 km. Un cône de déjection de cailloutis plio-quaternaire qui surplombe la plage de Port-de-Bouc. Une vaste plaine sédimentaire qui s’étend jusqu’à la plaine alluviale de la Crau La mer du quaternaire pénétrait profondément à l’intérieur des terres, salant au passage les horizons supérieurs. De cette rencontre, naissent des profils étonnants : des bassins argileux où les eaux douces et maritimes se côtoient, des plages de galets d’argiles bariolées, des calcaires Lumachelle ornés de coquilles d’huître des falaises de marnes blanches coquillées des pierres en dentelles, percées par les Pholades, des mollusques marins foreurs. Sur ces socles, le sel affleure. Il s’infiltre, se disperse, retenu par les argiles et les limons. Il nourrit de nombreuses activités, artisanales d’abord, récolte du sel, production de soude naturelle par brûlage des végétaux salés. Puis industrielles, avec la fabrication de soude chimique, engrais, acide sulfurique sans oublier le pétrole, qui fait entrer le sel dans son exploitation. Extrait de dégustation « J’ai mangé un paléo Delta », Collectif SAFI 13
Sel : Du latin sal sel : eau de mer, esprit, finesse, plaisanterie piquante, élégance, délicatesse du goût. Salaire : Du latin Salarium « ration de sel » partie de la solde reçue en sel par les soldats romains.
LES SALINS DE LA GAFETTE Le 6 ventôse de l’an XIII, Jean-Joseph et Jean Baptiste Vidal achètent les bourdigues de la Gaffette situé dans l’étang de Caronte à Port-de-Bouc et constituent la Société des Salines de la Gaffette. Pour faire face à la concurrence, en 1856, les saliniers de Méditerranée se rassemblent et créent la Compagnie des salins du Midi.
LA CHIMIE DU SEL L’électrolyse du chlorure de sodium : l’électrolyse du chlorure de sodium permet d’obtenir du chlore, de la soude, du chlorate de sodium ou du sodium métal. Le chlore est principalement utilisé pour la fabrication des matières premières plastiques comme le polychlorure de vinyle (PVC), mais aussi pour produire des solvants chlorés ainsi que dans la préparation de produits de blanchiment et de désinfection, comme l’eau de Javel. La soude est un produit chimique intermédiaire et est aussi utilisée pour la fabrication des fibres textiles artificielles, de la pâte à papier, de l’alumine, notamment le chlorate de sodium est utilisé comme désherbant ou comme agent de blanchiment. Le sodium métal a des débouchés très importants en chimie organique, comme agent de synthèse, et dans l’industrie nucléaire, comme fluide caloporteur. Le carbonate de sodium, appelé « cristaux de soude » dans son utilisation ménagère est, outre son rôle de réactif (base) dans l’industrie chimique, principalement utilisé dans l’industrie verrière. Sa production met en jeu deux matières premières : le chlorure carbonate de sodium, et un intermédiaire : l’ammoniac. Le sulfate de sodium est utilisé en papeterie dans le traitement des pâtes a bois, dans l’industrie du verre et des détergents et comme agent de fabrication d’autres produits chimiques. Ce produit est obtenu dans des fours ou le chlorure de sodium cristallisé est mélangé avec de l’acide sulfurique à une température de + de 550°C.
www.salins.com
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Lave ta main, blanche, gaillarde et nette, Trace mes pas, apporte une ser viette, Allons cueillir la salade, et faisons Part à nos ans des fruits de la saison. D’un vague pied, d’une vue écartée, Deçà delà jetée et rejetée Or’ sur la rive, ores sur un fossé, Or’ sur un champ en paresse laissé Du laboureur, qui de lui-même apporte Sans cultiver herbes de toute sorte, Je m’en irai solitaire à l’écart. Tu t’en iras, Jamyn, d’une autre part Chercher soigneux la boursette touffue, La pâquerette à la feuille menue, La pimprenelle heureuse pour le sang Et pour la rate, et pour le mal de flanc ; Je cueillerai, compagne de la mousse, La réponsette à la racine douce, Et le bouton des nouveaux groseliers, Qui le Printemps annoncent les premiers. Puis, en lisant l’ingénieux Ovide En ces beaux vers où d’amour il est guide, Regagnerons le logis pas à pas. Là recoursant jusqu’au coude nos bras, Nous laverons nos herbes à main pleine Au cours sacré de ma belle fontaine, La blanchirons de sel en mainte part, L’arroserons de vinaigre rosart, L’engraisserons de l’huile de Provence ; L’huile qui vient aux oliviers de France Rompt l’estomac, et ne vaut du tout rien. Voilà, Jamyn, voilà mon souv’rain bien… » P ierre
de
R onsart ,
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poésies choisies
Cueillette : par changement de suffixe, de l’ancien français cueilloite, « impôt »
Appréhender une cueillette se nourrit au fil du temps. Quand l’apprentissage de cuisinier est acquis, vient le temps où l’homme de cuisine à le souci de glorifier le produit, le fruit d’une cueillette. Ma cueillette commence tôt, pour saisir toutes les subtilités de l’offre de la nature. A cette heure-là, tout juste si dans la pénombre Dame nature se laisse conter. Aucune présence lumineuse. Le silence règne. Mais déjà dans mon subconscient, au premier éveil de la nature, mes sens de nez, de langue sont en alerte. Mes mains interrogent les folioles par effleurement, mon oreille saisit la consistance. Tout m’interpelle : les premières brumes, la vivacité de l’air, la rosée de l’aube, le souffle du vent. Les yeux se meuvent partout et nulle part, à la recherche du « la » qui va engendrer la mise en cuisine. Autant d’éléments qui, d’emblée, vont me donner le ton des sens, le goût de ce jour. Michel Bras, Nourriture, les cahiers du paysage
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Les terres salées Les terres immergées portent en leur sein un principe de stérilité. Les eaux de la mer, dont ces terres sont peu à peu sorties, les ont imprégnées d’une telle proportion de sels que les lavages naturels des eaux de pluie pendant des siècles ne sont pas parvenues à les modifier. Les recherches démontrent que les solutions salines qui renferment moins d’un millième de matière soluble activent la végétation et que les solutions plus concentrées la retardent, et peuvent même agir comme de vrais poisons végétaux. Le sel marin rend, de plus, l’humus et les phosphates solubles dans l’eau et cause ainsi leur rapide déperdition. De même qu’il existe des sols siliceux et des plantes silicicoles, il existe des terrains salés et des plantes sodiques. Ce cortège de plantes est classé en fonction de leurs capacités à résister aux terres chargées de 2,5 à 3 % de sel, à celles saturées par 1,5 à 2,5 % de sel marin les terres plus perméables, contenant de 1 à 2 % de sels, mais où l’action des pluies a produit une certaine amélioration ou qui reçoivent des infiltrations d’eaux douces. Salicornia herbacea, Sueda maritima, Atriplex halimus, Tamarix gallica, Crithmum maritimum, Plantago coronopus, lnula crithmoides, Beta maritima, Sonchus maritimus, Arthemisia gallica, Alyssum maritimum, Crepis bulbosa, Cakile marilima, Reseda suffruticulosa, Trifolium maritimum, Pinus pinea, Medicago littoralis, Poa maritima, Lepidium draba, Agrostis maritima, Medicago maculata, Alopecurus bulbosus, Phragmites arundo, Tetragonolobus maritimus, Apium graveolens, Aster tripolium.
Les villes mortes du golfe du Lyon, 1875
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DU SEL AU PETROLE. Disparue, oubliée, n’existant plus dans les paysages qu’à travers des amas de ruines difficilement identifiables, la fabrication du carbonate de soude à partir du sel par le procédé Leblanc a pourtant été une des grandes activités de transformation du port de Marseille et de notre région. Très tôt, dans le siècle, elle s’est imposée, permettant ainsi à la Provence littorale de jouer un rôle de premier plan dans le grand mouvement européen de modernisation des systèmes productifs et des rapports sociaux (...) la soude a imprimé sa marque à de nombreux quartiers et à plusieurs sites des Bouches-du-Rhône tel que Port-de-Bouc, Berre... Xavier Daumalin
PICKING C a h i e r d e c u e i l l e t te d e M a r t i g u e s à Po r t - d e - B o u c
Silène enflé Silen vulgaris
Fe n o u i l c o m m u n Fo e n i c u l u m o f f i c i n a l e
A l y s s o n m a r i t i me Lobularia maritima
R o q u e t te b l a nc h e e t j a u n e D i p l ot a x i s e r u c o i d e s e t D i p l ot a x i s te n u i f o l i a
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Amandier Prunus dulcis
C a l a m e nt n ĂŠ p ĂŠ t a C a l a m i nt h a n e p e t a
Mauve sylvestre M a l va s y l v e s t r i s
Po i r e a u d e s v i g n e s A l l i u m a m p el o p r a s u m
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Et ya du bon air ici, hein? Bah oui mais ça sent le pétrole... Ah, ça sent autre chose que le pétrole aussi, ça sent le boulot. Toni de Jean Renoir
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Ah oui c’est son oncle, c’est son oncle qui travaillait là-bas, ah oui c’est vrai. Et mon père a travaillé, et Mr Arham il travaillait là-bas aussi. Lesieur! La machine Lesieur…! Astra Calvet, le savon et l’huile, la cacahuète, oui la cacahuète, voilà. Alors nous ici on avait l’huile, le savon de Marseille et la cacahuète. Et la ville, ils étaient tous balayeurs, bon les arabes ils étaient tous balayeurs, mon père le premier. Oh pas seulement que les arabes, mais enfin tous les … Mais si c’était que les arabes ! Enfin oui, mais bon, mais oui, c’est vrai…. Aux poubelles, et les tinettes aussi... Y’avait les espagnols aussi. Mais les espagnols ils étaient plus maçons, tu vois. C’est vrai. C’est vrai. Il y avait Mr Akouss, mon père, y avait Mr Ikram, Mr Guidoum, mon beau frère Mr Fougalhi, d’ailleurs ils ont eu la médaille. Mr Aikous, Mr Bouali… C’était les balayeurs pour la ville, pour le Service de nettoiement de la ville quoi. C’est vrai c’est vrai, les maçons étaient plutôt les espagnols et les italiens. Et les pieds noirs eux ils conduisaient plutôt le camion, les poids lourds. Voilà, et les camions poubelles. C’est vrai, c’est vrai, Mr Di Maria, Mr Gradec, ils étaient plutôt au volant [rires] Voilà Voilà... Oui c’était ça, va, c’était comme ça , le pied noir au volant et l’arabe derrière, faut dire la vérité, c’est vrai c’était comme ça. Ah qu’ils étaient robustes quand même ces maghrébins. Quand il portait tous les jours le marteau piqueur... Ils étaient très…conditionnés… enfin pas conditionnés non mais... on n’avait le droit de rien faire. Il faut être honnête, jusqu’à y a pas longtemps, et même jusqu’à aujourd’hui, allez on va le dire jusqu’à aujourd’hui, quand tu as un nom de bicot tu peux pas déménager comme tu as envie, t’as pas intérêt à te disputer avec les voisins…!
V ive
la
B oule
dorée ,
1937
Le « jeu provençal » appelé aussi « les trois pas » ou « la longue », est un jeu de boules au cours duquel les parties se déroulent de manière mobile sur un terrain de quinze à vingt mètres, soit deux fois plus long que celui de la pétanque, dont il est l’ancêtre. Ce serait en 1908 qu’un certain Jules dis « Le noir » invente la « Pétanque » de l’expression « pés tanqués » qui signifie pieds joints, à La Ciotat près de Marseille.
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UNE INDUSTRIE ANTIQUE Dans l’Antiquité, la mer noire et la méditerranée regorgeaient de poissons de toutes espèces que l’on pêchait en abondance et presque de manière industrielle : les thons qui migraient dans le détroit des Dardanelles remplissaient par milliers les filets accrochés à des échafaudages, lestés de plomb en bas et ourlé de liège en surface. Il ne suffisait pas de prendre le poisson ; il fallait le conserver et le transporter sur de très longues distances. Des colonnes d’Hercule jusqu’à Byzance, le chemin était long. (...) Sur le pourtour de la Méditerranée les villes tiraient leurs richesses du salage du poisson. Les archéologues ont mis au jour en Crimée une véritable usine à saler le poisson. Parmi les plus réputés l’omotarichon était préparé avec des oeufs de poissons (et ce n’est pas sans rappeler le caviar et la poutargue actuelle).
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La cuisson en croûte de sel est une méthode de cuisine à l’étouffée qui isole, protège et préserve ainsi les saveurs et la texture des aliments, tout en concentrant les arômes.
Sar, Diplodus sargus La pêche aux filets
D’une roche à l’autre, avec la mer, commence les poissons. Les mollusques, les crustacés, les coquillages. Commence les soupes de poissons, les soupes de la mer. Henri Deluy, Manger la mer
SAUMURE DE SUEDA VERA Saumure : du latin sal, sel, et muria, saumure, la saumure est la solution aqueuse d’un sel utilisé généralement comme conservateur. 27
La régalade d’Alphonse Moutte
RECETTE 300 gr de rameaux de Soude en arbre 30 gr de sel gris de mer (Sans additif E536) Trier les rameaux pour éliminer les parties ligneuses. Laver dans deux eaux vinaigrées. Placer les rameaux dans un bocal en tassant fortement. Préparer une saumure en diluant le sel dans l’eau tiède. Laisser refroidir, puis verser l’eau dans le bocal jusqu’à immersion complète de la soude. Placer un poids pour éviter que les rameaux ne flottent à la surface. Fermer le bocal et conserver deux mois avant ouverture. 28
Qui n’a rêvé, au moins une fois dans sa vie, de manger les nuages ? C’est, je pense le rêve de tous les enfants du monde (à moins qu’il y ait une région où les nuages n’existent pas). Ce désir est tout aussi universel que celui d’attraper la lune et les étoiles, et tout aussi excitant pour notre « appétit ». A vrai dire, notre gourmandise est telle que nous aspirons toujours à manger l’impossible, jusqu’au soleil, à la foudre ou aux nuages - la neige et la pluie étant pour leur part des phénomènes météorologiques parfaitement comestibles. Manger fantôme, Ryoko Sekiguchi
Dessins © Stéphane Brisset / SAFI
1001 nuits Qu’est ce que le projet 1001 nuits ? 1001 Nuits c’est une collecte de récits et une série de rendez-vous artistiques pour passer ensemble du jour à la nuit. Le principe est d’inviter habitants de proximité et voisins métropolitains à découvrir ensemble un endroit du territoire de manière originale, au travers de rencontres et d’histoires qui entrent en résonnance avec les paysages.
Quand ? Du 17 février au 2 septembre 2018.
Où ? Dans des lieux insolites autour du sentier GR2013.
Qui ? 1001 Nuits est un projet proposé par le Bureau des Guides du GR2013, coproduit par MP2018 avec le soutien de la Banque Populaire Méditerranée, en partenariat avec Bouches-duRhône Tourisme et le Comité Départemental de Randonnée Pédestre des Bouches-du-Rhône. 1001 NUITS #1 a été réalisée En coproduction avec la Friche la Belle de Mai.
www.gr2013.fr
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PLÉiADES.
Groupe de sept étoiles qui constitue un petit amas très groupé dans la constellation du Taureau et bien visible les nuits d’hiver. Par glissement, groupe de sept poètes français du 16ème siècle. Dérivé : une pléiade, une grande quantité.
« Si vous voulez bien vous approcher un peu plus. La voix porte mal avec le vent. Mais cela fait longtemps qu’il parle aux hommes… nous ferons avec lui ce soir. » Chacun y va d’un petit pas. Nous voilà bien serrés les uns contre les autres, pléiade de curieux du ciel que le ciel attire. — Ballades sous les étoiles, François Barruel
Le sel de la Terre
Prochaines NUITS
Où le collectif SAFI et le chef Pierre Giannetti nous invitent à déguster le paysage
1001 Nuits #7
De Martigues à Port-de-Bouc : le panorama des rives du chenal de Caronte nous raconte un univers salé à nul autre pareil où tout est question d’adaptation, d’opportunité et de savoir-faire. Et si «manger» ce paysage pouvait être une expérience pour mieux le comprendre ? Nous vous invitons à un voyage gustatif, en quête des plantes halophiles, nous explorons les ressources naturelles qui s’adaptent aux terres salées et découvrons les gestes cuisiniers qui rendent ce vernaculaire précieux. A l’issue de la marche, vous pourrez participer à la préparation collective d’une dégustation qui s’invente sur le moment. Évoquant le lien du sel et de la terre, les ressources, les rencontres et «états d’âmes» des paysages traversés, notre mets sera partagé à la tombée de la nuit. SAFI (Stéphane Brisset et Dalila Ladjal) travaille, apprend, rêve, partage, imagine, transmet à partir du végétal. Le collectif explore les ressources, se nourrit de rencontres, prend le temps de la résidence, du vagabondage et de l’expérimentation pour prendre le pouls des territoires traversés et mettre en valeur, en lumière, la conversation intime entre des hommes et leur environnement.
Coucher du soleil à 20h36 Les animaux ont la parole Où Laurent Petit, grand spécialiste de télépathie animale, tente d’entrer en contact avec des lamas, des coquillages et éventuellement des moustiques si jamais ils essayent de nous attaquer par surprise. [Promenade-conférence] — Le samedi 28 avril, Camping Marina Plage (Vitrolles)
1001 Nuits #8 Coucher du soleil à 20h44 Pétrole Où Christian Sebille et Philippe Foch invoquent turbines, tournilles et tourbillons. [Concert électroacoustique ] — Le samedi 5 mai, Macap (Aix-en-Provence)
www.gr2013.fr