Postures d’etonnement du marcheur urbain MARCHER (verbe issu du francique marka signifiant frontière) Aller d’un endroit vers un autre en faisant une suite de pas à cadence modérée.
Le Bureau des guides du GR2013
L’ANPU
vous invite à marcher là où on ne randonne habituellement pas : en zone urbaine et périurbaine. Il propose de suivre ce chemin pour observer et rencontrer ce qui fait l’existence complexe d’un territoire : ses paysages contrastés, ses habitants, leurs mémoires et leurs usages, les histoires multiples de sa géographie, ses flux et ses circulations mais aussi ses frontières, visibles ou invisibles…
Mettre la ville sur le divan
Hendrik Sturm Se mettre en quête d’enquête
Camille Goujon Trouver la beauté partout
L’Agonie du palmier Prêcher le faux pour approcher le vrai
Co-fondé en 2014, le Bureau des guides du GR2013 est une association qui regroupe les initiateurs du sentier de randonnée GR2013, un sentier de grande randonnée de pays de 365 km qui parcourt l’aire métropolitaine de Marseille et permet une circulation inédite à travers 38 communes autour de l’étang de Berre et de la chaîne de l’Étoile-Garlaban.
Mathias Poisson Se perdre pour mieux se retrouver
Julien Rodriguez Spacialiser ses sensations
Ici meme GR. Percevoir l’extraordinaire dans l’ordinaire
En rassemblant des artistes-marcheurs, des collectifs d’habitants et d’architectesconstructeurs, le Bureau travaille à poursuivre et à développer l’aventure du GR2013 en proposant à travers ses différents projets et activités comme la marche en milieu périurbain, l’exploration artistique du territoire, l’arpentage permettant la connaissance profonde et éprouvée des territoires mais aussi le récit comme possible socle du geste constructeur et aménageur.
Julie Demuer Être là au bon moment
Nathalie Cazals Connaître l’histoire et les histoires
Christine Breton Réfléchir à la valeur des choses
Nicolas Memain Reconnaitre que l’erreur est urbaine
Collectif SAFI Penser abeille
Elise Boutieé Attendre la fin, et se poser la question de l’après
CHAPITRE 4 D es recits pour agir
L’invisible
et transformer les paysages
LA MARCHE COMME RÉCIT
L’envers
LA MARCHE COMME ARCHITECTURE
L’exploration
La conversation
CHAPITRE 3 A ndare a Z onzo
CHAPITRE 1 O n s ’ attache meme aux pires endroits
L’errance
Le pas de côté
LA MARCHE COMME EXPÉRIENCE
Chapitre 2 D ieu n ’ aime peut - etre pas que nous prenions racine ?
CHAPITRE 1
O n s ’ attache meme aux pires endroits Le jour où je m’en irai, ça me fera quand même quelque chose, je le sais bien. J’aurai les yeux mouillés, c’est sûr. Après tout, c’est ici que j’ai mes racines. J’ai pompé tous les métaux lourds, j’ai du mercure plein les veines, du plomb dans la cervelle. Je brille dans le noir, je pisse bleu, j’ai les poumons remplis comme des sacs d’aspirateur, et pourtant, je le sais bien que le jour où je m’en irai, je verserai une larme, c’est certain. C’est normal, c’est ici que je suis né et que j’ai grandi. Je me revois encore, tout gosse, sauter à pieds joints dans les flaques d’huile, me rouler dans les déchets hospitaliers. Je l’entends encore, la grand-mère, me hurler de faire attention à mes affaires. Et les tartines de cambouis qu’elle me préparait pour le goûter… Et la confiture de chambre à air qui était un peu comme de l’orange amère, en plus amer… J’ai joué là au bord des voies ferrées, j’ai grimpé aux pylônes, je me suis baigné dans les bassins de décantation. Et, plus tard, j’ai connu l’amour à la casse, sur les sièges éventrés des épaves. J’ai des souvenirs qui ressemblent à des oiseaux mazoutés, mais ce sont des souvenirs quand même. On s’attache, même aux pires endroits, c’est comme ça. Comme le graillon au fond des poêles. Joël Egloff, L’étourdissement, 2006
Est-ce qu’il y a une recherche qui à partir d’un certain moment ne touche pas l’intime ? La ville correspond à cette attitude que j’ai à la fois en tant que chercheur mais en tant que chercheur qui ne veut pas mettre un écran total entre l’intime et l’objectif. Mais il faut créer l’objectif et il faut créer l’intime, ce sont deux choses que l’on crée soi-même dans une certaine mesure. Marcel Roncayolo, Un géographe dans sa ville, 2016
J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources : Mon pays natal, le berceau de ma famille, la maison où je serais né, l’arbre que j’aurai vu grandir (que mon père aurait planté le jour de ma naissance), le grenier de mon enfance empli de souvenirs intacts... De tels lieux n’existent pas, et c’est parce qu’ils n’existent pas que l’espace devient question, cesse d’être évidence, cesse d’être approprié. L’espace est un doute : il me faut sans cesse le marquer, le désigner; il n’est jamais à moi, il ne m’est jamais donné, il faut que j’en fasse la conquête. Mes espaces sont fragiles : le temps va les user, va les détruire : rien ne ressemblera plus à ce qui était, mes souvenirs me trahiront, l’oubli s’infiltrera dans ma mémoire, je regarderai sans les reconnaître quelques photos jaunies aux bords tout cassés. Il n’y aura plus écrit en lettre de porcelaine blanche collées en arc de cercle sur la glace du petit café de la rue Coquillière : « Ici, on consulte le Bottin » et « Casse-croûte à toute heure ». L’espace fond comme le sable coule entre les doigts. Le temps l’emporte et ne m’en laisse que des lambeaux informes. Ecrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose, de faire survivre quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser, quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes. E spèce d ’E space , G eorges P erec , 1974
L’ANPU Mettre la ville sur le divan L’ANPU (Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine) rassemble toute une équipe de chercheurs sensibilisés à l’urbanisme et à la psychanalyse. Venus d’horizons aussi différents que l’architecture potentialiste, le modélisme urbain, la parasociologie, le polypolisme, la krypto-linguistique, le landscaping, le photoshopping ou l’urbanisme de comptoir, toute cette équipe de chercheurs a réussi à mettre au point un nouveau procédé destiné à guérir les villes : la psychanalyse urbaine.
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RÊVES/ENQUÊTES Au centre de Foedora, métropole de pierre grise, il y a un palais de métal avec une boule de verre dans chaque salle. Si l’on regarde dans ces boules, on y voit chaque fois une ville bleue qui est la maquette d’une autre Foedora. Ce sont les formes que la ville aurait pu prendre si, pour une raison ou une autre, elle n’était devenue telle qu’aujourd’hui nous la voyons. À chaque époque il y eut quelqu’un pour, regardant Foedora comme elle était alors, imaginer comment en faire la ville idéale ; mais alors même qu’il en construisait en miniature la maquette, déjà Foedora n’était plus ce qu’elle était au début, et qui avait été, jusqu’à la veille, l’un de ses avenirs possibles, n’était plus désormais qu’un jouet dans une boule de verre...
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Italo Calvino, Les villes invisibles, 1972
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Une autre caractéristique de cette n démarche est sa perspective humaniste, dans sa capacité à solliciter le paysage comme moment d’interaction avec l’espace social. L’interpellation virulente d’une riveraine du cours d’eau, inquiète de notre présence dans sa propriété, permet le lendemain et en passant par la porte d’entrée, d’instaurer un dialogue sur ses représentations et usages du ruisseau. Une odeur suspecte d’un émissaire du ruisseau enclenche une réflexion sur les responsabilités des services de gestion des eaux et nous incite à donner l’alerte. Un cahier scolaire abandonné dans une friche militaire interpelle par la liste de noms d’enfants et permet de remonter le fil de la réquisition du bâtiment dans les années 2000 pour l’accueil temporaire de réfugiés kosovars, de gens du voyage. e
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Hélène Douence à propos d’Hendrik Sturm
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Se mettre en quête d’enquête Hendrik Sturm est artiste marcheur. Originaire de Düsseldorf, il vit à Marseille depuis 1994. Après avoir mené de front, entre la France et l’Allemagne, une formation aux BeauxArts et une thèse en neurobiologie, Hendrik Sturm pratique son art de la marche un peu partout en France, à Marseille ou Paris, souvent en zone périurbaine, mais également en centreville ou en milieu rural. « Dans mon cas, la marche est aussi une méthode d’étude. Je la pratique moins comme pratique spirituelle que comme outil de découverte, méthodologie d’enquête – lecture de traces. »
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La Société des Excursionnistes Marseillais est créée officiellement en 1897 lors d’une sortie à la source de la Glacière, dans le massif de la Sainte-Baume, pour répondre à une double demande collective : il s’agit d’obtenir des tarifs réduits auprès de la compagnie PLM, et d’organiser « chaque quinzaine, au moins, une excursion utile et agréable dirigée par des guides sûrs. ». La Provence est présentée dans les Bulletins annuels comme un site idéal d’excursion pour des Marseillais qui souhaitent allier oxygénation, sérénité, développement du corps et de l’esprit, proximité. Une sortie ne fait pas l’excursion, c’est la répétition qui ritualise, suscite la curiosité et la découverte, et fournit un prolongement bénéfique toute la semaine. Le regard insolite que la Société des excursionnistes marseillais porte à la fin du XIXe siècle sur la Provence s’inscrit dans une quête de racines, de connaissances scientifiques et culturelles, associée au développement des sociétés sportives. ne ? Sent ez -vou s une o d i eur pa r t iculière ? De s sons da ns le s env rons ? L’excursion apparaît comme un voyage, si petit soit-il, comme une occasion de rencontres, de découvertes. Les excurs entretiennent avec l’espace des rapports contradictoires : ils recherchent un milieu naturel et sauvage, et sont pourtant émerveillés par l’emprise de l’homme qu’ils photographient abondamment. Leur fascination pour les évolutions technologiques, économiques ou culturelles traduit la curiosité intellectuelle de cette classe moyenne, avide de connaissances et de progrès. Pleine de contradictions, cette société est passionnée par les nouveautés tout en étant terriblement attachée au passé, aux traditions, à la nature sauvage. Poussés par le besoin de fixer sur la pellicule des marques de modernité, les excurs veulent inscrire l’«arrachement au passé » qu’elle provoque à leurs yeux.
ill : Lola Duval
In « Provence Historique », 2002
Si l’on n’y est contraint par des obligations professionnelles ou familiales, qu’est-ce en effet qui nous pousse au voyage ? Le goût de l’aventure, la curiosité, le désir de dépaysement, l’ennui ou le cafard dont nous sommes envahis, ces « brumeux et dégoulinants novembre » dont parle Melville au début de Moby Dick et qui nous font comprendre qu’il est grand temps de prendre le large ? Pour les autres, je ne sais trop, quoique bien des études littéraires, sociologiques ou historiques ont su déceler et éclairer les raisons qui incitent la plupart d’entre nous à voyager. Pour moi derrière toutes ces raisons, si convaincantes et si bien étudiées soient-elles, il me semble qu’il y a d’abord le goût des récits que l’on retrouve dans toutes les cultures : histoires populaires transmises de génération en génération, contes et légendes, épopées dont les griots, les aèdes, les bardes et autres conteurs inspirés ont irrigué l’imaginaire collectif. Le théâtre, le cinéma, les romans n’en sont que des formes récentes lorsqu’on le mesure à l’aune d’un passé si lointain. (...) L’objet réel du voyage n’est « pas de trouver mais de perdre, pas d’unifier mais de multiplier, pas de raconter mais d’écouter ». Ainsi, ces récits que nous entendons appartiennent à la rumeur du monde et il nous revient souvent de les mettre en forme à travers ce que nous en transmettons, oralement ou par écrit. Mais c’est la satisfaction de les entendre qui est première, un plaisir renouvelé et dont on ne peut se lasser lorsque, enfant, déjà, on s’est laissé aller à l’éprouver sans jamais le réprimer, redemandant sempiternellement que l’on nous raconte la même histoire avec ce plaisir infini de la répétition que les adultes ne comprennent plus mais auquel, dans certaines civilisations, on reste sensible à n’importe quel âge. (...) S’y laisse-t-on prendre à son tour, l’on comprend alors combien le réel n’a d’intérêt que si on le regarde toujours au moins deux fois et que c’est à cette condition seulement qu’il nous laisse entrevoir l’espace ramifié de ses possibles. L’observer encore et encore, écouter ce que nous disent ceux qui ont su le voir autrement que nous et comprendre comment ils l’ont fait, cela peut être le fruit d’un apprentissage, mais aussi correspondre à un goût du détail capable d’alimenter une imagination qui ne cesse de produire du sens. Les voyageurs, ceux qui aiment voyager, le savent : ils doivent revenir, revisiter les lieux où ils sont déjà venus, si ce n’est dans leur vie même à tout le moins le jour de leur mort quand, dit-on, ce que nous avons vécu défile en un instant sous nos yeux. Gilles A. Tiberghien, Pour une république des rêves, 2011
Camille Goujon Trouver la beauté partout Si le point de départ du travail de Camille Goujon s’ancre dans le réel, ses créations plastiques donnent forme à l’imaginaire, prétexte à raconter des histoires où l’articulation entre réel et fiction est si ténue qu’elle lui permet de traiter de sujets graves avec humour. Les recherches qu’elle développe actuellement à Marseille s’inscrivent dans la continuité de son enquête sur les effondrements, la disparition, les réseaux souterrains, la mise en évidence par le minuscule de problématiques graves qui révèlent l’histoire politique, économique et écologique d’un territoire.
L’Agonie du palmier Prêcher le faux pour approcher le vrai « On a exploré les espaces, un carnet à la main. On a découvert que quelque chose clochait dans le paysage. Ça nous a posé question. Alors on a cherché et on a trouvé. On va vous faire revivre toute notre enquête à travers les lieux, son histoire, les gens qui l’ont peuplé. Vous n’êtes pas sûr de savoir si tout est vrai et puis très vite, ce n’est plus la question, car comme disait Boris Vian, tout est vrai, puisque je l’ai inventé. Ce qui est sûr, c’est que vous êtes embarqué et que vous commencez à voir le monde avec l’oeil malicieux de la ‘pataphysique. Notre enquête devient la vôtre et au dénouement, il n’y a aucun doute, la ‘pataphysique est indispensable à votre vie. »
Chapitre 2
D ieu n ’ aime peut - etre pas que nous prenions racine ? Caïn dit à l’Éternel : « Mon châtiment est trop grand pour être supporté. Voici, tu me chasses aujourd’hui de cette terre ; je serai caché loin de ta face, je serai errant et vagabond sur la terre, et quiconque me trouvera me tuera ». L’Éternel lui dit : « Si quelqu’un tuait Caïn, Caïn serait vengé sept fois ». Et l’Éternel mit un signe sur Caïn pour que quiconque le trouverait ne le tuât point. Puis, Caïn s’éloigna de la face de l’Éternel, et habita dans la terre de Nod, à l’orient d’Éden. Genèse 4,13-16
HOMO FABER/HOMO LUDENS De la séparation primitive de l’humanité entre nomades et sédentaires dérivent deux manières différentes d’habiter le monde et de concevoir l’espace. C’est une conviction répandue que, tandis que les sédentaires - en tant qu’habitants des villes - doivent être considérés comme les « architectes » du monde, les nomades en tant qu’habitants des déserts et des espaces vides -devraient être considérés comme des anarchitectes, des expérimentateurs aventuriers, et donc opposés de fait à l’architecture et plus généralement, à la transformation du paysage. En réalité, les choses sont peut-être plus complexes… Aux différents usages de l’espace correspondent en fait différents usages du temps qui dérivent de la division du travail. Le travail d’Abel, qui consistait à aller dans les prairies pour faire paître les troupeaux, étaient une activité privilégiée comparée aux travaux de Caïn qui devait rester dans ses champs pour labourer, semer et récolter les fruits de la terre. Abel dispose d’une grande quantité de temps libre qu’il peut consacrer à la spéculation intellectuelle, à l’exploration de la terre, à l’aventure et aussi au jeu, le temps non utilitariste par excellence. Le temps libre, c’est-à-dire donc : ludique, conduit Abel à expérimenter et à construire un premier univers symbolique autour de lui. De l’activité de marcher à travers le paysage pour contrôler les troupeaux, dérive une première cartographie ainsi que l’attribution de valeurs symboliques et esthétiques au territoire, qui conduisent à la naissance de l’architecture du paysage. Ainsi, dès l’origine, sont associés à la marche la création artistique comme le refus du travail et, par la suite, le refus de l’œuvre qui se développera avec les dadaïstes et les surréalistes parisiens, une sorte de paresse ludico-contemplative qui est au fondement de la flânerie antiartistique qui a traversé le XXème siècle.
A ces deux manières d’habiter la Terre correspondent deux façons de concevoir l’architecture elle-même : une architecture conçue comme construction physique de l’espace et de la forme par opposition à une architecture conçue comme perception et construction symbolique de l’espace. La relation entre architecture et nomadisme ne peut pas être convertie directement dans l’opposition « architecture ou nomadisme », mais dans une relation plus profonde qui relie l’architecture au nomadisme par l’intermédiaire de la notion de parcours. En fait c’est probablement le nomadisme, et plus exactement l’errance, qui a donné vie à l’architecture en faisant émerger la nécessité d’une construction symbolique du paysage. Francesco Careri, Walkscapes, 2013
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rester. Ma couche est à l’air libre. Je choisis mon vin, mes lèvres sont ma vigne. Soyez complice du crime de vivre et fuyez! Sans rien fuir, avec vos armes de jet et la main large, prête à s’unir, sobre à punir. Mêlez-vous à qui ne vous regarde, car lointaine est parfois la couleur qui fera votre blason. Il marque une ultime pause, ses yeux rivés dans les nôtres, comme s’il y cherchait un écho impossible, une fraternité de résonance qu’aucun de nous ne peut lui offrir, là où il la rêve — ou l’attend. Il se lève, en faisant claquer rythmiquement ses syllabes, et il achève: — Le cosmos est mon campement. La Horde du Contrevent – Alain Damasio
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LE NOMADE/LE FLÂNEUR La ville est la réalisation du rêve ancien de l’humanité, le labyrinthe. Le flâneur se consacre dans le savoir à cette réalité.(…) Un paysage c’est bien ce que Paris devient pour le flâneur. Plus exactement ce dernier voit la ville se scinder en deux pôles dialectiques. Elle s’ouvre à lui comme paysage et elle l’enferme comme chambre. Walter Benjamin, Paris Capitale du 19ème siècle : Le livre des passages, 1929.
DADA élève la tradition de la flânerie à la condition d’une opération esthétique.
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« Aujourd’hui, à 15h, dans le jardin de l’église St-Julie-lePauvre, Dada, inaugurant une série d’Excursions dans Paris, invite gratuitement ses amis et adversaires à visiter avec lui les dépendances de l’église. Il ne s’agit pas d’une manifestation anticléricale comme on serait tenté de le croire, mais bien plutôt d’une nouvelle interprétation de la nature appliquée cette fois non pas à l’art mais à la vie. » Communiqué de presse de la visite du 14 avril 1921
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MARCHER EN DESSINANT (Jeu d’exploration proposé par l’Agence touriste) Ce qui s’étale (ce qui nappe, ce qui s’étend…) Ce qui s’érige (ce qui se dresse, ce qui s’impose, ce qui reste…) Ce qui tombe (ce qui chute, ce qui pèse…) Ce qui se déplace (ce qui passe, ce qui se meut…) Ce qui bloque (ce qui fait frontière, ce qui ferme, ce qui empêche…) Ce qui fait signe (ce qui s’écrit, ce qui fait lettre, ce qui fait graphe…) Ce qui voyage (ce qui a atterri là, ce qui est étrange…)
Mathias Poisson Se perdre pour mieux se retrouver Plasticien et performeur adepte du tourisme de travers, auteur de plusieurs guides touristiques expérimentaux, dessinateur de cartes sensibles et guide de visites artistiques (Agence touriste). Il questionne la représentation des paysages actuels à travers une approche pluridisciplinaire. Les processus qu’il met en œuvre sont généralement collectifs, faisant appel à d’autres artistes ou à des participants amateurs. Les expériences qu’il propose font apparaître la dimension sensible d’un espace et mettent les visiteurs dans un état d’attention particulier. Si tout se passe comme prévu, l’imaginaire surprenant des lieux prend le dessus et la situation se retourne.
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Julien Rodriguez Spacialiser ses sensations Artiste et paysagiste de formation, Julien Rodriguez utilise la marche et la cartographie sensible comme outil de connaissance de notre environnement, de notre société, comme vecteur d’imaginaires et d’histoires collectives. Il conçoit et fabrique des interventions artistiques contextuelles, dessine des cartes, des carnets de voyage, s’intéresse aussi au son et à l’écriture. En s’inspirant toujours de ce que raconte le lieu. En allant à la rencontre de ceux qui l’habitent. En mettant en avant ce qui est déjà là. En tissant des liens. En multipliant les points de vues.
LA DÉAMBULATION/LA DÉRIVE Une insuffisante défiance à l’égard du hasard, et de son emploi idéologique toujours réactionnaire, condamnait à un échec morne la célèbre déambulation sans but rentrée en 1923 par quatre surréalistes à partir d’une ville tirée au sort : l’errance en rase campagne est évidemment déprimante, et les interventions du hasard y sont plus pauvres que jamais. (…) Le concept de dérive est indissolublement lié à la connaissance d’effets de nature psychogéographique, et à l’affirmation d’un comportement ludo-construtif, ce qui l’oppose en tout point aux notions classiques de voyage et de promenade. La dérive, dans son unité, comprend à la fois ce laisser-aller et sa contradiction nécessaire : la domination des variations psychogéographiques par la connaissance et le calcul de leurs possibilités. Guy E. Debord, Théorie de la dérive, 1956
Chapitre 3
A ndare a Z onzo « Ne pas trouver pas trouver son chemin dans une ville, cela ne signifie pas grand-chose. Mais s’égarer dans une ville, comme on s’égare dans une forêt demain toute une éducation. Il faut alors que les noms des rues parlent à celui qui s’égare le langage des rameaux secs qui craquent, et les petites rues au cœur de la ville doivent refléter les heures du jour aussi nettement qu’un vallon de montagne ». Walter Benjamin, Enfance Berlinoise 1930 -1933
« aller à Z onzo » =
se promener , errer sans but perdre de temps , flâner .
M ot d ’ origine onomatopéique du grec péripatéticien , « faire le tour », « aller dans la zone ». D u mot zone sont is sues deux formes de transformation urbaine : le désormais désuet Z oning et l ’ éternel Z onzo .
Ici meme GR. *Créé en 2003, Concert de sons de ville est une promenade aux yeux clos, un ralentissement extrême dans l’ordinaire sonore traversé chaque jour. Un groupe est invité à se laisser guider par un(e) inconnu(e). A l’écoute d’un morceau de ville bien choisi, laissez vous attraper, traverser par le flux sonore environnant sculpté pas à pas. Concert de sons de ville se compose en direct, ici-même, dans le flux des passants, des lumières, de l’instant, et même de l’imprévu… Perceptions et sens se déplacent. L’objet sonore surgissant de la ville attaque le corps par plusieurs bouts. Peu à peu un paysage sensible et subjectif se recompose
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« Se perdre signifie qu’entre nous et l’espace il n’y pas seulement un rapport de domination, de contrôle de la part du sujet, mais aussi la possibilité que ce soit l’espace qui nous domine. Il y a des moments de la vie où nous apprenons à apprendre de l’espace qui nous entoure. (…) Dans les cultures primitives, en revanche, si l’on ne se perdait pas, on ne pouvait pas grandir. Et ce parcours se déroule dans le désert, dans la forêt, dans des lieux qui sont une espèce de machine à travers laquelle on parvient à de nouveaux états de conscience. » Franco La Cecla, Perdersi, l’uomo senza ambiente
Le collectif d’art urbain Stalker pratique la Transhurbance pour parcourir les « vides » du zonzo. Il existe en effet en Zonzo des tracés urbains, issus de zones suburbaines de pâturages, qui s’insinuent entre les pleins de la ville grâce à un réseau capillaire de vides, et qui aujourd’hui encore permettent aux troupeaux de moutons de traverser Suburbia. Ce sont des terrains vagues longitudinaux qui coupent les bourgades abusives et les quartiers de logements sociaux, et qui permettent aux chercheurs-piétons de faire ressortir le sens de cette ville née en dehors et peut-être en contradiction avec le projet moderne, projet qui est encore incapable d’en reconnaitre les valeurs et donc de la comprendre. Parcourir ces endroits en transhurbance est un outil esthétique avec lequel explorer et transformer les Territoires Actuels de la ville du Zonzo, la ville nomade qui vit dans la ville sédentaire, la ville de l’égarement et de l’errance. C’est en marchant et en s’égarant que l’homme paléolithique a commencé à construire le paysage naturel qui l’entourait, c’est dans la marche et dans la parole que les proto-péripatéticiens ont commencé à donner un sens aux réalités autour d’eux. « Andare a Zonzo » [flâner, arpenter] peut se substituer au projet car c’est cette action même qui a permis à l’homme de nommer les lieux, d’inventer sa propre géographie, d’effectuer une première transformation symbolique du territoire. Francesco Carreri, co-fondateur du collectif Stalker
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Julie Demuer Être là au bon moment
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domaine des cultures innovantes (la Guinguette Pirate, le Batofar), Julie de Muer s’installe à Marseille en 2003 où elle dirige la radio culturelle Radio Grenouille et l’atelier de création sonore Euphonia jusqu’en 2009. Elle y développe son goût pour l’hybridation, et via les outils media, croise démarches artistiques, scientifiques et citoyennes autour d’enjeux de territoire. Dans le contexte de Marseille-Provence 2013 année capitale européenne de la culture, elle accompagnera ou co-fondera plusieurs projets de territoire avec des équipes artistiques (l’Agence touriste avec Mathias Poisson, GR2013 avec les artistes marcheurs, Les promenades sonores avec Radio Grenouille) ou des habitants (coopérative Hôtel du Nord).
Artistes, sportifs, randonneurs, pélerins, facteurs, chasseurs...: ils marchent Marseille depuis des années et marchèrent le GR2013 bien avant que celui ci ne s’invente comme équipement. Une promenade à écouter où vous voulez sur le GR2013 (et même ailleurs sur les chemins de l’agglomération...), qui parle de la marche mais aussi de la fabrication de ce GR. Une écoute à pied pour partager le sentier avec les voix des artistes marcheurs et d’autres adeptes de la marche «peri-urbaine» à Marseille.
Dans L’art comme expérience, Dewey résume cette position philosophique, qu’il défendait depuis longtemps, malgré ses détracteurs : « (…) l’expérience concerne l’interaction de l’organisme avec son environnement, lequel est tout à la fois humain et physique, et inclut les matériaux de la tradition et des institutions aussi bien que du cadre de vie local ». Par conséquent, l’expérience, toujours relationnelle, n’est pas purement mécanique, telle la collision insensible des boules dans un jeu de billard, mais bien organique, dynamique et globale, et intègre tout autant les valeurs esthétiques et les idéaux moraux que les éléments de l’environnement physique et biologique. Plus encore, être (vivant) à la fois de nature et de culture, l’humain possède cette capacité d’entrer en relation avec son environnement par le biais des signes et symboles, insufflant aux moindres parcelles du monde visible, une valeur et une signification qui le transcendent et renvoient, à chaque instant, au monde invisible des émotions, des désirs, des rêves. En bref, nous pouvons dire que ce point de jonction, cette interface, entre la nature et la culture est précisément ce que Dewey appelle l’expérience. En ce sens, l’expérience est la nature culturellement habitée, vécue et transigée. Ses « traits génériques » ne sont autres que ceux de toute perception consciente. Elle est : transactionnelle, contextuelle (situationnelle), spatio-temporelle, qualitative, narrative, etc. Ce sont les grandes catégories par lesquelles nous faisons « sens » de notre expérience « personnelle » particulière et l’inscrivons dans le drame plus large de l’expérience humaine « universelle ». Or, pour Dewey, aucune activité humaine n’atteste mieux de cette aptitude à rejoindre le particulier et l’universel, que l’art et, plus généralement, l’expérience esthétique. Pour Dewey, l’expérience esthétique est inséparable de l’ensemble de nos activités dites « ordinaires » en ce qu’elle préserve, mais de manière amplifiée ou intensifiée, les traits génériques de toute expérience « normale ». Dans l’expérience esthétique, ces « traits » sont portés à « l’avant-plan » de notre conscience par l’intermédiaire de l’imagination. C’est en quoi, affirme Dewey, « l’expérience esthétique est une expérience imaginative ». Par conséquent, si l’on peut dire que l’expérience esthétique se distingue de l’expérience normale, c’est précisément dans la mesure où elle l’enrichit, par le biais de l’imagination, en lui octroyant une importance accrue, un sens et une valeur intrinsèque. A propos de John Dewey, l’Art comme expérience, 1935.
Nathalie Cazals Connaître l’histoire et les histoires Nathalie Cazals est guidée par sa curiosité et l’envie de comprendre comment les choses fonctionnent autour de nous. Toujours à la recherche de sens lorsqu’elle s’investit dans une aventure. Une (en)quête sur les identités culturelles pour son doctorat et la voilà archéologue pendant plus de 15 ans. Ainsi, des mains dans la terre à un regard systémique de la culture, elle développe une ample palette de connaissances et valorise le patrimoine sous des formes multiples.Elle accompagne les collectivités et le secteur associatif à la mise en place de projets culturels dont les valeurs sont issues de l’éducation populaire et par l’application des Droits Culturels, en créant des synergies entre les acteurs du tourisme, de la culture et du social. « Récits pluriels de la place Louise Michel ». C’est un projet de recueils de mémoires, d’archives et de témoignages des dynamiques citoyennes menées dans Belsunce ces deux dernières décennies pour la création d’une place publique, devenue emblématique en raison des enjeux d’aménagement du centre-ville de Marseille, de son processus d’implication citoyenne et de la portée symbolique de son nom, Louise Michel.
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CHAPITRE 5
D es recits pour agir et transformer les paysages Christine Breton Réfléchir à la valeur des choses C’est d’abord dans l’engagement physique que le sens se crée. J’entends souvent le malaise gronder dans mon dos, lorsque nous traversons à pied les quartiers de Marseille. Nos marches ne sont pas des visites guidées mais des réflexions collectives riches en apparitions, et lorsque nous passons ensemble un petit front de guerre sociale, l’émotion gronde. Je vous entends, vous qui marchez, mal à l’aise dans le contact physique avec l’exclusion violente ou l’injustice. Pour passer, il y a l’humour ou le désir de ne pas se laisser séparer entre parties de ville, le désir d’hostire entre citoyens. C’est insuffisant et un brin « gnan gnan »- et pourtant nous sommes de plus en plus nombreux à marcher entre parties de ville qui ont été antagonisées. Longue tradition du corps à corps sans intermédiaire qui avait mis en route en 1983 la Marche pour l’égalité et contre le racisme. Mais nous qui marchons, pris dans les circonstances du microfront de guerre sociale, c’est trop souvent le modèle muséal que nous brandissons en protection face à la remontée du refoulé collectif. La sensation de zoo ou de muséification de la ville se dit avec violence, se ressent dans le corps en marche. Une sensation qui ne renvoie pourtant qu’à soi-même, à son propre savoir comme pouvoir ; surpris en incultes de la Vie. Je perçois dans mon dos la profonde émotion de celles et ceux qui se rencontrent, le débat intérieur qui les assourdit. Alors je suis assurée que cette ville que nous sommes en train de penser avec les pieds ne s’entend plus. Nous mesurons notre inculture de l’urbanité des quartiers. Pourtant, la formidable poussée vivante est irrésistible dès que nous lâchons tout pour partir au Désert de nos savoirs. L’anthropologue américain Timothy Ingold le résume : « En elle-même, l’information n’est pas un savoir et son accumulation de nous rend pas plus savants. Notre capacité à savoir tient plutôt à la possibilité que nous avons de situer un telle information, à comprendre sa signification au sein d’un contexte de relations perceptuelles, en direct avec nos environnements. Je soutiens que nous développons cette capacité à la condition qu’on nous montre les choses ». Christine Breton, Récits d’hospitalité Hôtel du Nord #7
Journal Bitume : Comment est-ce que vous intégrez cet aspect de la narration, du récit, de la fiction, dans la transformation des paysages? En quoi est-ce que ce travail sur l’imaginaire, collectif, permet à la fois de raccrocher du monde, de créer des situations, et aussi de mettre en lumière des territoires parfois considérés comme marginaux ? Alexandre Field : Nous partageons avec le Collectif Etc l’idée du récit commun comme préalable au projet. L’idée de la nécessaire lecture du site, pour laisser le site faire le projet. Baptiste Lanaspeze : Le récit comme puissance constructive. Julie de Muer : Avec la coopérative Hôtel du Nord, on vit au jour le jour la nécessité du récit pour habiter. Partager des histoires permet de se construire ensemble une capacité de projection - au sens de faire projet, et d’ouvrir un imaginaire. Nous sommes des habitants des quartiers Nord qui investissons le champ de la fiction : celle qui permet d’aiguiser le sens du réel. La fiction nous permet de nous mettre en état de projection, de faire projet ou d’imaginer. Elle ne doit pas juste nous donner des sensations, pas dans une optique de spectacularisation - sinon on perd le réel. Nous croyons à cet endroit ténu où la poésie et la fiction n’entrent pas en conflit avec la perception du réel. Ce point convergent entre architecte et citoyen. AF : Le récit est alors perçu comme un matériau de projet. Pour pouvoir partager une idée, il faut partir d’un récit. JDM : Par exemple, le rapport à la mémoire peut être conflictuel. La mémoire, c’est le lieu où on se construit mais aussi où on ressasse, cela peut participer à créer du conflit. L’équipe du GR2013 et la coopérative Hôtel du Nord ont mené avec Yes we Camp sur le site de Foresta, au-dessus du centre commercial de Grand Littoral, un travail d’exploration narrative. Un travail d’exploration qui ne produit pas seulement des relevés, mais collecte des histoires - ces récits formant une sorte de pot commun qu’on a appelé «
Atlas des connaissances ». Pour esquisser l’aménagement futur du lieu, on ne dit pas « cahier des charges », mais hypothèses narratives sur ce qui fait la qualité ou la singularité des lieux - des histoires de tuile, d’argile, de Grand littoral, de jeux dans des pentes, de cueillettes sauvages, un socle de petites et grandes histoires fondamentales qui disent aussi les usages et rendent possible une projection commune. Il faut parvenir à dépasser le chaudron de la mémoire pour faire mouvement, faire projet. Et l’on n’est pas ici dans le registre du story telling: l’exploration sensible, l’érudition, la collecte de parole ont rendu possible une capacité d’appropriation, donc d’adhésion puis de projection. Un processus polyphonique d’émergences -pas un slogan d’une agence de communication. Il s’agît de raconter et de donner des formes. Dans la conduite du projet, on aspire à être toujours dans ce mouvement de raconter. Ça devient une matière commune. AF : La narration est le fil conducteur qui permet de toujours retrouver le sens de ce qu’on est en train de dire. Ce récit commun est garant du sens dans le projet. BL : L’histoire des traces du camp américain de l’Arbois pendant la 2ème guerre mondiale, racontée par Hendrik Sturm. L’histoire des anciens bassins de décantation du canal de Marseille, racontée par Nicolas Mémain. L’histoire du gammare, un crustacé qu’on trouve dans le ruisseau des Aygalades, et de son parasite absent, racontée et dessinée par SAFI. La plupart des récits qui nous intéressent ne relèvent pas de la fiction. Bien qu’ils soient parfois invraisemblables, ils sont tout ce qu’il y a de plus avérés. Nous les levons en nous promenant – comme du gibier. Le territoire est du récit sédimenté – des histoires humaines, imbriquées dans de colossales histoires naturelles. Julie, c’est toi qui dit qu’on se met en marche lorsqu’on perd le cadre rassurant des grands récits? Que lorsque les mythes communs se craquèlent, alors on doit partir sur le terrain pour chercher de nouvelles histoires ?
©Amélie Laval
Nicolas Memain Reconnaitre que l’erreur est urbaine Un « Street jockey » ou encore un « montreur d’ours en béton » comme il aime à se définir. Il est un membre du Cercle des Marcheurs, cartographe du GR2013® et auteur de son tracé auquel il a donné sa forme emblématique. Spécialiste en urbanisme et architecture du XXème siècle, il a reçu, le prix d’urbanisme 2013 de l’Académie d’Architecture pour la création d’un sentier métropolitain. Pages précédentes : Balade Arbres en ville / roman photo par Amélie Laval
Collectif SAFI Penser abeille Le collectif explore les ressources, se nourrit de rencontres, prend le temps de la résidence, du vagabondage et de l’expérimentation pour prendre le pouls des territoires traversés. Il met en valeur, en lumière, la conversation intime entre des hommes et leur environnement. À partir d’un répertoire de gestes fondamentaux : marcher, sentir, écouter, manger… SAFI invite à traverser des zones oubliées, à pratiquer des gestes vernaculaires et à (re) découvrir des richesses insoupçonnées. Il propose de faire des expériences sensibles qui révèlent ce qui sous nos yeux se dérobe, peut-être par habitude. Il propose de découvrir qu’une mauvaise herbe peut être un végétal étonnant, un délice en cuisine ou un matériau d’avenir et constitue un véritable héritage qui nous aide à comprendre notre environnement, nous relie les uns aux autres et fait apparaître la ville sensible et affective. Ci-joint : lunettes permettant de voir le paysage comme une abeille lors d’une balade avec SAFI...
Elise Boutieé Attendre la fin, et se poser la question de l’après Issue du cinéma documentaire, Elise Boutié est aujourd’hui doctorante en anthropologie sociale à l’EHESS, sous la direction de Birgit Müller. Ses recherches, menées essentiellement en Californie, portent sur la façon dont les transformations de l’environnement forcent les collectifs humains à se réadapter à un paysage qu’ils croyaient contrôler. Des collectifs écologistes aux membres de l’église évangéliste, en passant par les populations les plus vulnérables son travail pose la question de la justice environnementale dans le contexte néo-libéral états-unien et emprunte autant à l’anthropologie politique de l’environnement qu’à l’anthropologie de la catastrophe. Ci-joint : Balade autour du feu à Vitrolles / Photo de Grégoire Edouard
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Lorsqu’on quitte un lieu de bivouac, prendre soin de laisser deux choses. Premièrement : rien. Deuxièmement : ses remerciements. Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie
Vent frais, vent du matin Vent qui souffle au sommet des grands pins Joie du vent qui souffle Allons dans le grand Vent frais, vent du matin Vent qui souffle au sommet des grands pins Joie du vent qui souffle Allons dans le grand Vent frais, vent du matin Vent qui souffle au sommet des grands pins Joie du vent qui souffle Allons dans le grand Vent frais, vent du matin Vent qui souffle au sommet des grands pins Joie du vent qui souffle Allons dans le grand Vent frais, vent du matin Vent qui souffle au sommet des grands pins Joie du vent qui souffle Allons dans le grand Vent frais, vent du matin Vent qui souffle au sommet des grands pins Joie du vent qui souffle Allons dans le grand Vent frais, vent du matin Vent qui souffle au sommet des grands pins Joie du vent qui souffle Allons dans le grand Vent frais, vent du matin Vent qui souffle au sommet des grands pins Joie du vent qui souffle Allons dans le grand Vent frais, vent du matin Vent qui souffle au sommet des grands pins Joie du vent qui souffle Allons dans le grand Vent frais, vent du matin Vent qui souffle au sommet des grands pins Joie du vent qui souffle Allons dans le grand Vent frais, vent du matin Vent qui souffle au sommet des grands pins Joie du vent qui souffle Allons dans le grand Vent frais, vent du matin Vent qui souffle au sommet des grands pins Joie du vent qui souffle Allons dans le grand Vent frais, vent du matin Vent qui souffle au sommet des grands pins Joie du vent qui souffle Allons dans le grand Vent frais, vent du matin Vent qui souffle au sommet des grands pins Joie du vent qui souffle Allons dans le grand Vent frais, vent du matin Vent qui souffle au sommet des grands pins Joie du vent qui souffle Allons dans le grand Vent frais, vent du matin Vent qui souffle au sommet des grands pins Joie du vent qui souffle Allons dans le grand Vent frais, vent du matin Vent qui souffle au sommet des grands pins Joie du vent qui souffle Allons dans le grand Vent frais, vent du matin Vent qui souffle au sommet des grands pins Joie du vent qui souffle