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ÉDITO
casa saba déco, design, créateurs
DE L’INTÉRÊT D’AVOIR L’AIR IDIOT Et si le top de la classe était de savoir dire “je ne sais pas ?” Tiens, l’autre jour. Pour faire plaisir à un copain, on est partis acheter une bouteille de pif dans une cave dionysienne. Le vendeur nous proposa alors une bouteille “avec des parfums très floraux, équilibrés, quoique assez minéraux en attaque.” Notre réponse fusa, enjouée : “Ça ira impec !” Sans savoir ce que ça voulait dire ni, d’ailleurs, si le destinataire de la quille à qui on voulait faire plaisir pouvait être intéressé par une “attaque minérale”. Et ça arrive souvent, ce genre de choses. Le gars que tu rencontres en soirée, qui te dit, d’un air évident, “mais toi qui bosses dans la presse, tu connais Clovis Técher !” et toi qui réponds “ouais, de nom” alors que tu ne sais fichtrement pas qui est ce gusse qui, si ça se trouve, est mort depuis des plombes. Savoir dire “Je sais pas”, est-ce avoir l’air con ? Oui, quand il s’agit de répondre aux questions de Christophe Bégert dans Tout le monde joue. Non, dans la vie normale. “Attends, attends, excuse-moi, mais non, je l’ai jamais vu, le film abanais dont tu me parles. Ouais, il a peut-être eu un prix à Cannes, mais je connais pas. Et puis, à dire vrai, je m’en fous un peu.” Du coup, est-ce avoir l’air idiot, de ne pas toujours savoir ? Non. Ça s’appelle de l’humilité, et ça ne fait de mal à personne. Bonne année. LA R ÉDACT I ON DE BUZ B U Z
RETROUVEZ-NOUS SUR LE NOUVEAU SITE WWW.BUZBUZ.RE RÉDACTION Anne Chans, Leila Patel Raïssa Sornom-Aï, Loïc Chaux, Juldread
DIRECTION ARTISTIQUE GRAPHISME Pascal Peloux
SHOPPING Stylisme : Leila Patel, Samantha Camara
MODE COUVERTURE Mannequin : Samir Maquillage : Mel make up artist Photo : Romain Philippon
Stylisme : Leila Patel, Samantha Camara
PHOTOGRAPHES
BUZBUZ MAGAZINE
Romain Philippon, Gwael Desbont, Stéphane Repentin, Stefan Grippon
Bimestriel N° 23 Décembre 2014 - Janvier 2015
IMPRESSION Graphica
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Pascal Peloux
RÉDACTEUR EN CHEF Loïc Chaux
PUBLICITÉ BuzBuz Magazine Ludovic Benard Tél. 0692 13 60 08 contact@buzbuz.re
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www.buzbuz.re ISSN 2114-4923 Dépôt Légal : 5968 Toute reproduction même partielle est interdite.
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casa saba, la boutique
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LE NEZ DE H O RS TEXTES RAÏSSA SORNOM-AÏ, LOÏC CHAUX PHOTOS GWAEL DESBONT
FASHION TRUCK, LA MODE EN CAMION Imaginez une boutique de fringues aménagée dans un fourgon enjolivé avec soin. On appelle ça un fashion truck. New-York, Paris et depuis peu La Réunion. Anne-Sophie, blogueuse passionnée de mode, manœuvre elle-même son camion. De couleur vert menthe, il sillonne tous les recoins de l’Île. Les places attractives, les marchés, les quartiers et même les Hauts. Préparez-vous à voir Mode And Truck même à Cilaos et à Salazie. Pour ne pas louper le prochain itinéraire, connectez-vous sur le site interactif. Mieux encore, votez pour la destination de votre choix. C’est du jamais-vu, même sur les cintres. On vous prévient, vous allez en prendre plein les yeux. MODE AND TRUCK, CALENDRIER DES ITINÉRAIRES : WWW.MODEANDTRUCK.RE. POSSIBILITÉ DE PRIVATISER LE CAMION POUR LES PARTICULIERS ET LES PROS : ASA@MODEANDTRUCK.RE
ROCK THE FOURCHETTE ON N’EST PAS BIEN,LÀ ? PAISIBLE, À LA FRAÎCHE… Dans la catégorie des chambres d’hôtes, vous ne pourrez pas dire qu’on vous a mal conseillés. Voici donc notre dernière découverte, Casa Cosi. Sa vue époustouflante sur l’océan ; le calme de la forêt de l’Étang-Salé qui borde la maison ; la déco des deux chambres indépendantes, alliant meubles personnalisés et confort moderne et reposant ; la piscine ; le jacuzzi… Pas de doute là-dessus : allez chez Fabien et Fabrice, vous serez bien reçus. Et si vous leur demandez, ils vous feront même de bons repas avant de rejoindre vos lits moelleux. CASA COSI, 4 IMPASSE EMMANUEL, LES AVIRONS. TEL. : 0692 04 01 01 // 0693 60 07 09. FACEBOOK : CASACOSIBNB
La fourchette elle-même est rock’n roll. Sur les murs, parmi les groupe mythiques, les Beatles, et heureusement, sinon, on n’aurait rien écrit dessus. Il n’y a évidemment pas que ça, au Rock Fish, puisque sont diffusés des concerts sur les écrans – Guns’n Roses quand on est passés – les dessous de table sont des vinyles, et on peut attaquer les ribs ou le fish and ships avec les mains. Des concerts y sont parfois organisés, et voilà donc – enfin – un resto/bar de gratteux où on mange bien, et pour pas très cher, en plus. THE ROCK FISH, 53 RUE MARIUS-ET-ARY-LEBLOND, SAINT-PIERRE. TEL. : 0262 44 68 76. OUVERTURE : LES MARDI ET MERCREDI, 11H30 – 14H30 ; DU JEUDI AU SAMEDI, 11H30 – 14H30 // 19H30 – 22H30
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DU (BON) VIN ET DES HUÎTRES Amateurs de vins et de fruits de mer, on a un nouveau lieu qui va vous séduire. Discrètement posé dans une ruelle de la capitale, Le Caveau Rontaunay distille une sélection de grandes cuvées dès l’entrée. L’huître, elle, est un peu comme la deuxième star. On nous l’a conseillée avec un Montagny, premier cru de Bourgogne. Si vous êtes un fin connaisseur, vous vous empresserez de goûter à ce plaisir. Pour les novices, faites confiance à Vincent, l’hôte et le spécialiste de la maison. Il maîtrise parfaitement les accords mets et vins. Il nous a aussi soufflé le secret des fromages : ils viennent tout droit de chez le meilleur ouvrier de France 2004, Eric Lefebvre. Des grands noms il y en a plein d’autres, vous verrez. LE CAVEAU RONTAUNAY, 4 RUE RONTAUNAY, SAINT-DENIS. TÉL : 0262 47 58 15. OUVERTURE : DU MERCREDI AU VENDREDI, TOUS LES MIDIS ; DU MERCREDI AU SAMEDI, TOUS LES SOIRS
LE REPAIRE DES BELLES BÉCANES
VANILLE-CHOCOLAT ? TRÈS PEU POUR MOI Chez BuzBuz, on ne fait pas un métier facile : on nous parle d’un glacier à l’Étang-Salé ? On va goûter. Résultat, on s’est retrouvés avec, sur le bout de la langue, des parfums originaux, confectionnés à La Réunion avec des produits d’ici et des assemblages détonants. Le passion-géranium, on y pense encore… On l’imagine tout à fait dans les cornets artisanaux (un vrai biscuit, oui !) qui accompagnent le tout. Restent à essayer les macarons, vacherins et autres gâteaux glacés vendus sur place, mais on ne peut pas tout manger d’un coup. DÉLICES ET DOUCEURS, 15 AVENUE DE BRETAGNE, ÉTANG-SALÉ-LES-BAINS. TÉL. : 02 62 91 36 22. OUVERTURE : DU DIMANCHE AU MERCREDI, 9H30 – 19H ; LES VENDREDI ET SAMEDI : 9H30 – 20H ; TOUS LES JOURS PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES
Concessionnaire old school, look rétro, Royal Enfield, sont autant d’indices qui vont vous faire penser à Deluxe Motorcycle. C’est le repaire des passionnés et des nostalgiques de la bécane. Jean-Marc et Jean-Pierre bichonnent les motos américaines comme Victory et Indian. Côté entretien, le savoir-faire se pratique sur toutes les marques. Depuis peu, Richard a rejoint la bande. Il s’amuse à créer des designs, passe les coques en cabine de peinture et peaufine toutes les finitions à la main. Ça rigole en coulisses mais c’est pointilleux et sérieux. Bientôt, une nouvelle marque va faire dévaler les fanfarons de road trip en deux roues. Retenez simplement LML, un scooter indien. Sa marque de fabrique, un design italien des années 50-70. Une ligne indémodable et stylée. DELUXE MOTORCYCLE, 43 RUE RUISSEAU-DES-NOIRS, SAINT-DENIS. TÉL : 0262 20 28 00. OUVERTURE : DU LUNDI AU SAMEDI, 8H30 - 18H
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MAILLOTS CHICS
Pain de Sucre, c’est d’abord une marque de maillots de bain – féminins – h haut de gamme, et la boutique du même nom qui a ouvert à Saint-Gilles. Et c’est beau : les imprimés serpent ou fleuris sont déclinés sous plusieurs coloris, les matières sont confortables et solides, et il est possible d’accessoiriser le tout avec paréos et autres ponchos… De son côté, la collection “suggest” est dans un esprit plus “lingerie”, pouvant pourtant se porter aussi à l’extérieur. Son nom suffira à vous en donner une idée… Enfin, atout remarquable de Pain de Sucre : les collections existent pour les plus grandes tailles. Tout le monde a droit à son maillot. PAIN DE SUCRE, 4 RUE SAINT-ALEXIS (GALERIE AMANDINE), SAINT-GILLES. TEL : 0262 39 05 70. OUVERTURE : LE LUNDI, 14H30-19H ; DU MARDI AU VENDREDI, 9H30-12H // 14H30-19H ; LE SAMEDI, 9H30-19H ; LE DIMANCHE, SUR RENDEZ-VOUS
SORTONS À SAINT-PAUL
Il faut bien le dire, entre Saint-Denis et Saint-Gilles, les lieux de bringue ne so sont pas nombreux. On en a trouvé un nouveau, le Vince, à Saint-Paul, derrière la station Elf. Le tenancier y a installé une jolie terrasse avec fauteuils et sol en bois où l’on peut manger des tapas de qualité et, surtout, boire de sacrés breuvages. Le mojito qu’on a eu entre les mains, conçu à partir de deux rhums caribéens est peut-être bien ce qu’on a bu de mieux depuis un moment. Paraît même que le Vince a des références de whiskies qu’il est le seul bar à servir, et avec le sourire du patron, en plus. LE VINCE, 13A RUE ANTOINE-ROUSSIN, SAINT-PAUL. TEL. : 0262 36 25 73. OUVERTURE : DU MERCREDI AU DIMANCHE, 17H30 – 2H
132D JULIETTE DODU SAINT DENIS FACEBOOK : SO BOUTIQUE
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TANTINE POWER Créatrice connue des initiés du commerce équitable, Leïla, est une “faiseuse” de linge pas comme les autres. Sa nouvelle marque Salut Chéri étonne et donne un coup de frais aux vêtements imprégnés de la culture locale. Une collection décalée, des références, une symbolique, de l’humour et surtout une labellisation FairTrade. En un coup de ciseaux, elle nous métamorphose en Tantine Power et on ose afficher un “Fuck a ou”. Impossible de passer inaperçu, mais ça c’est parce que les sérigraphies sont joliment crayonnés. On provoque dans la dentelle et avec goût s’il vous plaît. SALUT CHÉRI, À SAINT-DENIS (SO BOUTIQUE) ; SAINT-PAUL (MAG BAG SHOP) ; SAINT-GILLES (SIMONE, LA TÊTE DANS LES ÉTOILES, LOKOBÉ) ; SAINT-LEU (LEU TIKI SHOP) ; SAINT-PIERRE (LES JOLIES CHOSES). TÉL : 0693 64 79 08
L’ATELIER DES APPRENTIS CRÉATIFS MONSIEUR EST – AUSSI – SERVI Vous vous souvenez peut-être de cet édito du numéro 15 de BuzBuz encensant le slip. La boutique Messieurs-Dames y a donné un superbe écho, puisqu’elle est la seule à vendre ici Le Slip Français, sous-vêtement masculin made in France. Voici comment résumer l’esprit du lieu : des fringues pour les hommes, les femmes, et pas mal de choses fabriquées dans notre beau pays. Faguo, Margaux Lonnberg, Mr Marcel, c’est plutôt chic et, donc, pour les messieurs et les dames. MESSIEURS-DAMES, 93A RUE FRANÇOIS-DE-MAHY, SAINT-PIERRE. TEL. : 0693 41 01 50. OUVERTURE : LE LUNDI, 14H-18H ; DU MARDI AU VENDREDI, 10H-13H // 14H-18H30 ; LE SAMEDI : 10H-18H30
C’est la planque des créatifs en herbe : L’Atelier 33. Un atelier dédié à l’art qui fait office d’espace de co-working. Quatre pros, diplômés des Beaux-Arts, orchestrent les séances d’arts plastiques et de loisirs créatifs. Ici, on arbore un tablier, on prépare son matériel et on écoute religieusement les premières consignes. En cours d’aquarelle, basé sur un modèle vivant, les coups de pinceau sont précis. L’intervenant veille au grain et dispense de bons conseils. Le scrapbooking est toujours la grande mode des loisirs créatifs aussi bien chez les enfants que chez les adultes. Pour le cartonnage, on se bouscule déjà aux portes. Réservez vite, pendant les vacances les places sont très prisées. L’ATELIER 33, 33 RUE ALEXIS-DE-VILLENEUVE, SAINT-DENIS. TÉL : 0262 30 58 84. OUVERTURE : LE LUNDI, 14H-18H30 ; DU MARDI AU SAMEDI, 10H30 - 12H30 // 14H - 18H30
ŠKimy Alvarez
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ART, C ULT URE URBA I N E E T M ULT I M ED I A TEXTES LOÏC CHAUX PHOTOS ROMAIN PHILIPPON
IRON MAN S
ergio Neve Art, c’est d’abord une lampe en fer forgé, qui nous était tombée dans les mains, lors d’une page shopping – dont nous avions pété l’ampoule, excusons-nous en ici. Nous avons voulu en savoir plus, et voilà donc Sergio. Ferronnier d’art autodidacte, dont le grand-père était maréchal ferrant – il bosse d’ailleurs avec son enclume et son fer à souder – Sergio fabrique ses objets à partir de dessins tout droit sortis de son imagination. “Ça dépend des moments, parfois, j’ai beaucoup d’idées qui arrivent, j’aime bien créer des objets artistiques, mais aussi utiles” explique celui qui travaille pour l’instant beaucoup sur du mobilier, mais qui aimerait aussi plancher sur de plus grosses structures. Pour l’instant, nous sommes littéralement tombés amoureux de ses lampes ou de ses meubles de rangement alliant bois et métal, qu’il réalise intégralement dans son atelier de Trois-Bassins, et visibles sur son site, www.sergioneveart.com.
SUR LA TOILE...
OUI À LA RUCHE
MARABOUTS DE PAPIER
VOYAGER ASSIS
MINECRAFT PÉI
Sur www.laruchequiditoui.fr, on s’inscrit, et on peut acheter des produits locaux directement auprès des producteurs. Légumes, fruits, miel, pâtisseries... sont ensuite à récupérer auprès de la “ruche” ou en livraison à partir d’un certain montant. Et nous on consomme des produits locaux en privilégiant le circuit court.
On reçoit dans nos boîtes de jolis flyers de marabouts promettant la puissance sexuelle, le retour de l’être aimé ou les numéros du loto… Un site s’est amusé à les compiler, www.megabambou.com, et c’est à hurler de rire.
Connectez-vous sur www.geoguessr.com, observez la photo, et situez-là sur la Google map en bas de l’écran. Vous pouvez même vous déplacer histoire de vous situer, ou, du moins, comprendre dans quel pays vous êtes tombés. Votre productivité au bureau vient d’en prendre un coup.
Saviez-vous qu’un des mecs les plus connus de la communauté de Minecraft, réputé pour ses tutoriels, était Réunionnais ? Fantasio974 a une chaîne youtube avec son compère Bob Lennon où de nombreuses vidéos – souvent drôles – font découvrir l’univers foisonnant du jeu pixellisé.
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LA BOARD, MATIÈRE PREMIÈRE LE PRINCIPE DE PIMP MY DECK ? PERMETTRE À DES ARTISTES, QUELS QU’ILS SOIENT, DE CRÉER À PARTIR D’UN OBJET SIMPLE : UNE PLANCHE DE SKATE. BONNE IDÉE, YANN. TEXTE LOÏC CHAUX PHOTO ROMAIN PHILIPPON
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st-ce sa forme ? Sa symbolique ? Sa matière ? Le fait est qu’une planche de skate, c’est non seulement joli, mais ç’a en plus du charme. On sait ce qu’on peut en faire et, si elle a vécu, elle reflète un peu de la personnalité de son possesseur. Skateur assidu, Yann – par ailleurs créateur de la marque Black Sheep Untoy – a de beaux mots pour en parler : “Moi, une board, je trouve ça magnifique. C’est du bois, une belle matière. Derrière, on retrouve toute la symbolique de liberté.” Une inspiration, évidemment, Dogtown and Z-Boys, le documentaire retraçant la naissance du skate dans les piscines vides de Californie dans les années soixante-dix, aux relents libertaires, et dans lequel on aperçoit les prémices du skate art, ou comment faire de sa planche une œuvre à part entière. Curieusement, à La Réunion, et même si les pratiquants personnalisaient eux-mêmes leurs planches, aucune n’était vendue en magasin avec des motifs purement locaux. L’idée fut lancée en 2011, et devant le succès de la chose, Yann décide de créer le Pimp My Deck il y a deux ans, où l’on personnalise des planches. Ainsi, tous les artistes qui le désirent peuvent se réunir une
LE PI MP MY DECK #3 AURA LI EU À SAI NT-ANDRÉ LE 13 DÉCEMBRE À PARTI R DE MI DI , AU GARAGE HENRI AUTO, 211, RUE DES MÉTI ERS.
journée, présenter – ou réaliser en direct – des créations à partir de plateaux fournis sur place. Les premières éditions proposaient des œuvres sur des boards neuves ; cette année, en plus, certaines auront déjà du vécu : rayées, cassées, élimées… “J’aimerais bien que certains les découpent, les explosent !”, s’enflamme Yann. En attendant, Pimp My Deck se veut un outil de promotion : “J’aimerais que ce soit une tribune pour tous ces petits jeunes qui font des trucs dans leur coin. Ici, le street art est riche, il y a tout un tas de gars qui ont du talent ; qu’ils viennent et montrent un peu ce qu’ils sont capables de faire !” Outre, donc, les plus connus Jace, Abeil, Pandakroo, ce sont tout un tas d’illustres inconnus qui sauront montrer de quel bois ils se chauffent. Pour eux, une vitrine, certes, mais pas que : “Oui, le but, c’est qu’ils arrivent à vendre leurs plateaux. Faire découvrir ces mecs, que des visiteurs pensent que leur travail vaut d’être acheté, c’est ça qui me motive.” Au vu des heures passées, souvent, à créer des boards originales, il y a cependant fort à parier qu’elles ne finiront pas dans le bowl de Saint-Pierre, mais bien accrochées au mur.
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DERRIÈRE LA PUB
RHUM, SI T’ES ÉTERNEL … C’EST UNE LÉGENDE À LAQUELLE S’EST ATTAQUÉE L’AGENCE MAMBO : LE RHUM CHARRETTE. “ALLIANCE ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ”, QU’ILS DISENT DANS LA PUB… TEXTE LOÏC CHAUX PHOTO ROMAIN PHILIPPON
On l’a trouvée belle, cette pub. Mais ça ne fait pas tout : malgré ses références traditionnelles – la charrette, le bœuf, la canne, la bouteille – on l’a trouvée moderne, sans trop savoir pourquoi. Pedro Ramos de Oliveira, le directeur de création de chez Mambo, nous a expliqué, et on a compris.
Comment Charrette t’a présenté les choses ? Charrette est une marque leader, et largement. Mais ils voulaient se renouveler, montrer que la marque avance, évolue. Tout en gardant les mêmes valeurs, le même ton de discours, le lien à La Réunion, à ses racines… Faire évoluer l’image sans toucher aux fondamentaux, ça paraît compliqué, non ? Lors d’une visite à la Sagrada Familia, j’ai lu une phrase de Gaudì : “L’originalité, c’est le
retour aux origines.” J’ai adopté cette philosophie. Par le slogan, la roue, les cannes, le vert, la bouteille, la charrette, on reconnaît facilement l’identité de Charrette, ainsi que son lien à l’identité réunionnaise. Et pourtant, on a une impression de modernité en voyant le visuel. Tu as une explication ? La photo et son traitement sont épurés, modernes. Il y a un côté très artistique qui reprend des codes actuels : cette photo est vintage, et ce genre d’esthétique revient à la mode, avec Instagram, par exemple. On a revisité les racines avec un langage contemporain : ce visuel, c’est la tradition qui arrive jusqu’à toi. Il y a donc aussi une notion de mouvement ? Oui : le charretier avance, on a un champ de cannes en perspective. L’étiquette prend vie, la marque continue son chemin.
C’est intimidant, de s’attaquer ainsi à une marque qui fait autant partie de l’histoire réunionnaise ? C’est une grande responsabilité, on sait que ça va être très visible. Heureusement, on a aussi travaillé avec une équipe, chez Charrette, qui nous a donné beaucoup d’infos sur la marque, ses attentes, ses valeurs, son lien à la population, des gens très impliqués dans la traduction en message publicitaire. Il y a eu un casting pour le charretier ? Non, la loi Evin nous l’interdit. On a donc travaillé avec Jacky, coupeur de cannes à Dos D’âne, et son bœuf. Lors du shooting, nous avons passé de superbes moments, il nous a fait découvrir son métier, c’était très touchant de se balader au milieu des cannes avec Jacky et son bœuf. Le résultat nous montre un peu de cette atmosphère.
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Ressourcer le monde
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DERRIÈRE LA PO RT E
ART DE BAR ICI, ON N’É CRA S E R A P A S DE LA ME NTHE D A N S DE LA GLA CE P IL É E . NON : UN COCK TA IL D IG N E DE CE NOM E S T LE R É S U LTAT D’UN CÉ RÉ MON IA L E T DE BE A UCOU P D E QUE S TIONNE ME N T S . TEXTE LOÏC CHAUX PHOTO ROMAIN PHILIPPON
OBSERVATION, DISCUSSION…CRÉATION
T
om Cruise qui jongle avec des bouteilles et drague les pépées à la chaîne, ç’a certes son charme. Mais le goût, messieurs-dames, le goût, voilà ce qui devrait toujours guider ce qu’on dépose sur nos langues sensibles, sous nos palais délicats. En matière d’alcool – à consommer avec modération, monsieur Evin nous surveille – c’est comme dans la cuisine : il y a un savoir-faire pour mettre en harmonie les ingrédients. Et comme en cuisine, “il faut privilégier les bons produits, il n’y a pas de bon cocktail sans bon produit.“ Celui qui parle, c’est Tristan, que les clients de l’Artocarpe, à Saint-Denis, connaissent bien, et qui participe à des concours de bartenders organisés par différentes marques d’alcools à La Réunion. Par bartender, entendez barman spécialisé dans la confection de cocktails. Et là, cela se complique. Car, donc, un cocktail, ce n’est pas mélanger des trucs et des bidules, secouer le bouzin et coller le bord du verre dans du sucre. Le vrai bartender fera autrement. Et là, on vous
dévoile pourquoi le barman discute avec vous. “On voit arriver le client, et on prend les premières informations. Est-ce un homme ? Une femme ? Quelle est sa corpulence ? Son âge ? Est-il calme, énervé, pressé ? Puis on discute, et on passe alors aux sensations qu’il a envie de ressentir en termes de goûts. Et le tout doit aller vite, moins d’une minute.” Tout cela donnera une identité à son cocktail. Une identité qui doit “être aussi en accord avec le standing du bar où tu te trouves.” Voilà pourquoi on appelle aussi cette pratique la mixologie : la science du mélange. Et ce mélange est ardu. Car une autre donnée entre en jeu : l’identité du barman. “C’est aussi une question de nos goûts propres. Moi, je m’intéresse pas mal aux alcools vintage, aux goûts plus anciens, le Manhattan, le Martini, le Old Fashioned… Je m’intéresse pas mal à l’histoire du cocktail, et je me renseigne en lisant beaucoup de livres.” Il va donc, aussi, partir à la recherche de la bouteille originale, du goût qui change. “Il m’arrive d’en commander, oui, juste à partir de ses caractéristiques, parce que je recherche un goût en particulier.” Si Tristan avoue avoir une préférence pour le gin, il bosse pas mal aussi avec les whiskies, dont la complexité peut permettre de “s’amuser”. Tout en respectant un fondamental : l’équilibre entre douceur et amertume. Reste encore à réfléchir à la déco, à la touche finale – un fruit ? un zest ? – et le cocktail est prêt, résultat d’un processus plus complexe qu’on aurait pu le croire. Reste un élément essentiel à tout le cérémonial : le bar. Le comptoir. Le zinc. Ligne séparatrice entre le client et le barman, c’est aussi le support de la discussion qui va servir à créer le cocktail. Et un vrai bar, celui sur lequel on s’accoude pour discuter, on en manque. À bon entendeur.
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SHOPP I N G STYLISME LEILA PATEL PHOTO GWAEL DESBONT
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01. Enceinte sans fil bluetooth Marshall 479 €, Casa Saba, 91 rue François-de-Mahy, Saint-Pierre. 02. Suspension ampoule 67 €, Origine, 59 rue Jean-Chatel, Saint-Denis. 03. Plateau avec lampe aimantée Fatboy 166 €, La Boutique, Forum, Saint-Gilles. 04. Pochettes cuir avec ponpon Sud 29 €, Paula ,73 avenue de Bourbon, Ermitage. 05. Tableaux Tampono None Solo de Gabrielle Manglou 150 € et 120 €, Mag Shop, 55 rue Labourdonnais, Saint-Paul. 06. Maison en béton ou bois 22 € et 19 €, Le 80, 80 rue Juliette-Dodu, Saint-Denis. 07. Portefeuille cuir American Vintage 132 €, Crazy Libellule, Forum, Saint-Gilles. 08. Besace en cuir Antonyme 228 €, Paula, 73 avenue de Bourbon, Ermitage. 09. Serviette en papier Blommingville 9 €, Le 80, 80 rue Juliette-Dodu, Saint-Denis. 10. Carnet en kraft sérigraphié 8 €, Salut Chéri, Facebook : salutcheri. 11. Post-It Hay 9 € et règles en bois imprimé Hay 6 € et 9 €, Origine, 59 rue Jean-Chatel, Saint-Denis. 11. Robot articulé Cubebot 28 € et 14 €, Casa Saba, 91 rue François-de-Mahy, Saint-Pierre.
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SPORT TEXTE LOÏC CHAUX PHOTO ROMAIN PHILIPPON
SAUVE QUI PEUT ! LE SAUVETAGE E N MILIE U A QUATIQUE SERT À SAUVER DE S GE NS E N F Â CHE US E POS TURE DANS L’ EAU. M A IS C’E S T A US S I UN S PORT. UN SPORT DE TR È S HA UT NIV E A U.
u’ils nous pardonnent tout de suite, les nonconnaisseurs de la chose aquatique : cet article risque de les dérouter quelquefois. Si l’on vous dit, par exemple, que les meilleurs sauveteurs nagent le 100 libre en moins de 50’’, ça risque de ne pas vous dire grand chose. Croyez-nous, alors, si on vous dit que c’est très, très rapide. Cette précision effectuée, parlons du sauvetage en milieu aquatique, mais surtout de son volet sportif, voire de compétition. Et commençons par concéder, tête basse, que malgré nos recherches et d’anciens événements, aujourd’hui, ça n’existe plus ici. Le correspondant local de la Fédération française de sauvetage et de secourisme nous l’a confirmé et dans sa voix, on a compris que ça lui faisait un peu de peine.
“TU AS BEAU ÊTRE RAPIDE, IL TE FAUT DE LA LUCIDITÉ.” Nous n’irons pas jusqu’à dire que nos sauveteurs locaux, qu’ils soient aux bords des piscines ou de la mer sont des fainéants : leurs diplômes leur demandent des recyclages réguliers et, surtout ceux des plages, ils s’entraînent régulièrement de leur côté – sans pour autant avoir l’obligation de le faire. Et puis, beaucoup d’entre eux sont surfeurs, inutile donc de préciser que
ces gens-là sont sportifs et assez costauds pour aller chercher l’énergumène qui s’agite inutilement dans l’eau en avalant de grandes goulées de flotte. Mais l’Homme est ainsi : quoiqu’il fasse, il veut, à un moment, savoir s’il le fait mieux que son voisin. Manger des hot-dogs ou grimper au pied de coco. C’est ainsi que sont nées les compétitions de sauvetage, qui atteignent désormais des niveaux assez hallucinants. Christophe Attrait, nageur depuis peu aux Dauphins saint-louisiens, est justement dans le domaine, plus spécialisé dans “l’eau plate” (en bassins). Encore licencié au club de Biarritz sauvetage côtier, il est recordman du monde masters du 50m mannequin (25 m en crawl, récupération du mannequin de quatre-vingt kilos au fond de l’eau, 25 m en crawl avec le mannequin remorqué) en 34’’54 et champion du monde masters du 100m bouée tube (50m avec les palmes et la bouée qui traîne, qui est ensuite enroulée autour du mannequin pour le remorquer sur le retour, les meilleurs nageant en moins de cinquante secondes…). On vous épargnera la longue liste des épreuves, pour arriver à : “Il y a des épreuves qui privilégient certes le spectacle, qui n’ont pas grand chose à voir avec le sauvetage. Malgré tout, la base est toujours la même : rencontrer des situations qui peuvent arriver lorsqu’il faut sauver quelqu’un.” Deuxième volet des épreuves, le sauvetage côtier, en mer. De la nage, de la course sur le sable, des faux noyés à sauver, sans rien, avec un paddle, avec un kayak… Toutes les situations sont possibles, et un maître-mot : “La lucidité. Tu as beau être rapide, il te faut de la lucidité. En mer, avec les creux, les courants, il te faut t’adapter. Sur le retour, tu peux très bien nager, si le mec derrière a repéré la vague qui va lui permettre de revenir en bodysurf, il va te passer devant.” Des situations utiles en cas de réel sauvetage… “C’est sûr que ça fait un très bon entraînement, ce genre de compétitions. Ça crée de super sauveteurs.” Des compèts où la France fait plutôt bonne figure, même si, dans le domaine du sauvetage côtier, les Australiens et Néo-Zélandais sont imbattables. Faut dire aussi que d’avoir des milliers de kilomètres de côtes, ça aide.
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EXTRA M URO S
LE PARC ENCHANTÉ LIVRÉE EN 2013, LA MAISON DU PARC NATIONAL À LA PLAINE-DES-PALMISTES PROPOSE UN ÉCRIN VERT À SES UTILISATEURS. ET BUZBUZ PIQUE UN PEU LE SLOGAN DES ARCHITECTES : FAITE DE BOIS, MATÉRIAU PASSIF QUI COPIE LE TEMPS EXTÉRIEUR, LA MAISON DEMANDE DES UTILISATEURS ACTIFS. TEXTE ANNE CHANS PHOTOS GWAEL DESBONT
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ous n’avons rencontré que des gens contents d’avoir participé à la Maison du Parc national. Cédric Delahaye, du cabinet Antoine Parrau architectures :“Il est rare pour un architecte d’être sur un projet avec autant d’énergie positive de la part de tout le monde.” Et il n’est pas simple de faire un tel chantier à La Plaine. Isabelle Bracco, responsable du secteur Est du Parc et notre guide a passé une bonne partie de l’année à expliquer à ses collègues le fonctionnement du bâtiment. La maison est construite majoritairement en bois (on n’y trouve que deux murs de béton), c’est un matériau passif : quand il fait froid (ou chaud) dehors, il fait froid (ou chaud) dedans. Mais l’architecte a muni les façades orientées nord de verre et de jalousies. Quand le soleil tape, l’intérieur du bâtiment se réchauffe, ce qui arrive en général le matin. Le petit truc se trouve dans un système de couloirs. Chaque bâtiment administratif fait l’épaisseur d’un bureau et d’une coursive séparés entre eux par une porte en verre et des
jalousies. C’est ce couloir qui se réchauffe ou se refroidit le plus. Quand le couloir est chauffé, les utilisateurs sont invités à ouvrir leur porte et fenêtre. Quand le couloir se refroidit, ils doivent faire l’inverse pour garder la chaleur à l’intérieur. De plus, le bâtiment traversant permet la circulation du vent au moment des grosses chaleurs. De gros tuyaux en plexiglas blanc et remplis d’eau permettent aussi une circulation de la chaleur sur les deux étages. Une exception : l’endroit réservé au public bénéficie d’un chauffage d’appoint qui a fonctionné huit jours l’année dernière. La maison est recouverte d’un toit en zinc qui en façade sud se prolonge assez bas, ce qui permet d’acheminer les eaux de pluie jusqu’au sol en protégeant le bâtiment sur pilotis (encore un tout petit peu de béton). Dans son écrin vert fait de plantes endémiques, voilà un lieu de travail agréable ; il paraît même que les gens ne se font pas trop prier pour monter à La Plaine pour des réunions.
EXT R A MU RO S
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PORTR A I T
P ED R O WINTE R
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LE PÈRE PEDRO DÉBUT DÉCEMBRE, PEDRO WINTER EST À LA RÉUNION. RENCONTRE AVEC UN GARS NAVIGANT ENTRE SKATE, ROCK ET DAFT PUNK. EVIDEMMENT. TEXTE KARL HUNGUS - LOÏC CHAUX
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e Pedro Winter, aka Busy P quand il est lui-même derrière les platines, on connaît surtout ses liens avec les Daft Punk, dont il a été le manager pendant plus de dix ans. Mais il se trouve que le bougre est un des personnages centraux de la hype électro française des années quatre-vingt-dix, le type derrière les stars DJ Mehdi, Justice ou encore Mr Oizo, regroupés derrière la bannière fourre-tout de la French touch. Il a trente-neuf ans, Pedro. Il a voyagé ; pourtant, il se définit encore comme “100% parisien, né à Paris, grandi à Paris, vivant à Paris, qui finira sûrement à Paris.” Petit, il voulait être avocat, comme d’autres veulent devenir pompier ou policier. Heureusement, son grand frère viendra lui chatouiller les oreilles à coups de Pink Floyd, Metallica, The Cure. La musique, c’est bien aussi. “À quatorze, quinze ans, tu commences à faire tes premiers choix musicaux. Là, j’ai écouté Run DMC, les Beastie Boys… J’avais un truc de rap, I need you de BVSMP, fait avec une boîte à rythmes. C’est à ce moment que j’ai commencé à aimer les choses un peu répétitives et synthétiques.“ Etudiant, Pedro fréquente le milieu du skate et débarque dans sa première rave en 1992. Branle-bas de combat : “J’ai tout de suite eu envie de participer à ce mouvement électro. Au début, en tant que danseur sur le dance floor, puis j’ai voulu passer derrière, passer les disques, être le DJ. Je voulais organiser les fêtes dans lesquelles les gens allaient danser.” Du dance floor aux platines, des platines à la
prod… L’électro française prend de l’ampleur, Pedro est au cœur de la chose et, dans une soirée en 1995, il rencontre deux types, Thomas et Guy-Man, réunis sous le nom de Daft Punk : “Ils jouaient dans une fête à Londres, je les ai rencontrés là-bas. Ç’a changé ma vie.” Il deviendra leur manager et sera partie prenante de l’explosion du duo. C’était une première rencontre fondamentale : “J’en retiens trois, qui ont changé ma vie. Les Daft Punk,
TROIS RENCONTRES FONDAMENTALES : DAFT PUNK, DJ MEHDI ET JUSTICE
de tout repos. D’abord, il y a la sortie d’Eden, qui retrace les débuts de la French Touch, et qui rappellera au grand public qui étaient ces pionniers, dont Pedro : “Ça m’a vraiment plu, car je l’ai vécue, cette époque. On a des souvenirs, mais aucune archive de ces moments. La réalisatrice a réussi à mettre des images sur tout ça.” Puis, en 2015, Ed Banger repart au combat avec les albums de Cassius, Sebastian et Breakbot ; Notre Père Pedro a encore des choses à balancer dans les oreilles de ses ouailles.
LE PREMIER DISQUE QU’IL A ACHETÉ
WELCOME TO THE PLEASUREDOME
DE FRANKIE GOES TO HOLLYWOOD LE TITRE POUR LANCER UN SET
CLUB LONELY DE LIL LOUIS
rencontrés en 1995 mais avec qui j’ai commencé à bosser en 1996 ; DJ Mehdi en 1998 et Justice, en 2003.” C’est avec l’arrivée de ces derniers qu’il crée le label Ed Banger. Ses artistes, il les signe “d’abord suite à une rencontre musicale” puis avec le respect de fondamentaux : “Dans le label, on est comme dans la vie. Ce qui nous réunit, c’est ce qui nous touche, l’amitié, la sensibilité.” S’il avoue avoir été une “locomotive” dans le milieu, il lève un peu le pied au profit des Gesaffelstein, Brodinski… “En musique, c’est chacun son tour. C’est bien de laisser un peu la place.” Disons aussi que la suite n’est pas forcément
LE TITRE POUR RETOURNER LE DANCEFLOOR
HIGHER STATE OF CONSCIOUSNESS DE JOSH WINK
LE TITRE POUR LAISSER PARTIR LES GENS EN DOUCEUR
LIMITE TO YOUR LOVE DE JAMES BLAKE
L’ALBUM QU’II NOUS CONSEILLE EN CE MOMENT
REDINHO
DE REDINHO (LABEL NUMBERS)
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MICRO- T RO T T ’ TEXTES ANNE CHANS PHOTOS ROMAIN PHILIPPON
SI UN EXTRATERRESTRE DÉBARQUAIT, LÀ, VOUS LUI DIRIEZ QUOI ? APRÈS ENCORE UNE ANNÉE MOROSE, LA CRISE, LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE… BUZBUZ LÈVE LES YEUX AU CIEL. PEUT-ÊTRE QUE LA SOLUTION EST AILLEURS ?
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1 - Bob Je n’aurais pas peur, lui souhaiterais la bienvenue et lui dirais de visiter, car tout est beau, ici. 2 - Preettee et Santosh “Est-ce que je peux vous aider ?”
3 - Julien, Kelly et Luna Nous lui demanderions d’où il vient et, quand même : “Tu viens en paix n’est ce pas ?” 4 - François et Chelsea Je lui demanderais s’il pouvait rendre le monde meilleur. Et donner à Chelsea le pouvoir de voler et de faire grandir les plantes.
5 - Siradji et Alice Notre premier reflexe de peur : “Retourne chez toi !” Sinon, s’il est gentil et avec des pouvoirs, nous l’utiliserions pour nous débarrasser de nos ennemis.
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6 - Rayan et Alexandre “Rentre chez toi, ça doit être mieux !” ou sinon : “Va plutôt voir en Métropole !” 7 - Séraphin Je lui demanderais ce qu’il mange et l’inviterais à goûter un bon carri poulet.
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8 - Vincent et Gilda “J’ai un boulot pour toi : sois le Père Noël. Il y a plein d’enfants qui en auraient bien besoin. Celui du Nord ne fait pas très bien son boulot.” 9 - Nourief Je le transforme en mon meilleur ami, je l’invite chez moi et grâce à ses pouvoirs, il m’aidera dans ma vie. Sinon, je lui demande de m’emmener chez lui.
10 - Shamssir, Dorian, Nathan, Krys et leurs correspondants allemands “Je suis ton pote, viens chez moi et pour te protéger, cache-toi.” / “Je prends un selfie avec lui et vais à la police.” 11 - Max Je l’observerais et s’il n’est pas agressif, je lui conseillerais de repartir d’ici. “Il doit y avoir une erreur sur la destination.”
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S O CIÉ TÉ
CRUELS CONTES VIOLS, MASSACRES, SUICIDES, PAUVRETÉ… LES CONTES RÉUNIONNAIS RESPIRENT LE BONHEUR ET LA JOIE DE VIVRE. EN CETTE PÉRIODE DE FÊTES ET DE JOIE DANS LES CASES, BUZBUZ A DÉCIDÉ DE CASSER L’AMBIANCE.
TEXTES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS FREDDY LECLERC
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u Clair de la lune, l’histoire d’un moine à la recherche de prostituées. Il court il court, le furet (notons la contrepèterie), celle d’un curé qui va dans les campagnes pour ramener des paysannes à un châtelain, et qui en profite un peu. Barbe Bleue, tueur en série psychopathe. Le Petit Poucet, enfant abandonné par ses parents qui s’en sortira en incitant son bourreau au cannibalisme sur ses propres filles. La Petite Sirène, qui finit par se suicider au lieu de poignarder son amant. Vous en voulez encore ? Oui, ce qu’on raconte aux petits enfants, ce sont quand même des choses bien répugnantes. Sauf qu’on part ici d’un postulat erroné. Charles Perrault, lorsqu’il a écrit ses contes, ne les destinait pas aux enfants. Andersen, avec sa Marchande d’allumettes morte de faim et de froid, non plus. Revenons chez nous, et constatons que nos petites histoires à nous sont violentes, elles aussi, et pas destinées forcément aux marmailles. On a fini par leur raconter, et c’est tant mieux. La littérature “imaginaire” locale est évidemment foisonnante en violence crue. Les recueils de Isabelle Hoarau, Christian Barat ou de Daniel Honoré content des histoires où la mort côtoie bien souvent la pauvreté. Où l’on ne mange pas à sa faim, où l’on se bat.
LA PETITE FILLE AUX ALLUMETTES : DES CONTES OCCIDENTAUX,
C’EST PEUT-ÊTRE LE PLUS TRISTE DE TOUS QU’ON RACONTE AUX ENFANTS.
Il en va ainsi de l’histoire du Chemin Paradis, et de cette jeune Réunionnaise rêvant de monter sur le dos d’une grosse tortue à Saint-Leu pour rejoindre le Paradis. Cette jeune fille imagine donc la mort comme un monde meilleur. Ô, joie. Et La Vierge Noire ? L’histoire d’un esclave marron, se confectionnant une vierge en ébène pour prier au milieu de sa solitude. Attaqué par des chasseurs d’esclaves, il sera protégé par un bougainvillier, et finira enfermé par les branches de l’arbre plein d’épines, nourri par les oiseaux. Protégé, certes, mais prisonnier. Belle fin pour un homme qui cherchait sa liberté… On vous épargne, ici, l’histoire de Grand-mère Kalle (voir quand même ci-après), qui cumule viols, suicides, tortures et assassinats. Il faut bien trouver une explication à cela. Constater, c’est bien beau, mais on aime bien savoir le pourquoi du comment.
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DANS LE BASSIN DU DIABLE, Nous sommes donc allés voir Daniel Honoré, fameux conteur local, qui a fait partie des Réunionnais ayant “fixé” les contes dans des livres. Sacrée étape : un conte, à la base, c’est dit, pas écrit. “Je me souviens, quand j’étais petit, ma maman tenait une cantine, fréquentée par des travailleurs. Quand elle fermait, que les clients se retrouvaient dehors, ils se réunissaient autour du réverbère, le seul petit endroit avec de la lumière dans le coin. Ils se racontaient alors des histoires, pendant un bon moment. C’était une vraie occupation pour les soirées.” Que se racontaient-ils ? Des histoires qui font peur. Et pourquoi font-elles peur ? On y arrive. À La Réunion, les contes sont aussi vieux que l’esclavagisme. Que l’Île elle-même, donc. Ils sont arrivés avec les travailleurs forcés et se sont répandus de deux manières. La première, évidemment, entre les esclaves eux-mêmes, une façon d’occuper les – rares – moments de libres sur les exploitations. On se réunissait alors autour d’un conteur qui pouvait parfois faire durer ses histoires pendant des heures. La deuxième réside dans les liens tissés entre les nénènes – ces femmes esclaves utilisées comme employées de maison – et les enfants des familles propriétaires. Directement au contact des familles, et donc de leur progéniture pour celles qui assuraient la fonction de nourrice, elles occupaient les soirées de la maisonnée en récitant des contes qu’elles avaient appris de leurs aïeux. Mais à chaque fois, en y intégrant des éléments de leur quotidien. Un conte, en effet, ça évolue, et prend un peu de la vie de celui qui les dit. Et c’est ici qu’on revient à notre sujet, la violence. Daniel Honoré : “La diffusion des contes a commencé avec les esclaves. Ces contes sont violents ? Mais La Réunion est née dans la violence ! Ces
UNE JEUNE FEMME POUSSE SES PRÉTENDANTS
À ALLER CUEILLIR UNE FLEUR AU BORD D’UN GOUFFRE,
DANS LEQUEL ILS TOMBENT TOUS.
gens, on les a traînés dans des soutes de bateaux, on les a punis, on les a violés, ils sont morts au travail. Il faut imaginer que certains ont préféré mourir que d’être esclaves ! C’est tout naturellement que lorsque les contes ont été transmis, ils ont été imprégnés de toute cette Histoire. En fait, les contes transmettent le passé, ils sont un héritage que toute La Réunion a en commun. Ce sont des témoignages.” La narration, aussi, des différentes pratiques et cultures des arrivants. Indiens, Africains, Européens, tous avaient beaucoup de croyances, qui se sont retrouvées dans les contes. Les esprits de la Nature, le Bondié, la symbolique de la vache… À l’image de l’Île, les contes sont bigarrés. Mais, tout comme son histoire, ils sont donc aussi très durs et ont un lien étroit avec l’esclavagisme, la pauvreté ; leur quotidien, voire leurs rêves. Voilà pourquoi le couple Anchaing était marron. Voilà pourquoi Grand-mère Kalle était une nénène, que Madame Desbassyns est devenue un personnage mythologique vivant au cœur du volcan. Voilà pourquoi les personnages des contes locaux espèrent tous une vie meilleure.
S O CIÉ TÉ
LA PETITE SIRÈNE, D’ANDERSEN, FINIT PAR SE SUICIDER . UN CONTE RÉUNIONNAIS, LA LÉGENDE DU PAILLE-EN-QUEUE, RACONTE LUI AUSSI UNE HISTOIRE DE SIRÈNES JALOUSES, VÉNALES ET MEURTRIÈRES.
Voilà pourquoi, encore, la beauté, l’amour, sont bien moins présents dans nos contes locaux : “C’est vrai, dans les contes, on a rarement la description d’un personnage, la forme des yeux, la couleur des cheveux, de la peau… Très peu d’histoires d’amour, aussi. Sûrement parce que ces notions étaient absentes de leur quotidien. Les femmes étaient parfois violées par les maîtres, alors l’amour, l’érotisme, la séduction, ça leur était plutôt étranger…” Et les quelques histoires d’amour ont tendance à mal finir. On peut ainsi citer Le Bassin du Diable, conte dans lequel une jeune fille demande à ses soupirants d’aller lui cueillir une fleur au bord d’un gouffre, et finissent tous par périr. Finalement, c’est un jeune homme étrange qui la lui ramènera, mais finira par la précipiter elle-même dans le trou, se présentant comme un justicier. On punit le mal par le mal, et pas grand monde se marie et a beaucoup d’enfants. Le bonheur, c’est les autres. Les enfants, justement, parlons-en. Aujourd’hui, les contes leur sont destinés – à tort, à notre avis, puisque les adultes feraient bien de s’y intéresser aussi. Ces enfants se prennent donc dans la figure des histoires pour le moins cruelles. Daniel Honoré, souvent confronté à cette problématique, a un avis tiré de son expérience : “Quand on est face à un public de petits enfants, il faut que l’histoire permette de se réconcilier avec les personnages. Prenons l’exemple des Trois petits cochons, où un loup mange deux frères avant de s’attaquer au troisième. On a ici des personnages qui essaient d’échapper à une mort affreuse, et certains n’y parviennent pas. Un enfant, aujourd’hui, n’a jamais dû avoir à vivre ce genre de situation, on ne peut pas le laisser avec ça sur le cœur, ça doit bien se terminer. Le troisième s’en sort, donc. Une fois plus grand, avec les ados, on peut accepter une fin triste.” Sur ce sujet, un livre fait référence, Psychanalise des contes de fées, de Bruno Bettelheim. Tout criticable qu’il est – notamment à propos de ses théories sur l’autisme, largement battues en brèche depuis – Bettelheim a effectué sur les contes une analyse assez approfondie. Notamment, il pense que les contes,
DANS CHEMIN PARADIS, UNE JEUNE ADOLESCENTE POURTANT SANS PROBLÈME
VEUT À TOUT PRIX ALLER AU PARADIS SUR LE DOS D’UNE TORTUE…
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ET LES MONSTRES ? tout cruels qu’ils soient, sont essentiels dans le développement des enfants. Ils permettent de leur exposer les notions de bien et de mal, dans un cadre clairement imaginaire. En fait, les contes aideraient l’enfant à découvrir le vrai sens profond de l’existence, à l’aide du divertissement. Les contes, il faut donc continuer à les diffuser, à les transmettre… Las. Cette tradition a pris du plomb dans l’aile à une date que Daniel Honoré saurait situer : “C’est en 1964, précisément, avec l’arrivée de la télévision dans les foyers. Les jeunes ont foncé vers la télé pour s’occuper les soirs. Les vieux, qui avaient plein d’histoires à raconter se sont tout à coup sentis inutiles, se disant qu’ils n’avaient plus rien à apporter. Alors, on ne racontait plus, ils n’existaient plus que dans les mémoires des anciens.” Au milieu des années soixante-dix, pourtant, un groupe d’universitaires va se pencher sur le sujet. Notamment l’Institut d’anthropologie sociale et culturelle de l’océan Indien, qui va tenter de faire ressurgir les souvenirs des conteurs, en les interrogeant, longuement. Ils viennent de toute La Réunion, ont quelques variantes dans leurs histoires, mais ce travail permet, pour la première fois, de “fixer” ces contes qui n’existaient que de manière orale. Cela donnera le recueil Kriké Kraké qui, de plus, permettra de mettre du Créole par écrit dans un livre édité, ce qui était encore assez rare il y a quarante ans. C’est une deuxième naissance pour les contes locaux. On aurait pu croire que les imprimer les aurait figés, mais c’était sans compter sur les conteurs plus contemporains qui, désormais, les adaptent à leur sauce, et les font encore évoluer. La violence, elle, est toujours là. Concurrencée par celle, plus brute et crue encore et sans explication de la télévision et de l’Internet. Regarder le journal télé fait bien plus peur que d’imaginer Grand-mère Kalle emportant les petits enfants pas sages. Hélas, Jean-Marc Collienne ne commence jamais ses journaux télévisés par “Il était une fois...”
En matière d’horreur, les contes réunionnais nous épargnent au moins une chose : les monstres. En effet, aucun ne comporte de bête imaginaire maléfique : pas d’ogre, pas de loup anthropophage… Les contes européens ou d’Afrique de l’Ouest en possèdent, pour une raison simple : les conteurs qui en sont originaires voient, eux-mêmes, des animaux sur place inspirant la peur, faisant de bons sujets de vilains. Ici, on imagine mal un tangue mangeur d’hommes…
On aurait pu penser que les Chinois, avec leur imaginaire autour des dragons, auraient pu apporter leurs propres monstres. Hélas, comme le relève Daniel Honoré – lui-même d’origine chinoise : “Les Chinois n’ont pas vraiment pris l’habitude de partager leur culture. À la maison, il fallait parler créole, jamais chinois. Et les contes sont eux-mêmes restés secrets.” Un dragon eût été superbe, dans une histoire liée au volcan…
LA LÉGENDE DE LA VIERGE NOIRE RACONTE L’HISTOIRE D’UN ESCLAVE MARRON PROTÉGÉ
MAIS PRISONNIER D’UN BOUGAINVILLIER JUSQU’À LA FIN DE SA VIE.
S O CIÉ TÉ
GRAND-MÈRE KALLE, LA PLUS CONNUE
Trois personnages se disputent le statut de vedette des contes réunionnais : Madame Desbassyns, Sitarane et Grand-mère Kalle. Les deux premiers ont une origine historique, ils sont devenus légendaires et sujets de tout un tas d’histoires fantastiques et effrayantes. La troisième, elle, est purement fictive, mais a droit malgré tout à plusieurs versions. Nous avons retenu l’une d’entre elles, consignée par Daniel Honoré. Au départ, Grand-mère Kalle s’appelait Kalla, était originaire d’Afrique, habitait sur une exploitation à Mahavel (Hauts de Saint-Pierre) et travaillait dans les champs. Elle s’était désolidarisée d’une révolte d’esclaves menée par son amant, Zélindor, dans le passé. Mais alors qu’elle était la seule à ne pas s’être enfuie, elle s’était fait fouetter, le maître considérant qu’elle aurait dû dénoncer ses amis. Trois ans après cet épisode, le plus jeune fils de la maison tomba malade et Kalla, connue pour être habile guérisseuse, vint justement à bout du mal de l’enfant. Le maître la remercia, et lui offrit la liberté. Elle partit vivre à Grands-Bois, avec la fille qu’elle avait eue avec Zélindor, Zélinda. Adolescente, celle-ci se fit violer par deux ivrognes condamnés et en fuite ; de ce viol naquit un petit garçon, Tikala. Zélinda, elle, se suicida en s’empoisonnant. Kalla, au vu des malheurs qui lui arrivaient, commença à regretter d’avoir cru en Dieu, et se mit à vénérer le Diable, devenant folle, laissant pousser ses ongles et perdant ses dents.
GRAND-MÈRE KALLE, LE CONTE LE PLUS CONNU DE LA RÉUNION, LE PLUS DUR , AUSSI.
Dans le quartier, elle passait pour une sorcière, les voisins la voyaient creuser des tombes dans les cimetières et ramasser des ossements. Tikala était perdu, lui aussi, et passait ses journées au bord de la mer à entendre des voix et à recevoir des cailloux jetés par ses camarades. Un soir, du haut du pont de la Ravine-des-Cafres, il entenditt sa mère lui demander de le rejoindre, et il sauta. Ce qui finit d’entamer la raison de Kalla, qui se mit à s’asseoir tous les soirs sur le pont, pour discuter avec Tikala. Pour l’occuper et lui amener de la compagnie, elle attrapait les voyageurs de passage, et les balançait dans la ravine après les avoir empoisonnés. Et lorsqu’il n’y avait pas assez de voyageurs, elle se transformait en oiseau noir et attrapait les enfants qui n’étaient pas rentrés chez eux le soir. Le tout en riant très fort : “Ka, ka, ka !”
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CARNET DE V O YAG E
SAINT-PIERRE, UN VILLAGE DE TERRE-SAINTE, ON CONNAÎT ÉVIDEMMENT LE PÔLE TECHNOLOGIQUE ET L’HÔPITAL. MAIS CE N’EST PAS CE QUI NOUS INTÉRESSE ICI. DIX ANS POUR L TEXTE LOÏC CHAUX PHOTOS STÉFAN GRIPPON
Quand BuzBuz évoque Saint-Pierre, c’est plus souvent pour ses magasins et ses bars. Or il se trouve qu’un petite partie de la ville se prête plus à la contemplation et au calme, Terre-Sainte. Vous savez, ce quartier qu’on atteint après avoir dépassé le Front de mer, en traversant la Rivière d’Abord. Qui peut déborder, comme une des photos nous le montre, et dans laquelle il faut éviter de se baigner. La rue débouche sur celle d’Amiral-Lacaze, et voilà qu’on se retrouve à longer une petite plage – pas forcément très connue des Réunionnais non-Saint-Pierrois – et à circuler au milieu d’un vrai petit village de pêcheurs. Cette plage est une belle alternative à celle, encombrée et plus bruyante, du centre-ville. On peut continuer sur la promenade des Alizés, que croisent tout un tas de petites ruelles dans lesquelles il est possible de trouver des lieux d’hébergement. Des banians, des pêcheurs – on y trouve évidemment du poisson frais, voilà qui change un peu de la ville de Saint-Pierre que nous connaissons.
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LA MODE
STYLISME LEILA PATEL - SAMANTHA CAMARA PHOTOS ROMAIN PHILIPPON
EMMA : Capeline Rabens Saloner, boucles d’oreilles Ruby Feather, montre MCK Paula T-shirt Charrette N°5 Lokal - Short imprimés palmiers Ça m’est égal ! - Tennis compensées ADN CLÉMENT : Pantalon et t-shirt ananas Portrait, basket Adidas Jérémy Scott, sac Carhartt ADN
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ÇA SE PAS S E LÀ- BA S TEXTES LOÏC CHAUX
CHAMPIONS DE BOUTS DE ROUTES ÉTABLIR LE RECORD DE LA RUE DE RIVOLI À VÉLO À CONTRE-SENS OU CELUI DE LA PORTION DE DÉPARTEMENTALE ENTRE NOEUX-LES-MINES ET VERQUIGNEUL: VOILÀ À QUOI SERT STRAVIA.
MAIS QU’EST-CE QUE C’EST, STRAVIA? C’est un site communautaire où les participants se chronomètrent sur des portions de route, à pied ou à vélo. Reliée à un GPS, l’appli établit des classements entre les sportifs, et le moindre coin de route ou de sentier donne lieu à son temps de référence.
D’OÙ ÇA VIENT ?
ET À LA RÉUNION?
Des États-Unis, mais c’est en plein boom en Métropole. Il n’y a plus une rue de Paris qui n’a pas son record, et les participants se tirent la bourre tout le temps, quitte à prendre quelques risques pour être bien classés et figurer en haut des classements.
Ç’a déjà commencé, avec des records en footing sur le Front de mer de Saint-Denis, sur certains sentiers, ou la montée de Cilaos en vélo. C’est Le truc qui risque de devenir à la mode ici sous peu.
À QUOI ÇA SERT? À se mesurer aux autres, principalement. Aux amoureux de la compétition, cela permet de se créer des défis à la moindre sortie. Et, puisque le but est de posséder le record d’un tronçon, cela peut permettre aussi de découvrir de nouvelles routes, de nouveaux sentiers.
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CU LTU RE G TEXTES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS MATTHIEU DENNEQUIN
BuzBuz a quatre ans ce moi-ci.
En janvier 1989, l’album Mon Île de Jacqueline Farreyrol comporte deux titres consacrés à Noël, Papa Noël et Noël à La Réunion. Pour les historiens, Jésus est né entre 7 et 5 avant Jésus-Christ.
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Une dizaine de rennes ont été introduits dans les années cinquante sur l’Île Haute aux Kerguelen (Terres australes et antarctiques françaises) avant de s’enfuir à la nage vers la Grande Terre où ils sont désormais quatre mille.
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En août 2003, il a tellement neigé au volcan qu’on pouvait faire des bonshommes de neige à la Plaine-des-Sables.
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G Jusque dans les années soixante, la coutume voulait que les bébés naissant aux alentours de Noël s’appellent Noël.
POUR FAIRE LES MALINS DEVANT LES AMIS, VOICI QUELQUES INFOS QUI VOUS DONNERONT LA CLASSE DANS LES DISCUSSIONS.
Dans les crèches d’Amérique latine, le petit Jésus est entouré d’un âne et d’un lama, d’un âne et d’un chameau au Maghreb.
Pour les Musulmans, Marie a accouché de Jésus au pied d’un palmier.
Les PTT, puis La Poste, sont responsables du Secrétariat du Père Noël. La toute première secrétaire du Père Noël fut Françoise Dolto, en 1962.
La version chantée par Tino Rossi de Petit Papa Noël est le single le plus vendu de tous les temps en France, avec plus de cinq millions d’unités.
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MA BULLE TEXTES ANNE CHANS PHOTOS GWAEL DESBONT
COMMUN ACCORD VÉRONIQUE QUI MARCHE AUX COUPS DE CŒUR, JÉRÔME QUI SAIT CE QU’IL VEUT, QUITTE À ATTENDRE DIX ANS POUR LA PERLE RARE. AUX MURS, DES TOILES ; PARTOUT DES BIBELOTS CHINÉS.
NOTRE DERNIÈRE ACQUISITION
M A BU L L E
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L’INTERVIEW EXPRESS
L’OBJET QUI NOUS TOUCHE
Quel est l’objet qui vous tient particulièrement à cœur ? Un jour en regardant la télévision, il y a quinze ans, je tombe sur un reportage parlant du travail de Georgia Russel. Coup de foudre artistique. Un an plus tard lors d’une réunion d’anciens élèves d’école d’art, un ami me présente sa femme, l’artiste en question. Plus tard, Véronique est tombée enceinte de la petite dernière, nous savions que nous allions l’appeler Garance (référence aux Enfants du paradis). Je voulais lui faire un cadeau et ai repensé à Georgia Russel. Nous avons communiqué pendant sept mois par mail. Et quand Véronique revenait de la maternité, la sculpture arrivait. Avez-vous une anecdote à propos d’un des objets ? Nous avons deux peintures qui se font face (l’une choisie par Jérôme, l’autre par Véronique) et qui ont été faites par mon frère. Il est décorateur pour le cinéma. Par le biais du chef décorateur de Cédric Klappisch, il s’est retrouvé à devoir peindre des toiles pour l’appartement de Cécile de France dans Les Poupées Russes. Qu’est ce que vous recherchez dans votre décoration ? Nous aimons bien ce qui est vintage. Je chinais beaucoup, mais à La Réunion c’est plus difficile. J’ai beaucoup de cendriers de marques par exemple. Votre prochain achat ? Faire construire notre maison. Elle sera d’inspiration industrielle avec des matériaux bruts, béton et bois. Quelque chose que vous n’achèteriez pas ? Un fauteuil en rotin, genre Emmanuelle (Jérôme). Un gros fauteuil fait pour regarder la télévision avec portegobelet (Véronique). Vous lisez quoi en ce moment ? Le Royaume, d’Emmanuel Carrère. Vous écoutez quoi en ce moment ? The Last Shadow of Puppets, l’album The Age of the Understatement.
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AGEND A DÉ C E M BRE - J A N V I E R
OK, JE SORS COMPLIQUÉE, CETTE SÉLECTION DES MOIS DE DÉCEMBRE ET JANVIER. ON A QUAND MÊME ESSAYÉ DE VOUS TROUVER DES TRUCS SYMPAS.
MUSIQUE
CHINA MOSES ET ANDRÉ MANOUKIAN Manoukian, c’est avant tout un monstrueux jazzman. Et il va le montrer derrière son piano, accompagnant China Moses, à la voix taillée pour le blues. LE 6 DÉCEMBRE À SAINT-GILLES (TEAT PLEIN AIR)
MUSIQUE
ELECTRODOCKS Retour sur les docks, avec cette fois un type un peu connu dont on vous a parlé plus tôt dans le magazine. Le label Ed Banger, c’est pas de la petite bière. LE 6 DÉCEMBRE AU PORT (QUAIS)
ius s s Ca Pone LES P y DJ Busiton R O IS RE QUAEMB
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CINÉMA
LA FRENCH
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Les deux acteurs les plus classes du monde sont réunis dans un polar sur la French connection. Dire qu’il y a dix ans, Dujardin et Lellouche, tout le monde les trouvait moches… SORTIE MI-DÉCEMBRE
CINÉMA
MUSIQUE
LE HOBBIT : LA BATAILLE DES CINQ ARMÉES Dernier épisode des aventures de Bilbon qui, évidemment, va terrasser Smaug et faire la fête avec des nains. Maintenant, ne reste plus qu’à s’enfiler les six films pour connaître l’histoire complète ; posez deux jours de RTT. SORTIE MI-DÉCEMBRE
LINDIGO La Rondavelle, le dimanche soir, c’est toujours un beau bordel. Mais si, en plus, Lindigo s’en mêle, ça risque d’envoyer avant Noël. LE 21 DÉCEMBRE À SAINT-LEU (RONDAVELLE)
CONFÉRENCE
LES CROYANCES À LA RÉUNION Entre la rumeur et les contes, BuzBuz a touché du bout du doigt le monde des croyances locales. Une petite conférence pour s’instruire finira de vous aider à y voir plus clair. LE 16 DÉCEMBRE AU PORT (MÉDIATHÈQUE BENOÎTE-BOULARD)
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AGEND A DÉ C E M BRE - J A N V I E R
JOUR FÉRIÉ
NOËL Petit Jésus – letchis – cari camarons – cadeaux – Père Noël qui transpire à Jumbo. LE 25 DÉCEMBRE DANS LE MONDE ENTIER
SPORT
COUPE DE FRANCE D’EAU LIBRE Pour lancer le Meeting de l’océan Indien, le comité de natation organise pour la premère fois une manche de Coupe de France d’eau libre : cinq bornes au Colosse, c’est pour les costauds. LE 27 DÉCEMBRE À SAINT-ANDRÉ (PARC DU COLOSSE)
CINÉMA
DUMB ET DUMBER DE
VEN.
DOLCLEK JANV. R A B A K SA 21
AUANDE
La suite des aventures des deux abrutis mythiques, qui ont rendu célèbres les frères Farrelly et contribué à créer la légende de Jim Carrey.
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SORTIE MI-JANVIER
SPORT
CHAMPIONNATS DU MONDE DE HANDBALL Peu de pratiquants, des compétitions majeures tous les ans, le hand, c’est un peu particulier. Sauf que là-dedans, on est bons, et y a des Réunionnais. Et c’est au Qatar, dans une ambiance funky. DU 17 JANVIER AU 1ER FÉVRIER SUR BEIN SPORTS
SOIRÉE
WHAT’S UP DOCK ? La soirée organisée en partenariat entre le Kabardock et BuzBuz a droit à sa deuxième édition, toujours avec Karl Hungus en maître de cérémonie, et cette fois dans la grande salle. LE 30 JANVIER AU PORT (KABARDOCK)
RCS Nanterre 414 842 062
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Née à Amsterdam en 1873, Heineken est aujourd’hui exportée à travers le monde et vendue dans plus de 170 pays. * Ouvrir une Heineken, c’est consommer une bière vendue dans le monde entier.
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.