BuzBuz #44

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GRATUIT I ÉDITION

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ARRANGÉ SAVEUR ARRANGÉ SAVEUR BANANE FLAMBÉE BANANE FLAMBÉE L’ARRANGÉ N°1 L’ARRANGÉ EN FRANCE**N°1 EN FRANCE

*N°1 DES PARTS DE MARCHÉ EN VALEUR DES VENTES SUR LES RHUMS ARRANGÉS ET AROMATISÉS À LA RÉUNION, SOURCE : PANEL IPSOS RÉUNION T1 2021 ET DES ARRANGÉS EN MÉTROPOLE, SOURCE : PANEL NIELSEN FRANCE CAM P9 2021 (HM+SM+PROXI). *N°1 DES PARTS DE MARCHÉ EN VALEUR DES VENTES SUR LES RHUMS ARRANGÉS ET AROMATISÉS À LA RÉUNION, SOURCE : PANEL IPSOS RÉUNION T1 2021 ET DES ARRANGÉS EN MÉTROPOLE, SOURCE : PANEL NIELSEN FRANCE CAM P9 2021 (HM+SM+PROXI).

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION. L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.


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ÉDITO

“NOUVELLE PLUME. NOUVEAU REGARD” On aura beau essayer de se convaincre du contraire, il faut se rendre à l’évidence : le monde a changé. Et les sempiternelles rengaines de “c’était mieux avant” n’y feront rien. Tout évolue : les relations amoureuses, le rapport aux autres, le monde du travail, la notion de temps, le concept d’ennui, les envies de consommation, la façon de fumer. Certes, les besoins restent les mêmes, mais la façon de les satisfaire diffère. C’est pourquoi BuzBuz revient : même nom, même concept, mais avec une nouvelle plume, un nouveau regard. Si l’information se multiplie, en images, en podcast, en story et pullule sur les Internet, le traitement qui en est fait reste toujours le même. En faisant un pas de côté, on change la façon d’appréhender le monde, de le concevoir. L’information donne alors à voir, donne envie, donne à comprendre, à connaître, à découvrir, à s’émerveiller. Si “buzzer” dans le monde médiatique veut dire “faire parler de soi”, alors Buzbuz a l’ambition de faire parler de lui, de parler des autres, de créer une onde de connaissances, nouvelle, différente qui se répand et transforme l’information.

Laurie Ferrère Rédactrice en Chef


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sommaire

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8 Portrait

Doris Volnay est une thérapeute alternative. Elle mêle tradition créole et soins venus d’ailleurs pour guérir les maux des autres.

10 Société

Face aux enjeux écologiques que pose le monde du prêt-à-porter, des créateurs péi se mobilisent pour offrir une vision du vêtement différente. Un voyage en terres promises.

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12 Le point culture

La danse comme revendication et comme expression d’une communauté, c’est tout ce qu’offre la pratique du voguing, qui se démocratise à La Réunion grâce à Luna Ninja.

16 Agura

Couleurs criardes et textiles techniques, le monde du sport se conjugue rarement avec le beau. Mais Agura fait le pari inverse et réinvente le sportwear.

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24 The place To Be

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Pépé Gentil, c’est se faire plaisir avec des choses simples. Le restaurant de Boucan Canot offre une ambiance conviviale et une identité atypique pour un régal sans pareil.

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COUVERTURE Photo : Guillaume Haurice Modèle : Anne-Sophie Maillot BUZBUZ MAGAZINE Bimestriel N°44 Novembre / Décembre 2021

DIRECTION DE LA PUBLICATION Georges-Guillaume Louapre-Pottier

DIRECTION ARTISTIQUE Serge Zacore

RÉDACTION Laurie Ferrère - Joséphine Terreissa Jules Bercanto

PHOTOGRAPHIE Guillaume Haurice

PUBLICITÉ Régie Publicitaire : Com’Up regie@comup.re

ILLUSTRATIONS Mélody Techer

IMPRESSION Nouvelle Imprimerie Dionysienne Rue Maurice Manglou La Mare Zae II 97438 Sainte-Marie Ile de La Réunion

BUZ BUZ SARL au capital de 4350 € 80 rue Pasteur - 97400 Saint-Denis - T. 02 62 28 09 09 contact@buzbuz.re www.buzbuz.re RCS 528 642 010 Saint-Denis de La Réunion Code APE 5814Z Dépôt Légal : Novembre 2021 Toute reproduction même partielle est interdite



INSOLITE

ÇA TOURNE EN ROND Qui n’a jamais pesté contre un automobiliste à un rond-point ? Cette infrastructure dont la France détient le record – 50.000 sur tout l’Hexagone et il s’en construit pas moins de 500 tous les ans, fait tourner bien des têtes. Ainsi, près de 93% des Français avouent ne pas savoir où se placer dans un rond-point ! 93%. Y a de quoi râler, au volant. Petit point culture : ce type de carrefour, c’est 100% cocorico. Merci à M. Eugène Hénard, urbaniste du 20e siècle, qui a voulu revoir le fonctionnement de la place de l’Étoile à Paris.

Maria-José la femme de Joe le Taxi

PAS DE BRAS, PAS DE CHOCOLAT PAS DE FESSES, PAS D’IVRESSE

“Joe le Taxi, c’est sa vie”, mais quelle est cette vie ? L’histoire qui se cache derrière la chanson Joe Le Taxi est assez incroyable. Car si Vanessa Paradis chante “y va pas partout”, il faut savoir qu’en réalité Joe n’est pas un XY, mais une femme et s’appelle Maria-José Léao Dos Santos. L’histoire veut que le parolier Étienne Roda-Gil entrât un soir dans son taxi, et qu’en sa qualité ès chauffeur sociable et loquace, Maria-José s’est mise à parler d’elle et de sa vie, et que l’écrivain musical décida d’en faire une chanson. Maria-José était une Portugaise qui a immigré à Paris dans les seventies, et qui arpentait les rues de la Capitale en tenant en parallèle une boite de nuit avec sa compagne, Johanne.

“JE LÈVERAI L’ANCRE ET MON VERRE DE RHUM” En 2016, la Maison Isautier devenait pionnière en matière de rhum arrangé. Et coïncidence ou pas, cette même année la consommation de rhum a augmenté de 7% en France. Longtemps vue comme une boisson médicinale, le rhum fait partie des spiritueux à qui l’on prête de nombreuses vertus. Mais si un jour, on a eu l’idée d’en faire des grogs, ce n’est pas pour guérir le mal de gorge, mais parce que l’amiral britannique Edward Vernon a ordonné que le rhum soit coupé à l’eau pour réduire la consommation des marins.

C’est un dicton inventé par la rédaction, mais qui pourrait exister. Puisqu’il y a bien des animaux qui n’ont pas de fesses, pas de cul. Eh oui, genre la baleine bleue, la crevette, l’escargot, la pie, le lion de mer et le crocodile. TOUS sont dépourvus de fesses ! Liste non-exhaustive…

Plutôt deux fois qu’une ! En attendant The Crown saison 5, qui devrait sortir d’ici fin 2021, saviez-vous que la Reine Élisabeth II fête son anniversaire deux fois par an ? Une fois en avril – le jour de sa naissance, ce qui parait logique, et une seconde fois le deuxième samedi du mois de juin. C’est le jour du “Trooping The Colour”. Le quoi ? Le jour supposé le plus chaud et agréable, soit l’occasion parfaite pour une grande parade en l’honneur de The Queen. Cette tradition a débuté sous le règne du roi George II, en 1748, né en novembre. Pour ne pas risquer la pneumonie à ses invités, il a eu l’idée de le fêter deux fois, en combinant la célébration de son anniversaire avec le fameux “Trooping the Colour”.

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

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CHIFFRES

Les

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25 pays

les plus intelligents L’Homme est un être doué de conscience, mais surtout intelligent : il a voyagé sur la lune, a inventé la roue, divisé l’atome, etc. Un constat qui a mené le très réputé magazine Forbes à se demander s’il y avait un pays plus intelligent que les autres. Pour ce classement, plusieurs aspects sont pris en compte : le nombre de prix Nobel, la moyenne de QI et la réussite scolaire. Partant de là, l’Asie et l’Europe dominent le classement avec le Japon au premier rang, suivi de la Suisse, de la Chine, des États-Unis et des Pays-Bas pour ce qui est du top 5. En bas du classement, en avant-dernière position, la France qui accuse un très mauvais niveau en terme de réussite scolaire.

521 LIVRES Qui ne font pas 250 kg Tous les ans au mois d’août, c’est la rentrée littéraire. Et en 2021, ce ne sont pas moins de 521 livres qui se sont retrouvés sur les étals des librairies. C’est beaucoup, direz-vous, mais pas tant que ça, quand on regarde en arrière. Il y a dix ans, l’événement présentait pas moins de 654 livres. Pour ce nouveau cru, ce sont 75 nouveaux romans à découvrir et 135 étrangers traduits dans la langue de Molière. Mais la grande question face à ce chiffre reste : combien lirons-nous d’ici la prochaine salve ?

Après 30 ans, c’est fini

Qui n’a pas constaté qu’avec le temps, tout fout le camp ? Que les pintes de bière se digéraient plus facilement à 20 ans qu’à 30 ans? Ceci n’est pas un mythe : plus le corps vieilli, moins il supporte l’alcool. Cela s’explique et le coupable est bien évidemment le foie. Avec le temps, ce dernier peine à décomposer et à éliminer de l’organisme la substance toxique qu’est l’alcool (si s’en est une). Les enzymes du foie qui participent à ce processus diminuent avec l’âge, ce qui permet aux toxines de s’attarder dans le corps et de prolonger les effets désagréables. La cuite est plus longue, plus douloureuse.

2 MILLIONS DE $

LA CARTOUCHE DE JEU VIDÉO

Il serait temps de vérifier au grenier s’il ne s’y cache pas un trésor. Le monde du jeu vidéo a récemment réalisé une vente aux enchères record. Une cartouche de jeu vidéo Super Mario Bros encore sous blister s’est vendue pour 2 millions de dollars. Cette vente traduit un intérêt pour “les biens non-traditionnels” actuellement qui profite à plusieurs objets sur le marché de la revente comme les baskets en édition limitée, les cartes à collectionner et donc les jeux vidéos.


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PORTRAIT

TEXTE > JOSÉPHINE TEREISSA

D

PHOTO > THE SIRAINE PTOJECT

écoctions, infusions, cataplasmes, etc. il n’est pas rare à La Réunion d’user des plantes pour soigner. Doris Volnay a d’ailleurs grandi en voyant sa grand-mère enlever les maux à l’aide des zebaz péi. C’est d’elle que lui vient la connaissance des plantes. Ce que d’aucuns nommeraient la phytothérapie n’est autre que l’héritage des anciens, un savoir oral qui se transmet de génération en génération. Approche holistique Mais Doris Volnay n’est pas tisaneuse, ni naturopathe ; c’est une thérapeute alternative, qui soigne les personnes par l’holistique, dans sa globalité, à la fois le physique et le mental, l’émotionnel et le spirituel. À l’origine, la trentenaire n’avait pas prévu de mener une vie mystique. Esprit scientifique voire cartésien, élève modèle, Doris Volnay travaillait jadis comme ingénieure agroalimentaire dans le café. Après un voyage à Hawaï, elle ressent le désir, le besoin, l’urgence de “se reconnecter à la terre, à la nature”. “J’ai grandi au milieu du syncrétisme créole, au milieu de diverses religions et j’ai toujours eu cette part de spiritualité en moi”, confie la thérapeute. Mais rien ne faisait sens jusqu’alors. De remise en question en introspection, Doris Volnay prend conscience de son côté empathique naturel, entre philanthropie et anthropologie, elle cherche à comprendre les méandres de l’esprit, les tensions du corps et les mécanismes qui s’imbriquent entre les deux. Une pratique ouverte Elle décide de tout plaquer pour se consacrer à l’autre et se forme en ce sens : reiki, naturopathie, shiatsu, massothérapie, etc. Sa pratique, sa thérapie se veut multiple, ouverte, globale, métissée comme elle, sans barrière, avec une seule constante: l’eau. C’est son élément. Pour Doris Volnay, l’eau possède un pouvoir indéniable tout comme on peut le lire dans l’ouvrage du scientifique japonais Masaru Emoto, “Le Pouvoir Guérisseur de l’Eau”. Là encore, quand on remonte aux origines des traditions des anciens à La Réunion, “le bain” est une pratique courante. Les expressions “set lam lamèr” ou encore “alé baign’ la mer” en sont les vestiges. Doris Volnay incarne la figure d’une sorcière des temps modernes, en tant que femme affranchie des codes et en remettant la nature et ses éléments au centre de la vie. Elle fait tomber les croyances en ouvrant à une autre spiritualité, elle se fait le lien entre soi et l’autre.

SORCIÈRE DES TEMPS MODERNES DORIS VOLNAY

Difficile quand on a grandi au milieu du syncrétisme créole de ne pas posséder une part de spiritualité. Doris Volnay est thérapeute alternative. Avec ses pierres, ses plantes et son eau sacrée, elle fait figure de sorcière des temps modernes, comme un lien sacré avec la tradition et l’héritage des anciens. Portrait.



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SOCIÉTÉ

UNE ODYSSÉE CONTRE LA FASTFASHION Comme Ulysse, le voyage de Fréderick Cadet fut long et mouvementé. Et il l’est encore aujourd’hui. Mais comme Ulysse aussi, ce voyage est semé de péripéties et d’évènements heureux. Un voyage, une histoire contre la fast-fashion, comme une Odyssée. TEXTE > LAURIE FERRÈRE

PHOTOS > STUDIO ODYSSÉE


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A

près des études d’infographie, spécialiste en animation 3D à Montpellier, Frédérick Cadet revient en son île natale. C’est un jeune trentenaire à l’âme d’artiste, il créé sous différentes formes : musique, dessin, écriture, etc. “C’est en travaillant à la création d’un projet personnel musical et en voulant faire du merch que je m’intéresse à l’industrie textile”, explique le créateur. Un heureux hasard, diront certains. D’autres l’appellent la sérendipité. Raconter l’histoire, autrement Mais derrière les strass et les paillettes du monde de la mode, c’est le choc. Frédérick Cadet est ébranlé par ce qu’il découvre, l’ampleur des dérives de ce secteur : la fast-fashion. Ainsi, en Europe, un vêtement n’est porté que sept fois avant d’être délaissé. Sept fois. Au Ghana, pays d’Afrique de l’Ouest près de 15 millions de vêtements sont envoyés chaque semaine, qui proviennent tous des bornes de recyclage et de dons de textile d’Occident. Si le but de cet exutoire est de recycler la matière, la mauvaise qualité de plus en plus courante des pièces oblige à en faire des déchets, intraitables, invendables. Face à cette réalité dont beaucoup se gardent bien de détourner les yeux, Frédérick Cadet décide de créer une marque de vêtement, bio et équitable : “Odyssée”. Il part de rien – il façonne tout, le logo, le concept, les pièces, réalise le travail de sourcing et de recherche des prestataires en local. “C’est l’une des notions qui m’est le plus chère, le local” insiste Frédérick Cadet.

Une logique qui fait sens Hélas, tout ne peut pas être fait à La Réunion, par manque de structure d’une filière mode sur l’île. Faire appel à l’extérieur exige d’autant plus un regard attentif aux matières premières. Chez Odyssée, la majeure partie de la fibre de coton vient du Portugal et d’Inde, le lin de Métropole, le tout ensuite tissé, filé et teint aux normes tricolores, à Longes, et certifié GOTS (textile biologique). Une chemise devient alors une matière écoresponsable et durable, plus chère à l’achat certes, mais d’une qualité exceptionnelle, au porté différent, au prix juste qui rémunère et permet à tous les artisans intervenus sur la chaine de production de (bien) vivre de leur travail. Chaque collection raconte une histoire, comme la chemise “Ti Pêcheur” qui rend hommage aux quartiers des pêcheurs de Terre Sainte. L’inspiration, Frédérick la puise autour de lui dans les textures, les lumières et les motifs qu’il voit. Pour le modélisme, dessins, prototypage et confection, c’est l’atelier Mode and Déco, des Makes qui donne son coup pédale. Avec Odyssée, la mode est durable, unisexe, juste et équitable ; et s’appuie sur le business model de la lenteur, qui fait sens.

Sérendipité : n.f (anglicisme). Frédérick Cadet en donne une très belle définition dans son chemin de vie : “L’imprévu et les erreurs ont fait ma formation. Ne pas savoir quoi faire et tenter quelque chose et arriver à un résultat auquel on ne s’attendait pas”.


@HL_THEHOUSE

ALICE PEROTTI

ESTELLE INMOTION

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DE HARLEM AUX CAMÉLIAS, VOGUE LA DANSE La danse comme moyen de revendication, n’en déplaise aux puristes, c’est un fait. À La Réunion, on connaît le Maloya et le Moringue, à la lisière de la danse, de l’art et du combat. Il y a désormais le voguing, expression de la lutte de la communauté LGBTQIA+ racisée, venue d’Harlem. TEXTE > LAURIE FERRÈRE

Q MARCEL BWB

u’est-ce qu’une danse sinon une suite de mouvements rythmés du corps qui accompagnent une musique selon des règles définies et une certaine technique. Une danse c’est aussi l’expression d’individus, des corps qui témoignent, la danse comme une expérience de la liberté. Le voguing c’est tout cela à la fois – un mouvement, de l’individu et des esprits. Le bal des noirs Pour comprendre son origine il faut remonter à la fin du 19e siècle où les gays, lesbiennes et trans commencent à se réunir, se retrouver entre eux, explorer leur genre, faire la fête, danser sans crainte du regard d’autrui et de représailles. Une contreculture qui se développe, attise la curiosité et crée une attractivité. La presse commence à écrire sur ces lieux, très vite baptisés “ballrooms” ou “balls”, au sein desquels sont également organisés des concours de beauté et des défilés. Mais subsiste un problème dans ce petit monde : la communauté LGBT noire en est quasiment exclue. Si quelqu’un.e.s parviennent à participer, iels sont souvent obligé.e.s de se blanchir le visage (et ne gagnent jamais). Qu’à cela ne tienne, le temps passe, la société évolue et le mouvement du “Black Power”, lutte pour les droits civiques, s’impose. En parallèle, naît le premier ball noir – on est en 1962.

“Cri de liberté” Dans ces ballrooms, la communauté LGBT noire parodie les concours de beauté de l’élite blanche, leurs postures et leurs gestuelles, s’inspire des podiums ; tout y est maniéré, exagéré. Le nom “voguing” vient d’ailleurs du magazine Vogue qui incarnait ce à quoi cette communauté n’avait pas accès : la mode, l’argent, le luxe, la richesse, etc. Entre revendications symboliques et cris de liberté, les poses lascives et iconiques se mêlent aux contorsions gymnastique des danseurs. Le voguing devient une savante chorégraphie : mouvements subtils des mains, grands écarts ou passages accroupis très physiques. L’house of Ninja Il s’agit donc d’une danse dans son expression la plus complète, qui s’apprend désormais à La Réunion grâce au danseur et chorégraphe, Luna Ninja (Johan Piémont, de son identité civile). “Le voguing ce n’est pas qu’un show” explique le jeune professeur, “la gestuelle compte beaucoup, plus que le costume”. C’est au cours de ses études en Métropole, et plus précisément d’un séjour à Paris que Johan découvrira le voguing. Immédiatement séduit, il se lance alors dans l’apprentissage de ces mouvements saccadés, stoppés, rythmés. Ces balls pas si undergrounds, théâtres flamboyants de représentations de paillettes, de maquillages outranciers et de talons aiguilles, sont très règlementés. Le voguing s’organise en houses, nom inspiré là encore de la haute-couture en rappel aux “maisons”. Luna Ninja fait ainsi partie de l’House Of Ninja, la plus connue à l’internationale et fondée par Wili Ninja qui, dans les nineties, a élevé le voguing au rang d’art. Authenticité et différence Le voguing comme engagement se démontre également au travers des houses. “Historiquement, il s’agissait d’un abri, d’un refuge pour les jeunes gays et trans en rupture, et ça l’est encore aujourd’hui” explique Luna Ninja. La maison prend ainsi soin des siens, c’est une famille qui s’entraide et veille à ce que tout le monde soit en bonne santé, ait un emploi, un toit ou poursuive ses études, pour les plus jeunes. Si aujourd’hui le voguing rencontre un tel succès, c’est parce qu’énormément de gens s’y reconnaissent. “C’est un univers où l’authenticité et la différence sont célébrées, un mouvement politique face aux discriminations raciales et des minorités” assure Johan Piémont. Il est fier de représenter l’House of Nina sur l’île et de faire découvrir cette danse, cet art, avec le secret espoir de créer bientôt un ball.

À FAIRE

À VOIR

À LIRE

POSE, série réalisée par Ryan Murphy, Brad Falchuk et Steven Canals. L’histoire qui se déroule dans les années 1980, plonge dans les balls avec leurs compétitions et leurs multiples catégories, leurs jeux de genres et d’identités.

STRIKE A POSE : “histoire du voguing de 1930 à aujourd’hui, de New-York à Paris”, écrit par Jérémy Patinier et Tiphaine Bressin, édition Des Ailes Sur un Tracteur (2012).

Cours de Voguing par Luna Ninja, tous les vendredis de 16h30 à 18h à l’Académie des Camélias. 3 styles de performances : LE OLD WAY : graphique et angulaire, avec un côté statue. LE NEW WAY : plus extrême, plus fluide avec des éléments de contorsion LE VOGUE FEM : très populaire, avec un côté cadensé, chaloupé dans les hanches, très acrobatique.


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ACTUALITÉS

SERGEY ZHESTEREV

HAVE YOU MET

Connaissez-vous Leon ? Non, pas Jean Reno dans le film éponyme et pas non plus cette charmante bourgade du département des Landes. Léon c’est une nouvelle application culturelle et touristique, 100% péi, pour “aller à la rencontre de la mémoire de l’île”.

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l aura fallu à Anaëlle Pony, plus de six ans, six ans de persévérance, d’échecs, d’espoir avant de réussir à concrétiser son projet : des podcast qui racontent l’histoire des lieux dits et autres sentiers de l’île de La Réunion. La créatrice de Léon a vécu une sorte de crise identitaire entre son retour sur le caillou et le décès de son grand-père ; elle a ressenti un besoin de connaissances, de savoir, d’emmagasiner pour que cet héritage ne se perde jamais. Le savoir, une quête Après trois échecs consécutifs, elle abandonne l’idée avant de rencontrer des personnes providentielles : Gilles Lény – directeur général et Fabrice Manson qui ont tous deux, à l’instar d’Anaëlle, cette envie de partage, de sensibiliser et de transmettre la culture du territoire. Léon c’est une ode aux origines, à l’identité, à la mémoire qui fondent la culture identitaire d’une terre. C’est aussi une prise de conscience, celle d’une méconnaissance, de lacunes sur l’Histoire, les

origines et les fondements de la culture créole de La Réunion, et qui font son identité. “C’est un sentiment qui amène à une quête” confie les créateurs de Léon. Pour mettre au point cette application culturelle et touristique, l’équipe a fait appel à des journalistes qui ont réalisé un travail d’investigation colossal, allant à la rencontre d’historiens, de conservateurs, de témoins, d’universitaires, etc. afin de recueillir témoignages et informations et d’écrire les scripts. Pour l’ambiance musicale des podcast, Léon a collaboré avec un musicien, qui a créé pour l’occasion une véritable identité sonore, plurielle et authentique, à l’image de l’île, là encore. Un langage universel, celui du cœur La force de Léon ? Allier le trio voix, mots et musique qui façonne son identité et mobilise les émotions. Pour cela, l’application “utilise un seul langage, universel, celui du cœur” explique Anaëlle Pony. “Il n’a ni race, ni religion, ni couleur, ni genre”. Cette pluralité (toujours) se retrouve dans les voix. Léon a pour mission de connecter le public avec son histoire, ses racines, sa culture, de fédérer les personnes entre elles, autour d’un patrimoine commun. Avec plus de 100 podcasts disponibles, géocalisés sur plus de 25 sites touristiques, à écouter en ville, dans la rue, au détour d‘un sentier, en voiture ou chez soi, Léon offre une découverte ludique et exceptionnelle de l’île.


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LA NOUVELLE VOIX Avant, il y avait le blog, désormais il y a le podcast. Le format qui n’a rien de récent connaît un succès retentissant. Qu’il s’agisse de féminisme, de sport, de santé, de culture, d’identité, il existe un podcast pour tout. À La Réunion, aussi, le format pullule sur les plateformes et donne naissance à de réelles pépites audio.

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omme Netflix est venu révolutionner la façon de consommer les images, le podcast chamboule le monde de l’audio. Selon Médiamétrie, la France a ainsi perdu 1,9 million d’auditeurs entre 2019 et 2020. Même en matière d’informations, les tendances de consommation changent et le podcast s’impose comme LE format grâce à son principe de “disponibilité”. L’utilisateur choisit ce qu’il veut écouter, quand il veut l’écouter et où il veut l’écouter. Le média de l’intime D’aucuns diront que le podcast n’est que de la radio en rediffusion, mais c’est là toute la nuance. C’est bien le podcast natif, c’est-à-dire une émission construite pour le format, qui crée la tendance avec une augmentation de 48% des audiences via les pure-players comme Binge Audio, Louie Media, Nouvelles Écoutes ou les géants Apple Podcast et autres Spotify. Sujets de société, développement personnel, philosophie, témoignages et fictions – aucun

domaine n’échappe à la voix. Et ce sont bien la voix et le ton qui font la différence. “C’est le média de l’intime”, note Joël Ronez co-fondateur de Binge Audio. “La radio s’adresse à tout le monde, le podcast parle à chacun”. Cette proximité entre l’émetteur et l’auditeur facilite l’esprit de communauté. Affect et liberté d’opinion À La Réunion, plusieurs contenus numériques existent : “8.000 mondes” qui donnent à entendre des séries audio originales, derrière lesquelles on retrouve Nicolas Bonin, initiateur du projet. Mais aussi Mèt en Lèr, qui raconte l’île intense, ses trésors et ses particularités. Runrunrun Podkaz donne la parole aux talents locaux qui se confient sans filtre sur leurs parcours et leurs expériences, ou encore Atas Sintir Mèt Kask, entre le documentaire et le cahier de bord d’un(e) créole de retour sur son île. Entre l’affect et la liberté d’opinion, le tout sans publicité (pour l’instant), le podcast est le reflet d’une époque (et de sa jeunesse – deux tiers des auditeurs sont âgés de 15 à 34 ans) qui donne voix à la diversité et à l’initiative.

Le saviez-vous ? Podcast, que l’on traduit de manière succincte par “contenu audio numérique (et thématique)” est un terme inventé par le journaliste Ben Hammersley en 2004, en contractant les mots iPod et broadcast (diffusion). TA-DAM ! À l’époque, il existait 3.000 podcasts pour plus de 2 millions aujourd’hui.


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D A N S L’ A I R D U T E M P S

AGURA

RÉINTERPRÉTER LE SPORT, AVEC STYLE TEXTE > JULES BERCANTO

PHOTOS > MICKAEL GRESSET

Tu t’es vu quand tu sues ? S’il est vrai que les moments de grâce sont rares pendant la pratique du sport, rien n’empêche d’exsuder en étant looké. C’est le point de départ d’Agura – une nouvelle marque de vêtements de sport inspirés de La Réunion.

L

e sport est devenu un style à part entière : le “sportwear”, ces vêtements destinés à l’origine à la pratique d’une activité détournés dans la vie quotidienne et font que sweat-shirt, jogging et autres sneakers quittent les salles pour envahir les rues. Mais si la mode et le sport se confondent, l’esthétique qui définit l’un n’est pas toujours compatible avec la technicité que demande l’autre.

fois chez les traileurs, mais également chez les cyclistes – les deux disciplines que vise la marque. Agura allie qualité technique, esthétique et graphique avec des maillots, cuissardes et autres t-shirt intégrant les tendances de la mode en 2021 : le pastel remplace le fluo ; rose poudré, bleu ciel et jaune pâle se confondent en motifs géométriques voire minimaliste. D’ailleurs, les co-créateurs le confessent : le design et la partie graphique c’était le plus simple. Le sourcing en revanche, la recherche des textiles et des usines de confection c’était un autre défi.

Inverser les codes Le vêtement de sport s’articule toujours selon quelques Fédérer autour d’un nom règles : couleurs vives, matière spécifique et peu de design. L’Italie est alors choisie pour ses tissus et son savoir-faire Et si certaines collaborations entre styliste et grandes et le Portugal pour son industrie textile et sa performance marquent ont fait du vêtement de sport des pièces de d’exécution. Une étape longue et difficile, au cours couture, l’inverse n’était pas forcément vrai. C’est de laquelle il aura fallu échanger des centaines de pourtant le raisonnement que suivent Laëtitia prototypes avant de créer le modèle parfait. Agura Dumont et Pascal Pelloux, pendant le décline une première collection qui s’adresse confinement. à la fois aux hommes et aux femmes, pas AGURA Tous deux issus du monde de la ultra-technique mais de très bonne facture. Si le nom est choisi pour communication et du graphisme, ils Des pièces de mode, performantes, des raisons graphiques imaginent durant ce laps de temps qui belles et techniques. Tout est réussi. et de sonorités leur ait donné, privés de vie sociale Ou presque. Reste encore à convaincre claquantes, il s’avère et de pratique sportive, une marque le public. Pour cela, Agura s’appuie sur qu’en Japonais, le terme qui serait le prolongement de la vie des ambassadeurs de qualité : Milan La Agura se réfère à la quotidienne, dans le sport. Une sorte Rivière, champion de France de Triathlon position du guerrier. d’inversement des codes qui rend le dans sa catégorie, Robin Coinnus et Julie vêtement de sport “looké”, agréable et beau Bacco, deux traileurs locaux, ainsi que sans rien enlever à l’innovation du textile. Laurent La Rivière, cycliste. La mode a toujours eu en elle ce truc de fédérer, de Esthétique et graphique créer un sentiment d’appartenance à une communauté. La première collection – singulière et iconique, prouve Agura, en tant que marque n’échappe pas au phénomène qu’il est bon de quitter les sentiers battus. Agura – de son et en joue avec un modèle Agura Sporting Club. L’idée étant nom, dévoile une collection “Mythique” qui fait honneur aux de se reconnaitre et de partager, en plus d’un certain goût sommets de l’île de La Réunion : le Maïdo, la Roche Écrite, pour la fripe (de sport), une passion avec des sorties trail et le Piton des Neiges et le Taïbit. Des noms qui résonnent à la cyclisme organisé, et des évènements à venir.


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Le plus ? La coupe ajustée, le design unique et le motif réfléchissant dans le dos des t-shirt, créent un look qui se démarque, tout en élégance.


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DANS MON CABAS

SAC À DOS CABAÏA

FAUTEUIL PETRALI

Casa Saba Saint-Pierre

C Clair Saint-Denis

HUILE DE CBD

BRACELET DINH VAN

iZi CBD Sainte-Marie

Narsy Saint-Denis

NITEBALL ADIDAS ORIGINALS

CHEMISIER DICKIES

Laced RUN Saint-Denis

So Hype Saint-Denis


VESTE COLOR-BLOCK LACOSTE

N°3 LONDON DRY GIN

Lacoste Saint-Denis

La Maison du Whisky Saint-Denis

APPAREIL PHOTO POLAROID

BANANE EASTPACK

E. Leclerc Saint-Leu

Le Store Sacage Saint-Denis

LUNETTES DE SOLEIL – GUCCI

GOURDE QWETCH

Krys Saint-Paul

Le Comptoir Saint-Denis

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

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SORTIR

LE (BON) SPOT

LA COMÉDIE EST UN ART

C’est l’histoire de 4 Belges qui tombent amoureux de La Réunion. D’une famille de passionnés, Joy, Maud, Marie-Anne et Bernard qui décident de créer en un seul lieu l’expression multiple et singulière de leur passion. Cet endroit, c’est Le Spot et il porte bien son nom. Ce restaurant d’un nouveau genre est à la fois une micro-brasserie et une table bistronomique. L’ambiance suit la tendance naturelle du bois, de l’osier et du rotin, et la bière issue de métissage : 9 (triple ambrée), 7 (blonde épicée), 4 (de saison aux 3 houblons, légère).

En quelques semaines, le lieu est devenu “The Place To Be” à Saint-Denis. La Comédie se présente comme un bistrot “life style” avec une salle de restauration, une terrasse, un salon lounge, le tout juxtaposant une salle d’exposition – le Studio 81. La clientèle, tantôt d’affaires, tantôt jeunes, vient pour déguster des cocktails, de cafés gourmands ou encire une cuisine bistronomique, orchestrée par Dominique Guaragna-Oliveri.

Le Spot - 4 rue Haute - 97436 Saint-Leu. Du mercredi au samedi de 12h à 21h30, et le dimanche de 12h à 14h30. Téléphone : 0693 87 90 87

La Comédie - 1b rue jean Chatel - 97400 Saint-Denis. Ouvert 7/7 jours de midi à minuit. Téléphone : 0262 97 50 50.

SOON CONCEPT STORE

EN TERRES SAUVAGES

Flânerie, shopping et bonne conscience, c’est un peu tout cela à la fois Soon Concept Store au Village de l’Éperon. Ouvert il y a un peu plus d’un an, le lieu propose de la papeterie, des cosmétiques et divers objets du quotidien, ludiques et pratiques (idées cadeaux). Pourquoi on y va ? Parce que c’est une boutique éco-responsable. Certes, on consomme mais de manière raisonnable, avec des produits raisonnés, sinon bio et/ou durables et équitables. On y trouve ce qu’il faut pour soi, pour les autres et pour la maison.

Bali, le Maroc et l’Inde n’auront jamais été aussi proches de La Réunion. Terres Sauvages – qui dispose de deux shops dans le sud de l’île, l’un pour les petits objets de décoration, le linge de maison et le petit mobilier, l’autre qui foisonne des collections complètes, propose de réinventer son intérieur en s’inspirant des cultures du monde. Le naturel, le brut, le bois, les fibres sont à l’honneur dans ce magasin où se mêlent la simplicité et l’élégance. À défaut de voyager, repenser vos horizons.

Soon Concept Store - Village de l’Éperon - 71 rue fond Générèse 97460 Saint-Gilles-les-Hauts. Ouvert du mardi au samedi de 10h00 à 18h00. Téléphone : 0263 04 05 65.

Terres Sauvages - 17 rue Marius et Ary Leblond - 97410 Saint-Pierre. Du lundi au vendredi de 8h30 à 12h30 et de 13h30 à 17h. Le samedi de 8h00 à 12h00. Au 5 ter allée des Muguets (Bassin Plat) - 97410 Saint-Pierre. Les mercredi, vendredi et samedi, de 9h30 à 18h00. Téléphone : 0262 82 71 05


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BEAUX YEUX, CŒUR CANAILLE

PLUTÔT DEUX FOIS, QU’UNE

Des marques sélectionnées pour leur approche du design et de l’enfance sous un nouveau regard. Un regard bienveillant, qui offre aux parents la possibilité de construire un petit nid pour leur(s) enfant(s), adapté à nos modes de vie, nos attentes, qui colle aux tendances actuelles tout en s’assurant de connaître la provenance des matériaux, les modes de production, l’histoire cachée derrière l’objet. Canaille Concept Store, c’est un peu de magie, beaucoup de fantaisie, un univers unique.

Charlie Joe, Maje, Bash, etc. Qu’il s’agisse de voitures, d’objets du quotidien ou encore de mode, voire de haute-couture, la seconde main n’a jamais été aussi tendance. Les magasins de prêt-à-porter laissent désormais place aux friperies et autres dépôts-ventes, comme AATH, en plein centre-ville de Saint-Denis. Ici, la mode est intemporelle et chaque pièce possède une histoire que l’on a envie de raconter et d’enrichir. Maroquinerie, bijoux, chaussures et vêtements, rien n’échappe à AATH.

Canaille Concept Store - 74 bis rue Fond Générèse - 97435 l’Éperon. Ouvert du mardi au samedi, de 10h00 à 18h00 Téléphone : 0262 59 03 29.

AATH - 40 ter rue Jules Auber - 97400 Saint-Denis. Du mardi au samedi, de 10h30 à 13h00 et de 15h00 à 18h30. Téléphone : 0262 46 08 25.

ET AU MILIEU COULE UNE RIVIÈRE

TAR-TARE !

L’offre hôtelière du chef-lieu ne cesse de se diversifier. Après l’installation d’un hôtel en front de mer, voici un hôtel en rivière (ou presque). Le clos de La Rivière, un Appart Hôtel Design, de la collection Côté Sun Hôtels, a pris ses quartiers à proximité du centreville. Conçu par l’architecte, Éric Chavoix, le Clos de La Rivière est un meublé de tourisme 4 étoiles dont le concept est unique à La Réunion. Design, modernité et quiétude sont la définition même du lieu.

Avant de devenir une façon de préparer la viande de bœuf et le thon, Tartare était aussi (et avant tout) une divinité grecque primordiale qui permettait d’expier ses fautes. Ce pourquoi on ne se sent jamais fautif. ve de déguster de délicieux tartares chez l’expert Fleur de Tartare. Dans ces deux restaurants de Saint-Pierre et Saint-Denis, les gourmets et gourmands retrouveront une carte savamment pensée qui mêle folies gustatives aux saveurs classiques. Les moules frites à volonté le mercredi soir et le brunch du dimanche sauront convaincre les plus sceptiques.

Le Clos de La Rivière, appart-hôtel - 54 rue Militaire 97400 Saint-Denis. Chambre à partir de 179€/nuit. Téléphone : 0693 00 76 48.

Fleur de Tartare - 94 avenue du président Mitterrand 97410 Saint-Pierre. Téléphone : 0692 18 18 30. 14 bis rue Maréchal Leclerc - 97400 Saint-Denis. Du mercredi au samedi, de 12h00 à 14h00 et de 19h30 à 22h00. Dimanche et Mardi, de 12h00 à 14h00. Téléphone : 0693 64 84 03.


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IN/OUT

OÙ EST LE COOL EN 2021 ? L’ÉPOQUE A CHANGÉ


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TEXTE > LAURIE FERRÈRE

GUILLAUME HAURICE

Parce rien n’est immuable, que tout change, se transforme, évolue et que même les plus grandes industries se recyclent. Le cowboy est mort, vive le stylet en métal. PHOTOS > GUILLAUME HAURICE

S

PHOTO > TAYLOR SIMPSON

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

i l’on devait choisir un élément représentatif de l’époque contemporaine, dans le sens de celle que l’on vit et ce qu’elle dit d’elle-même, l’IQOS de Philip Morris International serait un bel exemple. Il n’y a pas si longtemps encore, le fabricant de cigarettes, c’était le cowboy, les Marlboro, rouge light ou menthol, c’était les blondes. On fumait du tabac et pleins d’autres choses comme du goudron, de l’acétone, du mercure, du plomb et un peu de nicotine, on taxait des clopes ou “un feu”, c’était socialement valorisant, fédérateur même. Fumer tue mais Philip Morris vivra Mais ça c’était bien avant tous les dispositifs de lutte contre le tabagisme, en France et partout ailleurs dans le monde. En 2006, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) vote une convention internationale anti-tabac avec 182 pays signataires, soit la quasi-totalité de la planète. Lois après lois, l’industrie du tabac a vu ses parts de marché chuter mais aussi son produit se dévaloriser. En dix ans, les ventes globales de cigarettes, dans les pays occidentaux ont chuté de 20%. Face au constat alarmant et difficilement réfutable que “fumer tue”, les industriels ont anticipé demain, Philipe Morris International en précurseur. En 2009, le business des cigarettes électroniques apparait et le fabricant investit dans Juuls Labs avant de tout miser, en 2014, sur un produit : l’IQOS. Un marché de 6 milliards $ L’IQOS c’est un dispositif qui exploite la technologie du heat not burn : chauffés sans aller jusqu’à la combustion, “les Heets émettent entre 90 % et 95 % moins de composants nocifs que la fumée de cigarette”, assure Philip Morris International. Avec son design futuriste et ses sticks-recharges rappelant la cigarette, l’IQOS se vend dans soixantequatre pays et génère près de 6 milliards € par an, soit presqu’un quart du chiffre d’affaires de la multinationale. Mieux, le premier cigarettier espère créer “un monde sans fumée” et rendre la cigarette obsolète d’ici dix à quinze ans. Et de s’appuyer sur ce vieil adage pour affirmer sa stratégie : “Les gens fument de la nicotine mais c’est du goudron qu’ils meurent” pour appuyer sa stratégie. L’IQOS réduit les risques, une approche pragmatique qui incite les fumeurs invétérés à opter pour des alternatives.

Plaisir sans culpabilité Philip Morris veut prendre part à la lutte contre le tabagisme, faire partie de la solution. Pour autant, comme le rappelle Karim Attalah, directeur général de Philip Morris Réunion, “l’IQOS n’est pas un produit de substitution” insiste-t-il. “C’est une façon de fumer, moins nocive et de changer la société”. Et de préciser, que le cigarettier ne fait pas la promotion de tabac (les Heets) mais bien d’une technologie qui vise à transformer la société de demain. Le cool en 2021 se retrouve dans le plaisir, sans la culpabilité, dans une culture oxymorale. On fume en évitant les risques, et on boit de l’alcool dilué dans de l’eau, comme avec le Seltzer. De quoi parle-t-on ? D’une eau, pétillante, aromatisée et alcoolisée. Une sorte de Perrier auquel on aurait rajouté de la liqueur aux fruits de la passion, par exemple. Et ça cartonne ! Nombreuses sont les compagnies, petites et grandes, à investir le marché en multipliant les références. Le Hard Seltzer de son nom complet a conquis son public parce qu’il affiche un faible taux d’alcool, aux alentours de 5% en général, qu’il se veut désaltérant et goûtu. Mais c’est surtout une boisson hypocalorique, affichant généralement très peu voire pas du tout de sucre. Une façon de consommer de l’alcool, sans en avoir l’air. Une société de contrastes Le public des Seltzer ? Des personnes ayant choisi un mode de vie sain et qui veulent s’amuser mais avec modération (un ami qu’on n’a pas tous en commun). Cette boisson vise les 25-34 ans grâce à un marketing bien rodé : pop, moderne et surtout non genré. Une étude du cabinet Nielsen montre que cet alcool représentait en 2020 plus de 20% du marché “bière, cidre et alcool maltés”, avec une augmentation de 40% sur un an. Au-delà de Philip Morris et autres Seltzer, c’est l’époque qui se joue des contrastes : “une croissance négative”, une “discrimination positive”, et concilier l’inconciliable.


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THE PLACE TO BE

L’HÉRITAGE DE PÉPÉ Bientôt une décennie que Pépé Gentil s’est imposé comme une institution culinaire dans l’Ouest de l’île. (presque) Loin de la plage, de ses sunset et de cette injonction “les pieds dans l’eau”, le restaurant – dirigé par quatre associés, propose une carte riche et une ambiance conviviale atypique qui lui offrent une identité singulière. TEXTE > LAURIE FERRÈRE

PHOTOS > GUILLAUME HAURICE

“S

e faire plaisir avec des choses simples”, c’est un peu, pour reprendre les termes de la critique gastronomique Emmanuelle Jary, la définition même de Pépé Gentil. Encore faut-il définir les choses simples : de bons et beaux produits – locaux pour la plupart, gourmands, bruts parfois, une ambiance chaleureuse, des gens accueillants et passionnés, le tout dans un lieu raffiné et apaisant. C’est tout cela à la fois, Pépé Gentil. Un lieu de vie Le restaurant est tenu par quatre associés : Maria – la sommelière, Nico – le barman, Thomas – le chef cuisinier et Annabelle – la maîtresse d’hôtel. Les deux premiers font partie de l’équipe originelle, à l’époque où c’était encore “le bistrot”. Mais la vie, ses rencontres et ses infortunes ont fait partir certains au profit de nouveaux. Cinq autres personnes, en plus du quatuor, s’affairent désormais pour accueillir, servir et régaler les clients. Ici, pas de menus, “tout se fait à l’ardoise, selon les arrivages et ce qu’il y a sur le marché” confie le chef cuisinier. Tous les samedis, à Saint-Leu, il va à la rencontre de ses premiers partenaires – les agriculteurs et producteurs locaux qui lui réservent le meilleur du terroir volcanique : artichauts, fèves, petit pois, etc. Et souvent des pépites que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.

Le goût des choses Ici ce n’est pas que de la cuisine mais des métiers qui se complètent, s’améliorent, s’enrichissent – des associations, des accords qui fonctionnent très bien. Maria propose ainsi plus de 300 références vinicoles, “avec une certaine fascination en ce moment pour l’Aligoté (Bourgogne) – 7 à la carte, mais aussi des incontournables comme le Crozes-Hermitage”, confère la sommelière. À la cuisine comme à la cave, en salle comme partout ailleurs dans ce restaurant, il n’y a qu’un maître-mot : l’envie. “Des plats d’envie, des vins d’envie qui traduisent différents désirs, la curiosité aussi et la spontanéité de chacun” s’enthousiasme Annabelle. Les quatre associés ont la même façon de concevoir “la gouaille”, c’est-à-dire à l’épicurienne, avec le goût des bonnes choses et le goût des autres, aussi. Chez Pépé Gentil, c’est l’héritage et la tradition du restaurant qui se vit, un lieu authentique qui ne se définit pas. Même la cuisine de Thomas est indéfinie, mais puisqu’il faut des mots pour le dire : c’est délicat, subtil, recherché, élégant. Ni populaire ni à la mode, chez Pépé Gentil, c’est intemporel, et les mets racontent une façon de vivre et une envie de vivre.


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LE NEZ DEHORS

Le temps d’un Bivouac, n.m, campement provisoire en plein air d’une troupe, d’une expédition. TEXTE > JOSÉPHINE TEREISSA

ILLUSTRATION > MÉLODY TÉCHER

À

l’origine, le “bivouac” est un campement sommaire, temporaire et léger qui permet de passer la nuit dans un milieu sauvage lors d’un trajet éloigné des infrastructures ou que les conditions météorologiques l’imposent. À savoir que le bivouac est utilisé par homo sapiens depuis la préhistoire. L’homme moderne et ses envies de wild n’a donc rien inventé. Pour autant, s’il continue la pratique, celle-ci a bien changé. À la poursuite d’horizons Après la crise sanitaire du COVID-19 et le confinement, les envies sont à l’ailleurs, au grand air, à la liberté absolue, un peu à la Christopher Candless. Ainsi, le nombre de randonneurs en France est en pleine croissance avec plus de 18 millions de pratiquants. Les sentiers de montagnes sont pris d’assaut, la plage se déserte pour cause de promiscuité. Ce phénomène est à mettre en parallèle d’un autre, celui des vacanciers “nomades”. Si pendant longtemps la définition du tourisme était celle d’un hôtel “all inclusive” en bord de mer avec des circuits prédéfinis, désormais celui-ci s’écrit en se délestant de tout ou presque. Les vacances se vivent dans un van aménagé à la poursuite d’horizons nouveaux, de paysages sauvages. À La Réunion, terre de bivouac par excellence, ce phénomène est visible tous les week-ends. Ainsi, il n’est plus rare de croiser des “Run à Van”, “Yakavan” ou encore des “Blacksheep Van” sur les routes de l’île.

Une pratique épicurienne Tous offrent le même rêve : un séjour de liberté au travers de La Réunion et ses paysages escarpés, grâce à un véhicule aménagé, pratique et optimisé. Le bivouac devient une nouvelle habitude de consommation de la nature. “C’est une tendance de fond” analyse Nicolas Carle, chef de produit pour Forclaz, la marque de trekking de Décathlon. Depuis quelque temps déjà, il existe une rupture entre une vie professionnelle très active et une vie personnelle où l’on cherche à déconnecter. Le bivouac en est l’expression. Bien loin de la pratique ancestrale, “coucher dehors” est devenu un art de vivre, revendiqué. “Chez les jeunes adeptes, il s’agit plutôt d’une approche épicurienne” poursuit Nicolas Carle. Le sentiment de pouvoir aller partout, tout voir, tout ressentir, tout vivre, c’est ça qu’offre le bivouac. D’autres prestataires vont même jusqu’à faire du bivouac une aventure ultime, “la meilleure façon de remplir sa vie avec les merveilles du monde” pour reprendre les termes de Stephen Rater, qui mêle depuis 2014, l’astrologie et le camping. Le bivouac permet de saisir le monde tout en étant soi-même insaisissable. Il est accessible à tous, pour un plaisir simple et frugal ou un contentement aménagés. C’est un mot, une pratique pour mille réalités, il y a celleux qui le font en tente, d’autres à l’arrière de leur véhicule ou qui opteront pour les vans et autres teardrop. Le bivouac itinérant séduit également par son aspect écologique et économique.


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BIVOUAC


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V . I . P.

C’EST CULTE, C’EST POP

DO SUK “ A DO SEL

C’est un enfant du pays à qui l’on a dit de partir pour grandir. Il est parti, il a vu, il s’est nourri et il est revenu. La tête pleine d’envies et de projets, les poches remplies de chansons qui feront son premier album : “Florebo”. Rencontre avec Laurent Canaguy, alias Kanasel, et sa “pop créole”. “Florebo, quocumque ferar”, je fleurirai partout où je serai porté. Devise de La Réunion, dont la première partie donne le nom du premier album de Kanasel.

u studio, un jour où il enregistrait son premier album, Laurent Ganaguy prend conscience de ce qui lui arrive : il y a plus d’une dizaine de personnes autour de lui ; producteur, musiciens, chœurs, ingé-son, etc. Et cette lettre qu’il a écrite à ses parents, cinq ans auparavant, se transforme en musique. Il est ému, ce qui était amusant et épanouissant, devient réel et professionnel, ce qui était un rêve devient un projet concret. Le chemin à l’envers Kanasel – de son nom de scène a sorti son premier album en 2021. Un premier opus, qui aura mis dix ans à se mettre en forme. Dix ans, comme dix morceaux, dont quatre en créole, deux en français et quatre autres en anglais. C’est tout ça Kanasel ; cet enfant du péi, influencé par d’autres cultures que la sienne. “Un créole en décalage” se souvient-il, quand il repense à son enfance. Ses compositions originales ne reprennent pas le paysage instrumental local, pas de kayamb, pas de triangle. Son univers c’est la pop, de la pop bien à lui qui laisse à entendre des morceaux conceptuels qui en surprennent plus d’un. Alors avant de les sortir, de les enregistrer et de les faire connaître, Kanasel refait le chemin à l’envers : il abandonne ses compositions pour reprendre des titres très connus et crée la “Cover Kréol”. Un bordel identitaire “Steal My Kisses”, “Ain’t No Sunshine” ou encore “I put a spell on you” deviennent ainsi sous sa voix rocailleuse et sa guitare – “Volèr Béko”, “Tizane aou” ou encore “Kan Li Bar Soley i tomb”. C’est un véritable


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Sur scène, Kanasel est accompagné par Russel à la basse et Romain à la batterie. Ensemble ils invitent à redécouvrir l’album au travers leurs trois voix, leurs trois seuls instruments.

succès, et Kanasel accumule des milliers de vues à chaque vidéo. “C’était ma manière à moi de légitimer ma musique, un besoin de me présenter avant de présenter ce que je faisais” confesse l’artiste. Puis l’idée de l’album revient. Il l’enregistre en Métropole, avant de rentrer à La Réunion. Un seul style musical ne lui suffit pas, une seule langue ne dit pas assez, alors il y a de tout dans ce projet, “mille influences, une sorte de bordel identitaire. C’est la célébration d’un gars qui a compris qui il était” sourit Laurent. Il y a le meilleur de tous ses univers qui s’expriment chacun à leur façon. La nouvelle génération Ce premier album donne l’impression d’en faire trop, mais c’était peut-être le but. “Tout dire de qui j’étais” raconte Kanasel, ce grand barbu, drôle, solaire, spontané, hyperactif et créatif, à la limite de la synesthésie. Il perçoit et ressent le monde d’une façon différente, de multiple façons, la musique et le dessin étant ainsi les deux médiums artistiques qui rythment la vie de Laurent Canaguy, également tatoueur au studio Maison Bleue, quand il n’est pas au mythique Teat Plein Air de Saint-Gilles pour en fêter les 50 ans. Représentant de la nouvelle génération de la scène musicale locale, au même titre qu’Aurus, Maya Kamaty ou encore Saodaj – Kanasel apporte à l’île de La Réunion ce qui lui manquait, ce que la jeunesse d’autrefois cherchait ailleurs, et que l’on trouve aujourd’hui grâce à lui et aux autres, sublimé par le soleil et une identité métisse et singulière à la fois.


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MODE

ALORS, T’AS LA BANANE ? Dans les années 90 peu de gens auraient parier sur le retour “hype” de la banane. Cet accessoire de mode qui se voulait pratique il y a vingt ans est devenu un élément important dans la manière de se vêtir, il vient embellir une tenue ou affirmer un style. TEXTE > JOSÉPHINE TEREISSA

L

e sac banane. Qui l’eut cru ? Pour celles et ceux né.e.s entre 1980 et 1995, l’objet avait laissé un souvenir mitigé, entre fascination et répulsion. Il faisait partie du folklore de l’enfance. Le “it-bag” des nineties était ringard disons-le. On y fourrait la petite monnaie, les lunettes de soleil et les quelques billes qu’on possédait. Et voilà cet accessoire (re)devenu “hype”. Provocation À l’époque, le “belt-bag” se portait serré au niveau du bassin et se déclinait en nylon ou en cuir généralement dans des couleurs primaires. En réalité, les amateurs de mode savent aussi que le fourre-tout existait déjà trois décennies plus tôt, et que l’on pouvait l’apercevoir dans les pages de Vogue en 1966 et 1968. La mode est un éternel recommencement, s’il fallait encore s’en convaincre. Honni donc, le voilà qui fait son retour sur les podiums des fashion-week à la saison 2018-2019. Au départ, on a observé la tendance d’un œil méfiant : provocation, défi au bon goût et à la bienséance, il était impensable alors de réhabiliter l’objet. Et pourtant. Mini format, couleurs attrayantes, matières nobles et

PHOTOS > GUILLAUME HAURICE

autres détails font de la cultissime banane, en plus d’être un objet pratique, un véritable accessoire de mode qui parachève le style. Mainstream “La façon de le porter aussi vient apporter une touche moderne au sac banane” explique Tiphaine Croz de Roquefeuil, styliste. À l’épaule ou en bandoulière (le crossbody, pour les intimes), l’underground devient mainstream. La banane est l’ultime snobisme, selon certains. Et les reines des “OOTD”, streetstyles et autres influenceuses Instagram l’exhibent d’ailleurs non sans fierté. La banane embellie, réaffirme, redessine. L’accessoire unisexe se décline ainsi parmi les collections des plus grandes marques, dans le prêtà-porter et fait aussi la réputation de styliste plus confidentielle, comme Tiphaine Croz de Roquefeuil. Installée à la Réunion depuis peu, elle a lancé sa propre collection de banane : WorldWide. Et ça cartonne. On adore le mélange des genres et des matières, le has-been qui devient in, le porté nonchalant, urbain et décalé. Quand un produit fait son retour sur le devant de la scène, il ne revient jamais tel quel, il est détourné, inspiré de.


Fiosomayne porte la banane comme personne. Le rappeur est d’ailleurs de retour sur l’île et présente son nouvelalbum “Hybride”.



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