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BOUGEONS VERT ! Le téléphérique est un mode de transport durable conforme aux objectifs environnementaux de l’Union Européenne. Tout y est pensé : un Éco-chantier, des cabines avec des protections et des équipements à l’énergie solaire, une ventilation naturelle… Les cabines fonctionnent en autonomie énergétique grâce à un panneau solaire !
BOUGEONS TOUT CONFORT ! Les cabines du téléphérique sont composées de 10 places accessibles aux personnes à mobilité réduite , vélos, poussettes… Elles disposent d’un éclairage intérieur avec détection de présence et de luminosité. Les vitres masquent les vues plongeantes sur les habitations. Pour le confort de tous, un dispositif anti-vandalisme et jets d’objets a été
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• 5 stations entre Bois-de-Nèfles et Chaudron • 6 000 voyageurs quotidien (en prévision) • 2,7km de ligne parcourus en 14min • 46 cabines, soit une cabine toutes les 34s • 14 minutes de temps total de parcours • 3 minutes entre chaque station • jusqu’à 10 personnes par cabine • Vitesse en ligne : 16km/h • 350m de dénivelé • 3 stations bus + téléphérique - Chaudron - Bois-de-Nèfles - Moufia
. Il dispose d’un espace bus CITALIS intégré à la station du Chaudron et de 4 Distributeurs Automatiques de Titres disponibles sur la ligne.
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Le téléphérique est un mode de transport durable conforme aux objectifs environnementaux de l’Union Européenne. Tout y est pensé : un éco-chantier, des cabines avec des protections et des équipements à l’énergie solaire, une ventilation naturelle…
Les cabines du téléphérique sont composées de 10 places accessibles aux personnes à mobilité réduite , vélos, poussettes… Elles disposent d’un éclairage intérieur avec détection de présence et de luminosité. Les vitres masquent les vues plongeantes sur les habitations. Pour le confort de tous, un dispositif anti-vandalisme et jets d’objets a été installé pour effectuer ses trajets sereinement et silencieusement grâce à son moteur électrique à basse vitesse.
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ETOI L
www.cinor.re
CINOR / D.G.S / Mission Téléphérique / Direction Communication / Juillet 2022
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ÉDITO
“UN MONDE EN COULEURS” 1903 – création de la plaque autochrome des frères Lumière. Cela fait cent dix-neuf ans maintenant que l’homme voit le monde en couleurs. Que l’image qu’il peut garder de celui-ci se pare de multiples variations, de subtiles teintes, de différentes pigmentations. Alors que cette multitude existe, l’homme n’a jamais eu une vision du monde aussi restreinte de ce(ux) qui l’entoure(nt). Refuse-t-il la modernité, le changement, la technique, les évolutions ? Pourquoi l’homme possède aujourd’hui une vision si monochrome, si manichéenne des choses ? Le bien / le mal, le blanc / le noir, sans nuances de gris mais surtout sans couleurs ? Elles apportent de la profondeur, elles créent l’émotion et laissent jaillir l’ensemble des possibles. Elles donnent à voir avec un filtre nouveau et permettent à chacun.e de trouver sa place dans un monde fait de disparités et de contrastes. Il est facile de retoucher ce que l’on voit et croit savoir, avec des convictions et des certitudes comme curseurs de la lumière sur le monde. “Seuls les super-héros peuvent s’offrir une vie en couleurs”, disait Alan Moore. Soyons des super-héros dans un monde qui en manque.
Laurie Ferrère Rédactrice en Chef
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sommaire
# 46 07_22
8 Société
Aujourd’hui plus que jamais la communauté LGBTQIA+ de l’île de La Réunion a besoin de (ré)affirmer sa présence, son existence. La Marche des Visibilités, éminemment politique et militante, leur permet aujourd’hui, de s’affirmer dans la société créole.
10 Dans l’air du Temps
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“Féministe”. Le mot ne cesse d’être brandi dans les débats publics et parfois avec une certaine connotation. Mais ce terme pluriel, englobe bien plus de sens que ceux qu’on ne lui prête aujourd’hui. Et désormais, il a même un festival à La Réunion.
16 Portrait
C’est un personnage haut en couleur, qui dès le premier contact, vous touche par sa bonhomie. Lui, c’est Richard, gérant du gîte “Pinpin d’Amour” à Saint-Philippe.
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28 V.I.P.
Après trois ans d’absence, le groupe Pat’Jaunes est remonté sur scène. Pour celles et ceux qui l’auraient raté, il reste le cabaret, à la Plaine des Cafres qui offre une autre façon de célébrer le spectacle vivant.
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30 The place To Be 28
Dans la fraîcheur des hauts de Saint-Leu se trouve Le Vieux Pressoir. Un restaurant qui mêle les saveurs créoles aux plats traditionnels tricolores. Un rendez-vous simple, chaleureux et gourmand.
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COUVERTURE Photo : Guillaume Haurice Modèle : Anne-Sophie Maillot BUZBUZ MAGAZINE Bimestriel N°46 Juillet / Août / Sept. 2022
DIRECTION DE LA PUBLICATION Louapre-Pottier Georges-Guillaume
DIRECTION ARTISTIQUE Serge Zacore
RÉDACTION Laurie Ferrère Joséphine Terreissa Jules Bercanto
PHOTOGRAPHIE Guillaume Haurice Bastien Doudaine
PUBLICITÉ Régie Publicitaire : Com’Up regie@comup.re
IMPRESSION Nouvelle Imprimerie Dionysienne Rue Maurice Manglou La Mare Zae II 97438 Sainte-Marie Ile de La Réunion
BUZ BUZ SARL au capital de 4350 € 80 rue Pasteur - 97400 Saint-Denis - T. 02 62 28 09 09 contact@buzbuz.re www.buzbuz.re RCS 528 642 010 Saint-Denis de La Réunion Code APE 5814Z Dépôt Légal : Juillet 2022 Toute reproduction même partielle est interdite
2022_07_07 - Usine de pierrefonds FDJ 250x375mm-BuzBuz_Imprimeur.pdf 1 08/07/2022 14:24:34
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EN FAVEUR DE L’ÉCOLOGIE, UN PEU DE WHISKY ET DU CRABE ! Dans le nord-est des États-Unis, pour lutter contre une invasion de crabes verts, une distillerie a décidé d’en faire du whisky. Ces crustacés ont littéralement envahi les eaux de la Nouvelle-Angleterre depuis que celles-ci sont sensiblement plus chaudes. Voraces, ils provoqueraient peu à peu le déclin des fruits de mer locaux. Face à cette menace, la distillerie Tamworth Distilling du New-Hampshire a eu l’idée de développer le “Crab Trapper”, un Bourbon de quatre ans d’âge à partir d’un bouillon de ces crabes verts, refroidi et enrichi d’alcool neutre de grain, le tout réhaussé d’un mélange de huit épices. Pour une bouteille, il faudra compter environ 65 dollars.
750€ d’amende pour un pipi
Le mot “copain”, dérivé de l’ancien et moyen français, s’emploie à l’origine pour désigner “la personne avec qui l’on partage le pain”.
Dans l’hémisphère Nord, c’est la saison des coquillages et crustacés : L’ÉTÉ. À cette occasion, 50% des 37 millions de Français en vacances choisissent la mer comme destination. Et 62% des vacanciers ont avoué, lors d’une enquête, faire pipi dans la mer quand ils sont à la plage et qu’ils ont besoin de se soulager. En cause ? Le manque de toilettes publiques et leur propreté. Mais attention cependant, en Espagne, se soulager dans la mer peut coûter jusqu’à 750€ d’amende à Vigo (nord-ouest du pays). Un fait pas si isolé puisque la ville de San Pedro del Pinatar avait déjà mis en place une interdiction similaire sur son littoral.
La philophobie,, c’est la peur de s’attacher à quelqu’un et de tomber amoureux. Et la penthéraphobie c’est la peur des belles-mères. Eh ouais !
Le prénom Wendy n’existait pas avant 1904. Une invention que l’on doit à J.M Barrie, auteur de “Peter Pan”.
L’ultracrépidarisanisme est une pratique de plus en plus répandue dans le monde (merci les réseaux sociaux). Il s’agit de l’art de parler de choses qu’on ne connaît pas et d’avoir une opinion sur tout.
Le statut socio-économique affecte directement la structure du cerveau. En fonction de la classe sociale, le volume de matière grise varie de 1,6%.
Tué par un coup “de zergot” ! À La Réunion, le “rond cok” ou “batay cok” est une tradition. Certes quelque peu barbare pour certain.e.s mais culturelle tout de même. Et pour celles et ceux ayant déjà observé un combat de gallinacés, il n’est pas rare de voir leurs pattes équipées d’une lame. Ce qui nous mène à un fait-divers assez cocasse. Aux États-Unis, en Californie pour être exact, un homme est mort, tué par un coq de combat. Alors qu’il assistait à un round, Jose Luis Ochoa a “saigné à mort” des suites d’une “coupure profonde” à la jambe, les médecins n’ayant pas réussi à contrôler le saignement en raison de la fameuse lame accrochée à l’ergot.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.
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CHIFFRES
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Chronologie des statistiques
C’est le pied !
C’est pas faux !
Le pied adulte compte 26 os – soit pour deux pieds, le quart des os qui composent l’ensemble du squelette humain, 16 articulations, 107 ligaments et 20 muscles qui permettent le mouvement.
204, c’est le nombre de fois que le Français Arnaud Klein est allé voir au cinéma le film Kaamelott : Premier Volet, attant ainsi le record du monde de visionnage d’un même film.
© PHOTO D.R.
“Qu’on le couvre d’or” Après les César, la Palme. Tous les ans (sauf Covid-19) a lieu à Cannes, le festival le plus prestigieux du 7e art, à l’issu duquel, un.e réalisateur.trice se voit remettre la Palme d’Or du Meilleur Film. C’est la Maison Chopard qui, depuis 1997, réalise tous les ans, cette prouesse technique. La tige et ses 19 folioles sont sculptées à l’aide d’un fer à souder dans un bloc de cire bleue chauffée à 70°C, avant l’assemblage. Comme tout est réalisé à la main, il faut environ 40 heures (et une technique irréprochable) pour créer une Palme d’or qui pèse 118 grammes et mesure 13,5 cm de long pour 9 cm de large. Il est estimé qu’une Palme d’or vaut environ 20.000€. Un chiffre à prendre avec des pincettes, mais les métaux précieux utilisés, couplés au travail d’orfèvrerie, rendent cette estimation assez réaliste.
Un Tour de France en 94 heures, seulement
Le premier Tour de France voit le jour en 1903, sur l’idée du patron de presse, Henri Desgrange, ancien cycliste qui cherche à faire vendre l’Auto, son journal récemment lancé. Il décide donc de créer la plus grande épreuve cycliste qui n’ait jamais existé. Au programme, 2.500 kilomètres, pour 6 étapes à parcourir de jour comme de nuit, et 59 coureurs alignés. Cette première édition voit le sacre de Maurice Garin qui boucle le tour en 94 heures et 33 minutes, et devance le second de trois heures.
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En un an, soit 365 jours, un enfant dort l’équivalent de cinq mois et 7 étoiles naissent dans notre galaxie. Chaque mois, alors que la Lune fait le tour de la Terre, l’être humain perd environ 1.500 cheveux et 2,234 milliards de personnes se connectent à Facebook. Chaque jour, toutes les 24 h, 150 espèces d’animaux et de plantes disparaissent, on enregistre 88.000 impacts de foudre, dans le monde. À chaque heure, Lionel Messi gagne 8.000€ et 774 millions de SMS sont envoyés. Toutes les 60 secondes (soit l’équivalent d’une minute), 15 Français déménagent. Et chaque seconde, 127 personnes montent dans un avion, le cœur effectue un battement et 2,2 Big Mac sont consommés au Canada.
POURQUOI ACHETER RECONDITIONNÉ ?
Fabriquer un smartphone nécessite l’équivalent en eau de 10.000 packs de 6 bouteilles d’1,5 L et l’équivalent en énergie d’un trajet de 455 km en voiture thermique. Toujours pour sa seule fabrication, on aura eu besoin de 237 kg de matières premières, et pour obtenir cette quantité, il aura fallu extraire 5,3 tonnes de terre. À ce rythme [de consommation de smartphones], NegoOctet, estime qu’il ne reste que 30 ans de numérique devant nous.
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SOCIÉTÉ
La fioberté un jectif ; La visibilité y arriver
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Parce que la communauté LGBTQIA+ de La Réunion n’en est qu’au début de son histoire, qu’elle a aujourd’hui, et plus que jamais, besoin de soutien, de relai et de visibilité, la Marche des Visibilités et l’association Requeer ont toutes les raisons d’exister.
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TEXTE > LAURIE FERRÈRE
PHOTOS > GUILLAUME HAURICE
n mai dernier, plus d’un millier de personnes ont bravé la pluie et le vent qui fouettaient l’asphalte de Saint-Denis pour défiler lors de la seconde édition de la Marche des Visibilités de La Réunion. Ne dites pas “Gay Pride” ou “Marche des Fiertés”. Le choix des mots est important pour Brandon Gercara et Samuel Perche-Jeannet de l’association Requeer, initiateurs de l’événement. Des particularités propres à l’île La visibilité, c’est ce qui est perceptible, sensible, à l’œil, par les autres, ce qui est vu et su. C’est démontrer l’existence de quelque chose, de quelqu’un. C’est aussi cesser de nier. “Par le terme visibilité, on souhaite insister sur le côté militant et se dissocier également de la marche de Paris, festive, capitaliste et fière” souligne Samuel Perche-Jeannet. Pour iel et lui, il est compliqué d’être fier.e, lorsqu’on est inapparent, discriminé. “La Marche des Visibilités possède une forme politique, et on ne peut pas être fier
Brandon Gercara et Samuel Perche-Jeannet de l’association Requeer.
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tellement c’est encore compliqué” reprend Brandon Gercara. Il en veut pour cause le poids des “on dit”, le regard et le jugement de la famille, les questions religieuses, la situation post-coloniale – autant de caractéristiques propres à l’île qui font qu’ici le combat reste encore à mener, quand ailleurs (peut-être) est-il déjà gagné. Autant de particularités à prendre en compte lorsque l’on parle de la communauté LGBTQIA+ de La Réunion. Un mois d’événements Pour l’association Requeer et tous les autres qui se battent pour les droits et la visibilité des diversités, tant qu’il y aura encore des jeunes (et moins jeunes) exlu.e.s en raison de leur identité de genre et orientation amoureuse, il faudra s’engager. “De la même façon qu’il faut lutter contre les inégalités et les discriminations de manière générale – peu importe sur quoi elles portent” estime Samuel Perche. Le but étant d’avoir des individus dans leur plénitude, chaque personne singulière trouvant sa place et s’incluant dans la société. “La fierté c’est l’objectif, la visibilité le moyen d’y arriver” tranche Samuel Perche-Jeannet. Après une première édition à succès, la Marche des Visibilités est donc venue réaffirmer sa voix, en 2022 avec deux déambulations, l’une à Saint-Denis et l’autre à Saint-Pierre, ainsi que tout un mois d’évènements : projections de films sur le voguing ou de documentaires sur l’exil de personnes LGBTQIA+, Kiki Ball, groupes de parole sur le “Chemsex” ou encore sur la parentalité, expositions, villages associatifs, ateliers d’écriture, after au Kabardock etc. “Kwir Nou Exist” Par peur du rejet ou de la violence, aujourd’hui encore à La Réunion, il est difficile pour certain.e.s d’assumer leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. Ces évènements sont là pour leur prouver qu’iels ne sont pas seul.e.s, que d’autres vivent ces mêmes émotions, doutes et envies et “qu’il existe une communauté identifiable”. D’où le choix du slogan : “Kwir Nou Exist”. “C’est une façon de montrer qu’on est là, qu’on existe, nombreux.ses, partout”, sourit Brandon Gercara ; à la fois différents et communs. Pour cette seconde édition, le succès n’est, encore une fois, pas à démontrer. D’autant que l’association Requeer a réussi à faire valoir la créolité de ces questions et à créer une réelle territorialité autour de ses différents évènements ouverts à tous. tes, qui ont permis à la population de participer, selon ses centres d’intérêt, et de prendre la parole. Être visible pour faire évoluer les mentalités, parce que vivre caché pour vivre heureux n’est pas une réalité.
D A N S L’ A I R D U T E M P S
© PHOTOS D.R.
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FÉMINISTE, “LE GROS MOT” LA BELLE INITIATIVE TEXTE > JOSÉPHINE TERREISSA ILLUSTRATION > SERGE ZACORE
“Féministe”. Le mot ne cesse d’être brandi dans les débats publics et parfois avec une certaine connotation. Mais ce terme pluriel, apparu dès 1872 (merci Olympe de Gouges) englobe bien plus de causes et de combats que ceux qu’on ne lui prête aujourd’hui. Et désormais, il a même un festival à La Réunion.
À BON ENTENDEUR Le festival La Houle est encore à la recherche de financement, en quête active de sponsors et de partenaires afin de permettre la (bonne) tenue de cet événement.
“L
a Houle”. Comme quelque chose qui déferle, inéluctable, incessant, violent. La Houle, comme le féminisme, ce mot que l’on trimbale de siècle en gouvernement, de combat en déraison. La Houle, c’est justement le nom choisi par les associations “Komela Média” et “Au bout du Rêve”, qui portent le projet du premier festival “féministe” de La Réunion, ou plutôt “de la femme”, comme le précise Sandrine Luminet, qui fait partie de l’équipe. La Houle part donc de l’idée folle d’un groupe de copines : “créer un festival de la femme, pour tout le monde”. L’objectif étant de rassembler les Réunionnais.e.s à l’occasion d’un moment festif autour de la femme, de dédramatiser le
terme féministe, montrer que ce n’est pas forcément vouloir faire sans les hommes, mais bien avec eux, “parce qu’on a tou. te.s à y gagner” insiste la militante. Pour cela, le festival s’est donné comme mission de parler de tout, sans tabou, mais dans “une ambiance familiale et culturelle”.
Invitation à s’interroger Au programme, plusieurs pôles (militant, culturel, santé, entrepreneuriat, sport, et “piment”), ponctués de conférences, d’animations, de performances, le tout saupoudré de musique et d’événements. Étant ouvert à tous les publics, chacun.e est libre de venir d’assister et de partager, selon ses envies et ses centres d’intérêt. Il y a à la fois, du militantisme, du partage, de la célébration et de l’information. Les femmes représentent la moitié de la population à La Réunion. Cette moitié de la population a de l’ambition et sait faire preuve d’audace. Le féminisme péi a un goût plutôt épicé. Avec pudeur, ce festival dévoile les dessous de l’histoire et de l’actualité locale autour du féminin. Une vitrine du potentiel féminin, visant une éducation à l’égalité. La Houle vous porte et vous transporte ainsi dans une réflexion du féminisme sur l’île.
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ACTUALITÉS
CHIFFRES
BÉBÊTE LA NUIT
La Réunion est la seule île au monde à recenser deux espèces endémiques de pétrels : le Pétrel de Barau compte entre 14 à 20.000 couples et le Pétrel (Noir) de Bourbon avec seulement 120 à 180 couples. L’île répertorie également le puffin Tropical ainsi que l’espèce dite du Pacifique.
A La Réunion, le Pétrel Noir de Bourbon a longtemps effrayé les habitants de Grand-Bassin à cause de son cri strident qui résonnait dans les falaises de la Montagne. Ce bruit a même donné naissance à une créature imaginaire : le Timize.
L’ENVOL DU PÉTREL PAR UNE NUIT SANS LUMIÈRE P ersonne ne les voit et pourtant ils sont connus de tous. Eux ce sont les pétrels, de Bourbon, de Barau, Tempête et autres Puffin nicheurs ; ces oiseaux pélagiques qui volent de nuit, pour certains endémiques de La Réunion, sont en voie de disparition. Souvent considérés comme des oiseaux de mauvais augure (lire encadré), ils sont de véritables navigateurs, “des mini-albatros”, capables de voler pendant des milliers de kilomètres sans se fatiguer.
Une chaîne de solidarité Tous les ans, leur migration les mène sur les hauts sommets de l’île de La Réunion – comme le Grand Bénard ou le Piton des Neiges, pour y faire leur nid dans des cavités naturelles. Un seul œuf y est déposé, délicatement, sur la roche nue, pour une incubation qui dure un peu plus d’un mois, sous le regard des deux parents. “Cette période se situe en avril, avec des premiers envols dès la première semaine et un pic vers la quinzaine” explique François-Xavier Couzi, directeur de la SEOR (Société d’Études Ornithologiques de La Réunion). Ils restent en mer plus de trois ans avant de revenir dans l’île, sur la falaise où ils sont nés, pour s’accoupler. C’est grâce aux reflets de la lune sur l’océan que les pétrels parviennent à s’orienter vers le large. Mais la pollution lumineuse des villes les trompe et les fait s’échouer. “Beaucoup de ces juvéniles s’écrasent pour ne plus repartir. Une fois à terre, ils sont incapables de redécoller” déplore le directeur de la SEOR. C’est pour cela que depuis plus de dix ans, une chaîne de solidarité s’est mise en place – bénévoles de l’association, agents du Parc National et riverains s’organisent pour récupérer, soigner et relâcher les oiseaux. Un dispositif utile Éteindre la lumière pour préserver la biodiversité, c’est le principe édicté par la SEOR en collaboration avec le Parc National et des acteurs privés dont EDF. L’opération consiste à obtenir des collectivités ou des entreprises l’extinction des éclairages extérieurs les plus puissants durant tout le mois d’avril. Alors que “Les Nuits Sans Lumière” ne duraient que trois jours sur tout autant de communes en 2009 à son lancement, en 2022, ce sont dix-sept des trente-deux villes de l’île qui y ont pris part tout le mois d’avril. Et cela fonctionne. Cette année, seuls 630 Pétrels de Barau se sont échoués ; 553 ont pu reprendre leur envol et 77 sont morts. Un bilan plus positif qu’en 2021, indique la SEOR., puisque 1.541 oiseaux s’étaient retrouvés au sol, avec un même taux de mortalité. Outre les éclairages publics, une lune noire ou la météo jouent un rôle dans ce phénomène d’échouage des oiseaux, les nuages amplifiant la pollution lumineuse.
“Le fénoir”. La nuit à La Réunion apporte avec elle son lot de superstitions et d’histoires. Mais c’est aussi un moment propice pour certains animaux, comme les Pétrels de Barau juvéniles, de s’envoler pour la première fois depuis les sommets de l’île. Pour leur sécurité, il existe un dispositif “sans lumière” mis en place par la SEOR il y a plus de dix ans. Explications. TEXTE > JULES BERCANTO
PHOTOS > JULES BERCANTO ET DR
EDF ET LA LUMIÈRE Depuis le début de l’opération “Nuits Sans Lumière” EDF est l’un des partenaires forts aux cotés de la SEOR et du Parc National. En effet, même si cela peut paraître paradoxal, le fournisseur d’électricité lutte contre la pollution lumineuse, dans un objectif de sobriété énergétique. Ainsi, la SEOR et EDF accompagnent les entreprises qui souhaitent réduire leur impact dans le remplacement de leur enseigne lumineuse. “Il n’y a pas que l’extinction ou le noir complet qui fonctionne, mais aussi le changement de systèmes vieillissants et polluants par un système LED par exemple, largement suffisant” souligne François-Xavier Couzi. On préfèrera aux blancs, les jaunes, avec des lumières de 2.700 kelvins maximum. Parfois c’est encore plus simple : il suffit de réorienter le faisceau lumineux en direction du sol.
© PHOTO MARTIN RIETHMULLER
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LES BIENFAITS DU FÉNOIR POUR LA SANTÉ
© PHOTO STEPHANE MICHEL (PARC NATIONAL DE LA REUNION)
Selon les spécialistes, plusieurs troubles observés chez l’être humain seraient causés par une exposition excessive aux éclairages : troubles du sommeil et de la concentration, agressivité, diminution des performances… L’excès de lumière artificielle est néfaste et la nuit noire est essentielle au maintien de notre rythme naturel. Pour réduire la facture d’électricité En adaptant les éclairages publics et privés, il est possible de faire des économies de 25 à 50 % sur la facture énergétique globale. Certaines communes de l’île ont d’ailleurs déjà passé le cap en éteignant leurs lampadaires, généralement entre 22 h et 4 h du matin, et ce 365 jours par an. Pour faire vivre la culture créole Dans les années 80, le poète réunionnais Alain Lorraine parle de “culture du fénoir”, désignant ces arts et traditions qui se pratiquent la nuit comme le rakontaz zistoir (les contes), le maloya, le moringue et certains rituels. Avec la modernisation du territoire (électricité, lumière, télévision, routes…), la culture locale a laissé place aux nouveaux divertissements et loisirs. En éteignant, c’est donc faire revivre la culture créole.
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R E P O R TA G E
LA FORÊT DES POSSIBLES
À les voir crapahuter dans la forêt de la Crête, dans les hauts de Saint-Joseph, en contre-bas du Piton de la Fournaise, à dormir deux, parfois trois jours durant dans une case en tôle rudimentaire, où baigne la douce odeur du feu de bois – celui qui réchauffe et nourrit, on pourrait croire que Nicolas et Grégory mènent une vie d’ascètes. Pourtant, malgré ce côté “rustique”, c’est une vie bienfaisante et choisie par les deux hommes.
TEXTE > LAURIE FERRÈRE
G
PHOTOS > BASTIEN DOUDAINE
régory était menuisier et Nicolas travaillait dans le commerce international. En quête de sens et d’un retour à la nature, tous les deux se rencontrent sur les bancs du CFPA – Centre de Formation pour Adultes. L’un a des ambitions de maraîchage, quand l’autre affectionne davantage le côté “public” et les plantes médicinales. Après leur formation, ils ont l’opportunité d’acquérir et d’exploiter un terrain en lisière du Parc National. Quelques hectares en friche, abandonnés depuis plus de cinquante ans, où jadis on cultivait du géranium. Depuis, les espèces invasives de type longoses, goyaviers et vignes marrones ont
pris possession des lieux. Il leur faudra plus d’un an pour nettoyer l’espace et commencer la mise en culture. Pendant ce laps de temps, Grégory Alleyron-Biron et Nicolas Choisis se forment auprès de Jean-Daniel Turpin à la reconnaissance et l’exploitation des plantes médicinales et endémiques de La Réunion. En 2018, alors que la zone est dite naturelle et ECB – Espace Boisé Classé, donc non exploitable, les deux jeunes agriculteurs parviennent à trouver un accord avec le Parc National. “L’agriculture en milieu forestier est un atout, puisque l’on permet de lutter contre les espèces invasives” explique Nicolas Choisis. De là, naît tout un projet : la commercialisation de huit plantes médicinales, sous la marque “Tisane du Volcan”.
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Grégory
Nicolas
Produire différemment Mais aussi d’une agroforesterie dans son ensemble, avec sur une même exploitation des plantes endémiques, aromatiques, maraîchères et fruitières, ainsi que des ruches. Lorsqu’ils travaillent sur le terrain, c’est toute une liste de tâches à effectuer : les abeilles, la cueillette, le désherbage, la récolte ou encore la plantation, etc. Nicolas et Grégory ont ainsi réussi à créer un écosystème vivant autour de la ferme. Ils montrent par-là également, leur volonté d’être des acteurs différenciant dans les processus de production et ainsi devenir une référence dans la protection des zones sensibles des hauts, et pourvoyeurs d’emplois. Les principes de l’agroforesterie montrent qu’il est possible de produire en respectant les lieux et l’environnement, régénérer des espaces en faisant sens. Demain Grégory et Nicolas espèrent développer la partie pédagogie active de leur projet, faire (re)découvrir au public le patrimoine naturel de La Réunion, et se projeter dans l’agroécologie : travailler des zones en friche pour créer des plantations.
LA TISANE DU VOLCAN Les huit plantes endémiques et médicinales des “Tisane du Volcan” sont à retrouver en pharmacies et magasins spécialisés : fleur jaune, ambaville, change écorce, bois maigre, joli cœur, bois d’olive, bois d’hosto et café marron. Issue de l’agriculture biologique, la plantation de Nicolas et Grégory est également estampillée de la marque “Esprit Parc”.
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PORTRAIT
RICHARD
CŒUR D’AMOUR
C’est un personnage haut en couleur, qui dès le premier contact, vous touche par sa bonhomie. Lui, c’est Richard, maître des lieux (dits) “Pinpin d’Amour”, chambres et tables d’hôtes à Saint-Philippe. TEXTE > JOSÉPHINE TERREISSA
PHOTOS > GUILLAUME HAURICE
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’est le genre de type à avoir vécu plusieurs vies. D’abord en Métropole, puis à Mayotte avant de débarquer ici. Entre-temps, il a voyagé dans plus de 80 pays et rêve d’en voir 100. C’est un homme amoureux. De sa femme, et des autres, de l’île de La Réunion aussi, et en soif de savoir et de connaissances. Tout le temps. Aujourd’hui, il nous parle de ce documentaire sur Arte qu’il a vu. Intarissable. Un lieu, trois personnages Rares sont les personnes à débarquer dans ce gîte classé, par hasard. Ici, on vient plutôt par le “bouche-à-oreille”. La rumeur dit que Richard est quelqu’un de truculent, qui étonne et réjouit à la fois par ses excès. Mais ce lieu atypique n’est pas fait pour tout le monde. Celleux en quête de confort, calme et modernité passeront leur chemin.
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PINPIN D’AMOUR ■ 56 A chemin Paul Hoareau - Baril les Hauts 97442 Saint-Philippe ■
Gîte de France, de 5 chambres et 25 couverts.
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Il est possible de manger à la table d’hôtes, sans devoir réserver une chambre.
Les autres seront charmés par ce lieu chargé de décorations autant qu’il est d’histoires, et par ses hôtes : Richard, donc. Sa femme MarieClaude. Et l’ancien mari de celle-ci, Louis. C’est une drôle d’affaire que celle de ces trois personnes, foncièrement enthousiastes et passionnantes. Car voilà plus de vingt ans que le “Pinpin d’Amour” existe. Un lieu, une table Alors certes, la décoration peut sembler désuète, mais ces trois-là appliquent le principe même du gîte : être avec les gens et faire découvrir la région. Pour cela, Richard a installé un rituel : à 18 heures, il lance un film, “Cirques, Piton et Remparts” de Serge Gélabert, avant d’enchaîner sur des anecdotes et savoirs insolites sur La Réunion. Dans l’assemblée, même certains locaux, sont étonnés d’en apprendre encore sur leur île. Le discours est rodé, Richard se montre drôle, pédagogue mais aussi attentif aux questions et autres interrogations. On remarque les quinze ans de pratique à la vue des petits schémas qui ornent ses murs. S’ensuivent l’apéritif et l’introduction au Pinpin d’Amour. Parce que ce qui fait le charme de ce lieu, audelà des personnages qui le font vivre, c’est aussi sa table. Un lieu, un savoir-faire Pinpin d’Amour est ainsi le seul endroit où l’on peut déguster du pinpin – le fruit du Vacoa. “Attention à ne pas confondre le fruit et le chou” précise Richard. Le chou c’est ce qui vient du tronc, comme le palmiste ; le fruit lui c’est cette énorme sphère verte dure et pleine de drupes. Pour l’éplucher, il faut y aller au marteau et vouloir en manger, mais surtout savoir le cuisiner. Les drupes ne servent pas, mais seulement “la boule blanche”. Le problème c’est qu’au-delà d’être fibreux, le pinpin servait surtout à nourrir les cochons. “Louis s’est dit un jour que ce qui était bon pour eux, devait aussi l’être pour les humains” raconte Richard. Après plus d’une heure et demie à deux heures de cuisson, le pinpin goûte l’artichaut, lorsqu’il est jeune, et la pomme de terre lorsqu’il est “mûr”. Un lieu, une histoire d’amour En gratin, en salade, en confiture ou cuit dans les plats traditionnels comme le porc, le pinpin se déguste de mille façons. Avec deux fructifications à l’année, cela représente un vrai travail physique de le cueillir en haut des vacoas, dont la forêt entoure l’habitation. “Louis se fait vieux, quatre-vingt-un ans, et moi soixante-dix-neuf” souffle le maître des lieux. Avec une lueur de tristesse dans le regard, il avoue vouloir, à son tour, être le client, celui qui est servi et apprend, et passer le relais. Mais il est difficile de laisser une vie à d’autres. “Richard a de la ressource, et il aime partager avec les autres” confie à son tour Marie-Claude. Mais le temps est compté, et Pinpin d’Amour, après vingt-cinq ans de passion, ne sera bientôt plus, tel qu’on l’a connu.
LE VACOA (Pandanus utilis) est une espèce atypique qui pousse partout à l’île de La Réunion, peu importe la région. Contrairement à d’autres, ses racines servent à sa stabilité, et ce sont ses feuilles, en spirale, qui retiennent l’eau. Le vacoa représente l’artisanat le plus vieux de La Réunion, déjà utilisé à l’époque des esclaves pour le tissage, les couvertures de toit ou encore la vannerie.
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LE NEZ DEHORS
SAINT-DENIS
LA BELLE EN DORMANT TEXTE > JULES BERCANTO PHOTOS > DR
I
l existe à Saint-Denis, une île dans une île. Un lieu enclavé naturellement de part et d’autre de la montagne, de l’océan et de la rivière : la Petite Île, un endroit à part. Ancien camp d’esclaves, puis lazaret, le quartier a accueilli tantôt des cimetières tantôt des infrastructures militaires (fortin et poudrière). Ce dernier aspect demeure dans quelques vestiges ainsi que dans la grande caserne d’infanterie. Un meublé de tourisme La Petite-Île est aujourd’hui ce que l’on appelle un quartier résidentiel abritant la seule école laïque et privée de La Réunion, ainsi que des immeubles et autres villas aux petits jardinets. Il y fait bon vivre, à dix minutes à pied du centre-ville historique de Saint-Denis, l’endroit est stratégiquement bien situé : accès direct à la route du Littoral, à quelques minutes du CHU de Bellepierre, vue mer et montagne, etc. Autant d’arguments qui ont
La “capitale” de La Réunion est connue pour son centreville historique, ses marchés folkloriques, ses lieux de culte, son front de mer atypique mais c’est aussi une ville qui se visite. Or, très peudécident d’y déposer leurs bagages. Et pourtant, un chirurgien et un architecte ont fait le pari de la rendre belle en dormant.
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Architecture moderne, design contemporain, une solution prête à vivre pour un parfait séjour entre le luxe de l’indépendance et l’avantage des services hôteliers
convaincu le Dr Geoffrey Rambaud, d’y construire un Appart Hôtel. En discutant avec des collègues arrivants, des patients en séjour dans le Nord pour une intervention, et des amis de passage, le cardiologue prend conscience de la pénurie d’hébergements dans le chef-lieu. Certes, il existe quelques hôtels, mais aucun meublé de tourisme équipé pourtant bien utile pour les déplacements courts, qu’ils soient touristiques ou professionnels. De rencontres en discussions, Geoffrey Rambaud fait la connaissance d’Éric Chavoix et le projet naît. Un architecte de renom “C’était en 2014” raconte le médecin, “et il aura fallu de l’abnégation, d’autres rencontres – notamment avec Matthieu et Virginie Guillou, mes associés, pour que le projet devienne ce qu’il est aujourd’hui”. Rue Militaire, dans le quartier de la Petite-Île prend désormais place un hôtel à part, hors du temps : Le Clos La Rivière. Derrière une vieille case créole au toit rouge, des cubes asymétriques se dressent et se détachent, abritant huit appartements (dont un aménagé PMR – Personne à Mobilité Réduite), tous pensés et réalisés sur mesure. Le design est assurément contemporain. De grands volumes – surface de 40 m2 minimum, pour une pièce traversante et un aménagement toujours identique : une salle de bain avec douche à l’italienne, une chambre à coucher, un espace “bureau, une cuisine, un coin salon ainsi qu’une terrasse. Certains appartements donnent même sur un petit jardin privatif”. Valorisé par 4* Chaque détail est pensé, avec une attention particulière dans le choix des matériaux, des menuiseries et des finitions. “Avec Éric Chavoix, le standard n’existe pas” s’enthousiasme Geoffrey Rambaud. Chaque baie vitrée, chaque porte a sa propre dimension, chaque interrupteur est différent, ce qui donne à chaque appartement un cachet unique, une ambiance propre. Le Clos La Rivière est un Appart Hôtel de haut standing, valorisé par les quatre étoiles d’Atout France. À peine les portes ouvertes que déjà les vacanciers affluaient, charmés par le décor, le soin apporté à l’accueil et le service de conciergerie, plongés dans une ambiance créole, moderne et chaleureuse. Alors que bon nombre de touristes visitent SaintDenis, sans forcément s’y arrêter, un chirurgien et un architecte ont relevé haut-la-main le défi de la rendre plus belle… en dormant.
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SHOPPING
BASKET JACQUES DORÉ CANAL SAINT MARTIN
PANASONIC LUMIX GX9
Séléné Saint-Denis
Camara Saint-Denis // Saint-Paul
KIT D’INITIATION MATCHA
CHAISE DE PLAGE – AELIA
Palais des Thés Le Port // Sainte-Marie // Saint-Pierre
Sand Cloud
SWEAT À CAPUCHE RALPH LAUREN
BOIS DE PARCOURS STEALTH LADY
Métropolis Saint-Denis
Passion Golf Saint-Denis // Saint-Leu
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COLLIER DUCHESSE, FABIEN AJZENBERG
MONTRE HYBRIDE SCANWATCH HORIZON
Mélizano Bijoux Saint-Denis
Withings
THIS IS LOVE –ZADIG & VOLTAIRE
LUNETTES DE SOLEIL ANNE ET VALENTIN
Mado
Opti’Kréateur Saint-Denis
“SOULAGES, L’ŒUVRE IMPRIMÉ” Édition Bibliothèque Nationale de France
SAC À DOS – BOXFORD, LONGCHAMP
FNAC
Le Bagagiste Saint-Paul // Saint-Pierre
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SORTIR
“DU FAIT MAISON, JUSQU’AUX BOISSONS” Sooks c’est un nouveau snack qui a récemment ouvert à l’Éperon. Ici, la recette est simple : tout est fait maison, les sandwiches, comme les boissons. Les produits sont frais et les Sooks changent donc au grès des saisons, de l’humeur du chef et des arrivages. Mais il y aura toujours un sandwich “Vegie, Poisson et Viande” de quoi ravir les papilles et les exigences de chacun. Pour celleux qui seraient plus “bowl” et salade, il y aussi du choix, comme de la gourmandise en dessert, grâce au pain perdu et autres cookies. Testé et approuvé ! SOOKS : 2 impasse du Curcuma - 97435 Saint-Gilles-les-Hauts Du lundi au vendredi de 7h30 à 14h00 Téléphone : 0692 61 42 75
“DU BEAU ET DU VOYAGE” Pour celles qui aiment flâner, dénicher des petites pépites, dégoter ce qui se fait de plus beau et authentique. Pour celles qui aiment la mode, la décoration et les cosmétiques, il y a désormais une nouvelles adresse à Saint-Pierre : Merveille – Trouvailles Inattendues, qui portent très bien son nom. Un tout nouvel univers aux inspirations d’ailleurs, de beau et de voyage, où vous trouverez à la fois des accessoires de la personne, des bijoux et du prêt-à-porter. Merveille - Trouvailles inattendues : 50 rue François de Mahy - 97410 Saint-Pierre Du mardi au samedi, de 10h00 à 13h00 et de 14h00 à 18h00 Téléphone : 0262 61 50 77
“SE LAISSER PORTER PAR LA MER”
L’ÉPICERIE DE MARIE POPPINS
Oubliez les dîners, c’est surfait. Le nouveau In c’est le déjeuner, et pour cela il y a L’Effet-Mer” à Saint-Pierre. Une adresse ouverte il y a quelques mois qui met en avant les produits de la mer, travaillés et sublimés par la passion du chef. Les accords sont subtils mais parfaits, les plats savoureux, et le service impeccable. Le petit plus ? Le Brunch proposé les samedis et dimanches pour une formule à 22€. C’est un savant mélange de saveur, de couleur, de chaleur et de générosité. À découvrir.
Il existe un endroit à Saint-Denis, centre-ville rue Jean Chatel, où l’on trouve de tout. Qu’il s’agisse des thés et infusions Réioné, du chocolat Cabosse Ailée, des pâtes Fabre, du miel d’ici ou d’ailleurs, La Fine Épicerie à Saint-Denis, s’apparente à une véritable caverne d’Ali Baba de l’alimentaire. Il y a ici des gourmandises, sucrée et salée, des produits d’exception et haut de gamme, et même quelques ustensiles et accessoires.
Effet-Mer : 91 avenue du Président Mitterrand - 97410 Saint-Pierre Pour le déjeuner, du mercredi au vendredi, de 12h00 à 14h30; Brunch le samedi et le dimanche, de 10h00 à 14h00. Téléphone : 0692 32 40 53
La Fine Épicerie : 169 rue Jean Chatel - 97400 Saint-Denis Du mardi au samedi, de 9h45 à 12h30 et de 14h00 à 18h00 Le Lundi, de 14h00 à 18h00. Contact : lafineepicerie974@gmail.com
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INSTAGRAM ET TON CAFÉ
DU SOMMET AUX RACINES
C’est le nouveau The Place to Be pour celle et ceux qui aiment les couleurs, le café et la gourmandise. À Saint-Denis, un coffee-shop d’un nouveau genre a ouvert ses portes : Imssa Café. C’est rose, c’est poudré, c’est sucré ; apaisant et plaisant. Pour du simple café ou des mocktails, pour des layer cake ou des éclairs, sur place ou à emporter c’est à vous de choisir. L’Imssa café vous accueille le temps d’un repas, d’une réunion ou d’une réception dans sa salle et son patio dans un cadre unique.
Depuis peu, un lodge haut-de-gamme a ouvert dans le cirque de Cilaos. Située au cœur de la ville, cette belle cabane aux matériaux nobles offre confort et dépaysement. Sa particularité ? Sa forme en A qui ouvre sur des espaces atypiques mais qui gardent de grands volumes. 75m2 pour un tipi, c’est du luxe. Un jacuzzi privatif, un barbecue, une cuisine équipée, sont autant de services inclus dans ce tourisme de meublé.
Imssa Café : 5 bis rue de la Compagnie - 97400 Saint-Denis Du mardi au dimanche, de 10 à 18 heures Téléphone : 0262 72 96 23
Téréva Lodge : 13C rue des Hortensias - 97413 Cilaos À partir de 290€ la nuit Téléphone : 0693 78 23 68
TU VEUX MA PHOTO ?
ENTREZ DANS LE SALON
De l’art et de la photographie. C’est le nouveau concept-store Yellow Korner à Saint-Denis. Pour la petite histoire, la marque voit le jour en 2006, sur l’initiative d’Alexandre de Metz et Paul-Antoine Briat. Ils adorent la photographie d’art et souhaitent la démocratiser. Ils ont l’idée de créer une maison d’édition et réalisent des séries de tirages limités et numérotés. Aujourd’hui plus de 130 Yellow Korner existe dans le monde. Le premier des Dom-Tom vient de s’installer à La Réunion.
Le Boudoir, c’est un petit salon élégant pour les dames. Un lieu où cellesci peuvent se retirer, se retrouver et s’entretenir avec les intimes. C’est dans cet esprit que Cécile, experte de la beauté et de santé de la peau, a ouvert son propre boudoir. Le nom rappelle ce lieu mais la pratique n’est que soins. Vous aurez le choix entre la kératopraxie, la beauté du regard, ou celle des mains et des pieds, pu encore des prestations d’épilation. Au boudoir, c’est se retrouver et prendre soin de soi.
Yellow Korner : 57 rue Jean-Chatel - 97400 Saint-Denis Du mardi au samedi, de 10h00 à 18h30 Téléphone : 0693 49 51 15
Le Boudoir : 3 rue de l’Église -97435 Saint-Gilles-les-Hauts Uniquement sur rendez-vous. Lundi, mardi, jeudi et vendredi, de 8h30 à 17h30, les mercredis et samedi, de 8h30 à 13h30. Téléphone : 0692 44 49 60
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IN/OUT
L’EUPHORIE DU
CK TO A B 2000’S
-à-porter récemment, c’est -à êt pr de in as ag m un de ré dans ène étrange. Une sorte Quiconque s’est aventu om én ph un é qu ar m re mois, a ires à leur adolescence. na dire ces douze derniers te en tr s le é en m ra it qui aura out ? e-back to 2000’s. In ou faille spatio-temporelle m co n so it fa t, en m ce commen La mode, cet éternel re
T
TEXTE > JOSÉPHINE TERREISSA
PHOTOS > DR
e souviens-tu de J-Lo, Britney ou encore Anastacia (“I’m outta love”, set me free) se trémousser dans leurs jeans taille basse, sous-vêtements apparents avec leurs lunettes de soleil couleur pastel et de forme ovale ? Tu pensais ne jamais revoir cet outfit tout droit sorti des Y2K ? Eh bien, c’est raté. Vingt ans après, la mode du nouveau millénaire is back, et on pense avoir trouvé l’origine. De TikTok aux podiums Ce style a pris de l’ampleur lorsqu’en 2021, la génération Z a commencé à porter sur TikTok des jeans bootcut et des hauts façon écharpes en soie. Peu de temps après, ce style a fait son apparition sur les podiums, à commencer par Blumarine. La marque a présenté des minirobes à volants, des ceintures clinquantes et des jeans taille basse : “Mon Blumarine est plus sale, plus bitchy, plus sexy”, a déclaré le directeur de création Nicola Brognano. Nous pouvons voir que cette tendance est partout. Pendant l’été, des stars comme Rihanna, Dua Lipa, Bella Hadid et bien d’autres ont modernisées leurs tenues des années 2000.
Merci Zandaya ? Et l’origine de tout ça, vient (en partie) d’une série – Euphoria, produite par Drake et visible sur HBO qui en est à sa deuxième saison. De TikTok à Instagram, la série n’en finit pas d’exciter les envies modes et maquillages de la génération Z. Comme le relève le média Dazed, les recherches pour “robes noires à découpes” ont augmenté de 890% après qu’Alexa Demie en ait porté une robe lors du premier épisode. Dans l’un des derniers d’entre eux, sa robe verte tirée des archives de la maison Blumarine (justement) a suscité un pic de recherche de 248% pour des modèles semblables. Voilà donc d’où vient cette euphorie pour ces tenues. Et sachant que la création de Sam Levinson vient d’être reconduite pour une saison 3, il y a fort à parier, que cette tendance va perdurer.
EDF SA 22-30 avenue de Wagram 75382 Paris Cedex 8 France - Capital social de 1 868 467 354 € - 552 081 317 RCS PARIS . Crédit photo : M. Riethmuller - SEOR
ENTREPRISE ENGAGÉE POUR PROTÉGER LA BIODIVERSITÉ DE LA RÉUNION
EDF fait partie des partenaires de la SEOR depuis 2004 et soutient l’action de sauvetage des pétrels. Ces oiseaux, victimes de la pollution lumineuse sont désorientés par les éclairages et s’échouent au sol. EDF et la SEOR travaillent ensemble à sensibiliser les collectivités et les entreprises sur cette problématique. Le Pétrel de Barau est une espèce endémique de La Réunion et est protégée par arrêté ministériel depuis 1989.
EDF à La Réunion est la 1 entreprise de France à être certifiée AFNOR AFAQ Biodiversité selon la norme NF X32-001 sur l’ensemble des activités in-situ à l’exception de la Post exploitation. ère
L’énergie est notre avenir, économisons-la !
Si vous trouvez un oiseau échoué, contactez rapidement la SEOR (Société d’études ornithologiques de La Réunion) au 02 62 20 46 65. Retrouvez toutes les informations sur les oiseaux de La Réunion en flashant le QR code.
reunion.edf.fr
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MODE
DE FIL EN AIGUILLE LES PETITES A MAINS DES MAKES
À l’abri des regards, dans une des pièces de la FOS des Makes, de petites mains s’activent sur des piqueuses, surjeteuses et autres machines à coudre. Ici, c’est l’atelier Mode and Déco, la première plateforme textile industrielle sous forme de coopérative d’activité et d’emploi de La Réunion. Stéphanie Lecat, gestionnaire et responsable de projet, nous fait visiter les lieux. TEXTE > JOSÉPHINE TERREISSA
PHOTOS > JULES BERCANTO
u rythme de la pédale et des pieds habiles qui la dirigent, les différentes machines à coudre s’activent alors que la brume se lève doucement sur les Makes. Dans cette zone rurale, existe depuis peu un espace unique en son genre : la première plateforme textile industrielle de l’île de La Réunion, dirigée de main de maître par par Stéphanie Lecat, couturière “de métier et par passion”. Un complément de revenus Grâce au GAL (Groupement d’Action Locale) Grand Sud –, à la SHMLR et à la COOP Union, une dizaine de couturières peut s’enorgueillir de travailler à créer une véritable filière sur le département. Ce jour-là, cinq femmes exercent sur les différentes machines : l’une suit la broderie, quand une autre s’applique à la finition ou pique
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et surfile. “Ici, on travaille au projet” précise Stéphanie Lecat. “On peut ainsi être deux ou dix, selon l’activité”. La force de ce lieu ? Son fonctionnement et son principe. S’agissant d’une coopérative d’activité et d’emploi, l’atelier permet à des couturières de métier, d’acquérir un complément de revenuss en étant des “indépendants-salariés” – un nouveau statut qui leur donne l’opportunité de tester leur business, tout en étant soutenues, administrativement et juridiquement. Pour le GAL, c’est une façon de mutualiser les moyens et les investissements et ainsi de dynamiser les Hauts . La beauté du geste Outil innovant et flexible s’adressant à la fois aux travailleurs et aux professionnels de l’île désireux de concrétiser leur projet, l’atelier Mode and Déco a permis à de nombreux créateurs de La Réunion de lancer leur première collection/création. On peut citer à titre d’exemple Odyssée, la marque contre la fastfashion de Frédérick Cadet (voir Buzbuz n°44). La manufacture permet ainsi le travail en série, tout en gardant la beauté du geste l’art et le savoir-faire artisanal de ces petites mains. Velours, percale de coton, lin ou encore jersey, peu importe la matière, Stéphanie Lecat et ses couturières sont capables de concevoir un projet de A à Z, du modélisme jusqu’aux finitions tant pour les accessoires de mode, l’ameublement, la confection textile, de peluches, de linge de maison, de prêt-à-porter, etc. L’atelier dispose même de son propre concept-store en plein centre-ville de Saint-Denis où sont vendues l’ensemble des créations. Le petit plus ? La broyeuse qui permet le recyclage des inévitables chutes de tissu en petits accessoires (portefeuilles ou pochettes par exemple) ou en rembourrage de coussins.
Stéphanie Lecat.
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VIP
L’ESPRIT CABARET, AUX ACCENTS CRÉOLES
PAT’ JAUNES
TEXTE > LAURIE FERRÈRE PHOTOS > LAURIE FERRÈRE
Cabaret : (n.m) établissement
où l’on présente un spectacle et où les clients peuvent consommer des boissons, souper, danser.
L
e cabaret. À son apparition, il s’agissait d’un lieu où l’on vendait du vin au détail. Au fil du temps et des époques, il est devenu ce que l’on fait de lui aujourd’hui : un établissement où il est possible de consommer en regardant un spectacle. Le Chat Noir et les Folies Bergère font partie des plus connus de France. Très plébiscités à La Belle Époque, ces lieux permettaient aux artistes de se produire, de se faire connaître et aux clients, riches et pauvres de se fréquenter, et d’abolir par là même les barrières sociales.
Après trois ans d’absence, le groupe Pat’Jaunes est remonté sur scène, “la grande scène” du Téat Plein Air de Saint-Gilles. Pour celles et ceux qui l’auraient raté, il reste le cabaret, à la Plaine des Cafres qui offre une autre façon de célébrer le spectacle vivant.
Un spectacle de l’intime Si le café-concert a connu des périodes fastes et d’autres moins, quelques-uns perdurent. Parmi eux, le local, 100% créole et authentique “Cabaret Pat’Jaunes”. Tous les samedis et dimanches midi, le groupe de musique ambiance les hauts de l’île dans son chalet en bois accolé à une salle de restauration de La Plaine des Cafres. “C’est quelque chose qu’on a toujours voulu avoir, notre propre établissement” confie entre deux plats, Michel, l’un des trois frères Gonthier qui constitue le groupe. Ici, la formule est simple : un concert entrecoupé d’une dégustation de saveurs créoles (spécialités apéritives, carry, vin, rhums arrangés et autres douceurs). Les spectateurs assistent à la fois à un show, mais aussi à une façon de vivre la musique (et La Réunion). “C’est
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quelque chose de plus intime, c’est un réel partage entre l’artiste et le public” s’enthousiasme Bernard. Une recette qui fonctionne puisque le cabaret affiche quasiment complet tous les week-ends. Culture, tradition et patrimoine Le côté restreint de la scène, l’odeur du feu de bois, la couleur des lambris plonge dans un univers hors du temps. Ce cabaret, leur cabaret, c’est l’expression même de qui ils sont, les Pat’Jaunes ; ces “yabes” des hauts, aux pieds jaunis par le travail de la terre, qui vivent de choses simples. C’est d’ailleurs ce même univers que l’on retrouve dans leurs textes, sur les nouvelles chansons comme les anciennes. “La douceur des petits plaisirs”, “s’émerveiller de ce qui est beau”, “se moquer des autres et de soi”, toujours dans un ton humoristique, doux et bienveillant. C’est un moment festif, convivial que l’on recommande aux locaux comme aux gens de passage. Découvrir le Cabaret Pat’Jaunes c’est découvrir une partie de La Réunion, sa culture, ses traditions, son savoir-faire et son patrimoine, tout cela en l’espace de quelques heures. C’est rire et partager, danser, chanter et se dire que la culture, quelle que soit sa forme, reste essentielle, quoi qu’on en dise. À propos de Pat’ Jaunes Voilà plus de 25 ans maintenant que le groupe Pat’Jaunes fait danser le public de La Réunion (et d’ailleurs). Dans un style atypique, entre danses d’antan, séga et polka, les trois frères Gonthier (François, Michel et Bernard) accompagnés de Claudine Tarby, ont chanté La Réunion dans un spectacle unique sur la grande scène du “Téat”, il y a quelques temps. Il s’agissait pour eux de leur “grand retour” après plus de trois ans d’absence.
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THE PLACE TO BE
LE VIEUX UNE CUISINE PRESSOIR FAMILIALE TEXTE > JULES BERCANTO PHOTOS > JULES BERCANTO
AUTHENTIQUE
Dans la fraîcheur des hauts de Saint-Leu, au cœur du Conservatoire Botanique des Mascareignes, se trouve Le Vieux Pressoir. Un restaurant qui mêle les saveurs créoles aux plats traditionnels tricolores, le tout mené par la famille Durand / Grosset. Un rendez-vous simple, chaleureux et gourmand.
O
ù il existe des fruits, il existe un pressoir. Et à La Réunion, c’est aux Colimaçons, dans les hauts de Saint-Leu que se faisait avant un cidre. De cette époque, il ne reste que des vestiges ; une bâtisse en pierres et un vieux pressoir. Le lieu est devenu aujourd’hui un incontournables pour les touristes et les locaux, à la recherche de saveurs créoles retravaillées par une main de maître, celle de Romain Durand. Un lieu riche d’histoires Bienvenue au Vieux Pressoir, un restaurant atypique qui se situe dans un cadre exceptionnel : le Conservatoire Botanique des Mascareignes. Pour être exact, la cuisine prend place dans les anciennes dépendances de la maison qui appartenait autrefois au Marquis Antoine Sosthène d’Armand de Châteauvieux. À peine franchi le seuil, que le lieu chargé d’histoire transporte le client. Le regard happé par les éléments de décoration, subtils qui donnent à l’endroit une ambiance onirique. Ici, le temps se suspend, comme coupé du monde extérieur, et on se laisse bercer par la nature environnante. En cuisine, c’est Romain Durand qui gère les allée et venues des plats. Ce fils de restaurateurs originaire du Sud-Ouest de la France, débarque à La Réunion porté par l’amour et sa femme : Aurore Grosset, qui a suivi une formation à l’école hôtelière Vatel de Bordeaux. Après plusieurs saisons en Métropole et en Suisse, ils décident de poser leurs marmites sur l’île.
Authenticité et simplicité “C’était il y a six ans, et à l’époque Le Département de La Réunion avait lancé un appel à projet pour la reprise du restaurant Le Vieux Pressoir”, raconte le chef-cuisinier. Ils décident alors de postuler avec le projet de remplacer le snack-bar par un restaurant qui mêle les carrys et les épices, aux légumes lontan et autres tartares. La cuisine met ainsi l’accent sur les produits locaux, les circuits courts, le métissage. “C’est une carte inventive” résume Romain Durand. La carte change tous les trois mois, selon l’inspiration et l’approvisionnement. A titre d’exemple, avec l’actuel contexte, le chef-cuisinier a décidé de supprimer les fritures de sa carte. Son plat signature ? Les escargots au beurre maître d’hôtel aux margoses, en entrée et le parmentier d’effiloché de cochon, confit pendant six heures, au miel. Le restaurant Le Vieux Pressoir attire ainsi, aussi bien les touristes venus visiter le jardin que les habitués, tous conquis par une cuisine simple, généreuse et juste, tant dans les accords que dans les prix. Ici, il n’y a pas de formule, tout est à la carte et à l’ardoise, et tout est fait maison. Le service est de qualité, souriant et très agréable. Cette histoire de famille, c’est une affaire qui marche. Les plats sont bien présentés et l’association des saveurs parfaite. C’est à la fois un lieu original, historique où il est agréable de venir déjeuner (ouvert uniquement le midi). Il est à noter toutefois, qu’il faut penser à réserver la table lorsque l’on souhaite aller au restaurant sans visiter le Conservatoire afin de ne pas payer l’entrée.
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LE VIEUX PRESSOIR
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.
2 Rue du Père Georges, Les Colimaçons 97436 Saint-Leu Tél. : 0262 45 92 59 Ouvert tous les jours de 9h00 à 17h00 sauf les lundis. Le restaurant est ouvert jusqu’à 14h30, après, cet horaire la cuisine ne sert que des snackings. Le restaurant est accessible en dehors de la visite du jardin botanique.