Mag buzbuz #21

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GRATUIT JUIN - JUILLET - AOÛT 2014



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ÉDITO

BISON FUTÉ ET THON À LA CATALANE Chers amis, nous allons tenter de vous expliquer ce qu’il se passe en Métropole en juillet-août, pendant qu’on prend le frais à La Réunion. Donc, au moment des grandes vacances, tels les troupeaux de moutons allant chercher les verts pâturages des montagnes, les Métropolitains ont tous la même idée, celle de transhumer dans leurs voitures et d’aller dans le Sud, vers la mer, le soleil. Comme, l’inverse eût été trop simple, toutes - et on dit bien toutes - les locations estivales s’effectuent du samedi au samedi, voilà donc des dizaines de milliers de voitures qui se retrouvent en même temps sur la même autoroute. Ambiance “Papa, c’est quand qu’on arrive ?” et “Je t’avais dit de sortir à droite, bordel !” assurée. Heureusement, au bord de ces autoroutes se trouvent ce qu’on appelle des “aires”. Celle de Montélimar, par exemple, vous sert un excellent saucisse-frites à quinze euros, accompagné d’un café à trois euros, merci d’être passés, hésitez pas à revenir, on fait notre chiffre de l’année en deux semaines. Il y a du nougat à acheter - le prix du kilo correspond environ au PIB du Portugal - et un type qui propose de masser les conducteurs. On peut même faire coucou à ceux qui, de l’autre côté, rentrent de leurs vacances en tirant la tronche. Il faut éviter de traverser : autant ça bouchonne dans un sens, autant, dans l’autre, ça peut rouler un peu. Le périple est long : comptez cinq heures pour faire Paris-Lyon, autant pour continuer jusqu’à Marseille. Outre que ça brûle pas mal d’essence, il faut la payer, cette autoroute. T’es pas encore arrivé que t’as dépensé la moitié de ton salaire. Et n’essayez pas de passer par les nationales ou les “itinéraires bis” que ce taré de Bison Fûté vous conseille : vous allez finir collé au cul d’un camion, sans pouvoir le doubler dans le Pin-Bouchain. Remarquez, vous pourrez toujours passer par Tarare, capitale mondiale de la mousseline (le tissu, pas la purée), lieu de naissance de votre serviteur, et limitrophe de Saint-Loup, village aux quatre fleurs au classement des villes et villages fleuris de France. Tout ça, donc, pour atteindre un but, la mer. Le sud de la France. En juillet-août, le Sud, c’est sympa. On s’entasse dans des petits studios, on mange du thon à la catalane parce que personne n’a envie de faire à bouffer, et on boit du sirop de grenadine. Faut débarrasser le bordel de la voiture, le coffre de toit - dont l’invention fut une bénédiction au moins aussi importante que celle des languettes sur les flans au caramel - et passer, ensuite, ses vacances à se faire entuber. Au supermarché, parce que les prix triplent. Au resto. Avec le type qui vend des chouchous (les pistaches grillées, pas le légume de Salazie). Avec celui qui vend des glaces. Avec l’autre, là, qui écrit ton nom sur un grain de riz et qui te vend ça au prix d’un sautoir Zwarovski. La plage peut être du repos… Non, on se retrouve comme il y a quelques heures, sur l’A6, le nez dans le poids lourd de devant, le voisin qui colle et les enfants qui gueulent. Pas de place sur le sable, pas de place dans l’eau à 21°C. Ça fait de super vacances. C’est donc ça, les fameuses “journées classées noires dans le sens des départs”, ou le “chassé-croisé entre les juillettistes et les aoutiens” qu’on entend dans les flashes nationaux… Une sorte de monde de fous qui ne connaît pas - ou si peu - le bonheur simple des bouch ons du Boulevard Sud à la mi-août, le jour de la rentrée scolaire réunionnaise. LA RÉDACTION DE BUZBUZ

RÉDACTION Anne Rochoux, Muriel Weiss, Anne Chans, Leila Patel Raïssa Sornom-Aï, Loïc Chaux, Livy, Catherine Grégoire

RETROUVEZ-NOUS SUR LE NOUVEAU SITE WWW.BUZBUZ.RE

DIRECTION ARTISTIQUE Pascal Peloux

GRAPHISME Pascal Peloux

SHOPPING Stylisme : Catherine Grégoire, Olivia Guezello

MODE COUVERTURE

Stylisme : Samantha Camara

Mannequin : Krapo Lazer Photo : Romain Philippon

PHOTOGRAPHES

BUZBUZ MAGAZINE Bimestriel N° 21 Juin - Juillet - Août 2014

Romain Philippon, Gwael Desbont, Stéphane Repentin

IMPRESSION DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

Graphica

Pascal Peloux

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RÉDACTEUR EN CHEF

BuzBuz Magazine Tél. 0692 55 99 98 contact@buzbuz.re

Loïc Chaux

SARL au capital de 3250 euros 1, rue Claude Monet - Apt n°5 97490 Sainte-Clotilde 0692 55 99 98 contact@buzbuz.re

www.buzbuz.re ISSN 2114-4923 Dépôt Légal : 5836 Toute reproduction même partielle interdite.

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LE NEZ DE H O RS TEXTES RAÏSSA SORNOM-AÏ PHOTOS GWAEL DESBONT

VIEILLE BÂTISSE * À coup sûr, vous avez déjà entendu parler de ce nouveau bar. Son emplacement fait craquer les amoureux des endroits nobles et authentiques. Son esprit loft donne un cachet hors pair au lieu. Sa musique jazz diffuse une ambiance de vieux New York. Ses tapas sont faits maison et, à ce qu’il paraît, le camembert rôti fait fondre les épicuriens. Vous êtes conquis ? On vous conseille de foncer en after work. Début des festivités : dix-sept heures pétantes ! Si vous n’avez pas votre table, pas de panique, il reste bien quelques places près de la devanture. C’est là aussi tout le charme du Ti Coz, un espace ouvert et chaleureux où l’on se sent comme à la maison. TI COZ, 18 RUE DE NICE, SAINT-DENIS. TÉL : 0262 30 72 02. OUVERTURE : DU MARDI AU SAMEDI, 17H-00H. DIFFUSION DES MATCHES DE FOOTBALL PRÉVUE LORS DE LA COUPE DU MONDE *Ty Coz en Breton.

TROPICAL SHOP

SHOP TROTTER Connaissez-vous le nouveau quartier de Saint-Pierre ? Il s’est construit en plein centre-ville historique l’année dernière. Récemment, des enseignes renommées ont posé leurs valises. On en a scruté quelques unes et on a découvert des nouveautés. On a shoppé les dernières tendances de prêt-à-porter espagnol, fait une razzia sur des produits et des épices indiens, profité des bienfaits d’une boutique qui sent bon la Méditerranée et dégusté une gourmandise qui arrive tout droit de Californie. Il y a aussi d’autres enseignes mais on vous laisse le soin de vous balader dans la jolie rue du Mail pour les découvrir. C’est agréable, il y a un parking à proximité et en plus, le marché couvert est à quelques pas. Vous n’allez pas regretter votre escale ! ZAC DU MAIL (AGORA, NOCIBÉ, MANGO, ÖGUAVA, OCCITANE, SACAGE, TIPOTAM, COVEN GARDEN...), AVENUE DES INDES, SAINT-PIERRE

Ne cherchez plus la nouvelle boutique à la pointe de la mode, elle se dresse devant vous avec un store noir et blanc très chic. Premier coup d’œil à la vitrine : du bleu roi, du mobilier en rotin, des perroquets... Vous l’aurez deviné, ça sent bon les vacances sous les tropiques ! Ça tombe bien, c’est exactement l’idée de Soraya, celle qui tient la boutique. Elle a souhaité un lieu exotique façon années cinquante, sublimé par une pointe de modernisme. On vous laisse la surprise du côté des fringues mais sachez que notre férue de mode a réussi haut la main à mixer les tendances et les prix. Il y a des marques anglaises, suédoises et américaines bel et bien avant-gardistes. Voilà de quoi bousculer nos habitudes sous notre latitude ! SO BOUTIQUE, 132 D RUE JULIETTE-DODU, SAINT-DENIS. TÉL : 0262 31 15 35. OUVERTURE : LE LUNDI, 14H-19H ; DU MARDI AU SAMEDI, 10H-19H



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LE NEZ DE H O RS

BULLES DE PLAISIR On vous jette de suite à l’eau : dans ce nouveau lieu, les vêtements ne sont pas autorisés. Deuxième point avant de vous laisser séduire par le concept : au Bubbles, le libertinage est synonyme d’ouverture sexuelle et n’est pas interdit. Si vous êtes prêts à franchir le pas, vous n’allez pas être déçus du voyage ! C’est Didier, le responsable du lieu lui-même qui l’assure. On s’est faufilé à l’intérieur et on a découvert un spa, un hammam et un sauna. C’est relaxant, un poil japonisant avec des décorations hors du commun comme les photographies des années quatre-vingt. À l’étage, c’est beaucoup plus coquin. Chacune des pièces est dédiée à des jeux sexuels, livrés sans mode d’emploi, pour vous laisser faire ce que vous voulez. Si votre curiosité vous pique, allez y faire un tour, c’est ouvert sept jours sur sept. BUBBLES, 18 BOULEVARD DE LA PROVIDENCE, SAINT-DENIS. TÉL : 0262 98 23 53. OUVERTURE : DU LUNDI AU DIMANCHE, 12H30-21H

HOME SWEET HOME

ET QU’ÇA SAUTE ! Une crêperie ambulante menée par deux jolies bretonnes, ça vous dit quelque chose ? Si vous êtes du genre à barouder dans les festivals, à coup sûr vous les avez déjà croisées ! Depuis peu, Emilie et Caro se sont installées dans un endroit charmant qui fleure bon les crêpes et les galettes. Elles ont rameuté avec elles tous les secrets de leurs recettes. La farine et le lait sont bios, les ingrédients acheminés dans un esprit locavore et les pâtes confectionnées dans la tradition de leur région d’origine. Le péché de gourmandise ultime : la crêpe au caramel beurre salé à la fleur de sel de Saint-Leu et au sucre de Mascarin. Un caramel tellement divin qu’elles en ont fait une marque déposée : Karapéi ! LA Z’OLIE CRÊPE, 12 D RUE FRANÇOIS-DE-MAHY, SAINT-LOUIS. TÉL : 0692 14 25 24. OUVERTURE : DU LUNDI AU VENDREDI, MIDI (SUR PLACE OU À EMPORTER) / SERVICE CONTINU EN JOURNÉE ; À PARTIR DE SEPTEMBRE, LES MERCREDI, JEUDI ET VENDREDI SOIR

Dans la boutique dont on va vous parler, on est sûrs d’une chose : vous allez forcément avoir le béguin pour un truc. La banquette en rotin devenue hype signée Kok, l’extincteur de maison ultra tendance qu’on aimerait bien acheter là, maintenant, le tissu alpaga issu directement de l’Himalaya ou le luminaire design de créateur. Oui, vous aurez du choix, de bon goût, avec l’originalité tant attendue qui manquait tant à votre intérieur. On dit merci Françoise, celle qui écume les salons d’Europe et d’ailleurs pour nous ramener le truc en plus. Le top du top, vous pourrez bichonner votre maison avec du Briochin ; un produit bio et naturel qui fait frissonner les dingues de ménage depuis 1919 ! LE COMPTOIR, 3 AVENUE PITON-TRÉPORT, SAINT-PAUL (ZI CAMBAIE). TÉL : 0262 55 23 20. OUVERTURE : DU MARDI AU SAMEDI, 9H30-18H30


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LE NEZ DE H O RS

MODE IN DÉPÔT

new SAINT-GILLES 30 av. du Gal de Gaulle

Avis aux fashionistas. Nous avons le repaire qu’il vous faut pour avoir de n nouvelles fringues. Son nom : Les Poupées Russes, comme l’histoire d’une femme qui en cache une autre et une autre... et d’une nouvelle vie pour les habits. Edwige, celle qui tient ce dépôt-vente, privilégie avant tout les marques haut de gamme. Bash, Sandro, Maje, Vanessa Bruno, Isabelle Marant et toutes les autres marques qui font frémir les passionnés de mode. Soyez-en sûrs, les dernières pièces s’arrachent à des prix inégalables ! Pour celles qui ont des trésors à troquer, ils sont examinés sous toutes les coutures. Une fois le prix fixé, vos pièces ont deux mois pour se faire la belle dans la boutique. Vos vêtements vendus, vous repartez avec des sous ou un bon d’achat à dépenser dans la boutique Les Jolies Choses. C’est juste en face, on traverse la rue et on se fait plaisir ! LES POUPÉES RUSSES, 93 RUE FRANÇOIS-DE-MAHY, SAINT-PIERRE. TÉL : 0262 25 53 23. OUVERTURE : DU MARDI AU SAMEDI, 10H-12H // 15H-18H. DÉPÔT DE VÊTEMENTS, CHAUSSURES ET ACCESSOIRES, SUR RENDEZ-VOUS UNIQUEMENT ET LE MATIN

ROCK IN HONOLULU

SAINT-PIERRE 90 rue M. & A. Leblond 0262 49 64 02

SAINT-DENIS 21 rue de Nice Une inspiration puisée à Londres, un univers rock ’n’ roll et des idées déjanté déjantées ! Bienvenue dans le nouveau bar qui borde La Falaise à Saint-Leu. C’est chez Elodie et elle a mis le paquet pour la déco. Il y a des pièces authentiques comme les flotteurs marins, les tissus des assises arrivent directement d’Honolulu et les statues moaïs sont fabriquées avec du sable de l’Étang-Salé. Vous avez du mal à imaginer ce que ça donne ? C’est normal, il faut y aller et se poser le temps d’une soirée pour en apprécier tout le charme. Plus d’une cinquantaine de cocktails vous attendent et certains sont même servis dans des tiki mugs ! N’oubliez pas de faire un tour à l’étage, le shop ravira les nostalgiques de Camden. C’est rock ’n’ roll jusqu’au bout, on vous aura prévenus ! LEU TIKI, 51 BIS RUE DU GENERAL-LAMBERT, SAINT-LEU. TÉL : 0262 19 48 02. OUVERTURE : DU JEUDI AU LUNDI, 18H-00H

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ART, C ULT URE URBA I N E E T M ULT I M ED I A TEXTES ANNE CHANS, LIVY — PHOTOS ROMAIN PHILIPPON

QUI A PEUR DE MICKEY? C’est fait, l’association de promotion de plasticiens locaux, Constellation, lance sur son site une page pour acheter les œuvres de ses artistes. Pour ceux qui auraient raté le vernissage de Freddy Leclerc, la Trempette, c’est le lieu où revoir ses dessins en noir et blanc réalisés entièrement au feutre noir. Le graphiste de l’Azenda produit ici sa première exposition à trente-trois ans avec dix-huit dessins et quatre sérigraphies de dix exemplaires chacune. Selon ses propres dires, c’est un hommage aux cartoons des années cinquante : “Quand vous regardez un dessin animé, en général vous vous sentez bien”. Sauf que là, il a délibérément cherché

à enlever le côté rassurant de ces images d’enfants, les personnages se confondent les uns dans les autres, perdant leurs têtes, leurs jambes ou devenant des siamois inquiétants. Rien de traumatisant pour autant, puisque le

désir de l’artiste est “qu’un jeune de sept ans, aussi bien qu’un vieux de soixante-dix-sept, puissent trouver quelque chose à regarder.” Le prochain rendez-vous avec Feeddy aura lieu à La Tête dans les Étoiles courant juillet.

SUR LA TOILE...

RIEN NE SE PERD, TOUT SE TRANSFORME. Voilà la devise de l’association Les Palettes de Marguerite, qui a pour but l’insertion et la réinsertion socio-professionnelle des personnes en difficulté. Leur domaine, la création d’objets : meubles et déco, à base de matériaux de récup’, palettes et autres. Retrouvez leurs créations sur leur page Facebook ou leur site web : lespalettesdemarguerite.eu et n’hésitez pas à leur envoyer vos demandes, vous ne serez pas déçu. C’est original, unique et pas cher.

POCPOC, Y’A QUELQU’UN ? Oui et y’a pas mal de monde même étant donné qu’il s’agit d’une plateforme réunionnaise de financement participatif. Ici les internautes soutiennent financièrement des projets auxquels ils croient et les rendent réalisables : lentilles de Cilaos, mode équitable, énergies renouvelables… vous y croyez, vous donnez des sous ! Alors pas une minute à perdre et RDV sur pocpoc.re pour aider nos porteurs de projets locaux

VOUS ALLEZ CRAQUER LES FILLES ! Si vous ne connaissez pas encore cette marque de bijoux fabriqués main à la Réunion, il est grand temps de vous connecter sur la boutique en ligne de clairebourdon.com. Des collections de rêve et originales : sautoir, bijoux de tête, bijou de dos, boucles d’oreilles… autant de raisons de craquer et de se faire livrer ces petites merveilles à la Réunion ou ailleurs. Petit bonus : Claire et Emilie, nos créatrices de génie, ont un petit côté écolo et nous proposent une gamme de bijoux “responsables” . Nous on adore !

DEUX AMIES, DES IDÉES, DES ENVIES = UN BLOG = LA CABINE On vous présente un blog local qui n’a pas la prétention de révolutionner le monde mais qui selon nous, peut révolutionner votre regard sur le monde ! Ici on se sent un peu comme entre amis, on partage et on découvre tout plein de choses : des portraits, des recettes, des photos et des choses insolites. On ne se prend pas au sérieux et on a envie d’y revenir très souvent pour y lire toujours plus de sujets hors du commun. Tout ça sur : bloglacabine.com.


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BIENVENUE À WONDERLAND CITY

LES ÉLECTROPICALES ONT MIS LEUR SCÉNOGRAPHIE DANS LES MAINS DE GUILLAUME LEBOURG DEPUIS QUATRE ANS. CETTE ANNÉE, C’EST SUR LES JEUX DE LUMIÈRE QU’IL S’EST CONCENTRÉ. UN SAVANT MÉLANGE DE PRÉPARATION ET D’IMPRO.

L

a scénographie, c’est l’une des marques de fabrique des Électropicales. Outre la deuxième scène, au côté brut et entourée de conteneurs, les plantes suspendues d’Alain Gernignon et Laurent De Wilde, le pianiste enroulé de gaze où se reflétaient des images, nous avons noté la scénographie de Guillaume Lebourg. Celui-ci était, cette année, encore, chargé de transformer le lieu, amener le spectateur dans un autre univers, tout en lui balisant le parcours. Le plasticien qui collaborait avec le festival pour la quatrième fois a donc tenté de créer une ville merveilleuse, Wondercity. Son outil : la lumière, au lieu des projections d’images des années précédentes. Guillaume Lebourg était bien entouré. Altruiste, il a profité de notre rencontre pour dire merci, comme à la remise des Césars : “Vous penserez à dire que je remercie les entreprises avec qui j’ai travaillé, l’électricien du festival, les bénévoles qui se sont donnés à fond, Geoffrey, le Collagiste et Superscript2.” C’est fait. Sinon ? Superscript2 a été évoqué. Il s’agit d’un collectif de graphistes, scénographes, codeurs lyonnais, rencontrés grâce aux Nuits Sonores. Ils avaient la charge de travailler sur les lettres composant “Wondercity” : “Nous voulions créer des objets qui servent, un mobilier qui soit aussi

un décor”, explique Patrick Lallemand, membre du collectif. Ainsi le “E” est devenu le bar et le “T” indiquait les toilettes. Une typographie créée avec les élèves de l’école des beaux-arts plus ou moins motivés à s’impliquer. Le gros du boulot fut de mettre en lumière la scène principale. Guillaume Lebourg avait choisi une structure en bois sur laquelle reposaient d’énormes chaudrons. “Nous avions travaillé sur des effets de lumière et de fumée pour donner une impression de bouillonnement, ça a très bien fonctionné”, décrit Pierre Delmas-Bouly, lui aussi membre de Superscript2. Ceux-ci aiment quasiment toujours improviser les effets de lumière, grâce à leurs machines dont ils ont écrit les codes. “C’est un exercice de composition, nos outils sont nos instruments. C’est un DJ set de lumière, nous devons coller aux scénarios, aux ambiances et créer une vraie rythmique lumineuse, suivre les montées, etc.” raconte le troisième larron de la bande, Martial Goeffre-Rouland. Il trouve aussi beaucoup de plaisir dans l’adaptation aux contraintes techniques et budgétaires. Depuis quelque temps, beaucoup d’artistes s’attachent à leur scénographie ; la musique électronique ne montrant qu’un DJ sur scène, c’est un plus en terme de spectacle.


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CULTU RE PO P TEXTES LOÏC CHAUX

LES SCARABÉES BOURDONNENT À NY RINGO ET PAUL SE SONT RÉUNIS SUR LA SCÈNE DES GRAMMY CINQUANTE ANS APRÈS LEUR PREMIER VOYAGE CHEZ LES RICAINS. À L’ÉPOQUE, UNE RÉVOLUTION.

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novembre 1963, 12h30, Dallas, Texas. John F. Kennedy se fait exploser la tête alors qu’il parade dans les rues de la capitale texane et sous les yeux de Jackie. L’Amérique est bien partie pour pleurer pendant longtemps son jeune président démocrate. Pourtant, un médicament venu de l’autre côté de l’Atlantique va venir atténuer quelque peu la peine des Etats-Uniens, surtout celle des jeunes filles en fleur. En effet, les Beatles s’apprêtent à débarquer chez l’Oncle Sam pour leur première tournée hors de la vieille Europe. Une idée du gourou-manager, le cinquième Beatle officieux, Brian Epstein. Les Scarabées sont déjà adulés en Angleterre, ne reste plus qu’à conquérir le monde. Il organise donc une tournée dans tout le pays, deux passages au Ed Sullivan Show et, pour faire monter la sauce, sort deux albums coup sur coup. Si Introducing… The Beatles passe relativement inaperçu, Meet The Beatles ! entre directement en tête du Billboard 200, le classement américain des ventes d’album. Pour l’anecdote, ils détrônent, en février, Sœur Sourire et son tube Dominique, nique nique… qui a squatté dix semaines. Il fallait que ça cesse. La tournée commence vraiment le 7 février 1964, au départ de Londres : des milliers de

fans viennent dire au revoir au Fab Four, alors qu’une radio new-yorkaise tient l’Amérique au courant de l’avancée du voyage, heure par heure. À l’arrivée dans l’aéroport nouvellement nommé JFK, les Beatles sont plongés dans l’essoreuse de l’entertainment à l’américaine. Dix mille – jeunes – gorges se brisent les cordes vocales, les garçons dans le vent ne maîtrisent plus rien. On les amène à une conférence de presse improvisée, les journalistes se grimpent dessus, les fans tapent contre les vitres, ils racontent des blagues. Les jours suivants, pendant chaque apparition publique, des petits malins placent des affiches publicitaires derrière les Beatles, histoire d’associer leur image à tous les produits possibles et inimaginables. Une publicité agressive qui ne sied guère à John et aux autres, encore naïfs sur l’économie parallèle qu’ils peuvent générer – ils se rattraperont pas mal par la suite. Au bout de deux jours aux Etats-Unis, des 33 tours gravés à partir d’enregistrements pirates de leurs interviews sont déjà en vente sous le manteau… Mais ils sont venus pour chanter, les Beatles. Ils passent donc en direct au Ed Sullivan Show, l’émission la plus regardée alors aux USA. Boum : record d’audience explosé, 73 millions (!) de téléspectateurs, presqu’un américain sur deux. Et encore : ils n’ont chanté que cinq

chansons, et pas les meilleures (dont la niaise I Want To Hold Your Hand), ce qui vaut d’ailleurs des commentaires légèrement méprisants de la part de la presse new-yorkaise, jugeant les Beatles aussi “inoffensifs que le hula hoop”. La suite, ce sera une tournée de trente et une dates en Amérique du Nord, peut-être bien le début de la lassitude des Beatles pour la scène. Ils se rendent compte qu’ils ne s’entendent plus jouer, que leur public ne vient même plus pour écouter de la musique ; Lennon s’amusera même à faire des fausses notes ou à réaliser des grimaces se moquant du public, sans que personne ne s’en rende compte, trop occupé à crier et à lancer sur scène des jelly babies, bonbons gélifiés prisés par les adolescentes d’alors… Cette tournée restera dans l’histoire de la musique comme la première d’un groupe européen en terres américaines, ouvrant la voie à tous les autres. Pour les Beatles, elle représente deux choses importantes. Elle leur permet d’abord de se rendre compte de l’économie qu’ils peuvent générer, par le biais des produits dérivés. Surtout, elle leur fait découvrir la marijuana : un soir, dans un hôtel de Dallas, Bob Dylan vient passer la soirée avec eux, et fait tourner des joints. Probablement le début du basculement des Beatles vers de nouveaux horizons musicaux, les meilleurs.

DAMON ALBARN Everyday Robots

PIXIES Indie Cindy

DJANGO DJANGO Late night Tales

Parlophone Blur, Gorillaz, The Good, The Bad and The Queen, le CV de Damon Albarn est sacrément fourni. Et bon. Pour son premier album solo, qu’on a écouté en boucle, la folie de Blur a laissé la place aux ballades hyper bien produites, avec force instruments bigarrés. Albarn, en plus d’être un génie de la musique, est peut-être la dernière vraie star du rock. De celles qui se renouvellent toujours. Cet album en est la preuve.

PIAS C’est l’éternel problème avec les groupes de rock du passé : on compare leurs nouveaux albums avec ce qu’ils faisaient avant. Alors, Indie Cindy n’est pas mauvais : Jaime Bravo, par exemple, montre qu’ils peuvent encore faire du bon rock. Hélas, Ring the Bells a tendance à nous faire oublier que ce groupe a quand même influencé le grand Kurt…

Late Night Tales est une série de compilations réalisée, à chaque opus, par un groupe différent. Cette fois, les Ecossais de Django Django s’y mettent, avec des samples à base de Canned Heat, Primal Scream, Beach Boys. Ce qui est chouette, en plus, c’est que l’album compte... vingt et un titres !


A OÛ O ÛT OÛT Û T – DDÉ DÉC ÉCE CEM EMB EM MBR MB BRR E 20 2014

LA BOUTIQUE QUI VA AVEC... UN BONBON

LE JELLY BABY Un jour, Harrison a eu le malheur de dire qu’il aimait bien manger des jelly babies. Depuis, les Beatles n’ont plus fait un concert sans se faire arroser de ces bonbons acidulés et gélifiés.

JULIETTE HUREL & HÉLÈNE COUVERT DANYÈL WARO ZANMARI BARÉ ZISKAKAN NUIT KABAY

LABELLE + ÉLECTRO BAMAKO ALICE MULLIEZ ÉRIC POUNOUSS’ PAT’JAUNE HIL ÈME LA 5 NUIT DU COURT MÉTRAGE TOGUNA METROPOLITAN OPERA NATACHA TORTILLARD CIE SAKIDI BALLET DU BOLCHOÏ

LES BALLETS C DE LA B ALAIN PLATEL SIDI LARBI CHERKAOUI AURÉLIEN BORY COMPAGNIE 111 YUVAL PICK CCN DE RILLIEUX-LA-PAPE ROBYN ORLIN ET JAMES CARLES LA COMPAGNIE DU ZEREP CRISTIAN DUARTE JÉRÔME BRABANT NICOLAS GIVRAN

COMPAGNIE TÉTRADANSE COMPAGNIE ARGILE MYRIAM OMAR AWADI ET NICOLAS GIVRAN TODD ANTHONY PRZEMEK DZIENIS LOUISE BOURGEOIS CIE CIRQUONS FLEX MORINGUE ANGOLA HIP HOP ÉVOLUTION ET COMPAGNIE E.GO SOUL CITY

DOMINIQUE PITOISET EDMOND ROSTAND CYRANO DE BERGERAC AVEC PHILIPPE TORRETON

COMPAGNIE NON NOVA ANDRÉ MANOUKIAN & CHINA MOSES DUO

A HARD DAY’S NIGHT Vrai-faux documentaire sur le quotidien des Beatles, tourné en 1964, où l’on voit que, où qu’ils aillent, ils sont assaillis par les fans – qui ne sont d’ailleurs pas des acteurs, mais de vrais fans.

UN DISQUE

MAGICAL MYSTERY TOUR Parmi les albums sortis uniquement aux Etats-Unis, celui-ci est une sorte d’ovni, en 1967. Les Beatles ne font alors plus de concerts, s’enferment dans des studios, et produisent enfin de la musique. Quelques mois après Sgt Pepper, voilà donc un autre délire psyché adossé à un film tout aussi barré.

UN OBJET

L’OREILLER Après le passage des Beatles à Kansas City lors de la tournée de 64, le propriétaire de l’hôtel dans lequel ils ont dormi a découpé les taies d’oreiller de leurs chambres, et a revendu les minuscules morceaux un dollar pièce.

2014 / PHOTO © PRZEMEK DZIENIS DESIGN GRAPHIQUE RÉMI ENGEL

+ ANNE DRULA

UN FILM

www.regionreunion.com


DERRIÈRE LA PO RT E

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CAPITAINES A DOCKS

99% DES MARCHANDISES QUI ENTRENT À LA RÉUNION LE FONT PAR SON PORT PRINCIPAL, AU PORT, AMENÉES PAR QUELQUE SEPT CENT CINQUANTE NAVIRES. POUR ACCOSTER, LES COMPAGNIES FONT APPEL À DES PILOTES SPÉCIALISÉS QUI INTERVIENNENT NUIT ET JOUR, PAR TOUS TEMPS. BUZBUZ A SUIVI L’UNE DE CES OPÉRATIONS.

TEXTE MURIEL WEISS PHOTOS ROMAIN PHILIPPON

I

l connaît le port comme sa poche : Frédéric Royer aide les navires à y circuler depuis dix-sept ans. Le président du Syndicat professionnel des pilotes maritimes de La Réunion, après dix années dans la marine marchande, gère les allées et venues de tous les bateaux de plus de 50 mètres. Lourde responsabilité pour une équipe de onze personnes comprenant pilotes, patrons de vedettes et équipages. L’expérience compte dans un métier plein d’aléas et de risques, qui “demande beaucoup de concentration”, selon notre capitaine. Officiellement, le pilote n’est que “l’assistant” du commandant. “En réalité, [il] prend la manœuvre du navire, avec l’accord du commandant.” Le pilote doit donc se rendre à bord ; opération périlleuse (surtout pour une journaliste de BuzBuz non aguerrie à la voltige maritime) qui consiste à venir coller une petite vedette à l’énorme charbonnier – en l’espèce –, à attraper une échelle de corde lancée par-dessus bord et à grimper, sans regarder en bas, un bateau haut de plus de 35 mètres. Une fois à bord, le plus dur est passé pour BuzBuz… Pas pour Frédéric Royer, qui distribue ses ordres par talkie-walkie aux deux remorqueurs arrimés à l’avant et à l’arrière du mastodonte. Le pilote doit d’abord prendre ses marques. “On se repère au jeu directionnel d’entrée de port signalé par une lumière : blanche quand on est dans l’axe, verte quand on est trop à droite et rouge quand on se positionne trop à gauche.” Le commandant suit consciencieusement les consignes du pilote. Quand tout se passe bien, la manœuvre prend une heure. Mais l’exercice est toujours particulier, les spécificités du bateau ou les conditions météo étant souvent différentes… comme l’humeur et la bonne volonté du commandant. “Aucun n’a jamais refusé notre aide mais certains n’écoutent pas, voire contestent nos directives. Il est alors impossible de manœuvrer et nous sommes obligés de nous mettre d’accord avant de reprendre le pilotage.”

Les erreurs d’inattention existent. Il y a quelques mois, un coup de vent a surpris un pilote manœuvrant un cargo de voitures. Bilan, “un trou de 2,5 mètres dans la coque.” Ces accidents sont rares et pris en charge par les assurances mais ils prouvent bien que chaque instant est capital : “Nous sommes en permanence dans la gestion du risque et le danger pour l’environnement est réel.” Audelà des équipements du port à protéger, d’aucuns se souviendront de l’Alamandas, dont les billes d’acier qu’il transportait ont pris feu et qu’il a finalement fallu aller couler au large ; ou de ce bateau mauricien venu s’échouer en pleine nuit, non loin du Butor. Sollicité en tant que “conseiller spécial ès navires”, Frédéric Royer est intervenu dans ces deux situations. Un bon moyen de ne pas perdre de vue que la mer reste toujours la plus forte.


UNE BLONDE DE PUR CARACTÈRE

L’HERITAGE DES MAITRES BRASSEURS RÉUNIONNAIS

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ - A CONSOMMER AVEC MODÉRATION


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SHOPP I N G STYLISME CATHERINE GREGOIRE PHOTO STEPHANE REPENTIN

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01. Table + tabouret enfant modulable épicéa et feutre trois coloris 215 €, ORIGINE, 59 rue Jean-Chatel, Saint-Denis. 02. Blouson New Era doublure imprimée hawaïen 129 €, VILLA STREET, 58 rue Juliette-Dodu, Saint-Denis. 03. Tee-shirt homme Kabar modèle Maloya Sound System en coton biologique 22 €, aéroport Roland-Garros, renseignements sur www.facebook.com/ kabar974. 04. Bourse brodée fleurie Ethnochic 79 €, JORDANE LOU VINTAGE ACCESSOIRES, 64 rue Juliette-Dodu, Saint-Denis / 16 rue du Commerce, Saint-Paul. 05. Tabouret collection M sérigraphie sur bois 35€, LOLA K10, 21 rue de Nice, Saint-Denis / 90 rue Marius et Ary-Leblond, Saint-Pierre / 32 rue du Général-de-Gaulle, Saint-Gilles-les-Bains. 06. Gilet en dentelle blanche 38 €, SIMONE, Forum, 85 avenue du Général-de-Gaulle, Saint-Gilles / 7 rue du Collège-Arthur, Saint-Pierre. 07. Chemisette Schott Navy Stars 85 €, MESSIEURS-DAMES, 93 rue François-deMahy, Saint-Pierre. 07. Bermuda Solid 69 €, MESSIEURS-DAMES. 08. Bijoux de col 59 € et collier Spider 49 €, www.livy.re. 09. Casquette New Era 39 €, GENETIK SHOES, 163 rue Jean-Chatel, Saint-Denis. 10. Pochette zèbre + chaînette 1951 Maison Française 105 €, CHARLIE BLUE, Saint-Pierre.


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L’HERITAGE DES MAITRES BRASSEURS RÉUNIONNAIS

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ - A CONSOMMER AVEC MODÉRATION


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SPORT TEXTE LOÏC CHAUX PHOTO ROMAIN PHILIPPON

épiques qu’ont offertes les échecs. De Bobby Fischer, mettant des raclées aux Russes en pleine Guerre froide avant de devenir à moitié fou ; de Deep Blue, l’ordinateur qui a fait peur au monde entier en battant le champion du monde Garry Kasparov ; ou de l’actuel champion du monde, Magnus Carlsen, vingt-deux ans, désigné homme le plus sexy en 2013 par le Cosmopolitan anglais. Non, on est simplement allés faire un tour à l’Echiquier du Nord (EDN), le club dionysien d’échecs. On y a rencontré Jean Olivier, le président, qui avait des choses à nous raconter.

PREMIER DÉPARTEMENT EN NOMBRE DE LICENCIÉS

SPORT FESTIF

CE MOIS-CI, BUZBUZ N’A PAS TRANSPIRÉ : IL A JOUÉ AUX ÉCHECS. EH OUI, PARAÎT QUE C’EST UN SPORT. TEXTE LOÏC CHAUX PHOTO ROMAIN PHILIPPON

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Il a fallu se justifier. – “Ecoute, cet après-midi, je ne suis pas libre. – Pourquoi ? – Je vais voir des joueurs d’échecs. – Tu te fiches de moi ? – Non, sans déconner, pour la page “sport” de BuzBuz, j’ai décidé de parler des échecs, faut bien que j’aille voir ce que ça donne. – C’est un sport, ça ? – Paraît, ouais. – Passionnant. Il fait beau, et tu vas aller t’enfermer au milieu de binoclards qui jouent aux dames… – Aux échecs. Et ouais, y a des chances que ce soit pas le moment le plus fun de ma carrière.”

Voilà où ça mène, de faire le malin en conférence de rédaction. De dire, devant les collègues : “Et ouais, les échecs, c’est un sport, alors on en parle dans la rubrique “sports”. Et vous allez voir ce que vous allez voir.” Sans vous préciser forcément pourquoi – sinon, il faudrait définir ce qu’est un sport, et c’est compliqué, on n’a pas la place – les échecs sont en effet une discipline sportive, puisqu’ils dépendent en France du Ministère de la jeunesse et des sports et que la Fédération internationale (FIDE) milite auprès du Comité international olympique (CIO) pour apparaître au programme des Jeux olympiques. Comme le bridge, le wushu ou la lutte à la corde. Alors, on aurait pu vous parler de ces histoires

Pas tant sur le jeu d’échecs que sur la présence de ce sport à La Réunion. Car, tous les mois, la Fédération réalise un classement national des clubs en fonction du nombre de licenciés. Premier club français ? L’Échiquier de l’Ouest, à Saint-Paul, avec 882 joueurs. Dans les dix plus gros clubs de France, quatre sont Réunionnais ; et La Réunion est le département comptant le plus de licenciés, avec 3282 membres au dernier recensement. Jean Olivier tente une explication : “Nous faisons beaucoup d’actions auprès des écoles, et les enfants se passionnent vite pour les échecs, ils demandent ensuite à leurs parents de rejoindre un club.” D’ailleurs, ce fut une des grandes surprises lors de notre visite à l’EDN : loin de l’ambiance feutrée et silencieuse que nous avions prédite, la salle vibrait d’une joyeuse cohue d’enfants se marrant franchement. Jean Olivier en rit : “Ah, mais pour les enfants, il ne faut pas que ce soit scolaire, il faut que ce soit un amusement !” Les enfants du quartier on droit eux aussi à venir s’amuser et, finalement, on se retrouve dans un endroit aussi joyeux qu’un terrain de sport. Si les bases doivent d’abord être ingérées dans un cours magistral – mais qui se veut aussi ludique – il se trouve que ces marmailles ont l’air de s’éclater avec leurs tours et leurs cavaliers. Parlant de son enfant, une maman nous explique : “Il se passionne pour ce jeu, il refait ses parties dans sa tête ; j’ai l’impression que dans sa vie, ça lui apporte beaucoup.” Et apprendre à ses parents un truc qu’ils ne connaissent pas, ça n’a pas de prix. Pas si ennuyeux que ça, finalement, les échecs.



EXTRA M URO S

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ADIEU PRISON

LA PRISON JULIETTE-DODU NE SERA PLUS UN LIEU D’ENFERMEMENT POUR LA PREMIÈRE FOIS DEPUIS TROIS SIÈCLES : ELLE A ÉTÉ VENDUE. TEXTE LOÏC CHAUX PHOTOS STÉPHANE REPENTIN

L

e lieu commun serait de parler de “page qui se tourne”. Peut-on vraiment utiliser cette expression quand il s’agit de la prison Juliette-Dodu, et que la page en question est quasiment épaisse de trois cents ans ? Voilà donc que ces bâtiments de centre-ville, lieux faisant partie de l’histoire dionysienne mais plus sûrement encore réunionnaise, vont – enfin – trouver preneurs. C’est la SHLMR, bailleur social, qui a acheté le lieu pour quelque 1,9 million d’euros. Voilà en effet cinq ans que les détenus, le personnel, bref tous les occupants ont été transférés à Domenjod. Cinq ans que ces quelque 4000 mètres carrés sont inoccupés, à l’abandon. Que vont-ils devenir ? Le cahier des charges était strict ; on ne fait pas n’importe quoi de pareil morceau d’histoire. La SHLMR aura plusieurs engagements à tenir. D’abord, plusieurs parties du bâtiment possèdent des éléments patrimoniaux,

historiques et architecturaux dignes d’être conservés. Les bâtiments actuels étant le résultat d’un patchwork de constructions prévues pour agrandir une prison sans cesse trop petite au cours de l’Histoire, seuls quelques uns ont un intérêt aux yeux de l’Architecte des bâtiments de France. De plus, il y a un an, des fouilles ont mis au jour quelques éléments de la construction initiale, datés du XVIIIe siècle. Voilà peut-être le bout du fil d’une pelote que le futur propriétaire devra s’engager à continuer de démêler, afin d’en savoir un peu plus sur un des plus vieux bâtiments de l’Île. Puis, l’État, propriétaire des lieux, a imposé aux candidats au rachat – ils étaient trois – la construction de logements sociaux, qui devront occuper la majeure partie de la surface. Des voies piétonnes devront aussi être percées, des commerces installés, afin de faire de cet ancien lieu de mort – les exécutions capitales y avaient lieu – un lieu de vie. Le symbole n’est pas mince.


EXT R A MU RO S

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PORTRA I T

BYE BYE BABYLONE À AURÈRE, JAHGAN A DÉCIDÉ DE FAIRE DE LA MUSIQUE ET DE VIVRE AU PLUS PRÈS DE LA PHILOSOPHIE RASTAFARIE. NOUS SOMMES MONTÉS LE VOIR. TEXTE LOÏC CHAUX PHOTO ROMAIN PHILIPPON

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a arrive. Pas souvent, mais ça arrive. Ça arrive, ce moment où tu penses à cet embrayage de Clio à changer, au tri de tes amis Facebook, au prix du mojito à SaintGilles, à ce portable déchargé, et qu’alors, tu te sens idiot. Ça nous est arrivé. Il y a peu. BuzBuz nous a envoyés faire le portrait de Jahgan à Aurère, Mafate, 97419 La Possession. N’insistons pas sur la route (Mafate, pas de voiture, Rivière-des-Galets, sentier, ampoules, tout ça) : rencontrer Jahgan, c’est quelque chose d’assez simple. On vient, on traverse une cour avec des poules, on s’assoit par terre, on répond aux deux enfants pleins de questions sur d’où on vient – de Saint-Denis et, oui, on a une voiture – et on discute. Avec une tisane de romarin, de verveine et de sauge dans les mains, cueillis dans le petit jardin. Il n’y aura pas d’autres plantes dans nos bols, rangez ce sourire en coin. Jahgan, ou Pascal aux yeux d’un état civil qu’il ne reconnaît qu’auprès de sa famille proche, est un musicien, membre de Zion Vibration, groupe qui ambiance Aurère et quelques festivals roots dans les Bas. Il a vingt-sept ans, et la longueur de ses locks laisse présager d’une expérience rastafarie qui ne date pas d’hier. “Je l’ai toujours senti en moi”, dira-t-il, précisant tout de même quand il a réussi à conceptualiser ses sensations : “J’ai rencontré un rasta dans une forêt à La Réunion, qui m’a parlé de ce qu’était le rastafarisme. Je lui ai dit que j’aimais Bob Marley,

que son message me touchait, il a pu m’expliquer pourquoi.” Pinnacle, Selassié, végétarisme, Jahgan ingurgite tout ça. Rasta, il l’avait toujours été. Lorsqu’il fuyait le lycée de La Possession pour remonter à Mafate. Ou qu’il mettait ses sentiments en chansons, les accompagnant d’une guitare qu’il avait construite avec une boîte de sardines. Déjà, il y parlait de la paix, de races unies, d’amour. Jahgan, c’est d’abord un habitant de Mafate,

DÉPENDRE DE RIEN “libre comme un oiseau”, qui “a fui Babylone”. Qui essaie, autant qu’il peut, “de ne dépendre de rien, et surtout pas de Jumbo pour manger.” Dans le jardin poussent goyaves, maïs, patates et manioc. Le lapin noir qui grignote dans la cage n’a d’autre but que d’amuser les enfants, végétariens à la maison, mais sans restrictions ailleurs, car “ils choisiront euxmêmes plus tard leur voie.” Le rasta que nous avons rencontré à Aurère est un homme de paix. “La famille est plus précieuse que l’or”, dira celui qui a déjà dédié une chanson à sa maman. La paix, l’amour, sont les thème récurrents de sa musique. C’est

lui qui en écrit les paroles : “Elles viennent toutes seules, je chante, je chante… Ensuite, on en discute avec les autres membres du groupe, pour améliorer, changer un mot.” Le résultat, une série de textes dénonçant inégalités et violences. Des textes à écouter régulièrement à Aurère ou dans des salles des Bas, quand Jahgan descend vers la mer. “Mais je remonte le plus vite possible. Quand je suis en bas, je me sens mol.” Il a fallu pourtant qu’on y retourne, nous.

SA PLAYLIST

NATURAL MYSTIC BOB MARLEY

WELCOME TO JAMROCK DAMIAN MARLEY

PRISONER

LUCKY DUBE

PASTEUR MARTIN LUTHER KING

TI RAT ET ROUGE REGGAE

TALK ALL YOU WANT SIZZLA


J A HGA N

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MICRO- T RO T T ’ TEXTES ANNE CHANS PHOTOS ROMAIN PHILIPPON

QU’EST-CE QUE VOUS N’AIMERIEZ PAS QUE VOS ENFANTS VOUS CACHENT ? FIN D’APRÈS-MIDI SUR LE SKATE PARK DE SAINT-DENIS, C’EST LE ROYAUME DE LA TROTTINETTE, QUELQUES SKATES FAISANT DE LA RÉSISTANCE ; LES ANNÉES QUATRE-VINGT DIX SONT BEL ET BIEN MORTES. EN FAIT, ON NOUS RASSURE TRÈS VITE : “LES ANCIENS ARRIVENT PLUS TARD” ET EUX, ILS CONTINUENT À SKATER. MAIS REVENONS À NOS MOUTONS, ET AUX RÉPONSES À NOTRE QUESTION… 1

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1 - Saïd Je pense que j’aimerais connaître les gens que mes enfants fréquentent. Je peux tout accepter, tant qu’on me le dit. 2 - Keny Je ne voudrais pas qu’ils me cachent plein de choses ! Par exemple, qu’ils fument, qu’ils se tatouent, qu’ils ont de mauvaises fréquentations ou encore des piercings.

3 - Sarah Je n’aimerais pas qu’ils se droguent sans que je le sache. Je voudrais pouvoir en parler avec eux. Ce que je ne supporterais pas non plus, c’est d’apprendre que ma fille tourne avec plein de garçons. 4 - Quentin Je n’aimerais pas qu’ils me cachent qu’ils sont victimes de violences à l’école ou dans la rue. J’aimerais qu’ils puissent me parler de tous leurs problèmes.

5 - Kenny Il ne faudrait pas me cacher les mauvaises notes, les mots des professeurs ou les absences, bref tout ce qui a un rapport avec l’école. 6 - Raphaël Je n’aimerais pas qu’ils me cachent leurs notes.


M I C R O- T RO TT’

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7 - Nicolas, Arnaud, Loïc et Lucas Ce n’est pas ce qu’ils nous cacheraient qui nous dérangerait quoique s’ils fument, nous aimerions avoir un contrôle dessus - c’est plutôt d’apprendre des choses par ladi lafé qui nous poserait problème.

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8 - Emeline et Mélysse Plein de choses, comme la consommation de drogues ou les mauvaises fréquentations. Je voudrais connaître ses petits copains. Je n’aimerais pas apprendre non plus qu’elle conduit la nuit en cachette. 9 - Hugo Je pense que je voudrais qu’ils me parlent de leurs relations amoureuses, pas pour les surveiller mais pour rencontrer les personnes et discuter avec eux.

10 - Benjamin Ce n’est pas tant ce qu’ils me cacheraient qui m’inquiète mais plutôt ce qu’ils pourraient devenir, comme un politicien snob qui vouvoierait son père. 11 - Benjamin J’aimerais savoir s’ils consomment de la drogue, comme ça je pourrais intervenir.


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S O CIÉ TÉ

LA RUMEUR TUMEUR MALIGNE RAREMENT ANODINE, LA RUMEUR FAIT PARTIE DE NOTRE QUOTIDIEN… ET PEUT PARFOIS NOUS FAIRE SÉVÈREMENT DÉRAILLER. ON EN RIGOLE APRÈS COUP, MAIS IL N’Y A PAS DE QUOI. TEXTES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS HÉLÈNE MOIGNARD

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eudi 12 décembre 2013, midi. BuzBuz est allé faire une course, et en rentrant au Chaudron, apocalypse routière : le quartier entier est bloqué. Il faudra quelques minutes de patience pour comprendre ce qui est en train de se passer : les automobilistes se ruent sur les stations-services. Dans ce cas là, on fait comme tout le monde : on écoute Free Dom. On comprend à peu près que les gérants de stations vont être en grève. Enfin, selon des auditeurs qui “savent”. Les gérants de stations, la Préfecture elle-même démentiront, ce qui mettra un terme à la panique en deux heures. Pendant de très nombreuses minutes, donc, les abords de stations ont été bloqués à La Réunion, les automobilistes sont devenus fous sur la foi… d’une rumeur. Rien d’autre. Qu’est-ce donc, qu’une rumeur ? Un bruit, une information, jamais vérifiée, mais qui se transmet de bouche à oreille sur le principe du “téléphone arabe”. Une sorte de ladi lafé, mais qui peut prendre des proportions plus importantes que lorsqu’il s’agissait juste de raconter que la serveuse de la boutique se tapait le conducteur de bus. La rumeur n’a pas de date de naissance précise ; elle a toujours existé. Dans l’Antiquité, au Moyen-Âge, quand les informations étaient transmises de manière orale, elles foisonnaient. L’appa-

LA RUMEUR, CE N’EST PAS JUSTE RACONTER QUI COUCHE AVEC QUI. rition des médias de masse, se dit-on, auraient pu ralentir, voire stopper le phénomène. Raté : c’est de pire en pire. La rumeur contemporaine la plus fameuse en France est la “Rumeur d’Orléans”, relayée par les journaux dans les années soixante. Elle expliquait que des femmes disparaissaient dans les cabines d’essayage des magasins de vêtements tenus par des Juifs, afin d’être droguées et prostituées de force. Les médias qui ont vérifié ont fini par démentir, puis ont arrêté d’en parler. La psychose a disparu en quelques semaines. La Réunion a, évidemment, eu son lot de rumeurs, à la lisière du conte. Gabrielle, née dans les années quarante à Sainte-Rose, se rappelle : “À l’époque, certains pensaient que Grand-mère Kal avait vraiment existé, il est même arrivé que des personnes la voient avec un fouet à la main, suivie par une ribambelle d’enfants à la queue leu leu. Quand nous étions jeunes, on entendait aussi parler de la Dame

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blanche de la Route en corniche, du fantôme du Boulevard Lancastel… Nous étions au courant de ces histoires, mais entre nous, nous n’y croyions pas…” Hélas, il est arrivé que les journaux soient rentrés dans le jeu. Il est donc temps de vous parler de l’homme-coq des Hauts de l’Ouest, une histoire farfelue mais qui a mis en émoi les Réunionnais pendant quelques semaines. Fin novembre 1988, à Saint-Gilles-les-Hauts, un homme un peu éméché se fait attaquer par un coq. Il est griffé superficiellement. L’histoire se répand, et, en quelques heures, l’animal devient une bête au corps d’homme et à la tête de coq qui attaque les passants au pied d’un manguier. Les témoignages – indirects – se multiplient : dans le quartier, tout le monde a un ami qui a vu l’homme-coq attaquer des passants. Il se dote, ensuite, de chaussettes, d’un bonnet, d’une cravate… Plus personne n’ose s’approcher du moindre gallinacé, et les discussions tournent toutes autour de l’homme-coq dans les foyers. Si bien que ce sont les enfants, terrorisés, qui se mettent à le voir partout… et la terreur envahit les écoles. Hélas, Le Quotidien en ajoute une couche : en une de son édition du 1er décembre 1988, il titre “Le coq rôde”, avec le photomontage d’un boug’ en slip affublé d’un masque de poulet, faisant des signes bizarres en direction d’une école. La rumeur se voit ainsi confortée – et oui, si c’est dans le journal, c’est que c’est vrai ! – alors que dans les articles à l’intérieur, le journaliste écrit clairement que cette histoire d’homme-coq n’a aucun fondement. La psychose devient telle que les gendarmes doivent faire des rondes pour rassurer la populace. Mais là encore, il faudra que les médias vérifient, démentent et laissent tomber l’affaire, pour que le

L’HOMME-COQ SE DOTE DE CHAUSSETTES, D’UN BONNET, D’UNE CRAVATE...

soufflé retombe d’un coup. La meilleure manière de tuer une rumeur est donc bel et bien de ne pas en parler. Hélas, aujourd’hui, c’est compliqué. Vous allez dire qu’on est vieux jeu : n’empêche que sans les portables ou Internet, les rumeurs ne prendraient pas pareilles tournures. Revenons d’ailleurs à nos bouchons de décembre 2013. D’où est-elle partie ? De textos envoyés sur les portables, et de posts sur Facebook, relayés sans vérification. Puis, il fallait s’y attendre, d’auditeurs appelant Free Dom, ayant pris l’“information” au pied de la lettre. Pour ceux qui ont déjà eu la chance de construire un bonhomme de neige, voilà comment s’illustre l’“effet boule de neige” : un rigolo écrit une connerie sur Facebook, mais pour peu qu’il ait beaucoup d’amis qui lui font confiance, le message tourne, et devient réel dans la tête des naïfs. Cette rumeur de décembre 2013 est intéressante à plus d’un titre. Outre qu’elle ait eu des conséquences concrètes en mettant une belle pagaille dans l’Île, elle a de plus donné lieu à un communiqué de la Préfecture, relayé dans les médias.


S O CIÉ TÉ

Que la Préf’ en arrive à écrire un texte pour dire que quelque chose n’existe pas, c’est qu’il y avait un souci. Nous sommes allés leur demander : “C’est en effet assez rare, on ne répond pas à une rumeur par voie de communiqué. Mais sur ce cas précis, on commençait à avoir de gros ennuis de circulation, on avait affaire à un vrai problème de sécurité publique. C’est assez exceptionnel qu’on parle d’une info qui n’en est pas une…” D’autant que, quoi qu’il arrive, parler d’une rumeur, c’est lui donner du corps. Cantonnée aux réseaux sociaux, voire à la discussion privée, une rumeur a peu de chance de prendre de l’ampleur. Il en a été ainsi de celle qui a circulé sur Facebook le 2 avril : un internaute rapporte des témoignages (“Le copain du copain qui m’a dit, si, si, je vous assure, c’est pas un mytho !”) évoquant deux requins dans le lagon de l’Ermitage. Reprise et partagée, l’information s’embellit : ils mesuraient deux mètres, les ailerons dépassaient l’eau de vingt centimètres et les gueules sont même apparues à la surface ; le manège des deux prétendus squales aurait duré vingt minutes. Pas une vidéo, pas une photo pendant tout ce temps, ni même un témoignage direct. Information bancale, donc… qui suffit pourtant à quelques internautes pour crier à l’horreur, à coups de “j’vous l’avais bien dit…” L’“information” – deux requins dans le lagon, quand même ! – aurait pu faire énormément de bruit. Or, les journalistes ont vérifié, et en ont conclu qu’il s’agissait plus sûrement de raies, d’autant que la méprise est assez fréquente. Au lieu, donc, d’en faire des caisses, de sobres et courts articles dans les journaux du lendemain ont suffi à faire passer cette histoire de requins dans le lagon pour une simple rumeur. À qui profite le crime ? Tout dépend de la rumeur elle-même. Elle peut profiter à celui qui la lance, qui passe ainsi pour “celui qui sait ce que d’autres ne savent pas.” Jean-Paul Kopp, un des sociologues qui a étudié le phénomène, après avoir noté que “neuf fois sur dix, la rumeur est négative”, explique : “La valorisation négative des “autres” a pour corollaire implicite la valorisation positive du “nous” (Oui, ils font toujours des phrases compliquées, les sociologues. Mais vous avez compris. En gros, faire passer les autres pour des imbéciles te donne l’air plus malin, ndlr).

FAIRE PASSER LES AUTRES POUR DES IMBÉCILES TE DONNE L’AIR PLUS MALIN.

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SOCIÉT É

Pour faire plus simple, citons donc Léon Zitrone : “Qu’on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel, c’est qu’on parle de moi.” Procédé repris par le maire de Saint-Leu, Thierry Robert, qui a justement utilisé l’outil de la rumeur pour reprendre ce gimmick à son avantage. Tout juste réélu à Saint-Leu, il écrit sur Facebook, le 31 mars : “Je viens d’avoir un coup de fil !!!!!!! Jamais j’aurais cru que ça serait possible. Viv la réunion! (sic)”. Manuel Valls vient alors d’être nommé Premier ministre, il doit annoncer dans les jours qui viennent son gouvernement ; cela suffit aux supporters de Thierry Robert pour l’imaginer en ministre de l’Outre-Mer. D’autant que le canular se poursuit sur Free Dom, et que le cabinet du député-maire joue lui aussi le jeu. Que l’information se répande le 1er avril, qui est aussi la date d’anniversaire de Thierry Robert, qu’il soit membre du Modem alors que la majorité présidentielle est issue du PS et du PRG et que François Hollande n’a jamais parlé d’“ouverture” n’ont pas semblé gêner les fans du maire saint-leusien, qui le félicitaient pour sa promotion… C’est ici qu’on retrouve le deuxième bénéficiaire de la rumeur, les médias. Outre BuzBuz, qui en profite bien puisqu’il en fait le sujet de son dossier principal, on ne compte plus les unes de journaux qui ont surfé sur un bruit de fond, quitte à démentir ensuite : “Une information et un démenti, ça fait deux informations”, a un jour lâché Pierre Lazareff, l’historique patron de France Soir. À La Réunion, on ne va pas rappeler le rôle de Free Dom, dont les auditeurs se font fort de répandre la moindre “information”, quand bien même elle est fausse ou, du moins, non vérifiée.

C’est une des manières d’apporter du crédit ou non à une rumeur, de se poser la question de son fondement. Cela évite de propager des bruits idiots et potentiellement dangereux. La rumeur peut en effet prendre des relents de racisme ; la “Rumeur d’Orléans”, à propos des commerçants juifs, est un exemple. La Réunion a eu la sienne, en 1976, lorsque le restaurant chinois Chez Georges est soupçonné de préparer des plats contenant des os de rat. Des analyses vétérinaires sont effectuées, qui concluent toutes à une cuisine sans problème. Hélas, la clientèle avait fui, le restaurant avait fermé, et Témoignages avait ensuite écrit un long article pour défendre le restaurateur, mettant cette rumeur sur le compte de la xénophobie et de la méfiance envers la communauté chinoise réunionnaise. Le mal était fait, la population étant persuadée qu’il “n’y a pas de fumée sans feu”… “Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose”, a dit Francis Bacon ; c’est bien le propre de la rumeur, c’est là qu’elle est insidieuse. Elle laisse dans l’esprit des gens cette petite question lancinante : “Et si c’était vrai ?”

“CALOMNIEZ, CALOMNIEZ, IL EN RESTERA TOUJOURS QUELQUE CHOSE.” Francis Bacon


S O CIÉ TÉ

MAURICE CRIE AU LOUP EN 1994, LA RÉGION DE PORT-LOUIS CROIT VOIR DES LOUPS-GAROUS PARTOUT, OBLIGEANT LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE À ALLER CALMER LES FOULES.

minuit

ayo !

Le 10 février 1994, l’Île Maurice est frappée par le cyclone Hollanda, à coups de rafales approchant les 200 km/h. PortLouis est durement touché : habitations détruites, électricité coupée… et population dans la détresse. Terreau fertile pour l’apparition d’une rumeur qui a fait grand bruit à l’époque. Fin février, un bruit circule dans certains quartiers à propos d’un loup-garou, surnommé “Minuit-Touni” (“Tout nu à minuit”) qui viendrait attaquer les habitants après leur avoir passé un coup de téléphone pour les prévenir. Les journaux s’emparent de l’histoire et la crédibilisent auprès des Mauriciens, n’ayant plus accès aux autres médias. Les histoires abracadabrantes se multiplient. La populace passe des nuits blanches à guetter le loup-garou décrit comme portant un slip et des baskets. On dit que le pignon d’Inde fait fuir les loups-garous ; au bout de deux semaines, les arbustes mauriciens sont tous délestés de leurs branches. Un homme faisant un footing à la nuit tombante est tabassé ; l’arrestation de trois personnes qu’on croit être les agresseurs fait déplacer plus de quatre cents personnes devant un poste de police de Stanley Rose Hill. Ou encore, un voleur,

touni “JE SUIS PAS MINUIT-TOUNI, JE SUIS UN VOLEUR !”

surpris dans une maison par le propriétaire, est obligé de crier “Je suis pas Minuit-Touni, je suis un voleur !” pour éviter le lynchage. Les ouvrières, les écoliers, ne sortent plus de chez eux. Il faudra l’intervention du président de la République Cassam Uteem dans les quartiers, appelant les Mauriciens à faire confiance à la gendarmerie pour rétablir un semblant de calme. Surtout, avec le retour de l’électricité, des communications, et la reconstruction des bâtiments détruits, la rumeur du loup-garou disparaîtra comme elle est venue, au bout d’un mois. C’est depuis une histoire qu’on raconte aux petits Mauriciens qui n’ont pas été gentils.

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VOUS REPRENDREZ BIEN UN PEU DE RUMEURS ? POUR CEUX QUI N’EN ONT PAS EU ASSEZ, EN VOILÀ ENCORE DEUX OU TROIS QUE NOUS AVONS DÉNICHÉES LORS DE NOS RECHERCHES.

LA DANSEUSE DU SWING

LA DAME BLANCHE

PAUL ET LE SERPENT

Cette histoire, peut-être la plus connue à La Réunion, a eu lieu au début des années quatre-vingt dix. Un jeune homme est au Swing, discothèque de l’Ouest, dragouille une jeune femme. Au moment du quart d’heure américain, il remarque que les autres couples lui font des yeux ronds, et découvre qu’il ne risque pas de marcher sur les pieds de sa cavalière, celle-ci n’en ayant pas. L’histoire allait encore plus loin, racontant que toute la boîte avait été évacuée… si bien que les propriétaires de l’époque avaient dû appeler les journaux pour démentir, affirmant que lors de la soirée en question, rien de particulier n’avait été remarqué.

S’il y a bien une histoire qui traverse les époques et les régions, c’est celle concernant les Dames blanches, qui font du stop en pleine nuit, et qui disparaissent de la voiture qui les a prises après avoir poussé des hurlements. À La Réunion, la plus connue fait du stop sur la Route du littoral – ce qui n’est certes pas très prudent – mais la plus ancienne histoire remonte aux années trente, à Saint-Pierre, après le passage d’un cyclone. Dans tous les cas, depuis, les jeunes filles en robe blanche qui font du stop à la sortie de la Villa sont, à cause de cette histoire, obligées de rentrer à pied.

Février 2008, campagne des Municipales. Le PCR convoque la presse pour une conférence de presse où le patron, Paul Vergès, lâche que quelques jours auparavant, un tueur à gages comorien, mercenaire en Afrique, serait venu à La Réunion, dans le but d’éliminer Vergès. Les journalistes qui ont vérifié les informations émanant des pontes du PCR n’ont jamais rien confirmé sur ce type inconnu surnommé “Le Serpent” car, a dit le PCR, “il tue silencieusement”. Ça sent quand même franchement le coup de com’.

bzzz

LE CHIK SANS MOUSTIQUE En 2005-2006, l’épidémie du chikungunya a attisé beaucoup de fantasmes. Comme le relevait le Journal de l’Île il y a trois ans, on a parlé de l’apparition du virus dans un cargo mis en quarantaine, d’une création de la CIA ou que la maladie s’attrapait par les airs. Il a fallu la publication de nombreuses études scientifiques pour prouver le rôle du moustique vecteur du chik, et de l’intérêt d’éviter sa propagation.

kosasa ? bzzz

C.I.A fini de rire !

sa in américain bouchon gratiné !

bzzz

NOBODY MOOVES mi gagne plus bougé rien mwin la trapé le chick !

totoche !

bzzz

do not bzzzz with w h me, mother fuckerstéééé...éé.!é...... l kki maloki bzzz

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bzzz bzzz rhôô la moukate hihihi bzzz



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TO ROME WITH LOVE VOICI UN CARNET DE VOYAGE GARANTI 100% SANS FONTAINE DE TRÉVI NI COLISÉE. ATTENTION : UN VOYAGE, ÇA SE PRÉPARE, ET ICI, ON VOUS AIDE UN PEU. TEXTES & PHOTOS CATHERINE GREGOIRE

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LA MATINÉE AU MUSÉE

EN MUSIQUE

Allons découvrir la Galerie nationale d’art moderne et contemporain, à la lisière des jardins de la Villa Borghèse, délaissée par les touristes ; c’est le plus vaste musée d’art contemporain d’Italie ! Boccioni, Modigliani, Calder, Mondrian, Klein… Cinquante-cinq salles, un millier d’œuvres.

Au Palazzo Barberini, nous plongeons au cœur de la Renaissance, envoûtés par la beauté des salles et par le récital de musique baroque avec instruments d’époque qui nous accompagne. Une visite quasi privée complètement magique. La réservation était obligatoire.

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SE DÉPLACER

DÉJEUNER

FLÂNER

C’est cliché, mais pratique : la Vespa s’imposait. On dit beaucoup des difficultés de circulation à Rome, et c’est vrai. Pas dangereux, juste un peu rock ’n’ roll. Bon à savoir : on passe son temps à se perdre, même avec un plan.

L’Osteria del Gallo, à côté du Panthéon, une petite place, la vraie cuisine romaine… et un vrai coup de cœur pour notre hôte. L’osso bucco de notre vie, et un resto prisé par les Romains, une valeur sûre, donc.

Impossible de ne pas aller contempler l’œuvre de Zaha Hadid, une architecture sculpturale, énorme ! Le musée national des arts du XXIe sicèle est incontournable. On vous conseille la partie consacrée à l’architecture, qui nous a laissés cois.

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C’est bien d’être dans un quartier avec un peu de vie. Nous avons donc choisi de loger au Campo de’ Fiori, place romaine particulièrement vivante. FR.RENTALIA.COM

À L’ITALIENNE

EN TERRASSE

AU MAXXI



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MODE STYLISME SAMANTHA CAMARA PHOTOS ROMAIN PHILIPPON

YVES-ALAIN Casquette Vicomte Arthur, Pantalon Dockers, Chaussures Kaporal Jean-Paul-C Chemise Mgb Paris Mahée-B (Saint-Pierre) Vélo fixie Specialized Langster Rando Réunion & Ekoï (Saint-Denis)


YVES-ALAIN Chapeau Dockers Jean-Paul-C T-shirt et short Mister Marcel, Chaussures Escadrille, Montre Nixon L’Atelier De Nessetelle Lunettes IC Berlin Opti’Kréateur


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ÇA SE PAS S E LÀ- BA S

MOI, STRESSÉ? JAMAIS!

IL PARAÎT QUE LE STRESS EST LE FLÉAU DE NOTRE SOCIÉTÉ… EH BIEN UNE SOLUTION GRANDEUR NATURE A VU LE JOUR, LA “DESTRUCTION CONSTRUCTIVE”. ET IL PARAÎT MÊME QUE ÇA S’INSCRIT DANS UNE DÉMARCHE ÉCO-RESPONSABLE ! TEXTE LIVY

MAIS QU’EST-CE QUE C’EST?

ET D’OU ÇA VIENT?

ET EN FRANCE?

La destruction constructive est une activité “physique”, ludique et énergique qui permet de se libérer des tensions, du stress, des angoisses et des émotions négatives par la destruction d’objets et appareils défectueux. Salle de crash, salle anti-stress, salle défouloir… appelez ça comme vous voulez, le but est de tout de casser ! C’est même une thérapie.

Depuis la fin des années 1990, ces salles se sont démultipliées et continuent encore à se développer dans les grandes villes du Japon, de l’Espagne, des États-Unis, de la Serbie, du Canada et de la Grande Bretagne. Les “casseurs” se défoulent sur des électroménagers, célèbrent un divorce en fracassant de la vaisselle entre copines ou encore achèvent des automobiles à coups de batte de baseball ou de barre à mine. Les séances durent environ 25 minutes et tous s’accordent à dire qu’après ça on est plus que vannés. D’ailleurs, certaines entreprises proposent à leurs salariés cette activité afin de les libérer du stress.

Une entreprise parisienne a développé ce concept et elle propose aux particuliers et aux sociétés cette activité dans des salles prévues pour se défouler. Au lieu de voir les tensions s’exacerber au sein de l’équipe sur le lieu de travail ou dans les couples, il vaut mieux évacuer les frustrations, nous dit-on.

ET À LA RÉUNION? On n’a pas trouvé de salle défouloir. Cela n’existe pas… officiellement en tous cas. Mais on adore le concept et on est sûrs que ça aurait du succès.


C U LT URE G

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TEXTES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS MATTHIEU DENNEQUIN

Avant de prendre son nom définitif en 1848, La Réunion a changé sept fois de patronyme.

Jusqu’au record de Jacques Mayol en 1966 (-60 m), les scientifiques pensaient qu’un humain ne pourrait pas descendre à moins de quarante mètres de profondeur, à cause de la pression. Le record en apnée no-limit est aujourd’hui de -214 m.

Les premiers occidentaux à avoir mis le pied en Amérique sont les Vikings, cinq cents ans avant Christophe Colomb.

CU

Si un employé de Google décède, son conjoint touchera la moitié de son salaire pendant dix ans. Ses enfants recevront 1000 dollars par mois jusqu’à leurs dix-neuf ans, vingt-trois s’ils sont étudiants.

L

Lorsque Roger Milla est sélectionné dans l’équipe du Cameroun pour la Coupe du Monde de foot 1990, il est joueur de la JS Saint-Pierroise.

T

UR

E

G

POUR FAIRE LES MALINS DEVANT LES AMIS, VOICI QUELQUES INFOS QUI VOUS DONNERONT LA CLASSE DANS LES DISCUSSIONS.

Le dernier pays à avoir officiellement aboli l’esclavage est la Mauritanie, en 1980.

Officiellement, et depuis 1941, la place du Barachois s’appelle toujours “Esplanade du Maréchal-Pétain”, aucun maire n’ayant depuis pris d’arrêté municipal pour en changer le nom.

Les rois des cartes à jouer sont des personnages historiques : Jules César (carreau), Charlemagne (cœur), Alexandre le Grand (trèfle), David (pique).

À sa création, Superman ne volait pas, il sautait. C’est lors de son adaptation en dessins-animés que les dessinateurs ayant du mal à le faire bondir lui ont donné le pouvoir de voler.

Dédé la Saumure a ouvert un bar à hôtesses en Belgique appelé le Dodo Sex Klub, soit le DSK.


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MA BULLE

DANS LE SUD, UN NID CRÉATIF DÉBARQUÉE DE PARIS IL Y A À PEINE DEUX ANS, LA CRÉATRICE ISABELLE KURASZEWSKI HABITE UN ESPACE COMPOSÉ DE RÉCUP’ ET DE CUSTOMISATION INSPIRÉE. TEXTES ANNE ROCHOUX PHOTOS GWAËL DESBONT

MON OBJET FÉTICHE “Je crée des petits mondes oniriques.”


M A BU L L E

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L’INTERVIEW EXPRESS

MA DERNIÈRE CRÉATION “Je balade les objets, je les place, puis, je regarde s’ils vont bien ensemble.”

Votre coin favori ? Je n’en ai pas vraiment. J’aime la globalité du volume. C’est une maison de location, pas idéale, mais lumineuse et aérée, avec de l’espace. On peut y circuler facilement. Qu’avez-vous fait vous-même ? Toute la déco ! Les meubles sont un mélange d’héritages, de pièces trouvées dans la rue ou dans les brocantes, avec en plus quelques éléments contemporains, surtout pour les usages fonctionnels. Les meubles changent de couleur au fil du temps, en fonction du lieu où je vis. Le déménagement fut un prétexte pour tout repenser ! Je couds des coussins, je raconte des histoires sur les murs, je mets en scène des petites collections… Ce qui vous inspire dans votre déco ? Je m’imprègne de tout ce que je vois. Je conçois ma déco en partant d’objets coups de cœur, que je trouve ou que je fabrique. Ce qui m’intéresse, c’est la façon dont ils dialoguent, dont ils entrent en résonance ensemble, pour créer des univers. Pour l’intérieur, qu’est-ce qui vous ferait craquer ? Un beau luminaire de designer. Dans cette maison, vous aimeriez changer quoi, si vous le pouviez ? Le jardin n’est pas très accessible : il faut descendre les escaliers pour l’atteindre. J’aimerais que la varangue donne directement sur le jardin. Où aimeriez-vous habiter si vous ne viviez pas ici ? Je n’arrive pas à me projeter dans un lieu. Ce que j’aime, c’est un espace avec un panorama, une sensation d’immensité. Le matin, j’apprécie de voir le ciel bleu et d’entendre les oiseaux quand j’ouvre les volets. Un lieu idéal, c’est celui qui nous fait nous sentir vivant. Qu’est-ce que vous ne pourriez pas avoir chez vous ? Je n’aime pas voir les objets qui ne sont que fonctionnels, comme le lave-vaisselle... Alors, je les cache. Votre livre de chevet du moment ? Il y en a deux : le polar Debout les morts de Fred Vargas et Les secrets de la mode, de Yann Kerlau, racontant les dix-huit destins de dix-huit créateurs qui ont révolutionné la mode.

THE RÉFÉRENCE Isabelle Kuraszewski enseigne en BTS mode au Tampon (expression plastique/ laboratoire de création), et intervient au lycée Ambroise-Vollard de Saint-Pierre, pour la recherche appliquée. Avec la créatrice Julie Revers, elle a créé la marque JI (Joyeuses idées), regroupant des réalisations en papier autour de l’univers du bureau, ainsi que des sacs sérigraphiés, en coton bio. Certaines de leurs créations sont en vente chez Casa Saba (Saint-Pierre) et chez Origine (Saint-Denis).


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AGEND A J UI N - J UI LLE T- A O ÛT

OK, JE SORS ON VA SE REPOSER UN GRAND COUP : APRÈS LA FOLIE DE MAI, VOILÀ QUE L’AGENDA SE DONNE UN PEU D’AIR.

MUSIQUE

FÊTE DE LA MUSIQUE L’occasion de faire la fête – on n’avait certes pas besoin de ça – jusqu’au bout de la nuit… enfin, tant qu’on a droit de faire un peu de bruit dans les rues. C’est-à-dire, ici, pas trop tard quand même. LE 21 JUIN DANS TOUTE L’ÎLE

HUMOUR

PIERRE DESPROGES AU THÉÂTRE GRÉVIN 1984 “Le jour de la mort de Brassens, j’ai pleuré comme un môme. Alors que, je sais pas pourquoi, le jour de la mort de Tino Rossi, j’ai repris deux fois des moules.” Merci, la Cerise, de proposer la projection de ce spectacle. LE 26 JUIN À SAINT-PAUL (LA CERISE)

FESTIVAL

IL ÉTAIT UNE FOIS LES VACANCES “Papa, papa, on fait quoi pendant les vacances ?” Et oui, ces petits, faut les occuper, quand ils n’ont pas école. Ce festival de spectacles pour enfants arrive à point nommé, pour que vous, parents, ayez un peu la paix.

CINÉMA

DU 5 AU 12 JUILLET, SUR TOUTE L’ÎLE

JERSEY BOYS

SPORT

FINALE DE LA COUPE DU MONDE DE FOOTBALL Au Maracana, l’Angleterre bat le Brésil 1-0, sur une frappe de vingt mètres de Steven Gerrard. qui met fin à sa carrière internationale sur le deuxième titre de l’Angleterre après 1966. LE 13 JUILLET SUR RÉUNION 1ÈRE, ANTENNE RÉUNION, TF1 ET BEIN SPORTS

FÊTE NATIONALE

14 JUILLET Feux d’artifices, concerts… Enfin une soirée où on a le droit de faire du bruit assez tard. Et en plus, le 14 étant un lundi, ça fera un long week-end. Va y avoir du monde dehors le dimanche soir. LES 13 ET 14 JUILLET, SUR TOUTE L’ÎLE

Absent au Festival de Cannes mais bientôt présent dans nos salles, le nouveau film musical de Clint Eastwood retrace l’histoire d’un groupe de musique des années 60, qui avait déjà fait un triomphe à Broadway en 2005. SORTIE COURANT JUILLET


A G EN D A JU I N - JU I L L ET-A O Û T

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FESTIVAL

TRANSCENDANCE Johnny Depp et Morgan Freeman réunis dans un thriller de science fiction ça promet. Surtout que le réalisateur a bossé sur la photographie des films de Christopher Nolan. SORTIE MI-JUILLET

VISITE

FRANÇOIS HOLLANDE Not’ bon président est en tournée sur tout l’île pour interpréter ses plus grands tubes. Un abonnement d’un an à celui qui arrive à lui fourrer un BuzBuz dans les mains et à le prendre en photo avec. DU 23 AU 25 JUILLET, DANS TOUTE L’ÎLE

FESTIVAL

OPUS POCUS The Skatalites à La Réunion ! Opus Pocus se met cette année aux cuivres et se retrouve avec une superbe programmation qu’on vous invite franchement à aller écouter.

RELIGION

ASSOMPTION

DU 1ER AU 10 AOÛT, DANS L’OUEST

Deux fois plus de personnes qu’aux Electropicales : c’est la messe qui se déroule aux pieds de la Vierge au Parasol pour le 15 août, sous l’égide de MC Gilbert Aubry. Prévoyez une casquette.

EXPO

LE 15 AOÛT, À SAINTE-ROSE (VIERGE AU PARASOL)

BLOP L’Hôtel des Postes, monument historique saint-leusien et refait à neuf, accueille un peu de graff’. Jace, Gorg One, Pandakroo, Kid Kreol & Boogie, le casting est pas mal. JUSQU’AU 2 AOÛT, À SAINT-LEU (HÔTEL DES POSTES)

SPORT

SPORT

13E ÉTOILE DE L’OCÉAN INDIEN La Réunion contre Maurice, première grosse course à étapes de l’année en cyclisme. L’étape de montagne en milieu de parcours à Salazie est toujours superbe, et ça permet de prendre le frais. DU 11 AU 15 AOÛT, SUR TOUTE L’ÎLE

CHAMPIONNAT DE LA RÉUNION DE KITE SURF Suivant la météo, la compétition pourra être repoussée aux week-ends suivants ; restez donc sur le coup, les kite surfeurs seront visibles depuis le bord de la plage au niveau de la gendarmerie, et c’est hyper spectaculaire. LES 30 ET 31 AOÛT (SUIVANT LA MÉTÉO) À SAINT-PIERRE (PLAGE DE LA GENDARMERIE)





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