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Paul De Genst

Paul De Genst

Himalaya

Une histoire humaine

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Une histoire humaine

Éd. Douglas, Editions Nevicata, 2022, 639 pages. Traduction par Guillaume Villeneuve.

ISBN 978-2-87523-190-1

Voici une somme sur l’histoire des états himalayens, de ses multiples royaumes souvent éphémères, des conflits pour le contrôle de ce massif stratégique encerclé par les puissances chinoise, soviétique, britannique puis indienne, du contrôle de la Route de la Soie qui est un enjeu économique de première importance. Mais c’est aussi une histoire des populations montagnardes népalaises, tibétaines et voisines. Les Tibétains qui rêvaient de préserver leur vie ancestrale à l’écart du monde extérieur et les Gurkhas népalais qui alimentaient en mercenaires exemplaires l’armée britannique coloniale. Je regrette que l’auteur ne s’attarde pas plus sur la formidable résistance des rebelles tibétains face à l’invasion chinoise, stigmatisant plutôt l’incompétence de l’armée tibétaine. Ces rebelles qui agissaient par raids meurtriers à partir de bases situées au nord du Népal n’ont sans doute pas assez alimenté les chroniques et les publications. Il est vrai que c’était tion de rochers1. Ce coup de Trafalgar venu du nord marqua profondément Georges qui en garda d’ailleurs une vive amertume. Grâce à ses relations, il ramena dans le giron du CAB les rochers de Beez, du Néviau et de Pont à Lesse. À cette époque, il signa également une convention de longue durée pour l’accès aux rochers de Freyr. Comme on le voit, c’est par différentes facettes de son activité de gestionnaire que Georges Janty a influencé la vie et l’avenir du Club Alpin Belge pour de nombreuses années, Club auquel il a « trop sacrifié » de ses propres aveux.

On retiendra de cet homme omniprésent dans la vie du CAB son dévouement, sa rigueur, sa discrétion et son goût du travail bien fait. Dans la boîte à souvenir, il restera aussi le nom de cette voie ouverte sur les contreforts du Râteau en 2004 : « Gentil Georges 2 »

1 - Il est à noter qu’il s’agit d’un fait de gestion et non de propriété. Cependant, les premiers topos réalisés par la fédération flamande ne furent publiés qu’en néerlandais. Ceci cachant mal l’intention d’appropriation de nombreux rochers par les grimpeurs du nord.

2 - Voie ouverte par Jean-Pierre Bleus, Jean-Claude Maréchal, Bruno Soleymieux en juillet 2004 (réf : Guide du Haut Dauphiné – GHM – François Labande – p. 74) un sujet tabou de la part des autorités népalaises, qui redoutaient d’irriter les Chinois en reconnaissant cet état des faits.

L’histoire de la conquête des plus hauts sommets est bien sûr abordée et l’on y découvre les implications sous-jacentes du monde politico-diplomatique. À qui appartient l’Everest ? Qui peut en octroyer l’autorisation d’accès ? Quels en sont les enjeux pour les nations qui les organisent ? La commercialisation récente des expéditions devient une source de richesses pour les pays hôtes (ou leurs dirigeants) et les organisateurs étrangers. Quelles sont les perspectives pour les autochtones ? Je pense aux Sherpas qui, en affrontant les dangers de l’équipement des itinéraires empruntés par les riches clients, rêvent d’envoyer leurs enfants se former ailleurs et même de s’expatrier afin de trouver, pour eux et leur descendance, un avenir satisfaisant et digne.

L’auteur est un alpiniste qui a consacré 25 ans de sa vie à élaborer cette fresque monumentale de l’histoire humaine de l’Himalaya. Son érudition est impressionnante, tout autant que la volumineuse bibliographie qu’il propose en fin d’ouvrage. Ce livre a sa place dans les mains des amoureux des montagnes himalayennes. Il en élargit leur vision. JEAN BOURGEOIS

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