3 minute read
Petit tour en Suisse
pour un séminaire sur l’ouverture en paraclimbing
FLORIAN GOURGUE décolle pas encore et les athlètes sont souvent trop peu nombreux pour pouvoir organiser des compétitions qui leur sont dédiées. On greffe souvent aux coupes et championnats de Belgique quelques catégories paraclimbing, avec le plus souvent des voies communes et pas spécialement adaptées aux grimpeurs et à leur handicap.
Advertisement
Cela ne vous aura pas échappé, l’escalade de compétition se développe de plus en plus. Avec son entrée aux Jeux Olympiques, on en parle plus largement et plus fréquemment. Mais il y a un pan entier de l’escalade qui reste encore relativement peu connu et encore plus en Belgique : l’handi-escalade.
On l’entend régulièrement, l’escalade est un sport pour tous. Tous, vraiment tous ? Eh bien, oui ! Figurez-vous que ce n’est pas parce qu’il vous manque la vue que vous ne pouvez pas enchaîner de 8a en falaise (en tête !) ou que vous avez une malformation à la main droite que les 7B de Fontainebleau vous résisteront. Ces deux performances reviennent respectivement à Nicolas Moineau et à Solenne Piret, deux para-athlètes français. Je pourrais également citer Urko Carmona, l’espagnol amputé d’une jambe qui grimpe régulièrement dans le 8 e degré sur les falaise catalanes, et bien d’autres.
Mais rassurez-vous, la Belgique n’est pas en reste, loin de là ! On se souvient des deux titres de championne du monde d’Elodie Orbaen (RP3), des trois victoires en coupe du monde de Pavitra Vandenhoven (RP1) ou encore de la médaille d’or de Frederik Leys (AL2) à Los Angeles en octobre 2021.
J’ai eu la chance de participer, début juillet, à un séminaire sur l’ouverture des voies de compétitions pour les para-grimpeurs, organisé dans la foulée de la coupe du monde de Villars-sur-Ollon. Le CAS (Club Alpin Suisse), en partenariat avec l’IFSC (Fédération Internationale d’Escalade Sportive), avait prévu deux jours d’ouverture et de discussion dans la salle Grimper.ch d’Echandens près de Lausanne sous la houlette de Christophe Cazin, ouvreur IFSC pour le paraclimbing depuis plusieurs années déjà.
Vous vous êtes sûrement demandé ce que signifiaient ces lettres et ces chiffres que j’ai mis entre parenthèses après les noms de nos para-grimpeurs belges. Eh bien, c’est justement par là que le séminaire a commencé : les catégories parmi lesquelles les para-athlètes sont répartis en fonction de leur handicap. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais on les divise comme suit : déficience visuelle : B 1, 2 et 3
• amputation supérieure (bras, main) : AU 1, 2 et 3
• amputation inférieure (jambe, pied) : AL 1, 2 et 3
• déficience neurologique et physique : RP 1, 2 et 3
Les ouvreurs qui prenaient part au séminaire venaient de plusieurs pays : Portugal, République tchèque, Danemark, Suisse et enfin, Belgique. Quel meilleur exercice que d’ouvrir une voie à plusieurs pour pouvoir partager les idées et les conseils ?
Après avoir tramé1 notre voie, il a fallu la tester pour chaque catégorie qui la grimperait. C’est un sacré casse-tête que de modifier les mouvements pour faire en sorte qu’ils soient tous équitables pour un handicap autant du côté droit que du côté gauche. Et bien sûr, sans retirer la complexité et l’intérêt des mouvements que l’on a imaginés au moment de mettre les prises sur le mur.
Comment faire en sorte que les voies pour les personnes en chaise roulante ne soient pas des échelles de bacs, et que les voies pour les personnes malvoyantes sortent de l’ordinaire et soient challenging ? Ce sont entre autres les sujets que nous avons abordés ensemble lors de ce séminaire. Grâce à la présence de para-athlètes autrichiens et canadiens, nous avons pu échanger, entendre leurs avis, leurs ressentis et ainsi enrichir notre pratique d’ouvreurs. Ce moment fut d’autant plus intéressant qu’il est très rare de pouvoir s’offrir ce temps lors des compétitions.
Bien que la Belgique n’est pas la plus au fait dans le domaine du paraclimbing, on constate toutefois une forte volonté de la fédération de s’améliorer sur la question des para-athlètes en formant les ouvreurs, en mettant en lumière cette discipline peu connue et en organisant des compétitions de paraclimbing. La prochaine en date se passera à Sittard, aux Pays-Bas et sera coorganisée par CMBel. Tous les para-athlètes sont les bienvenus, les infos se trouvent sur le site de la NKBV : https://nkbv.nl/actueel/events/ paraclimbing-open-2022.html
FLORIAN GOURGUE
1 - Il y a deux étape quand on ouvre une voie ou un bloc : le tramage, qui consiste à poser les prises sur le mur, et le calage, qui consiste à tester et modifier la trame pour la faire fonctionner.