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Cap Expé

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GRIMP

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À l’assaut de Torgon

Tout a commencé quand Guich (vice-champion de Belgique 2023) a partagé sa publication annuelle sur le groupe Cap Expé – forum1 : « Cette année, les championnats de Belgique de ski-alpi auront lieu à Torgon (Suisse) le 4 février. (…) Venez découvrir ce sport fantastique qui consiste à monter le plus vite possible pour se détruire au mieux les cuissots dans la descente ». S’il publie son message chaque année, c’est sans doute la première fois qu’il a un tel succès. Et pour cause, le CAB et le KBF ont décidé cette année d’organiser la compétition au plus proche de nos frontières. Les uns après les autres, les membres de la communauté Cap Expé se sont donc motivés au point que la question de s’y rendre en party-bus émerge doucement. 1

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ImbaudVerhaegen©2023

Certains partent s’entrainer dans le massif des Vosges, d’autres font une croix sur toute forme d’alcool et junk food pour permettre à leur foie d’assurer la gestion d’énergie et se lancent dans un programme d’entrainements spécifiques. D’autres sont déjà en altitude et ajoutent le championnat de Belgique à leurs objectifs de la semaine.

C’est le cas de Rodrigue (17e senior hommes BE, 3e open hommes U23) qui, comme beaucoup d’autres, a décidé de revoir sa façon de se rendre en montagne. L’ambiance festive du ski étudiant pourrait lui changer les idées après une session d’examens éprouvante, mais l’appel des grands espaces a pris le dessus. Rodrigue a profité de l’élan de Cap Expé pour se rendre à l’Hospice du Grand Saint Bernard. Ce sont ses premiers pas en ski de randonnée. Il faut bien commencer un jour non ? Il profite des conseils de quelques collant pipettes2 au Super Saint Bernard pour apprendre à coller ses peaux sous sa latte. Malgré ses quelques jours d’expérience, il se laisse convaincre par Dorsan (3e senior hommes) de tenter sa chance à Torgon.

La veille de la course, c’est le branle-bas de combat. Les compatriotes expatriés sont pris d’assaut, c’est la course à qui trouvera le logement le plus proche de Torgon pour maximiser le temps de sommeil. Au même moment, une équipe de courageux travailleurs assume encore un départ en dernière minute après un vendredi bien chargé. C’est quand même bien de pouvoir rejoindre le championnat de Belgique en 7h, non ?

2 - Collant pipettes : surnom donné aux skieurs de haut niveau dans la discipline www.capexpe.org/ – http://torgonskialpi.ch/

À Torgon, le village est comme mis en pause pour cette compétition. Le championnat de Belgique s’était greffé à celui qui départagerait les Suisses de cette même discipline, et en Suisse on ne rigole pas avec le ski-alpinisme. Les villageois se sont tous levés de bonne heure, les uns pour contribuer bénévolement à la signalisation et à la sécurité des coureurs, les autres pour faire retentir les énormes cloches que nous avons plutôt l’habitude d’entendre en été dans les alpages. Nous sommes au cœur de l’attention et la tension commence à être palpable.

8h26 : Bernard (2e vétéran hommes), Augustin (16e senior hommes) et Alexis (12e senior hommes) qui ont roulé toute la nuit récupèrent leur dossard des mains de ces valeureux supporters.

8h28 : Leur DVA est contrôlé, ils rejoignent, essoufflés, le box de départ.

Ils ne sont pas les seuls Belges à regretter le réveil tardif. « Je n’ai pas eu le temps de m’échauffer et je suis en train de chipoter à mon sac à dos parce que ma gourde tombe systématiquement. Soudain, tout le monde démarre en trombe autour de moi “Tonio, c’est le départ !” Et merde, 8h30, je remballe mes trucs en commençant à marcher frénétiquement. Autour de moi, la poignée de Belges présents est facilement reconnaissable parmi les Suisses en collant pipette : skis de freeride, leggings multicolores et matos de randonneurs du dimanche, toujours prêts à lâcher une blague entre deux conversions. Cela commence bien ces championnats de Belgique ! » (Antoine, 6e senior hommes).

Le championnat démarre sur les chapeaux de roues. Après une demi-heure seulement, une partie de l’équipe belge se retrouve déjà au sommet de la première côte (500 m D+). Le ton est donné, le rythme est soutenu et il n’est pas question de se déconcentrer. Les transitions s’enchainent, le temps que nous perdons à la montée, nous le rattrapons en descente grâce aux 95 cm que nous avons aux patins. « Allez Alex », « Eh t’es là, come on Agnès, donne tout ! », toujours à bloc, mais on arrive quand même à se croiser sur le parcours.

C’est à chaque fois une piqûre d’adrénaline. Et que dire de Maximilien Drion ? Absent à la course pour se concentrer sur 3 manches de coupe du monde, le champion belge était posté à chaque point clé pour nous encourager avec son drapeau tricolore. Merci Max !

La course se poursuit avec encore quelques transitions et quelques portages. À l’arrivée, la petite bande de Belges que nous sommes se repère facilement au milieu de la foule. Comment ? Le groupe rayonne de bonheur et de joie de se retrouver avec les supporters et d’avoir relevé ce défi tous ensemble.

« Que c’est bon de pouvoir pleinement profiter d’être en compagnie d’un groupe aspirant à l’aventure, aux grands espaces, déterminé à prendre de la hauteur et surtout à poursuivre cette passion pour la montagne coûte que coûte ! » Alessandra (open dames)

De haut en bas : Une équipe de supporters valaisans à fond derrière les Belges.

Agnès

La montagne, c’est avant tout une histoire d’amitié.

Et si ce championnat de Belgique n’était pas qu’une façon de s’octroyer une place officielle dans les rangs pour se la raconter, mais aussi une façon de se retrouver tous ensemble, entre passionnés, entre Belges, entre amis, entre père et fils, pour une aventure d’un week-end hors du temps ?

Et toi Agnès, qu’est-ce que ça te fait de rentrer en Belgique avec la médaille de championne de Belgique ? Ressentais-tu la pression dans le box de départ ?

« Je dirais que je ne la sentais pas physiquement. Le ski-alpinisme, je le pratique essentiellement pour le plaisir du partage avec les copains. Par contre, le fait qu’en participant nous représentons toutes en quelques sortes les femmes belges en montagne, c’était important pour moi. Montrer que nous sommes là, que nous en sommes capables et qu’il ne faut pas être la plus expérimentée pour venir concourir. C’est cette pression-là que je ressentais.

Mon plus grand souhait pour les championnats, c’est d’ailleurs d’être détrônée et d’avoir toujours plus de concurrentes pendant les années à venir. Alors lancez-vous, en espérant pouvoir partager ensemble le fromage de la victoire en 2024. » (Agnès, championne de Belgique 2023)

Cap Expé comptabilisera finalement 4 médailles cette année. Quelle fierté d’avoir contribué à l’ambiance bien belge au milieu de la compétition, tous rassemblés autour d’un sport qui nous plait tant. C’est promis, l’année prochaine nous serons encore plus nombreux !

Croisons les doigts pour qu’Agnès puisse représenter le drapeau noir-jaune-rouge aux JO d’hiver en 2026 aux côtés de Maximilien Drion et Guillaume Funck…

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