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Un premier groupe féminin outdoor voit le jour en Belgique
ÉLISE MASQUELIER
Fin juillet… Voilà plusieurs années qu’Agnès et moi grimpons, tant en salle qu’en falaise.
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Nous avons commencé l’alpinisme depuis quelques mois seulement, mais nous avons le pied de plus en plus ferme. Un petit refuge gardé perché dans les montagnes nous accueille après une journée très active. Le repas est l’occasion de papoter avec les deux hommes assis à côté de nous. Nous n’avons pas encore abordé le sujet de la course que nous comptons faire le lendemain, ni n’avons communiqué notre niveau d’escalade, mais cela ne les empêche pas de nous conseiller des voies dans les environs : « Je pense que la grande voie en 3-4 serait parfaite pour vous, ça doit être votre niveau ».
Ensuite, nous expliquons ce que nous comptons faire le lendemain, c’est une course d’alpinisme longue, mais très facile. « Waouh, mais vous êtes si courageuses les filles, c’est très difficile ce que vous comptez faire. Vous avez déjà un sacré niveau ».
Ah… Comment connaît-il notre niveau d’escalade ? Si nous avions été des hommes, auraient-ils autant soutenu que la course était difficile ? Leur remarque était très probablement bienveillante, mais je me suis sentie blessée et surtout profondément agacée. Il y a des voies spéciales pour les femmes, correspondant à leur « niveau inférieur » ? Cet exemple ne donne qu’un tout petit aperçu de ce que nous vivons à chaque course d’alpinisme et dans le sport outdoor en général.
Lorsque je parle avec des femmes qui veulent se lancer dans les sports outdoor, elles semblent souvent un peu effrayées à l’idée de se lancer dans des sports dits plus « extrêmes ». Elles ont l’impression que c’est très difficile, inaccessible. Je remarque aussi qu’elles ont besoin d’avoir un niveau d’expertise très avancé (parfois bien supérieur à certains hommes) pour considérer qu’elles sont autonomes. Elles ne se sentent souvent pas légitimes et ont toujours l’impression qu’elles n’en connaissent pas assez. En général, elles ont déjà une super condition physique et une motivation en béton mais, curieusement, elles manquent cruellement de partenaires de cordées.
Ci-dessus : Romane en pleine concentration à Beez
Il y a quelques mois, j’entends parler de « Lead the Climb » (cercle du CAF proposant des sorties en non mixité pour autonomiser les femmes en montagne), de « Pyr.elles » (même concept dans les Pyrénées). Je décide alors de lancer une conversation Facebook avec les quelques femmes de mon entourage qui sont intéressées. Très rapidement, je me rends compte que l’engouement est bien plus important que ce que je ne pensais ! Je recrute Olivia, Margaux V, Margaux P, Inès, Priscilla et Sirga pour former un noyau dur et essayer d’organiser des choses ensemble.
Actuellement, notre conversation est devenue un groupe facebook « Groupe féminin outdoor belge ». Les membres peuvent poser des questions, trouver des partenaires de sport. Notre objectif, à terme, est d’organiser également des évènements. Ceux-ci seront soit des formations avec des personnes formées pour nous initier à l’autonomie dans divers sports soit des soirées d’échange d’expérience, des rencontres, des weekends sportifs, etc.
Ci-dessus : Agnès & Elise au sommet de la roche Faurio
Maëlle et Nathalie en voyage à vélo, en direction de l’Allemagne
Notre premier évènement a eu lieu le 15 mars 2023 à Bruxelles. Le but est bien sûr de se rencontrer et d’échanger nos expériences. Trois intervenantes (membres de notre noyau dur) viendront partager leurs expériences dans un sport outdoor et le chemin qu’elles ont réalisé pour devenir autonomes. Nos évènements sont proposés en non mixité (oui, uniquement pour les femmes). Je pense que nous avons besoin de nous former entre nous, de retrouver une certaine autonomie afin de pouvoir à nouveau pratiquer dans des groupes mixtes qui seront plus égalitaires ! Si jamais vous n’êtes pas encore sur ce groupe Facebook, n’hésitez pas à nous rejoindre.
ÉLISE MASQUELIER