Camille Bisson - Mémoire HMONP - Restaurer un édifice protégé : contexte et méthodologie

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie Mémoire professionnel de HMONP

École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble

Camille Bisson

Septembre 2016



Remerciements Je tiens à remercier M. Simon Buri pour m’avoir offert l’opportunité d’intégrer son agence durant sept mois. Je le remercie également de ses précieux conseils et de sa disponibilité. Je remercie également mon directeur de stage, M. Patrick Thépot, pour sa patience et son aide lors de la rédaction du mémoire.



« Je regardais avec surprise ces arcs-boutants qui ne soutenaient plus rien et dont la culée moussue tendait vers le ciel un arc inutile, ouvert comme une mâchoire, mâchant le vide. Un lierre vivace grimpait aux piliers, serpentait le long des chéneaux et broyant un pinacle dans une étreinte douce, pendait dans l’allée ouverte qui avait été une nef à la place où aurait pu pendre le chapeau de cardinal d’un père abbé. Des chapiteaux mangés, aux tailloirs rongés étaient consommés d’herbe qui suivait la retombée des voutes hautes et jusqu’aux croisées d’ogives on pouvait suivre de l’œil la marche patiente de la nature qui reprenait possession de son bien, car parfois on apercevait entre les pierres un arbrisseau dont le vent avait déposé la graine avec un peu de terre à dix mètres de haut et qui poussait sur les ruines d’une galerie, d’une tribune avec la même superbe indifférence que nous manifestons lorsque nous foulons le sol. » Le Sabbat, Maurice Sachs, 1946.

«L’abbaye de Jumièges bientôt restaurée pour rester la ruine préférée des Français» www.paris-normandie.fr publiée le 23/07/2015


SOMMAIRE


Introduction : Parcours Choix de l’agence

1 1 3

1. L’agence Simon Buri SELEURL Organisation Partenaires . équipe de maîtrise d’œuvre . maîtrises d’ouvrage . entreprises Stratégie d’accès à la commande Implication personnelle au sein de l’agence

4 6 7 7 7 8 9 10

2. Le contexte patrimonial Multiplicité des acteurs . Unités Départementales de l’Architecture et du Patrimoine

52 57 57 57 58 58 60 62 62 62

3. Restaurer un édifice protégé : une méthodologie spécifique Diagnostic . diagnostic environnemental . diagnostic historique . diagnostic sanitaire . diagnostic patrimonial Parti de restauration

64 70 70 73 77 79 83 87 89 91 91 92 96

. Directions Régionales des Affaires Culturelles . Commission des Arts Sacrés . Associations de défense du patrimoine Régime d’autorisation de travaux Financement . subventions . souscriptions

Autorisation de travaux ACT et l’importance du CCTP Chantier . organisation . découvertes fortuites et leur gestion Conséquences de l’implication des institutions étatiques Conclusion et perspectives personnelles

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Bibliographie et annexes

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Bibliographie Étude d’une menuiserie du chateau de Malmaison Protocole de formation HMONP


Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

INTRODUCTION


Parcours J’ai obtenu mon master en architecture en 2009 à l’ENSAG auprès de M. Chapuis. Dans la continuité de ces études, je me suis inscrite en HMONP. Mais, suite à l’abandon du principal projet qui aurait dû m’être confié, l’agence qui devait m’accueillir lors de ma mise en situation professionnelle, a dû renoncer à m’engager. Durant l’année qui a suivi j’ai pris du recul sur mes études et réfléchi à une orientation de carrière. Lors de mon stage de master qui fut prolongé de quelques mois, je ne me suis pas sentie en phase avec la pratique de l’agence qui m’accueillait. Réaliser des logements sous la pression de la promotion immobilière privée et que je savais de peu de qualité, ne correspondait pas à mes attentes professionnelles. Suite à une visite du Salon du Patrimoine en 2010, j’ai choisi une orientation dans le domaine du patrimoine qui me passionne tant. J’ai donc obtenu, en 2012, un master professionnel orienté sur l’étude du patrimoine bâti à l’Université Lyon 2. L’objectif était de préparer l’École de Chaillot que j’ai immédiatement intégrée. De 2012 à 2014, j’ai suivi et réussi le DSA architecture et patrimoine de l’École de Chaillot. Au cours de ces trois années d’études dans le domaine du patrimoine, j’ai travaillé au sein de différentes structures telles que le Service Territorial d’Architecture et du Patrimoine de la Drôme (aujourd’hui Unité Départementale d’Architecture et du Patrimoine), l’Atelier Cairn dirigé par M.Barnoud (Architecte en Chef des Monuments Historiques) et Mme Dumas-Barnoud et l’agence de Mme Bonnard-Manning et M. de Vaujany (lui-même architecte du patrimoine). Ma formation initiale m’a permis d’acquérir des connaissances solides en matière de conception architecturale et de dessin. Ma formation à l’École de Chaillot a complété cet apprentissage par des connaissances théoriques, méthodologiques et techniques appliquées à l’intervention sur le bâti ancien. Grâce à mes différentes expériences professionnelles, je suis capable d’intervenir de manière autonome sur les phases d’études et de projet. Je peux ainsi réaliser le relevé, la mise au net, l’étude diagnostic

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

et proposer un projet de restauration et de mise en valeur du bâti existant. J’ai également pu appréhender les rapports qu’entretiennent les différents acteurs du projet et la multiplicité de leurs missions. J’ai aussi acquis les connaissances liées aux démarches administratives lors d’une intervention sur des monuments historiques ou bâtiments existants implantés dans des secteurs à caractère patrimonial. Ecole de Chaillot

+

Atelier de Cicilian

Promotion Oscar Niemeyer, 2012-2014

Détails de principe plancher couloir (nord) Cf Détails CP et CB

Charpente en bois sans couvre joint (XVIe ?)

Coupe sur baie chapelle (nord)

Sdb : marche en brique (pièce d’origine)

Coupe

Coupe sur baie LOG.NIV1.a

A

Eco

Relevé du 1er étage de la tour nord-ouest du château de Ciciliano (Italie), effectué pour l’atelier transversal de l’École de Chaillot 2


Introduction

Choix de l’agence Après l’obtention de mon diplôme d’architecte du patrimoine, il m’a paru logique de réaliser ma mise en situation professionnelle dans une agence spécialisée dans ce domaine. Il était primordial pour moi de poursuivre cette voie. J’ai donc naturellement orienté mes recherches vers des agences présentant

cette

spécialisation. Afin

d’accroître

mes

opportunités

d’obtenir une mise en situation professionnelle dans un contexte économique difficile, j’ai élargi ma région de recherche à l’ensemble des régions de Rhône‑Alpes‑Auvergne, Provence-Alpes-Côte-D’Azur et Bourgogne‑Franche-Comté, ainsi j’ai postulé chez M. Buri. M. Buri est spécialisé dans la restauration du patrimoine. Les projets décrits sur son site internet confirment cette spécialité. Son expérience comme collaborateur auprès d’architectes A.C.M.H me rassurait également sur sa méthodologie d’analyse patrimoniale des édifices. En effet j’avais eu une expérience professionnelle avec une architecte spécialisée dans le patrimoine et non diplômée de l’École de Chaillot. Elle compensait quelques lacunes méthodologiques par une très bonne appréciation des édifices et une grande expérience de terrain. Si cette expérience fut dans l’ensemble extrêmement positive, il m’a manqué la méthode adaptée, efficace et complète enseignée à l’École de Chaillot pour me sentir complètement à l’aise dans les différentes missions qui m’ont été confiées.

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

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1. L’AGENCE SIMON BURI SELEURL


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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Organisation L’agence Simon Buri SELEURL1 est une agence à associé unique gérée par M. Buri. Cette agence est une TPE où M. Buri exerce seul. Contrairement à des structures plus importantes, nous n’avions pas de réunions hebdomadaires et M. Buri me confiait des missions au fur et à mesure des besoins et des délais impartis. J’ai ainsi été en relation directe avec M. Buri tout au long de ma mise en situation professionnelle. Cette collaboration directe et permanente m’a permis d’intervenir et d’observer la presque totalité des phases d’un projet, de la phase ESQ au DOE, et de participer à l’élaboration de très nombreux dossiers. J’ai pu également échanger régulièrement avec lui sur les thèmes abordés en cours afin de mettre en perspective les situations décrites lors des sessions à l’ENSAG.

1. La Société d’Exercice Libéral ayant un associé Unique (SELEURL ou SELU) a pour but de permettre à une personne de profession libérale (soumise à un statut législatif ou réglementaire, ou dont le titre est protégé), de créer une société, l’objet de cette société est restreint à l’exercice de la profession (www.annonces-legales.fr).

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

Partenaires Réaliser un projet architectural n’est pas une action autonome et isolée car de nombreux partenaires sont impliqués dans cette démarche. Au cours de sa carrière, M. Buri a tissé des relations professionnelles de confiance avec de nombreux acteurs du projet architectural. • équipe de maîtrise d’œuvre L’architecte, lorsqu’il ne peut assumer seul la mission de maîtrise d’œuvre, doit s’entourer d’une équipe compétente regroupant des spécialisations diverses (ingénierie, économie, paysage, etc.), afin de mener à bien le projet. En effet, afin de ne pas accroître les contraintes et difficultés de conception, il est indispensable de réunir une équipe de maîtrise d’œuvre sérieuse et adaptée à chaque projet. Lors d’études ou projets qui, en plus de la réhabilitation d’un bâtiment, présentent un programme d’aménagement d’espaces extérieurs, M. Buri a, par exemple, l’habitude de s’associer avec Olivier Lesage, paysagiste. Lors des appels d’offres, M. Buri s’oriente naturellement vers des partenaires avec lesquels il a l’habitude de travailler. Toutefois, lors de marchés à petit budget, M. Buri choisit d’écarter certains partenaires dont les prestations habituellement trop chères risqueraient de pénaliser financièrement sa proposition et par conséquent d’augmenter le risque de rejet. • maîtrises d’ouvrage Contrairement à l’équipe de maîtrise d’œuvre, l’architecte n’est pas forcément amené à collaborer de manière régulière sur différents projets avec les maîtres d’ouvrage. Toutefois, certains projets se déroulent sur de plusieurs années. Ainsi, la restauration de l’église de Maynal dont le permis de construire fut déposé le 2 juin 2008 et dont la dernière tranche de travaux est en passe d’être achevée (prévision : octobre 2016) constitue un exemple édifiant. Il est donc essentiel pour le bon déroulement du projet

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

d’entretenir de bonnes relations avec la maîtrise d’ouvrage. Les maîtrises d’ouvrage sont également un véritable atout pour l’architecte. Le plus fréquemment, il arrive que la notoriété et les réalisations connues suffisent à la consultation directe de l’architecte (voir section suivante). Parfois, les maîtrises d’ouvrage, lorsqu’elles sont satisfaites des collaborations antérieures, peuvent appuyer la candidature de l’architecte et jouer le rôle de prescripteur auprès d’autres maîtrises d’ouvrage. • entreprises Travailler sur un chantier avec des entreprises reconnues pour la qualité de leurs prestations entraîne un confort indéniable en ce qui concerne le suivi des travaux. En effet, l’architecte, tout en restant vigilant vis-à-vis de l’ordonnancement, de la planification et du contrôle des coûts du projet, s’assure ainsi une qualité de réalisation incontestable. Lors de l’élaboration du DCE et afin de multiplier les chances de réaliser le projet avec des entreprises qui correspondent à ses critères de rigueur et de savoir-faire, M. Buri n’hésite pas à les informer de la parution prochaine d’un appel d’offres à venir.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

Stratégie d’accès à la commande Pour pérenniser sa structure, M. Buri a développé deux domaines d’intervention particuliers mais relativement proches : la restauration d’édifices patrimoniaux ainsi que la réhabilitation de bâtiments existants. Dans ce domaine d’activité où la concurrence est forte, ce positionnement personnel permet d’entretenir un certain volume d’activité suffisant et de multiplier les réponses pertinentes aux appels d’offres. Cette spécialisation conditionne grandement le type de maîtrise d’ouvrage qui fait appel à M. Buri. La quasi totalité des contrats de maîtrise d’œuvre signés par M. Buri sont des marchés publics. M. Buri intervient essentiellement sur des églises à restaurer et des bâtiments à réhabiliter (mairie et/ou logements) appartenant tous à des communes. Pour sélectionner les appels d’offres auxquels il souhaite répondre, M. Buri analyse avec attention les contraintes matérielles (déplacements, fréquence des réunions de chantier, etc.). En effet, la gestion d’un chantier de réhabilitation d’un bâtiment existant exige une présence hebdomadaire tandis qu’un chantier de restauration d’un monument ne nécessite qu’une réunion bimensuelle. M. Buri répond donc à des appels d’offres de réhabilitation presque exclusivement sur le département de la Côte-d’Or (21) et rayonne sur un plus large territoire allant de la Nièvre (58) au Jura (39) pour les appels d’offres concernant la restauration patrimoniale. Les appels d’offres sont, généralement, des marchés à procédure adaptée : les honoraires de la maîtrise d’œuvre doivent être en dessous des seuils définissant la procédure formalisée des concours2. Ces candidatures sont constituées, d’une part, des pièces administratives telles que l’acte d’engagement, la déclaration d’assurance de l’architecte et d’autre part, des formulaires officiels (DC1, Lettre de candidature -

2. Le concours anonyme est obligatoire pour tous les marchés de maîtrise d’œuvre supérieurs à 134 000 € HT (État) et 207 000 € HT (collectivités territoriales). Une dérogation est possible si la maîtrise d’ouvrage estime que le concours n’est pas dans son intérêt dans le cadre d’une réutilisation ou réhabilitation d’un ouvrage existant. issuu.com/ordre-national-des-architectes/docs/mini_guide_pour_bien_choisir_l_arch

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Habilitation du mandataire par ses cotraitants ; DC2 : Déclaration du candidat individuel ou du membre du groupement ; DC4, Déclaration du candidat individuel ou du membre du groupement). Pour finir, cette candidature doit présenter un dossier de références significatives en correspondance avec le programme. Ces fiches “références”, mises à jour régulièrement, permettent une meilleure réactivité, au moment de la publication des appels d’offres : le gain de temps est indiscutable lors de la constitution des dossiers de candidature. Les appels d’offres de marchés publics doivent être publiés dans un journal officiel (le Moniteur, le Bien public, les Affiches de Grenoble et du Dauphiné, etc.). Néanmoins, dans certains cas, pour réduire le nombre de candidatures et s’assurer de leur qualité, la maîtrise d’ouvrage contacte directement au moins trois architectes dont elle reconnaît les compétences professionnelles. Elle publie ensuite un appel d’offres dans un journal officiel au périmètre restreint de diffusion. Cette procédure “aménagée” apporte au maître d’œuvre une double satisfaction : la reconnaissance, a priori, de ses qualités professionnelles et l’assurance relative d’une concurrence moindre. Le réseau professionnel ainsi que la qualité des références proposées à la maîtrise d’ouvrage sont deux atouts essentiels pour obtenir des marchés et garantir la pérennité d’une agence d’architecture.

Jardin

Vue intérieure de l’Extension

la cour intérieure

Jardin

Intérieur de la Chapelle la Salle-­‐des-­‐Pauvres

la Chapelle

La Chapelle

Peintures murales

RESTAURATION ET EXTENSION DE LA LÉPROSERIE DE MEURSAULT

(Bâ4ment I.S.M.H – Site classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO) Programme : Réhabilita<on en salles de récep<on et salles d’exposi<on Maîtrise d’ouvrage : Commune de Meursault Maîtrise d’œuvre : Simon BURI (Mandataire) /Frédéric Jung (arch.) /SLH (bet) /ECRH (économ.) Chan<er : 2012-­‐2015 Missions : Base (MOP) + DIAG + EXE + OPC Coût des travaux : 2 850 000 € HT

Plan Masse du Projet

Exemple de « fiche référence » contenue dans les candidatures à appel d’offres. 10


1. L’agence Simon Buri SELEURL

Implication personnelle au sein de l’agence Étant la seule collaboratrice de M. Buri, j’ai participé à l’élaboration de très nombreux dossiers. J’ai réalisé, sous la direction de M. Buri, de nombreux diagnostics allant du relevé à la description des travaux ainsi que quelques projets de réhabilitation. J’ai également rédigé les notes méthodologiques pour de deux appels d’offres (Réhabilitation des mairies de Tart‑le-Haut et Villebichot). J’ai aussi maintenu à jour l’ensemble des fiches “référence” de l’agence, relative chacune à un bâtiment donné (mise en page et sélection photographique). Par ailleurs, l’Ordre des architectes ayant refondu son site et mis en place le dispositif “architecte pour tous”, j’ai créé le book de l’agence sur le site internet de l’Ordre.

Capture d’écran de la page d’accueil du book de l’agence Simon Buri sur le site internet de l’Ordre des architectes.

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Église Saint-Sulpice Authiou (58)

déc. 2015

janv. 2016

Mise à jour des plans

DIAG et parti de restauration

Église Saint-Cloud

Chantier

Maynal (39) Église de Sézéria

fév. 2016

m

Chantier

C

Relevé et mise au net Relevé et mise au net

Orgelet (39) Église Saint-Léger

DIAG et parti de restauration

Jancigny (21) Beffroi

PC

Nuits-Saint-Georges (21) Église Saint-Léger

DIAG

Saint-Léger-sous-Beuvray (71) Église Saint-Gervais et Saint-Protais

Relevé e

Ouagne (58) Église Notre-Dame et Saint-Roch Asnan (58) Église Saint-Etienne Neublans-Abergement (39) Eglise Sainte-Amélie Dun-les-Places (58) Chapelle de Mont-Sabot Neuffontaines (58) Réhabilitation d'un domaine Viticole Pommard (21) Réhabilitation d'une ancienne grange Bagnot (21)

Relevé et mise au net PC

Réhabilitation d'un bâtiment d'habitation Champdôtre (21) Réhabilitation d'un ancien Presbytère Grobois-en-Montagne (21) Étude "Cœur de village" Sémézange (21) Réhabilitation de la Maison Duplessy Longvic (21)

Réhabilitation de la Mairie et de logements locatifs Tart-le-Haut (21)

Réhabilitation de la Mairie et création d'un Espace de Rencontres et de Loisirs Villebichot (21)

Projets abordés durant la mise en situation professionnelle. 12

Relevé et mise au net Rédaction de l'étude


1. L’agence Simon Buri SELEURL

16

mars-16

er

Chantier

Chantier

DIAG

Parti de restauration

se au net

avr. 2016

mai. 2916

juin-16

juil. 2016

Chantier

PC modif

G Relevé et mise au net

DIAG

Parti de restauration Relevé et mise au net

DIAG

Chantier Clocher et relevé des intérieurs

Chantier Clocher et DIAG des intérieurs

Parti de restauration des intérieurs

DIAG et P.C. PC ESQ

APS EXE

Relevé, mise au net et faisabilité D.O.E / Révision des prix

se au net e l'étude Appel d'offre Appel d'offre

Appel d'offre

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Église Saint-Sulpice

Chevet à pans coupés

Église Saint-Sulpice, Authiou (58) (I.S.M.H) Le projet de restauration du chœur a débuté en 2002 puis s’est interrompu durant plusieurs années. La reprise du projet en 2016 a entraîné l’extension de la restauration au clocher et sa chapelle ainsi que la mise à jour des plans. Le chœur de l’église d’Authiou présente un désordre structurel important : ses murs basculent en tête. Cette altération de la structure est liée principalement à un défaut de conception de la charpente. Les doubleaux des travées du chœur sont extrêmement déformés et ont été étayés afin d’éviter un possible effondrement. Le clocher, quant à lui, subit de nombreuses infiltrations tout comme la sacristie. Type de marché : marché public. Mission : mission complète de maîtrise d’œuvre. Tâches exécutées :

- mise à jour des plans ; - rédaction de l’historique de l’édifice ; - production du diagnostic sanitaire et du reportage photographique (état des lieux, désordres) ; - mise au point du parti de restauration.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

Fissuration de la voûte du chœur

Étaiement des doubleaux du chœur

Altération des parements de la chapelle du clocher

Projet : coupe longitudinale sur le chœur

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Intérieurs et mobiliers de l’église restaurés

Restauration des intérieurs de l’église Saint-Cloud, Maynal (39) (I.S.M.H) L’église de Maynal dans le Jura est implantée à flanc de colline. La restauration de l’église a débuté en 2008 par la celle du clocher. J’ai pu assister aux réunions de chantier de la tranche de travaux n°3 qui concerne les intérieurs et le mobilier de l’église. Type de marché : marché public. Mission : mission complète de maîtrise d’œuvre. Tâches exécutées :

- participation à plusieurs réunions de chantier dont une visite du laboratoire chargé de la restauration de la statuaire et des éléments picturaux de l’église ; - modélisation graphique de la porte monumentale d’entrée dans l’objectif de convaincre la DRAC de l’importance de créer une vue depuis le narthex.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

Échafaudage de la Nef sur trois niveaux et protection des bancs (poussière, chute d’enduit, projection d’enduit, passage humain...).

Découverte de l’absence de dalles sous les bancs en cours de chantier et mise en place d’un béton de chaux pour combler les surfaces manquantes (afin de pouvoir réorganiser les bancs et de les protéger de l’humidité du sol)

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Vue de l’église depuis le chœur

Vue du chevet plat et des éléments composants un triplet

Église de Sézéria, Orgelet (39) (I.S.M.H) L’église de Sézéria est implantée dans la plaine d’Orgelet. L’ensemble de l’église est fortement dégradé : - la nef est en partie effondrée et la dernière travée menace de s’écrouler ; - le presbytère est en ruine ; - la petite chapelle sud est éventrée ; - la couverture de la sacristie est largement percée ; - la totalité de l’édifice est couvert de végétation. Seule la chapelle sud et le clocher ont conservé leur couverture. Ils présentent toutefois de nombreuses altérations structurelles. Cette dégradation avancée de l’église est due à sa désaffection depuis 1902. Le presbytère était déjà en partie effondré. L’église s’est peu à peu altérée au fil du temps. Le couvrement de la nef s’est d’ailleurs effondré en 1965. Type de marché : marché public. Mission : mission de diagnostic. Tâches exécutées :

- réalisation du relevé et sa mise au net ; - rédaction de l’historique de l’édifice ; - production du diagnostic sanitaire et du reportage photographique (état des lieux, inventaire des éléments à caractère patrimonial, désordres) ; - mise au point du parti de restauration ; - description des travaux selon le phasage défini par le parti de restauration.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

PARATONNERRE

her et de la première

e Sud, du Presbytère her

u Chœur

Éléments architecturaux remarquables à mettre en valeur : chapelle voûtée, baie à remplage et baie d’un triplet.

s intérieurs et mise en

PARATONNERRE

mière

CREATION D'ABAT-SONS

ytère

ENDUIT A LA CHAUX PURGE DES MACONNERIES DESTABILISEES

se en RECONSTRUCTION DU DOUBLEAU CREATION

RESTITUTION DU PIGNON COUVERT EN LAVE DU CHEVET

RESTITUTION DU PIGNON EN LAVE

D'ABAT-SONS

RESTITUTION DE LA COUVERTURE EN LAVE DE LA CHAPELLE SUD

RESTAURATION DES EGOUTS EN LAVE

RESTITUTION DES EGOÛTS EN LAVE RESTAURATION DECHAUX ENDUIT A LA LA BAIE A REMPLAGE

PURGE DES MACONNERIES DESTABILISEES

RECONSTRUCTION DU DOUBLEAU

U PIGNON AVE DU CHEVET

RESTITUTION DU PIGNON EN LAVE

RESTITUTION DE LA COUVERTURE EN LAVE DE LA CHAPELLE SUD

RESTAURATION DES EGOUTS EN LAVE

RESTITUTION DES EGOÛTS EN LAVE RESTAURATION DE LA BAIE A REMPLAGE

CONSOLIDATION DES CONTREFORTS FRAGILISES

ON DES GILISES

ARASEMENT ET REPRISE DES MURS

EVACUATION DES GRAVATS AVEC SUIVI ARCHEOLOGIQUE

RESTITUTION DE LA TRIBUNE

RESTAURATION DES SOLS ?

Coupe CC

EVACUATION DES GRAVATS AVEC SUIVI ARCHEOLOGIQUE

RESTAURATION DES SOLS ?

Phase 1 : Mise en sécurité du Clocher et de la première Coupe CC travée de la Nef

Etude préalable à laàrestauration de de l’église de de Sézéria (I.S.M. Etude préalable la restauration l'église Sézéria (I.S d’Ouvrage : Commune d’Orgelet Phase 1 : Mise enMaître sécurité duARASEMENT Clocher et de la première Maître d'Ouvrage : Commune d'Orgelet (Jura) (Jura) ET travée de la Nef REPRISE DES MURS Phasage des travaux : coupes BB Coupes transversales BBetetCC CC

Phase 2 : Restauration de la Chapelle Sud, du Presbytère 5m 5m Clocher

RESTITUTION DE LA 0 0 1 1 et des parements TRIBUNE Ech : 1/100 Ech : 1/100extérieurs du

Phase 4 : Restauration des parements intérieurs et mise en valeur de l’église

2

10m

Phase 4 : Restauration des parements intérieurs et mise en valeur de Etude préalable à l’église laàrestauration de de l’église de de Sézéria (I.S.M.H) Etude préalable la restauration l'église Sézéria (I.S.M.H)

Coupe sur la nef et phasage des différentes tranches de travaux Phase 3 : Restauration de la Nef et du Chœur

JuinMars 2016 2016

Phase 3 : Restauration de la Nef et du Chœur 0

Phase 2 : Restauration de la Chapelle Sud, du Presbytère et des parements extérieurs du Clocher

Étude Etude

Maître d’Ouvrage : Commune d’Orgelet Maître d'Ouvrage : Commune d'Orgelet (Jura) (Jura)

Phasage des travaux : coupes BB Coupes transversales BBetetCC CC 0

Ech Ech : 1/100 : 1/100

0

1

1

5m 5m

Étude Etude JuinMars 2016 2016

3

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Église Saint-Léger

Fissuration du clocher et basculement de son angle sud-ouest

Église Saint-Léger, Jancigny (21) (I.S.M.H) Le clocher de l’église de Jancigny présente un désordre structurel considérable. Il menace de s’effondrer sur l’ancien presbytère construit à un mètre seulement des contreforts du clocher. Ce désordre est lié à un défaut de contrebutement du clocher lorsque la nef s’est écroulée au XVIIIème siècle. La trop forte poussée de la charpente de la sacristie, liée à un défaut de chaînage de ses maçonneries à celles du chœur engendre un basculement du mur gouttereau de la sacristie. Un défaut de fixation des demi-fermes entraîne un basculement en tête du mur gouttereau nord du bas-côté. La mission porte sur la restauration complète de l’édifice comprenant notamment la reprise structurelle du clocher, de la sacristie et du chœur. Type de marché : marché public Mission : mission complète de maîtrise d’œuvre. Tâches exécutées :

- rédaction de l’historique de l’édifice ; - production du diagnostic sanitaire et du reportage photographique (état des lieux, désordres) ; - mise au point du parti de restauration.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

Coupe sur le clocher : projet de restauration et consolidation du clocher

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Beffroi de Nuits-Saint-Georges

Porte principale présentant deux vantaux à panneaux différents

Restauration des menuiseries du beffroi, Nuits-Saint-Georges (21) (I.S.M.H) Les menuiseries du beffroi de la commune de Nuits-Saint-Georges sont très altérées : mastics dégradés, vantaux déformés, pièces d’appui marquées par l’usure… Elles présentent également des dispositions hétérogènes : présence conjointe de menuiseries à grands carreaux et à petits carreaux et composition par deux vantaux différents de la porte de la façade nord. L’état critique des menuiseries dans son ensemble impose leur restauration. Type de marché : marché public. Mission : mission complète de maîtrise d’œuvre. Tâches exécutées :

- rédaction de l’historique de l’édifice ; - production du diagnostic sanitaire et du reportage photographique (état des lieux, désordres) ; - mise au point du parti de restauration ; - réalisation du PC.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

Façade ouest : inventaire des menuiseries et projet de restauration 23


Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Transept nord de l’église Saint-Léger

Église Saint-Léger, Saint-Léger-sous-Beuvray (71) (I.S.M.H) L’église Saint-Léger souffre de nombreuses infiltrations dues à des couvertures en ardoises hors d’usage. L’humidité, présente dans les combles, a également altéré les voûtes de la nef et des bas-côtés. Les revêtements de sol extérieurs, imperméables et mourants au pied des murs, participent au développement de mousses sur les soubassements de l’ensemble de l’église. Type de marché : marché public. Mission : mission complète de maîtrise d’œuvre. Tâches exécutées :

- rédaction de l’historique de l’édifice ; - production du diagnostic sanitaire et du reportage photographique (état des lieux, désordres) ; - mise au point du parti de restauration.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

Couvertures en ardoises et zinc hors d’usage

Parements du narthex altérés par les remontées capillaires

Verrière déformée et détériorée de l’absidiole accolée à la face sud du chœur

Traces d’infiltrations sur la voûte de la nef

Infiltrations sur la voûte de l’absidiole sud 25


Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Église Saint-Gervais et Saint-Protais

Église Saint-Gervais et Saint-Protais, Ouagne (58) (I.S.M.H) L’église d’Ouagne présente une première travée de nef fortement dégradée et de nombreuses infiltrations liées à des couvertures hors d’usage. L’altération de la première travée pourrait être causée par un défaut de sol (préconisation de sondages pour connaître la nature des sols et la profondeur des fondations) ou par le changement de couvrement de la travée (traces d’anciens planchers dans les combles). Type de marché : marché public. Mission : mission complète de maîtrise d’œuvre. Tâches exécutées :

- réalisation du relevé et sa mise au net ; - rédaction de l’historique de l’édifice ; - production du diagnostic sanitaire et du reportage photographique (état des lieux, désordres) ; - mise au point du parti de restauration.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

Désquamation des pierres de taille des contreforts

Fissuration de la première travée de la nef et infiltrations visibles sur les parements

Rupture des assemblages de charpente et infiltrations dans les combles CC

CC TRAITEMENT MERULE

PLACE

TRAITEMENT MERULE

PLACE

EVACUATION DES DALLES EN PIED DE MUR ET DRAINAGE

BB

BB

EVACUATION DES DALLES EN PIED DE MUR ET DRAINAGE RESEAU E.P ENTERRE

E.P

E.P

E.P

E.P

E.P E.P

AA

AA

AA

POMPE EXISTANTE POMPE EXISTANTE

PURGE DES JOINTS CIMENT INTERIEURS

REGARD EXISTANT REGARD EXISTANT E.P REMPLACEMENT DES MENEAUX DEGRADES

E.P E.P RESTAURATION DES VITRAUX

EVACUATIONS EP VERS BIEF

BIEF

RESEAU EXISTANT ?

BB

BB ROUTE

REMPLACEMENT DES MENEAUX DEGRADES

RESTAURATION DES VITRAUX EVACUATION DES DALLES EN PIED DE MUR ET DRAINAGE

CC

CC

EVACUATION DES DALLES EN PIED DE MUR ET DRAINAGE

E.P

RESEAU EXISTANT ?

ROUTE

EVACUATIONS EP VERS BIEF

BIEF

Etude préalable à la restauration de l'église Saint Gervais et Saint Protais d'Ouagne (I.S.M.H sauf clocher)

Etude préalable à la restauration de l'église Saint Gervais et Saint Protais d'Ouagne (I.S.M.H sauf clocher)

Maître d'Ouvrage : Commune d'Ouagne (Nièvre)

- Projet - Plan de sol Ech : 1/100

0

1

Etude 5m

Juillet 2016

Maître d'Ouvrage : Commune d'Ouagne (Nièvre)

1 Ech : 1/100

- Projet - Plan de sol 0

1

Etude 5m

Juillet 2016

1

Projet de restauration et de traitement des eaux pluviales (plan de sol)

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Église Notre-Dame et Saint-Roch

Gouttereau sud présentant un ventre et des infiltrations. Tirants positionnés au-dessus des baies, ce qui les rend inefficaces.

Église Notre-Dame et Saint-Roch, Asnan (58) La nef de l’église d’Asnan menace de s’effondrer et l’ensemble de l’édifice est dégradé. Ces désordres sont dus à différents facteurs : - l’emploi de matériaux de mauvaise qualité ; - un défaut de sol (remblai non tassé) ; - des infiltrations conséquentes (couvertures hors d’usage). Il s’agissait de déterminer un projet d’intervention d’urgence à court terme (étaiement et mise en sécurité des abords) et un projet de restauration à long terme envisageant une potentielle démolition de certaines parties de l’église (nef, transept, chœur). Type de marché : marché public. Mission : mission complète de maîtrise d’œuvre. Tâches exécutées :

- réalisation du relevé et sa mise au net ; - rédaction de l’historique de l’édifice ; - production du diagnostic sanitaire et du reportage photographique (état des lieux, désordres) ; - modélisation des différentes possibilités de projet comprenant la démolition partielle de l’église.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

Effondrement d’un quart de voûte de la 1ère travée lié au basculement du mur gouttereau sud

Pourrissement et désagrégation des bois de charpente imputables aux infiltrations dans la couverture

Couverture en tuiles plates hors d’usage

Altération des parements due aux infiltrations dans la couverture

Exemple de modélisation de l’église : démolition de la nef 29


Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Église Saint-Étienne après la restauration des extérieurs (à l’exception du clocher)

Vue de la nef : les parements sont dégradés et présentent un soubassement en ciment qui maintient l’humidité à l’intérieur du mur

Église Saint-Étienne, Neublans-Abergement (39) (I.S.M.H) La restauration de l’église de Neublans-Abergement a débuté en 2013. Les deux premières tranches de travaux concernaient la reprise structurelle de la sacristie et des transepts, ainsi que la restauration des façades de l’ensemble de l’édifice à l’exception du clocher. La troisième tranche, lancée au printemps 2016, concerne alors uniquement la restauration du clocher. La commune a confié à l’agence la réalisation d’une quatrième tranche de travaux concernant les intérieurs (purge des enduits ciment, restauration de décors peints et mise en valeur générale de l’église). Type de marché : marché public. Mission : mission complète de maîtrise d’œuvre. Tâches exécutées :

- mise à jour du relevé des intérieurs ; - rédaction de l’historique de l’édifice ; - production du diagnostic sanitaire et du reportage photographique (état des lieux, inventaire de la statuaire, désordres) ; - mise au point du parti de restauration.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

Suite à la dépose de la couverture découverte de la charpente dégradée (elle semblait saine vue du beffroi)

Sondage en pied du retable

Découverte de décors baroques dans la sacristie (partie la plus ancienne de l’église)

Coupe partielle longitudinale et projet de restauration des intérieurs de l’église

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Chœur de l’église Sainte-Amélie

Charpente du déambulatoire et ses renforts « sauvages»

Église Sainte-Amélie, Dun-les-Places (58) (I.S.M.H)

La restauration des couvertures de l’église de Dun-les-Places a débuté en 2014 par celles de la nef, des bas-côtés et des transepts. Ces travaux se sont achevés au printemps 2016. Pour terminer le remplacement des couvertures dégradées, une dernière tranche de travaux concernant celles du chœur, du déambulatoire et de l’absidiole sud, a ensuite été confiée à l’agence. La charpente du déambulatoire est également à remplacer : de nombreux renforts reposant directement sur les voûtes ont été mis en place. La disposition actuelle de la charpente n’est pas celle d’origine : des empochements sont visibles derrière les muraillières. La mauvaise conception de la charpente, associée à la présence des empochements, a orienté le parti de restauration vers son remplacement total après conception d’une nouvelle structure. Type de marché : marché public. Mission : mission complète de maîtrise d’œuvre. Tâches exécutées :

- rédaction de l’historique de l’édifice ; - dessin des plans du chœur, du déambulatoire et de l’absidiole sud ; - production du diagnostic sanitaire et du reportage photographique (état des lieux, désordres) ; - mise au point du parti de restauration ; - description des travaux ; - élaboration du PC.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

Coupe sur les charpentes du chœur et du déambulatoire : mise en place d’un faîtage en plomb sur membron en chêne et d’une gouttière sur entablement afin de mettre en valeur la corniche moulurée et ses modillons. 33


Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Chapelle du Mont-Sabot

Restauration de la chapelle du Mont-Sabot, Neuffontaines (58) (I.S.M.H) La restauration de la chapelle du Mont-Sabot a débuté au printemps 2016. Elle comprend : - le remplacement des couvertures de la nef, du clocher et des transepts ; - la reprise structurelle des têtes de mur (le poids de la couverture créait de trop fortes poussées sur les murs gouttereaux) ; - la mise en place d’un réseau de gestion des eaux pluviales ainsi qu’un drainage en pied de murs afin de limiter les remontées capillaires sources de désordres intérieurs. Après la mise en place des échafaudages autour des transepts, il s’est avéré que la couverture du chœur était extrêmement dégradée et exigeait par conséquent son remplacement. Un PC concernant uniquement la couverture du chœur a été déposé auprès des autorités compétentes (commune et DRAC). Type de marché : marché public. Mission : mission complète de maîtrise d’œuvre. Tâches exécutées :

- rédaction de l’historique de l’édifice ; - production du diagnostic sanitaire et du reportage photographique (état des lieux, désordres) ; - mise au point du parti de restauration ; - réalisation du PC.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

Découverte des restes de l’ancienne couverture en lave sous la toiture en tuiles

Couverture du chœur en lave fortement dégradée

SUD

Restauration de la couverture du Choeur de la Chapelle de Mont-

Maître d'Ouvrage : Communauté de Communes "La Fleur du Nivernais" (Nièvr

Coupe transversale et façade Nord Coupe transversale

Ech : 1/100

0

1

5

P.C 3 Juin 2016

Coupe sur le chœur : localisation de l’intervention 35


Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Maison principale datant des années 1930

Réhabilitation d’un domaine viticole, Pommard (21) Ce projet concerne la réhabilitation de trois bâtiments d’habitation aux caractéristiques architecturales différentes : une maison imposante des années 1930 “conservée dans son jus”, une petite annexe aménagée en bar et une maison médiévale remaniée. Type de marché : marché privé. Mission : mission complète de maîtrise d’œuvre. Tâches exécutées :

- réalisation du relevé et sa mise au net ; - analyse des besoins et attentes des maîtres d’ouvrage ; - proposition et dessin d’un projet pour la réhabilitation en logements des trois habitations composant le domaine ; - réalisation des plans des réseaux d’évacuation des eaux usées et des eaux pluviales selon les contraintes imposées par la commune.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

Plan des réseaux existants et projetés du domaine Éléments architecturaux remarquables

Baie à coussiège visible dans la maison médiévale

Décors (plafond, boiseries et tapisserie) des années 1930

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Ancienne grange déjà en partie réhabilitée par M. Buri

Réhabilitation d’une habitation, Bagnot (21) Les maîtres d’ouvrage ont fait appel à M. Buri pour ce projet car il avait conçu le projet des précédents propriétaires du bâtiment. Le projet consiste en la transformation et l’agrandissement des espaces d’habitation. Type de marché : marché privé. Mission : mission complète de maîtrise d’œuvre. Tâches exécutées :

- réalisation des plans des réseaux électriques et des eaux usées et pluviales de l’habitation ; - réalisation du Permis de Construire (PC) et du photomontage du projet ; - modélisation de la cuisine en 3D.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

Plan partiel du rez-de-chaussée des réseaux d’eaux usées et d’eaux pluviales

Application de textures sur modèle 3D existant 39


Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Façade principale du bâtiment à réhabiliter

Réhabilitation d’un bâtiment d’habitation, Champdôtre (21) La mission concerne la réalisation d’une étude de faisabilité associée au projet de réhabilitation d’une ancienne grange. Le programme comprenait : - l’aménagement du rez-de-chaussée en mairie et équipements communaux (local associatif, bibliothèque et bureau de poste) ; - la création de deux logements locatifs à l’étage. Type de marché : marché public. Mission : étude de faisabilité. Tâches exécutées :

- réalisation du relevé et sa mise au net ; - analyse du programme et des enjeux architecturaux ; - dessin de l’esquisse ; - élaboration et rédaction du dossier de l’étude ; - vérification du descriptif de travaux élaboré par l’économiste.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

Salle du conseil

Salle de repos Bibliothèque Local associatif WC

Bureau du maire

Secrétariat

Accueil

Agence postale

Accès aux logements

Logement 2 type F3 61m² Accès aux logements Espace sans destination

Logement Logement 1 2 type F3 65m² type F3 61m²

Espace sans destination

Logement 1 type F3 65m²

Schémas de principe de faisabilité

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Ancien presbytère et son extension

Réhabilitation d’un ancien presbytère, Grosbois-en-montagne (21) Suite à une étude “Cœur de village”, la commune de Grosbois-en-montagne a confié à M. Buri la réhabilitation de l’ancien presbytère en logements et locaux communaux. Type de marché : marché public. Mission : mission complète de maîtrise d’œuvre. Tâches exécutées :

- réalisation de la révision des prix selon le Cahier des Clauses Administratives Particulières (CCAP) ; - observation des Dossiers des Ouvrages Exécutés rédigés par les entreprises et collectés par l’agence.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

Vue depuis le préau

Vue de l’extension

Vue de l’extension

Vue intérieure de l’extension

Vue générale

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Vue intérieure du lavoir

Maison « Marchezeuil »

Étude «Cœur de village», Sémézange (21) Cette étude était déjà en cours d’élaboration lorsque j’ai intégré l’agence de M. Buri. Le relevé de deux bâtiments (lavoir et maison « Marchezeuil ») était réalisé, mais la commune souhaitait ajouter à l’étude un bâtiment communal de logement (l’ancienne gare). Il s’agissait donc pour moi de compléter le relevé et d’achever le rapport écrit en collaboration avec le paysagiste associé à ce projet. Type de marché : marché public. Mission : mission d’étude dans le cadre du dispositif “Cœur de village” mis en place par le Conseil régional de Bourgogne. Tâches exécutées :

- réalisation du relevé de l’ancienne gare et sa mise au net ; - proposition et dessin d’un projet de réhabilitation pour la maison « Marchezeuil »; - rédaction du rapport d’étude en collaboration avec le paysagiste.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

Plans de projet de la maison « Marchezeuil »

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Façade principale de la Maison Duplessy

Réhabilitation de la Maison Duplessy, Longvic (21) L’appel d’offres pour la Réhabilitation de la Maison Duplessy était décomposé en deux phases : - une première phase de sélection sur dossier de références ; - une seconde phase de sélection sur un entretien présentant une esquisse sommaire. Le projet consiste en l’aménagement d’une habitation, la Maison Duplessy, en Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne. Type de marché : marché public. Mission : réponse à l’appel d’offres. Tâches exécutées :

- analyse du programme et des enjeux architecturaux ; - dessin de l’esquisse ; - production des planches de rendu.

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u

fac

d te n ta xis e e

r Su

Schémas de principe d’organisation des espaces

Grands espaces

t en

tim bâ

Espaces de services Salles d’eau et WC

Bureaux

1. L’agence Simon Buri SELEURL

Corrélation entre les surfaces existantes et les surfaces programmatiques

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Façade principale du bâtiment à réhabiliter

Réhabilitation de la Mairie et de logements locatifs, Tart-le-Haut (21) L’objet de cet appel d’offres concerne un programme de réaménagement des locaux de la mairie et création d’une extension afin d’accueillir l’ensemble des activités communales (120m2 aménagés dans l’édifice existant et 110m2 d’extension) ainsi que la création de deux logements locatifs (120m2 pour les deux) à l’étage de l’actuelle mairie. Type de marché : marché public. Mission : réponse à l’appel d’offres. Budget alloué aux travaux : 700 000€. Tâches exécutées :

- analyse du programme et des enjeux architecturaux ; - production de la note méthodologique.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

Plan masse analytique du programme de réhabilitation

Réhabilitation de la Mairie et de l’Espace de Rencontres et de Loisirs, Villebichot (21) L’objet de cet appel d’offres concerne un programme de réaménagement des locaux de la mairie (d’environ 120m2 répartis sur deux niveaux) ainsi que la création d’un Espace de Rencontres et de Loisirs de 220m2 . Type de marché : marché public. Mission : réponse à l’appel d’offres. Budget alloué aux travaux : 400 000€. Tâches exécutées :

- analyse du programme et des enjeux architecturaux ; - production de la note méthodologique.

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Ma forte implication dans ces différents dossiers a permis d’affirmer ma capacité d’autonomie sur les phases d’études et notamment celles qui confinent au domaine du patrimoine. Je suis ainsi capable d’effectuer seule les relevés d’édifices et leur mise au net. J’ai été également responsable de nombreux diagnostics (églises de Sézéria, d’Orgelet, d’Authiou, de Neublans-Abergement, de Saint-Léger-sous-Beuvray, d’Asnan, d’Ouagne et de Dun-les-Places). En relation directe avec M. Buri, j’ai aussi élaboré les partis de restauration de plusieurs édifices (églises de Dun-les-places, de Neublans-Abergement, de Sézéria et d’Ouagne). Progressivement, j’ai pu étendre mes interventions en établissant deux descriptions de travaux (églises de Sézéria et de Dun‑les‑places). Les échanges réguliers avec M. Buri m’ont également éclairée sur l’importance du CCTP lors de la consultation des entreprises (voir partie 3). Ces échanges, associés à ma participation au suivi de chantier de certains dossiers, m’ont de plus permis d’appréhender la gestion de chantier et ses difficultés, ainsi que la nécessité d’anticiper les implications des différentes institutions et d’entretenir, avec elles, de bons rapports.

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1. L’agence Simon Buri SELEURL

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

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2. LE CONTEXTE PATRIMONIAL


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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

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« Tout système a sa constante systémique. C’est une grandeur qui diminue dans une certaine mesure toutes les grandeurs positives du système et en augmente les grandeurs négatives. Ainsi, si vous calculez que, théoriquement, il y aura cette année une récolte X, pratiquement cette récolte n’excédera pas la grandeur X/a, où a est la constante systémique (a≥1). Si vous prévoyez de terminer un chantier au bout de Y jours, pratiquement il ne sera terminé qu’au bout de Y.a jours. » Les Hauteurs béantes, Alexandre Zinoviev, 1976.

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

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2. Le contexte patrimonial

Multiplicité des acteurs Dans le cadre d’une intervention sur un édifice protégé, le cercle des acteurs impliqués dans le projet architectural s’agrandit. En plus des intervenants habituels tels que le Maître d’Ouvrage et ses collaborateurs (CSPS et CT), l’équipe de maîtrise d’œuvre, les services communaux d’urbanisme, ..., des professionnels extérieurs sont susceptibles d’intervenir au cours du processus de projection architecturale. En effet, plusieurs institutions décentralisées de l’État possèdent non seulement un pouvoir juridique de délivrance des autorisations de travaux mais également un droit de regard sur le projet architectural. Les associations patrimoniales, selon la nature, jouent souvent un rôle notable dans le développement du projet. • Unités Départementales de l’Architecture et du Patrimoine Les UDAP ont la mission de veiller à la bonne conservation des Monuments Historiques. Chaque UDAP intervient au niveau départemental, en amont du dossier d’autorisation de travaux. En effet, sa mission de conseil permet d’identifier tous les travaux qui ne respecteraient pas les valeurs patrimoniales associées à l’édifice protégé. Ces services sont administrés par le corps des Architectes des Bâtiments de France. • Directions Régionales des Affaires Culturelles Ces institutions ont les mêmes objectifs que les UDAP. Les DRAC interviennent donc à l’échelle de la région et comprennent, chacune, plusieurs services pouvant être sollicités tout au long de la réalisation du projet. Le conservateur régional des Monuments Historiques accompagnera le maître d’ouvrage et l’architecte tout au long du déroulement du projet, notamment par sa présence régulière et sa forte implication dans le suivi de chantier. Le conservateur régional de l’archéologie doit être consulté avant toute intervention au sol (telle que les sondages faits par les géotechniciens).

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Il prescrira ou non des fouilles archéologiques préventives en fonction de plusieurs critères tels que l’histoire du site ou encore l’ampleur des interventions. Le conservateur régional des antiquités et objets d’art a la responsabilité de la bonne conservation des objets pouvant être impactés par le projet. Il est par exemple sollicité dès les études pour la restauration des intérieurs d’une église et donne son avis sur le mobilier et la statuaire protégés au titre des Monuments Historiques. La DRAC tient un rôle majeur dans le processus d’obtention des autorisations de travaux. Elle est en effet consultée pour tous travaux sur bâti inscrit et elle délivre également, signées par le préfet de région, les autorisations de travaux sur monument classé. Elle a également un rôle de financeur important comme nous le décrirons ensuite. La DRAC et l’UDAP sont des institutions qui entretiennent des rapports forts car chacune possèdent des connaissances et des pouvoirs distincts qui leur permettent de maîtriser, à l’échelle de la région, la politique d’intervention sur l’ensemble des dispositifs patrimoniaux (immeubles, sites, Aire de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine dite AVAP, etc.) • Commission des Arts Sacrés Cette commission est missionnée par l’évêque du diocèse afin de veiller à l’aménagement des lieux de culte, en application des normes liturgiques, ainsi qu’à la conservation du patrimoine artistique contenu dans les édifices cultuels. Cette commission intervient lors de restaurations intérieures pour s’assurer de la bonne conservation des objets liturgiques tels que la statuaire, le mobilier ou les éléments picturaux. • Associations de défense du patrimoine Ces associations ont un rôle essentiel car elles peuvent encourager les maîtrises d’ouvrage à engager une procédure de restauration. Elles sont

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2. Le contexte patrimonial

également capables de fournir de nombreux documents anciens issus de leurs recherches afin de faciliter la compréhension historique du site. Elles sont, de plus, des leviers financiers et peuvent participer au financement des opérations de travaux grâce à des campagnes de dons (tel que les souscriptions menées par la Fondation du Patrimoine). Tous ces intervenants sont des collaborateurs indispensables avec lesquels il est primordial d’entretenir des rapports cordiaux afin de faciliter le bon déroulement du projet architectural.

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Régime des autorisations de travaux Les interventions sur bâtiments protégés (ou leurs abords) sortent du droit commun. Elles sont soumises non seulement au Code de l’urbanisme mais également au Code du patrimoine. Tout comme les projets « communs », la vérification de la conformité au règlement d’urbanisme en vigueur sur le site du monument inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, est de la responsabilité de la commune sur laquelle se situe le projet. La conformité au Code du Patrimoine est, quant à elle, évaluée par l’UDAP comme première instance consultative et ensuite par la DRAC, instance décisionnaire du préfet de région. Cette conformité est accompagnée d’une analyse subjective qui valide ou non l’adéquation entre les travaux envisagés et la conservation de l’identité de l’édifice. Cela engendre des délais légaux supplémentaires dans le traitement du dossier d’autorisation de travaux afin que l’ABF et les conservateurs puissent étudier le dossier et émettre un avis. Le délai d’obtention d’un permis de construire sur édifice inscrit est de six mois (au lieu de deux pour les maisons individuelles ou trois pour les autres bâtiments). Durant ce délai, les services institutionnels peuvent réclamer des documents complémentaires afin de juger du bien fondé des travaux à venir. L’avis est émis par le préfet de région sur les conseils de la DRAC et l’UDAP. Il est déterminant pour l’obtention de l’approbation définitive (délivrée par la commune) car il entraîne l’accord ou le rejet de l’autorisation de travaux. En ce qui concerne les bâtiments classés, la procédure est spécifique : l’autorisation de travaux est directement accordée par le préfet de région sur l’avis émis par son service culturel (la DRAC), après avis éventuel de l’UDAP. Le délai maximal d’instruction par le préfet est de six mois. Toutefois, si le ministère de la Culture (Direction Générale des Patrimoines – DGP) intervient dans le dossier, ce délai est étendu à un an. En ce qui concerne la délivrance des autorisations, il est fondamental de

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2. Le contexte patrimonial

souligner que le silence de l’autorité compétente ne vaut pas accord tacite au bout des six mois d’instruction. Il s’agit donc d’être vigilant afin de ne pas être en infraction en considérant le permis comme acquis au-delà de ce délai. Contrairement à la grande majorité des services communaux, ces institutions étatiques emploient des professionnels avertis qui connaissent les rouages de la maîtrise d’œuvre ainsi que le patrimoine sur lequel l’architecte intervient. Ils instruisent donc les dossiers avec un savoir et une exigence tout particuliers, dans un souci constant de respect de l’identité3 du bâtiment.

3

L’identité d’un édifice peut se caractériser par la triade vitruvienne : « Utilitas » (son usage), « Firmitas » (structure liée à la spatialité) et « Venustas » (sa beauté).

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Financement Le financement des travaux de restauration d’un édifice patrimonial n’est pas obligatoirement assumé en totalité par la maîtrise d’ouvrage. En effet, cette dernière dispose, entre autres, de deux leviers supplémentaires au‑delà des emprunts bancaires. • subventions Dans la restauration d’édifices patrimoniaux, qu’ils soient protégés ou non, la maîtrise d’ouvrage peut demander des subventions auprès de diverses institutions tels que la DRAC, le Conseil Régional, le Conseil Général ou bien encore les communautés de communes. Ces financements, variables mais fondamentaux à la réalisation de travaux, entraînent un surplus de travail de la part de l’architecte. En effet, ces demandes sont des processus administratifs supplémentaires dans lesquels l’architecte doit assister la maîtrise d’ouvrage. Toutefois, ces subventions accordées par les institutions publiques ne sont attribuées sur devis des entreprises sélectionnées (après analyse des offres). Ce qui implique que, jusqu’à cette phase, la maîtrise d’ouvrage n’est pas assurée du subventionnement des travaux. On imagine alors assez facilement que celle-ci pourrait ne pas pouvoir assumer la charge financière des travaux envisagés. • souscriptions La maîtrise d’ouvrage peut également faire appel à des associations tel que la Fondation du patrimoine pour financer une partie du projet. La popularisation des outils de crowdfunding (financement participatif par les particuliers ou les entreprises) a particulièrement facilité la recherche et le financement de projets patrimoniaux. Ces outils permettent de rayonner au‑delà du réseau de personnes physiques gravitant autour du projet et de promouvoir ce dernier au niveau régional voire national. Cette participation financière peut soulager considérablement la maîtrise

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2. Le contexte patrimonial

d’ouvrage et aller jusqu’à s’acquitter de la totalité des fonds en propre engagés par celle-ci. Par exemple, la souscription concernant la restauration de l’église de Pernand-Vergelesse a permis à la commune de collecter 123 000€ de dons et ainsi de financer 28% du montant des travaux évalué initialement à 450 000€.

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

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3. RESTAURER UN ÉDIFICE PROTÉGÉ


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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

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« Bien restaurer, c’est, pourrions-nous dire, faire acte d’abnégation devant le passé. Plus l’architecte d’aujourd’hui s’incline, s’agenouille, s’efface devant le monument, mieux il accomplit son devoir. Le jour où, se redressant et levant la tête, il s’écrie : « Moi aussi, j’existe ! » – ce jour-là, l’édifice ancien tremble. » La restauration en architecture, Camillo Boito, 1893.

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

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3. Restaurer un édifice protégé Restaurer un édifice protégé c’est intervenir sur un bâtiment reconnu par l’État comme d’intérêt patrimonial4. “ La restauration est ce moment méthodologique de reconnaissance de l’œuvre d’art dans sa matérialité physique et dans sa polarité esthétique et historique, en vue de sa transmission au futur… ”5 Cette démarche exige une approche particulière afin de réaliser la restauration de l’édifice dans le respect de son identité et de ses valeurs patrimoniales. Elle implique des choix architecturaux et techniques que seul un architecte averti est en capacité d’assumer. Ma formation à l’École de Chaillot m’a apporté cette méthodologie complète : - adaptable à chaque bâtiment selon les besoins de la mission ; - adaptable au temps imparti défini par des prérogatives de gestion des dossiers et de rémunération de la mission ; - adaptable à la rémunération de la mission. Lors de ma mise en situation professionnelle auprès de M. Buri, j’ai pu appliquer cette méthodologie aux différents dossiers sur lesquels je suis intervenue. Les différentes étapes ci-dessous reflètent la mise en œuvre totale ou partielle de mon savoir-faire en tant qu’architecte du patrimoine acquis au cours de mes expériences professionnelles successives.

4

“Un monument historique est un immeuble [...] recevant un statut juridique particulier destiné à le protéger, du fait de son intérêt historique, artistique, architectural mais aussi technique ou scientifique.” http://www.culturecommunication.gouv.fr

5

Théorie de la restauration, Cesare Brandi, 1963.

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Diagnostic Dans le domaine du patrimoine, le diagnostic prend une place prépondérante dans la définition du projet de restauration en remplaçant les phases ESQ, APS et APD. En marchés publics, de même qu’en marchés privés, il n’accompagne pas toujours une mission complète de maîtrise d’œuvre. En effet, la maîtrise d’ouvrage, comme dans le cadre d’une étude de faisabilité, cherche à déterminer l’ampleur financière et temporelle du projet. Toutefois, dans de nombreux cas, le diagnostic est commandé car le bâtiment à restaurer est dans un état de dégradation avancée et des travaux à court terme sont indispensables à la préservation de son existence. Le diagnostic définit, à un instant donné, l’état des lieux de l’édifice et de son proche contexte. Il recueille l’ensemble des informations indispensables à la mise en place d’un parti de restauration dont nous verrons ensuite les objectifs. Il se décompose en quatre parties distinctes : - un diagnostic environnemental où le contexte géographique et géologique est analysé ; - un diagnostic historique afin de déterminer les différentes phases de construction du bâtiment ; - un diagnostic sanitaire qui inventorie les désordres et détermine leurs causes ; - un diagnostic patrimonial qui identifie les valeurs identitaires de l’édifice. • diagnostic environnemental Parce qu’il étudie l’implantation du bâtiment sur son terrain, les écoulements des eaux de ruissellement ainsi que la portance des sols, le diagnostic environnemental constitue une analyse essentielle qui permet de déterminer la qualité d’assise de l’édifice. La détermination de la portance du sol, des profondeurs des fondations ou encore des battements de nappe implique l’intervention d’une entreprise de géotechnie, en particulier pour la réalisation de sondages.

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3. Restaurer un édifice protégé

L’église de Neublans-Abergement a fait, par exemple, l’objet d’une étude géotechnique qui a mené à la conclusion que le “bon sol”, c’est-à-dire le sol avec la portance requise pour supporter l’ensemble des transepts de l’église structurellement affaiblis, se situait à entre sept et dix mètres de profondeur. Les sondages ont également renseigné la profondeur des fondations, entre quatre-vingt-dix centimètres et un mètre, ainsi que l’épaississement ou non de la semelle de fondation (quinze centimètres supplémentaires par rapport aux murs à certains endroits). Ces données collectées sont ensuite mises en correspondance avec les différents désordres visibles et permettent, après analyse, d’en identifier en partie les causes et de définir un parti de restauration. Réaliser des sondages au pied d’un monument (ou projeter d’effectuer des décaissements) implique aussi des contraintes archéologiques qui requièrent une autorisation particulière et préalable à celle d’exécution des travaux. En effet, les sondages doivent être déclarés très tôt auprès du service d’archéologie de la DRAC afin d’obtenir une autorisation de les réaliser. Le conservateur des antiquités peut alors, s’il le juge nécessaire, préconiser des fouilles archéologiques préventives. Cette décision est prise en fonction de la taille du puits de fouille et de l’histoire connue du site. Ces fouilles doivent être prévues avant l’estimation du coût des travaux car elles sont financées par le maître d’ouvrage et donc, selon la surface de fouilles, impactent le budget global. Les délais d’instruction du dossier par la DRAC se répercutent sur le planning général de l’étude. Pour ces deux raisons, financière et temporelle, il est essentiel d’anticiper au plus tôt la nécessité d’effectuer des sondages de sol. À l’église de Busserotte et Montenaille (21), le projet de reprise en sous‑œuvre du chevet déstabilisé imposait le dégagement des murs gouttereaux sur plusieurs mètres. Cette importante surface de décaissement associée à l’histoire du site, occupé depuis le XIIIème siècle, a entraîné la

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Église d’Authiou : vue de la charpente mal conçue et également en mauvais état.

Église d’Authiou : débris de tuiles canal tombés sur la voûte du chœur.

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3. Restaurer un édifice protégé prescription par la DRAC de fouilles préventives réalisées par un opérateur agréé en archéologie préventive (INRAP, services territoriaux, entreprises spécialisées). • diagnostic historique L’évolution historique peut être réalisée à la fois par l’analyse du bâtiment en lui-même et/ou par des recherches documentaires. “On doit éclairer l’objectif au maximum, afin d’en connaître les antécédents, grâce aux documents écrits et figurés et aux relevés”6. Les états historiques successifs de l’édifice sont alors définis avec plus ou moins de précision selon les données collectées. Ce diagnostic historique permet de visualiser les étapes de construction du bâtiment afin de comprendre ses modifications ainsi que la cohésion de ses maçonneries qui peuvent être parfois la cause de désordres importants. J’ai pu constater l’importance de la définition d’états historiques lors de l’étude préalable de la restauration du chœur de l’église d’Authiou (Nièvre) ainsi que lors du diagnostic architectural et sanitaire du château de Malmaison (Hauts-de-Seine). L’église d’Authiou, édifiée sur plusieurs siècles, possède un chœur roman et une nef du XIXème siècle couverts en ardoise. La charpente du chœur, présentant des défauts de conception, a entraîné le basculement des pans du chevet. Elle a été réalisée en 1891 lors d’une campagne de travaux concernant le chœur et la nef. Lors du relevé de l’église, des restes de tuiles canal ont été découverts sur la voûte du chœur. Tous ces détails, réunis par l’analyse du bâti, indiquent que le chœur était à l’origine couvert en tuiles canal soutenu par une charpente différente et probablement avec une pente plus faible. Cette conclusion, influencera comme nous le verrons plus tard, le parti de restauration de l’édifice.

6 Architecture et restauration, Sens et évolution d’une recherche, Nicolas Detry, Pierre Prunet, 2000.

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Château de Malmaison (2012) : façade sud. Les menuiseries du rez-de-chaussée (bibliothèque de Napoléon) datent des années 1740-1750 alors que celles des étages supérieurs ont été mises en place lors de la restauration du château par Osiris à la fin du XIXème siècle.

Château de Malmaison (2012) : menuiserie à grands carreaux datant des années 1740‑1750.

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Château de Malmaison (2012) : menuiserie à petits carreaux datant de la restauration de la fin du XIXème siècle.


3. Restaurer un édifice protégé Le château de Malmaison a fait l’objet d’un diagnostic architectural7 où la question du remplacement des menuiseries a été l’enjeu majeur de la future restauration. Elles présentent un état de dégradation hétérogène mais exigent toutes une intervention de réparation. Deux des ailes du château présentent des menuiseries à grands carreaux alors que le reste du château dispose de menuiseries à petits carreaux. La question de leur datation a ainsi été posée afin de déterminer si les petits carreaux sont antérieurs aux grands ou l’inverse. Une étude historique approfondie a été réalisée afin de relater l’évolution du château. Cet édifice affiche des volumes hétérogènes construits entre 1610 et 1799. Joséphine de Beauharnais y a résidé de 1799 jusqu’à sa mort en 1814. Si la plupart des volumes du château n’ont que peu été modifiés, l’ensemble des pièces ont été redécoré dans le style empire. Après la mort de Joséphine, le château tombe peu à peu en ruine jusqu’à sa mise à sac par les Prussiens en 1870. Daniel Iffla, dit Osiris, admirateur de l’empereur Napoléon, achète le domaine en 1896 et restaure soigneusement le château jusqu’en 1903, année où il fit don du domaine à l’État. Lors de cette analyse historique, deux états principaux ont au final été identifiés concernant les menuiseries extérieures : un premier état dit “Joséphine” et un second dit “Osiris”. Une étude complémentaire, effectuée par un expert en menuiserie des XVIIème et XVIIIème siècles8, a conclu que l’une des portes‑fenêtres à grands carreaux du salon de musique datait des années 1740-1750. Cette découverte associée à l’étude iconographique du château a déterminé que, sous l’état “Joséphine”, le château possédait des menuiseries à grands carreaux, à l’exception du premier étage sur cour (maintient des petits carreaux). En revanche, les menuiseries de l’état “Osiris” (celles visibles aujourd’hui) sont à petits carreaux, à l’exception des baies du salon de musique et de la bibliothèque situées au rez-de-chaussée du château qui ont conservé leurs menuiseries du XVIIIème siècle.

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Étude réalisée au sein de l’Atelier Cairn en 2012.

8 voir annexe : Datation d’une porte-croisée du salon de musique du château de Malmaison.

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Église de Neublans-Abergement : sondages sur les parements verticaux effectués par des restaurateurs en peinture murales.

Église de Neublans-Abergement : sondages sur la voûte de la chapelle du XIXème siècle effectués par des restaurateurs en peinture murales (ciel étoilé et nervure verte et rouge).

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3. Restaurer un édifice protégé Nous verrons par la suite comment la riche histoire du château et ces analyses complémentaires ont influencé le parti de restauration de l’édifice. La définition des différents états historiques peut également concerner la restauration des décors intérieurs d’une église. Des sondages étudiant les différentes strates des parements sont alors réalisés par des restaurateurs spécialisés. L’étude de ces strates détermine les motifs et couleurs des décors, leur état sanitaire, les matériaux utilisés et la qualité des différentes couches d’enduit sans oublier la datation relative des différents badigeons et enduits. L’église de Neublans-Abergement a fait l’objet d’une étude afin de définir un projet de restauration. Plusieurs couches successives ont été mises au jour par des restaurateurs en peinture murale. Trois états principaux ont alors été répertoriés : celui du XVIIIème siècle, celui de la deuxième moitié du XIXème siècle et l’actuel. Le premier présentait des murs badigeonnés d’une teinte ocre, des voûtes blanches et des éléments architecturés (bandeau et pilastre) mis en valeur par une teinte ocre clair dite “fausse pierre”. Le second est plus complexe (décor de faux marbres sur les pilastres), très lacunaire et lié à une restauration destructrice du XXème siècle. Il comprend également une nouvelle chapelle construite en 1873 et colorée dans des tons (nervures rouges et vertes et voûtains peints en bleu outremer et parsemés d’étoiles) qui tranchent avec les teintes découvertes dans la nef. L’état actuel montre un recouvrement total des murs et des voûtes par une peinture grise, aujourd’hui écaillée, et ne mettant pas en valeur les éléments architecturés (pilastres, chapiteaux, arc polylobé et doubleau). Toutes ces connaissances sont autant d’indices pour la définition du parti de restauration de l’édifice. • diagnostic sanitaire Ce diagnostic consiste en une analyse globale des différents désordres de l’édifice. Une étude générale de l’ensemble des fissures et des altérations observées sur les parements, les structures et les couvertures est effectuée. Il s’agit d’identifier les causes de ces dégradations afin de

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Église d’Asnan : ventre du mur gouttereau sud au niveau du contrefort contrebutant le doubleau entre la première et la deuxième travée de la nef.

Église d’Asnan : quart de voûte effondré dans la première travée.

Église d’Asnan : charpente engendrant une pente de toiture faible.

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Église d’Asnan : pierres du clocher altérées et menaçant de chuter.


3. Restaurer un édifice protégé déterminer les travaux de restauration à effectuer respectant évidemment la qualité architecturale, historique et structurelle de l’édifice. L’église d’Asnan dans la Nièvre présente un état de délabrement avancé. En effet, un quart de voûte de la première travée de la nef s’est effondré. Les voûtes se détachent peu à peu des murs gouttereaux et les claveaux d’ogive se disloquent. Le mur sud de la nef présente un important ventre entre sa première et sa deuxième travée. Une très forte altération des parements est visible au niveau de la croisée du transept sud et sa charpente est sur le point de céder. Ces dégradations structurelles résultent de plusieurs facteurs. En premier lieu, l’église a été érigée sur un sol en remblai mal ou peu tassé qui a entraîné des tassements différentiels des murs de la nef. Ensuite, elle a été mal conçue et construite avec peu de moyens (pente de toiture très faible qui entraîne de fortes poussées des charpentes et pierre de mauvaise qualité). Les murs gouttereaux ainsi que les contreforts sont sous-dimensionnés par rapport aux poussées des voûtes. Ce défaut de contrebutement associé au problème de sol a engendré les dégâts de la nef. Les altérations des parements à la croisée du transept sont liées à une couverture hors d’usage. Les infiltrations sont également la cause du pourrissement de certains pieds de charpente qui, malgré les renforts réalisés avec les moyens du bord, pourraient céder à tout instant et provoquer l’effondrement des couvrements. Cette analyse décrit l’état catastrophique dans lequel se trouve l’église et pose les bases des travaux structurels minimaux à réaliser pour conserver l’édifice. • diagnostic patrimonial Le diagnostic patrimonial inventorie les valeurs patrimoniales9 portées par l’édifice. Ces valeurs composent l’identité du bâtiment. Elles doivent ainsi 9 Aloïs Riegl distingue deux ensembles de valeurs : les valeurs de mémoire, dont l’ancienneté excluant toute modification sur le monument et l’histoire incitant la conservation sans altération pour ralentir sa dégradation, et d’autre part, les valeurs d’actualité, dont l’usage et l’art. Le culte moderne des monuments, Aloïs Riegl, 1903.

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Château de Malmaison : « Vue du château de Malmaison » (façade sur le parc), Petit Pierre‑Joseph, 1802-1807.

Château de Malmaison (2012) : façade nord et ouest.

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3. Restaurer un édifice protégé être respectées lors de la définition des travaux à venir. La modification du bâtiment ne doit pas se faire au détriment de son identité reconnue car elle doit permettre de conserver, de retrouver ou de promouvoir une valeur patrimoniale majeure. Le diagnostic patrimonial analyse l’ensemble des données recueillies afin de définir l’état de référence qui déterminera l’ensemble des travaux à effectuer. Dans le cas du château de Malmaison, la valeur historique régit l’ensemble du domaine et guide l’orientation muséographique de l’édifice. Un rapport étroit existe entre le bâtiment et son emblématique propriétaire, Joséphine de Beauharnais. Cette relation est par conséquent intégrée à la politique du musée et, dans le cadre de Malmaison, en partie imposée par la prescription faite par Osiris lors de sa donation à l’État. Ainsi il a paru cohérent de prendre l’état « Joséphine » comme référence pour la restauration du bâtiment et notamment pour celles des menuiseries.

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

DRAIN

Église d’Authiou : état actuel, coupe longitudinale du chœur. La charpente est positionnée trop en avant du chœur et entraîne des poussées pour lesquelles les maçonneries n’ont pas été conçues. Restauration du chevet et du clocher de l'église d'Authiou Maître d'Ouvrage : Commune d'Authiou

- Etat actuel - Coupe longitudinale sur le chevet Ech : 1/100

0

Église d’Authiou : projet, coupe longitudinale du chœur.

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1

5

Etude Janvier 2016


3. Restaurer un édifice protégé

Parti de restauration En verrouillant la phase de diagnostic, le parti de restauration est un jalon clé dans la définition du projet. En effet, une fois le parti défini, la description et l’estimation des travaux peuvent être réalisées. Il détermine les interventions à effectuer pour remettre en état le monument historique dégradé. Il énumère et expose les choix conceptuels visant à mettre en valeur l’édifice et les choix techniques visant à garantir la stabilité du bâtiment. Le parti de restauration est un document de référence dans lequel l’architecte propose un projet de restauration. On distingue deux approches de la restauration d’un monument. La première consiste en la restauration à l’identique de l’édifice si l’état actuel présente une valeur patrimoniale au moins équivalente aux différents états précédents ou si les états historiques antérieurs ne sont pas défini avec exactitude. La seconde consiste en une restauration dite « historiciste »10 : restitution d’un état antérieur documenté et retour à l’apparence que le bâtiment possédait à un instant donné. L’architecte peut donc être amené à se prononcer sur la destruction de certaines parties du bâtiment si celles-ci sont, soit trop endommagées pour être réparées, soit dévalorisantes vis à vis de l’identité du bâtiment11. Le choix d’un état particulier au profit d’un autre est lié aux différentes valeurs patrimoniales détenues par l’édifice. Ces valeurs sont diverses : valeur d’art, de mémoire, d’architecture… Elles composent les nombreuses sources d’identité du bâtiment.

10 Historiciste : qui adhère à l’ « historicisme ». Historicisme : « L’historicisme est une doctrine philosophique qui affirme que les connaissances, les courants de pensée ou les valeurs d’une société sont liés à une situation historique contextuelle. Ses tenants privilégient l’étude du développement de ces connaissances, pensées ou valeurs, “plutôt que celle de leur nature propre” ». (http://fr.wikipedia.org/wiki/Historicisme). 11 Le dégagement d’un état sous‑jacent ne se justifie qu’exceptionnellement et à condition que les éléments enlevés ne présentent que peu d’intérêt, que la composition mise au jour constitue un témoignage de haute valeur historique [...]. Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites, Charte de Venise, Article 11, 1964.

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Château de Malmaison : Vue de la cour d’honneur du château de Malmaison, Nicolle Victor-Jean, vers 1810.

Château de Malmaison (2012) : Vue de la cour d’honneur du château de Malmaison.

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3. Restaurer un édifice protégé La stabilité du chœur de l’église d’Authiou était engagée. La mauvaise conception et l’état de dégradation de sa charpente requièrent son remplacement. La question de l’état à restaurer s’est donc posée : créer un nouvel état contemporain avec une nouvelle conception de charpente et la conservation de la couverture en ardoise ou restituer la couverture indépendante en tuiles canal du chœur. La valeur d’histoire ainsi que la plus-value esthétique de la restitution ont motivé le parti de restauration. La couverture en tuile canal sera restituée et une nouvelle charpente sera réalisée. En plus de ce parti conceptuel, des choix techniques ont été projetés afin de pallier le basculement des murs du chevet. Un chaînage en béton sera mis en place afin de maintenir ensemble les têtes des pans de mur. L’état de référence défini pour la restauration des menuiseries du château de Malmaison est l’état « Joséphine ». Les différentes représentations du château du vivant de Joséphine collectées lors du diagnostic historique représentaient les façades nord et ouest du château avec des menuiseries à grands carreaux. Même s’il est pertinent de rester critique face aux représentations iconographiques, les multiples témoignages ont appuyé le projet de restauration des menuiseries à grands carreaux sur les façades nord et ouest du château. Le projet de restauration historiciste de l’état « Joséphine » des menuiseries a donc été proposé à la maîtrise d’ouvrage. Néanmoins, restituer l’état « Joséphine » dans son intégralité ne semblait pas pertinent et soulevait de nombreuses questions : doit-on reproduire le ressaut central de la façade sud ? Doit-on reconstruire la tente d’entrée originelle ? La restitution de ces éléments ne paraît pas opportune dans le sens où ces éléments sont soit non emblématiques de l’état « Joséphine » soit fidèles à leur aspect d’origine ou bien encore n’exigent aucun travail de restauration. Dans le cas du château de Malmaison, la restauration historiciste s’impose dans le respect de contraintes à caractère éthique12, comme par exemple déterminer les éléments emblématiques qui participent à la cohérence du 12 Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites, Charte de Venise, Article 9, 1964.

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

site et à sa valeur utilitaire mais sans toutefois renier et travestir son histoire. Dans certains cas, nous sommes amenés à réaliser un état qui n’a jamais existé13. Cela a été le cas à l’église de Neublans-Abergement. Le choix de créer un nouvel état se justifie par trois constats : la dégradation manifeste des parements intérieurs, l’état lacunaire de l’ensemble des états historiques successifs et l’inesthétique état actuel. Le parti de restauration, déterminé en accord avec la DRAC, a ainsi défini la purge des badigeons gris en mauvais état et la réalisation de badigeons s’inspirant des teintes du XVIIème siècle. Il a également été décidé que les coloris de la chapelle du XIXème siècle ne seraient pas restitués afin de ne pas mettre plus en avant la chapelle néo-gothique et d’harmoniser l’ensemble des parements de l’église. L’état projeté est donc un état nouveau mais inspiré fortement de la valeur historique. De manière plus générale, le dégagement d’un état historique passé implique la destruction de toutes les strates historiques entre cet état antérieur et l’état actuel. Cette transformation ne peut être justifiée que sur la base des valeurs patrimoniales et/ou techniques définies par le diagnostic. Ce dernier est donc une étape cruciale dans le projet de restauration. Il permet de déterminer à la fois le contenu, les limites du parti de restauration et les travaux minimaux à engager afin de conserver le bâtiment. La restauration d’un édifice historique est ainsi une question de nécessité, de valeurs, de priorités mais aussi de choix. Une fois le parti de restauration validé par la maîtrise d’ouvrage, la description et l’estimation sont effectuées. Dans le cadre d’une mission complète de maîtrise d’œuvre, l’architecte réalise ensuite le dossier de permis de construire.

13 Restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné. Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, Eugène Viollet‑le-Duc, 1854-1868.

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3. Restaurer un édifice protégé

Autorisation de travaux L’autorisation de travaux détermine la légalité des travaux et l’accord de la DRAC est indispensable pour les réaliser. Comme nous l’avons décrit plus haut, les autorisations de travaux concernant un Monument Historique sont en partie ou en totalité assumées par la DRAC. Non seulement les procédures sont longues (six mois maximum) mais les exigences et attentes des conservateurs sont également élevées. Le dossier de permis de construire doit contenir une notice détaillant le projet de restauration (matériaux et interventions). La définition du projet est, au final, proche de celle produite en phase DCE. Afin d’anticiper un hypothétique refus qui entraînerait un délai supplémentaire conséquent (modification du projet : évolution du parti de restauration et donc de la description des travaux et de leur estimation ; réalisation d’un nouveau dossier), il est essentiel d’impliquer la DRAC dans le processus de projet en amont du dépôt du dossier. Cette situation engendre un surplus de travail et de temps qu’il convient de prendre en compte dans la description du contrat et du calcul des honoraires. Dans l’intérêt du maître d’ouvrage comme du projet, le maître d’œuvre doit au préalable échanger avec la DRAC afin de vérifier l’absence d’obstacles à la délivrance ultérieure de l’autorisation de travaux et de s’assurer sa participation financière. La DRAC peut en effet se prononcer sur un pourcentage de financement des travaux selon la classification du monument historique et la nature des interventions. Toutefois, son véritable engagement se fera, in fine, sur transmission des devis des entreprises choisies en phase DCE. Cela signifie par conséquent que la maîtrise d’ouvrage engage une procédure d’autorisation de travaux tout en n’ayant aucun engagement écrit concernant une éventuelle aide financière (essentielle pour certaines petites communes). Lors de la conception du projet de restauration de l’église de

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Neublans‑Abergement, une étroite collaboration s’est établie entre l’architecte, M. Buri, la DRAC, la Commission des Arts Sacrés, la maîtrise d’ouvrage et l’association de préservation de l’église afin de déterminer les principes de restauration du projet à venir. Suite au diagnostic établi par M. Buri, la DRAC soucieuse de la bonne préservation de l’église, de la mise en valeur de l’édifice ainsi que de la réalité du coût des interventions, a orienté le projet de restauration des intérieurs du monument, appuyé par la Commission des Arts Sacrés. Elle estime qu’il est impossible de restituer un état antérieur du fait de la dégradation des différentes strates et qu’il est donc inéluctable de créer un nouvel état. Celui-ci reprendra la logique de coloration de l’état XVIIIème siècle y compris pour la chapelle du XIXème siècle. La DRAC a accordé sa confiance, sans émettre de prescriptions particulières, à M. Buri pour établir un projet de restauration de certains espaces ou surfaces à faibles enjeux (absence de décors, matériaux contemporains de peu de qualité…) : la travée du clocher et la création d’un nouveau sol dans la sacristie. Cette collaboration lors de l’élaboration du projet assure à l’architecte un traitement rapide de son dossier de permis de construire et ainsi permet d’optimiser les délais d’instruction impartis.

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3. Restaurer un édifice protégé

ACT et importance du CCTP La phase ACT est l’étape pendant laquelle l’architecte doit, entre autres, communiquer le plus fidèlement possible son projet aux entreprises consultées et également s’assurer de la qualité des entreprises possiblement retenues. Pour ce faire, il a deux outils complémentaires et essentiels : les différents plans et le Cahier des Clauses Techniques Particulières, CCTP. Les plans rendent compte de l’ampleur des travaux (métrés et localisation des interventions spécifiques). Le CCTP, quant à lui, fixe les règles de mise en œuvre, précise, si nécessaire, la localisation des interventions et détermine, pour chaque lot, les dispositifs indispensables à la préservation des éléments non impactés par l’intervention (sols, couvertures, tombes, vitraux, mobilier...). Par exemple, pendant l’ensemble des travaux de l’église de Neublans‑Abergement, l’entreprise responsable du lot maçonnerie a dû réaliser des caissons protecteurs pour les tombes implantées au pied des murs restaurés. Lors des interventions sur les parements verticaux, extérieurs ou intérieurs, les vitraux sont également protégés par des plaques rigides. Ils sont ainsi à l’abri de divers éclats de maçonnerie et de possibles projections d’enduit. Tout ces dispositifs sont rédigés dans les différents CCTP attribués à chaque lot. Le CCTP est un document extrêmement important lors de la phase chantier. Si un conflit venait à apparaître entre l’entreprise et la maîtrise d’œuvre, le CCTP ferait office de référence contractuelle. En effet, si l’ouvrage réalisé ne sert pas le projet en n’étant pas conforme au CCTP, l’entreprise serait alors dans l’obligation de le refaire. La spécificité de certaines interventions telles que la restauration de peintures murales ou la restauration de vitraux impose de pouvoir contrôler le choix de l’ensemble des entreprises afin de garantir a priori la qualité des futurs travaux. Le niveau élevé de technicité imposé par le CCTP est ainsi un moyen commode et efficace pour réduire le nombre de candidatures et

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

de s’assurer a priori des compétences des entreprises répondant à l’appel d’offres. Pour garantir ce niveau d’exigence, les marchés de travaux en restauration sont en quasi totalité décomposés en lots. L’allotissement du marché permet au maître d’ouvrage de se prémunir contre une sous-traitance parfois peu qualifiée. Il est à noter également que le nombre de lots peut être très réduit. Par exemple, le projet de restauration des remparts de la commune d’Avallon (324 500€ de travaux) a été partitionné en deux lots seulement : un lot maçonnerie/pierre de taille/béton et un lot charpente/couverture zinc. Une fois la l’analyse des offres réalisée par l’architecte ou par l’économiste (selon la définition de leurs missions respectives) et la sélection opérée sur les entreprises candidates, la mission d’ACT est achevée. La maîtrise d’ouvrage peut alors engager une procédure de demande de subvention auprès de la DRAC mais aussi des conseils régional et départemental.

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3. Restaurer un édifice protégé

Chantier • organisation Le chantier sur un monument historique, du point de vue de son organisation et de son suivi, est assez similaire à celui d’une construction neuve. En effet, l’architecte est le chef d’orchestre d’un ensemble d’entreprises à coordonner afin que chacune puisse exécuter ses tâches dans les conditions prévues d’avancement du projet global : respect des délais, vérification des enchaînements et contrôle de la qualité pour chacune des tâches identifiées. Grâce à sa connaissance des différents scénarii conceptualisés dans la phase Projet (élaboration du parti de restauration), l’architecte peut réagir aux incidents qui surviennent pendant le chantier (découvertes fortuites, pénuries de matière première, intempéries exceptionnelles, ou plus simplement erreurs de prévisions et retards) en réorganisant la marche du projet par des mesures correctives adaptées (réévaluation des durées, des délais, des coûts et éventuellement de la qualité). Toutefois, réaliser des travaux sur monument historique implique des contraintes spécifiques avec lesquelles il faut composer. Dans la restauration d’édifices, comme pour tout chantier, des réunions régulières entre les différents acteurs doivent être programmées. Le rythme plutôt faible, par exemple bimensuel, est la conséquence d’un allotissement restreint et d’interactions réduites entre les différentes entreprises. Lors de la restauration des intérieurs de l’église de Maynal, les réunions de ce chantier étaient habituellement bimensuelles. Lorsque cela était justifié, la fréquence des réunions était moindre. En effet, la restauratrice de peintures murales, à un moment donné, intervenait seule dans l’église (les autres entreprises ne pouvant plus travailler tant qu’elle n’avait pas achevé la restauration des peintures). Une date de réunion a donc été fixée en fonction de la date présumée de fin de son intervention, soit un mois après la précédente.

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie Dans les situations les plus simples, les entreprises effectuent leurs tâches “en séquence” alors que sur les chantiers par moment plus complexes, l’organisation des tâches en parallèle est indispensable. Dans ce dernier cas la mission d’OPC prend tout son sens. Dans le cas de l’église de Maynal, j’ai ainsi pu observer le parallélisme possible entre plusieurs activités : notamment celle des maçons, préparant les voûtes de la nef avant la pose des enduits et celle des menuisiers, réalisant les sols et leurs structures des stalles du chœur. Durant les réunions de chantier, il a notamment fallu coordonner certaines tâches relevant des responsabilités respectives des menuisiers et des maçons. Les bancs d’église étaient en place et devaient être déplacés afin de permettre aux maçons de réaliser des ragréages de sol en béton de chaux. Les menuisiers avaient pour mission de déplacer les bancs au fur et à mesure des interventions successives de restauration de sol. Il était donc fondamental d’ordonnancer et de coordonner les différents emplois du temps des deux artisans en fonction des délais de réalisation, de séchage et de leurs disponibilités. La gestion du temps de chantier (OPC) fait référence au planning, défini préalablement, en fonction de la durée des tâches à réaliser et des ressources de chaque entreprise afin de coordonner les tâches successives tout en cherchant à optimiser le temps d’intervention de l’ensemble des acteurs (entreprises, maîtrise d’œuvre, maîtrise d’ouvrage, institution, etc.). • découvertes fortuites et leur gestion Lors d’interventions sur des monuments, les imprévus de chantier sont fréquents. Ils peuvent être de plusieurs natures : découvertes fortuites, désordres cachés ou encore accidents. Ils entraînent le plus souvent des surcoûts qui imposent à l’architecte une réaction rapide afin de ne pas cumuler au surcoût occasionné des délais supplémentaires. La trésorerie publique accepte des avenants dont le montant n’excède pas 10% du montant des travaux. Le refus d’un avenant par la trésorerie engendre obligatoirement une nouvelle consultation d’entreprises. Cette situation entraîne obligatoirement de nouveaux délais et un coût préjudiciable

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3. Restaurer un édifice protégé à l’ensemble des acteurs. Lors de ma mise en situation professionnelle, de nombreux dossiers ont répertorié des imprévus de chantier tels que les deux premiers types. À la chapelle de Mont-Sabot, lorsque les laviers ont déposé les couvertures en ardoises de la nef et des transepts, ils ont découvert l’ancienne couverture en lave. Ce sont trois mètres cubes de laves qu’il a fallu évacuer avant la mise en place des fermes. La découverte a donné lieu à un avenant au marché de travaux pour que l’entreprise évacue l’ensemble des gravats. Ce qui a entraîné logiquement un délai supplémentaire dans le planning de travaux.

Chapelle de Mont-Sabot : découverte de l’ancienne couverture en laves sous la toiture en tuiles plates.

La troisième tranche de travaux de l’église de Neublans-Abergement a débuté par le découvrement du clocher. Suite au retrait des ardoises, nous avons constaté, M. Buri et moi-même, que la charpente présentait d’importantes dégradations (pieds de ferme pourris, poinçon rongé par l’humidité, assemblages brisés), invisibles depuis le beffroi. Cette découverte a entraîné, là-aussi, un avenant de 5 600€, assumé au départ

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Église de Neublans-Abergement : état de la charpente du clocher une fois celui-ci découvert (pourrissement, assemblages dégradés ou brisés).

Église de Maynal : découverte d’une peinture murale sous l’enduit existant derrière un christ en croix (avant et après restauration).

Église de Maynal : mise en place d’un béton de chaux pour combler les manques de dalles de pierre.

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3. Restaurer un édifice protégé exclusivement par le maître d’ouvrage et déclaré au centre des finances publiques sur l’ensemble de l’opération (une tranche ferme et deux tranches conditionnelles de travaux). L’entreprise de charpente s’étant engagée sur l’ensemble des tranches, l’avenant a pu être accepté car il a été comparé au montant total (7,2%) du marché (77 500€) et non pas seulement au coût du lot de la troisième tranche (8 500€). Lors de la restauration de l’église de Maynal, les entreprises ont mis au jour successivement : - une absence de dalles sous les bancs qui présentaient ainsi des pieds et planchers très dégradés ; - une fresque murale sous l’enduit actuel et située au dessus de la porte d’entrée ; - des faux joints de couleur sur les doubleaux de la nef ; - une dégradation accentuée des bancs suite à leurs déplacements. Ces découvertes ont engendré des surcoûts que la maîtrise d’ouvrage a pris en charge. Toutefois, celle-ci a peiné à recueillir les sommes nécessaires au recouvrement de ces nouvelles dépenses. Le coût de certaines interventions supplémentaires a ainsi contraint certains choix, tel que celui de la reprise de sol par un béton de chaux plutôt que par des dalles de pierre. Le traitement des bancs a fait l’objet d’un accord entre la mairie et l’entreprise de menuiserie : l’entreprise a basculé le budget alloué au cirage des bancs sur leur réparation tandis que la commune a assumé la mise en cire par ses propres moyens. La gestion de ces découvertes fortuites impose un arbitrage, géré par l’architecte, entre les capacités financières de la maîtrise d’ouvrage, les délais impartis du projet et les disponibilités des entreprises sollicitées, sans oublier la qualité ambitionnée par l’architecte.

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Conséquences de l’implication institutions étatiques

des

Les institutions étatiques sont impliquées tout au long du processus de réalisation : de l’élaboration du parti de restauration à la réception du chantier. Ces institutions ont pour mission de veiller à la bonne conservation des édifices protégés et de leurs environs. C’est dans ce contexte qu’elles exercent leur pouvoir. L’implication des institutions, notamment de la DRAC lors de travaux sur I.S.M.H, est nécessaire afin d’éviter un éventuel blocage du processus. Ces échanges avant le dépôt du dossier d’autorisation de travaux peuvent engendrer une surcharge de travail. En effet, certaines demandes de pièces complémentaires sont à un niveau de détails avancés et équivalent de fait à un DCE. Pour l’obtention du dossier de permis de construire du beffroi de Nuits‑Saint-Georges, la DRAC a demandé de décrire les travaux selon le degré d’intervention et de déterminer la couleur des futures menuiseries. Ce travail supplémentaire a eu des conséquences financières : l’architecte a anticipé la mission ACT (élaboration du DCE) sans pouvoir en réclamer le bénéfice. Dans certains cas, la maîtrise d’ouvrage doit assumer des charges supplémentaires suite à l’intervention des services de l’État. L’église de Jancigny présente un désordre structurel important au niveau du clocher implanté à deux mètres de l’ancien presbytère. Lors de l’élaboration du dossier de permis de construire cette église, la DRAC a estimé que les désordres structurels et les risques encourus étaient très élevés et a exigé la réalisation d’une étude de structure par un BET compétent. La maîtrise d’ouvrage a dû engager un nouvel intervenant, financer ainsi une étude supplémentaire et retarder ses échéances. Lors de la restauration des intérieurs de l’église de Maynal, la porte menant du narthex à la nef devait être changée du fait de sa vétusté. Le projet

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3. Restaurer un édifice protégé

initial consistait en quatre éléments de verre dont deux portes battantes afin d’offrir une large vue sur la nef tout en interdisant l’accès à l’église le cas échéant. La DRAC s’est intéressée extrêmement tard au projet : l’ancienne porte avait été retirée et détruite et les menuisiers étaient prêts à débuter la réalisation. Elle a toutefois émis un avis défavorable au projet de portes vitrées. Il a donc fallu, au dernier moment, repenser la conception de la porte selon les orientations de la DRAC. Celle-ci souhaitait la mise en place de porte à panneaux pleins. Il a fallu toute la persuasion de M. Buri et l’appui de M. Buchot, maire de Maynal, pour convaincre l’institution de conserver une vue depuis le narthex. Cette situation montre que la DRAC, si elle le juge nécessaire, pourrait imposer une solution architecturale en dépit du point de vue de l’architecte et de la maîtrise d’ouvrage.

Église de Maynal : photomontage de la deuxième variante du projet (éléments vitrés montés sur châssis en bois) suite aux prescription de la DRAC et porte réalisée.

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie Ces différents exemples posent la question de la responsabilité des acteurs dans les différents écarts par rapport au projet initial. En effet, quelles que soient les conséquences de ses interventions, la DRAC ne pourra pas être tenue pour responsable, légalement parlant. Les retards de calendrier, ainsi que les surcoûts, devront être assumés par la maîtrise d’ouvrage. Celle-ci pourra malgré tout bénéficier de subventions supplémentaires. Elle devra tout de même démarcher, de nouveau, les banques ou les investisseurs potentiels. Quant à l’architecte, il engagera sa responsabilité de maître d’œuvre (notamment celle décénale) sur des éléments architecturaux qu’il n’a pas entièrement conçus. Toutefois travailler avec la DRAC n’est pas uniquement source d’inconvénients. En effet, elle peut être un soutien précieux lorsqu’elle appuie l’architecte dans son projet. En effet, son important pouvoir financier et décisionnaire en fait un allié précieux lors de choix plus ou moins délicats car cette institution n’est que peu ou pas contestée une fois son avis émis. À l’église de Neublans-Abergement, le sol de la sacristie était hétérogène : dalle en béton et terre. Afin de parfaire la restauration de la sacristie qui présente de très beaux décors peints médiévaux et baroques, le sol devait être remplacé. Du fait du prestige des peintures murales de la pièce, l’accord de la DRAC était indispensable. Dans un contexte où la maîtrise d’ouvrage ainsi que l’association patrimoniale attachée à l’église affichent un état d’esprit conservateur et traditionnel, M. Buri a proposé un béton ciré. Cette proposition, appuyée par le conservateur général de la DRAC, a ainsi été acceptée par les différents acteurs. Avoir le soutien de la DRAC est donc bien une assurance pour faire accepter par la maîtrise d’ouvrage des choix architecturaux sensibles. Ces différents exemples prouvent le pouvoir que possèdent cette institution sur le projet de restauration. L’architecte se doit de convaincre et d’anticiper ses exigences et préconisations afin de ne pas accroître les délais impartis et le budget initialement prévu, et surtout de maîtriser qualitativement le projet de restauration.

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3. Restaurer un édifice protégé

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CONCLUSION ET PERSPECTIVES PERSONNELLES 100


Ces sept mois au sein de l’agence de M. Buri m’ont permis de compléter mes connaissances acquises au cours de mes expériences antérieures. Le contexte particulier dans lequel s’inscrit la restauration d’édifices protégés présente deux caractéristiques essentielles confirmant ma perception passée : la multiplicité des acteurs, notamment les intervenants publics lorsqu’ils sont décisionnaires sur des financements majoritaires et le cadre légal spécifique car le projet dépend non seulement du code de l’urbanisme (dans le cadre général) mais aussi de celui du patrimoine. Même si les institutions déclenchent assez régulièrement des situations conflictuelles et un accroissement notable de travail, je reste persuadée qu’elles sont essentielles dans le processus de conservation de notre patrimoine bâti. J’ai aussi pu perfectionner mes compétences dans le domaine de la restauration. J’ai également affirmé une plus grande autonomie dans l’élaboration du diagnostic. J’ai développé ma connaissance du chantier grâce à la participation aux réunions de chantier avec M. Buri. Pendant cette mise en situation professionnelle, j’ai également pu appréhender la complexité de la gestion financière des projets de restauration lors de la phase chantier. J’ai également pu observer la mission d’OPC auprès des différents acteurs du projet. Tous n’interagissent pas directement entre eux mais l’architecte les fédère et les coordonne. Aujourd’hui architecte du patrimoine, je souhaite plus que jamais continuer dans cette voie. Dans le but d’accroître encore mes compétences, et notamment dans l’activité de gestion de chantier, j’envisage de prolonger ma collaboration avec des architectes plus expérimentés, soit sous la forme d’un salariat, soit sous la forme d’une collaboration libérale. Je souhaite continuer à travailler en équipe tout au long de ma carrière car, pour l’instant, je suis persuadée qu’une conception à plusieurs mains garantit que la gestion d’un projet complexe se déroulera dans des conditions optimales (conception, exécution, suivi, etc.). Cette équipe serait composée d’architectes et/ou de corps de métier différents tel que les ingénieurs, les paysagistes, les économistes… Afin de pouvoir exercer mon métier d’architecte du patrimoine, il sera nécessaire que les membres de cette équipe soient eux aussi spécialisés

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

dans différents domaines d’intervention sur bâtiments patrimoniaux. Il sera capital, en tant que jeune architecte, d’étendre mon réseau d’intervenants concernés par la conservation du patrimoine afin de continuer à développer mes compétences et mon activité professionnelle. Dans cette perspective, il me semble primordial de

participer

aux

événements

patrimoniaux

et

notamment

ceux

organisés par la Fédération des Associations du Patrimoine de l’Isère. Transmettre les valeurs patrimoniales, donc historiques, esthétiques, ou culturelles, d’un édifice aux générations futures afin d’entretenir la mémoire collective motive toutes mes interventions. L’essence de mon métier est de “conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument”14, autrement dit de permettre à un édifice, qui a traversé les âges en subissant éventuellement de multiples transformations, de conserver dans le temps son identité, donc de préserver son intégrité structurelle, son authenticité historique et sa valeur culturelle15.

14 Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites, Charte de Venise, Article 9, 1964. 15 «La conservation ou la restauration des structures du patrimoine architectural n’est pas une fin en soi, c’est un moyen au service d’un objectif plus large : la pérennité de l’édifice dans sa globalité.» Charte ICOMOS – Principes pour l’analyse, la conservation et la restauration des structures du patrimoine architectural, 14ème Assemblée Générale de l’ICOMOS, 2003.

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Conclusion

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BIBLIOGRAPHIE ET ANNEXES


BOITO Camillo, Conserver ou Restaurer : Les Dilemmes du patrimoine, Éditions de l’Imprimeur, Besançon, 2000, 112 p. BONELLI Renato, Architettura e restauro, N. Pozza, 1959, 120p. BRANDI Cesare, Théorie de la restauration, Editions du Patrimoine Centre des monuments nationaux, Paris, 1963, 208p. CHEVALLIER Bernard, Le domaine de Malmaison des origines à 1904, Éditions de la Réunion des Musées Nationaux, Paris, 1989, 485p, Notes et documents des musées de France. CHOAY Françoise, Le patrimoine en questions, Seuil, Paris, 2009, 224p. DETRY Nicolas; PRUNET Pierre, Architecture et restauration : sens et évolution d’une recherche, Paris, Éditions de la Passion, 2000, 255p. HUET Michel, L’architecte maître d’œuvre, Le moniteur (Guides juridiques), Paris, 3e édition 2007, 341p. PÉROUSE DE MONTCLOS Jean-Marie, Architecture méthode et vocabulaire, Éditions du patrimoine, Centre des monuments nationaux, Paris, 1ère édition 1972, 7ème édition 2009, 622p. RIEGL Aloïs, Le culte moderne des monuments, L’Harmattan, Paris, 2003, 123p. VIOLLET-LE-DUC, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 10 tomes, 1854-1868. Article DETRY Nicolas, «Ravalement de façade» ou restauration ? La Renaissance du Vieux-Lyon, Juin 2011, n° 136. DETRY Nicolas, Restauration critique et créative au 12 rue Saint-Jean, La Renaissance du Vieux-Lyon, Novembre 2011, n° 137.

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Restaurer un édifice protégé : contexte patrimonial et méthodologie

Documents en ligne Base de données Mérimée www.culture.gouv.fr/documentation/merimee ICOMOS en ligne www.icomos.org/fr www.international.icomos.org/charters/venice_f.htm www.icomos.org/charters/burra1999_fre.pdf www.icomos.org/charters/chartes.pdf Rehabimed : Réhabiliter l’architecture traditionnelle méditerranéenne : http://www.rehabimed.net/Publicacions/Metode_Rehabimed/Programa_ del_simposi/RehabilitarLarquitecturaTradicionalMediterrania.pdf Répertoire canadien des lieux patrimoniaux (RCLP) : www.historicplaces.ca/fr/home-accueil.aspx ANTOINE Laurent, Aspects théoriques de la restauration du patrimoine, Rapport de recherche bibliographique, enssib, Mars 2005. Mémoires personnels Comment aborder la restauration d’un monument historique ? L’exemple du château de Malmaison : https://issuu.com/camille_bisson/docs/memoire_ malmaison Château de Malmaison : Étude diagnostic du clos et du couvert ; Enjeux patrimoniaux liés à une restauration historiciste : la question des menuiseries extérieures et leurs ferrures : https://issuu.com/camille_bisson/docs/bisson_ malmaison_menuiseries Book : https://issuu.com/camille_bisson/docs/book

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HMONP 2015-2016

Camille BISSON, Architecte D.E

École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble

Directeur d’études : Patrick Thépot Tuteur : Simon Buri Structure d’accueil : Agence Simon Buri, 20 rue Ferdinand Mercusot 21540 Sombernon

PROTOCOLE POUR LA MISE EN ŒUVRE DE LA FORMATION DE L’ARCHITECTE DIPLOME D’ETAT A L’EXERCICE DE LA MAITRISE D’ŒUVRE EN SON NOM PROPRE

État synthétique des acquis en matière de maîtrise d'œuvre (connaissances, savoir-faire…) et sur les principaux débats qui ont lieu à ce sujet en termes d'enjeux et de défis

J’ai obtenu mon master en architecture en 2009 à l’ENSAG auprès de M. Chapuis. Dans la continuité de ces études, je me suis inscrite en HMONP. Mais, suite à un dysfonctionnement dans l'organisation du projet qui aurait pu m'être confié, l’agence qui devait m’accueillir lors de ma mise en situation professionnelle a dû renoncer à mon engagement. Durant l’année suivante, j’ai pris du recul sur mes études et réfléchi à une orientation professionnelle spécialisée. Pendant les deux mois de prolongation de mon stage, je ne me suis pas senti en phase avec les activités proposées par l'agence qui m'employait. J’ai ainsi fait le choix de m’orienter dans le domaine du patrimoine qui me passionne tant. J’ai donc obtenu, en 2012, un master professionnel orienté sur l’étude du patrimoine bâti à l’Université Lyon 2. L’objectif était de préparer l’École de Chaillot que j’ai immédiatement intégrée. De 2012 à 2014, j’ai suivi et réussi le DSA architecture et patrimoine de l’École de Chaillot. Au cours de ces trois années d’études dans le domaine du patrimoine, j’ai travaillé au sein du Service Territorial d’Architecture et du Patrimoine de la Drôme, auprès de M. Paul Barnoud (Architecte en Chef des Monuments Historiques) et avec Mme Marie-­‐Françoise Bonnard-­‐Manning et M. Pierrick de Vaujany (agence située à Morestel). Ma formation initiale m’a permis d’acquérir des connaissances solides en termes de conception architecturale et de dessin. Ma formation à l’École de Chaillot a complété cet apprentissage par des connaissances méthodiques et techniques ciblées sur l’intervention sur le bâti ancien. Grâce à mes différentes expériences professionnelles, je suis capable d’intervenir sur les phases d’études et de projet. Je peux ainsi réaliser le relevé, la mise au net, l’étude diagnostic et proposer un projet de restauration et mise en valeur du bâti existant. J’ai aussi pu appréhender les rapports qu’entretiennent les différents acteurs du projet et leur multiplicité. J’ai acquis les connaissances liées aux démarches administratives liées à une intervention sur des monuments historiques ou bâtiments existants implantés dans des secteurs à caractère patrimonial. Actuellement (et pour de nombreuses années encore), un enjeu majeur concernant la restauration ou la réhabilitation du bâti ancien est directement lié à sa performance énergétique. Il s’agit aujourd’hui de trouver des solutions techniques afin que les performances thermiques des édifices existants se rapprochent ou correspondent aux normes du bâti neuf tout en respectant les qualités architecturales du bâti ancien. Le deuxième enjeu du patrimoine est son adaptation aux usages et aux styles de vie contemporains. En effet, le coût de la conservation et de l'entretien d'un bâtiment impose la réutilisation intelligente de ces bâtiments particuliers et la conception de programmes adaptés au contexte urbain et économique dans lequel le bâtiment est implanté. La HMONP m’offre la possibilité d’acquérir des connaissances supplémentaires liées à la pratique du métier d'architecte dans sa globalité. Les apports théoriques dispensés à l’ENSAG et la pratique au sein 112

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de l’agence d’accueil me permettront à terme de mesurer la responsabilité du maître d’œuvre et d’appréhender la gestion administrative et économique d’une entreprise d’architecture. La formation est, pour moi, l’occasion d’acquérir les savoirs nécessaires qui me permettront, dans les années à venir, d’endosser pleinement le rôle d’architecte maître d’œuvre.

Expression d'un point de vue sur la place particulière des architectes en général et énoncé personnel comme postulant

L’architecte endosse de lourdes responsabilités. Il est le garant de la qualité et de la cohérence du projet qu’il conçoit et met en œuvre. Dans le domaine de la réhabilitation, il doit s’approprier les lieux pour ensuite transformer l’espace contraint en un lieu de vie confortable pour le commanditaire du projet (du point de vue de l'usage, de la gestion de l'espace et de sa consommation énergétique). Lorsqu’il s’agit de désordres structurels, l’architecte analyse, souvent en collaboration avec des bureaux d’études et autres acteurs techniques, leurs causes afin de restaurer le bâtiment de manière pérenne. L’architecte a donc la responsabilité de la qualité de son projet, du bien-­‐être futur de l’habitant ou de l'usager mais aussi d’une solution de restauration en adéquation avec les besoins du bâtiment. L’enjeu majeur de la pratique d’architecte est la maîtrise du projet architectural jusqu’à sa réception. Être architecte suppose une pluridisciplinarité et une bonne maîtrise de la communication qu’elle soit écrite ou graphique. L’architecte doit en effet être capable d’interagir avec tous les acteurs du projet. Dans le patrimoine cela implique de posséder à la fois certaines connaissances exploitées par l’archéologue, l’historien, l’ingénieur, le maçon, le charpentier et tout corps de métiers amené à collaborer ou à intervenir sur le projet. Ce savoir est nécessaire afin de pouvoir conserver la maîtrise du projet. Il est également nécessaire d’argumenter, d’échanger et de convaincre. Cela nécessite de s’impliquer dans une communication de qualité et régulière afin que les différents acteurs puissent appréhender pleinement le projet architectural. L’architecte doit également trouver un équilibre entre sa « réputation », la rentabilité de ses projets et la satisfaction de son client. Il doit ainsi déterminer, à l’avance pour la plupart du temps, le temps de travail sur chacun des projets qui, lui-­‐même, fixe les honoraires. Tout cela doit en répondant au mieux aux attentes du maître d’ouvrage et en prenant en compte les qualités du contexte architectural dans lequel l’architecte intervient.

Explicitation des aspirations et attentes particulières à l'égard de la formation et de la mise en situation professionnelle pour se sensibiliser, connaître et approfondir les différents domaines de connaissances qui paraissent nécessaires pour une maîtrise satisfaisante des expertises et des responsabilités

Durant ma mise en situation professionnelle, je souhaite parfaire mes connaissances acquises au cours de mes formations et expériences professionnelles passées mais également acquérir de nouvelles compétences notamment en termes de gestion d’entreprise et de chantier. J’ai pour objectif d’approfondir des notions qui ne sont que peu abordés lors des formations initiales suivies : -­‐ acquérir des connaissances juridiques et méthodologiques indispensables à la gestion pérenne d’une entreprise d’architecture, à travers les démarches administratives ; -­‐ approfondir mes connaissances en économie de la construction ; -­‐ acquérir un savoir-­‐faire dans la maîtrise des activités fondamentales d’une mission de maîtrise d’œuvre, notamment la gestion complète d’un projet ; -­‐ développer les aptitudes personnelles indispensables pour exercer ce rôle de maître d’œuvre (écouter, concevoir, proposer, négocier, décider, communiquer...) ;

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-­‐ me doter de méthodes et d’outils efficaces pour aborder les différentes phases des opérations de construction, notamment en acquérant un savoir-­‐faire concernant le chantier ; -­‐ prendre connaissance des obligations et responsabilités liées à l’exercice du métier. À travers cet objectif, je souhaite pouvoir, à terme, maîtriser toutes les facettes de mon métier d’architecte.

Exposé des critères de choix du lieu de mise en situation professionnelle

Ayant obtenu le DSA architecture et patrimoine, je souhaite poursuivre dans cette voie. C’est pourquoi, je me suis orientée vers des agences intervenant principalement sur du bâti existant. Les projets conduits par l’atelier de M. Simon Buri correspondent parfaitement à mes aspirations professionnelles. En effet, M. Simon Buri intervient non seulement sur la sauvegarde du patrimoine remarquable mais également sur la réhabilitation du petit patrimoine. Ce qui me permettra d’appréhender des réponses aux enjeux du patrimoine décrit dans la première partie du protocole. La taille de la structure d’accueil, où M. Simon Buri travaille seul, me permettra probablement de pouvoir suivre différents projets à des phases d'avancement différentes et d’expérimenter la gestion de chantier.

Travail personnel envisagé parallèlement aux enseignements spécifiques et à la mise en situation professionnelle

Je m’informerai sur la profession et l’exercice en son nom propre, notamment par la lecture d’ouvrages et d’articles, et par l’étude des dossiers en cours ou passés. Je tiendrai un carnet de bord, en notant régulièrement mes interrogations pour pouvoir ensuite soit en discuter avec mon tuteur ou lors des journées de formation à l’ENSAG et ainsi progresser dans ma compréhension de l’exercice professionnel en tant que maître d’œuvre.

Mise en évidence des apports à faire valoir au sein de la structure d'accueil sollicitée pour s'insérer et collaborer à la bonne marche de l'entreprise. Éventuellement, explicitation d'un domaine de prédilection sur lequel il souhaiterait apporter une contribution d'analyse et de proposition pour améliorer les connaissances, outils, et méthodes de travail de la structure d'accueil

Le fait d’être déjà formée à intervenir sur le patrimoine me permettra de plus rapidement les projets et de poursuivre dans ma recherche d’autonomie. Je pourrais également mettre en application les connaissances acquises à l’École de Chaillot et au cours de mes expériences professionnelles. J’apporterai mes compétences en termes de maîtrise informatique, et notamment des logiciels de mise en page (indesign), de traitement d’image (photoshop) et de dessin en 3D (sketchup).

Suivi choisi à mettre en place pendant la période de MSP.

Le suivi organisé par M. Patrick Thépot se fera par le biais de réunions de groupe régulières. Elles permettront d’échanger avec notre tuteur, mais également entre étudiants, sur nos expériences et nos questionnements. Si cela était nécessaire, j’échangerai par mail avec mon tuteur entre deux réunions afin de concevoir et de réaliser mon mémoire le plus sereinement possible.

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