Habiter le canal
Mémoire de Master 2 le 02 juin 09 Studio : «l’architecture comme discipline» Directeur de mémoire : M. Chapuis Réalisé par Camille Bisson
I. Premiers regards : 1. Découverte du site 2. Premières pistes
.......................................... 4 ..................... 6 ..................... 8
II. Outils de travail : 1. Photos 2. Croquis 3. Maquettes
..........................................12 .....................13 .....................13 .....................13
III. Analyse de site : 1. Analyse du tissu de la vieille ville 2. Analyse typologique 3. Thèmes et intentions
..........................................14 .....................16 .....................22 .....................42
IV. Expérimentations : ..........................................44 1. Travail théorique .....................46 2. Passerelle habitée et privée .....................48 3. Passerelle collective .....................52 4. Confrontation au site .....................56 5. Conclusion : choix du site et réinterrogation des intentions .....................58 V. Projet : ..........................................60 1. Intentions .....................62 2. Orientations du projet à travers la maquette d’étude .....................64 3. Représentations graphiques .....................66
Sommaire
VI. Annexes : 1. Situation géographique 2. Historique de la ville 3. Historique des canaux 4. Bibliographie
..........................................74 .....................76 .....................78 .....................94 ...................106
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Premiers regards
Premiers regards
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Dès ma première visite, la vieille ville d’Annecy a tout de suite retenu mon attention. On ressent toute l’histoire de ses murs. Ce quartier possède une architecture qui lui est propre et qui ne ressemble à aucune autre dans Annecy. Elle est fascinante avec ses ruelles, ses cours dissimulées, ses rues couvertes et animées, et, enjambant les canaux, ses ponts et passerelles qui témoignent d’une autre époque. La vieille ville s’est développée de par et d’autre des canaux et entre ces derniers et les rues. Ce tissu permet ainsi aux différents flux (piétonnier, équestre et fluvial) de circuler librement. Il a mis au point des dispositifs architecturaux particuliers tels que les arcades, les ponts, les rues couvertes, pour permettre aux hommes d’habiter et de circuler sans gêne. Ce langage permet aux bâtiments d’entretenir une relation particulière avec chaque voie. La ville recele de nombreux espaces de transition : entre rue et habitation, entre rue et canal, entre rue et rue... Le vis-à-vis est un thème très présent dans la vieille ville. Chaque bâtiment se fait face de part et d’autre de la rue ou du canal, aucun masque ne venant les dissimuler aux regards. Les bâtiments possèdent pour la plupart une entrée privée donnant accès aux canaux. Cette entrée est parfois une simple ouverture sur le canal, ce qui rend la présence de l’eau permanente. La circulation principale se fait parallèlement au canal du Thiou. Toutefois la vieille ville a développé un réseau perpendiculaire secondaire passant à travers les bâtiments et enjambant les canaux grâce à des ponts ou passerelles.
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Découverte de la vieille ville
Premiers regards
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Ainsi la vieille ville nous interroge sur la manière d’habiter les rives d’un canal, entre la rue et le canal... Les bâtiments existants proposent des réponses à ce questionnement. Les thèmes qui se dégagent des premières visites et qui esquissent les bases du projet : - l’entre-deux ; au cœur de la vieille ville, existe une multitude d’espaces de transition qui se positionnent entre public et privé, entre collectif et individuel... - le cheminement ; ce thème complète le précédent. En effet, il désigne la manière de passer de la rue à la chambre. Tout au long du parcours, le visiteur sera accompagné par différents dispositifs spatiaux. - le franchissement ; il englobe tous les dispositifs mis en place par le tissu pour aller d’une rue à l’autre de chaque côté du canal ou bien d’une rue à une seconde rue. - le vis-à-vis ; il se développe non seulement de part et d’autre de la rue et du canal, mais aussi des cours intérieures. - l’eau ; sous la forme de canal, elle est un élément fondateur de la ville d’Annecy. Elle est source de qualité esthétique, d’ambiances sonores et d’activités économiques (industrie, commerces, tourisme).
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Premières pistes
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Outils de travail
Outils de travail
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Parmi les outils de travail qui s’offrent à nous pour appréhender et comprendre à la fois le site et le projet, trois me semblent indispensables. 1. la photographie La vieille ville possède un caractère vernaculaire et singulier qui ne peut se retranscrire et s’apprécier qu’à l’aide d’un relevé photographique. Il permet d’appréhender des situations peu perceptibles en plan ou en maquette, en incluant les ambiances lumineuses. La photographie permet également de saisir les rapports et espaces à notre échelle (hauteur humaine). 2. le dessin Deux types de dessins, le croquis et le relevé (plans, coupes...) sont pour moi des outils aux caractéristiques complémentaires. Les représentations géométrales relèvent de l’analyse objective alors que le croquis touche au domaine du sensible. Le dessin de plans et/ou coupes et schémas permet de mieux comprendre l’organisation des différents espaces et leurs distributions. Il constitue la base de la compréhension de l’objet à connaître. Le croquis perspectif se focalise sur certains détails de l’espace. Il oblige à sélectionner et abstraire l’essentiel d’une réalité complexe. Dans le cadre de la conception, le croquis est complémentaire des représentations géométrales et rend compte des qualités spatiales et sensibles du projet. 3. la maquette Cet outil est indispensable pour s’approprier l’échelle du lieu et se confronter à l’élaboration de stratégies d’intervention sur le site. La maquette-coupe à l’échelle territoriale permet d’appréhender les différentes séquences qui composent le site.
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Analyse de site
Analyse de site
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L’analyse porte sur une zone restreinte de la vieille ville : entre le château et la cathédrale et entre le pont de la rue de la République et celui de la rue Perrière. Le tissu de la vieille ville est très particulier. Sa morphologie peu lisible lorsque l’on visite le vieil Annecy apparaît clairement en plan : le tissu s’est développé le long de deux axes perpendiculaires, la rue de la Filaterie et le Thiou, dont l’intersection est le palais de l’Île. Il m’a semblé nécessaire de m’immerger dans le tissu afin de comprendre son organisation parcellaire et son échelle, et ensuite de le réinterpréter.
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Analyse du tissu de la vieille ville
plan du bâti R+1 au 1/2000
plan des espaces publics à ciel ouvert au 1/2000 plan des espaces publics à ciel ouvert au 1/2000
Analyse de site
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plan des espaces publics Ă ciel ouvert et ceux couverts au 1/2000
plan des espaces publics Ă ciel ouvert, ceux couverts et les espaces collectifs au 1/2000
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Analyse du tissu de la vieille ville
Analyse de site
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Il me semble important de préciser que de part et d’autre du canal, deux temporalités se font face. Le quai ainsi que le redécoupage des parcelles du front Nord du canal ont été effectués à la fin du XIXème alors que les façades au sud du canal datent du Moyen-Âge. À travers cette analyse du tissu on note que l’espace public se dilate et se rétracte de façon aléatoire. Les arcades disposées sous le bâti protège le visiteur et accompagne l’habitant dans son passage du public au privé et réciproquement. On constate donc deux types de tissu : celui du front Nord et celui du front Sud. Le premier est constitué principalement de parcelles peu profondes et larges tandis que le second accueille des parcelles étroites et très profondes. Cette différence s’explique par les deux époques d’aménagement du bâti.
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Analyse du tissu de la vieille ville
Analyse de site
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Pour comprendre le fonctionnement de ce tissu très particulier, il m’a semblé nécessaire de regarder plus en détail l’organisation de logements types. Il m’a paru également intéressant de travailler en coupe afin de d’extraire les rapports qu’entretiennent les bâtiments avec le canal et leur environnement proche. L’étude porte sur huit bâtiments de la vieille ville présentant des caractéristiques différentes. Les maquettes sont à l’échelle 1/100.
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Analyse typologique
A
coupe au 1/600ème
Analyse de site
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Coupe A
A
Front Nord : Type : immeuble collectif alignement par rapport au quai : oui alignement par rapport à la rue : oui nombre d’étages : 3 + combles nombre d’appartements desservis : 6. orientation des logements : mono-orientée sauf au 1er étage balcons côté canal : oui et à chaque étage. circulation : collective et située au cœur du bâtiment caractéristiques : le commerce au rez-dechaussée emprunte une partie de son espace au bâtiment Est. L’accès aux distributions collectives qui se trouvent au 1er étage se fait par un escalier extérieur puis ensuite par un couloir collectif qui dessert non seulement un appartement de l’édifice mais aussi un appartement du bâtiment voisin. Cet édifice entretient donc un lien très fort avec le bâtiment Est.
représentations géométrales au 1/500ème
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rez-de-chaussée
étage 2
façade canal
étage 1
étage 3
façade rue
Analyse typologique
A
coupe au 1/600ème
Analyse de site
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Coupe A
A
Front Sud : Type : immeuble collectif alignement par rapport au canal : oui alignement par rapport à la rue : oui présence d’arcades : oui nombre d’étages : 3 + combles côté canal 2 + combles côté rue nombre d’appartements desservis : 6. orientation des logements : mono-orientée mais donnant sur une cour intérieure. cour : oui circulation : collective et accolée à la cour. caractéristiques : le rez-de-chaussée accueille des commerces côté rue et des caves côté canal. C’est pourquoi du côté rue la hauteur sous plafond est supérieure à celle côté canal.
rez-de-chaussée
étage 1
façade canal
étage 3 représentations géométrales au 1/500ème
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étage 2
façade rue
Analyse typologique
B
coupe au 1/600ème
Analyse de site
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Coupe B
B
Front Nord : Type : immeuble collectif alignement par rapport au quai : non alignement par rapport à la rue : non nombre d’étages : 2 + combles nombre d’appartements desservis : 2. orientation des logements : traversants circulation : collective et située dans une tour accolée au bâtiment caractéristiques : le rez-de-chaussée est réservé à la circulation publique. Cela permet de relier la rue au pont jusqu’à l’autre rive.
façade rue rez-de-chaussée
façade canal étage courant
représentations géométrales au 1/500ème
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Analyse typologique
B
coupe au 1/600ème
Analyse de site
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Coupe B
B
Front Sud : Type : immeuble collectif alignement par rapport au canal : non alignement par rapport à la rue : non nombre d’étages : 2 + combles nombre d’appartements desservis : 2. orientation des logements : traversants circulation : collective et située dans une tour accolée à l’édifice caractéristiques : tout comme le bâtiment rive nord, le rez-de-chaussée est consacré à l’espace public.
rez-de-chaussée
façade rue
façade canal
étage courant représentations géométrales au 1/500ème
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Analyse typologique
C
coupe au 1/500ème
Analyse de site
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Coupe C C
Front Nord : Type : immeuble collectif alignement par rapport au quai : oui alignement par rapport à la rue : oui nombre d’étages : 4 + combles côté canal 3 + combles côté rue nombre d’appartements desservis : 8. orientation des logements : mono-orientée. circulation : collective caractéristiques : le rez-de-chaussée est réservé aux annexes du bâtiment et n’accueille aucun commerces ni logements.
façade rue rez-de-chaussée
façade canal étage courant
représentations géométrales au 1/500ème
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Analyse typologique
C
coupe au 1/500ème
Analyse de site
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Coupe C
C
Front Sud : Type : immeuble collectif alignement par rapport au canal : oui alignement par rapport à la rue : oui présence d’arcades : oui nombre d’étages : 3 + combles nombre d’appartements desservis : 6. orientation des logements : mono-orientée mais donnant sur une cour intérieure. cour : oui circulation : collective et accolée à la cour. caractéristiques : le rez-de-chaussée accueille des commerces côté rue et des caves côté canal.
rez-de-chaussée
façade rue
façade canal
étage courant représentations géométrales au 1/500ème
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Analyse typologique
D
coupe au 1/600ème
Analyse de site
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D
Coupe D Front Nord : Type : immeuble collectif alignement par rapport au quai : non jardin extérieur : oui, entre le quai et le bâtiment alignement par rapport à la rue : oui nombre d’étages : 2 + combles côté canal nombre d’appartements desservis : 8. orientation des logements : mono-orientée. circulation : collective caractéristiques : le rez-de-chaussée est partagé entre commerces et habitations.
représentations géométrales au 1/500ème
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rez-de-chaussée élévation côté canal
1er étage
élévation côté rue
2ème étage
Analyse typologique
coupe au 1/600ème
Analyse de site
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Coupe D : D
Front Sud : Type : immeuble collectif alignement par rapport au canal : oui alignement par rapport à la rue : oui nombre d’étages : 3 + combles nombre d’appartements desservis : 6. orientation des logements : mono-orientée mais donnant sur une cour intérieure. cour : oui circulation : collective et accolée à la cour côté rue et au cœur du bâtiment côté canal. caractéristiques : le rez-de-chaussée accueille des commerces côté rue et des caves côté canal.
rez-de-chaussée
étage 1
façade rue
représentations géométrales au 1/500ème
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étage 2
étage 3
Analyse typologique
Maquette au 1/1000
Analyse de site
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Certains bâtiments développent les mêmes types de rapport à la rue (l’accès et l’occupation des espaces du rez-de-chaussée), au canal et de distributions collectives. Le fait qu’ils ne présentent jamais le même dimensionnement ni les mêmes matériaux entraîne une très grande richesse au sein du tissu. Par conséquent, je peux définir un type de bâti par front. Le front Nord accueille un bâti «plein» (sans cour) large et peu profond. Les logements qu’il abrite sont mono-orientés pour la plupart et sont distribués par une cage d’escalier située au cœur du bâtiment. Ce bâti entretient un rapport direct avec la rue alors que, côté canal, le quai fait office d’espace tampon. Le front Sud, quant à lui, présente un bâti percé de cours qui elles-mêmes accueillent les distributions collectives. Les logements sont mono-orientés mais ils trouvent, grâce à la cour, une seconde source de lumière. Contrairement au front Nord, le front Sud entretient un rapport direct au canal alors que, côté rue, un système d’arcades offre une transition entre public et privé.
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Rapport entre les fronts
Analyse typologique
Thèmes développés par le tissu : Le thème le plus évident lorsque l’on visite la vieille ville est celui de l’entre-deux : entre rue et canal, entre rue et cour, entre cour et canal, entre rue et rue... Le tissu a mis en place des dispositifs particuliers accompagnant l’habitant de la rue à «sa chambre» : - les arcades, cheminement public protégé. - les couloirs collectifs menant aux cours et distributions collectives. - les distributions collectives qui desservent 6 logements en moyenne. Lors du cheminement on peut véritablement ressentir toutes ses étapes car chacune possède ses propres caractéristiques dimensionnelles et lumineuses. Le vis-à-vis est un thème également extrêmement présent dans la vieille ville. Chaque bâtiment se fait face de part et d’autre de la rue ou du canal, aucun masque ne venant les dissimuler aux regards. Egalement présent à l’intérieur même des édifices, les logements se font face de chaque côté de la cour. Les types de franchissement des canaux sont très variés. Ils vont de la passerelle «privée» au pont associant véhicules et piétons. Il me semble important de rappeler que le quai de l’évéché n’a été construit qu’en 1850. Depuis cette époque, le rapport qu’entretenait le piéton avec le quai a changé. Dorénavant le canal se visite, se longe et se traverse. Il n’est plus un objet mystérieux qui apparaissait tel un tableau lorsque l’on empruntait les différentes passerelles. L’analyse démontre que le rez-de-chaussée (socle) est le lien privilégié entre l’espace public et les espaces privés. Il se creuse en créant ainsi les circulations collectives tout en accueillant les commerces et les annexes des appartements.
Analyse de site
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Intentions : Les différents thèmes énoncés précédemment me semblent pouvoir nourrir une stratégie de projet. Ce projet consisterait, dans une première phase, à s’approprier l’espace vertical du canal pour en faire un objet pictural et le restituer en partie aux habitants (via des franchissements), et, ensuite, à s’imprégner de la richesse des typologies existantes susceptibles d’alimenter le projet. Cette stratégie implique donc une réflexion globale sur la typologie à mettre en place de chaque côté du canal mais aussi sur des questions plus traditionnelles telles que le rapport à la rue, la distribution collective. Ainsi, selon moi plusieurs attitudes restant à déterminer : _ quelle mesure adopter pour les franchissements ? _ quel statut leur donner ? public, collectif ou privé ? _ quel rapport entretenir avec le canal, et avec la rue ? _ quel aménagement pour le socle ? faut-il l’habiter ? _ quels types développer dans un tissu tel que celui de la vieille ville ?
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Thèmes et intentions
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ExpĂŠrimentations
Maquette au 1/1000 Les deux maquettes ci-dessus sont les premiers essais typologiques de passerelle privée. La première étape a défini un schéma de reproduction systématique afin de percevoir l’occupation maximale du canal. L’implantation de ce type de tissu paraît inconcevable quel que soit le site choisi. Le premier choix fut la nappe puis, pour diversifier et enrichir les possibilités typologiques du tissu, ce dernier a été creusé.
Expérimentations
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La phase d’expérimentation par le projet consiste à explorer les possibles à la fois des thèmes et du site choisis. Suite à cela, j’ajusterai la parcelle d’intervention ainsi que mes intentions de projet vis-à-vis de celle-ci. La première phase de recherche consiste à travailler hors-site afin de mettre au point des typologies qui se reproduisent de façon systématique. Le but était de s’affranchir des contraintes d’un site potentiel afin de se consacrer à la typologie et l’organisation des bâtiments. J’ai pu m’immergér plus facilement dans le tissu et en dicerner ses qualités et ses limites. Durant ce travail, je me suis concentrée sur la typologie et la mesure des différentes passerelles car contrairement aux autres thèmes énoncés précédemment, celui du franchissement en hauteur n’est pas développé par la vieille ville. En effet, les thèmes du cheminement, de l’entre-deux, du vis-à-vis et l’organisation du socle sont déjà présents dans le tissu du vieil Annecy et possèdent une richesse accumulée grâce à l’Histoire. En conséquence, je n’ai pas à concevoir les dispositifs liés à ces thèmes mais à les réinterpréter et parvenir à saisir quel pourrait être leur expression architecturale contemporaine. Ainsi lors de cette phase d’expérimentation théorique, il s’agit pour moi de commencer à appréhender les dimensions et qualités des passerelles afin de les implanter ultérieurement dans un tissu réel.
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Travail théorique
Plan de rez-de-chaussée avec annexes au 1/250ème
Plan de rez-de-chaussée avec commerces au 1/250ème
Expérimentations
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Plan d’un étage type avec duplex au 1/250ème
Plan d’un étage type avec duplex au 1/250ème
Plan d’un étage type avec simplex au 1/250ème
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Passerelle habitée privée
Maquette au 1/500 Premier essai : la passerelle propose peu de possiblités d’appropriation et n’offre pas assez d’espace pour l’installation d’un espace de séjour.
Expérimentations
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Ce type de passerelles montre la nécessité qu’a l’espace privé de se dilater dans le volume du canal. Ainsi le canal est véritablement habité et pas seulement enjambé. Les proportions du tissu sont extraites du tissu actuel. Il apparaît alors que le front Nord est très profond. Le tissu conçu présente donc des fronts percés qui permettent l’apport de lumière naturelle au cœur des parcelles.
Maquette au 1/500
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Passerelle habitée privée
Plan du rez-de-chaussée au 1/250ème
Plan du 1ème étage au 1/250ème
Expérimentations
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Plan du 2ème étage au 1/250ème
Plan du 3ème étage au 1/250ème
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Passerelle collective
Maquette coupe au 1/200
ExpĂŠrimentations
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Cet essai montre une passerelle qui accueille une partie de la distribution collective. Cette typologie développe un principe fort : lier deux bâtiments situés de part et d’autre d’un canal. Grâce aux circulations collectives qui se rejoignent au dessus du canal, les deux édifices n’en forment plus qu’un seul. Le front Sud montre une typologie de bâti « face au mur ». Malheureusement poussée à l’extrême, cette dernière prive les habitants d’une ouverture sur le canal et la rue, et supprime les perspectives visuelles possibles.
1 seul bâtiment
Ces essais de typologie me forcent à prendre du recul face aux trames engendrées par le tissu existant, ce qui me conduit à voir plus loin que l’échelle de la parcelle. Le site sur lequel je voulais implanter mon projet s’est imposé à moi : la partie de la vieille ville que j’ai analysé précédemment. Ce site fonde ma recherche et le tissu justifie naturellement mes intentions de projet. Il possède également l’avantage de proposer une portion de canal plus ou moins régulière et les potentialités typologiques sont nombreuses et attractives.
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Passerelle collective
Plan de rez-de-chaussée au 1/2000ème
Plan du 3ème étage au 1/2000ème
Expérimentations
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Lors de cette première confrontation au site réel, j’ai développé un tissu aussi dense que celui existant et reprenant les thèmes forts exposés précédemment. Avec la même volonté de restituer le canal à ses habitants, j’ai pris la liberté de retirer le quai qui réduisait l’intimité recherchée. Sur le front Sud, la façade donnant sur la rue s’incurve et permet la dilatation de l’espace public constitué par la rue. À l’inverse, le front Nord offre une façade « lisse » car celle qui lui fait face est discontinue et laisse ainsi respirer la rue. Le socle, quant à lui, est creusé et accueille une succession de pleins et de vides. Ces derniers permettent l’accès au canal et possèdent ainsi deux rôles : le premier, fonctionnel, laisse passer les flux, et le second, esthétique, offre aux visiteurs différents points de vue du canal. Le projet développe un système de circulations collectives qui franchissent le canal. Le tissu déploie un réseau secondaire collectif en hauteur. Ainsi il ne s’agit plus de travailler sur une parcelle mais de concevoir un tissu à part entière. Les deux fronts forment alors un seul et même bâtiment desservi par quelques distributions collectives réparties le long de la parcelle. Le système développé par la distribution se présente sous la forme de coursives qui épousent la sinuosité de la façade puis pénètrent au cœur du tissu, pour ensuite surplomber le canal et enfin rejoindre la circulation du second front. La disposition des coursives en façade côté rue découle de la volonté de restituer le canal aux habitants et de pouvoir l’habiter tout en préservant une certaine intimité. Les passerelles privées et habitées présentent, elles aussi, un grand potentiel. Celui-ci réside principalement dans la qualité de vie qu’elles peuvent offrir. Les passerelles en dominant le canal proposent de nouvelles perspectives. Elles lient les deux fronts sans pour autant en faire un seul bâtiment car les habitants n’ont pas la possibilité de passer d’un côté à l’autre.
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Confrontation au site
ExpĂŠrimentations
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Cette dernière phase d’expérimentation consistait à mettre en situation « réelle » les typologies développées théoriquement. On remarque que la forme des passerelles privées qui, hors-site, produisaient un équilibre entre plein et vide, sont devenues inadaptées et dépouillées de leur sens car elles sont dorénavant ponctuelles et non systémiques. Il faut donc maintenant redéfinir l’expression de cette dilatation de l’espace privé dans le volume du canal. Notons également que la dilatation de l’espace public de la rue entraîne sa déstructuration. Ainsi, seul le rez-de-chaussée pourrait se dilater afin de pouvoir céder la place aux flux et laisser la rue respirer. La déformation de la trame entraîne également la perte de sa flexibilité. Ainsi, pour permettre au tissu de garder sa souplesse, la trame devra rester rigide à la courbure de la rue et être perpendiculaire au tracé du canal. Si l’intérêt de la problématique n’est pas remis en question, le projet et le site choisi, quant à eux, ne se prêtent pas à cette appropriation du canal et ce pour différentes raisons. Cette parcelle offre l’une des plus belles vues sur le canal et est, de surcroît, un des principaux moteurs de l’économie annecienne. Ainsi, les passerelles publiques semblent résoudre au conflit entrainé par l’appropriation du canal. En plus des questionements déjà abordés viennent s’ajouter ceux engendrés par le tissu : - quelles sont les limites du tissu ? De quelle manière les traiter ? - quel peut-être le traitement des passerelles publics ? Quelles fonctions donner aux différents niveaux de la passerelle ? - quelles mesures adopter pour la passerelle ?
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Conclusion
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Projet
Basé sur une analyse fine du vieil Annecy, le projet propose une réinterrogation personnelle du lieu afin de dégager les qualités spatiales et sensibles intrinsèques au site, d’une part, et de mettre en évidence les « structures » primaires (cf. : premiers regards) révélées par le tissu existant, d’autre part. Ces structures constituent les fondements du projet. Etroitement lié à son site, le projet met en place un schéma directeur urbain pour les deux fronts. Si certaines parcelles venait à être démolies, la reconstruction de celles-ci pourrait s’appuyer sur le système développé par le projet. Le projet est organisé autour de cinq thèmes : • Le franchissement, intègre tous les dispositifs spatiaux mis en place pour passer d’un lieu à un autre. • Le cheminement, désigne les dispositifs spatiaux et sensibles mis en place le long d’un parcours. • Le vis-à-vis, signifie la promiscuité entre deux logements. • L’entre-deux, englobe la totalité des espaces de transition entre deux lieux de nature différentes. • L’eau, élément déclencheur du projet, est à l’origine de la réalisation de la majorité des thèmes précédents. Le projet a pour objectif de rendre compte clairement de ces attitudes qui alimenteront le projet tout au long du processus de conception. Le canal, élément vertébral du projet, en a inspiré sa problématique : « comment habiter le canal ? ».
Projet
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Ainsi le projet s’exprime par le redessin des deux fronts bâtis (l’un orienté Nord et le second orienté Sud) bordant le canal. Il se base sur une trame rigoureuse mais qui admet une grande souplesse dans son utilisation. Cette trame réemploie le rapport développé par le tissu existant (1/2). Ponctuellement mais de façon régulière, le bâti Sud enjambe le Thiou afin de (rallier) rejoindre le front Nord. Ces franchissements se substituent aux ponts actuels et accueillent à la fois une « rue haute » ainsi que des équipements et/ou des commerces et/ou des logements en duplex. Le front Nord, perméable, se présente sous la forme de plots. Leurs socles abritent différents commerces et locaux techniques qui, pour certains, s’ouvrent directement sur le canal. Grâce à la porosité du bâti, les visiteurs peuvent profiter de la presque totalité du Thiou. Les places entre chaque plot offrent la possibilité aux commerces d’investir ces espaces extérieurs protégés du passage de la rue. Le front Sud quant-à lui est entièrement imperméable aux regards. Le socle du bâti accueille non seulement des commerces et des locaux techniques mais également quelques logements côté canal. Basé sur la trame énoncée précédemment, le bâti développe des logements en lanière organisés autour d’un ou plusieurs patios. Ces derniers apportent la lumière au cœur des logements et accueillent les distributions collectives.
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Intentions
Projet
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Orientations du projet à travers la maquette d’étude
Plan masse au 1/5000ème
Projet
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Plan de toiture au 1/2000ème
Coupe au 1/500ème
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Représentations graphiques
Plan de rez-de-chaussÊe au 1/500ème
Projet
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Plan 1er étage au 1/500ème
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Représentations graphiques
Plan 2ème étage au 1/500ème
Projet
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Plan 3ème étage au 1/500ème
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Représentations graphiques
Maquette au 1/2000ème
Projet
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Maquette au 1/500ème
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Représentations graphiques
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Annexes
Source : www.wikipedia.fr
Source : www.geoportail.fr Source : CAUE 74 via «les Amis du vieil Annecy»
Annexes
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Annecy se situe au bord du lac qui porte son nom, dans le nord des Alpes françaises, entre Chambéry et Genève. L’agglomération est située sur un axe, dit sillon alpin, comprenant quelques unes des plus grandes agglomérations de la région Rhône-Alpes : Valence, Grenoble, Chambéry, Annecy et Genève. Elle se place à la jonction de deux grands ensembles géographiques et géologiques : les préalpes du massif des Bauges au sud et du massif des Bornes à l’est séparés par le lac d’Annecy et les collines et plaines de l’Albanais et du Genevois à l’ouest et au nord. Le site d’Annecy est divisé en deux parties qui se distinguent par le relief, l’urbanisme et la végétation. Le nord et le sud-ouest sont plats et fortement urbanisés, encadrés à l’est par la colline d’Annecy-leVieux et à l’ouest par la dépression occupée par le Fier, et la colline de Seynod et de Cran-Gevrier. Le Sud-Est est, quant à lui, occupé par la montagne du Semnoz. Très peu construit ou aménagé, sauf à son extrémité nord, il est occupé en majeure partie par la forêt. La situation lacustre d’Annecy a fortement influencé l’émergence de la ville. Elle lui doit notamment ses nombreux canaux ainsi qu’un port de plaisance situé aux Marquisats et ses trois plages que sont les Marquisats, au sud, l’Impérial au centre-ville, et Albigny sur la commune limitrophe d’Annecy-leVieux.
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Situation géographique
Annecy dans son environnement gĂŠographique
source : Histoire des communes savoyardes, tome III : Le Genevois et Lac d’Annecy, Jean-Yves Mariotte, Henri Baud, Jean-Bernard Challamel, Alain Guerrier
Annexes
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Préhistoire Au fur et à mesure du retrait des glaciers du dernier stade (Würm) à partir de 12 000 avant J.-C., les Préhistoriques commencent à se hasarder dans l’avant-pays. Mais c’est au Néolithique, âge de la pierre polie, (de 7000 à 3000 avant J.-C.) que toute la moyenne et basse vallée est densément occupée. Ces peuplades d’agriculteurs et d’éleveurs sédentaires ont laissé de nombreux vestiges conservés, pour la plupart, et, comme les autres objets préhistoriques de la région, dans les musée de Genève et d’Annecy.
L’Age du Fer ( 725-120 avant J.-C.) Un refroidissement du climat nord européen provoque la descente vers le sud de tribus, porteuses de la technique très évoluée des armes et ustensiles de fer. Un premier âge est celui de Hallstatt (725-450 avant J.-C.) mais la Savoie est surtout concernée par la civilistion de la Tène (du nom d’une station es bords du lac de Neuchâtel), qui dure, approximativement, de 450 à 120 avant notre ère. Elle est marquée par la venue de Celtes, les Allobroges, parents des peuplades gauloises des Séquanes de la rive gauche du Rhône et des Helvètes de Suisse.
3000 ans avant J.-C. : un village littoral Annecy est probablement la ville des Alpes du Nord qui connut l’une des occupations humaines les plus anciennes. On peut noter 3000 avant J.-C., un village littoral émergé au large d’Annecy-le-vieux. La station dite «du port» située à proximité de l’île des Cygnes, découverte en 1884, pourrait dater de 2500 avant J.-C..
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Historique de la ville
Boutae dans son site
Boutae
source : Histoire d’Annecy, pays et ville de France, Sous la direction de Paul Guichonnet
Annexes
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Boutae
1er siècle avant J.-C.
C’est dans la seconde moitié du 1er siècle avant J.-C. que s’installe, au milieu de la plaine des Fins, un premier village allobroge. Sous le règne de l’empereur Auguste, l’administration romaine transforma Boutae en un vicus, c’està-dire un bourg de taille moyenne aménagé selon un plan d’ensemble. Mais c’est l’ouverture de la voie transalpine menant à Genève par Agrippa qui va donner un premier essor à l’agglomération naissante. Cette route fut complétée sous Claude (vers 50 avant J.-C.) par une autre voie raccordant la ville à Aix et transformant ainsi Boutae en un trivium (carrefour de trois routes) déterminant l’assiette triangulaire qu’on lui connaît. Néanmoins Boutae ne fut jamais une grande ville. Elle abritait entre 2000 et 2500 habitants. Du IIIème au Vème siècle se succèdent invasions barbares et reconquêtes romaines. Boutae est définitivement rasée au Vème siècle. La population se déplace alors sur les coteaux ensoleillés prolongeant la rive Est du lac : domaine désigné sous le nom de son propriétaire Anicius. Exposé plein sud, protégé des vents du nord et dominant la plaine des Fins, Annecy-le-Vieux prends le relais pendant le Haut MoyenÂge.
source : Construire la ville sur la ville : quel projet urbain pour la caserne Galbert à Annecy ? Jean-François Longeret
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Historique de la ville
Château d’Annecy en 1539
source : Histoire des communes savoyardes, tome III : Le
Genevois et Lac d’Annecy, Jean-Yves Mariotte, Henri Baud, Jean-Bernard Challamel, Alain Guerrier
source : Annesci 36, Ville à arcades, ville à portiques,
Site d’Annecy-le-Neuf source
:
Histoire d’Annecy, pays et ville Sous la direction de Paul Guichonnet
Annexes
de
France,
P. Duparc
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Naissance d’Annecy-le-Neuf au Moyen-Âge
XIIIème - XIVème siècle
source : Construire la ville sur la ville : quel projet urbain pour la caserne Galbert à Annecy ? Jean-François Longeret
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On qualifie souvent Annecy de « ville multi-site » ou de « ville à la recherche de son site », toutefois ces expressions sont trompeuses. En effet, il n’existe aucune continuité de peuplement, ni aucune évolution du vicus romain à Annecy-le-Vieux et d’Annecy-le-Vieux à la paroisse d’Annecy-le-Neuf. Il y a même certainement eu coexistence à certaines époques de ces différents sites. Annecy est une ville nouvelle. Elle se développe à partir de deux sites naturels voisins : la colline du château et les rives du Thiou. Ils offraient une protection naturelle et permettaient le développement d’activités artisanales. La croissance économique, démographique et technique (premiers moulins) va entraîner le développement des localités déjà présentes sur le site. Grâce à l’essor du commerce et de l’industrie, la ville s’étend peu à peu et se muni d’une première enceinte englobant le Thiou et protégeant ainsi sa source principale de revenu. Le Thiou devient ainsi la structure de la cité, le bâti se développe perpendiculairement et de part et d’autre de la rivière et qui impose son tracé aux rues. Avec l’installation des comtes de Genève dès 1219 et l’entrée de la ville dans le comté de Savoie, Annecy deviendra une capitale religieuse et administrative. Elle se dotera alors d’une seconde enceinte mettant à l’abri les différentes structures religieuses nouvellement implantées. Annecy est ainsi enserrée dans sa ceinture de fortifications et ceinturée de cours d’eau divagants. Au XVIème siècle, l’Eglise décide de fixer son siège épiscopal à Annecy, qui devient alors une capitale subrogée. Après la disparition des comtes de Genève, la dynastie des Savoie-Nemours s’installe dans la ville. Cette dernière s’entoure d’une cour, d’une armée et d’une administration efficace. Annecy devient alors une véritable résidence princière confortant son statut de capitale. Les événements liés à la Réforme ainsi que la présence forte de l’ordre catholique à Annecy attirent dans la ville de nombreuses communautés ecclésiastiques qui s’enfuient de Genève. En 1569, Monseigneur de Genève s’y installe avec sa suite. Cet événement s’accompagne de nombreuses édifications de bâtiments religieux, le pouvoir religieux allant jusqu’à posséder le tiers de la ville.
Historique de la ville
Plan d’Annecy reconstitué d’après le cadastre sarde de 1730 : A. B. C. D. E.
Grande charrière est-ouest Deuxième charrière est-ouest Axe nord-sud Palais de l’Île : noyau de l’agglomération Château
1. 2. 3. 4. 5. 6.
Pont de la Halle Passerelle de l’Île et pont de l’Île Pont Morens Pont des Boucheries Futur pont Pont Saint-Joseph
a. Thiou b. Canal Notre-Dame c. Canal du Vassé d. Petit canal « du collège » e. Île du clos Lombard e’. Canal de drainage f. Petit île triangulaire g. La Grenouillère h. Île Saint-Joseph source : Annesci 34, L’eau dans la ville, Colette Reydet
Cadastre Sarde de 1732 source : Annesci 34, L’eau dans la ville, Colette Reydet
Annexes
Les arcades médiévales
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L’installation de la cour des Nemours engendre un essor industriel conséquent. Mais ce développement se limite aux seuls besoins des habitants de la ville. La reconnaissance d’Annecy en tant que capitale du Genevois entraîne un accroissement de la population et par conséquent une transformation du paysage urbain. Néanmoins cette croissance n’engendrera pas un élargissement de la ville à cause des menaces d’invasions. Dans une volonté de rester protégés à l’intérieur des remparts, les édifices religieux sont construits à l’intérieur de l’enceinte et les habitants vont densifier la cité en construisant la ville sur la ville : rehaussement du bâti de un à deux niveaux. Cette transformation complète et nécessaire de la ville débute dès le XVème siècle. Cette saturation, avec une circulation croissante entraine l’élargissement des voies par la technique des arcades qui maintiennent les surfaces habitables tout en améliorant le passage des piétons.
Cadastre Sarde de 1732
1732
Le premier cadastre dit « Mappe Sarde » est réalisé en 1732. Grâce à lui, la morphologie du tissu apparaît clairement. La ville s’organise le long de deux axes perpendiculaires dont l’intersection est constituée par l’Île, qui représente le centre de la ville de par sa situation et la fonction des bâtiments qu’elle accueille. Le parcellaire est orienté perpendiculairement aux deux axes (le Thiou et la rue de la Filaterie).
La Révolution française
source : Construire la ville sur la ville : quel projet urbain pour la caserne Galbert à Annecy ? Jean-François Longeret
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La Révolution française bouleverse le statut de capitale religieuse et administrative de la ville d’Annecy. La République ôte son titre à la ville. Sous le nouveau régime, Annecy développe à partir de 1794 un nouveau type d’industrie, celle des armes. Les anciens couvents sont réquisitionnés et utilisés comme manufactures d’armes. La révocation de la majorité des institutions religieuses a ainsi perturbé le système économique de la ville.
Historique de la ville
Annexes
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Thomas Dominique Ruphy tente de mettre en place un « schéma directeur » en 1794. Ce dernier favorise la circulation afin de rendre à Annecy sa position stratégique enter Chambéry et Genève. Les portes sont ainsi détruites ainsi qu’une partie de l’enceinte. Une route rejoignant Albertville et longeant le lac est ensuite créée. Ce plan préconise également la création de places et l’aménagement des quais. Il guidera tous les travaux d’aménagement urbain jusqu’à la fin du XIXème siècle. De 1810 à 1812, un nouveau plan d’embellissement basé sur le plan Ruphy est conçu par l’architecte de la ville Jean-Marie Dunant. Il engendre le raccordement des vieux quartiers à la ville nouvelle par la rue des Boucheries qui rejoint la rue royale. Le plan montre les futurs axes de développement de la ville. Du XIème au XVIIème siècle la ville s’est densifiée à l’intérieur des remparts et ne s’est que peu developpée en dehors, obligeant ainsi les habitants à construire en hauteur. Plan Ruphy en 1794
source : Construire la ville sur la ville : quel projet urbain pour la caserne Galbert à Annecy ? Jean-François Longeret
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Influence de l’Etat piémontais La Savoie retourne au Royaume du Piémont en 1815. Cet évènement ne perturbe pas le développement industriel d’Annecy. La ville retrouve même certaines de ses fonctions de capitale en abritant à nouveau une garnison permanente de six cents hommes. Certains couvents sont réinvestis à des fins religieuses. Le commerce se développe sous l’influence de l’industrie. La tendance à l’industrialisation s’affirme au début du XXème siècle avec l’implantation d’une importante manufacture spécialisé dans le tissage et la fabrication de coton et l’installation d’entreprises telle que la papeterie de Cran-Gevrier. Annecy passe ainsi du statut de ville artisanale à celui de ville industrielle. Le développement démographique dû à l’accroissement de la bourgeoisie terrienne bouleverse les schémas urbains existants.
Historique de la ville
Aménagement des canaux et monuments
Rue royale
Préfecture Manufacture Sainte-Claire en 1870
source : Histoire des communes savoyardes, tome III : Le Genevois et Lac d’Annecy, Jean-Yves Mariotte, Henri Baud, Jean-Bernard Challamel, Alain Guerrier
Annexes
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De 1823 à 1855 le régime entreprend une série d’aménagements urbains de grande importance : construction de l’hôtel de ville, aménagement des rives du lac, nouvelle route des Marquisats, création du quai de l’évêché le long du Thiou, ouverture de l’avenue de Chambéry. En cinquante-cinq ans, de 1806 à 1861, l’agglomération d’Annecy, stimulée par l’industrie a doublé de volume. Le moule urbain formé par les enceintes médiévales a éclaté. Annecy déplace alors son centre le long du nouvel axe principal de circulation : la rue Royale.
Le tournant de la moitié du XIXème siècle
1865
La Savoie est rendue à la France en 1860. L’administration française va alors appliquer la réglementation nationale à la ville et attribut le statut de préfecture à Annecy. Cela entraine la construction de nombreux édifices publics importants : préfecture, caserne, hôpital, gare, cathédrale,… Cette période correspond à l’âge d’or de l’embellissement urbain avec des travaux de voierie, la construction d’équipements et l’aménagement de quartiers d’habitation. Un plan d’ensemble est dressé afin de prévoir l’installation de ces infrastructures. Il développe une nouvelle organisation de la voirie qui reprend les tracés existants et vient y superposer une trame orthogonale organisée selon deux pôles importants : la rue Royale et l’accès à la future gare.
Cadastre moderne de E. Pestel en 1865 :
source : Construire la ville sur la ville : quel projet urbain pour la caserne Galbert à Annecy ? Jean-François Longeret
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Le premier cadastre de la ville est dressé par Edouard Victor Pestel en 1865. Il sera utilisé jusqu’en 1972. Il met en évidence l’organisation de l’agglomération selon deux axes structurants Est-Ouest et NordSud. Il montre également la faible urbanisation sur l’ensemble du territoire communal et le noyau dense et tourmenté, formé par la cité médiévale.
Historique de la ville
Manufacture Sainte-Claire en 1870
source : Histoire des communes savoyardes, tome III : Le Genevois et Lac d’Annecy, Jean-Yves Mariotte, Henri Baud, Jean-Bernard Challamel, Alain Guerrier
Le casino,
Annexes
source : http://www.annecyclic.com/images/imacasino2.jpg
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La ville au XXème siècle : La création des « Forces du Fier » va marquer une étape décisive dans l’évolution d’Annecy. Cette société provoque l’aménagement hydraulique des gorges du Fier. Elle introduit Annecy dans l’ère de la houille blanche. La première guerre mondiale entraine un surplus d’activité qui ne décroîtra pas durant l’après-guerre. Les industries prospèrent et grandissent. En 1939, les ateliers emploient la moitié de la population active. Les Forces du Fier développent de nouvelles activités culturelles et de loisirs participant ainsi à la croissance du tourisme. Elle crée le casino en 1921 sur le Pâquier. Le tourisme s’accroît et participe au développement du commerce. Ainsi, la population augmentera de 53% de 1911 à 1931, mais le développement se fera de manière désordonné et ainsi la nécessité d’un nouveau plan d’extension se fera sentir. Le début du siècle verra également apparaître l’urbanisme et ses notions de gestion scientifique des villes et de l’art urbain, de zonage.
Plan Auburtin en 1927 : 1927
source : Construire la ville sur la ville : quel projet urbain pour la caserne Galbert à Annecy ? Jean-François Longeret
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Retardé par la guerre, le nouveau plan d’extension voit le jour en 1927. Appelé plan Auburtin, il introduit trois thèmes majeurs : les divisions naturelles de la ville, son zonage et ses grandes voies de communication. Il découpe la ville d’Annecy en cinq parties : la ville ancienne, le secteur des marquisats et de la Puya consacré au tourisme et habitations estivales, la plaine des Fins formée d’habitations bourgeoises, la zone Nord-Ouest de la ville qui est un quartier industriel et populaire et la région Nord le long de la route de Chambéry qui accueille des zones industrielles et commerciales. Ce plan d’aménagement est accompagné de la reconstruction de la gare et de sa place. Ces dernières jouent le rôle de point de centralité : autour d’elles se développe un tissu bâti disparate et hétéroclite. Pour la première fois de son histoire, la ville fait l’objet d’un plan d’aménagement qui englobe la totalité du territoire de la commune. Le réseau viaire projeté vient en complément des voies existantes.
Historique de la ville
Plan Duchène en 1932
source : Construire la ville sur la ville : quel projet urbain pour la caserne Galbert à Annecy ? Jean-François Longeret
Annexes
La rue du lac en 1958
source : Histoire d’Annecy, pays et ville de France, Sous la direction de Paul Guichonnet
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Plan Duchène en 1932 : Le plan Duchène élaboré en 1932 est un prolongement du plan précédent. Il témoigne de la forte croissance de l’époque. Le centre se densifie, les îlots se remplissent, tandis que dans la plaine des Fins le bâti diffus se répand envahissant peu à peu le territoire.
Plan Novarina en 1968 :
1968
source : Construire la ville sur la ville : quel projet urbain pour la caserne Galbert à Annecy ? Jean-François Longeret
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Dès la libération, la municipalité souhaitait la révision du projet d’aménagement de la commune. Confiée à Maurice Novarina, la révision du plan Aubertin mettra vingt deux ans avant d’être effective, ballotée entre les polémiques et la forte expansion (augmentation de la population de 23% de 1946 à 1954 et de 40% de 1954 à 1962, passant à 60 000 habitants). Selon le plan, la ville est partagée en sept zones : _ la zone industrielle à l’Ouest de la gare. _ la zone continue du centre ville. _ la zone discontinue de la première couronne. _ la zone résidentielle de la deuxième couronne. _ la zone «plen de masse». _ le secteur historique des vieux quartiers. _ la zone rurale très réduite (le Fier, le Semnoz). Le thème directeur de ce plan est encore une fois de favoriser la circulation. Les grands axes de décharge, l’actuelle rocade et l’avenue de France sont crées et de nombreux passages à niveau supprimés. Cette période d’expansion provoque une rupture dans la morphologie urbaine de la ville. Depuis quarante ans, elle se développe à partir du même plan d’extension, mais de façon désordonnée et chaotique, sans tenir compte des nécessités dues à son évolution.
Historique de la ville
Site d’Annecy-le-Neuf
source : Histoire d’Annecy, pays et ville de France, Sous la direction de Paul Guichonnet
Annexes
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Préhistoire : À la période néolithique, l’embouchure du Thiou était occupée par un groupement de faible étendue. Malgré tous les risques que cela engendrait (crues rapides), ce fut d’abord le Lac qui attira les hommes. À l’âge de Bronze, cette cité lacustre persista et restera habitée jusqu’au VIIème siècle avant J.-C.
Période romaine : Le vicus de Boutae n’était pas la seule occupation du site à l’époque romaine. Deux villages s’étaient déjà appropriés les bords du Thiou : un faubourg portuaire doublé d’un pont prenant appui sur l’Île et une plus petite localité en aval du site actuel d’Annecy. Les huttes au bord de la rivière étaient habitées par des bateliers, des pêcheurs, mais aussi par des potiers qui extrayaient leur argile du Thiou. À cette époque la rivière se franchissaient à deux endroits par deux des trois voies romaines. Le passage le plus fréquenté est celui de l’Île, facilitant ainsi la traversée du Thiou à ce lieu.
Naissance d’Annecy-le-Neuf : Le développement économique, démographique et la découverte de la technique du moulin vont entraîner la création d’Annecy ainsi que d’autres villes savoyardes. « Annecy est née autour de deux sites naturels rapprochés : le Crêt-du-Maure et le Thiou. » Ils offraient, à eux deux, à la fois une protection naturelle et aussi la possibilité d’une croissance rapide des activités liées à la rivière.
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Historique des canaux
Plans de l’Île
1. Porte de Boeuf 2. Porte du Pâquier 3. Porte Perrière 4. Porte Sainte-Claire 5. Arc de Boringe 6. Château Plan schématique des fortifications d’Annecy Plan du château
Annexes
source : Annesci 34, L’eau dans la ville, Colette Reydet
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C’est durant cette phase nommé « proto-urbanisation » que vont apparaître les éléments constitutifs du vieil Annecy : • le château, « petite fortification et habitation d’une seigneurie. Ce site fortifié assure la sécurité de la population qui s’y réfugie en cas de danger. » Le château est également est acteur important dans l’urbanisation car il « attire une population hétéroclite composée de gardes, commerçants, agents domaniaux, artisants, qui gravite autour de lui ». • l’église Saint-Maurice, qui a été réalisée aux alentours de 1100. Cette paroisse a participé à l’essor d’Annecy en favorisant la création « de liens privilégiés entre les individus ». • « la maison forte de l’Île et ses ponts qui contrôle la route transalpine ». • le Thiou, « qui joue un rôle portuaire pour les embarcations qui sillonnent le lac. Il constitue également une bonne réserve de poissons. Sa pente, son débit régulier et abondant, sa pureté permettent l’installation des premiers moulins. Il irrigue la ville et va jouer un rôle défensif par sa dérivation en canaux secondaires. Toutefois la permanence de l’habitat ne sera assurée qu’à partir du XIIème siècle. A cette époque, grâce aux franchises accordées au comté de Genève, le commerce et l’industrie artisanale vont se développer. Ainsi pour protéger ses intérêts économiques, la ville d’Annecy va édifier ses premiers remparts : les premières formes d’urbanisation apparaissent alors. « L’eau va désormais marquer la ville, elle impose son tracé et sa sinuosité aux rues, au parcellaire, au bâti. Le paysage urbain médiéval se constitue. La ville médiévale « tisse » entre ses canaux un réseau continu de parcelles étroites, de maisons et de jardins. » Les canaux et les fortifications : Comme énoncé ci-dessus, les remparts possèdent à la fois un rôle défensif mais également un rôle économique. Il semblerait qu’il n’y ait eu que deux murailles. La première est édifiée au XIIème siècle lorsque la cité commence à s’organiser autour du Thiou. Elle longe le canal Notre-Dame qui avait été aménagé à cette époque pour servir de douve. La ville possède ainsi une forme arrondie dont l’axe central est constitué par le Thiou. « La deuxième et dernière enceinte, édifiée au XIVème siècle, borde le canal du Vassé et englobe ainsi dans son périmètre une nouvelle agglomération formée spontanément autour de l’église Notre-Dame de Liesse.»
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Historique des canaux
Annesci 36, Ville à arcades, ville à portiques, P. Duparc
Cadastre Sarde en 1732
source : Histoire d’Annecy, pays et ville de France, Sous la direction de Paul Guichonnet
Annexes
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Le cadastre Sarde de 1730 « La morphologie d’Annecy, très lisible, est marquée par l’affinité de la ville pour l’eau vive du Thiou […]. La ville s’organise en fonction de deux axes perpendiculaires dont l’intersection est constituée par l’Île, véritable « noyau » de l’agglomération de par sa forme, sa situation et la fonction des bâtiments qu’elle porte. » « Le premier axe, orienté est-ouest est formé par le Thiou et les deux « charrières » qui lui sont parallèles. […] Ces deux voies épousent parfaitement la sinuosité du Thiou et ne sont séparées de ce dernier que par une simple épaisseur de parcelles. Elles permettent en effet de desservir les habitations du bord du Thiou à une époque où l’absence de quais interdit tout accès côté cours d’eau. Il y a cependant, pour ménager le contact indispensable avec l’eau, de longues et étroites galeries accédant au Thiou au rez-de-chaussée des habitations et permettant la pratique des usages domestiques. » Le deuxième axe nord-sud, perpendiculaire au premier, part de l’Île pour rejoindre les portes de Bœuf et du Pâquier. Morphologie du bâti Sur le cadastre, trois types de parcelles se distinguent : des parcelles étroites et perpendiculaires aux canaux occupées par des artisans, des parcelles plus larges qui accueillent l’aristocratie et la bourgeoisie anneciennes et dont le rez-de-chaussée était loué aux artisans et enfin de grandes parcelles détenues par les structures ecclésiastiques qui s’était approprié près d’un tiers de la superficie de l’agglomération. La volonté de rester intra-muros et l’étalement des établissements ecclésiastiques a densifié du tissu. Au XVème siècle, les maisons en bois de faible hauteur sont remplacées par d’autres en pierre sur plusieurs niveaux. C’est à cette époque qu’apparaissent les premières arcades conservant ainsi les surfaces habitables et améliorant le passage des piétons. Sur le cadastre de 1730, le Thiou est encore à l’état naturel. Il apparaît avec toutes ses sinuosités et dans toute sa largeur. Les canaux de dérivation ne sont pas encore comblés et se dévoilent dans l’intégralité de leur tracé. Les rives du Lac, quant à elles, sont encore à l’état sauvage et les deux îles « constituent l’ancêtre du jardin public actuel ».
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Historique des canaux
Annecy en 1867 source
:
Histoire d’Annecy, pays et ville Sous la direction de Paul Guichonnet
de
France,
Plan Ruphy,1794 source : Annesci 34, L’eau dans la ville, Colette Reydet
Annexes
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L’industrie investit les bords du Thiou : XVI au XVIIIème La ville qui vivait en autarcie va connaître à partir XVIème un essor économique notable qui s’accélèrera sous la Révolution Française. Pendant cette période troublée, « la fuite des notables et leur entourage […] libère le long du Thiou d’importants domaines » et les édifices religieux sont convertis en bâtiments industriels. C’est ainsi que le couvent Sainte-Claire devient la Manufacture Sainte-Claire et les moulins Saint-Joseph se transforment en un important complexe industriel. Toutefois c’est à Cran-Gevrier que se développera une importante industrie papetière en profitant de l’énergie du Thiou pour alimenter ses moulins. Cependant, avec la découverte de l’électricité, les manufactures anneciennes vont peu à peu décliner et finalement disparaître au début du XXème siècle.
Les grands travaux d’embellissement et de rectification du Thiou au XIXème siècle « La ville prend chaque jour un accroissement sensible par les Manufactures et son commerce qui augmentera encore par l’ouverture des routes […] L’élévation que l’on donne chaque jour aux maisons en y ajoutant des étages n’empêche pas que les habitants y soient logés très étroitement et à grands frais. Il est donc inévitable que la ville dans cet état de prospérité ne s’agrandisse, il n’existe presque plus de terrain à bâtir… L’on propose d’ouvrir les rues et places dans les proportions les plus convenables et où il y aurait le moins de bâtiment à démolir et par conséquent moins d’indemnités à payer » Grâce à l’élan donné par la Révolution, Annecy prend conscience de « la valeur de sa grande industrie […] et de l’entassement nuisible à son épanouissement. » À l’époque où l’on ignore les causes hydriques dans la propagation des épidémies, on se préoccupe plus de l’assainissement de l’air que de l’eau. Ainsi, on rectifie le tracé des rues et des places en adoptant la ligne droite. La ville ne se préoccupe du Thiou que dans la mesure où il est l’acteur principal de l’économie annecienne. L’embellissement du Thiou répond avant tout à des questions esthétiques et à la préservation du cadre bâti.
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Historique des canaux
En haut : Le Thiou avant l’édification des quais en 1854, par Paul Cabaud En bas : Le Thiou et son quai, « l’Eau dans la ville, le Thiou et ses canaux » Colette Reydet, 1997
source : Annesci 34, L’eau dans la ville, Colette Reydet
Annexes
Installation de nouvelles vannes en amont de l’Île, 1965
source : Annesci 34, L’eau dans la ville, Colette Reydet
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Le premier plan d’urbanisme à proposer de tels aménagements est celui dessiné par T. D. Ruphy dit plan Albitte-Ruphy (1794). Il suggère la démolition de l’enceinte médiévale et son remplacement par un quai le long du canal du Vassé tout en rendant possible la création de places et de nouvelles rues. Il prévoit la percée de la rue d’Albigny, de la rue Royale et de l’avenue de Chambéry. Les grands travaux d’embellissement : « Le canal du Vassé n’est pas une douve ordinaire, mais une dérivation de l’exutoire du naturel du lac » ainsi il ne peut être remblayé. En 1885, il est alors partiellement voûté et aurait du être bordé d’un quai. La construction des quais le long du Thiou contribue très largement à l’embellissement d’Annecy. Ils participent depuis cette époque activement au développement touristique de la ville. La réalisation des quais entraîne également la régularisation des éléments (piles de ponts, pilotis, escaliers, lavoirs…) implantés de façon plus ou moins sauvage dans le lit de la rivière. Elle représente également la fin des petits artisans qui se voient privés de leur accès direct à l’eau au profit des manufactures. Cette réalisation a nécessité de nombreux aménagements : alignement des façades côté canal, réorganisation du vannage, reconversion du bâtiment des boucheries en lavoir, la modification, réparation ou reconstruction des ponts enjambant le Thiou. Le pont Morens sera ainsi élargi et consolidé, le pont des anciennes Boucheries sera reconstruit et les ponts Saint-Joseph et des boucheries seront restaurés. Dans la logique hygiéniste de l’époque, le palais de l’Île, quant à lui, a bien failli être détruit et remplacé par des bains publics. Cependant après quarante ans de batailles, le bâtiment sera classé « monument historique » le 16 février 1900 et ensuite réhabilité. Comme on peut l’imaginer, ces grands travaux ont totalement transformé le rapport à l’eau qu’avait le bâti annecien avec les canaux. Peu à peu, l’annecien va perdre « le contact intime et direct avec l’eau, au sein de la ville. » Néanmoins il s’agit d’un tournant important dans l’histoire du Thiou puisque du statut de rivière, il va acquérir celui de canal.
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Historique des canaux
Voûtage et comblement des différents canaux secondaires entre 1825 et 1961 (sur fond de plan de 1730)
Bétonnage du Thiou en 1913
source : Annesci 34, L’eau dans la ville, Colette Reydet
1. 1825. Comblement du canal Notre-Dame dans sa section appelée canal de la Grenette. 2. et 2’. 1838. Comblement de la Grenouillère et assainissement du clos Lombard en vue de l’édification du nouveau quartier. 3. Vers 1865. Comblement de la petite section reliant canal du Vassé et canal Notre-Dame.
En 1989
source : www.annecy.fr/index.php?id=584
En 2008
4. 1865. Voûtage d’une petite section du canal Notre-Dame dans la cour du collège chappuisien devenu caserne. 6. 1961. Réalisation du passage Gruffaz, réalisation d’un quai sur cette partie du Vassé. 5. 1885. Voûtage d’une partie du canal du Vassé et création de la rue Vaugelas. source : Annesci 34, L’eau dans la ville, Colette Reydet
Annexes
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La ville enterre ses canaux secondaires Le manque d’espace, les canaux transformés en égout et « la prise en considération de l’hygiène publique conditionnant l’activité touristique a participé au processus de voûtage des canaux. » Le canal Notre-Dame ayant perdu son utilité d’agrément lié aux activités ecclésiastiques, est voûté. Le canal de la Grenouillère quant à lui est comblé et permet l’assainissement d’une partie des terrains du clos Lombard. Suite à l’échec du projet de quai évoqué précédemment, le canal du Vassé va petit à petit être voûté grâce à l’initiative privée. Les habitants, afin de lutter contre les odeurs pestilentielles, vont, chacun leur tour, voûter le canal à leurs frais. L’assainissement total du canal adviendra lors de la mise en service d’un réseau d’égout dans les années 1910.
A l’aube du XXIème siècle Pour se protéger de potentielles inondations, la ville met en place un important système de vannage. Les canaux seront également bétonnés. Ces deux types d’interventions permettent de réguler le Thiou et les différents canaux. Ainsi « les projets architecturaux fleurissent le long du Thiou ». Ces projets s’étendent de 1875 à 1965, les vannes étant régulièrement modernisées suivant les découvertes scientifiques du moment. Une politique de sauvegarde des quartiers médiévaux est également mise en œuvre à travers l’opération Sainte-Claire à partir de 1977 après quarante ans de réflexion sur le sujet. Depuis plus de trente ans, la ville participe et coordonne les différents travaux de rénovation, ravalement de façades et rafraîchissement des parties communes. Ces aménagements ont maintenu et développé l’attrait touristique de la ville. En 1975, la mise en place de la zone piétonne telle qu’on la connaît aujourd’hui permet aux touristes et habitants de flâner librement d’une rive à l’autre à leur gré. C’est ainsi qu’au fil des siècles le Thiou qui à l’origine était une rivière indomptée, est devenu un canal régulé. Dans le même temps il a évolué en passant de la fonction d’égout à ciel ouvert à celle d’un canal esthétique attirant de nombreux visiteurs.
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Historique des canaux
Bibliographie : Jean-Yves Mariotte, Henri Baud, Jean-Bernard Challamel, Alain Guerrier, Histoire des communes savoyardes, tome III : Le Genevois et Lac d’Annecy, Editeur : Editions Horvath, 1978, 672p Sous la direction de Paul Guichonnet, Histoire d’Annecy, pays et ville de France Editeur : Privat, 2000, 332p Colette Reydet, L’eau dans la ville, le Thiou et ses canaux Editeur : Annesci 34, Société du vieil Annecy, 1997, 381p André Corboz, Sebastien Marot. Collab ; Le territoire comme palimpseste et autres essais Editeur : Besançon : Ed de l’Imprimeur, 2001 MVRDV, 1991-2002 Editeur : El croquis, 2003, 439p Jean-François Longeret, Construire la ville sur la ville : quel projet urbain pour la caserne Galbert à Annecy ? TPFE effectué à l’ENSAG en 1999, 175p Stéphane Bufflier, Restructuration architecturale et paysagère du site des Marquisats à Annecy. TPFE effectué à l’ENSAG en 2004, 132p Françoise Divorne, Berne et les villes fondées par les ducs de Zähringen au XIIème siècle Editeur : AAM
Annexes
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Marie-Astrid Orth, Un projet de Halle place Porte-reine à Chambéry TPFE effectué à l’EAG Nicolas Ragno, Un îlot démontré par le dessin Edition : EAG Stéphanie Didier, Entre limites et coninuité, redéfinir les contours du quartier historique de Vienne PFE effectué à l’ENSAG en 2008 Alexis Ballansat, Comment habiter le lit d’une rivière entre deux collines ? PFE effectué à l’ENSAG en 2008 AMC, n°178 avril 2008 Edition : le moniteur architecture
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Bibliographie