Fanzine Disparates 08 //

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Édito

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Poésie - Où mon corps gésit Poésie - Ton bâillement Poésie - Deux poèmes

10 Conjuration - Conjuration de nöel 18 Conjutation - 12 excercices pour se forger une identité solide et durable. 24 Prose - Je est un autre 32 Prose - Juliette 38 Prose - La question 203 48 Prose - K... Resident de la Republique 54 Prose - La dernière 62

Collabos

Édition et maquette: Camilo Rodríguez Traductions: Camilo Rodríguez Révision des traductions: Carmen Gachon Illustration de couverture: Iván Sierra

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ÉDITO

L’identité est une thématique inévitable dans la vie de tous les

êtres humains, qu’ils en soient conscients ou non. Quand on utilise le mot “être” dans n’importe quelle phrase, on conçoit forcément un caractère, une personnalité ou même une touche particulière à ce qu’on dit. La psychanalyse nous a appris que l’identité ne peut pas se passer du narcissisme et de l’ego. C’est pour ça que nous ne nous identifions qu’avec ce qui nous ressemble, bien que cela puisse paraître très évident. Cependant, la pensée philosophique de nos jours montre que « l’identité est une construction ». Qu’est-ce que ça veut dire ? Bien alors, ça veut dire qu’il n’y a rien de complètement « pur » ou « naturel » dans l’identité humaine puisque tout ce qui nous semble « normal » obéit vraiment à notre point de vue et c’est le résultat de notre contexte social, économique et culturel. Borges a bien dit que la patrie et la religion sont des actes de foi. Alors dire « je » est, d’une certaine manière, se fabriquer un tempérament, joindre plusieurs facettes (contradictoires) de soi même –comme celui qui réalise un collage–, narrer une histoire dont la réalité n’existe que grâce à notre bonne foi et à celle des autres. Dans la sélection de textes que le lecteur a devant ses yeux il y a une série de poèmes, nouvelles, témoignages et conjurations dans lesquels nos collaborateurs ont voulu reproduire cette capacité fascinante de construire des versions de soi même qui distingue tellement l’humanité. Avec cela le lecteur se rendra compte (ou non) que l’identité est, en fin de compte, un Disparate. Un beau et nécessaire disparate.

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DONDE YACE MI CUERPO - Norman Pava Zarante Donde yace mi cuerpo ha nacido un árbol. Mis nervios se han vestido de follaje, mis brazos por ramas, mis pies de raíces. La tierra siente el pulso de una savia original. Lo que quiero es emborracharme de brisa mientras la hojarasca crece salvaje a mi alrededor, lo que quiero es celebrar con el sol y con la lluvia y las estrellas. He soñado hombres que bailan para reordenar el mundo, hombres cuyas palabras se cierran como destinos. Fogatas de doble sexo se multiplican hiriendo la calma acuosa de la noche. Ahora hay puertas donde antes cabalgaba el viento del sur. Latidos que anuncian el corazón de la guerra. Lo que ellos necesitan es una fidelidad materializada en milagro y cantan a mi alrededor, hunden sus brazos en el deseo, devoran mis flores, fuman mis hojas, ignoran que mi fruto no es sagrado ni luminoso. Los niños enfilan sus lanzas contra el dios del mar. Las mujeres se masturban frente a las olas. Los hombres, en la profunda oscuridad de la noche sin luna, nadan hacia la muerte.

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OÙ MON CORPS GÎT - Norman Pava Zarante Où mon corps gît a poussé un arbre. Mes nerfs se sont revêtus de feuillage, Mes bras sont des branches, mes pieds des racines. La terre sent le pouls d’une sève originale Ce que je veux c’est m’enivrer de la brise Tandis que les feuilles mortes poussent, sauvages, autour de moi, Ce que je veux c’est célébrer avec le soleil et la pluie et les étoiles. J’ai rêvé des hommes qui dansent pour réordonner le monde, Des hommes dont les mots se ferment comme les destins. Des feux de double sexe se multiplient Ils blessent le calme aqueux de la nuit. Maintenant il y a des portes où avant le vent du sud galopait. Les battements qui annoncent le cœur de la guerre. Ce dont ils ont besoin c’est une fidélité matérialisée en miracle Et ils chantent autour de moi, Ils plongent leurs bras dans le désir, Ils dévorent mes fleurs, ils fument mes feuilles, Ils ignorent que mon fruit n’est ni sacré, ni lumineux. Les enfants jettent leurs lances contre le dieu de la mer. Les femmes se masturbent devant les vagues. Les hommes, dans la profonde obscurité de la nuit sans lune, nagent vers la mort.

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TU BOSTEZO ­‑ Carolina Otero Francamente, querida, me importa un bledo RHETT BUTLER

Llegar a ti como huella de otro. Caer de tu bolsillo, moneda que no rueda pues nada se puede comprar conmigo: me pisa el pie del notario y luego el talón de la broker y luego la pala del minero y, como si no fuera suficiente, me pisa una distracción de hienas.

Ni memorable aeroplano dibujando el cielo ni grácil maniobra bélica:] si quisieras nombrarme dirías que soy restos de medusas abortadas por el mar, que no escuezo, que no me reflejo en el retrovisor, que no me busca la aspiradora, pelusita nifunifá. Distinguirme en mi ausencia en ti, de hecho, sólo ser en ti como un reflejo en una foto de Maier. Salir de los labios de tu bostezo: -Oh, Rhett, ¿no es eso nombrarme? ¿acaso no es nombrarme eso? 6


TON BÂILLEMENT - Carolina Otero Franchement, ma chérie, je m’en fous complétement RHETT BUTLER

Arriver à toi comme une empreinte d’un autre. Tomber de ta poche, Pièce que ne roule pas Car rien ne peut s’acheter avec moi : Il m’écrase, le pied du notaire Et puis le talon du broker Et puis la pelle du mineur Et, comme si ce n’était pas assez, Une distraction de hyènes vient m’écraser Ni mémorable avion dessinant le ciel, ni gracieuse manoeuvre belliqueuse :] Si tu voulais me nommer Tu dirais que je suis Des restes de Méduses avortées par la mer, Que je n’étoffe pas, que je ne me reflète pas dans le rétroviseur, que l’aspirateur ne me cherche pas, petite pelouse ni ci ni ça… Me distinguer Dans mon absence de toi, En fait juste être en toi comme un reflet Dans une photo de Maier. Sortir des lèvres de ton bâillement : -Ô Rhett, est-ce que ce n’est pas me nommer ? Peut-être ce n’est pas me nommer?

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HABITACIÓN - Gabriel Rodríguez Huele un poco como a museo, un poco como a tierra de pueblo, como a muchos sudores limpiados, como a madera rancia, a bestialidad: a la bestialidad del olvido. Respirar. Ir. Hacia atrás no se puede correr. ¿Qué soy? Soy un hombre desnudo, mi propio cuchillo. Tu cuchillo. Mi cuchillo.

RELATIVIDAD Los días más lentos, son agua entre los dedos agua en los zapatos.

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CHAMBRE - Gabriel Rodríguez Ça sent un peu le musée, un peu la terre du peuple, comme beaucoup de sueurs lavées, comme le bois rance, la bestialité : la bestialité de l’oubli. Respirer. Aller. En arrière on ne peut pas courir. Qui suis-je ? Un homme tout nu, Mon propre couteau. Ton couteau. Mon couteau.

RELATIVITÉ Les jours, même les plus lents sont de l’eau entre les doigts de l’eau dans les souliers.

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CONJURO MÁGICO

CONJURATION MAGIQUE Por Marcela Gómez-Cattin

Illustré par Ilustrado por

Iván Sierra

“Esas reuniones familiares le evocaban siempre la endometriosis: esa enfermedad provocada por la ovulación que desencadena pérdidas pequeñas de sangre traspasando las paredes de la matriz hacia el interior del cuerpo y que no se evacúa. ” “Ces réunions familiales évoquaient toujours pour elle l’endométriose : cette maladie causée par l’ovulation qui provoque de petites pertes de sang qui s’introduisent dans le corps et qui ne partent pas. ” 11


—Fluye, fluye— se repetía contenta al desmechar el pollo del ajiaco. Y mientras cavilaba sobre lo artificial del gusto del maíz de conserva en su sopa, el tenedor se le enterró en el dedo . Sorprendida constató que era la primera vez que se enterraba un tenedor. Al comienzo el dolor fue muy agudo, concentrándose en la punta del índice, pero poco a poco se fue desplazando hacia la palma, desde la muñeca hasta el codo para desvanecerse en el hombro. Resultaba más intenso que una simple cortada de cuchillo. Se repuso del inesperado incidente y recuperó la hebra de sus reflexiones y de sus gestos. Entre el dolor y la corriente de sus pensamientos se había alejado del ahí, y cuando reinició la tarea ya estaba sangrando copiosamente. La uña había desaparecido y del dedo chorreaban lentamente tres columnas lustrosas que por la gravedad terminaban cayendo sobre la alacena en círculos brillantes perfectos. No sabía cómo parar la sangre, habría tenido que dejar la estufa e irse a buscar algo para limpiarse. Pero la carne de la pechuga, siendo tan seca, haría las veces de algodón, absorbería todo e interrumpiría el derrame, se dijo. Y por supuesto, tendría que verificar que no hubiera rastros rojos que hubiesen salpicado el resto de la carne. Cuál sería la reacción de los invitados si vieran manchitas sobre el blanco inmaculado del pollo. —Me moriría de risa…—pensó. Esas reuniones familiares le evocaban siempre la endometriosis: esa enfermedad provocada por la ovulación que desencadena pérdidas pequeñas de sangre traspasando las paredes de la matriz hacia el interior del cuerpo y que no se evacúa. De la misma manera y tristemente, este período de fertilidad absoluta no se aprovechaba para engendrar emociones agradables y duraderas, sino que terminaba por generar sistemáticamente un almacenamiento de fluido sanguinolento y viscoso que pasaba desapercibido por fuera, pero corroía todo adentro. Solo conseguía salir gracias al torrente de vino tinto a medida que trascurría la cena. Desentendiéndose todavía más de los automatismos de cocinera su cámara se encuadró sobre este compromiso social, tan protocolo familiar. Aun sin ser creyentes, el rito continuaba perpetuándose pues era el momento propicio para reunirse en clan, iluminar anormalmente la 12


—Ça s’écoule, ça s’écoule— elle se répétait toute contente lorsqu’elle lardait le poulet de ajiaco1. Alors qu’elle réfléchissait à la fadeur du maïs en boîte, la fourchette avait percé son doigt. Surprise, elle a constaté que c’était la première fois qu’elle se piquait avec une fourchette. Au début, la douleur était très aigüe et se concentrait sur la pointe de l’index, mais petit à petit se déplaçait vers la paume, ensuite passait par le poignet jusqu’au coude et puis l’épaule. C’était plus intense qu’une simple coupure avec un couteau. Elle s’est remise de cet inattendu incident et elle a récupéré l’enchaînement de ses réflexions et de ses gestes. Entre la douleur et le courant de ses pensées, elle était partie dans ses rêveries et le sang coulait copieusement. L’ongle avait disparu et il y avait trois colonnes brillantes par lesquelles le sang coulait et finissait par tomber en cercles brillants sur un placard de la cuisine. Elle ne savait pas comment arrêter le sang, elle aurait dû laisser la plaque et aller chercher quelque chose pour se laver. Mais la viande blanche, très sèche par nature, pouvait agir comme un coton pour interrompre l’écoulement et absorber tout— s’était-elle dit. Et bien sûr, elle devait vérifier qu’il n’y avait pas de taches rouges sur le reste de la viande. Quelle serait la réaction des invités s’ils voyaient les petites taches sur le blanc impeccable du poulet. —Je pourrais mourir de rire ! — s’était-elle dit. Ces réunions familiales évoquaient toujours pour elle l’endométriose2 : cette maladie causée par l’ovulation qui provoque de petites pertes de sang qui s’introduisent dans le corps et qui ne partent pas. De la même façon et malheureusement, pendant cette période de fertilité absolue, on n’en profitait pas pour générer des émotions agréables et à long terme. Au contraire, elle finissait par créer un stock de fluide sanguinolent et visqueux qui passait inaperçu de l’extérieur mais cela rongeait tout l’intérieur. Je pouvais sortir grâce au torrent de vin rouge au fur et à mesure du dîner. Sans intérêt pour les automatismes de cuisinière, son œil s’est fixé sur 1 Ajiaco: Soupe traditionnelle colombienne.

2 L’endométriose : Maladie chez le femmes produite par la présence de muqueuse utérine en dehors de la cavité utérine.

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estancia, escoger los mejores vinos, anticipar el menú, tragarse animales vivos, tomar champaña con foie gras - perdón pas de champagne, avec fois gras il va mieux un vin moilleux, un Sauterne, par example-* y anudar con más fuerza los antiguos prejuicios gracias a los ingredientes frescos aportados por los 6, 8, 12 meses de ausencia. Los efectos intangibles que pudiera ejercer el consumo excesivo de estos manjares se limitaba a ser denominada ‘una tradición cultural de origen religiosa’, nunca ‘una ceremonia pagana cualquiera que estimulada por la tendencia económica de la época permitía enjuagar las toxinas anímicas aglomeradas desde la infancia, permitiendo invadir el espíritu y el cuerpo con los efectos ilusorios del alcohol, con el placer temporal y malsano de embutirse hasta indigestarse, con la certeza de haber reforzado las fibritas que componen los lazos de sangre, cada vez más finas y menos elásticas ... Y otro ciclo terminaba, era la última ojeada rápida al espejo del año. La abundante secreción escarlata de la herida la devolvió a la marmita. Se oyó decir “…qué rojo más lindo, como para un hechizo”. Si hubiera estado en la Edad media, ese accidente inesperado habría sido una señal; es más, la cocinera de la época habría aprovechado para añadir unas cuantas gotitas para ensalzar el mejunje y recitar un sortilegio. — ¿Y por qué no yo?— pensó. Quizás ese gesto ayudaría a cicatrizar lesiones casi fosilizadas en el corazón de los comensales de la sala de al lado, sentados juntos en la misma mesa como lo hacían cada año supuestamente para celebrar. Revolvió el ajiaco mientras sus ojos y el lente de su objetivo interno se orientaban hacia las burbujas mostaza y untuosas que explotaban como lava hirviendo. El humo ascendía desordenadamente pareciéndose a un paisaje matutino islandés. Súbitamente la neblina comenzó a girar desvelando en un instante el holograma de dos amantes desnudos que retozaban, uniéndose y despegándose como turbulencia celestial de pintura impresionista. La humareda ascendía verticalmente y el penacho traslúcido tangente descendía como rocío, … mmmmmm… Y lo exorcizó: —Por el poder que ejerce la liberación de mis deseos contenidos, ordeno que pare la hemorragia, que la infección haga implosión, que se aspire el sufrimiento, que haya tregua. ¡Sea! —. Cerró los ojos 14


l’engagement social, ce protocole familial assez fade. Même s’ils n’étaient pas croyants, le rituel de famille continuait à se perpétuer car c’était le moment propice pour se réunir en clan, choisir les meilleurs vins, anticiper le menu, avaler des animaux vivants, boire du vin blanc moelleux avec du foie gras et fixer encore plus fortement les préjugés. Les effets intouchables qui pouvait exercer la consommation excessive de ces mets exquis se limitait à être nommée « tradition culturelle d’origine religieuse ». Une cérémonie païenne stimulée par la tendance économique de l’époque n’a jamais permis de laver autant des toxines animiques agglomérées depuis l’enfance et, en même temps, a rendu possible l’invasion de l’esprit et du corps par les effets illusoires de l’alcool avec le plaisir temporel et malsain de se gaver jusqu’à l’indigestion. De cette façon le processus a permis de renforcer les fibrilles qui composent les liens de sang, à chaque fois plus fines et moins élastiques… Et puis un autre cycle qui finit, c’était le dernier coup d’œil dans le miroir de l’année. La sécrétion abondante et écarlate de la blessure elle l’a versé sur la marmite. Elle s’est entendu dire « (…) Mais quel rouge si beau, parfait pour une conjuration ». Si elle avait été au Moyen Âge, cet incident inattendu aurait été un signal. La cuisinière aurait même pu en profiter pour rajouter certaines gouttes pour élever la mixture et réciter un sortilège. —Et pourquoi pas moi ? — pensa-t-elle. Peut-être que ce geste aiderait à cicatriser des lésions presque fossilisées au cœur des commensaux3 au salon d’à côté, tous assis à la même table comme ils faisaient chaque année pour fêter apparemment. Elle a remué la soupe alors que ses yeux et le verre de son objectif interne se sont orientés vers les bulles de moutarde qui, graisseuses, frémissées comme de la lave bouillonnante. La fumée montait en désordre et ressemblait à un paysage du petit matin islandais. Tout à coup, le brouillard a commencé à tourner en dévoilant en un instant l’hologramme de deux amants tous nus qui batifolaient. Ils se collaient et se séparaient comme une turbulence célestielle de peinture impressionniste. La fumée montait verticalement et le panache translucide descendait comme la rosée… hmm… Et puis elle l’a exorcisé : —Par le pouvoir qui exerce la 3 Commensal: Personne(s) avec qui on partage la table.

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extendiendo el brazo radialmente hacia el centro de calor húmedo, el índice y el pulgar dando vueltas concéntricas para transformar el lacito carmín, rosa y blanco en la esfera que contenía el último elemento. Los dedos se separaron no sin oponerse un instante, y soltó la bolita de pollo manchada en la olla. Sonrió, abrió los ojos, bajó la candela, echó las guascas, tapó la sopa y pasó a picar las alcaparras cantando “…beben, y beben, y vuelven a beber, los peces en el río...”.

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libération de mes désirs réprimés, je demande que l’hémorragie s’arrête, que l’infection fasse implosion, que la souffrance s’efface, qu’il ait une trêve. Soit! —Elle a fermé les yeux en penchant son bras radialement vers le centre de la chaleur humide, l’index et le pouce tournaient de façon concentrique pour transformer le petit lacet carmin, rose et blanc en une sphère qui contenait le dernier élément. Les doigts se sont séparés sans s’opposer un instant, et elle a lâché dans la casserole la petite boule de poulet tachée de sang. Elle a souri, elle a ouvert les yeux, ensuite elle a baissé le feu, a rajouté les guascas, elle a couvert la soupe et puis elle a commencé à couper les câpres tout en chantant : « … ils boivent, ils boivent et reboivent les poissons dans le fleuve… »4

4 Allusion à la chanson religieuse “Les poissons au fleuve”..

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12 exercices pour se forger une identité solide et durable 12 ejercicios para forjarse una identidad sólida y duradera Escrito en español y francés por Nestor Mir

Illustración: “Caprichos” de Francisco de Goya “ Se recomienda utilizar cronómetro. Se recomienda grabar las se-

siones en video para evaluar su progreso. Sea expresivo, no guarde sus sentimientos en el su interior. Con 30 minutos de ejercicios diarios notará los resultados inmediatamente y en menos de 4 semanas tendrá una identidad sólida y duradera. Resultados testados y garantizados.”

“Il est souhaitable d’utiliser un chronomètre. Il est souhaitable

d’enregistrer en vidéo chaque séance pour évaluer votre progrés. Soyer exprésif, ne garder pas vos sentiment dedans vous. Avec 30 minutes d’exercices par jour et vous sentirez les résultats immédiatement et en moins de 4 semaines vous aurez une identité solide et durable. Résultats testés et garantis. ”

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Todos sabemos que hoy en día es complicado tener una identidad sólida y duradera por eso os presentamos en exclusiva estos 10 novedosos ejercicios con los que por fin conseguirás ser respetado por la familia, los amigos y, como no, en el trabajo. Con solo 30 minutos diarios en una sola semana notarás los cambios. 1. Di “no” durante 3 minutos seguidos. Luego di “sí” para luego decir “NO” de forma categórica, brusca y directa. 2. Coge un libro cualquiera y di: ESTE ESCRITOR ES UN FRACASADO. Durante 3 minutos, con mucha pasión. 3. Pon cara seria durante 3 minutos, sin mover un solo músculo de tu cara y con mirada amenazadora mira recto delante de ti. 4. Haz como que miras el móvil tranquilamente y de repente grita con rabia: VETE A LA PUTA MIERDA. Y te guardas el móvil en el bolsillo de atrás como si no hubiera pasado nada (si no llevas pantalón, guárdalo en el bolso). Repite la acción durante tres minutos. 5. Susurra, como si susurraras a alguien muy cerca de ti: aquel de allí es un fracasado, tu y yo somos los mejores. Repetir el comentario con voluntad de intimidad durante 3 minutos. 6. Grita, durante tres minutos seguidos: ERES UN VERDADERO INÚTIL. 7. Saca la mano para saludar lentamente, muy lentamente (la misma lentitud para dar un par de besos o dar un abrazo). Tómate los 3 minutos para sacar la mano del todo, besar o abrazar, puedes optar por hacer la cobra en el último segundo. 8. Coge dos sillas y ponlas delante de ti. Imagina que tienes una conversación con dos personas, cada silla una persona, de un solo y rápido movimiento dale la espalda al interlocutor menos interesante. Ensayar este movimiento rápido el máximo de veces durante 3 minutos. 9. Camina firmemente (no muy deprisa pero tampoco lentamen20


On sait tous que de nos jours c’est compliqué d’avoir une identité solide et durable, c’est pour cela qu’on vous présente, en exclusive, ces 10 nouveaux exercices avec lesquels, finalement, vous obtiendrez le respect de la famille, des amis, et bien sur, des collègues de travail. 1. Dis “non” pendant 3 minutes. Aprés dis “oui” pour aprés dire “NON” d’une façon brusque, catégorique et directe. 2. Prends un livre quelconque et dis: CET ÉCRIVAIN EST UN RATÉ. Pendant 3 minutes, plein de passion (ça peut être un disque, un film etc.) 3. Fait une tête sérieuse pendant 3 minutes, sans bouger un seul muscle du visage et avec un regard menaçant droit devant toi. 4. Fais comme si tu regarde ton portable tranquillement et, soudainement, cries, enragé: VA TE FAIRE FOUTRE. Et tu garde ton portable dans la pochette d’arrière de ton pantalon, comme si rien ne s’était passé (en cas de ne pas avoir pochette garde le portable dans ton sac) Répéter l’action pendant 3 minutes. 5. Chuchote, comme si tu chuchoter quelque chose à quelqu’un trés prés de toi: celui­là, là­bas, est un échoué, toi et moi nous sommes les meilleurs. Répéter le commentaire avec intention d’intimité pendant 3 minutes. 6. Crier, pendant 3 minutes: TU ES UN VRAI INUTILE. 7. Saluer en donnant la main trés, trés lentement (la même lenteur pour embrasser ou donner deux bisous). Prends les trois minutes pour tendre la main lentement, embrasser, ou donner les bisous, tu peut nier le salut, si te le décide fermement, dans la dernière seconde. 8. Prends deux chaises et mets­les devant toi. Imagine que tu as une conversation avec deux personne, chaque chaise une personne, d’un seul mouvement rapide donne le dos à l’interlocuteur le moins intéressant. Essayer ce 21


te) por el comedor de tu casa durante 3 minutos. Sin dejar de caminar tu mirada se fijará en un solo punto ignorando el resto durante 30 segundo (imagina que el resto son personas que desprecias), después tu mirada buscará otro punto fijo, y así sucesivamente hasta que acaben los 3 minutos. 10. Los 3 últimos minutos son para decirte en voz alta y sin parar: soy una fortaleza indestructible, soy una fortaleza indestructible, soy una fortaleza indestructible etc. Acompaña las palabras del siguiente movimiento: : cuando digas “soy una fortaleza”, levanta la rodilla derecha a la altura del ombligo, cuando digas “indestructible” baja la rodilla de golpe dando un fuerte y sonoro pisotón al suelo, como si chafaras una cucaracha. Hazlo cada vez más rápido hasta que acabe el tiempo. Se recomienda utilizar cronómetro. Se recomienda grabar las sesiones en video para evaluar su progreso. Sea expresivo, no guarde sus sentimientos en el su interior. Con 30 minutos de ejercicios diarios notará los resultados inmediatamente y en menos de 4 semanas tendrá una identidad sólida y duradera. Resultados testados y garantizados.

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mouvement rapide le maximum possible de fois pendant 3 minutes. 9. Marche fermement (pas trop vite mais pas trop lent non plus) par la salle à manger de chez toi pendant 3 minutes (imagine que le reste sont des personnes que tu méprise). Sans laisser de marcher ton regard fixera un seul point et ignorera le reste pendant 30 secondes, puis cherchera un autre, ainsi successivement jusqu’à la fin des 3 minutes. 10. Les dernières 3 minutes sont pour te dire en voix haute et sans t’arrêter: je suis une forteresse indestructible, je suis une forteresse indestructible, je suis une forteresse indestructible etc. Accompagne les paroles du mouvement suivant: quand tu dis “je suis une forteresse”, tu tève le genou droit, a la hauteur du nombril, et quand tu dis “indestructible”, baisse le genou en donnant un fort et sonore coup de pied par terre, comme pour écraser un cafard. Faits-le chaque fois plus vite Il est souhaitable d’utiliser un chronomètre. Il est souhaitable d’enregistrer en vidéo chaque séance pour évaluer votre progrés. Soyer exprésif, ne garder pas vos sentiment dedans vous. Avec 30 minutes d’exercices par jour et vous sentirez les résultats immédiatement et en moins de 4 semaines vous aurez une identité solide et durable. Résultats testés et garantis.

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yo es otro Je est un autre Por Marcelo Corrales

Illustré par Ilustrado por

Ghatto

“Basta con pensar en Facebook, donde la gente comparte a diario sus pensamientos, sentimientos, detalles íntimos de su vida y selfies. El proceso de interacción con el mundo es inverso, pues en vez de que lo interior se proyecte en acciones, lo exterior es lo que determina el comportamiento. Bajo esta sensibilidad, las personas se miran desde afuera, conscientes de cómo quieren que los vean los demás.” “Il suffit de penser à Facebook où les gens partagent tous les jours leurs pensées, leurs sentiments et leur intimité par le biais des selfies. Le processus d’interaction avec le monde est inverse puisqu’au lieu de transformer l’intérieur en actions, c’est l’extérieur, la façade qui détermine le comportement des individus. Sous cette sensibilité les personnes se regardent depuis l’extérieur, conscients de comment ils veulent être perçus par les autres.” 25


Habiendo dejado mi país hace once años en busca de un futuro en el que me pudiera ver feliz, no dejo de pensar en la proliferación de conflictos y matanzas en todo el mundo. En una época de inestabilidad económica, por más que queramos cambiar las cosas, hasta que no revaluemos lo que significa el yo en el siglo XXI, jamás lograremos la paz que tanto necesitamos. Pienso, como muchos, que el yo es una construcción social, y como tal, un acto público y grupal. Influenciado por las creencias de la familia y los objetos que esta posee. El yo, al que me referiré también como subjetividad, nace en la casa para luego salir a la esfera pública a reafirmar o a rechazar las ideas aprendidas en el hogar. Cada individuo elabora su weltanschauung1 de acuerdo al bando al que pertenezca o, en el caso de aquellos afortunados, al que se escoja. Y es acá donde reside el problema, ya que la cosmovisión de cada grupo es el filtro que canaliza los hechos para ser interpretados de acuerdo a lo que estos consideran que es su verdad. Al haber estabilidad económica, la hegemonía y legitimidad de un grupo dominante, junto con su narrativa, dictaminan el orden de las cosas. Pero cuando hay inestabilidad, los grupos conservadores y no conservadores de toda vertiente luchan para instaurar lo que cada uno cree que debe ser la realidad. Es entonces que los conservadores vociferan sus utopías para invitarnos a creer en una supuesta época más inocente, mientras que los no-conservadores elaboran ideologías que rechazan el pasado por completo para guiarnos hacia un supuesto mejor mañana. Esto es lo que ha sucedido en Colombia con los grupos armados y el gobierno, en Estados Unidos con el movimiento Occupy Wall Street y el Tea Party, o los grupos pro y antiinmigrantes en Europa. Cabe aclarar que el pensamiento utópico y el ideológico no pueden ser separados el uno del otro. La utopía de un grupo está constituida de ideologías y viceversa. Sin embargo, al hablar de extremos, existe un paralelo entre los conservadores y no conservadores. Tanto el pensamiento utópico como el ideológico buscan y luchan por un yo libre de toda fuerza en la so1 Weltanschauung: término en alemán que quiere decir “concepción del mundo” desde una perspectiva metafísica romántica o moderna, y que los estudios culturales conocen como “cosmovisión”. Fue una noción popularizada por Sigmund Freud en varias obras (Introducción a la psicología y El Malestar en la Cultura, entre otras) consagradas a explicar el carácter científico de la psicología.

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Ayant quitté mon pays il y a onze ans, à la recherche d’un avenir dans lequel je pourrais me voir heureux, je n’arrête pas de penser à la prolifération des conflits et des tueries dans le monde entier. Dans une époque d’instabilité économique, même si nous voulons changer les choses, nous ne parviendrons jamais à vivre en paix jusqu’à ce que nous réévaluions la signification du « je » au XXIe siècle. Je pense, comme beaucoup d’autres, que le « je » est une construction sociale et, en tant que tel, est aussi un acte public et de groupe. Influencé par les croyances de la famille et les objets que celle-ci possède, le « je » que je nommerai désormais « subjectivité », est né à la maison et après, est sorti de la sphère publique pour réaffirmer ou rejeter les idées apprises au foyer. Chaque individu élabore sa weltanschauung1 en accord avec le camp qu’il est censé défendre ou, pour certains chanceux, celui qu’il a choisi. Et voilà justement l’origine du problème puisque la « vision du monde » de chaque groupe est le filtre qui nuance les faits afin que celle-ci soit interprétée en accord avec ce qu’ils tiennent pour vrai. La stabilité économique, l’hégémonie et la légitimité d’un groupe dominant, ainsi que sa narrative, dictent l’ordre des choses. Mais quand il y a de l’instabilité, les groupes conservateurs et non conservateurs élaborent des idéologies qui rejettent le passé complètement pour nous guider vers un avenir apparemment vraiment meilleur. C’est cela ce qui est arrivé en Colombie avec les groupes armés et le gouvernement, aux États-Unis avec le mouvement Occupy Wall Street et le Tea Party, ou avec les groupes pro et anti-immigrés en Europe. Il faut dire quand même que la pensée utopique et l’idéologie ne peuvent pas être séparés l’une de l’autre. L’utopie d’un groupe est constituée d’idéologies et vice versa. Cependant, lorsqu’on parle d’extrémismes, il existe un parallèle entre les conservateurs et les non conservateurs. La pensée utopique et l’idéologie cherchent et luttent pour un « je » libre de toute force dans la société, qui le fait devenir dépendant d’une certaine forme de bureaucratie. Voilà le « je » autosuffisant, l’archétype qui rejette toute association entre le gouvernement, les corporations et les entités financières – des institutions qui menacent son idéal d’être le propriétaire de son affaire. 1 Weltanschauung: Terme allemand qui veut dire, d’une perspective métaphysique, romantique ou moderne, « Conception du monde ». Cette notion, diffusée par Sigmund Freud dans plusieurs ouvrages (Introduction à la psychologie, Malaise dans la civilisation, entre autres) est connue dans les études culturelles comme « cosmovision ».

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ciedad que lo haga dependiente de cualquier forma de burocracia. Este es el yo autosuficiente, arquetipo que rechaza toda asociación entre el gobierno, corporaciones y entidades financieras – instituciones que amenazan su ideal de ser el propietario de su negocio. Pero aceptémoslo o no, el capitalismo corporativo y la automatización nos han convertido en consumidores. Estamos estratificados de acuerdo a nuestro poder adquisitivo, y el fruto de nuestra labor no es solo lo que producimos, sino las cosas que compramos. Aunque lo queramos negar, los artefactos que poseemos hablan mucho acerca de nuestra manera de ser, pues consciente o inconscientemente, la ropa que nos ponemos, la música que escuchamos, los alimentos que comemos, las películas que vemos, los libros que leemos, o cómo decoramos nuestra casa, constituyen un cúmulo de ideas que representan nuestro yo. Sí, ese yo está conformado también por creencias religiosas, pero tan solo basta visitar cualquier ciudad en la que haya cierto nivel de comercio para darnos cuenta que la gente está pasando más tiempo en el mall o en almacenes virtuales que en la iglesia. El yo autosuficiente trabaja duro, ahorra dinero y no despilfarra el tiempo en el ocio. Su propósito es no dejarse distraer por lo mundano y ser independiente. Estas son virtudes valoradas por muchos, y su familiaridad permite inducir que lo de adentro es lo que cuenta. Esa fuerza interior puede asociarse con la espiritualidad, ya que el yo autosuficiente es un derivado del pensamiento religioso. Sin embargo, aunque esta subjetividad predomine en el imaginario colectivo, las prácticas sociales de la actualidad van en contra de tal actitud frente a la vida. Basta con pensar en Facebook, donde la gente comparte a diario sus pensamientos, sentimientos, detalles íntimos de su vida y selfies. El proceso de interacción con el mundo es inverso, pues en vez de que lo interior se proyecte en acciones, lo exterior es lo que determina el comportamiento. Bajo esta sensibilidad, las personas se miran desde afuera, conscientes de cómo quieren que los vean los demás. Para el yo autosuficiente, este comportamiento es típico del ser superficial y materialista, aquel interesado por lo superfluo mas no por lo que contiene esencia. Pero este individuo, al que me referiré como el yo posmoderno, y del que tanto han hablado pragmatistas como William James o John Dewey, está equipado para vivir en un mundo donde ya no hay una sola narrativa y en el que existen distintas formas de subjetividad. 28


Mais le capitalisme corporatif et l’automatisation nous ont transformés en consommateurs même si on n’arrive pas à l’accepter. Nous sommes classés en accord avec notre pouvoir d’acquisition et le fruit de notre travail n’est pas seulement ce que nous produisons, mais aussi les choses que nous achetons. Bien qu’on veuille le nier, les appareils que nous possédons parlent beaucoup de notre manière d’être. Conscient ou inconsciemment les habits que nous portons, la musique que nous écoutons, la nourriture que nous mangeons, les films que nous regardons, les livres que nous lisons, le décor de notre maison, tout cela constitue un ensemble d’idées qui représentent notre « je ». Ce « je » est composé de croyances religieuses également et il suffit de visiter n’importe quelle ville dans laquelle le commerce soit moyennement développé pour se rendre compte que les gens passent beaucoup plus de temps dans le supermarché (en ligne, parfois) qu’à l’église. Le « je » autosuffisant travaille dur, fait des économies et ne perd pas son temps en loisirs. Son but est de ne pas se laisser distraire par les banalités et surtout d’être indépendant. Ce sont des vertus valorisées par beaucoup et leur familiarité permet d’induire que l’intériorité est ce qui compte vraiment. Cette force intérieure peut s’associer à la spiritualité car le « je » autosuffisant est dérivé de la pensée religieuse. Néanmoins, même si cette subjectivité est prédominante dans l’imaginaire collectif les pratiques sociales à l’époque actuelle sont contraires à cette attitude face à la vie. Il suffit de penser à Facebook où les gens partagent tous les jours leurs pensées, leurs sentiments et leur intimité par le biais des selfies. Le processus d’interaction avec le monde est inverse puisqu’au lieu de transformer l’intérieur en actions, c’est l’extérieur, la façade qui détermine le comportement des individus. Sous cette sensibilité les personnes se regardent depuis l’extérieur, conscients de comment ils veulent être perçus par les autres. Pour le « je » autosuffisant ce comportement est typique de l’être superficiel et matérialiste, celui qui est intéressé par la banalité et non pas par ce qui contient l’essentiel. Mais cet individu que j’appellerai désormais « je » postmoderne – dont certains pragmatistes comme William James et John Dewey ont largement parlé– est équipé pour vivre dans un monde où il n’y a plus qu’une seule narration et où il y a plusieurs formes de subjectivité. Pour le « je » autosuffisant, l’état et d’autres organismes doivent garantir que les profits produits par le commerce de ses produits et services 29


Para el yo autosuficiente, el estado y otros organismos deben garantizar que las ganancias obtenidas de la venta de sus productos o servicios puedan ser ahorradas o reinvertidas en su empresa. Pero esta relación individuo-objeto (o labor-servicio) es estática, y aunque esté centrada en el ideal de la propiedad y la independencia que supuestamente esto permite (la libertad de aquel pasado “más inocente”), tan solo da lugar a una manera de interpretar el mundo. Nótese que esta narrativa es totalmente masculina y por lo tanto excluye a adolescentes, mujeres y homosexuales. El rol de estas personas no está asociado con la actividad de producir cosas, sino con la supuesta pasividad de consumirlas. Por otro lado, las personas que reciben asistencia del estado, como los emigrantes o desempleados, son considerados parásitos. ¿Qué pasa entonces cuando el yo autosuficiente tiene que habitar un mundo en el cual el trabajo no se mide por esfuerzo sino por el valor que se genera? En una sociedad de consumo, donde hay una interdependencia de todas las partes que la componen y existen una multiplicidad de contratos sociales, la relación individuo-objeto se dispersa porque las personas son empleados que generan valor agregado y no propietarios anclados a su negocio. Su sueldo se gasta en servicios, objetos, y entretenimiento. La cultura popular, en todas sus vertientes, tradiciones y colores, es el pan de cada día del yo posmoderno, y su desarrollo está determinado no solo por las ideas a las que está expuesto en el trabajo, sino por lo que consume y hace en sus ratos libres. Este ambiente permite estar consciente de que la subjetividad no es una sola, sobretodo cuando aceptamos que, como nosotros, hay un gran número de consumidores que compran y financian objetos (¿o ideas?) de acuerdo a sus prácticas, creencias, estrato social, género, edad, gusto y otra gran cantidad de particularidades. Esas particularidades, magnificadas por internet, han resquebrajado la narrativa oficial de los grupos dominantes. Más que una amenaza, este fenómeno nos hace conscientes de que las virtudes internas no generan identidad, sino que los objetos (lo exterior) y nuestro ambiente determinan cómo nos relacionamos, analizamos y comprendemos el uno al otro. Si la relación individuo-objeto no es estática – en otras palabras, si la subjetividad no parte de virtudes internas – ¿seguiremos insistiendo que el otro debe ser como yo? ¿No será mejor entonces comenzar por entender la manera en que el otro se relaciona con los objetos de su ambiente para ver cómo nuestro yo podría ser otro? 30


puissent être accumulés ou réinvestis dans son entreprise à lui. Mais cette relation individu-objet (ou travail-service) est statique, et même si elle est concentrée dans l’idéal de la propriété et l’indépendance que cela semble permettre (la liberté de ce passé « plus innocent »), elle est seulement une des manières d’interpréter le monde. Il faut noter que cette narration est complétement patriarcale et par conséquent elle exclue les adolescents, les femmes et les homosexuels. Le rôle de ces personnes n’est pas associé à l’activité de produire des choses, mais plutôt à la soi-disant passivité de les consommer. En outre, les personnes qui reçoivent l’assistance de l’Etat, comme les migrants et les chômeurs, sont considérés des parasites. Qu’est-ce qui se passe alors quand le « je » autosuffisant doit habiter un monde dans lequel le travail ne se mesure pas par l’effort mais par la valeur qu’il génère ? Dans une société de consommation, où il y a une interdépendance de toutes les parties qui la composent et où il y a aussi une multiplicité de contrats sociaux, la relation individu-objet se divise parce que les personnes sont des employés qui produisent une valeur ajoutée et non pas des propriétaires ancrés à leurs affaires. Leur salaire est dépensé en services, objets et divertissements. La culture populaire, dans toutes ses formes, traditions et couleurs est le pain de tous les jours pour le « je » postmoderne. Le développement de la culture populaire est déterminé non seulement par les idées auxquelles il est exposé mais aussi à ses objets de consommation et ses activités pendant son temps libre. Cette ambiance permet d’être conscient que la subjectivité n’est jamais unique surtout lorsqu’on accepte que, comme nous, il y a un grand nombre de consommateurs qui achètent et financent des objets (ou des idées peut-être ?) en accord avec ses pratiques, ses croyances, sa strate sociale, son genre, son âge, son goût et toute autre quantité de particularités. Ces particularités, magnifiées par l’internet, ont brisé la narration officielle des groupes dominants. Plus qu’une menace, ce phénomène nous fait prendre conscience que les vertus internes ne génèrent pas d’identité mais que les objets (l’extérieur) et notre environnement déterminent comment on établit des liens, comment on analyse et comment on se comprend. Si la relation individu-objet n’est pas statique – en d’autres termes, si la subjectivité ne part pas de vertus internes – est-ce que nous allons continuer à dire que l’autre doit être comme moi ? Est-ce qu’il ne serait pas mieux de commencer par comprendre la manière avec laquelle l’autre établit une relation aux objets de son environnement pour voir comment notre « je » pourrait être un autre ?

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julieta juliette Por Daniela Henao Osorio

llustré par Ilustrado por

Milo

“Mi nombre es Daniela, es la forma en que me etiquetaron mis padres al nacer. Sólo tengo una madre y una hermana. Hay personas que conocen a Daniela, pero hay otras que sólo han conocido a Julieta. Ella emerge en las noches y es artífice de un insomnio voraz y compulsivo.” “Mon prénom c’est Danielle. C’est la manière dont mes parents m’ont étiquetée à ma naissance. J’ai une mère et juste une sœur. Il y a des personnes qui connaissent Danielle, mais il y en a d’autres qui n’ont connu que Juliette. Elle surgit le soir et elle est l’artisane de son insomnie vorace et compulsive.” 33


Mi nombre es Daniela, es la forma en que me etiquetaron mis padres al nacer. Sólo tengo una madre y una hermana. Hay personas que conocen a Daniela, pero hay otras que sólo han conocido a Julieta. Ella emerge en las noches y es artífice de un insomnio voraz y compulsivo. Yo creo en el amor eterno y busco esos encuentros perfectos y afortunados; hombres de prestigio, con grandes nombres y carreras promisorias. A Julieta le gustan diferentes, porque a ella la embriagan los artistas. Así es como Julieta me arranca mis conquistas a cambio de los besos de un músico, un pintor o un poeta. A solas, me veo con ella y la cuestiono. Ella me dice que le gusta ser libre. En realidad ella me lleva ventaja en las conquistas. Los besos que Julieta ha compartido, son muchos más, y quizá más apasionados que los míos. Pero ella es impulsiva y caprichosa, ambas descripciones tornan su personalidad en un caos. El ser la menor de mi casa, me ha convertido en una persona pasiva. Mi madre y mi hermana siempre están diciéndome lo que debo hacer. Me acostumbré más a la rutina que a tomar decisiones. Me acostumbré a la soledad. A veces percibo mi soledad en el humo del cigarrillo y en las colillas muertas. Las cuento antes de llevarlas al bote de la basura y al tirarlas imagino que resbalo con ellas entre las cenizas. Tomo un vaso de agua para dormir, esperando que el oxígeno reanime mis ideas, pero entonces Julieta empieza a cantar y a recitar poemas inventados. Julieta no acepta mi soledad. Tal vez por eso insiste en hacerse presente. A ella le gusta que le lea en voz alta, para luego debatir ideas antes de acostarnos. Ella suele hacer preguntas, que en mitad de la noche no sé cómo responder. Al final las resuelve por sí misma y yo puedo descansar. Ha rayado todos mis cuadernos con manuscritos, frases y poesías que apenas comprendo. Nunca duerme antes que yo y se aprovecha de mi sueño para apoderarse de mis cosas. Algo que tiene Julieta es la curiosidad. Aunque su memoria le falla, al igual que la mía, su nivel de piano es dos escalas superior al mío, llegando a interpretar los valses de Chopin, mientras yo sigo estancada en los minuetos de Bach. 34


Mon prénom c’est Danielle. C’est la manière dont mes parents m’ont étiquetée à ma naissance. J’ai une mère et juste une sœur. Il y a des personnes qui connaissent Danielle, mais il y en a d’autres qui n’ont connu que Juliette. Elle surgit le soir et elle est l’artisane de son insomnie vorace et compulsive. Je crois à l’amour éternel et je cherche la rencontre parfaite et hasardeuse ; un homme de prestige, avec un grand nom et une carrière prometteuse. Juliette les aime différents car elle s’enivre avec les artistes. C’est ainsi que Juliette m’arrache mes conquêtes en échange des baisers d’un musicien, d’un peintre ou d’un poète. Quand je suis toute seule, je vois Juliette et je l’interroge. Elle me dit qu’elle aime bien être libre. En vrai, elle est en avance sur moi au niveau des conquêtes. Les baisers que Juliette a partagés sont beaucoup plus nombreux et peut-être plus passionnés que les miens. Mais elle est impulsive et capricieuse, les deux portraits font de sa personnalité un chaos. Être la cadette à la maison, cela m’a transformé en personne passive. Ma mère et ma sœur sont toujours en train de me dire quoi faire. Je me suis plus habituée à la routine qu’à prendre des décisions. Je me suis habituée à la solitude. Parfois je perçois ma solitude dans la fumée d’une cigarette ou dans les mégots morts. Je les compte avant de les jeter dans la poubelle, puis j’imagine que je glisse en marchant dessus et que je tombe dans les cendres. Je bois un verre d’eau pour dormir en attendant que l’oxygène puisse ranimer mes idées mais alors Juliette commence à chanter et à réciter des poèmes improvisés. Juliette n’accepte pas ma solitude. Peut-être que c’est à cause de ça qu’elle insiste pour être présente. Elle aime bien quand je lis à voix haute et qu’après on débatte avant d’aller dormir. Elle a l’habitude de poser des questions, au milieu de la nuit, auxquelles je ne sais pas comment répondre. Au final elle résout d’elle-même toutes les questions et je ne peux même pas me reposer. Tous mes cahiers sont maintenant des manuscrits, des phrases et des poèmes que je comprends à peine. Elle ne dort jamais avant moi et elle profite de mon sommeil pour se saisir de mes choses. Une des choses typiques de Juliette, c’est la curiosité. Même si sa mémoire se trompe, comme la mienne d’ailleurs, son niveau de piano est deux fois plus éle35


Julieta sí ha aprendido a tomar decisiones, aunque no siempre sean acertadas. Algunas veces sus decisiones me confunden, pero ella lo lleva todo a cabo por su cuenta sin consultarme. No cambiaría su libertad, por nada; su orgullo se encuentra bien sujeto a ella. A Julieta le gustan las cosas simples, como las margaritas. Le gusta el vino, cualquier vino, o la cerveza. Prefiere compartirlo en un parque, donde puede cantar y reír al mismo tiempo. No le gustan el whisky o las orquídeas, como a mí; para ella son cosas caras y complicadas. Cuando no logramos ponernos de acuerdo, podemos terminar bebiendo whisky en un parque. El tiempo de Julieta es circular. Con frecuencia borra las citas de mi agenda, para verse con sus amigos. Cuando lo hace, complica todos mis planes y me llena de frustración. Para ella el tiempo es algo recuperable, como una moneda que cae de su bolsillo. La gente piensa que no se puede ser dos personas al mismo tiempo. Yo creo que en realidad, no es posible. A veces soy más Daniela que Julieta; otras, más Julieta que Daniela. No creo ser ambas al mismo tiempo; tampoco sería capaz de entregarme a una sola. Daniela es el polo a tierra de Julieta. Daniela sabe calcular la vida. Julieta es libre. Su libertad atrae misterios invaluables a mi vida. Julieta es la tinta que desborda mi destino. Si Julieta pudiera, se compraría un par de alas, porque es lo único que le haría falta. Y es que ella escribe poemas, yo sólo sé narrar historias.

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vés que le mien. Elle peut interpréter les Valses de Chopin alors que je stagne sur les compositions musicales. Juliette a appris à prendre des décisions bien que ce ne soient pas toujours les bonnes. Parfois ses décisions me dérangent mais elle met tout en route sans me prévenir. Je ne pourrais rien y faire sans enfreindre sa liberté. Elle a la fierté bien placée. Juliette aime bien les choses simples, comme les marguerites. Elle aime le vin, n’importe quel vin, ou la bière. Elle préfère les partager dans un parc où elle peut chanter et rire en même temps. Elle n’aime ni le whisky ni les orchidées. Pour elle, ce sont des choses chères et très compliquées. Quand nous ne nous mettons pas d’accord, il nous arrive de finir par boire du whisky dans un parc. Le temps de Juliette est circulaire. Très souvent elle efface les rendez-vous dans mon agenda pour aller voir ses amis. Quand elle fait ça, ça complique tous mes plans et me frustre beaucoup. Pour elle, le temps est quelque chose que l’on peut récupérer, comme une pièce qui tombe de sa poche. Les gens pensent qu’on ne peut pas être deux personnes en même temps. Je pense qu’en effet ce n’est pas possible. Parfois je suis plus Danielle que Juliette et d’autres fois je suis plus Juliette que Danielle. Je ne crois pas être les deux à la fois. De toute façon je ne serai pas capable de me cantonner à une seule. Danielle est le lien avec la terre de Juliette. Danielle sait calculer la vie. Juliette est libre. Sa liberté ramène des mystères à ma vie. Juliette est l’encre qui déborde de mon destin. Si Juliette pouvait, elle s’achèterait une paire d’ailes parce que c’est la seule chose qui lui manque. Et c’est elle qui écrit des poèmes et moi je ne sais que raconter des histoires.

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La pregunta 203

La question 203 Por José María Maesa

Illustré par Ilustrado por

Cristian Pineda

“No sé en qué momento se había producido el cambio, pero cuando llegué a la pregunta 203 de mi examen para obtener la plaza de profesor de música yo ya era otra persona. El cambio fue en apariencia muy sutil. ” “Je ne sais pas à quel moment s’était produit le changement mais quand je suis arrivé à la question 203 de mon examen pour avoir la place de professeur de musique, j’étais déjà une autre personne. Le changement a été très subtil. ” 39


203. En 1892 el músico sueco Ture Jåkobus compuso un concierto, ¿para qué instrumento?: a) Piano b) Violonchelo c) Timbales d) Todos ellos y además troncos de árbol. No sé en qué momento se había producido el cambio, pero cuando llegué a la pregunta 203 de mi examen para obtener la plaza de profesor de música yo ya era otra persona. El cambio fue en apariencia muy sutil. Digamos que imperceptible hasta para el ojo más escudriñador, entrometido y buscador de miserias ajenas, como es el caso de mi querido e insoportable amigo Egidio, quien tuvo la gentileza de venir a buscarme a la salida del examen para, supongo, disfrutar de mi esperable fracaso, y que se llevó la decepción de: “te veo muy relajado, ¿tan bien te ha salido?”. La pregunta 203 tal vez no fuera la más complicada, pero era la típica que se deja sin responder, porque no es sólo que nadie haya oído hablar de Ture Jåkobus, es que en el capítulo dedicado a los nacionalismos decimonónicos, Jåkobus era, como así lo comprobé nada más llegar a casa, un nombre en una lista de diez o doce, pertenecientes a una oscura y cuestionable Escuela de Norrköping. Yo, mi nuevo yo, en un arranque de coraje inesperable en mi otro yo, no sólo respondí a la pregunta sin tener el dato – quién coño sabe qué compuso Jåkobus- y arriesgando el punto negativo que suponía equivocarse, sino que escogí la opción más inverosímil, la d, y acerté. Cuando tres semanas más tarde pude comprobar los resultados, comprendí que había ganado la plaza por el estrecho margen que me concedió una pregunta acertada más que mi inmediato rival. Mi yo anterior a la pregunta 203, llamémosle Arturo el viejo, nunca habría respondido a esa pregunta, ni, en consecuencia, habría obtenido la plaza. Tampoco se habría casado con Lidia. Nunca habría escrito Viaje al mismo lugar, ni lo habría publicado. Elvira no existiría. Y ahora no estaría escribiendo esta especie de confesión. Arturo el viejo y Arturo el joven están compuestos, necesariamente, por 40


203. En 1982 le musicien suédois Ture Jåkobus composa juste un concerto. Pour quel instrument ? a) Piano b) Violoncelle c) Timbales d) Troncs d’arbre et tous les précédents Je ne sais pas à quel moment s’était produit le changement mais quand je suis arrivé à la question 203 de mon examen pour avoir la place de professeur de musique, j’étais déjà une autre personne. Le changement a été très subtil. Disons qu’il a même été imperceptible pour l’œil le plus aigu, intrusif et chasseur de la misère des autres, c’est-à-dire l’œil de mon cher et insupportable ami Egidie. Celui qui a eu la gentillesse de venir me chercher à la sortie de la salle d’examen afin de, je suppose, constater mon échec. Il semblait un peu déçu au moment de notre rencontre : « Je te vois trop détendu, ça s’est si bien passé ? ». Peut-être la question 203 n’était pas la plus compliquée, mais c’était le type de question à laquelle on ne répond pas. Non seulement parce que personne n’avait entendu parler de Ture Jakobus, mais surtout parce que Jakobus était –comme je l’ai constaté quand je suis arrivé chez moi– un des noms composant une liste de dix ou douze personnes qui appartenaient à l’École de Norrköping, une école obscure et questionnable. Moi, enfin mon nouveau « moi », dans un élan de courage inattendu, a répondu à la question sans savoir la réponse –Qui peut savoir ce qu’il a composé ce Jäkobus ? – et en risquant le point négatif qui suppose une réponse erronée, il a choisi l’option la plus invraisemblable, la D. J’avais réussi. Lorsque j’ai pu vérifier les réponses trois semaines plus tard, j’ai compris que j’avais eu le concours grâce à cette question que mon adversaire immédiat avait ratée. Mon « moi ancien » que l’on va appeler « Arthur le vieux », n’aurait jamais répondu à cette question ni, par conséquent, aurait eu le concours. Il ne se serait jamais marié avec Lydie. Il n’aurait jamais ni écrit, ni publié Voyage au même endroit. Elvira n’existerait pas. Et maintenant il ne serait pas en train d’écrire cette espèce de confession. 41


la misma materia. El mismo montón de células, con el mismo ADN. Idénticos cerebros que almacenan exactamente los mismos recuerdos. Los dos tienen iguales capacidad cognitiva y emociones. Sin embargo, hay algo esencial que los diferencia. Tal vez, algún vínculo entre su hemisferio derecho e izquierdo hubiera cambiado, lo que provocaba que sus decisiones hubieran adquirido un mayor impulso emocional en el segundo que en el primero, en el que están marcadas por un excesivo peso de la consciencia racional. Cuando llegaba el momento de tomar una decisión, Arturo el viejo se perdía con facilidad en una maraña analítica de variables que dificultaba o impedía ejecutar la decisión. En cambio, Arturo el joven solucionaba la disyuntiva con facilidad, ignorándola y dejándose empujar por su intuición. Nadie nunca lo supo. Todos creyeron que me saqué aquella plaza de profesor únicamente por la entrega incondicional de Arturo el viejo como opositor, cuando la realidad era que ese ser había dejado de existir. La vida que comenzó a vivir Arturo el joven tomó un rumbo diferente, pero pareció incluso natural que así fuera, pues después de años preparándome la oposición, cuando al fin lo conseguí debió ser esperable que el resto de piezas pudieran ir encajando y, por ejemplo, encontrara pareja, me casara, tuviera una hija, e incluso algo de tiempo libre para dedicarme a mi pasión inconfesa, la escritura, y que resultara que incluso se me daba bien y tuviera un éxito rotundo con mi primera novela. Y digo que nadie nunca lo supo porque ni siquiera yo mismo, quiero decir, Arturo el joven, lo ha sabido jamás. Para él la suerte y un cierto cambio de actitud estaban detrás de todo lo que para Arturo el viejo hubiera sido inaceptable o difícil de explicar. Lo supe una noche cualquiera, que fue la noche que la conocí. Ni siquiera tengo muy claro por qué fui a ese lugar. Creo que un par de semanas atrás había oído a alguien, tal vez un compañero, decir que el club Just Above the Park era el único bar en toda la ciudad en el que ponían música decente y en el que entraban mujeres interesantes. Lidia nunca me hubiera acompañado. O tal vez sí, pero eso es lo único que habría hecho, 42


« Arthur le vieux » et « Arthur le jeune » sont composés forcément de la même matière. Le même cumul de cellules, le même ADN. Des cerveaux identiques qui accumulent exactement les mêmes souvenirs. Cependant, il y a quelque chose d’essentiel qui fait la différence entre les deux. Il y a peut-être un lien entre son hémisphère droit et son hémisphère gauche qui a changé, ce qui donnait un élan émotionnel plus fort dans les décisions prises par le deuxième Arthur que dans celles prises par le premier (marquées par un poids excessif de la conscience rationnelle). Quand le moment de prendre une décision arrivait, « Arthur le vieux » se perdait facilement dans un sac de nœuds analytique de variables, ce qui rendait difficile et parfois l’empêchait d’exécuter la décision. Par contre « Arthur le jeune » résolvait le dilemme très facilement car il l’ignorait et se laissait guider par son intuition. Personne ne l’a jamais su. Ils ont tous cru que j’avais eu le concours seulement grâce aux efforts inconditionnés de « Arthur le vieux » qui jouait le rôle de l’adversaire dans mon esprit. Ils ne savaient pas que cet homme n’existait plus. La vie de « Arthur le jeune » a pris une autre direction, mais c’était très naturel que ça se passe ainsi. Après de longs efforts pour préparer un adversaire, c’était prévisible que le reste des pièces qui composent mon « moi » se soient emboîtées et que, par exemple, je puisse trouver une compagne, que je me marie, que j’aie une fille et que je trouve un peu de temps libre pour me dédier à l’écriture, ma passion inavouée, puis qu’il se trouve que je sois bon et que je connaisse un grand succès avec mon premier roman. Et si je vous dis que personne ne l’a jamais su, c’est parce que je ne le savais même pas. Enfin je veux dire qu’ « Arthur le jeune » ne l’a jamais su. Pour lui, la chance et un certain changement d’attitude étaient après tout ce qui aurait été inacceptable ou difficile à expliquer pour « Arthur le vieux ». Je l’ai su un soir comme un autre, le soir où je l’ai rencontrée. La raison pour laquelle je suis allé à cet endroit, n’est même pas clair. Je crois que quelques semaines avant j’avais entendu dire par quelqu’un, un collègue 43


acompañarme, sacrificando su rutina habitual para darme el gusto. Y además, creo que la segunda parte de la recomendación fue la que más pesó en mi decisión. El bar estaba decorado como el típico club de jazz neoyorkino de las películas. La luz mortecina y el puñado de diminutas mesas redondas esparcidas delante de un mínimo escenario en el que se apiñaban cinco músicos estorbándose unos a otros. Curiosamente, había estado en muchos bares como ese, imitación del supuesto arquetipo, en diferentes lugares del mundo. Jamás en Nueva York, dónde los bares de música en directo eran muy diferentes. Sobre este tema trató la primera conversación que tuve con Cira. Ella estaba en un taburete en la barra, girada hacia el escenario y bebiendo sola, como cabía esperar en cualquier película con aspiraciones de cine negro de serie B. Los músicos estaban en un descanso, o su música era tan inexpresiva que eso parecía. Me senté al lado de ella y le dirigí la palabra de inmediato. Ella me miró con lo que interpreté como una sonrisa de hospitalidad. Poco después llegué a la conclusión de que aquella debía ser su mueca de desprecio general por los seres humanos. Cira no era un ser humano. No sé muy bien qué tipo de entidad era Cira. Supongo que alguna especie de depredador. Yo lo supe pronto, no pudo engañarme. Escuchamos el concierto, o lo que estuvieran haciendo aquellos músicos, que sonaba extrañamente a Jåkobus, pero pronto nos fuimos de allí. Me llevó a su guarida, un precioso ático lleno de libros y un puñado de obras de arte contemporáneo estratégicamente colocadas. Del antro de Jazz pasamos al piso que cabría esperar en una acomodada y decadente mujer fatal. Todo aquello era demasiado como para no ser una escenografía. Me di cuenta que algo no iba bien. Su sonrisa, imperturbable y caleidoscópica, había virado hasta una sardónica mueca sensual. Me sirvió una copa, puso algo de música-¡de nuevo sonaba a Ture Jåkobus!y se sentó a mi lado. El momento en el que se esperaba algo de mí había llegado. Era el momento en el que Arturo el viejo se hubiera quedado bloqueado analizando todas las posibilidades y valorando qué se espe44


peut-être, que le club Juste Above the Park était le seul bar dans toute la ville où on écoutait de la bonne musique et où il y avait des femmes intéressantes. Lydie ne m’aurait jamais accompagné. Enfin peut-être, mais ça aurait été la seule chose qu’elle aurait faite, m’accompagner, en dépit de sa routine habituelle pour me faire plaisir. De plus, je crois que la deuxième partie de la recommandation a été la plus importante dans mon choix. Le bar avait un décor typique de club de jazz newyorkais, comme dans les films. Il y avait une lumière tamisée et une poignée de petites tables rondes éparpillées devant une scène minuscule sur laquelle cinq musiciens s’entassaient, se gênant les uns les autres. Par coïncidence, j’étais allé dans plusieurs bars comme celui-là, des imitations d’un archétype mondial. Mais jamais à New York où les bars de musique live étaient vraiment différents. Ça a été le premier thème de conversation entre Cira et moi. Elle était sur un tabouret devant le comptoir, tournée vers la scène. Elle buvait toute seule, comme on pouvait s’y attendre dans n’importe quel film qui se voulait du cinéma noir de série B. Les musiciens étaient soit en pause, soit leur musique était tellement inexpressive qu’on ne l’entendait pas. Je me suis assis à côté d’elle et je lui ai adressé la parole tout de suite. Elle m’a jeté un regard que j’ai interprété comme de l’hospitalité. Peu de temps après j’ai fini par conclure que cela devait être sa grimace de mépris général envers les êtres humains. Cira n’en était pas un. Je ne sais pas quel type d’entité était Cira. Je suppose, une espèce de prédatrice. Je l’ai su bien assez tôt, elle n’a pas pu m’avoir. On a écouté le concert, ou ce que faisaient les musiciens, ce qui sonnait étrangement comme du Jäkobus, mais on est partis aussitôt de l’endroit. Elle m’a emmené dans son antre, un grenier précieux plein de livres dont une poignée d’ouvrages d’art contemporain, stratégiquement placés. Du bar à jazz on est passés au refuge de ce qu’on pouvait attendre chez une femme fatale bien placée et décadente. Tout cela était trop pour n’être qu’un décor. J’ai compris que quelque chose n’allait pas. Son sourire, imperturbable et kaléidoscopique, était devenu une grimace sensuelle et sardonique. Elle m’a servi un verre et mis un peu de musique –encore du 45


raba de él, qué le apetecía y qué consecuencias tendría equivocarse en esas valoraciones. Y era el momento en el que Arturo el joven se dejaría guiar por su instinto. Lo hice. Una de las obras de arte era una especie de esfera ostensiblemente quebrada pero de una pieza hecha de algún tipo de piedra. Fue el arma que empleé. Aquel sonido, como de terremoto minúsculo, contenido, trascendente, que produjo la esfera contra su cabeza penetró a través de mi frente, justo entre los dos hemisferios, para liberarme y condenarme. Arturo el joven desapareció tal y como había llegado. Arturo el viejo volvió a ocupar su lugar, pero con consciencia de sí mismo, del que había sido hasta hacía un instante, y del que fue hasta la pregunta 203.

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Ture Jäkobus ! – et s’est assise à côté de moi. Le moment où l’on attendait quelque chose de moi était arrivé. C’était le moment où « Arthur le vieux » se serait bloqué à force d’analyser toutes les possibilités et de valoriser ce qu’on attendait de lui, ce dont il avait envie et quelles seraient les conséquences de se tromper dans ses calculs. Et c’était le moment où « Arthur le jeune » se laisserait guider par son instinct. Je l’ai fait. Une des œuvres d’art était une espèce de sphère fissurée de toute part mais faite d’un type de pierre. C’est l’arme que j’ai choisie. Ce son, comme celui d’un tremblement de terre minuscule, contenu, transcendant, produit par l’impact de la sphère contre son crâne a pénétré dans mon front, juste entre les deux hémisphères, pour me libérer et me condamner. « Arthur le jeune » a disparu de la même façon qu’il était arrivé. « Arthur le vieux » est revenu pour occuper sa place, mais avec une autre conscience de lui-même, de ce qu’il aurait été il y a un instant, et de ce qu’il avait été jusqu’à la question 203.

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K Résident de la republique k residente de la república Por Adrià Rodríguez

Illustré par Ilustrado por

VerdeAgua

“Siente ahora sus miradas en la espalda. El hecho de que no haya más Djorkaeff, Zidane o Thuram lo hace brutalmente triste. A fin de cuentas, como residente de la República, él pertenece a esa decadencia integral a la cual su país no se ha todavía acostumbrado. ” “Il sent maintenant leurs regards dans son dos. Le fait qu’il n’y ait plus de Djorkaeff, Zidane ou Thuram le rend brutalement triste. En fin de compte, en tant que résident de la République, il appartient à cette décadence intégrale à laquelle son pays ne s’est pas encore habitué.” 49


Por una razón que solo él conoce, K espera todavía el momento de avanzar. Una sonrisa débil se forma en sus labios. Durante largos años, él vivió en la angustia dentro de una impostura sin tregua, siempre repleto de innumerables dudas que parecían de todas formas querer llevarlo hasta ahí. Se adivina en él la aplastante necesidad de rebelarse. Ha dejado pasar muchas ocasiones. Ha aceptado a menudo su carrera con cobardía y nunca ha aceptado el hecho que habría querido en realidad hacer otra cosa en la vida. ¿Pero qué otra cosa? A veces, en la noche, le no podía evitar hacerse la pregunta. Siempre ha tenido demasiado miedo de confesárselo, pero eso se acabó ahora. Se dice a sí mismo que quizás tenía que llegar a ese momento preciso para planear una respuesta. Siente a su alrededor el cierre del círculo final de toda una vida de mentiras. Él mira a su alrededor. Hoy, él llena la esperanza de millones de franceses y su pasividad se vuelve alarmante, él se da cuenta. Él está dejando al tiempo fluir demasiado. Nadie ha visto en él sino un gran jugador de fútbol, la puta estrella azul, el tipo que se suponía subir la moral de los franceses. Mierda, él tampoco veía en sí mismo sino lo que los otros le decían que había. Cómo ha podido llegar a ese punto? Siempre ha rechazado la posibilidad de decir no. Él quien, desde el principio de su carrera, ha encontrado secretamente el mundo del fútbol horrible, incluso completamente inmundo, quien ha siempre dicho sí al fútbol. Él se odio por no haber tenido la valentía de hacer otra cosa cuando ha tenido la ocasión. Ahora bien, él ha sabido siempre desligarse de lo cotidiano. Piensa entonces especialmente en sus compañeros de equipo. No los odia, no es eso, no es culpa de ellos si él se arrastra desde hace años sobre una herida abierta. Sin embargo, es inútil negarlo, él forma parte de esa banda de retrasados sin carisma ni clase. Siente ahora sus miradas en la espalda. El hecho de que no haya más Djorkaeff, Zidane o Thuram lo hace brutalmente triste. A fin de cuentas, como residente de la República, él pertenece a esa decadencia integral a la cual su país no se ha todavía acostumbrado. Pero uno termina por acostumbrarse a todo.

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Pour une raison connue de lui seul, K attend encore le moment d’avancer. Un faible sourire s’est formé sur ses lèvres. Durant de longues années, il a vécu dans l’angoisse d’une imposture sans trêve, toujours assailli d’innombrables doutes qui semblaient toutefois vouloir le mener jusqu’ici. On devine chez lui l’écrasante nécessité de se révolter. Il a laissé passer trop d’occasions. Il a trop souvent accepté sa carrière avec lâcheté et n’a jamais guère accepté le fait qu’il aurait voulu en réalité faire autre chose dans la vie. Mais quelle autre chose ? Parfois, la nuit, il lui arrivait de ne pouvoir s’empêcher de se poser la question. Il a toujours eu trop peur de se l’avouer, mais c’est fini maintenant. Il se dit qu’il fallait peut-être d’abord arriver à ce moment-là pour envisager la réponse. Il sent se resserrer autour de lui le cercle final de toute une vie de mensonges. Il regarde autour de lui. Aujourd’hui, il comble les espoirs de millions de Français et sa passivité devient alarmante, il s’en rend bien compte. Il est en train de laisser le temps s’écouler trop longtemps. Personne n’a jamais vu en lui qu’un grand joueur de football, la putain d’star bleue, le mec qui était censé faire bander le moral des Français. Bordel, lui aussi ne voyait en lui ce que les autres lui disaient qu’y avait. Comment a-t-il pu arriver à ce point-là ? Il a toujours refusé son choix de dire non. Lui qui, depuis ses débuts professionnels, a secrètement trouvé le monde du football épouvantable, voire carrément immonde, a toujours dit oui au foot. Il se déteste pour n’avoir eu le courage de faire autrement lorsqu’il eu l’occasion. Or, il a toujours su se détacher du quotidien. Il pense alors notamment à ses coéquipiers. Il nes les hait pas, ce n’est pas ça, ce n’est pas de leur faute s’il traîne depuis des années une plaie béante. Pourtant, inutile de le nier, il fait partie de cette bande de demeurés sans charisme ni classe. Il sent maintenant leurs regards dans son dos. Le fait qu’il n’y ait plus de Djorkaeff, Zidane ou Thuram le rend brutalement triste. En fin de compte, en tant que résident de la République, il appartient à cette décadence intégrale à laquelle son pays ne s’est pas encore habitué. Mais l’on finit toujours par s’habituer à tout. Il s’aperçoit qu’autour de lui tous attendent qu’il avance vers le tir au but. Pourtant il ne bouge pas, pas encore. Combien de secondes se sont déjà 51


Percibe que a su alrededor todos esperan que él avance hacia el punto penal. Sin embargo, no se mueve, aún no. ¿Cuántos segundos se han gastado ya? Deschamps mismo ha venido cerca suyo con una especie de fascinación fanática en los ojos, ¿O quizás es solo fiebre, o rabia, o quizás miedo aún? No habría podido precisarlo. K acepta con un gesto ausente el discurso que se le pone encima. No deja de menear la cabeza. Todo lo que escucha parece tan deprimente y triste. ¿Culpa de quién? Estudia la expresión de su entrenador con atención. Las lágrimas corren sobre sus mejillas, los ojos llenos de una extraña neurosis colectiva, lo cual pone enseguida a K muy incómodo. Se clava entonces cada vez más en una vergüenza cuyo origen es capaz de explicar claramente. Luego, sin la menor sorpresa, como si no esperara sino eso desde siempre, descubre delante de él la cara del enemigo. Ya no hay ningún Deschamps. De ahora en adelante es solo una vida inflada con falsas esperanzas. De repente, comienza a dejarse llevar por la ebriedad de una venganza a la vez imprecisa y sin embargo más auténtica que cualquier otra cosa.Sus orejas zumban. Deschamps, hundido sin remedio en una especie de afasia , se clava cada vez más en algo que parece ser una letanía incomprensible. Una desbordante sensación de gravedad se apodera de él. La noche es ligera en París, el aire es tibio y tiene la impresión de que la luz misma es, de cierta manera, diferente. El tiempo soñado para apuntar al No. La luna amarilla e inmensa brilla, no puede haber ningún error sobre la persona, es él a quien está destinada la suerte de los azules. Todas las miradas se ponen sobre K, quien debería sentirse llevado por esta tensión de victoria que atormenta a todo un país. Sin embargo, algo se desliza entre la realidad y él. Allí, en algún lugar sobre el terreno de juego, Deschamps continúa hablándole pero él ya no lo oye. A menudo, Francia entera cuyo corazón tiembla viendo la gloria al alcance de su mano, calla: K acaba de moverse. Cediendo a la irresistible atracción de volverse, él mismo quizás otro, se aleja finalmente hacia el punto penal. Sonríe, —se dice a sí mismo—ya casi estás allá. 52


écoulées ? Deschamps lui-même est venu près de lui avec une sorte de fascination fanatique dans les yeux, ou peut-être est-ce juste de la fièvre, ou de la rage, ou peut-être encore de la peur ? Il n’aurait pas pu le préciser. K. acquiesce d’un geste absent au discours qu’on lui porte au-dessus. Il ne cesse pas d’hocher la tête. Tout ce qu’il entend a un air tellement maussade et triste. A qui la faute ? Il étudie l’expression de son entraîneur avec attention. Les larmes coulent sur ses joues, les yeux remplis d’une étrange névrose collective, ce qui met aussitôt K mal à l’aise. Il s’enfonce alors de plus en plus dans une honte dont il est incapable d’expliquer clairement l’origine. Puis, sans la moindre surprise, comme s’il n’attendait que cela depuis toujours, il découvre devant lui le visage de l’ennemi. Il n’y a plus de Deschamps. Désormais c’est juste une vie gonflée de faux espoirs. Tout à coup, il commence à se laisser emporter par l’ivresse d’une vengeance à la fois imprécise et pourtant, plus authentique que toute autre chose. Ses oreilles bourdonnent. Deschamps, plongé sans remède dans une sorte d’aphasie irréparable, s’enfonce de plus en plus dans ce que lui semble être une litanie incompréhensible. Une débordante sensation de gravité s’empare de K. La nuit est légère sous Paris, l’air est tiède, et il a l’impression que la lumière même est en quelque sorte différente. Le temps rêvé pour viser le non. La lune jaune et immense brille, il ne peut y avoir une erreur sur la personne, c’est bien à lui qu’est destiné la sort des bleus. Tous les regards sont tournés vers K, qui devrait se sentir emporté par cette tension de victoire qui tourmente tout un pays. Cependant, quelque chose s’est glissé entre la réalité et lui. Là-bas, quelque part au milieu du terrain de jeu, Deschamps continue de lui parler, mais il ne l’écoute plus. Soudain la France entière, dont le coeur tremble à la vision de la gloire à portée de main, se tait : K vient de bouger. Cédant à l’irrésistible attraction de devenir lui-même, peut-être un autre, il s’éloigne finalement vers le tir au but. Souris, se dit-il. Tu y es presque. 53


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la dernière LA última Por Sylvia Ortega

Illustré par Ilustrado por

Liuna Virardi

“—Tu t’en souviens? —Il fait des efforts pour capter mon attention. Il donne ses mots au passé pour que je l’écoute, pour que je le sente et qu’il me renvoie à ce temps-là où j’étais un serpent dansant ses notes de flûte.” “- ¿Recuerdas...? - Se esfuerza por captar mi atención. Empeña sus palabras al pasado, con el propósito de que le escuche, de que le sienta y de devolverme a aquél tiempo, en que fui serpiente bailando sus notas de flauta.” 55


- ¿La última copa? Escucho a lo lejos y en nebulosa. Me giro, le veo y mi corazón empieza a saltar tan rápido que casi le toca las rayas de la camisa. Han pasado quince años desde la copa anterior. Accedo a su petición. A pesar de que ya me siento suficientemente borracha, me inquieta la curiosidad. Mi cabeza centrifuga recuerdos y un pensamiento exacto se clava en sus ojos. Se ha convertido en un viejo. Su corte de pelo ralo y blanco, la mirada muerta y esa mueca en unos labios casi inexistentes, me producen nauseas. Me recuerda al protagonista de una película canadiense, Las invasiones bárbaras, en la que un anciano espera ansioso y cansado la muerte. - Te aburres – Confirma después de tenerme un rato sentada frente a él sin decir nada. Su voz rugosa se encamina hacia mi cerebro como un cuchillo de sierra – No ¡Qué va! – Procuro sonar alegre - Lo siento, andaba despistada. - Echo la mano a la barra buscando algo que no existe y continuo perdida - ¡Venga! – Grito por encima de los baflesSea esa última copa por el reencuentro – el ansia de embriaguez y otras sensaciones, me obligan a complacerle. Me tumbo en algún renglón del pasado. - ¿Te aburres? – Solía decir. Palabras de seda acariciando mi vientre hace un millón de años. Entonces su pelo era negro, su mirada estirada y firme y sus labios dominaban mi existencia. Yo, apenas era una adolescente en aquella época. ••• El camarero ha roto un vaso al tratar de retirarlo de la barra y me ha devuelto al presente, a la banqueta iluminada por una bola de plata, a De Phazz que no deja de sonar nunca y a su piel comprimida de arrugas. Agradezco que se hayan abortado los recuerdos, me estaba poniendo nerviosa y amarga. Se mueve torpe, no tiene prisa. Estornuda y se suena violentamente los mocos. Limpia los restos con la palma de la mano. Ya no le importa si 56


- Le dernier verre? J’écoute au loin et comme en brouillard. je me retourne, je le vois et mon coeur commence à sauter si rapidement qu’il a failli toucher les raies de sa chemise à lui. Quinze ans se sont passés depuis le dernier verre. J’accède à sa demande. Bien que je me sente assez bourée, la curiosité m’intrigue. Ma tête centrifuge des souvenirs et une pensée exacte se fonce dans ses yeux. Il est devenu vieux. Sa coupe de cheveux raids et blancs, le regard mort et cette grimace dans ses lèvres presque inexistents, tout ça me donne la nausée. Ça me rappelle le protagoniste d’un film canadien, Les invasions barbares, dans lequel un homme vieux attend la mort avec fatigue et anxieté. —Tu t’ennuies— confirme après m’avoir assise devant lui sans rien dire pendant un moment. Sa voix fripée s’achemine vers mon cerveau comme un couteau de scie. —Bah non!—j’essaie de’avoir l’air joyeuse — Je suis désolée, j’avais la tête en l’air. —Je dirige ma main vers le comptoir pour chercher quelque chose qui n’éxiste pas et je reste perdue — Allez! —je crie par dessus les enceintes— Soit le dernier verre pour la retrouvaille — la soif d’ivresse et d’autres sensations m’obligent à lui faire plaisir. Je ecouche sur une ligne du passé. —Tu t’ennuies? —je disais. Paroles de soie caressant mon ventre il y a un million d’années. Alors ses cheveux étaient noirs, son regard, étiré et ferme, et ses lèvres dominaient mon existence. Moi, je n’étais qu’un adolescen à cette époque-là. ••• Le serveur a cassé un vèrre en essayant de le retirer du comptoir et m’a rendu au présent, au tabouret iluminé par une boule d’argent, à De Phazz qui n’arrête jamais de sonner et à sa peau comprimée de rides. Je remercie au fait que le souvenirs se soient avortés, je devennais nerveuse et amère.

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le observo, ya no le importa quién le mira. Se dirige amable al camarero y le pide un Cacique con Coca Cola y un Gin Fizz. Por fin ha aprendido que las buenas maneras gobiernan el mundo. Apoya la mano sobre mi pierna y siento un escalofrío. Parece no darse cuenta del cambio eléctrico que marca nuestros tiempos. - ¿Recuerdas...? - Se esfuerza por captar mi atención. Empeña sus palabras al pasado, con el propósito de que le escuche, de que le sienta y de devolverme a aquél tiempo, en que fui serpiente bailando sus notas de flauta. El trago caliente de ron me conduce a un fotograma en blanco y negro aún latente. Los besos horneados de gritos y lamentos en otro tiempo, contra el reflejo sereno y canoso de sus gafas. Besa dulce mi mejilla con los labios arrugados: “¡Te he necesitado tanto!” Mi cuerpo se endurece al susurro. Se tambalea. Estoy borracha. No escucho. No escucho. Una bofetada me devuelve de golpe a la cama, a su cuerpo perdido en mi tristeza y a su pelo moreno entre mis dedos. Gritos, dolor, horror. Entonces abusaba de su fuerza. Entonces me hacía pequeña con los puños, con otras armas: “¡Te he necesitado tanto!”. Sus manos, ahora trémulas, acarician con precaución el rasgar de mis vaqueros. Mi mirada enfoca como una noria su boca deforme y grisácea. ••• Asco. Se mezcla el asco de un tiempo y otro. Quince años ondeados de asco y hoy me reencuentro con él en la barra de un bar ¿Por qué? ¿Quién ha querido ponernos otra vez en el mismo camino? Me agobio. Comienzo a odiarle. Él se empeña en recordarme que un día fue Marlon Brando en mi Tranvía llamado deseo, hipnotizando mis horas. Yo entonces era una niña y ahora, quince años más tarde, no puedo dejar de mirarle y veo al viejo terminal de Las invasiones bárbaras. Aunque, algunos clichés me abofetean la cara en vaqueros y con una camiseta blanca marcando los bíceps sobre mi estómago. Me estoy llenando de ira. Suelto el aire y el camarero me mira despistado, sonrío como si mi idea estuviera en blanco. También le sonrío a él, al Marlon Brando decrépito. Le agarro la mano y le arranco 58


Il se déplace maladroitement, il n’a pas de hâte. Il étornue violemment la morve. Il netoie le reste ave la paume de sa main. Ça l’est égal si je le regarde, ça l’est égal si quelqu’un le voit. Aimable, il s’adresse au serveur et lui demande un Cacique avec du coca et un Gin Fizz. Il a appris enfin que les bonnes manières gouvernent le monde. Il appuie la main sur ma jambe et j’ai des frissons. Il paraît ne pas se rendre compte du changement éléctronique qui marque nos temps. —Tu t’en souviens? —Il fait des efforts pour capter mon attention. Il donne ses mots au passé pour que je l’écoute, pour que je le sente et qu’il me renvoie à ce temps-là où j’étais un serpent dansant ses notes de flûte. La gorgée chaude de rhum me conduit vers un photogramme en noir et blanc, toujours latent. Les baisers enfournés de cris et lamentations d’autrefois, contre le reflet serein et grisonnant de ses lunettes. Embrasse doucement ma joue avec les lèvres ridés: —J’ai eu tant besoin de toi!— Mon corps s’endurcit au murmure. Il brimbale. je suis saoule. Je n’entends pas. Je n’entends pas. Une claque me renvoie d’un coup au lit, à son corps perdu dans ma tristesse et à son cheveu brun entre mes doigts. Cris, douleur, horreur. J’abusais donc de sa force. Je me faisais petite avec les poings alors, avec d’autres armes: — J’ai eu tant besoin de toi! Ses mains, maintenant tremblantes, caressent avec précaution le grattement de mes jeans. Mon regard focalise, comme une noria, sa bouche difforme et grise. ••• Dégoût. Le dégoût d’une époque se mèle à celui de l’autre. Quinze ans ondés de dégoût et aujourd’hui je le retrouve à lui au comptoir d’un bar. Pourquoi? Qui est-ce qui a voulu nous mettre encore une fois sur le même chemin? Je me sens oppressée. Je commence à le haïr. Il insiste à me rappeler qu’un jour il a été marlon Brando dans mon Tramway nommé désir, hipnotisant mes heures. À cette époque j’étais une fille, et maintenant, quinze ans plus tard, je ne peux pas m’arrêter de le regarder et je vois plutôt le vieux terminal des Invasions barbares. Bien que certains clichés me claquent le visage en jeans et avec un t-shirt blanc ils 59


del taburete con toda la sensualidad que soy capaz de recordarle. Me lo llevo, muy discreta, al cuarto de baño. Impido con mi boca que diga nada. Le siento en la taza del water sin dejar de besarle. Deslizo mis manos de su cuello a la bragueta, apretando con asco los labios. Bajo la cabeza con los ojos cerrados. Extraigo un hongo arrugado de su pantalón. Succiono con fuerza. Le escucho gemir y se escapa una arcada. No pasa nada. Desvío mi pensamiento. Continúa mi trabajo. El pequeño habitáculo en el que existimos mezcla los recuerdos entre el olor a orín y a amoníaco. La marca de sus dedos en mi cuello. La quemadura de su cinturón en mis riñones. Eso fue entonces, ahora es un viejo. Trato de convencerme y no soy capaz. A horcajadas me siento sobre sus muslos rozando con mis nalgas el tergal de su pantalón. Retira mis bragas y le cabalgo con ganas. Le escucho gemir, le escucho gemir, le escucho gemir. Silencio. El bar se llena de curiosos y fotógrafos. Preparan una carpa fuera. La policía me interroga. Yo no sé nada, hacía años que no le veía, le encontré de casualidad. Me vuelvo a casa despistada. - La última, decías, ¿no? – Sonrío mientras me desmaquillo.

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marquent les biceps sur mon ventre. Je rage. Je sors l’air et le serveur me regarde, distrait. Je souris comme si mon idée était en blanc. Je souris aussi à ce Marlon Brando décrepit. Je le prends la main et l’arrache du tabouret avec toute la sensualité que je suis capable de le rappeler. Je l’emmène discrètement aux toilettes. J’empêche qu’il dise quoi que ce soit avec ma bouche. Je l’assois sur la chasse d’eau sans arrêter de l’embrasser. Je glisse mes mains de son cou à sa braguette. Je serre fortement avec mes lèvres. Je descends ma tête, les yeux fermés. Je sors un champignon ridé de son pantalon. Je suce fortement. J’entends ses gémissements et je lâche une nausée. Rien ne se passe. Je pense à une autre chose. Mon travail continue. Le petit habitacle dans lequel nous existons mélange l’odeur à pis et l’amoniaque. La trace de ses doigts sur mon cou. La brulure de sa ceinture sur mes rins. Ça a été il y a longtemps, maintenant il est un vieux. J’essaie de me convaincre et je n’en suis pas capable. À califourchon je m’assois sur ses cuisses qui frôlent mes fesses avec le tergal de son pantalon. Il enlève mes culottes et je chevauche avec envie. Je l’entends gémir, je l’entends gémir. Silence. Le bar se remplit de curieux et photographes. Ils preparent une tente dehors. La police mìnterroge. Je n’en sais rien, ça faisait des années que je ne le voyait pas, je le rtrouvé par hasard. Je rentre chez moi perdue. —Le dernier, tu disais non? — Je souris en me démaquillant.

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collabos

Don Morado Marlon Ballén (Ghatto): Recolector de historias capturadas por su retina, el autor es un traductor de emociones oníricas sobre el papel. Inhalador del ambiente, el ilustrador dialoga con la tinta cada noche conspirando cual será el próximo momento que le robará a la eternidad y de ser posible, hurtarle todo al tiempo y congelarlo sin piedad alguna. Es algo así como un violador de trazos que no respeta los margenes, otro ser sin ética ni moral que no hace nada por amor al arte, Ghatto al arte le hace el amor. Milo (Camilo Escobar): Graphiste né et diplomé à Cali, Camilo est spécialiste en livre-album, édition et illustration libre. Nestor Mir: Écrivain valencien. Ivan Sierra (1984): Artiste visuel spécialisé en son et musicien amateur, Ivan a travaillé en publicité et dessin de pages web à Bogotá, Colombie. 62


Il habite à Toulouse depuis trois ans, où il se dédie à l’illustration et la musique. Il fait partie du groupe Los Guayabo Brothers & su pachanga mohánica, ainsi que du collectif artistique Guayabo Colectivo. http://www.ivansierrart.com/ Sylvia Ortega (1978): Madrilène d’origine, actuellement elle vit à Toulouse où elle gagne sa vie comme professeure d’espagnol. Sylvia participe également à la direction de la revue culturelle Triade Magazine dans son temps libre. Elle adore écrire des nouvelles et a publié quelques unes dans certaines revues comme Al otro lado del espejo, Cuadernos de creación, Excodra, Revista narrativas entre d’autres. louchette21@gmail.com José María Maesa (1979): Il n’est pas né dans une maisonette perdue dans les profondeurs d’un fiord et n’a pas fait non plus de thèse sur la conquête byzantine d’Espagne, mais José María est victime d’une fixation sur les labyrinthes et l’échec. il y a plusieurs labyrinthes dans lesquels il s’est engouffré et dont il a essayé de sortir sans succès: la science, Séville et la littérature. Sauf qu’il n’a jamais essayé de quitter cette dernière. https://www.facebook.com/MaeseMaesa VerdeAgua (1991): Dessinateur, enseignant et éditeur mexicain avec une grande trajéctoire malgré son jeune âge. Il enseigne le graphisme et le dessin à l’UNAM. Son travail a été exposé au Mexique, en Équateur et en France. www.behance.net/verdeaguacomics Adrià Rodríguez (1985): Né à Barcelone, la vie d’Adrià suit la norme : une enfance et jeunesse desesperée mais de bonheur modéré. Après il fait des études de turisme et s’est diplomé en langues et littératures modernes. A mi chemin entre la jeunesse et la maturité, Adrià aterrit en France. Son premier roman, L’île de l’air cumule des refus éditoriaux. pons.ar@gmail.com Don Morado (1989): Un jour après que Ted Bundy soit éléctrocuté sur la chaise électrique, Adrian Morado naît à México en 1989. Prenant le sentier magique du Dessin Graphique comme métier, cet humain passe ses journées ainsi. donmorado@hotmail.com 63


Marcelo Corrales est écrivain, traducteur et spécialiste en marketing. Il est né à Anserma dans le département del Caldas en 1979. Il est diplômé en Histoire de l’Université de Rutgers dans le New Jersey où il s’est spécialisé dans l’histoire culturelle des États-Unis au XXe siècle, ainsi qu’en Histoire et Littérature latinoaméricaine. Daniela Henao Osorio: Née à Santiago de Cali dans le département del Valle en Colombie, Daniela est technicienne professionnelle en Design de mode et diplômée en Nouveaux outils numériques. Elle a fait également des études d’interprétation de piano et de technique vocale. Daniela a publié dans des anthologies et des revues nationales et internationales. Norman Paba Zarante. 1985. Il est né à Carthagène des Indes, en Colombie. Des poèmes, des interviews et d’autres textes de lui ont été publiés dans des anthologies et des revues internationales de littérature et de poésie. En tant que poète invité et intervenant d’ateliers, il a participé à plusieurs festivals et autres événements. Il est diplômé de Lettres à l’Université de Carthagène. Il a également un Master en écriture créative à l’université Nationale de Colombie, avec spécialité en poésie. Il est collaborateur habituel de la maison d’édition Piedra de toque Poesía Ambulante, et son livre La Noche Incinerada sera bientôt publié par Editorial Babilonia. Gabriel Rodríguez (1987) : Gabriel est né à Bogotá (Colombie), ville où il a été élevé et où il a voulut enfin se réveiller. Ecole sans arbres, Université prétentieuse (calembour). Il a travaillé en jouant de la guitare par-ci et par-là en Amérique du Sud, en pelant des saumons en Alaska, et en tant qu’intervenant des ateliers de littérature pour des enfants qui disent « copear » (au lieu de « copiar ») et qui considèrent que lire est une punition. Actuellement, il s’est diplomé en études littéraires à l’Université Javeriane de bogotá. Marcela Gomez-Cattin : (1961) née à Cali, Colombie, d’une famille de 8 enfants, Marcela a fait des études de littérature américaine à l’Université de Conecticut, aux Etats-Unis. Elle a travaillé en tant que professeur de 64


français, anglais et espagnol tout au long de sa vie. Pasionnée par la poésie et la nouvelle, Marcela donne des cours d’anglais et espagnol à l’école des mines d’Albi. magogo61@gmail.com Cristian Pineda (1984) dessinait des tortues ninja à l’age de 6 ans. Après avoir fait des études à Seville, Barcelone et Toulouse, il continue à les dessiner actuellement. http://cristian-pineda.blogspot.com/ Carolina Otero: Écrivain valencienne dont on peut lire le blog sur http:// carolinaoterobelmar.blogspot.com

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GUAYABO LITERARIO - GUAYABO COLECTIVO 55 Av. Fréderic Esteve Toulouse, France. www.guayabo.co


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