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Bâtir un avenir carboneutre
Les changements climatiques sont attribuables aux gaz à effet de serre générés par l’activité humaine, dont l’un des plus importants est le dioxyde de carbone.
La carboneutralité consiste à réduire les émissions de carbone pour arrêter ou réduire les changements climatiques.
Le 1er janvier 2023, il restait 4 748 jours avant le 31 décembre 2035, c’est-à-dire la date butoir pour la mise en place d’un réseau carboneutre. À la fin de 2023, il ne restera que 4 384 jours.
Ce qui se produira pendant l’année en cours – 2023 –sera déterminant pour le Canada. Nous devons faire en sorte que cette année joue un rôle déterminant dans la transition vers un réseau national plus propre.
Le gouvernement fédéral a annoncé un ambitieux plan de réduction des émissions dans lequel il fait état de son engagement à atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Pour le respecter, le Canada réduira sa dépendance à l’égard des combustibles fossiles au plus tard au milieu du présent siècle. Toutefois, selon les estimations établies par le gouvernement lui-même, le pays devra doubler, voire tripler sa production d’électricité actuelle pour décarboner d’autres secteurs de l’économie. De plus, le gouvernement souhaite que le secteur de l’électricité soit carboneutre d’ici la fin de 2035.
La bonne nouvelle concernant la carboneutralité
Les Canadiens ont toutefois des raisons de se réjouir!
• Le pays a l’avantage de posséder l’un des réseaux les plus propres au monde – moins de 20 % de l’électricité produite au Canada est issue de combustibles fossiles.
• Le pays met en œuvre depuis 2014 des normes de rendement applicables à la production d’électricité au moyen de gaz naturel. Il a aussi mis en place une tarification du carbone et a offert des mesures incitatives en faveur de plusieurs nouvelles technologies non émettrices. En outre, il éliminera graduellement d’ici 2030 les centrales au charbon.
• Au cours de la dernière année, les membres d’Électricité Canada ont dévoilé différents engagements axés sur la carboneutralité. Dans certains cas, les compagnies d’électricité se sont fixé des cibles beaucoup plus ambitieuses que celles établies par le gouvernement pour 2050.
La notion de « neutralité » que sous-entend le concept de carboneutralité, est importante.
Pendant cette transition hors du commun, tandis que nous poursuivrons nos efforts considérables pour réduire les émissions de notre secteur, la capacité de « neutraliser » les émissions difficiles à éliminer nous aidera à assurer un approvisionnement continu, abordable et fiable en électricité propre. Cet aspect est important, car certaines régions du pays ont recours aux combustibles fossiles pour produire une grande partie, voire la quasi-totalité de leur électricité mobilisable à la demande. De plus, des communautés éloignées non raccordées au réseau continueront de consommer de l’électricité issues de sources émettrices de carbone.
En conséquence, une approche exhaustive s’impose pour rendre le réseau carboneutre. Il ne s’agit pas de préférer une technologie aux autres : chacune d’entre elles sera nécessaire. Pour atteindre cet objectif, nous devons nous prévaloir de toutes les options qui s’offrent à nous – recours accru aux énergies renouvelables, centrales hydroélectriques classiques, petits réacteurs modulaires, captage de carbone, stockage d’énergie et transmission d’électricité.
Le dilemme de la réglementation
Le pays aura besoin d’un climat d’investissement et d’un environnement réglementaire efficaces pour faire la transition vers une économie plus résiliente et sobre en carbone. Selon les estimations du Conference Board du Canada, le secteur de l’électricité devra investir jusqu’à 1,7 billion de dollars d’ici 2050 afin de renforcer la capacité du réseau pour la porter aux niveaux recommandés par le gouvernement.
Le problème, c’est que la majeure partie des règlements qui régissent le secteur canadien de l’électricité remontent au milieu du xxe siècle, à une époque où les termes comme « changements climatiques » et « carboneutralité » n’existaient pas. Les compagnies d’électricité modernes ont souvent de la difficulté à investir dans des technologies novatrices comme le stockage par batterie et les réseaux intelligents du fait que la nécessité de ces dépenses était un concept inexistant au moment de la création du système de réglementation des tarifs il y a de 60 à 70 ans.
La réglementation du secteur canadien de l’électricité entraîne d’autres complications énormes.
• Au Canada, la responsabilité de la gestion des ressources naturelles revient aux dix gouvernements provinciaux et aux trois gouvernements territoriaux.
• De façon générale, chaque province agit comme bon lui semble et adopte une approche qui lui est propre au chapitre de la politique de l’électricité, des droits de propriété, des structures sectorielles et des technologies de production.
• C’est pourquoi chaque province possède son propre système de réglementation économique. Dans bon nombre de cas, les priorités fédérales et provinciales dans le domaine de l’énergie ne sont pas harmonisées, ce qui complique l’élaboration de politiques.
Au palier fédéral, plus de 90 règlements ou projets de règlement touchent le secteur de l’électricité. Ces règlements relèvent de 31 lois différentes régissant des enjeux variés – émissions de gaz à effet de serre, espèces en péril, oiseaux migrateurs, protection de la navigation, etc. La Loi sur l’évaluation d’impact et la Loi sur les pêches, qui ont toutes deux été modifiées en 2019, ajoutent à l’ampleur croissante des exigences réglementaires au pays.
Bâtir le réseau de l’avenir, une tâche qui pourrait exiger beaucoup de temps
Le secteur de l’électricité est souvent limité par le très lourd processus de délivrance de permis pour l’infrastructure. L’automne dernier, un projet de production d’hydrogène au moyen d’éoliennes a été annoncé à Terre-Neuve-et-Labrador. La construction ne prendra que deux ans… mais il en faudra de huit à dix pour obtenir le permis.
La planification, l’approbation et la construction d’une centrale hydroélectrique peuvent s’échelonner sur 25 ans.
Les études préparatoires et les travaux de construction nécessaires à l’aménagement de lignes de transmission – les grandes lignes électriques qui acheminent l’électricité sur de longues distances – sont extrêmement complexes. Il faut même des années d’investissements pour vérifier que l’infrastructure électrique dans votre rue est prête pour faire face à une charge accrue. Il n’est pas étonnant que le Canada se classe au 64e rang parmi les pays figurant sur la liste de la Banque mondiale pour la facilité et la rapidité d’obtention de permis de construction.
Que faut-il faire?
Élaborer une stratégie canadienne en matière d’électricité
Une grande partie des mesures qu’il faut prendre nécessite une coordination entre les gouvernements fédéral et provinciaux, auxquels s’ajoutent les administrations locales et les gouvernements autochtones. En plus d’adopter une stratégie intergouvernementale axée sur la coordination de ces efforts et du financement ainsi que sur la mise en commun des ressources, le Canada doit collaborer avec le secteur de l’électricité afin de mettre en œuvre le processus de planification et de construction.
Faire porter la réglementation sur les résultats et non sur le processus
À l’heure actuelle, une série de règlements limitent notre capacité à atteindre nos objectifs de carboneutralité. Pendant la pandémie de COVID-19, les gouvernements et les membres de l’industrie ont concerté leurs efforts pour faciliter la mise au point et le déploiement de vaccins et ils y sont parvenus. Nous avons besoin que tous les ordres de gouvernement fassent preuve d’autant de détermination et d’engagement dans le domaine de l’électricité. Les gouvernements doivent s’efforcer d’accélérer le développement au lieu de le ralentir.
Bâtir plus rapidement
Si le Canada ne trouve pas de moyens d’accélérer la construction de la nouvelle infrastructure électrique, il ne pourra atteindre ses objectifs climatiques pour 2035 et 2050. Cette année, en 2023, Électricité Canada publiera au nom du secteur de l’électricité un rapport proposant des solutions novatrices qui permettraient d’accélérer la délivrance des permis et les approbations pour les projets d’aménagement de l’infrastructure électrique.
Afin de respecter les échéanciers fixés par le gouvernement, il faudra procéder à des investissements massifs et mettre en place des systèmes efficients et efficaces pour la réglementation et la délivrance des permis au pays. Ces investissements sont essentiels pour favoriser l’essor de l’économie canadienne et réduire notre empreinte carbone. Ils permettent de créer de bons emplois, favorisent une croissance économique propre et assurent aux entreprises et aux ménages un approvisionnement continu en énergie abordable, durable et fiable. Les investissements et l’élimination des obstacles réglementaires porteront leurs fruits dans les années à venir.