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PETIT COIN, GRANDE IMPORTANCE

C’est généralement la plus petite pièce du logement. Mais on y passe pas mal de temps. Si, si, les toilettes, ça mérite bien un papier.

Comme le disait je ne sais plus qui, même la reine d’Angleterre (ah non mince, maintenant il faut s’habituer à dire le roi d’Angleterre), même le roi d’Angleterre donc, va sur le trône tous les matins. En fait, selon les chiffres de la très sérieuse World Toilet Organisation, nous allons aux toilettes 4 à 5 fois par jour, ce qui fait 1800 fois par an, et nous y restons en moyenne deux à trois minutes, ce qui représente près de une année de notre vie. Voilààà.

Pas d’appellation protégée

En conséquence, cet endroit joue un rôle considérable dans nos vies. Je dis cet «endroit», et il est très rigolo de compiler toutes les appellations par lesquelles on le désigne, du plus châtié au plus vulgaire: les lieux d’aisance, les cabinets, les commodités, les sanitaires, le petit coin, les waters, les WC, les gogues, les cagoinces, le mot qui commence par ch... et qui finit par ...ottes, ou encore les circonvolutions du style «là où tu ne peux pas aller à ma place». Un jour, mon compagnon a dit «je vais aux ouaoua», je l’ai retenu par le bras: «on est bien d’accord que c’est la dernière fois que tu prononces ce heu... mot, j’accepte que tu fumes, c’est dire si je suis tolérante, mais les ouaoua non, il y a des limites.» Et on est toujours ensemble.

C’est d’ailleurs pareil quand on doit exprimer ce que l’on y fait. Oui c’est gênant de dire qu’on fait pipi ou caca, ou qu’on va à selle, alors, c’est le cas de le dire, on tourne autour du pot. Faire ses besoins, la grande ou petite commission (franchement cette expression, au secours), faire popo (au secours bis, et interdit au-delà de l’âge de trois ans), quand ce n’est pas le très sexiste «je vais me repoudrer le nez», alors que tout le monde sait bien que vous allez vous concentrer sur une toute autre partie du corps.

Tout ça pour en venir à cette pièce de votre logement, ou ces pièces si vous avez la chance d’en avoir plusieurs. Déjà, dans la partie du monde qui a la chance de posséder des WC, nous sommes quasi unanimes à trouver que les toilettes intégrées à la salle de bain, c’est un tuel’amour, et un tue toute vie commune, en fait. J’ai trouvé ce chiffre: 75% des Français considèrent qu’avoir des toilettes séparées est un critère important dans le choix d’un logement. Il est vrai que converser, l’un assis dans le bain et l’autre sur les toilettes en train de faire pipi, n’est pas nécessairement la meilleure entrée en matière pour une soirée libido. Plus simplement, ce n’est pas une activité que l’on a envie de pratiquer en public, ni en étant stressé parce que l’autre veut aller se brosser les dents. C’est d’ailleurs un des rares endroits où on peut être tranquille parfois, chez soi. Quand on s’y enferme, dans une famille normale, on nous fiche la paix. Avant, on y mettait des journaux pour se détendre, on feuilletait des magazines, des BD, des trucs cool qui racontaient quelque chose des habitants. Ce n’est pas la même famille s’il y a Psychologies Magazine, Voici, ou Charlie Hebdo. Aujourd’hui, les gens y vont avec leur smartphone et jouent ou visionnent des vidéos, des fois, ils répondent à leurs mails, si leurs patrons savaient... Par- fois même, ils coupent la caméra et s’y rendent pendant une visio. Il ne faut pas oublier de couper le son évidemment, un accident est si vite arrivé.

Le style a son importance

La déco est importante. Vraiment. Il faut s’y sentir bien. Souvent c’est blanc parce que ça fait propre. Mais pour que le blanc reste propre c’est du boulot. Bof. Je milite pour l’ultra-personnalisé. Si on ne peut pas se lâcher dans cette pièce-là, alors où? Chez moi, c’est noir. Murs et sol, avec une tête de cerf dorée, un poster de la banane de Warhol, un nain de jardin argenté qui fait un doigt d’honneur, une construction noire en bois pour cacher la caisse du chat et des papiers de toilette de couleur, tant qu’à faire. Non ça ne déteint pas, rassurez-vous. D’ailleurs vous savez qu’on utilise environ 70 kilos de PQ par an et par personne? Mouais, c’est comme le fait d’excréter dans l’eau potable, il va falloir trouver des solutions un peu plus écolos à l’avenir. Mais ça va être difficile de renoncer au papier sous nos latitudes, un choc culturel encore pire que les toilettes sèches. Pendant le covid quelle était la priorité hein? Sauver sa vie et celle de ses proches? Non, se ruer chez Lidl pour aller stocker du PQ en quantités industrielles, tellement nous sommes paniqués à l’idée de devoir faire sans.

Ah oui, une dernière question: vu que les toilettes sont non genrées à la maison, quand il y a des occupants mâles et femelles, on met la lunette en haut ou en bas? Alors je suis catégorique: en bas. Pas pour mon confort égoïste (enfin si aussi) mais pour des raisons esthétiques. La lunette relevée pardon hein, mais c’est moche. Bon allez, j’arrête de vous emmerder (je plaisante).

Savez-vous qu’on utilise environ 70 kilos de PQ/an/ par personne? DR

Cgi Conseils

par Laure MEYER, avocate

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