5 minute read

MÉTIERS DE L’IMMOBILIER/CONSTRUCTION: UN VIVIER DE DÉBOUCHÉS

Tandis que les jeunes romands sont de plus en plus nombreux à se tourner vers de longues études, les offres d’emplois et formations professionnalisantes se multiplient dans le secteur de la pierre.

En ce début mars, l’attribution des places d’apprentissage pour l’été 2023 bat son plein. Au compteur: pas moins de 33'000 offres disponibles dans le pays. Une opportunité séduisante outre-Sarine... moins du côté romand, où les candidats sont loin de se bousculer au portillon. Si chez les alémaniques entre 60 et 70% des élèves optent volontiers pour la voie professionnelle, en Romandie et tout particulièrement dans les cantons de Genève et Vaud, ce taux chute drastiquement, frôlant les 20%.

Une voie professionnelle désavouée à tort

«Il est clair qu’il y a des disparités cantonales assez importantes, même au sein de la Suisse romande. Les jeunes du canton de Fribourg par exemple rentrent plus facilement dans la voie de l’apprentissage que ceux de Genève», décrit Thomas Di Falco, chef du service de l’orientation professionnelle FR. La faute à l’image péjorée qui colle à cette voie dite «de garage». L’expert précise: «L’apprentissage est hélas encore pénalisé pour des raisons histo- riques, liées aux difficultés de progression professionnelle ou d’accès à des formations supérieures. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.» Mais si les jeunes l’ont bien compris selon Thomas Di Falco, les parents, qui ont la plus grande influence sur ce choix décisif de carrière, sont encore nombreux à s’en tenir à ce regard erroné. Pourtant, le système suisse de formation étant de plus en plus perméable, un apprentissage dual permet non seulement de combiner théorie et pratique, de disposer d’un diplôme professionnel largement reconnu après trois ou quatre ans mais également d’accéder à présent aux Hautes écoles et universités. Une aubaine pour les entreprises qui «disposeront à l’avenir d’une future relève mieux formée que par le passé», indique le spécialiste.

D’autant que les formations foisonnent...

Néanmoins, une fois le choix entre voie professionnelle et générale acté, reste que le jeune n’est pas au bout de ses peines et doit encore se diriger vers un métier. Pas évident du haut de ses quinze ans... Pour l’y aider, de nombreux accompagnements se mettent en place, notamment dans l’immobilier et la construction. Un secteur primordial pour l’économie puisque celui-ci ne génère pas moins de 17% du PIB et 556'000 emplois. Si bien que des CFC voient le jour, comme celui d’installateur solaire, premier du genre, prévu pour la rentrée 2024. Les lignes bougent et des fondations comme celle de ForPro, à Genève, espèrent servir de guide. Attendu à l’horizon 2024, son espace flambant neuf de 22'000 m2 au cœur de l’Espace Tourbillon (Plan-les-Ouates) sera justement dédié aux apprentis du canton, leur offrant de valoriser des compétences-métiers comme celles de la construction. Actuellement en chantier, le bâtiment de ForPro a d’ailleurs entamé sa mission puisque des apprentis œuvrent à sa livraison. Mais pour arriver dans ce secteur, nul besoin d’être tombé dedans tout jeune (comme Obélix). La reconversion typiquement, qu’elle s’effectue en début, milieu ou fin de carrière, ouvre elle aussi les portes de cette branche connue de tous mais parfois délaissée. Des initiatives comme «Manœuvre ta relève» sont justement sur le banc d’essai depuis l’automne dernier. Le but étant d’offrir un processus accéléré et avant tout pratique aux par- ticipants grâce à un approfondissement de plusieurs mois au sein de l’association Réalise, avant que des entreprises du secteur ne prennent le relai à l’aide d’un stage d’initiation. Une formation d’un nouveau genre pour apprendre les rudiments des métiers du gros œuvre (principalement maçonnerie et génie civil) mais qui devrait bientôt s’étendre auprès de divers domaines tels que l’isolation, l’étanchéité et autres ramifications de la transition énergétique.

Dernièrement, ce sont surtout des académies créées directement au sein des entreprises qui ont fleuri. A l’image de la Talent Academy chez Groupe E ou encore la Helion Academy du leader suisse de l’installation photovoltaïque éponyme. «Nous proposons désormais à tous nos employés une formation continue pour une montée en compétence et des perspectives à l’interne», souligne André Gomes, directeur romand d’Helion Energy. Et en matière de formation continue, nouveau graal de l’acquisition de connaissances, un acteur romand se démarque pour les métiers de la régie immobilière, siégeant en tant que pilier incontournable: l’USPI Formation. «Nous sommes l’école des professionnels, c’est-à-dire des 400 régies qui gèrent environ 80% du parc immobilier romand. En tant qu’association à but non lucratif, nous devons former leurs collaborateurs et surtout leur relève car il y a aujourd’hui une réelle pénurie sur le marché de la gérance», signale Olivier Peyrot, président de l’USPI Formation.

...et les débouchés sont certains Une pénurie qui s’explique par plusieurs phénomènes. Tout d’abord, un dédoublement des besoins causés par la multiplication des acteurs. «Depuis que nous avons titrisé la pierre, beaucoup de fonds de placement, de caisses de pension ou propriétaires institutionnels sont arrivés sur le marché de l’immobilier et ont ensuite internalisé une partie de l’activité de gérance, créant un échelon de plus et leur propre équipe en doublon», décrypte Olivier Peyrot. Ce à quoi s’ajoute une activité de construction plus intense ces dernières décennies selon l’expert: «Nous n’avons jamais autant construit que ces vingt dernières années, une sorte de vingt glorieuses immobilières, en particulier pour les immeubles locatifs et PPE. Ce sont en- viron 23% de logements en plus en Suisse romande qu’il faut ensuite gérer, d’où le manque de personnel.»

Au fil du temps, l’insuffisance de professionnels se fait donc ressentir numériquement dans le secteur mais pas seulement. «Nous avons remarqué que les métiers de l’immobilier se spécialisaient énormément en ce moment. Du fait, entre autres, de la transition énergétique, des petites régies généralistes où les employés sont toucheà-tout et doivent s’adapter à une profession de plus en plus complexe», remarque Murielle Girardin, directrice de l’USPI Formation. Un marché avec de nouveaux besoins, toujours plus pointus, qui changent la donne. «Chaque année nous diversifions nos formations pour coller à l’actualité, aux divers niveaux et aux spécificités renouvelées», ajoute-t-elle.

De nouvelles compétences, plus techniques, auxquelles les régies n’arrivent plus à faire face. «Le gros challenge de demain sera de spécialiser les gérants techniques à la rénovation énergétique. Les régies œuvrent à développer cette pres-

S’informer au printemps de l’apprentissage

Si vous, ou l’un de vos proches, êtes à la recherche d’une place d’apprentissage pour la prochaine rentrée, rendez-vous au printemps de l’apprentissage le mercredi 8 mars au Pavillon Sicli, 45 route des Acacias à Genève. Au programme: des simulations d’entretiens d’embauche et des recrutements en direct proposés par des entreprises formatrices telles que BDO, El Top, Sedelec, Romande Energie Services, Swisspro SR ou encore Services industriels de Genève SIG-Formation.

tation mais elles n’y arriveront pas seules donc des sociétés connexes comme Signa-Terre viennent en renfort», appuie Olivier Peyrot. Des entreprises affluent sur le marché et offrent de nouveaux débouchés dans ce secteur déjà demandeur de main-d’œuvre... Lors de sa séance du 1er février dernier, le Conseil fédéral approuvait un rapport affirmant que le secteur de l’énergie devrait augmenter les besoins d’environ 16'500 équivalents plein-temps (EPT) en 2035 et 15'500 EPT en 2050. En clair: l’immobilier et la construction recrutent et ce n’est que le début. Mais pour être engagé, exit les longues études. «Rien ne sert de se lancer dans dix années d’études universitaires, la voie royale c’est le terrain et la formation continue. On parle ici de métiers, certes de plus en plus techniques mais avant tout humains», conclut Murielle Girardin. Alors, désireux de (re)commencer une carrière dans un métier pluriel, d’avenir et en constante mutation? Cap sur l’immobilier et la construction.

Julie Müller

séances d’information formations généralistes perfectionnements professionnels préparations aux Brevets fédéraux cursus de reconversion

Vous souhaitez vous lancer dans une carrière immobilière ?

Vous êtes un professionnel actif dans le monde immobilier et désirez développer vos compétences avec de la formation continue ?

Quel que soit votre profil et votre projet, l’USPI Formation peut vous accompagner.

Portrait d’un alumni de l’IEI

This article is from: