Le milliard de la Banque Nationale appartient aux pauvres

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Après les baisses d’impôts et les programmes d’économie dans les cantons

Le milliard de la Banque Nationale appartient aux pauvres La Banque Nationale suisse (BNS) a fait un bénéfice de 38 milliards de francs en 2014. Il est prévu que les cantons touchent chaque année un milliard de francs provenant des bénéfices de la BNS. Au vu de ce bénéfice exceptionnel, les cantons demandent une nouvelle distribution et exigent un milliard de francs supplémentaires pour redorer leur budget 2015. Ces dernières années, tous les cantons ont procédé à des baisses d’impôts. Pour tenir leur place dans la concurrence fiscale qu’ils se livrent entre eux, ils ont mené une politique de sous-enchère. La réforme de l’imposition des entreprises décidée en son temps par l’ancien conseiller fédéral Merz et proposée à l’approbation du peuple sur la base de chiffres faux s’est ajoutée à cette sous-enchère. Résultat de cette politique : les baisses d’impôts ont surtout profité aux personnes des segments de revenus les plus élevés et aux entreprises. Le revers de ces cadeaux, c’est l’actuel déficit et l’impasse financière dans lequel plusieurs cantons se trouvent aujourd’hui.

Boucs émissaires pour les caisses vides des cantons Pour retrouver un budget relativement équilibré, les cantons ont pris des mesures d’économie. Au lieu de reconnaître que les baisses d’impôts étaient exagérées, ce qui aurait permis de justifier des mesures de correction, ils ont cherché des boucs émissaires, et ce sont les personnes touchées par la pauvreté qui vont faire les frais de ces économies ! Tout juste celles et ceux qui n’ont absolument pas profité des baisses d’impôts sont maintenant tenus pour responsables du désastre et de la nécessité actuelle de faire des économies et d’augmenter les impôts. C’est un non-sens.

Démantèlement social et politique d’expulsion des personnes touchées par la pauvreté Plusieurs parlements cantonaux ont d’ores et réduit l’aide sociale. On considère que 30 francs par jour pour manger, se vêtir, aller chez le dentiste, se déplacer en transports publics et avoir un accès Internet, c’est trop. Bel argument. Le canton de Berne a joué les pionniers, et d’autres cantons suivent. Plusieurs communes, notamment dans les cantons de Saint-Gall et d’Argovie, mènent aussi une politique d’expulsion des personnes touchées par la pauvreté en les poussant à déménager sur les communes voisines pour éviter des coûts. Des personnes pauvres déplacées dans leur propre pays : normalement, on parle de ce genre de pratique dans les pays lointains dirigés par des dictateurs.

Un retour aux prestations ordinaires de l’aide sociale Caritas attend donc des cantons qu’ils cessent de mettre sur le dos des personnes les plus pauvres les conséquences de leur politique fiscale. Nous voulons que les cantons et leurs parlements utilisent les milliards supplémentaires qu’ils toucheront de la BNS pour revenir aux prestations ordinaires de l’aide sociale selon les Normes de la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS). Ces milliards supplémentaires appartiennent aux personnes touchées par la pauvreté !

Caritas Suisse, service de presse 1, 22 janvier 2015


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