Le magazine de Caritas juin 2020

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CARITAS N° 3 / Juin 2020

Actualité

Crise du coronavirus : des vies basculent Page 5

Actuel

Point fort

Monde

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La responsabilité de la Suisse

Protéger les pays du Sud du virus

Les plus pauvres s’adaptent au climat


Lettre ouverte

« Votre solidarité est impressionnante ! » Chères donatrices, chers donateurs, Voilà des mois que notre vie quotidienne est marquée par la crise du coronavirus. Beaucoup de choses ont changé quasiment du jour au lendemain : la liberté de mouvement, les échanges humains, le quotidien professionnel et la vie sociale sont restreints. L’insécurité et l’incertitude prédominent. Les répercussions économiques et sociales de la pandémie sont lourdes et mesurables. Le nombre de chômeurs a récemment passé la barre des 200 000. Il n’avait plus été aussi élevé depuis une génération. Les chômeurs d’un certain âge ont peu de chances de retrouver un emploi. Les jeunes qui terminent leur apprentissage devront attendre un certain temps pour décrocher leur premier poste. Le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale augmente rapidement. Il y a aussi beaucoup de personnes qui passent entre les mailles du filet social et qui ont besoin d’une aide d’urgence, voire d’une distribution gratuite de nourriture. Des milliers de familles ont brusquement perdu une partie de leur modeste revenu et ne parviennent plus à payer les factures de dentiste, les frais de scolarité

« Ces personnes ont besoin d’une aide simple et rapide »

ou le loyer. Les acteurs indépendants de la culture et les sans-papiers se trouvent eux aussi soudain confrontés au néant. Ces personnes ont besoin d’une aide simple et rapide. Beaucoup s’adressent à Caritas. Nous les écoutons, nous les conseillons et leur apportons une aide individuelle. Une tâche à laquelle nous avons jusqu’ici consacré plus de deux millions de francs. Ce n’est possible que grâce au grand soutien que nous avons reçu de votre part, chères donatrices, chers donateurs. Votre solidarité est impressionnante ! Mais il y a aussi d’amères réalités géographiquement plus éloignées : les camps de réfugiés en Grèce, les déplacés d’Idleb en Syrie, les travailleuses du textile au Bangladesh ou les personnes qui ont perdu leurs moyens de subsistance à cause du confinement. Je craignais que ces situations dramatiques soient oubliées. À tort. Loin de les perdre de vue, vous avez là aussi apporté votre aide. Je suis profondément touché et impressionné par cette marque concrète de solidarité et d’humanité ! Avec l’expression de toute ma reconnaissance et de mon profond respect.

Hugo Fasel, directeur de Caritas Suisse

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Photo : Franca Pedrazzetti


Sommaire

Coronavirus : ils n’ont plus rien Avec la crise du coronavirus, de nombreuses personnes se retrouvent au bord du précipice. Celles qui vivaient déjà auparavant avec le minimum sont tout à coup dépendantes d’une aide. Des milliers de personnes dans le besoin se sont adressées à Caritas et ont reçu une aide d’urgence simple et rapide. Lisez les portraits de quatre personnes qui vivent des situations très diverses. Page 5

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Actuel : le coronavirus touche les plus pauvres

Caritas fournit une aide directe et concrète, et s'engage aussi politiquement pour les plus pauvres.

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P oint fort : protéger les plus vulnérables

Caritas aide les victimes de la crise du coronavirus en Bolivie, en Haïti et au ­ ­Soudan du Sud.

12 Climat : les paysans doivent s’adapter

Les paysans du Sud doivent s'adapter au changement climatique. Caritas les aide par des mesures écologiques, économiques et sociales.

IMPRESSUM Le magazine de Caritas Suisse paraît 6 fois par an. Adresse de la rédaction : Caritas Suisse, secteur Communication et Marketing, Adligenswilerstrasse 15, case postale, CH-6002 Lucerne, Courriel : info@caritas.ch, www.caritas.ch, Tél. +41 41 419 22 22 Rédaction : Lisa Fry (lf) ; Fabrice Boulé (fbo) ; Stefan Gribi (sg) ; Anna Haselbach (ah) ; Vérène Morisod Simonazzi (vm) Abonnement : l’abonnement annuel coûte 5 francs. Il est prélevé une seule fois sur les dons sans affectation. Graphisme : Urban Fischer Photo de couverture : Alexandra Wey Imprimerie : Kyburz, Dielsdorf Papier : 100 % recyclé Dons : PC 60-7000-4

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Écho

Peter Marbet, nouveau directeur de Caritas

Dès le 1er novembre, Caritas Suisse aura un nouveau directeur. Peter Marbet (53 ans) a été élu à l’unanimité par le Comité de Caritas Suisse. Il a étudié l’histoire contemporaine et les sciences politiques à Berne. Il est titulaire d’un Executive Master of Business Administration en

gestion des organismes sans but lucratif (OSBL). Il va remplacer Hugo Fasel qui prendra sa retraite après douze ans à la tête de notre organisation. Peter Marbet a travaillé en tant que responsable de l’information pour une grande compagnie d’assurance-maladie. Il a été responsable du Département Politique et Communication de santésuisse. Depuis 2008, Peter Marbet est directeur du Centre de formation en soins infirmiers de Berne. Outre ses compétences dans les domaines de la santé, de la formation et de la politique sociale, il a également une grande expérience des structures politiques fédérales et cantonales. Peter Marbet a vécu deux ans au Brésil et connaît bien les problèmes des pays en développement. (lf)

Paysans de montagne : bienvenue aux jeunes bénévoles !

Caritas Suisse cherche 1000 bénévoles pour aider les paysans de montagne pendant les mois d’été. Cette année, près de 40 % des bénévoles étrangers ou appartenant aux groupes à risque du coronavirus ne seront pas au rendez-vous.

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Caritas doit trouver des bénévoles supplémentaires, si possible plutôt jeunes. Parlez-en autour de vous ! Un engagement montagnard est attrayant. On vous demandera de faire les foins, réparer les clôtures, aider à la maison ou s’occuper des animaux. Beaucoup de bénévoles trouvent le travail certes dur, mais très satisfaisant. En période de coronavirus, les voyages à l’étranger ne sont pas recommandés — pourquoi ne pas découvrir la vie dans une ferme de montagne ? Consultez les diverses exploitations et inscrivez-vous directement ! (lf)

Plus d’informations : montagnards.ch

Dans les médias Le Temps | « Avant, les pauvres se cachaient. Aujourd’hui, on voit la réalité » | 9. 5. 2020 Le directeur de Caritas, Hugo Fasel, prévient : « Il y a, en Suisse, 660 000 personnes touchées directement par la pauvreté et, au total, 1 million qui vivent dans une situation de précarité. » Ces personnes devraient, selon lui, pouvoir être aidées par le biais de paiements directs. RTN | « La pandémie augmente le risque de sombrer dans la pauvreté » | 8. 5. 2020 Caritas Suisse et les Caritas régionales ont alloué depuis le début de la crise une aide transitoire à près de 4000 personnes pour un total de plus d’un demi-­million de francs. Léman Bleu | « Ils contribuent à notre richesse, à la stabilité de nos institutions de protection sociale, mais ils sont sans droits maintenant. » | 8. 5. 2020 Le directeur de Caritas Genève, Dominique Froidevaux, témoigne du quotidien des personnes en situation précaire. Le Nouvelliste | « Davantage de gens en difficulté en Valais » | 7. 5. 2020 Caritas Valais a envoyé 13 000 francs de bons alimentaires à des personnes dans le besoin grâce au fonds de la Chaîne du Bonheur. « Cela représente une quarantaine de familles aidées que nous ne suivions pas auparavant. C’est en tout cas cinq fois plus que ce que l’on distribuait avant la crise », note Alexandre Antonin, directeur de Caritas Valais. La Liberté | « Le virus de la pauvreté se propage » | 7. 5. 2020 « Nous sommes confrontés ces dernières semaines à énormément de demandes d’appui et de soutien, souvent de la part de personnes que nous n’avions pas l’habitude de rencontrer auparavant », explique Anne-Pascale Collaud, de ­ Caritas Fribourg.

Photos : Niels Herrmann, DR


Reportage

Coronavirus : les oubliés de la crise Texte : Lisa Fry Photos : Alexandra Wey

Totalement démunie, Ruth Mauron s’est tournée vers Caritas.

Un grand nombre de personnes qui vivaient très modestement avant la crise se trouvent maintenant au bord du gouffre. Elles ont perdu leur emploi, elles n’ont pas d’assurance ou elles ne peuvent pas exercer leur activité professionnelle à cause des mesures de sécurité édictées par la Confédération. De plus, elles ont peur d’être infectées. La pandémie nous concerne et nous inquiète toutes et tous. D’un jour à l’autre, on se retrouve confiné, au chômage partiel, les événements sont annulés, les entreprises ne fonctionnent plus et les gens perdent leur emploi. Un certain nombre de personnes passent entre les mailles du filet et ne bénéficient pas des mesures de la Confédération. Leur existence est brutalement remise en question. C’est le cas de Ruth Mauron (55 ans) qui vit dans la région du lac de Constance.

Ruth Mauron : chômage partiel et bas salaire Ruth avait deux emplois : elle était vendeuse dans un kiosque et blanchisseuse dans une institution sociale. Même avec ses deux jobs, son budget était très serré et elle avait de la peine à payer ses factures. Maintenant, c’est encore pire. Elle ne travaille que quelques heures au kiosque, sur appel. Et la blanchisserie l’a mise au chômage partiel, elle n’y va plus que trois matins par semaine. Elle ne touche pas d’indemnités chômage pour

le kiosque puisqu’elle n’y travaille que sur appel. Ruth s’est adressée à Caritas Saint-Gall. « Je ne savais plus comment faire, la situation était impossible », explique-t-elle. L’assistante sociale de Caritas analyse sa situation, vérifie son dossier et commence par l’aider à obtenir des bons d’achat pour l’Épicerie Caritas. « En plus, elle m’a proposé un autre rendez-vous, explique Ruth Mauron. Elle a examiné ma situation en détail avec moi et mis en place des mesures qui me permettent de l’améliorer. » Ruth Mauron revient sur son parcours de vie difficile, avec beaucoup de hauts et de bas. Elle s’est trouvée à maintes reprises en difficulté financière, elle a dû subvenir aux besoins de son fils, puis de sa fille. Elle est en retard dans le paiement de ses impôts

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Reportage

Les bons d’achat des Épiceries Caritas aident Ruth Mauron à joindre les deux bouts.

et n’arrive pas à payer ses primes d’assurance-maladie. « C’est comme ça », ditelle. Ruth est une battante qui ne baisse

« Je suis très heureuse de l’aide de Caritas qui me permet de retrouver un peu de sécurité » pas les bras. « Chaque jour est un nouveau jour. Je suis très heureuse d’avoir obtenu de l’aide de Caritas, cela me permet de retrouver un équilibre et un peu de sécurité. » À l’appel, sans assurance Une majorité des personnes qui se sont annoncées aux Caritas régionales ces dernières semaines travaillent sur appel et pour un salaire horaire. Et beaucoup

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sont des personnes à faible revenu, n’ont pas été déclarées aux assurances par leur employeur et n’ont aucune économie. De nombreuses familles, notamment des familles monoparentales, se sont retrouvées dans une situation difficile. Caritas peut leur apporter une aide rapide et sans complication administrative. Elle a lancé un appel à l’aide très remarqué pour les victimes du coronavirus et reçoit également des fonds de la Chaîne du Bonheur. Elle offre un répit et une transition jusqu’à la prise en charge par les services sociaux ou le versement des prestations complémentaires. Elle apporte également un soutien aux personnes qui ne bénéficient d’aucune aide de l’État. Caritas distribue par exemple des bons couvrant les besoins quotidiens. Elle prend en charge le versement d’un loyer, de primes d’assurance ou d’autres factures qui ne peuvent pas attendre. Elle fournit une aide d’urgence — avec les

clarifications nécessaires, bien sûr — aux personnes si durement et subitement frappées par le destin ; et elle les écoute. Carolina Pereira : double charge, plus de revenus Carolina Pereira* (60 ans) a, elle aussi, pu compter sur l’aide rapide et l’écoute de Caritas. Elle vit à Genève depuis neuf ans, tout comme ses enfants. Elle travaille comme femme de ménage pour différentes familles, ce qui lui permet de vivre cahin-caha. Sa fille, très gravement malade, est actuellement à sa charge. La situation est donc difficile. « Ma fille a été opérée trois fois. J’espère qu’elle va se rétablir. » Elle raconte qu’elle a toujours eu une bonne relation avec ses employeurs, mais ils ne l’ont plus contactée depuis le début de la crise. « Tout le monde a peur du virus. Je peux le comprendre », dit-elle d’une petite voix. « Mais moi, de quoi vais-je vivre ? Combien de temps ça


Reportage va durer ? » Elle est heureuse que l’assistante sociale de Caritas Genève ait été si attentionnée au téléphone quand elle a finalement osé appeler. La conseillère a tout de suite compris son problème et lui a promis une aide pour payer le prochain loyer. Carolina est soulagée. « Je suis tellement heureuse que quelqu’un se préoccupe de nous, comme si nous étions importants à ses yeux. » Les jours qui ont suivi, l’assistante sociale a appelé presque quotidiennement : elle avait besoin de plus d’informations pour remplir les demandes nécessaires aux différents offices. Mais elle demande à chaque fois comment Carolina se porte. « Cela me donne un sentiment de sécurité », dit cette dernière.

der de l’aide. J’ai donc été très heureux de trouver une telle compréhension, dit-il. Je pense recevoir aussi quelque chose de l’assurance perte de gain, mais cela ne sera pas suffisant pour subvenir aux besoins d’une famille de quatre personnes. J’ai donc besoin d’une autre aide. Je suis soulagé que Caritas Thurgovie soit entrée

en matière aussi vite. J’ai pu au moins payer le loyer. » Il ne sait pas encore comment il va faire pour la suite. Les manifestations risquent d’être annulées pendant longtemps. « J’espère que la situation actuelle va au moins permettre de reconnaître la précarité des créateurs culturels en Suisse. »

« Je n’avais jamais dû faire face à une si longue période sans revenus » Finn Jagd Andersen : des manifestations annulées La situation de Finn Jagd Andersen (41 ans) en Thurgovie est un peu différente. Il est professeur des arts du cirque et acrobate indépendant. Ses revenus irréguliers lui ont jusqu’ici toujours permis de nourrir ses deux enfants. Son travail au cirque et avec les enfants, c’est toute sa vie. Lors des semaines projet-cirque, il apprend aux enfants des numéros de clown, et à jongler. Finn Andersen a toujours connu des moments difficiles financièrement parce que ses projets sont irréguliers. Et cette année, à cause de l’épidémie, tous ses mandats sont tombés à l’eau. Pratiquement tous les festivals et représentations ont été annulés. Il n’avait jamais dû faire face à une si longue période sans revenus. Lorsqu’il a entendu parler de l’aide transitoire de Caritas, il s’est tout de suite adressé à Caritas Thurgovie. « Je ne suis pas particulièrement doué pour deman-

Finn Jagd Andersen a été très heureux de trouver autant de compréhension à Caritas Thurgovie.

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Reportage Famille Gerzner : la méfiance sur le pas de la porte Dans le canton d’Argovie, la famille Gerzner* fait partie des gens du voyage. Les parents font du porte-à-porte pour

« Psychiquement, c’était stressant d’être traités comme des criminels » vendre et acheter toutes sortes de choses. Ils réunissent des objets pour le marché aux puces ou proposent des textiles, linges, maniques, etc. Ils font des vide-greniers. Ils sont aussi rémouleurs. Comme ils vivent dans une zone rurale, leur clientèle est paysanne. Une partie de

leur travail est donc payée en nature : légumes ou fruits frais. Depuis le début de la crise, leur existence est devenue vraiment difficile. Les premières semaines, ils ont eu l’interdiction de faire du porte-àporte à cause du risque de propagation du virus. Ils ont fait l’objet de contrôles de police lorsqu’ils étaient sur la route. « Psychiquement, c’était stressant d’être traités comme des criminels », soupire Emilia Gerzner* (40 ans). « Aujourd’hui, nous avons de nouveau le droit de faire du porte-à-porte, mais les gens ne le savent pas. Nous devons d’abord les informer et les convaincre de nous ouvrir. » Ils ne réussissent à vendre qu’une infime partie de ce qu’ils vendaient auparavant. La famille qui a deux enfants en âge scolaire ne reçoit pas de prêt relais parce qu’elle est déjà endettée. Les indemnités perte

de gain ne suffiront pas à assurer leur existence. Caritas Argovie les aide en leur donnant des bons d’achat. Il faut encore voir si une aide supplémentaire est possible. Les Gerzner sont heureux d’avoir trouvé un conseil fiable à Caritas. *Les noms ont été modifiés

Plus d’informations : caritas.ch/covid

Vague de solidarité partout en Suisse La crise du coronavirus a déclenché une énorme vague de solidarité en Suisse. Un grand nombre de personnes veulent aider les plus précaires, comme en témoigne la collecte de fonds de la Chaîne du Bonheur. En outre, dans de nombreux endroits, une aide de voisinage s’est mise en place ; les jeunes s’occupent des courses pour les personnes âgées ou des enfants des parents qui doivent aller travailler. Certaines Épiceries Caritas — qui proposent des denrées alimentaires et des produits d’usage courant à prix raisonnable pour les personnes précaires — ont également eu besoin d’aide. Plusieurs employés des Épiceries appartenant euxmêmes à des groupes à risque ont dû rester à la maison. Mais d’autres personnes, notamment des jeunes, se sont offertes pour donner un coup de main. Par exemple, l’Épicerie de Saint-Gall fonctionne uniquement grâce à des bénévoles. Noemi Pazeller (17 ans) étudie actuellement pour sa maturité. Depuis

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début avril, elle travaille aussi un jour par semaine à l’Épicerie Caritas. « Je découvre un univers complètement différent. C’est formidable de rencontrer de

nouvelles personnes. Même quand je n’en peux plus, le soir, cela me plaît encore, dit-elle. Et je suis heureuse de voir à quel point tout va bien pour moi. »

Noemi Pazeller et Béatrice Zanga sont bénévoles à l'Épicerie Caritas à St-Gall. Elles y rencontrent des personnes de tous horizons.

Photo : Sybille Pelzmann


Actuel

Caritas demande plus de soutien public pour les personnes dans le besoin à cause du coronavirus. Les familles monoparentales sont très touchées.

La crise du coronavirus affecte plus durement les plus pauvres En Suisse et dans le monde, la crise du coronavirus menace l’existence des personnes les plus pauvres. Caritas propose une aide concrète et directe aux personnes concernées. Elle veille également à ce que les réponses politiques à la crise n’oublient pas les plus faibles. Imaginez que vous ayez un revenu tellement faible que vous pouvez à peine faire face à la vie quotidienne. Vous devez consacrer chaque franc que vous gagnez aux besoins de base. C’est la réalité des personnes vivant au seuil de pauvreté. Avec cette pandémie, on prend conscience qu’un très grand nombre de personnes n’ont pas les moyens de faire face à une crise sévère et inattendue, et aucune réserve financière. Caritas lutte contre tous les aspects de la pauvreté, en Suisse et dans le monde. Cette mission est particulièrement importante dans la crise actuelle, qui frappe si durement les personnes les plus pauvres. Caritas met en place des projets concrets en Suisse et dans le monde, comme vous le voyez dans les articles de ce numéro.

Photo : Thomas Plain/Caritas

Mais Caritas Suisse a également une responsabilité plus large et exerce une influence politique. Paquet de mesures pour les ­personnes pauvres en Suisse À l’occasion de l’ouverture de la session extraordinaire du Parlement début mai, Caritas Suisse a lancé un appel aux Chambres, car le paquet de soutien du Conseil fédéral n’atteint pas du tout, ou insuffisamment, les groupes des personnes à faible revenu et des personnes en situation de pauvreté. Caritas a appelé le Conseil fédéral et le Parlement à prendre en compte la situation de ce groupe cible et à leur proposer des paiements directs et d’autres mesures d’aide. Cet appel a été entendu et diverses in-

terventions s’en sont fait l’écho, aussi bien au Conseil national qu’au Conseil des États. La Suisse doit prendre ses ­responsabilités dans le monde Dans les pays en développement, d’énormes lacunes économiques et sociales se font jour avec la pandémie. Hasard du calendrier, c’est maintenant que le Parlement discute de la manière dont la Suisse va concevoir sa coopération au développement des quatre prochaines années. Le Conseil fédéral veut en faire plus pour lutter contre le changement climatique et ses conséquences, ce qui est une bonne chose. Cependant, utiliser à cette fin les fonds consacrés à la lutte contre la pauvreté et la faim n’est pas admissible. Selon Caritas, la crise du coronavirus montre que la Suisse doit nettement augmenter sa contribution pour les populations des pays les plus pauvres. (sg)

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Point fort

Les plus pauvres dans les pays du Sud ne disposent pas des installations sanitaires nécessaires pour se protéger du coronavirus.

Protéger les personnes sans défense contre le virus et ses conséquences Les personnes vivant dans les pays les plus pauvres paient le plus lourd tribut à la crise du coronavirus. Pour protéger les plus vulnérables, des mesures d’hygiène et d’aide d’urgence sont nécessaires. Et la lutte contre la pauvreté requiert une nouvelle urgence. « Avant la crise, je vendais des sucreries aux automobilistes arrêtés aux feux. Cela me suffisait pour manger et me loger. Maintenant, je ne peux plus travailler puisqu’on ne peut pas sortir. J’ai peur d’être contaminée, ou que mes enfants le soient », explique Luz Maria Gutierrez qui vit en Bolivie. Livrés sans défense à la crise Les populations les plus pauvres des pays du Sud ne sont pas armées contre le coronavirus. Déjà avant la crise, une alimentation insuffisante et le manque d’installations sanitaires engendraient un état de santé précaire et un nombre élevé de personnes souffrant de maladies chroniques. En temps normal déjà, les sys-

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tèmes de santé de plusieurs pays en développement sont à leurs limites. La plupart des gens vivant dans les 20 pays où Caritas a des projets vivent d’expédients. Comme Luz Maria Gutierrez, ils travaillent dans des conditions précaires et ne peuvent pas compter sur la protection d’un système social étatique. Ces personnes sont les plus directement impactées par les couvre-feux ou la fermeture des frontières. Les prix augmentent, l’économie informelle se délite, il devient difficile, voire impossible, de faire du ­commerce. Caritas a commencé en mars déjà à adapter ses activités aux nouvelles nécessités des populations. Par exemple en Haïti, en Bolivie ou au Soudan du Sud.

Haïti : sensibilisation dans les régions rurales En Haïti, où le premier décès a été annoncé début avril, la population rurale pauvre est souvent négligée par le gouvernement. Caritas a donc lancé un projet dans trois communes rurales. Il s’agit de tirer profit de l’expérience acquise dans la lutte contre le choléra. Des membres de la communauté actifs dans le domaine de la santé sont formés sur les problèmes spécifiques que pose le coronavirus, et transmettent leurs connaissances lors de visites à domicile. Par la radio ou des affiches, on informe de l’importance des mesures d’hygiène. 3000 ménages reçoivent du savon, et des stations de lavage des mains sont installées dans les villages.

Photo : Alexandra Wey


Point fort Bolivie : aide de survie pour les plus vulnérables En Bolivie, l’interdiction totale de sortir engendre pour des milliers de personnes la perte de leurs revenus et même de leur logement. Les plus pauvres et les migrants vénézuéliens qui vivent du petit

Les plus pauvres sont les plus directement impactés par les couvre-feux ou la fermeture des frontières commerce dans la rue et habitent dans des logements collectifs sont particulièrement touchés. Dans différentes villes et dans la région frontalière avec le Pérou, Caritas distribue de la nourriture, des bons d’achat, des articles d’hygiène et du matériel de protection à 200 familles de réfugiés vénézuéliens et à plus de 1500 Boliviens particulièrement vulnérables. Les familles sont logées. Soudan du Sud : meilleur accès à l’hygiène Au Soudan du Sud, où le fléau des crickets menace également la sécurité alimentaire, Caritas Suisse travaille au

sein de la Corona Task Force de l’État de l’Équatoria-Oriental. Nous informons la population des risques et des mesures de prévention. La radio et des véhicules équipés de haut-parleurs informent jusque dans les villages reculés. Quelque 3000 familles reçoivent des seaux et du savon. Sept forages de puits sont remis en état pour permettre un accès à l’eau potable. Trente collaborateurs se rendent chez les habitants pour parler du virus et promouvoir les mesures d’hygiène. Un grand défi organisationnel La pandémie actuelle représente un énorme défi pour Caritas. À cause des restrictions de voyage, nos experts ne peuvent plus se rendre sur place. Nous devons renoncer à mener certaines activités, car les écoles sont fermées et les manifestations publiques interdites. « Partout où c’est possible, nous mettons nos projets en œuvre, nous essayons de réagir très vite aux changements de situation, et d’apporter une aide d’urgence » explique Franziska Koller, responsable du Secteur Coopération internationale. « À plus long terme, nous travaillons à atténuer les conséquences économiques désastreuses pour les personnes les plus précaires. »

Solidarité par-delà les frontières Depuis le début de la crise, la pauvreté a augmenté partout dans le monde. L’ONU craint que le nombre de personnes souffrant de la faim double d’ici la fin de ­l’année. Les conséquences du coronavirus ne sont pas encore entièrement prévisibles, et les pays en développement luttaient déjà contre la désertification due au changement climatique. « Pour éviter que la crise du coronavirus ne devienne une crise mondiale du développement, la solidarité ne doit surtout pas s’arrêter aux frontières nationales, rappelle Patrik Berlinger, responsable des questions de politique du développement à Caritas Suisse. Afin de freiner le réchauffement climatique et de compenser les effets négatifs, sur le développement, de la crise du coronavirus, la Suisse devrait augmenter ses dépenses de coopération au développement. C’est une question de solidarité, mais aussi d’intérêt propre bien compris, que de chercher à résoudre ensemble les crises globales. » (ah)

Plus d’informations : www.caritas.ch/covid-pandemie

Crise du coronavirus : les plus pauvres ont besoin de notre aide Par votre don, vous aidez les plus vulnérables dans le monde, dans cette crise du coronavirus.

Faites un don ! Compte : 60-7000-4 Mention : « Victimes de la crise du coronavirus »

Photo : Fabian Biasio

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Monde

Pour améliorer les récoltes, les semences doivent être de qualité et adaptées aux conditions climatiques changeantes.

Le climat change et aggrave l’insécurité alimentaire Les projets de Caritas Suisse au Mali pour l’adaptation au changement climatique donnent l’exemple d’une intervention large dans les domaines environnemental, économique et social. Les villageois améliorent leurs revenus et leur alimentation tout en préservant davantage les ressources naturelles. Ils s’éloignent durablement de la pauvreté. Illustration avec trois projets où développement à long terme et aide d’urgence doivent se compléter afin de renforcer la capacité des communautés locales à aller de l’avant. Les différentes régions du Mali connaissent une imprévisibilité croissante des précipitations pourtant capitales pour une agriculture dépendante du ciel. Les épisodes climatiques extrêmes se multiplient. Dans le Cercle de Bandiagara, au centre du pays, des mesures simples permettent d’augmenter la production de mil et de revaloriser les échalotes sur le marché. Amala Tapily, un agriculteur de 55 ans qui vit dans le village de Kendié, témoigne de l’efficacité des diguettes de pierre. Elles diminuent l’érosion des champs et retiennent l’humidité dans le sol. « En améliorant mes techniques de culture, j’ai sorti toute ma famille de la

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pauvreté », relate ce père de huit enfants, qui travaille la terre depuis plus de 30 ans. Auparavant, il produisait avec peine 150 kilos de mil par année, ce qui ne suffisait pas à nourrir sa famille. Par ailleurs, la construction d’un magasin de stockage en dur permet d’entreposer les échalotes dans de bonnes conditions. Elles sont maintenant vendues à un bon prix sur le marché de Bandiagara où elles étaient auparavant trop souvent bradées. Des variétés de maïs mieux adaptées Dans quatre communes du Cercle de Kita, regroupant quelque 35 villages, l’enjeu est aussi de contribuer aux capacités de résilience des communautés vulné-

rables. Le projet travaille avec 570 ménages (quelque 6000 personnes), petits producteurs de maïs afin qu’ils augmentent leurs récoltes en qualité et en quantité. Pour cela, il faut qu’ils aient un a ­ ccès durable aux moyens de production – appui technique, machines, outillage, semences de qualité et adaptées aux conditions climatiques changeantes, etc. L’amélioration des connaissances et de l’organisation des producteurs, ainsi que la gestion durable des ressources naturelles, constituent des aspects centraux de l’augmentation des rendements agricoles. Caritas encourage les producteurs à se constituer en coopératives et forme des conseillers agricoles villageois en vue de l’adoption de pratiques culturales résilientes au changement climatique : compost, cordons pierreux antiérosifs, achat et production de semences de qualité certifiée, de variétés adaptées aux conditions climatiques, utilisation des informations météorolo-

Photos : John Kalapo


Monde giques pour la planification et production agricole, adaptation du calendrier agricole en fonction de la pluviométrie, etc. Dans le cadre des coopératives, les producteurs apprennent ainsi à s’approvisionner en semences de qualité de variétés adaptées au changement climatique, ainsi qu’à produire, certifier et revendre leurs propres semences.

« En améliorant mes techniques de culture, j’ai sorti toute ma famille de la pauvreté » Finalement, la formation et l’organisation des producteurs ainsi que leur mise en réseau leur permettent également un meilleur accès au marché. Grâce à cela, ils peuvent vendre une partie de leur récolte et améliorent leurs revenus. Sauver le lac Wégnia À Wégnia, dans le Cercle de Kolokani, c’est un lac qu’il faut sauver pour assurer la survie des villages qui le bordent. L’érosion y use les champs cultivés trop près des rives et le lac se remplit de sédiments. Autrefois poissonneux, il faisait vivre de nombreuses familles de pêcheurs et complétait l’alimentation des villageois. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Pour ranimer le lac, des solutions existent : reboisement, protection des rives, adoption de variétés plus résistantes au changement climatique, rotation des cultures, adaptation des techniques agricoles, établissement de zones forestières intouchables. Les villageois sont pleinement conscients des services que leur rend toute la zone du lac et ils adoptent des pratiques qui évitent de fragiliser davantage leur environnement. Mais les milliers de personnes qui vivent autour du lac ne peuvent rien changer à l’évolution du climat qui contribue aussi à son assèchement chronique : la régularité des pluies est moindre, les précipitations sont parfois violentes et provoquent un ravinement important, et il fait toujours plus chaud. « Notre collabora-

tion avec Caritas améliore nos conditions de vie », se félicite Famougouri Diarra, maire de Guihoyo, la commune où se situe ­Wégnia. Afin d’assurer une amélioration régulière des conditions de vie dans ces régions fragiles, il est utile de combiner une approche de développement durable avec une aide humanitaire d’urgence si nécessaire, par exemple en cas de mauvaises récoltes et de déficit alimentaire. C’est ce qui est arrivé au terme d’une campagne agricole 2017-2018 très déficitaire dans la région du lac Wégnia, et qui se produit en ce moment dans le Cercle de Bandiagara qui souffre des maigres précipitations reçues en 2019. En 2018

à Wégnia, de l’argent a été distribué à 312 ménages (2200 personnes) désignés comme les plus vulnérables par les communautés dans six villages, leur permettant d’acquérir la nourriture qui leur manquait. Une telle mesure leur permet de travailler correctement leurs champs pour les prochaines récoltes et évite qu’ils recourent, notamment, à la coupe abusive de bois pour faire du charbon et le vendre. Une intervention comparable se met actuellement en place dans le Cercle de Bandiagara. (fb)

Plus d’informations : caritas.ch/modeste-f

La gestion durable des ressources naturelles est centrale pour l’augmentation des rendements agricoles.

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Bon à savoir

Directives anticipées : plus importantes que jamais pressent dans notre tête. Les questions médicales et les décisions qu’il nous faudrait prendre en font partie. Le document des directives anticipées vous permet de dire en toute indépendance ce que vous voulez pour vous. Ces directives offrent à votre famille et au personnel soignant la sécurité de savoir qu’en cas d’urgence, ils agiront conformément à ce que vous souhaitez. Le fait d’y avoir réfléchi par avance permet à la fois d’être mieux préparé soimême, et de soulager ses proches. On peut en tout cas mettre cette période extraordinaire à profit pour se poser la question et en discuter avec sa famille. (lf) La crise du coronavirus représente un défi pour chacune et chacun d’entre nous, et nous pousse parfois dans nos retranchements. Notre quotidien est complètement bouleversé et les questions se

Plus d’informations : caritas.ch/prevoyance Consultation téléphonique gratuite : 0848 419 419

Les produits au karité du Tchad seront exportés en Suisse C’est un succès ! Les savons au karité et le beurre de karité fabriqués par des femmes du sud du Tchad soutenues par Caritas Suisse vont pouvoir être exportés pour la première fois en Suisse. Un nombre suffisant de commandes a été enregistré en ligne sur la plateforme de Gebana. Les productrices tchadiennes, dont nous vous parlions dans nos précédents magazines, sont très heureuses du succès de cette campagne. Il va falloir toutefois faire preuve d’un peu de patience. En effet, la crise du coronavirus touche également cette activité. Il faut en outre attendre la récolte des noix de karité (juin-juillet) et la production en septembre. L’exportation des produits pourra donc se faire d’ici le début de l’an-

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Agenda 18 septembre 2020 Séance d’information pour les donatrices et donateurs de Caritas Suisse à Schaffhouse 1er octobre 2020 Vernissage de l’Almanach Politique du développement 2021, de 18h30 à 21h30 au Neubad, Lucerne 13 octobre 2020 Séance d’information pour les donatrices et donateurs de Caritas Suisse à Coire

Les événements suivants ont été annulés 22 juin 2020 Vieillir en toute autonomie, Lucerne 29 juin 2020 Séance d’information pour les donatrices et donateurs de Caritas Suisse à Lucerne 30 juin 2020 Séance d’information pour les donatrices et donateurs de Caritas Suisse à Lausanne

née prochaine. D’ici là, il est toujours possible de passer une commande sur le site de Gebana. (vm) Informations et commandes sur : gebana.com/beurre-karite-tchad

Photos : Caritas Suisse, Fabian Biasio


Ensemble

Dans une Épicerie Caritas

Ramona Hügli, 24 ans, Buswil

s. tes de classe interactive ts d’actualité lors de visi suje des à tés fron Les jeunes sont con

youngCaritas à l’école

« Depuis la mi-mars, je travaille dans l’Épicerie Caritas de Bienne, je suis placée par l’ORP. C’est bien de se réhabituer à une routine quotidienne. Il est également bon pour mes enfants de voir que leur mère va travailler. Je suis convaincue que cet engagement m’ouvre des portes pour réintégrer la vie professionnelle. »

youngCaritas s’engage depuis des années dans le domaine de la formation. L’équipe met à disposition un large éventail d’offres pour les écoles en Suisse alémanique, afin que les thèmes de politique sociale soient abordés dans le cadre de l’enseignement scolaire. Elle compte à l’avenir renforcer encore ce volet de ses activités. youngCaritas vise ainsi à sensibiliser des jeunes à des sujets sociaux. Il s’agit de montrer aux élèves des moyens de s’impliquer en faveur d’une société solidaire et durable. youngCaritas propose aux enseignant-e-s des offres ciblées permettant d’intégrer les thèmes du développement durable à l’enseignement scolaire. À partir du secondaire, des visites de classe sur les thèmes de la pauvreté, de la migration et de l’exil, ainsi que du développement durable, sont proposées gratuitement aux écoles. Objectif : inciter les jeunes à explorer leur propre marge de manœuvre. youngCaritas propose également des dossiers d’information sur ces sujets, avec des documents pour les élèves et des suggestions pédagogiques pour les enseignants. À l’avenir, l’équipe aimerait faire expérimenter encore d’autres thèmes prio-

Photos : DR

ritaires à un jeune groupe cible. Pour rendre son matériel encore plus intéressant, elle l’adapte aux programmes d’enseignement actuels. Avec la réouverture des écoles, youngCaritas va aussi pouvoir reprendre les visites de classe, et nous en sommes très heureux ! Reto Schefer

Un thème vous touche particulièrement ? Dans le cadre du prix youngCaritas, nous aidons des jeunes à réa­ liser leurs projets et nous décernons un prix lors de notre événement annuel « Nous faisons bouger le monde ! ». Plus d’informations et inscription : www.youngcaritas.ch/award

Jan Bleuler, 20 ans, Ins

« Caritas est pour moi synonyme d’opportunités. Opportunité pour les personnes qui ont des difficultés sur le marché du travail de s’intégrer professionnellement. Opportunité pour les clients qui ont une situation financière difficile de faire des achats comme tout le monde. Et pour moi, opportunité de faire partie de ce grand concept et de progresser chaque jour dans mes tâches. »

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Crise du coronavirus La situation en Suisse est dramatique. Le coronavirus a des conséquences graves pour la santé et l’économie. Il plonge aussi des familles et des personnes âgées seules dans une situation d’urgence et de détresse aigüe. Soutenez les personnes en situation d’urgence. Ensemble pour les plus faibles.

Merci pour votre don PC 60-7000-4 www.caritas.ch/covid


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