Enfants
Mars 2017
Rapport pour les marraines et parrains
Enfants à l’école : Élizabeth se forme pour l’avenir
Enfants des rues : Quitter la décharge
Force de vie : Surmonter les traumatismes
Sommaire 4 ■ Bangladesh Prêt pour l’école 6 ■ Nicaragua « Je n’ai plus les genoux qui flageolent » 7 ■ Ouganda L’avenir avec confiance 8 ■ Haïti Je souhaite pour mon pays . . . 10 ■ Éthiopie Mizan fait face à son pire ennemi 12 ■ Bosnie-Herzégovine « Nous avons la même histoire » 14 ■ Les parrainages de la famille Tobler « La chance nous a souri » 15 ■ Rwanda Retour dans la famille 16 ■ Brésil Le football, la drogue et l’espoir 18 ■ Bolivie Une journée dans la maison « Minka » 20 ■ Interview de Jean Zermatten « Les enfants ont des droits ! » 22 ■ Cambodge Vendu pour 30 dollars et une paire de lunettes 24 ■ Cuba Le talent de Claudia pour les mathématiques 25 ■ Bolivie Bébé abandonné dans un parc 26 ■ Philippines « L’odeur est insupportable » 28 ■ Palestine Apprendre par le jeu 29 ■ Tadjikistan Il vaut mieux en parler 30 ■ Colombie Voici comment je m’imagine la paix 32 ■ Questions des parrains – réponses des enfants 2 Caritas « Enfants » 2017
Photo de couverture : Mridah Shihab Mahmad ; rédaction : Sabine Schaller, Jörg Arnold ; traduction : Nicolas Couchepin ; graphisme : Evelyne Bieri ; papier : Carisma Silk, 100 % recyclé
Un monde plus ju ste pa s à pa s Chère marraine, cher parrain, Tiago est certes une star du football brésilien. Mais c’est aussi le prénom d’un enfant des rues de 14 ans à qui nous avons confié l’été passé un appareil photo de poche avec lequel il était chargé de photographier son quotidien. Tiago est revenu quelques jours plus tard au centre Caritas, fier comme Artaban, nous montrer les photos impressionnantes d’un véritable monde dans lequel, littéralement, l’espoir et le désespoir sont dos à dos. Vous verrez ces images dans ce numéro. Nous avons fourni des crayons de couleur à des enfants d’Haïti et de Colombie pour qu’ils dessinent leurs souhaits d’avenir et de la paix. Leurs dessins, également dans le magazine, témoignent de leur énergie et de leur sagesse enfantine et montrent à quel point il est important de leur permettre de grandir sur des bases saines et de devenir des adultes capables de surmonter les défis qui se posent dans leurs pays. Chère marraine, cher parrain, vous faites partie de ces personnes qui veulent que les enfants du monde aient leur chance. Vous savez que l’avenir est entre leurs mains. Je vous remercie d’investir dans les projets de l’enfance. Vous contribuez ainsi à faire de notre monde un monde plus juste. Jörg Arnold Parrainages Caritas
Le monde vu par Eddy Toledo (11 ans), Bolivie
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Enfants à l’école ■ Bangladesh
Prêt po ur l’école La garderie de Caritas a changé la vie de Shubo et de sa famille : sa mère a enfin pu prendre un emploi et gagner un revenu, pendant que Shubo se préparait à entrer à l’école.
Shubo aime beaucoup aller à l’école. Il y a trouvé de nouveaux amis et il a de la facilité pour apprendre. Ce n’était pas gagné d’avance. Sa famille vit dans une maison de tôle dans les bidonvilles de Mymensingh, au nord du Bangladesh. En général, les enfants vivant dans ces conditions de grande pauvreté mettent un terme à leur scolarité avant même de la commencer vraiment. Un seul revenu ne suffit pas
La vie en ville est chère. La famille de Shubo manque de nourriture, de médicaments et d’éducation. Son père n’a pas beaucoup de possibilités professionnelles à cause de son appartenance ethnique. Dans la société strictement réglementée du Bangladesh, la minorité des Pochima doit faire face à de nombreux tabous lors du choix d’un métier. Le père de Shubo répare les vélos. Il travaille dans la rue et gagne l’équivalent de 37 francs par mois. À la saison des pluies, il n’a plus grand-chose à faire. Jusqu’ici, c’était une saison difficile pour toute la famille. Sa mère, Anjoli (28 ans), qui s’occupe de ses deux fils, ne pouvait pas vraiment chercher un emploi. « Les coûts d’une prise en charge des enfants dépassaient largement nos possibilités », explique-t-elle. Lorsqu’elle a entendu parler de la garderie que la commune allait ouvrir avec l’appui de Caritas, elle a sauté sur l’occasion. « Je savais que c’était notre chance », dit-elle. Shubo et son jeune frère ont commencé à fréquenter le jardin d’enfants Projaboti-Butterfly. Les enfants y jouent, chantent, bricolent et font leurs premiers pas en mathématiques, apprentissage de l’écriture et la lecture. L’éducation précoce est particulièrement néces4 Caritas « Enfants » 2017
saire pour les enfants de milieux défavorisés. Sans ce soutien, beaucoup n’arrivent pas à entrer à l’école primaire. Shubo, lui, y a réussi. À 6 ans, il est aujourd’hui en primaire et il est très fier lorsqu’il reconnaît des poésies et des chants qu’il a appris à la garderie. « Il est très à l’aise avec les mots. Cela lui donne un sentiment de sécurité », explique sa mère, elle aussi très fière. Enfin du travail !
Pour Anjoli et son mari, les choses ont également changé. Depuis peu, la jeune mère occupe un emploi de femme de ménage, ce qui lui permet d’arrondir les revenus familiaux. « Cela n’a été possible que parce que je savais que les enfants étaient bien pris en charge à la garderie », dit-elle. ■
Shubo (6 ans) sur le chemin de l’école. Texte : Sabine Schaller ; photo : Mridah Shihab Mahmad
Bangladesh : votre part d’un monde plus juste
Sortir des bidonvilles Au Bangladesh, une famille pauvre ne peut pas s’en sortir sans deux salaires. Mais il est difficile de concilier la vie professionnelle et la vie de famille. Lorsque la mère de famille travaille, les enfants sont souvent laissés à eux-mêmes et doivent renoncer à aller à l’école pour s’occuper de leurs frères et sœurs plus jeunes. Les garderies MATI, partenaire de Caritas, prennent les enfants en charge pendant que leurs mères travaillent et les préparent à entrer à l’école primaire. Bon à savoir : – Avec 75 francs, vous financez le salaire mensuel d’une jardinière d’enfants. – 10 francs permettent de couvrir l’alimentation mensuelle d’un enfant. – Avec 150 francs, vous financez la prise en charge, le loyer et le matériel pédagogique de 20 enfants pendant un mois. ■ www.caritas.ch/enfants/bangladesh
« Je n’ai plus le s ge no ux qui flag eo le nt » Enfants à l’école ■ Nicaragua
À San Lucas, au Nicaragua, beaucoup d’enfants travaillent au lieu d’aller à l’école parce que leurs parents sont pauvres. Cela va changer grâce à l’engagement de promoteurs de la jeunesse.
« Les jeunes voient un modèle en nous. » Obell Nehemías González Mejía n’est pas peu fier. Ce promoteur de la jeunesse conseille et aide les enfants et les jeunes de sa commune de San Lucas pour les tâches scolaires, et il organise leurs loisirs. Ce jeune paysan de 22 ans, autrefois très timide, a acquis une certaine assurance en grandissant. « Je n’ai plus les genoux qui flageolent », dit-il. Il sait combien cette assurance est importante également pour les jeunes qui travaillent à San Lucas. Karen Sarai Gutiérrez Moreno, l’une de ces jeunes, explique : « Grâce au travail avec Obell, j’ai beaucoup plus confiance en moi » . Le rêve d’étudier
Quand l’école commence, à sept heures, Karen a déjà accompli toutes les tâches du ménage chez ses grandsparents. Sur le chemin de l’école, elle répète ses devoirs. Cette adolescente de 15 ans est pleine de talents et elle voudrait bien étudier. Mais sa famille n’a pas l’argent qui lui permettrait de poursuivre son rêve, même si elle est derrière elle et la soutient autant que possible. Ce n’est pas évident. « Certaines familles ne sont pas contentes que les jeunes prennent part à nos activités », explique Obell. Cela empêche les enfants de travailler et de soutenir financièrement la famille. Mais les mentalités changent peu à peu. Obell en est heureux : « On a réussi à gagner la confiance des membres de la communauté. Aujourd’hui, ils nous font part de leurs propres idées. » Grâce au fait qu’ils n’interrompent plus leur scolarité, les jeunes de San Lucas ont désormais un avenir et la possibilité de gagner mieux leur vie. ■ 6 Caritas « Enfants » 2017
Nicaragua : votre part d’un monde plus juste
Des jeunes forts, une communauté forte Les enfants qui travaillent ont besoin de soutien pour continuer d’aller à l’école et terminer leur scolarité. À San Lucas, l’INPRHU, partenaire de Caritas, forme de jeunes promoteurs de la jeunesse comme Obell. Ces derniers prennent sous leur aile les jeunes qui travaillent et organisent des activités pour eux. À long terme, l’objectif est que ces promoteurs de viennent les nouveaux leaders de la communauté. Bon à savoir : – Au Nicaragua, la moitié des jeunes et des enfants vivent dans la pauvreté. Deux tiers seulement terminent leur scolarité primaire. – Grâce au soutien de Caritas, 805 enfants et adolescents qui travaillent peuvent aller à l’école chaque année. – Avec 25 francs, vous contribuez à offrir à un enfant son matériel scolaire, son sac d’école et son uniforme. ■ www.caritas.ch/enfants/nicaragua
Texte : Anna Haselbach ; photo : Christian Isaías Flores
Enfants à l’école ■ Ouganda
L’aven ir avec co nfiance Depuis qu’Élizabeth fréquente la « Nwoya Girls Academy », elle est remplie d’optimisme pour elle et son fils de 2 ans. En terminant son école secondaire, elle s’ouvrira toutes sortes de possibilités et un avenir professionnel digne de ce nom.
Cela fait un peu plus d’un an qu’Élizabeth a commencé une nouvelle vie. « Avant d’être admise à la ‹Nwoya Girls Academy›, j’étais désespérée. J’ai même pensé à me suicider », explique la jeune fille de 18 ans. Élizabeth a vécu des années difficiles. Son père est mort quand elle était encore à l’école primaire. Sa mère a entretenu la famille tant bien que mal en cultivant des légumes et des céréales. L’oncle qui les avait pris sous son aile et qui payait les frais de scolarité est mort lui aussi. Deux frères d’Élizabeth ont pris la relève pour aider leur mère, mais ils pensaient tous les deux qu’Élizabeth avait suffisamment passé de temps à l’école. « Tout à coup, c’était comme si j’étais une charge pour la famille », dit-elle.
La jeune fille sort avec un homme qui deviendra le père de son fils. Ce dernier cependant ne tient pas ses promesses et refuse d’entretenir Élizabeth et l’enfant. « Ma mère m’a accueillie à bras ouverts. Mais le reste de la famille et le voisinage m’ont traitée comme une paria. » Un jour, elle entend parler à la radio de la « Nwoya Girls Academy ». Quelques semaines plus tard, Élizabeth se retrouve sur les bancs de l’école, avec l’objectif ambitieux de terminer son école secondaire. « Je veux étudier ! Et c’est aussi ce que je veux pour mon fils », dit la jeune fille en riant. ■
Ouganda : votre part d’un monde plus juste
À l’école avec son enfant La société ougandaise, en majorité rurale, considère encore les jeunes filles comme un facteur de coûts. Les parents essaient donc de les marier précocement. Les jeunes qui tombent enceintes risquent fort d’être exclues de l’école. Dans le nord de l’Ouganda, Caritas soutient les « Nwoya Girls Academy », qui permettent aux jeunes mères de terminer leur scolarité et d’acquérir une formation professionnelle en prenant les enfants en charge pendant que les mères étudient.
Texte : Fabrice Boulé ; photo : Alexandra Wey
Bon à savoir : – En 2015, 62 jeunes filles ont suivi la « Nwoya Girls Academy » soutenue par Caritas et terminé leur année avec succès. – 20 enfants ont été pris en charge dans l’une des crèches de l’académie. – Huit hectares de terrain ont été préparés et cultivés pour répondre à une partie des besoins alimentaires de l’école. ■ www.caritas.ch/enfants/ouganda
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Enfants à l’école ■ Haïti
Je so uhai te po ur mon pays … À quoi ressemble le Haïti de tes rêves ? La question a été posée voilà quelques mois aux cours de dessin de l’école Caritas « La Sainte Famille à Trou Sable ». Les enfants ont rendu des dessins pleins de fleurs, dans des espaces propres et rangés, et ils ont aussi dessiné des arbres et des hôpitaux. Après la tempête « Matthew », qui a ravagé une fois de plus leur pays, ils ont manifesté avec force leur désir de normalité. Je rêve d’un Haïti propre et de villes dans «lesquelles il fait bon vivre. »
Hendrick Madistou, 5e classe (11 ans)
«
En Haïti, beaucoup trop de gens meurent parce qu’ils n’ont pas accès aux soins médicaux. Je l’ai vécu moi aussi. Je voudrais grandir dans un Haïti qui compte des hôpitaux en état de fonctionner et où les malades sont pris en charge.
»
Kerwiby Lemaître, 5e classe (11 ans)
Je voudrais qu’Haïti redevienne aussi belle «qu’elle l’a été, avec des arbres, des hôpitaux pour enfants, de jolies maisons et des toilettes publiques propres.
»
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Fortuné Lucson, 5e classe (12 ans)
Texte : Sabine Schaller ; photo : Paolo Charles
qu’en Haïti, personne ne dorme «dans Je lavoudrais rue et que les enfants n’aient pas faim. Je prie pour cela. »
Junia Geneviève Jean-Baptiste, 6e classe (14 ans)
Haïti : votre part d’un monde plus juste
La formation contre la pauvreté En Haïti, à l’école « La Sainte Famille de Trou Sable » construite par Caritas aux Gonaïves, les enfants du quartier pauvre de « Trou Sable » ont la possibilité de fréquenter l’école maternelle, l’école primaire et l’école secondaire. Caritas Suisse sou tient l’école, notamment en construisant des installations sanitaires, en soutenant la formation continue du personnel enseignant, en offrant des cours de rattrapage et en distribuant des bourses. Bon à savoir : – Aujourd’hui, 1594 enfants fréquentent l’école « La Sainte Famille de Trou Sable » aux Gonaïves. – Avec 900 francs, on peut installer un lavabo et une cuvette de w.c. dans les installations sanitaires de l’école. – Avec 200 francs, un enfant peut se rendre à l’école pendant toute une année, matériel scolaire et cahiers compris. ■ www.caritas.ch/enfants/haiti
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Enfants à l’école ■ Éthiopie
Mizan fait face à so n pire ennem i Dans la classe de Mizan, les chaises vides se multiplient parce que la faim a poussé beaucoup de familles à fuir la région. Mizan a eu de la chance. Grâce à une aide alimentaire, elle a pu rester au village et continuer d’aller à l’école. Et depuis qu’elle reçoit des biscuits énergétiques, il lui est plus facile de retenir ce qu’elle apprend.
Soudain, ils ne sont plus venus à l’école. Ils ont disparu d’Awo, le village de Mizan, dans le district du Tigray au nord de l’Éthiopie. Les amis d’école de Mizan lui manquent. Mais elle sait pourquoi ils sont partis : « Leurs familles ont quitté le village pour pouvoir nourrir leurs bêtes. Ici, il n’y avait plus assez à manger. » Le chemin de l’école est désormais trop long et trop périlleux pour
les amis de Mizan. Leur priorité est de trouver à manger et de l’eau. Cette situation n’est pas une exception : en Éthiopie, les enfants doivent fréquemment quitter l’école, temporairement ou durablement, pour les mêmes raisons. Mizan Kibrom Desta, elle, a eu de la chance : sa famille a pu rester à Awo. Mizan a 11 ans, et elle lutte déjà contre un adversaire de taille : « Oh, la sécheresse. C’est notre pire ennemie », dit-elle. Comme près de 80 % de la population éthiopienne, la famille de Mizan est autosuffisante et vit vaille que vaille de ses quelques bêtes et des cultures de son lopin de terre. L’existence de la famille dépend complètement du temps. « S’il ne pleut pas, on ne peut pas semer, si on ne sème pas, on n’a pas de récolte, ce qui signifie la famine pour nous et nos bêtes », explique Mizan. Sa famille de six personnes possédait cinq bêtes, mais il ne reste plus qu’une vache et deux
Les biscuits énergétiques distribués à l’école contiennent des graisses, des protéines et des hydrates de carbone.
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Texte : Anna Haselbach ; photos : Caritas Harar, Sabine Schild
chèvres. Impossible d’en vivre, désormais. Heureusement, quand la famine a commencé à se faire impérieuse, le gouvernement a fait un geste et la famille de Mizan a reçu des denrées alimentaires, ce qui lui a permis de rester à Awo. Et à Mizan de continuer d’aller à l’école. Énergie pour le cerveau
Mais la fillette a de la peine à se concentrer à l’école. Car la nourriture est calculée au plus juste. « J’avais si faim que j’étais incapable de me concentrer à l’école. J’étais tout le temps épuisée », explique-t-elle. Depuis que, comme des enfants de onze autres écoles du district, elle reçoit régulièrement des biscuits énergétiques distri-
« J’avais si faim que j’étais incapable de me concentrer, j’étais tout le temps épuisée » bués par Caritas Suisse, elle a moins de peine à se concentrer. Les biscuits contiennent les nutriments nécessaires à un repas normal pour un enfant. « Et en plus, ils sont bons ! », dit Mizan en souriant. Mizan a besoin de forces pour l’école, mais aussi pour son quotidien à la maison. Comme beaucoup d’enfants éthiopiens, elle doit aider ses parents. Après l’école, elle nourrit les animaux et va chercher du bois pour la cuisine. Elle aide sa mère autant qu’elle le peut. Son père a abandonné la famille. La mère de Mizan est donc partout à la fois. Lorsqu’elle est malade ou qu’elle se rend au marché, Mizan la remplace. C’est la seule fille des six enfants. Mizan est heureuse d’aller à l’école et de pouvoir sui vre les cours sans avoir la faim au ventre. Cela lui ouvre un avenir : « J’aimerais terminer ma scolarité, pour pouvoir apprendre un métier. » ■
Éthiopie : votre part d’un monde plus juste
Les écoles bleues L’accès à l’eau est vital dans la lutte contre la faim. Caritas s’engage donc de plus en plus dans l’idée des « blue schools » : les enfants apprennent à l’école comment utiliser l’eau dans la vie quotidienne. Des citernes à eau de pluie sont installées près des sanitaires. Elles fournissent l’eau potable et permettent d’irriguer un potager scolaire grâce auquel les enfants apprennent à cultiver des légumes et des fruits avec les ressources d’eau à disposition. Bon à savoir : – 2055 enfants éthiopiens peuvent fréquenter l’école chaque année grâce à Caritas Suisse, qui encourage particulièrement les filles. C’est entre leurs mains que se trouve l’avenir du pays. – Pour 68 francs, cinq écoliers reçoivent quatre biscuits énergétiques par jour pendant quatre mois. – Avec 346 francs, on peut fournir des semences, des outils, un système d’irrigation et un réservoir d’eau à 150 enfants. Cela correspond à 2,31 francs par enfant. ■ www.caritas.ch/enfants/ethiopie
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Bosnie-Herzégovine : votre part d’un monde plus juste
L’école pour l’avenir Les Roms sont mal intégrés et discriminés en Bosnie-Herzégovine. Caritas Suisse soutient les écoles en proposant des classes d’intégration aux Roms et autres enfants défavorisés. Le but est de permettre aux élèves de terminer leur scolarité obligatoire. On les soutient par le biais d’une aide aux devoirs, de distribution de matériel scolaire, de vêtements et de repas réguliers. Les parents bénéficient d’un accompagnement social. Bon à savoir : – Depuis 2013, 629 enfants roms ont bénéficié de plus de 10 000 heures de cours de rattrapage dans 11 écoles primaires. – 41 enfants ont été préparés à réussir les examens de fin d’école primaire leur permettant d’aller à l’école secondaire et de suivre une formation professionnelle. – 136 enfants et jeunes ont pu fréquenter l’école secondaire et une école professionnelle. – Avec 30 francs, on ravitaille une famille pauvre durant un mois en riz, farine, condiments, savon et dentifrice. ■ www.caritas.ch/enfants/bosnie-herzegovine
Enfants à l’école ■ Bosnie-Herzégovine
« No us avons la mêm e histoire » Par son travail, la médiatrice bosniaque Murisha Halilovic´ (21 ans) permet à des enfants roms de suivre une scolarité presque normale dans un environnement sûr. La jeune femme explique aux parents que les enfants n’ont pas d’avenir s’ils ne vont pas à l’école. Lorsqu’elle se heurte à l’incompréhension, elle fait souvent appel à sa propre histoire pour convaincre.
Quelles sont vos tâches de média trice pour les Roms à l’école ?
Je soutiens et encourage les contacts entre l’école et les parents. Je donne des cours de rattrapage et je m’occupe des classes de rattrapage qui répondent de manière personnalisée aux besoins des enfants. Je contrôle également les présences des enfants. S’ils ne viennent pas à l’école, nous allons voir les parents dans le quartier pour savoir ce qui se passe. Avec l’assistante sociale, je fais des visites dans les familles et à la commu nauté pour donner des informations lorsqu’il y a des changements à l’école. Avec les élèves plus âgés qui vont terminer leur scolarité primaire, nous discutons des possibilités d’un avenir professionnel et de poursuivre leur éducation. Nous essayons de convaincre autant d’élèves que possible d’entrer en secondaire et nous soutenons leurs parents pour les démarches administratives nécessaires.
Pourquoi l’accès au système de formation est-il si difficile pour les enfants roms ?
Une famille sur deux hésite à envoyer ses enfants à l’école parce qu’elle redoute qu’ils soient discriminés, raillés, maltraités. Et certains parents n’ont pas les moyens de financer le matériel scolaire. Nous essayons de montrer aux parents à quel point l’école est importante pour l’avenir de leurs enfants et de leur expliquer que nous leur fournirons le matériel scolaire et des repas. Comment réussissez-vous à convaincre les parents d’envoyer les enfants à l’école ?
Au début, c’était difficile. Mais depuis, nous avons installé un climat de confiance. Je m’appuie aussi beaucoup sur ma propre histoire. Je suis moi-même de la communauté rom, et j’ai perdu mes parents très tôt. Grâce au soutien de mon oncle, j’ai pu aller à l’école. J’ai suivi différents cours comme ceux que je donne aujourd’hui. Qu’est-ce qui vous motive dans votre travail ?
Lorsque je raconte mon histoire aux enfants, ils sont très attentifs. Ils posent des questions et veulent raconter leur histoire également. Les enfants, c’est eux ma motivation de continuer mon travail de médiatrice pour les Roms. ■
Grâce à Caritas, de plus en plus d’enfants roms fréquentent l’école en Bosnie-Herzégovine. Texte : Dominique Schärer ; photos : Denis Rovic´ , DR
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« La chance no us a so ur i »
Par ses parrainages, la famille Tobler de Greppen (LU) veut aider les enfants qui n’ont pas eu de chance dans leur vie. « Tu as besoin d’argent, ou tu préfères manger quelque chose ? », demande Peter Tobler au jeune garçon péruvien qui tend sa petite main dans la rue. L’enfant articule doucement « j’ai faim » et le Suisse, accompagné de son épouse péruvienne, invite l’enfant et son frère au restaurant. Un cousin des deux enfants les a vus ; il se joint à eux. Les voilà cinq à table. Entre deux bouchées, le trio raconte son quotidien. Le plus âgé des trois explique qu’il est allé à l’école jusqu’à ce que ses parents n’aient plus les moyens de payer son uniforme et ses livres d’école. Les deux plus jeunes racontent qu’ils n’ont jamais mis les pieds dans une école. « Les enfants ne semblaient pas malheureux. Mais il me semblait clair qu’ils n’auraient jamais les chances et possibilités d’un enfant vivant en Suisse », explique Peter Tobler. Partager un peu de ce qu’on a
Peter Tobler a vu toutes sortes de facettes de la pauvreté au Pérou : des enfants mendiants qui font vivre leur famille avec l’aumône des touristes, des personnes malades qui ont besoin d’argent pour se payer leurs médicaments, des enfants handicapés jetés à la rue par leurs parents et qui trouvent refuge dans des hospices tenus par des religieuses. Ces rencontres l’ont marqué d’autant plus 14 Caritas « Enfants » 2017
que sa femme est enceinte. « Cela a été une révélation. J’ai réalisé à quel point nous avons de la chance, en Suisse. » Après la naissance de leur fils aîné Leonardo (13 ans), Peter Tobler s’est souvenu des trois enfants péruviens rencontrés dans la rue. « Nous avons eu de la chance. C’est pourquoi nous avons voulu aider un enfant qui n’a pas la chance de grandir dans l’aisance et la sécurité. » Cette tradition s’est poursuivie après la naissance d’Alexandra
« Nous avons voulu aider un enfant qui n’a pas la chance de grandir dans l’aisance et la sécurité » (11 ans) et de Gabriel (9 ans). Peter a conclu un parrainage au nom de chacun de ses trois enfants. « La cons cience de l’importance de ces parrainages doit encore grandir dans la tête des enfants. Un jour, ils comprendront vraiment que grâce à leur soutien, quelque chose a changé », dit Peter Tobler avec conviction.■ ■
Texte : Sabine Schaller ; photo : Silvan Fessler/Ex-Press
Reto ur dans la fam ille Enfants des rues ■ Rwanda
Izabayo Amani l’a fait : sa vie d’enfant des rues et de ramasseur de déchets à Kigali appartient au passé. Le jeune garçon de 14 ans est retourné chez sa mère et ses frères et sœurs et a repris l’école.
Lorsque le soleil se levait sur la capitale du Rwanda, Iza bayo Amani se réveillait dans une rue de Kigali, le ventre vide, se demandant s’il réussirait aujourd’hui à récolter et vendre suffisamment de déchets pour calmer la faim et s’offrir un repas chaud. « Lorsque je n’y arrivais pas, je volais. J’ai souvent été attrapé et battu », raconte-t-il. La rue est devenue sa maison après que son père a abandonné sa famille. Sa mère n’arrivait plus à nourrir ses cinq enfants. Avec le peu d’argent qu’elle avait, elle réussissait à peine à faire un repas par jour. « J’ai cessé de croire que je pourrais retourner dans ma famille ou reprendre l’école », dit Izabayo. Mais un travailleur des rues de l’association Abadacogora-In twari l’a approché et l’a convaincu de se rendre dans l’un des trois centres Caritas. « On m’a donné à manger, des médicaments et on m’a aidé à me préparer pour retourner à l’école. » Aujourd’hui, Izabayo se réveille dans son propre lit. Il se lève, se lave, prend son petit-déjeuner avec sa famille et prend le chemin de l’école publique. Le soir, sa mère prépare le repas – depuis qu’elle est soutenue par le centre, elle a de quoi préparer deux repas par jour – et lorsque le jeune garçon a terminé ses devoirs, il lui reste un peu de temps pour rêver de son avenir : « Je voudrais faire l’université, devenir médecin ou journaliste, et aider les gens pauvres », dit Izabayo avec fierté. ■
Texte : Sabine Schaller ; photo : Eric Rutembesa
Rwanda : votre part d’un monde plus juste
Aide aux enfants des rues Même si l’économie croît au Rwanda, cet essor n’atteint pas les plus pauvres. Ils sont souvent dans une telle misère qu’ils n’ont d’autre choix que de vivre dans la rue. Dans trois centres gérés par Abadacogora-Intwari, partenaire de Caritas, les enfants des rues reçoivent un repas chaud, des soins médicaux et peuvent participer à des activités de loisirs. Le but est de favoriser le retour des enfants des rues dans leurs familles et de leur offrir des pers pectives d’avenir. Bon à savoir : – 128 enfants des rues ont été accueillis dans un centre Abadacogora-Intwari pendant le premier semestre 2016. – 93 % des anciens enfants des rues qui ont réintégré l’école primaire ont terminé avec succès leurs examens de fin d’année. – 151 parents d’enfants des rues se sont réunis en groupes de microcrédit afin de pouvoir mieux s’occuper de leurs enfants. ■ www.caritas.ch/enfants/rwanda
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« Enfants » 2017 Caritas
Enfants des rues ■ Brésil
Le fo otball, la drogue et l’espo ir Tiago Oliveira da Conceição, 14 ans, vit à Recife, une ville portuaire du nord-est du Brésil. Il n’a pas de vraie maison. Il passe son temps dans la rue avec d’autres jeunes. Appareil photo au poing, il a accepté de documenter une journée de sa vie.
Tiago est une star du football au Brésil. Son jeune homo nyme sourit sur la photo, le pouce levé, avec en arrièrefond la ville de Recife et l’Atlantique. Seule fausse note de cette image idyllique, le logo de « Ruas e Praças », partenaire de Caritas, sur le pull jaune du jeune garçon. Tout à l’heure, il va attacher ses baskets de gym et se rendre sur le bitume qui sert de terrain de foot pour rejoindre son équipe, composée de gosses des rues comme lui.
La journée commence par un jeu : avec d’autres enfants des rues, Tiago participe à un entraînement de football organisé par « Ruas e Praças ». Ensuite, il se rendra au centre de Recife pour y passer le reste de la journée et la nuit.
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Texte : Sabine Schaller ; photos : Tiago et ses amis
Tiago a rencontré les travailleurs sociaux du groupe « Ruas e Praças » sur les boulevards et les places de Recife. Maintenant, il leur fait confiance. Depuis cette rencontre, il oscille entre deux univers : le matin, il prend part à des activités de l’organisation, l’après-midi et la nuit, il les passe dans le centre de la ville. Un petit espoir
Tiago a changé. Il a acquis une vision plus claire de ce qu’est la vie hors de la rue. L’école, qu’il fréquente désormais régulièrement, a contribué à cette prise de cons cience. Malgré tout, la rue reste sa maison. Il y vit avec son frère, ses amis et une femme à qui sa mère l’a confié voilà deux ans. Et avec la drogue, omniprésente. Son frère lui donne de l’espoir. Il va se rendre quelques jours à « Capim de Cheiro », une propriété rurale du groupe « Ruas e Praças » pour entamer une thérapie contre la drogue et la criminalité. Et Tiago ? Peut-être réussira-til à suivre les traces de son modèle, son célèbre homonyme footballeur. ■
Brésil : votre part d’un monde plus juste
Sortir de l’impasse ! Dans le nord-est du Brésil, le revenu mensuel d’une personne est d’environ 235 francs, celui d’une personne en situation d’extrême pauvreté est de 21 francs. La misère conduit souvent à une spirale de drogue, prostitution et guerre de gangs. À Recife, Caritas collabore avec son partenaire, l’organisation « Ruas e Praças » (GRP). GRP envoie des travailleurs sociaux à la rencontre des enfants des rues et cherche à les faire venir au centre pour leur offrir de quoi manger, se laver, dormir et passer un moment de loisir. Bon à savoir : – Au GRP, un repas chaud coûte 3 francs. – 210 enfants et jeunes participent chaque mois aux cours de capoeira et de percussions du GRP. – Avec 50 francs, vous contribuez à l’achat de matériel didactique pour les enfants et les jeunes. – Avec 115 francs, vous financez les affaires de toilette permettant à 50 enfants de se laver et de se doucher chaque jour pendant un mois. ■ www.caritas.ch/enfants/bresil
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« Enfants » 2017 Caritas
Enfants des rues ■ Bolivie
Un e jo ur née dans la maiso n « Minka » Carolina vit dans l’un des centres financés par les parrains et marraines de Caritas pour les enfants maltraités d’El Alto. Ici, elle se sent en sécurité et elle reprend courage. Elle livre ce qu’elle a traversé et raconte à quoi ressemble une journée dans la maison « Minka ». Carolina, j’ai 10 ans. Je suis arrivée en fé «vrier Je m’appelle dernier dans la maison « Minka » parce que ma belle-mère m’avait battue si violemment que j’ai dû aller à l’hôpital. J’ai encore mon père et deux demi-frères. Mais ma belle-mère ne voulait pas de moi. Elle me criait dessus, me frappait et m’a même brûlée. J’avais très peur d’elle. Lorsque je suis arrivée ici, j’étais d’abord intimi-
dée. Je pensais qu’ici aussi on allait me blesser. Mais les responsables ont été très gentils. Ils ont promis de m’aider. Jardiner et multiplier
Une journée dans la maison « Minka » est pleine de petits bonheurs. On se lève à 7 heures. Je dormirais volontiers un peu plus longtemps, mais nous devons faire nos lits, ranger nos armoires et nettoyer le sol. Ensuite, on se lave, on se coiffe et on va prendre le petit-déjeuner. Quand les animatrices arrivent, on va leur parler, on leur dit comment on va. Quelques-unes d’entre nous ont un entretien avec l’une des deux psychologues. Puis on se retrouve en classe avec les enseignantes bénévoles. On fait de la gym, on bricole, on dessine. Avec Señora Pau-
La jeune Carolina, 10 ans, a retrouvé le sourire dans la maison « Minka ». Elle y est arrivée après avoir été battue par sa belle-mère.
18 Caritas « Enfants » 2017
Texte : Stefan Gribi ; photos : Diane Clerc
lina, on travaille au jardin. J’ai trois plantes à moi, la quatrième est malheureusement morte. Pendant les heures d’école, ce que je préfère, ce sont les maths. Je suis douée pour multiplier et nous apprenons maintenant les divisions. J’aimerais bien devenir institutrice et apprendre le calcul aux enfants. Après l’école, on va dîner. J’aime manger de tout, même les légumes. La seule chose que je n’aime pas, ce sont les tripes. Ensuite, on remplit quelques tâches : laver et essuyer la vaisselle, ranger la salle à manger. L’après-midi, on commence par se rendre à la ludothèque pour jouer. C’est le moment que je préfère. Ensuite, on a des ateliers manuels, où on apprend à confectionner des écharpes et des gants avec Señora Marcia. C’est ici que j’ai appris à tricoter. C’est très simple, je tricote des choses que j’offrirai ensuite à mes petits frères. Ensuite on prend les quatre-heures et on peut regarder la télévision. Il y a des dessins animés, mais les
« Quand les animatrices arrivent, on va leur parler, on leur dit comment on va » plus grands veulent regarder leurs séries et on a parfois des disputes. Après, il y a des cours de rattrapage, le souper, et c’est l’heure de se laver les dents et d’aller se coucher. Voilà comment se déroulent les journées à la maison « Minka ». Toujours une oreille attentive
J’ai oublié quelque chose : le samedi, on a souvent la visite des Junticos. Ce sont des jeunes qui jouent avec nous et font du théâtre. J’aime beaucoup ce qu’on fait avec eux. Parfois, on fait une excursion, dans un parc ou voir les animaux dans une ferme. Une fois, on a même fait un tour en téléphérique. La seule chose qui me fait souci, c’est que ma belle-mère me maltraite si je retourne à la maison. Et parfois, je suis triste de ne pas voir mon père ni mes frères. Mais les Señoras m’écoutent et quand je ne vais pas bien, elles me redonnent courage. ■
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Bolivie : votre part d’un monde plus juste
Là où les filles trouvent refuge Dans la ville d’El Alto, quatre filles sur cinq vivent des violences dans leur famille. Avec le soutien de Caritas, l’organisation ENDA s’engage sur deux axes : le centre « Fraternidad » accueille des fillettes et des jeunes filles qui ont quitté la maison et vivent dans la rue. Le centre « Minka » prend en charge les victimes de violences familiales. Les deux centres proposent le logement, la sécurité et la prise en charge à 20 fillettes et adolescentes âgées de 6 à 18 ans. Bon à savoir : – La violence familiale contre les enfants est deux fois plus importante à El Alto que partout ailleurs en Bolivie. – Avec 120 francs, la maison « Minka » couvre les coûts d’un petit-déjeuner pour toute la maisonnée. – L’hygiène est importante pour un développement sain : avec 50 francs, on couvre les besoins en brosses à dents, dentifrice, savon et shampoing pour 15 jeunes filles. ■ www.caritas.ch/enfants/bolivie-rue
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« Enfants » 2017 Caritas
« Le s enfants ont de s droi ts ! »
« Pour, mais surtout avec les enfants » : tel est le credo de Jean Zermatten. Depuis plus de 20 ans, cet ardent défenseur des droits de l’enfant se bat inlassablement pour améliorer les droits des enfants dans la société. Jean Zermatten, la Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant (CDE) a été conclue en 1989. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur les progrès accomplis ?
C’est un peu le verre à moitié plein et le verre à moitié vide. Si l’on regarde le verre à moitié plein, la Convention a provoqué une prise de conscience très importante. L’enfant n’est plus seulement bénéficiaire de certains ser-
« Concernant le droit de l’enfant d’être entendu, on reste très faible en Suisse » vices (éducation, santé, etc.), mais est sujet de droits. Ce nouveau statut de l’enfant a engendré une grande sensibilisation sur ces questions et de nombreuses nouvelles lois dans le monde, puisque sur les 196 États signataires de la Convention, 195 l’ont ratifiée. Globalement, par rapport au développement de l’humanité, un pas de géant a été réalisé. Du côté du verre à moitié vide, il y a un grand déficit de formation des professionnels. On a créé beaucoup de 20 Caritas « Enfants » 2017
services pour l’enfant à protéger et à assister, mais pas pour l’enfant sujet de droits. Il y a aussi un déficit des ressources allouées, financières et en personnel qualifié. On vit une situation de crise et l’on coupe dans les budgets de la protection et de la prévention. En Suisse, la Convention est entrée en vigueur le 26 mars 1997, il y a donc tout juste 20 ans. Quel bilan tirez-vous de la situation dans notre pays ?
La Suisse a été timide au départ. C’est le dernier pays européen à avoir ratifié la Convention. Mais une fois que cela a été fait, elle a démontré beaucoup de sérieux. On a ainsi introduit dans la nouvelle Constitution fédérale l’article 11 qui stipule désormais que les enfants « exercent eux-mêmes leurs droits dans la mesure où ils sont capables de discernement ». Concrètement, pour les soins de base, éducation, santé, protection, la Suisse est dans le peloton de tête. En revanche, le nombre élevé d’enfants touchés par la pauvreté en Suisse contredit le droit pour tout enfant d’avoir des conditions de vie décentes, droit garanti par la CDE. Par ailleurs, concernant le droit de l’enfant Texte : Vérène Morisod Simonazzi ; photo : DR
d’être entendu, on reste très faible en Suisse. En cas de divorce par exemple, seuls 10 % des enfants sont entendus. Ce droit reste également lettre morte très largement dans le domaine de la santé, où il reste beaucoup à faire. Mais ce qui me préoccupe le plus, ce sont les enfants qui sont dans le contexte de la migration. Une enquête a dénoncé le fait que 142 mineurs migrants ont été détenus en Suisse en 2015. On veut ainsi être sûr de les garder pour pouvoir les expulser. De telles mesures sont com plètement contraires à la Convention des droits de l’enfant.
moins avancé. Les efforts en faveur des filles doivent continuer et il faut exiger des États plus de contrôle. Le rôle des ONG est aussi important. Il faut convaincre les parents qui envoient leurs filles travailler de l’importance de leur formation scolaire. ■
Jean Zermatten
Ancien président du Comité des droits de l’enfant à l’ONU, Jean Zermatten, 68 ans, a fondé et dirigé l’Institut international des droits de l’enfant. Il a été également président durant 25 ans du Tribunal des mineurs du canton du Valais.
Les filles sont particulièrement discriminées dans le monde. Comment faire progresser leur situation ?
Vous pouvez découvrir l’intégralité de l’interview sur www.caritas.ch/droitsdesenfants
Il y a beaucoup à faire dans ce domaine. Les filles sont des millions dans le monde à être exploitées. Des progrès ont été faits dans l’éducation, surtout au niveau de l’école primaire. Au niveau secondaire en revanche, on est
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« Enfants » 2017 Caritas
Ve nd u po ur 30 do llars et un e paire de lu nettes Force de vie ■ Cambodge
De six heures du matin à onze heures du soir, Phirun, jeune Cambodgien handicapé de la vue, devait mendier dans la rue au Vietnam. Lors qu’il ne rapportait pas assez d’argent, il n’avait rien à manger. Ses bourreaux le battaient avec un bâton et lui maintenaient la tête sous l’eau presque jusqu’à la noyade.
Trente dollars à la famille, une paire de lunettes pour son fils presque aveugle, de nouveaux vêtements et un emploi au Vietnam – la proposition de ses voisins était trop belle pour que le père de Phirun la refuse. C’était un vrai rayon de Les partenaires de Caritas offrent lumière dans la pauvre dans leurs centres la sécurité et masure de la famille sur l’éducation scolaire pour les la frontière vietnamienfants victimes de maltraitances. enne. La promesse que l’on allait s’occuper de Phirun, 12 ans à l’époque, et que son salaire allait aider la famille dans la misère, représentait un vrai soulagement. Phirun n’a compris que le salaire n’existait pas et que le travail consistait à mendier dans les rues, que les nouveaux habits et les lunettes, c’était du vent, qu’après avoir passé la frontière illégalement pour se retrouver dans les rues d’une ville du Vietnam, frappé quotidiennement, et forcé à mendier.
Les terribles conséquences de la pauvreté
Chaque année, des milliers d’enfants et de jeunes cambodgiens sont victimes, comme Phirun, du trafic d’êtres humains. Dans ce pays, le gouffre ne cesse de croître entre riches et pauvres, et l’existence des plus défavorisés est de plus en plus dénuée de la moindre chance. Des criminels sans scrupules exploitent cette misère absolue. Ils forcent des enfants à mendier, à se prostituer ou les vendent comme esclaves en Thaïlande. Un nouveau départ
Beaucoup d’enfants sont arrêtés par la police au Vietnam et en Thaïlande, emprisonnés et renvoyés au Cambodge comme migrants illégaux. C’est ce qui est arrivé à Phirun. Il a été emprisonné durant trois mois dans une prison bondée avant d’être renvoyé chez lui. Ce n’est qu’en trouvant accueil et prise en charge dans le centre d’accueil du partenaire local de Caritas que son cauchemar a pris fin. Ici, il travaille à surmonter son traumatisme, à redevenir un enfant, il va à l’école et peut espérer prendre un nouveau départ grâce à une formation professionnelle. ■
Les enfants de familles pauvres sont des victimes faciles pour les trafiquants d’êtres humains : ils sont vendus pour un prix dérisoire et exploités.
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Texte : Jörg Arnold ; photos : Barbara Dietrich, Alexandra Wey
Cambodge : votre part d’un monde plus juste
Plus jamais d’exploitation Plus de 900 enfants qui ont été victimes du trafic d’êtres humains trouvent protection et peuvent espérer un avenir dans les centres des deux partenaires locaux de Caritas, le CCPCR (Cambodian Center for the Protection of Children’s Rights) et « Damnok Toek ». Ils vont à l’école et apprennent un métier. Un important travail d’information est fait dans les communes où les enfants sont particulièrement menacés.
Bon à savoir : – 38 francs, c’est le prix de l’entretien d’un enfant pour un mois dans l’un des centres d’accueil. – Une machine à coudre et le matériel nécessaire à la formation de couturière coûtent 58 francs. – Avec un chiffre d’affaires estimé à 32 milliards de dollars par an, le trafic d’êtres humains est le trafic illégal le plus lucratif après le trafic de drogue et celui des armes. Le Cambodge en est l’une des plaques tournantes importantes en Asie du Sud-Est. ■ www.caritas.ch/enfants/cambodge
Force de vie ■ Cuba
Le tale nt de Claud ia po ur le s mat hématique s « Apprendre à grandir » : c’est le nom du projet cubain qui permet à des enfants handicapés mentaux de trouver une place dans leur famille et dans la société. Graciela Alfonso Ares, coordina trice du projet, explique pourquoi cela ne marche que par le biais de l’encouragement précoce. Quelles sont les conditions des enfants handicapés mentaux et de leurs familles à Cuba ?
Il existe des programmes pour les enfants handicapés. Mais ils manquent de matériel scolaire, le personnel, sous-payé, est peu motivé et les moyens d’y accéder sont trop lents. Lorsque la mère se charge de son enfant, elle le fait souvent au détriment de son emploi, et la situation financière de la famille s’en ressent d’autant plus que souvent, le père n’est pas soutenant.
Quels sont les effets positifs du programme d’encouragement précoce sur la vie des parents ?
Les parents sont informés, obtiennent un soutien et un conseil nécessaire pour s’adapter à la situation et construire une bonne relation avec leur enfant. Racontez-nous l’histoire d’un enfant que le projet a concrètement aidé.
Claudia Martha Lora Sánchez est une petite fille devenue paraplégique suite à une lésion cérébrale enfantine. Elle a d’abord fréquenté l’école normale, puis une école spécialisée et elle est entrée en 2012 dans le programme « Aprendiendo a Crecer » (« Apprendre à grandir ») de sa commune. Elle a très vite trouvé ses marques et fait des progrès rapides en lecture, en écriture et en expression orale. Elle a un véritable don pour les mathématiques, elle reconnaît les formes géométriques et arrive à dessiner sans dépasser, ce qui nous montre que sa maîtrise musculaire se développe positivement. ■
Cuba : votre part d’un monde plus juste
Autonomie malgré le handicap L’encouragement précoce est particulièrement important pour les enfants handicapés. À Cuba, les moyens pédagogiques nécessaires et le personnel spécialisé manquent. Caritas Cuba propose des centres de jour offrant physiothérapie, gymnastique, dessin, musique et danse, ainsi qu’un accompagnement psychologique et médical et des entretiens avec les parents. Le travail d’information sensibilise la société aux besoins particuliers des enfants handicapés.
24 Caritas « Enfants » 2017
Bon à savoir : – Environ 290 enfants handicapés mentaux sont pris en charge dans les centres de jour de Caritas Cuba. – Environ 400 proches d’enfants handicapés mentaux bénéficient du programme. – Avec 15 francs, huit enfants peuvent participer à une journée de bricolage et fabriquer des cartes postales, des cadeaux de Noël et des décorations. ■ www.caritas.ch/enfants/cuba
Texte : Dominique Schärer / Sabine Schaller ; photos : Maydelín Azahárez Miranda, Yariana de la Torre Machado
Force de vie ■ Bolivie
Bébé abando nné dans un parc Ignacio a été abandonné par ses parents dans un parc public lorsqu’il était bébé. Il a survécu de justesse. Une famille d’accueil prend soin de lui.
Lors d’une nuit glaciale du printemps 2013, vers 3 h 30 du matin, un chauf feur de taxi a trouvé un bébé abandonné dans un parc de Cochabamba. À l’hôpital, on est formel : le bébé de deux mois est complètement déshydraté, sous-alimenté, sa vie Caritas aide des enfants ne tient qu’à un fil. En abandonnés par leurs parents. outre, il est presque complètement sourd. Le partenaire de Caritas, Infante, averti par l’hôpital, prend l’enfant en charge et trouve une famille d’accueil expérimentée pour s’en occuper. C’est la sixième fois que la famille accueille un enfant : « Ignacio a consolidé nos liens familiaux », dit María Teresa, la maman d’accueil qui a elle-même été violentée lorsqu’elle était enfant, et qui a grandi dans un orphelinat. Avec son époux, Mary, sa fille de 18 ans, et Graciela, sa fille adoptive de 11 ans, elle prend soin d’Ignacio et lui apporte amour et tendresse. Une vraie famille
Ignacio a bientôt 4 ans. On n’a aucune trace de ses parents biologiques, les recherches ordonnées par le juge n’ont pas permis de les retrouver. Infante peut donc chercher une famille d’adoption. En attendant, Ignacio reste dans sa famille d’accueil. ■
Texte : Stefan Gribi ; photos : Banesa Morales
Bolivie : votre part d’un monde plus juste
Familles pour les enfants abandonnés Dans la grande ville de Cochabamba, en Bolivie, la pauvreté sévit, poussant des parents à abandonner leurs enfants, ou à les maltraiter, ce qui leur vaut de les perdre. Infante, partenaire de Caritas, veille à ce que ces enfants trouvent rapidement une famille d’accueil, ce qui leur évite de grandir dans un orphelinat. Le but est de permettre aux enfants de retourner dans leur famille, lorsque c’est possible, ou dans la famille élargie, ou d’être adoptés par des parents boliviens. Bon à savoir : – 83 % des enfants et jeunes en Bolivie sont soumis à des punitions corporelles ou psychiques. – 14 comités d’enfants et de jeunes d’Infante informent 600 enfants et jeunes des quartiers pauvres de Cochabamba sur leurs droits pour lutter contre la violence domestique. – Avec 100 francs, Infante peut procurer les vêtements d’hiver d’un enfant placé en famille d’accueil. ■ www.caritas.ch/enfants/bolivie-force
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« Enfants » 2017 Caritas
Philippines : votre part d’un monde plus juste
Actifs contre le trafic d’enfants Le partenaire de Caritas, TSACMI, travaille à contrer le trafic d’enfants dans la grande région de Cebu par le biais de réseaux de voisinage. Il dévoile les cas d’abus et propose aux victimes une aide et des activités économiques destinées à améliorer leurs revenus. Le partenaire philippin FORGE est actif contre le trafic d’enfants dans le domaine des transports. Dans la région de Cebu et à Bohol, il a sensibilisé à la question 2000 personnes et formé des bénévoles et des employés des sociétés de transport et des hôtels pour leur apprendre à venir en aide aux personnes en danger. Bon à savoir : – TSACMI a créé des réseaux de protection des enfants comptant environ 3000 membres et 313 bénévoles formés dans huit bidonvilles de Cebu. – 1200 enfants prennent part aux campagnes scolaires et 1000 ménages bénéficient de programmes destinés à améliorer les revenus familiaux. – Pour 50 francs, 50 personnes peuvent participer à un cours d’information sur le trafic d’enfants et la protection de l’enfance. ■ www.caritas.ch/enfants/philippines
Force de vie ■ Philippines
« L’odeu r es t insu pp ortable » Les déchets, c’est tout ce qu’ils ont : les enfants fouillent la décharge à la recherche de déchets recyclables et de nourriture. Leurs parents se sont laissés convaincre de vendre leurs enfants aux trafiquants d’êtres humains. Raymond Salas, délégué de Caritas, parle du quotidien de ces enfants qui vivent sur une décharge de Mandaue, aux Philippines. Dans la périphérie de Mandaue City, une centaine de familles ont construit leur maison sur l’immense décharge à ciel ouvert. Quelle vie mène-t-on dans cet endroit ?
Une famille de cinq personnes en moyenne se partage une baraque d’une pièce servant à vivre, dormir et manger. L’odeur qui plane au-dessus de la décharge est insupportable. Mais les gens qui vivent là depuis long temps ne semblent plus en être dérangés. Ils s’y sont habitués. Comment gagnent-ils de quoi vivre ?
Les enfants collectent les déchets encore exploitables, les cartons vides pour les fruits, les bouteilles de plastique et de verre. Les entreprises de recyclage paient le plus pour le fer et les autres métaux. Et les familles trouvent des restes de nourriture dont ils se nourrissent. Ils cuisent les déchets alimentaires pour tuer les germes dangereux.
Un nuage toxique plane au-dessus de la décharge de Mandaue. Les enfants fouillent
Quels sont les risques sanitaires principaux pour les enfants ?
Se nourrir de déchets et consommer de l’eau polluée peuvent rendre malade. Les enfants, qui respirent tous les jours des vapeurs empoisonnées, souffrent aussi de toux et de maladies respiratoires. D’où viennent les gens qui vivent sur la décharge ?
Des hauts plateaux du nord des Philippines. Ils n’ont pas d’autre choix que de partir quand les propriétaires ruraux les ont expulsés, les dépossédant des fondements de leur existence. La misère pousse les parents à vendre leurs enfants à des trafiquants d’êtres humains qui les forcent ensuite à se prostituer ou à travailler comme esclaves. Comment cela se passe-t-il ?
Le réseau est très bien organisé. Le deal se passe en général par téléphone portable ou par SMS. Une fois le deal conclu, les trafiquants viennent à la décharge prendre possession des enfants. Les Philippines ont signé la convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant, il y a des lois nationales garantissant la protection des enfants. Pourquoi ces lois ne sont-elles pas appliquées ?
Les familles pauvres ont de la peine à connaître et comprendre les lois parce qu’elles sont rédigées en anglais et dans une langue complexe. C’est là que TSACMI intervient. L’information est l’une de nos tâches les plus importantes. Les parents sont sensibilisés au fait que le trafic d’enfants et le travail des enfants sont illégaux et que les enfants ont des droits – par exemple, le droit à l’éducation. ■
à la recherche de déchets exploitables pour arrondir un peu le revenu familial. Texte : Sabine Schaller ; photos : Leandro Destefani, DR
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« Enfants » 2017 Caritas
Force de vie ■ Palestine
Apprendre par le jeu Lorsque Kamil a intégré une classe pour enfants traumatisés du centre YEC soutenu par Caritas, il avait peur et se tenait en retrait. Aujourd’hui, il joue avec ses camarades et il peut à nouveau se concentrer. m’appelle Kamil. J’ai 12 ans et je vis dans la bande «de JeGaza en Palestine. La plupart du temps, je me lève à 8h30 le matin. Après le petit-déjeuner avec ma famille, je me rends au centre YEC. J’y reste deux heures. J’aime la manière dont mes professeurs m’expliquent les devoirs pour que nous puissions les faire seuls ensuite. Nous avons tous une caisse de matériel avec nos affaires que nous avons fabriquées nous-mêmes et qui nous permettent d’apprendre. Je calcule volontiers avec les bouchons des bouteilles en PET. C’est comme de jouer avec les chiffres. Cela m’aide beaucoup parce que j’oublie très vite ce que je devrais retenir. Mais c’est aussi le cas de mes camarades, et je sais que je ne suis pas un mauvais élève. Après le repas de midi, je m’occupe des animaux de notre ferme. La ‹ vraie › école commence à ce momentlà. Lorsque je dois écrire un texte, je me souviens de ce que j’ai appris au centre YEC et je l’applique. C’est ainsi que je suis devenu meilleur à l’école, ce qui remplit mes parents de fierté. De retour à la maison, je joue avec mes frères et sœurs. Il est neuf heures lorsque je vais me coucher. Je rêve d’être architecte et de reconstruire les maisons détruites par la dernière guerre. Au centre YEC, nous avons construit une fois un petit village avec des déchets, de hautes maisons avec beaucoup de place pour tout le monde. Lorsque nous vivrons tous dans de vraies maisons, il ne faudra plus qu’il y ait de guerre. ■
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28 Caritas « Enfants » 2017
Palestine : votre part d’un monde plus juste
Soigner les blessures de l’âme À Gaza, beaucoup d’enfants sont très traumatisés par le blocus persistant et le climat de guerre et de violence quotidienne. L’organisation Youth Enhancement Center (YEC), partenaire de Caritas, propose dans ses centres une prise en charge psychosociale et thérapeutique pour ces enfants. Ils y apprennent à surmonter leur stress, leur colère et leurs peurs. Bon à savoir : – Ces deux dernières années, Caritas Suisse a soutenu six centres d’enfants de l’organisation partenaire YEC, des ateliers pour les parents et un atelier Parkour. Ce sport permet aux enfants d’apprendre à se mouvoir de manière créative dans les rampes et dénivellations de l’espace urbain. – 1800 francs assurent les besoins annuels de ta bleaux et de matériel pour écrire dans un centre. – 625 francs couvrent le salaire mensuel d’une éducatrice ou d’un éducateur. ■ www.caritas.ch/enfants/palestine
Texte : Beatrice Rutishauser ; photos : Na’em Abu Sultan ; dessin : Kamil a dessiné des événements liés à la guerre.
Il vaut m ieux en parler Force de vie ■ Tadjikistan
Peut-être les fièvres dont Tobon Davlayatova, 29 ans, a souffert étant petite sont-elles responsables du handicap mental de son fils Sherali, 8 ans. Sinon, elle ne comprend pas. Les handicaps sont tabous au Tadjikistan, et Tobon a dû apprendre à accepter la différence de Sherali.
« J’étais très jeune quand Sherali est né », explique Tobon Davlayatova. L’enfant s’est développé autrement que les autres. Il oubliait des mots qu’il venait d’apprendre et a appris à marcher plus tard. « Je ne savais pas que Sherali était handicapé. Un médecin a diagnostiqué une pression cérébrale élevée. » Tobon vit avec Sherali et ses deux sœurs à Douchanbé, la capitale du Tadjikistan. Le père travaille comme saisonnier Grâce au cours de soutien, le fils en Russie. Il envoie 120 de Tobon fréquente aujourd’hui dollars par mois à la maison, et l’essentiel sert aux une école régulière. médicaments de Sherali. Un grand succès
« J’ai été heureuse que Sherali puisse fréquenter le jardin d’enfants soutenu par Caritas », dit Tobon. « Les spécialistes l’ont beaucoup aidé. Il a appris à tenir un crayon, à dessiner, à exprimer ses sentiments. Et j’y ai appris qu’un avenir était possible pour lui. » En septembre, il a pu en trer à l’école, dans une classe régulière. « D’abord, je ne voulais pas dire au maître que Sherali est handicapé », dit Tobon. « Mais c’est mieux de ne pas le cacher, on pourra mieux l’aider ainsi. » ■ Texte : Jörg Arnold ; photos : Vladimir Umarov
Tadjikistan : votre part d’un monde plus juste
L’école pour tous Le projet permet aux enfants handicapés d’apprendre avec les autres enfants dans des classes régulières. Les enfants qui ont des besoins particuliers bénéficient aussi d’heures de logopédie, thérapie psychologique et psychomotricité, individuelles ou en petits groupes. Le corps enseignant est formé en encouragement intégratif et en scolarité spécialisée. Le but est d’établir à long terme les écoles existantes pour pouvoir les transmettre à l’État tadjik. Bon à savoir : – Depuis 2009, 250 enfants handicapés ont pu intégrer l’école régulière. – Une leçon de soutien donnée par un spécialiste pour un enfant coûte deux à trois francs. – Pour 220 à 250 francs, on peut offrir une formation continue à 20 personnes dans le domaine de l’enseignement aux enfants handicapés. ■ www.caritas.ch/enfants/tadjikistan
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« Enfants » 2017 Caritas
Force de vie ■ Colombie
Vo ici co m m ent je m’imag in e la paix La deuxième fois a été la bonne : le gouvernement colombien et les FARC ont signé un accord de paix qui doit mettre fin à plus de 50 ans de guerre civile. Mais la paix, qu’est-ce que c’est ? Des enfants des quartiers pauvres de Medellín ont réfléchi à la question.
Beau« coup de gens pensent que la paix, ce n’est qu’une colombe, ou une décision prise à l’étranger. Mais la paix, c’est plus que cela : c’est ce qui apporte chaque jour le bonheur. La paix, c’est le respect, c’est être entouré de gens que tu aimes et qui t’aiment. La paix, c’est le sentiment de ne pas avoir peur. La paix, c’est l’amour et une mélodie que nous sommes heureux d’entendre.
»
Lesly Carolina Ramírez Guerra (12 ans)
Mon dessin «montre les élèves d’ici et du monde entier. Le cœur sur la mappemonde et sur nos T-shirts signifie la paix pour toujours. Le mot ‹ paix › n’est-il pas merveilleux ?
»
Deiby Alejandro Estrada Herrera (7 ans)
Ce que je voudrais dire, c’est que nous «devons exprimer la paix en respectant tout le monde, peu importe la race, la couleur de peau ou la manière d’être de chacun. Nous sommes tous pareils. Duber Argel Solipa (11 ans)
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Texte : Mithra Akhbari ; photo : Luca Zanetti
Colombie : votre part d’un monde plus juste
Sortir de la violence Les bases d’une paix durable sont posées en Colombie. Mais les effets de la guerre seront visibles pendant des années encore : dans les grandes villes, d’innombrables déplacés de guerre sont chaque jour confrontés à la pauvreté et à la violence. Les enfants et les jeunes n’ont souvent pour seule perspective que de rallier une bande criminelle. L’organisation partenaire Combos s’engage dans les quartiers pauvres de Medellín pour la protection des enfants.
Bon à savoir : – Combos prend en charge 4500 filles et garçons entre 6 et 18 ans dans 60 quartiers de Medellín. – Plus de 800 enfants ont fréquenté le projet actuel d’offre de formations extrascolaires Combos. – Avec 250 francs, 100 enfants bénéficient d’une prise en charge psychosociale chaque mois. ■ www.caritas.ch/enfants/colombie
Ques tions des parrains — réponses des enfants Qu’est-ce qui t’a apporté le plus de joie l’année passée ?
Werner Gröbli voudrait savoir comment les enfants parrainés vivent leur quotidien.
Vitoria Batista Vicente de Santana, 10 ans, Brésil « L’excursion à la plage et l’histoire du nénuphar géant et de Curupira *, que la maîtresse nous a racontée. »
Koeng Sreytoch, 12 ans, Cambodge « Pour moi, le plus beau a été de retourner à l’école et d’y retrouver des personnes aimables et prêtes à m’aider. »
* Légende de la mythologie Guaraní
Ahmed Décalo Díaz, 4 ans, Cuba « Danser, jouer et dessiner dans les centres de jour. »
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