Brennpunkt Suisse
La pauvreté à 0 %, c’est la Suisse à 100 %
Appel pour une Suisse sans pauvreté
Si près de la pauvreté
C’est en décembre 2021 que Caritas a lancé son « Appel pour une Suisse sans pauvreté ». Nous y demandons une action résolue de la Confédération, des cantons et des communes, notamment en matière de politique familiale. L’étude de la Haute école spécialisée bernoise souligne encore plus nettement l’urgence d’agir dans ce domaine. Une feuille de signatures est jointe à ce magazine.
Si le seuil de pauvreté reconnu en Suisse était relevé d’à peine 500 francs par mois, le nombre de personnes en situation de pauvreté doublerait d’un coup. Tel est le constat d’une enquête menée dans le canton de Berne.
Vous pouvez également signer l’appel sur www.caritas.ch/appel. Merci pour votre soutien !
Une attention particulière doit être accordée aux familles, qui vivent très souvent dans la pauvreté.
En Suisse, une personne sur douze est touchée par la pauvreté. Cela représente 722 000 personnes, conformément aux derniers chiffres de l’Office fédéral de la statistique. « Le seuil de pauvreté en Suisse est très bas : 2279 francs par
« De nombreuses personnes n’ont que 100 francs de plus par mois que celles officiellement pauvres » mois pour une personne seule et 3963 francs pour un ménage de deux adultes et deux enfants. Même les personnes disposant d’un peu plus d’argent peuvent à peine vivre avec de telles sommes. Et je ne parle même pas de réserves pour faire face à des dépenses inattendues ou à des pertes de revenus », explique
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Aline Masé, responsable du Service de politique sociale de Caritas Suisse. La crise du coronavirus a clairement montré à quel point de nombreuses personnes en Suisse se trouvent sur le fil du rasoir. « Nous nous sommes demandé qui étaient les personnes vivant juste au-dessus du seuil de pauvreté », précise Aline Masé. Une enquête de la Haute école spécialisée bernoise apporte désormais des réponses. « Les résultats indiquent clairement que de très nombreuses personnes ne disposent que de 100 francs de plus par mois que celles officiellement pauvres. Si l’on fixait le seuil de pauvreté 500 francs plus haut, deux fois plus de personnes seraient touchées par la pauvreté. » L’étude montre également que dans cette zone précaire, juste au-dessus du seuil de pauvreté, vivent de très nombreux couples avec enfants, donc des fa-
milles classiques. De même, beaucoup de familles monoparentales s’y trouvent, à savoir le groupe de population le plus touché par la pauvreté. « Il est urgent de se demander si la Suisse veut se permettre qu’autant de familles soient à deux doigts de la pauvreté », lance Aline Masé. Les conclusions sont claires : « Du point de vue de Caritas, ces nouveaux constats exigent une réponse au niveau politique : il faut renforcer la prévention de la pauvreté. Et dans ce contexte, une attention particulière doit être vouée à la situation des familles. » (sg)
Prise de position de Caritas sur les ménages vivant juste au-dessus du seuil de pauvreté : caritas.ch/prises-de-position Photo : Conradin Frei