CARITAS N° 6 / Décembre 2017
Magazine
Climat : les nouveaux réfugiés Page 6
Point fort
Suisse
Monde
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L’expulsion des Rohingyas
Enfants pauvres, chez nous aussi
Visite en Bolivie
Lettre ouverte
La pauvreté des enfants nous concerne tous L’égalité des chances est une valeur sociale centrale. Mais elle ne semble pas s’appliquer aux enfants qui grandissent dans des familles en situation de pauvreté. Leurs chances d’avenir sont plus limitées que celles des autres et ce, dès leur plus jeune âge. Caritas tient beaucoup à ce que cela change. Les chiffres de l’Office fédéral de la statistique sont alarmants : dans notre pays, 76 000 enfants grandissent dans des familles en situation de pauvreté et 188 000 autres dans des conditions de vie précaires, juste au-dessus du seuil de pauvreté. Le récent rapport sur les familles de la Confédération renvoie aussi à
la problématique de la pauvreté des enfants et à ses conséquences négatives. Quand une famille est-elle considérée comme pauvre ? C’est la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales (CDAS) qui fixe le seuil de pauvreté. Selon ces directives, il se situe à 1834 francs par mois pour une femme élevant seule deux enfants, déduction faite du loyer et des primes d’assurance maladie. Cette famille ne dispose donc que de 60 francs par jour pour faire face aux dépenses liées à la nourriture, aux vêtements, aux chaussures, au matériel scolaire, à l’hygiène, aux transports, au dentiste, au téléphone, aux assurances, à la formation, etc. Les causes fréquentes de la pauvreté des enfants sont un bas revenu des parents et l’impossibilité pour ces derniers
de concilier vie professionnelle et familiale. Comme ils ne peuvent souvent pas s’offrir le luxe de placer leur enfant dans une crèche, les parents en situation de pauvreté doivent se contenter d’un travail à temps partiel. Le chômage et de faibles qualifications professionnelles représentent aussi un risque accru de sombrer dans la pauvreté. Ce sont les enfants qui en souffrent. Ceux qui grandissent dans la pauvreté ont moins de chances de formation et d’ascension sociale – par
« Les enfants qui grandissent dans la pauvreté ont moins de chances de formation » exemple parce que les parents n’ont pas les moyens de les aider à l’école. Ils n’ont souvent pas les moyens de faire appel à un répétiteur. En Suisse, on ne parle pas assez de la pauvreté des enfants et les mesures destinées à la combattre tardent à s’imposer. Mais quelques cantons ont pris des dispositions pour soutenir les enfants en situation de pauvreté. Dans le canton de Zurich, on attache beaucoup d’importance à la promotion précoce et le canton de Vaud alloue des prestations complémentaires pour familles. La voie est tracée. Reste à espérer que de nombreux cantons suivront cet exemple. Je vous adresse, chères donatrices, chers donateurs, mes meilleurs vœux pour les fêtes et vous remercie de tout cœur pour la lumière que vous répandez dans le monde par votre générosité. Cordiaux messages,
Hugo Fasel Directeur de Caritas Suisse
Photo : Franca Pedrazzetti
Sommaire
Livrés aux aléas climatiques
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Rester ou partir ? Nargis Begum et Binoy Toppo du Bangladesh se sont posé cette question quand le changement climatique a bouleversé leur existence. Vous découvrirez dans notre reportage pourquoi ils ont pris des décisions différentes et ce que cela a signifié pour leur vie. Page 6
Point fort : expulsion et destruction
Au Bangladesh, les Rohingyas, une minorité ethnique originaire du Myanmar, croupissent dans les camps de réfugiés. À Cuba et Haïti, l’ouragan Irma a privé de très nombreuses personnes de logement. Caritas assure l’aide d’urgence.
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Suisse : des enfants pauvres, aussi chez nous
Il y a en moyenne un enfant en situation de pauvreté par classe. C’est le cas d’Olivia, une élève de première primaire de Baar.
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Monde : visite en Bolivie
Pas d’aide sans partenaires forts : Roland Gröbli, directeur de la fondation Clean Water, s’est rendu en Bolivie pour se faire une idée de la manière dont les dons peuvent changer des vies.
IMPRESSUM Le magazine de Caritas Suisse paraît 6 fois par an. Adresse de la rédaction : Caritas Suisse, secteur Communication et Marketing, Adligenswilerstrasse 15, case postale, CH-6002 Lucerne, Courriel : info@caritas.ch, www.caritas.ch, Tél. +41 41 419 22 22 Rédaction : Sabine Schaller (ssc), responsable ; Jörg Arnold (ja) ; Fabrice Boulé (fbo) ; Stefan Gribi (sg) ; Anna Haselbach (ah) ; Vérène Morisod Simonazzi (vm) ; Odilo Noti (on) Abonnement : l’abonnement annuel coûte 5 francs. Il est prélevé une seule fois sur les dons sans affectation. Graphisme : Evelyne Bieri Photo de couverture : Alexandra Wey Imprimerie : Kyburz, Dielsdorf Papier : 100 % recyclé Dons : PC 60-7000-4
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Écho
Donnons tous ensemble
Toujours plus de bétail périt en raison de la sécheresse, ce qui anéantit les moyens de subsistance des familles paysannes.
La sécheresse perdure en Afrique La sécheresse catastrophique persiste en Afrique de l’Est. Plus de 20 millions de personnes souffrent d’une grave pénurie de nourriture et d’eau potable. Quasiment aucune goutte n’est tombée depuis plus de deux ans dans de nombreuses régions et des précipitations inférieures à la moyenne seulement sont attendues pour la saison des pluies d’ici la fin de l’année. Les chances de récupérer de cette crise sont donc plus ténues encore pour la population rurale concernée. Le bétail a péri, les greniers sont vides. Le prix des céréales s’est envolé durant la sé-
cheresse et les semences sont épuisées. La population reste tributaire d’une aide alimentaire extérieure. L’appel aux dons lancé cet été par Caritas Suisse a été un succès : une aide d’urgence de quelque 2 millions de francs peut ainsi être fournie au Soudan du Sud, au Somaliland, en Éthiopie, au Kenya et en République du Congo. À ce jour, l’aide a atteint 170 000 personnes. (sg)
Plus d’informations : caritas.ch/afrique
Max Havelaar : une belle réussite Cofondée par Caritas Suisse en 1992, la Fondation Max Havelaar s’engage depuis 25 ans pour une production durable et un commerce équitable. Aujourd’hui, les produits estampillés « commerce équitable » de Max Havelaar font partie du quotidien helvétique. Les Suisses sont les premiers consommateurs de produits du commerce équitable de la planète, avec des achats de 75 francs par an en moyenne. Cet engouement profite à des caféicultrices comme Luz Emilia Rojas Sanchez.
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La prime du commerce équitable lui assure une vie meilleure. « Bien des femmes sont responsables de leur microentreprise caféicole. La culture se démocratise et devient plus participative », affirme fièrement la Colombienne. Le commerce équitable labellisé Max Havelaar joue donc un rôle décisif. Luca Puliafito / Max Havelaar Info : le présent numéro du Magazine contient une carte de commande de miel et de café Max Havelaar.
Migros lance sa quatrième collecte de dons de Noël, cette année à l’enseigne de « Ne laissons personne se sentir isolé ». Avec cette collecte, elle aide des personnes livrées à elles-mêmes dans notre pays et soutient les organisations d’entraide Caritas, EPER, Pro Juventute, Pro Senectute et Secours d’hiver dans leur volonté de soulager la pauvreté en Suisse. Appuyez cette initiative en achetant dans votre Migros des coupons de dons de 6, 10 ou 15 francs. Migros ajoutera un million au montant collecté. L’action dure jusqu’au 24 décembre. (ssc)
Précarité des jeunes en Suisse Après le succès rencontré lors de sa première édition, l’opération « Cœur à Cœur » revient cette année. L’action qui se déroule du 16 au 22 décembre va permettre de récolter des dons pour la lutte contre la précarité des jeunes en Suisse, à travers l’éducation et la formation. Cette initiative de la Radio Télévision Suisse (RTS) et de la Chaîne du Bonheur a lieu sur la Place Centrale à Lausanne et dans toute la Suisse romande. Trois animateurs seront enfermés jour et nuit dans un studio de verre à Lausanne, pour un total de 147 heures non-stop, pendant lesquelles le public pourra faire sa programmation musicale en échange de dons. (vm)
Photo : Joshua Smith
Point fort
L’ouragan Irma a causé d’importants dégâts à la maison d’Adriana Hernandez Paez et Fernando Morales Andreo.
Les Caraïbes après Irma Les réfugiés Rohingyas vivent dans des conditions inhumaines dans des camps au Bangladesh. La nourriture est limitée, il n’y a pas d’eau potable et les épidémies menacent.
Rohingyas : « Les besoins sont immenses » Plus de 500 000 personnes de la minorité rohingya ont fui le Myanmar pour échapper à la violence et à l’oppression. Leur situation au Bangladesh voisin est extrêmement précaire. Le réseau international de Caritas fournit une aide d’urgence à 70 000 réfugiés. Très loin des régions prospères de la planète, un drame des réfugiés se joue une fois de plus dans un des pays les plus pauvres du monde. Déjà touché par des inondations à grande échelle, le Bangladesh s’est vu de plus confronté cet automne à la tâche colossale d’accueillir un demi-million de réfugiés en l’espace de quelques semaines. Les photos de camps de réfugiés boueux et de personnes épuisées contraintes de dormir à la belle étoile ont fait le tour du monde. « Les besoins sont immenses. Les enfants en bas âge surtout n’ont pas assez à manger. Les filles et les femmes sont exposées à de gros risques », avertit Amrita Rozario, collaboratrice de Caritas Suisse au Bangladesh. De nombreux réfugiés sont traumatisés par ce qu’ils ont vécu. Ils ont été systématiquement expulsés par l’armée et des villages entiers ont été incendiés. Peter Seidel, collaborateur de Caritas Allemagne, fait part de ses impressions
Photos : Aurélie Marrier d’Unienville, Caritas Suisse
en ces termes : « Tous ont des histoires atroces de proches assassinés à raconter, d’horribles actes de violence dont ils ont été témoins, de femmes violées. La violence décrite par les personnes ayant fui au Bangladesh est épouvantable. » Caritas aide 70 000 réfugiés Dans le cadre d’un vaste projet d’aide d’urgence, Caritas Bangladesh approvisionne des réfugiés Rohingyas dans la région frontalière de Cox Bazar avec le soutien de Caritas Suisse et d’autres organisations membres du réseau international de Caritas. De la nourriture, de l’eau potable, des habits, des tablettes pour désinfecter l’eau et des bâches en plastique sont distribués. L’aide de Caritas Bangladesh atteint près de 70 000 personnes. (sg)
Faire un don en ligne : caritas.ch/faire-un-don
Pour les Caraïbes, la saison des ouragans de cette année a été l’une des plus graves de tous les temps. En septembre, la tempête Irma de tous les superlatifs a touché de nombreuses îles. Elle a provoqué d'énormes dégâts à Cuba et en Haïti. La collaboratrice de Caritas Karin Mathis s’est rendue à Cuba peu après le passage de l’ouragan. « C’est une immense catastrophe. Quasiment toute l’île est touchée », témoigne-t-elle. Caritas Suisse a lancé un programme d’aide d’urgence, en collaboration avec Caritas Cuba, et distribué des denrées de base, ainsi que de l’eau potable, du savon, des allumettes et des bougies à 5000 familles. La distribution se fait en priorité dans les régions rurales et isolées. Caritas Cuba organise des repas de midi destinés aux plus pauvres. Des inondations se sont produites en Haïti. Elles ont causé de gros dégâts à l’agriculture et aux habitations, sur la côte nord en particulier. Sur le plan alimentaire, la situation est devenue encore plus préoccupante qu’auparavant. Quelque 1500 familles ont reçu de Caritas des semences de haricots et de légumes, ainsi qu’une aide pour remettre en état leurs champs détruits. (sg) Plus d’informations : caritas.ch/caraibes
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Reportage
Exode forcé, et répété Texte : Anna Haselbach Photos : Alexandra Wey
À quatre reprises déjà, l’eau a contraint Nargis Begum et sa famille à changer d’habitation. Et il n’est pas certain qu’ils puissent rester dans leur bidonville de Dacca.
Reportage Au Bangladesh, un ennemi puissant menace les moyens de subsistance de centaines de milliers de personnes : le changement climatique bouleverse les écosystèmes, met les récoltes en péril et détruit le milieu bâti. Nargis Begum et sa famille n’avaient plus d’autre issue que de fuir. Quant à Binoy Toppo, il met tout en œuvre pour que sa famille ne soit pas forcée de quitter sa région. Nargis Begum est épuisée. Comme chaque jour, elle est levée depuis quatre heures du matin. Elle a fait le ménage dans la famille qui l’emploie, puis le petit-déjeuner pour sa propre famille. Elle
« Il n’est pas question de rentrer. Là-bas, il n’y a plus rien pour nous » ajuste pourtant énergiquement son sari et lance d’une voix ferme : « Tout ce que nous voulions, c’était un endroit où nous pourrions rester. » La chaleur pénètre par chaque fente de sa cabane en tôle dans le bidonville de Bauniabadh à Dacca. L’air est chargé d’odeurs de déchets et d’épices. Huit
personnes vivent ici, dans deux pièces exiguës. La famille de Nargis n’a pas l’électricité ni l’eau courante, pas plus que de toilettes ou de cuisine. Mais c’est le seul lieu de résidence qu’elle a trouvé – pour le moment du moins. Précarité permanente Le chemin qui passe devant la cabane doit bientôt être élargi. Comme Nargis et son époux Ali Akhber n’ont pas de documents d’achat, ils ne pourront pas défendre leur logis contre la rue. Le salaire d’employée de Nargis et la vente de jus de canne à sucre permettent à peine à la famille de vivoter. Elle n’a plus d’économies depuis l’accident d’Ali Akhber qui l’a contrainte de dépenser tout ce qu’elle avait pour le séjour à l’hôpital et les médicaments. Nargis ne sait vraiment pas ce
qu’il adviendra d’eux s’ils doivent quitter leur cabane. Elle insiste malgré tout : « Un retour est hors de question. Il n’y a plus rien pour nous là-bas. » Elle fait allusion à un retour à Haimchar, son lieu d’origine, où elle a grandi et où sa famille a vécu de la terre des décennies durant. Cette localité est sise au sud de Dacca, là où le dernier des trois fleuves majeurs du Bangladesh se jette dans la grande voie d’eau du pays, avant que l’impétueux courant traverse le reste du delta. Le nom « Haimchar » trahit déjà sa situation car « char » signifie « île » en bengali et désigne notamment le millier d’îlots émaillant le vaste paysage fluvial du Bangladesh, des îlots qui ne dépassent souvent que de quelques centimètres le niveau de l’eau. Chassés par les eaux . . . Dans cette région, quasiment rien n’est à l’abri des crues. Et elles montent plus haut chaque année, sous le coup des bouleversements climatiques. Nargis et sa famille ont déménagé quatre fois, et
Dans les griffes du changement climatique Nargis Begum et Binoy Toppo n’ont jamais entendu parler du changement climatique, pas plus qu’ils n’y ont beaucoup contribué. Mais il a marqué leur destin comme peu d’autres facteurs. Pratiquement aucun pays de la planète n’est autant accablé par le changement climatique et les bouleversements qui lui sont liés que le Bangladesh. Alors que la population du delta est confrontée à la montée de la mer et à la salinisation des sols, le niveau des nappes phréatiques baisse inexorablement dans d’autres régions. En parallèle, les phénomènes climatiques extrêmes comme les ouragans, les fortes pluies ou les sécheresses augmentent. On ne peut plus se fier à l’usuelle interaction entre périodes sèches et de mousson : les saisons sont de moins en moins marquées. « Tout est chamboulé », constate
Sukleash George Costa, collaborateur de Caritas Bangladesh depuis 20 ans. « Soit il y a trop d’eau, soit pas assez, soit elle vient au mauvais moment. » Les plus pauvres souffrent le plus Pour le Bangladesh, un des pays les moins développés d’Asie, ces changements sont dévastateurs. L’agriculture y compte toujours parmi les principales branches d’activité, tout particulièrement pour les plus pauvres. Or c’est un moyen de subsistance tributaire comme peu d’autres des ressources naturelles et des conditions météorologiques. L’industrialisation monte pourtant en puissance dans l’économie bangladaise : le secteur des services et l’industrie y sont toujours plus importants. Les compétences des réfugiés climatiques internes, souvent sans formation, sont
peu demandées dans les villes densément peuplées. Il ne leur reste donc que les travaux les plus pénibles et dangereux : les hommes conduisent des rickshaws ou vendent des jus, les femmes sont employées de maison chez des particuliers ou couturières dans des usines textiles. Et la spirale de la pauvreté continue. Ce que fait Caritas Caritas Suisse aide des personnes des zones rurales à s’adapter au changement climatique et des habitants des bidonvilles à se construire une existence à long terme.
Pour en savoir plus : caritas.ch/climat
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Reportage quatre fois les eaux sont venues emporter ce qu’ils avaient construit. Puis un jour, il n’y a plus eu assez à manger. La famille a alors pris le chemin de Dacca avec ses petites filles, dans l’espoir de meilleures opportunités de travail et d’un propre toit. Mais la pauvreté les a suivis. Et leur rêve d’un vrai logis reste hors de portée. . . . ou frappés par la sécheresse Binoy Toppo se débat aussi contre le changement climatique – mais pour lui, beaucoup d’eau est du domaine du rêve. Depuis quelque temps, l’ancien puits devant sa maison est à sec. Binoy est un petit paysan qui vit avec sa famille dans le village de Siddigram, dans le Chapai Nawabganj, le district le plus occidental du Bangladesh, tout près de la frontière
« Avant, nous inondions nos champs de riz à la première mousson » indienne. Dans cette plaine de champs sans fin, le niveau des nappes phréatiques baisse inexorablement. La plupart des réservoirs qui débordaient voilà peu sont à moitié vides. Et pendant la période sèche, le sol poussiéreux et brun derrière
Binoy Toppo ne doit pas quitter ses terres. Grâce à l’aide de Caritas, il peut irriguer ses champs et cultiver des légumes. sa maison est parcouru de craquelures. « Avant, nous inondions nos champs de riz à la première mousson, comme nous le faisions depuis des générations », explique Binoy. « Nous en tirions une récolte modeste mais suffisante pour toute la famille. » Mais depuis la hausse des températures et l’irrégularité et la raréfaction des précipitations, Binoy doit irriguer artificiellement ses champs. Cela prend beaucoup de temps et coûte beaucoup d’argent. Or celui-ci ne suffit pas toujours.
Les victimes du climat ont besoin de notre aide. Votre don aide les petits paysans pauvres à assurer leur alimentation malgré le changement climatique et à mieux se protéger contre les catastrophes naturelles.
Aidez-les par un don ! Compte pour les dons : 60-7000-4 Mention : « climat »
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Binoy a longtemps ignoré comment irriguer les champs avec moins d’eau et plus d’efficacité. Plusieurs familles de la région ont pris le chemin des villes. Binoy y a aussi songé. Mais où irait sa famille ? « Siddigram est notre maison », affirme-t-il. Grâce à Caritas, ses champs sont rouges de poivrons et jaunes de courges. Binoy peut donc rester sur place.
Reportage
« Ils passent d’une menace à une autre » Marianne Hochuli, quel est le lien entre le changement climatique et l’exil ? De plus en plus de personnes doivent fuir parce que leur existence est directement menacée par des catastrophes naturelles et la dégradation de leur environnement. Le Conseil mondial du climat estime que le nombre de personnes déplacées à cause du changement climatique sera de 150 millions en 2050. Quelles circonstances climatiques poussent les populations à fuir ? Les catastrophes naturelles provoquent de grands mouvements spontanés de fuite. Entre 2008 et 2015, 110 millions de personnes ont été obligées de fuir – 60 millions à cause d’ouragans et cyclones et un million à cause de l’augmentation de la température. La plupart restent à l’intérieur de leur pays d’origine et retournent chez eux dès que c’est possible. Certains ont perdu toutes les bases de leur existence, par exemple parce que la nappe phréatique s’est salinisée, que la sécheresse a tout brûlé et rendu impossible toute culture et qu’ils n’ont plus aucune source de revenus. Cette migration également se passe surtout à l’intérieur des frontières des pays en développement. Les mouvements migratoires des campagnes vers les villes sont particulièrement importants. Qu’espèrent ceux qui migrent ? Pour la plupart d’entre eux, il sera très difficile de gagner leur vie en ville. De plus, les villes côtières des pays en développement sont menacées par les inondations à cause de la montée du niveau des océans. Les gens ne font que passer d’une menace à une autre. L’adaptation au changement climatique est-elle uniquement une question d’argent ? Oui, en grande partie. La faculté d’adap-
Photo : Pia Zanetti
Marianne Hochuli est responsable du Secteur Études de Caritas Suisse.
tation dépend de la stabilité politique et des moyens financiers des pays pour mettre en place des stratégies d’adaptation et une prévention des catastrophes et pour créer des alternatives acceptables aux environnements dégradés. En Hollande, par exemple, on construit d’énormes digues de protection contre les inondations, ou encore à Bondo, on a pu éviter le pire grâce à la prévention des catastrophes. Le changement climatique est dû aux pays industrialisés, mais ce sont surtout les pays pauvres qui en subissent les conséquences. Que faut-il entreprendre pour résoudre cette injustice ? La Suisse doit aider les populations sur place à s’assurer une existence malgré le changement climatique, et leur éviter de devoir fuir. Pour ce faire, elle doit mobiliser des fonds additionnels à ceux consacrés à la lutte contre la pauvreté déjà engagés dans le cadre de la coopération au développement. Ces fonds – un milliard de francs par année – doivent être mis à disposition des programmes climatiques. C’est ainsi que la Suisse peut contribuer à mieux protéger les
conditions d’existence des populations sur place et à améliorer la prévention des catastrophes, par exemple en construisant des barrages, des digues et en mettant en place des systèmes de prévention. En premier lieu, la Suisse doit aussi travailler à limiter le changement climatique en renonçant dès que possible aux énergies fossiles et aux émissions de gaz à effet de serre dans son économie et son agriculture. Les Suisses sont parmi les personnes qui prennent le plus souvent l’avion. Pourquoi par exemple ne pas introduire une taxe sur les billets d’avion ? Les réfugiés climatiques ne sont pas concernés par la Convention de Genève relative au statut des réfugiés. Ils n’ont donc aucune protection particulière. Que faut-il faire pour eux ? Nous devons reconnaître que la migration est une stratégie d’adaptation pour les personnes qui perdent les bases de leur existence. Il faut donc créer des bases juridiques proposant une reconnaissance des réfugiés climatiques. Dans certains pays en développement, par exemple en Afrique de l’Ouest, on a déjà des approches dans ce sens. Pour les quelques réfugiés climatiques qui arrivent jusqu’en Europe, Caritas demande au Conseil fédéral l’introduction d’un statut de protection en Suisse. De plus, d’ici 2018, sous la présidence de la Suisse et du Mexique, un accord international, sur la migration devrait être approuvé par la communauté internationale. Caritas souhaite que cet accord prenne en compte le statut de réfugiés climatiques.
Prise de position « Protection et perspectives pour les réfugiés climatiques » à télécharger : caritas.ch/prises-de-position
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Suisse
Olivia Keller, 7 ans, est en première primaire à Baar.
« On n’achète que les articles en action » Pauvre dans la Suisse prospère : Olivia * est l’un des 76 000 enfants qui vivent dans la pauvreté en Suisse. Lorsqu’elle a besoin de médicaments contre son asthme, les légumes et les fruits sont rayés de la liste des courses. La question jaillit. « Maman, les autres ont des jouets dans leur calendrier de l’Avent. Pourquoi, moi, n’ai-je qu’un carré de chocolat ? » Olivia (7 ans) vit avec sa mère Sarah * et son petit frère Alex * (3 ans et demi) à Baar – en plein paradis fiscal. Mais la famille n’est pas au paradis dans son petit trois-pièces. Olivia ne porte que des vêtements de seconde main et sa famille n’a pas de voiture. Sarah Keller est rentrée de Jamaïque avec sa fille Olivia après une séparation d’avec son ami. Le retour est très dur. La jeune femme, qui a une formation d’employée de commerce, travaille à temps partiel dans un centre de fitness, mais cela ne suffit pas pour vivre. La famille dépend de l’aide sociale. La nourriture saine, trop chère Il n’y a jamais assez d’argent. Quand Olivia et Alex ont besoin de médicaments contre l’asthme, la fin du mois est encore
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plus difficile. « On mange du riz au thon et des raviolis en boîte », dit Sarah Keller. Une fois, Olivia a trouvé une pièce de monnaie dans la rue. Elle l’a donnée à sa mère en lui disant : « Maman, avec ça, tu vas pouvoir nous acheter à manger ! » C’est cher de manger équilibré. Pourtant, Sarah s’efforce de mettre aussi souvent que possible des légumes au menu. Cette maman qui élève seule ses enfants ne fait ses courses que dans les discounters. Avons-nous besoin de cela ? Pouvons-nous nous offrir ceci ? Au lieu de se poser quotidiennement ces questions, Sarah aimerait bien acheter de temps en temps un cadeau pour les enfants, du Kiri et des Babybel pour leurs quatre-heures, du pain frais, et non pas le pain de la veille en magasin, qui, dans un sac en plastique, se conserve vaille que vaille quelques jours de plus. Olivia disparaît brièvement dans sa chambre. Elle revient, triomphante, avec
une paire de souliers d’été. Sous la semelle, un point-rabais rouge. « On n’achète que des choses en action qui ont le point rouge », dit la petite fille. Ses rêves sont modestes. Pour qu’elle puisse prendre des cours de danse, sa mère a mis ses besoins de côté. Elle est prête à tout pour que sa fille ait les yeux qui brillent. Elle désirait un lit en hauteur avec un bureau dessous pour commencer l’école. Sarah a cherché infatigablement sur Internet jusqu’à ce qu’elle le trouve à un prix accessible. Olivia a un endroit à elle pour dormir et étudier. Mais elle travaille debout. Il n’y avait pas de quoi acheter la chaise avec. « Je l’ai demandée pour Noël », dit la petite fille. (ssc) * Les noms ont été changés
Vidéo : découvrez ici la vie d’Olivia et de sa famille : agirtoutsimplement.caritas.ch/ olivia
Photo : Alexandra Wey
Suisse
Les mêmes chances pour tous
Avec moi : loisirs et détente
La pauvreté des enfants, cela existe : en moyenne, dans chaque classe, il y a un enfant touché par la pauvreté. La prise de position de Caritas « Vaincre la pauvreté des enfants : la politique doit agir » répertorie les causes du phénomène et propose des solutions. Les faits concernant
En Suisse, 76 000 enfants vivent dans la pauvreté, et 188 000 dans des conditions précaires au seuil de la pauvreté. Ces enfants sont défavorisés matériellement et ils ont moins de chances que les autres de pouvoir se former. Souvent, ils ne bénéficient pas d’un encouragement précoce ni d’une place dans un jardin d’enfants, parce que c’est trop cher ou que l’offre n’existe pas. Et ces débuts difficiles ne sont pas compensés par la suite. Les enfants pauvres deviennent très souvent des adultes pauvres. Les enfants de familles monoparentales, de familles nombreuses ou de parents à bas niveau de formation sont particulièrement touchés. Ces familles se limitent en tout et économisent sur la nourriture saine, les loisirs et la mobilité.
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Suisse est un fait qui raitnt défini 201 tion • contr plus importante la à l’éduc » aurConvt des que, Au e nciè s le rité nettement ditio parents à trop t en 6, atoire, le taux L’exposition «En clair : dans re deminat prin discri n’a de forpleine de 10 % etLa pau fan aien ention familles le montre : lieu re- rappor n de de pauvreté che lepartic chaque classe trois enfants et Con ulier rég ationtem t. le taux comptant partic la Suiion sous moyenne le droit r, des familles lem et ps seil let com risque d’école droit x et pos t de ipatio pou Il ma un enfant téde pauvreté de des enfants est au risque de pauvreté violatide vre ent cer 201 ausse entoute bléà la enfants fait déjàdu pays, il y féd n s ses touché r l’en nqu avec leurs sibi la seules . s regard qui sont éra près de 40 a en par la pauvreté, par àé la vie 5, le temp vivant enf L’inté on du des enf menacés lités Les enfants libre, de forme l a s, lecette fan e enc plus et des mères %. et don tou au placultur 1990, il a ant années rêt lorsqu’ils sont adultes. et de des ant dro multielle fin un de lacu l’être. au jeu con la t fixé À sont ore familles ou supér t 1980. s la situ n féd deux La Cons les dan s, une itet artisti migrantesdro de lutte l’en ieur pauvreté des enfants ne. c et à sidé est souvent et tou par la débat depuis les années it leen ava resten – dont par s le éra sur l’enque. Les causes de la atiola bas des ré et defan dede niveau Le total de la population concernée gle nce dansbas ettitutio t inc qui npar l. La la jou de formation pay vig être n pol que de l’enfant, un revenu préve t. Ceprédl’enfa fédér bas – sont tret conséquen été établi que la majorité de tous les enfants de pères et de en • Au menta s sur apa loi. Les rs un ntion uire nt ests leau ale inscrit gagnent ueu ples : les coûts élevés rév ce de faeuxune ien situat itiqu l’enfa aussi celui était constituée de mères, subve r touchés faut de concilier la vie ble des revenus plus cœur isio quiengloendde lala pauvr contr dro ionnombreux ent cha nt t que dans la pauvreté. e déb tions pauvreté économique de la populationguère changé. » Ilpar nir à s de pen minimu de détre que n a de l’en la pauvreté ibuen ant d’une it reti con parents, peu de possibilités rge (art. moyens d’une me son n’ont de de eté la be y ajoute t à un recev Cependant égale , des ville commeles les choses le manque 12) «à vivre politiq fan base entre , en des l’en per sse et moyenne m d’e ncé ut des canton en con gar sions les enfants suisses sont oir professionnelle, et Saint-Gall. d’enfants. À ce jour, dével cer netoute Quico s tien achiffres absolus, tels s lac des parenfan ue t a ant mille et la viedan fam l’abLes problèmes fan mis de à déb ann ale nque été moye population existent. vivant Si l’on tinu tenceplus les nombreux dans la précarité, le droit n’est les la gar les ir le aliment ntre cond ent ts. toit au-de qu’une alime oppement pasenfants tLe une s. illes nt les conditions de vie des enfants, à bien- ren nsà vivre itionss confo ent d’exis- on le constater : les analysess des villes de de moyens en mesu est d’être assurer attr ées min indispdans la pauvreté fam aire tien sain, s imp ant dans le ssus rme à ntatio vive qui vieun ent forde la de aidé lacunes en matière Saint-Gall, Winterthou obtient les violen illes comme e des 200 re de de la Confédération tspour (59et%). de la n adéq ie avec la dignit ensables Seuil de protection s ent qui reti dép imum s des conséquences des 0, du lesorta ce cha Le assis connus. fan tête, sence d’investissement pauvreté est r sont éléme physi et reti pour uate, en Suisse dan Lucerne. end é vita fants La min Les enfants té et nte nts enn des enfan de formation mais huma mb et des instrum presta le mo en fectu que et mene des Les personnes de et les en Suisse l s de re aussi imu la famille eusess pr ine ». res tence et de l’insuffisance ne courent tres de vretéet de l’enfance. nde r une tion ts et des et jeune la leur m ents,subsist ent touchées féd enfant ent enfants. C’est pas tous Comme le estapsychique, une prote vêtem , 76 000 000 au domaine à l’âge. En exisdes jeuneEt en ce qui s s par pol réla pau dessous intégrité les mêmes de éra montrent ont la pa, et des un ent -la pauvreté des pauvreté possi 201 des relatio ction vital de Les droit itiq du seuil de incapable de traiter les taux des lutt com les s. Ma conce études risques en Suisse 188 et àpauvreté. s (art. uvre bilités Suisse les enfants tio contr pré être Quatre paren 3, ménages l’enco Ceà une prote en rne ioncede vivent is l’ob e con pléme ue a l’Office fédéral r rapports etMais de nombreux ns stable e la l’en troduc vivant dans 11) : en ts sont de l’enfa la Con ven de dével ns montrent « En vreté, et de l’aide sociale, que 201 la urage uct dernier cer« can l’in com une nta tion Plus pou Les tre de la statistique ser famille monopare estction l’enfa pau nt.tonMaisté les premco oppe s et afjet ment calculé 1. ensuisse desconcrètem partic et de fédéra irespar la Confédération. ses par ment publiés vre de a éch la pau ires pou La réd ser par et utilisé de d’argent, des chances Solnt inscri iers m ntale sont récemment institutions ulière s aux droits lign nta Trop peuType té parleur la pau respo soutie eur t égales prola Conv ent, tion plus la Conférenc s ention dével d’action pl nsabl adaptées des mesures intéressantes de es dire principe lutte oué vreté de ménage r sur les besoins la Conv en relativ carité. intr n. e (20 des enf t pas oppee sociale (CSIAS). mentpos cantons prennent a lanc enfant pléme con un cadre de des dev ment ention dul’enfa quem odu L’inté s, réduites fa ém es du bien10 des rêt ctri confirmant la règle, respo tre ant la ent la pré ants doi s comtains .» d’avenirMonopar me ant s les Ces ent une it les 10),supér revenus lesdes NatioIl est orienté une ces Loyer ratifié qui sont l’exception à la législ%nt, pas assez nsabi nts e auxen la pau é le s. n’ont louables et tru ttre ieur de pour tou ental pauvreté droits ta la plus e les de lemen pre Les par la enf prislité bas. avec 2 enfants ns Unies ation grandissent dans Vau de Assuranc en pre nsabi ire pra com t un sta respo vret Progra l’enfa de s ins prestations complémentaires les Suiss station ès de Les enfants qui can nt e ende l’État fondamensuiss des e-mal rés tiqu par exemple devoi besoins 1608 Couple avec relativ tionr stationlitéd paren e il s po dans pour tous les e (20 ton n’est cha e. Ce Besoins eau é. D’ic mme pour 2couvrir leurs e et des pléme de e d’enfants gratuit de pre d’un acc ce de basesur la prote y a 20 ans, enfants le jardin de moyens matériels i 201 nat s com 11)tale ets du donc 602 enc ses nta s se la socié succès trouve au seuil de familles ou c fam ur Seuil de La pauvr ction, tion pose et familiTes rgepas précoc bas té. de deux enfants se ires our mu 1787 mois, 8, il ional Tessin. pauvreté act illes cib unide s et la prom ale, 1834 ave fa taux. Une mère seule ent ent plé age m eté dès trois anseauque par sin eur de lée fau francs mais enfants à les ille 1834 Ge des cipes tou de mill réunit me tés em otion 1014 r les s, à trav vita nqu (19 éga- de enfanl’AVS sur nèv 4000 lorsqu’elle dispose fam ché l, fixés pub t finaliprise de position, ma famille la pauvreté pro enfinCaritasla question, le prin ntaires cette e (20 97), es es ts existe / 2110 Conv aille mapar pour des e décomptés. Une été tesDans lier courag tair jets is son Dan Il ne la Cons par AI. Elle raisons financières r. donc cip plus récentes sur rédu es ention primes d’assurance-maladi 12) de pou les ent de inno des s. soi s ces loyer et 4900 à l’en ont déjà la pau t liée titutio connaissances des vivre avec moins pou Sel e d’activités Tou d’u s en violat r fam ont . La van on participatio n vre pauvreté doit donc qu’lesilscauses, répertorie les défis et donne n sou deu s les r fam Natio par la dépend is fédércom desionpredes canton identifie ts. les ns sUnies r touchée nts à nseàvêtir, donc moins s nourrir, illes se de en ale ce plè des den des x de pour té pou suiss genre la motivation me pou personne tien illes canton des talents, can can sta prin-. relativ tene ce t par jour et par inc un emploi s. » de bonnes pratiques cantonales des enfants Les 20 francs tion certain itique despay t leet par de l’intérêt ton exemples voie don don nom presta . Dan tons, aux rdroits s, les itateion cières. Dans gar que la communication, la mobilité, et le risque est enfstable, nt l’hygiène, tion pauvreté. Des pratiques née s les t s le pol dans plu antde revenulas soc bre ragement l’énergie, les t le familles pauvres, de leurs possibilité ant s grand qu’ils payer de lutte contre la que Dans pre ton les enf les deux pa.À s can s face s finanmême pour onté Les prestaà s coû famille comptant cèdent au sta supplé ir lel’enfa s, on iale de fam com l’argent risque s tou politique Sol conditi lqu ton de 300 ant à toute la Suisse. et l’éducation. financer Une min nt. rappo l’absence mentson décoution de perspectiv jour l’entretien parmanquer lieux ten se répercute la vol its dan les événemen 17 francs de qu’il faudrait étendre rt desur comme la moins de et possi t de es. Ce décourage tiveet dans aide less ont moeure, elle onnentes variatio s commentaires i- prefamilles a consta illes moplémenta de Vau 0 fam dispose de maile2015 ts les plus place la contributio pour familles et l’encourapsychisme témoins. et deux enfants rents dérat bilités le l’argen d, n parentale illes Leur ires plé tions complémentaires le dentiste quotidiens, à nop ins anniversai sta assisté mm ns n’e confiance ion calcu « Politiqdes enfants introdu centraux pour d’act en simple visite chez me aux semaines Uneenfants, res des quiten sont ne ment canton enfant de ent tion st ver une pou depuis are bén de ble développe eux-même sont des éléments ion de par personne. rappo ue net Noël dep le les six vertes, les nta me s com es a gement précoce s bai s’a le billet de la Confés sefamili rt, un nt des délite. le savons, et sentiments sée durée détails chez ans uis de Vau jusq les r familles l’introd éficien coûts pu aleSouvent, nt ssé ppl problèmes insolubles. Ces Le enf train pour des enfants. Nous grands-pa : état enfan de honte famill per famille devantlesdes dérat l’âg u’à être qu’ . de plé . t ant et le qui aller fêter rents ou la réduire la pauvreté et desils uct deu iqu t coûte de l’enfa e, entre de ion faib mis maintenant e me aux culpabilité. e de d, dep en rés s l’ad Dans rec net risq photo de », la Confé tion nt en été testés. Il s’agit x can qu’le La plupart , en ipèse 201 ion les 7000 our classe. dans ole fam uis s Quelq uen et ado de fair ntaires tem risque à l’en revtroienu ces instruments ont Suiss vivent souvent des enfants Un grand nt le sce aut ent et 14 quifonction 1, Suisse. l’âg ent sus t de lesc e. Selon -sion complé ueton plus touchésdepar la pauvreté 50 pauvres res illes 000 grandisse œuvre partout en nce fan s ans, dese famili de la enfantsnombre s 000 Les réd de pau à l’aid le surpas ent e baisse pour familles est rare qu’ils aient une ne enfan franc de les mettre en rec de coûts de t, ale des n’ont can granddes le budg leven nelle,enfantsmetouch éta de la uit. d’accès à s par nt dans fam s. Le inadaptés. Ilfont la nourriture six . Au des économies nta és conditi tset–non la con par e familles u hypnages qui cause ma nt enfan ne tient appartements qui r et sontl’encourag Au vre mo our des an. Les eur de ans et ne mangent ent ires par onn ce qui diti isde pas un lieu à eux, dests,retards des conséquen sur les fam pas comp le logem Ils n’ont doncpas sTessin recour de 3,2 yenne ir à l’aid nombrele risqueilles ont Tessin,té des la prise ement ils worki pou on , res plu oth précoce,la poste d’apprent illes gagne que enfants qui ces seuls. sainement réd ng r la pauvr enteté s représ de chambre pour eux étiq directes sur s qui %). e en par ent et issage inc l’un des en te à tou ente pre ce de et s’e ant des Ceci a nat uise poor. pour faire leurs .devoirs, resdeuxpecontdes enfants. Fondamen fam pas– grand ntue. le développe bénéficié, rapport la forma charg pas sta de se concentrer ion sociale de jeu de pau ontest les sou tiers coûts retards à l’aid Mais e extra wo paren illes te aux Cetasseznt les Leurs famille st de lieu temprattrapés le dro issent leur permettrait ale talement, manque exc plu par lats,suite. qui tion. physique s de nes Ce ment rkin indire relation la dansrce des vre - lue tions. ate , g nombreuses d’arg àparen on constate entre la pauvreté, s un stabilis trava le plus Le rappo e soc le nom (4 %, est net cts, parne peuvent Au contraire té it aux fam se reposer et se détendre. pas Tes acco pas bénéficié une ts travai parce mesur pre Ma soit entstapour aussi de être des tousalaire poo il une s mais Les analyses sont pre des rep après enfants ille. forte mplir les : souve enla é sino is ces de bre de familles risq méexem rtsta santé tem llent, interet des d’un la enfants act à 4,4 iale partie r qu’ils e est tion garan au parce et lapourquoi en la naiss béné encourage nt la cet , soit résistance ple le pauvres expliquer qui mais Les résent ue mo is de ivité presta la pauvreté des familles ent tion elles n’ont Tes en par occup sà tir mu volem à propre pourrait souffrent leurs ca-ce quiplus . Les enfants te ance ment mère faitm. ent des yen mé cen les autres psychosoc Ces dernières années, réduifréquemm sin, que, au- qui ent plus soutenue. ent et , réduiredoublen pro ence- ils neéva és que de pau %. Les Lug moins est / ilsrég par l’exist nelem du premprécoce plusque iaux, ils sont invitentainsi t sa en tant sée statis gymnase. unesont emplo peuve les ticu souvent de ano nages ne nat des attention de plus en Ce nérée fes tir is moins con lua chés par la pauvreté contr son partie vre tique enf plus souventSouvent, les appartements nombreux ier enfan t cial Les troubles d’upréca - decom leur quement fam lier que gar fants a fait l’objet d’une ent nt exerc em t con qu’à familles diti temp ibutio pauvres n’a té ave ion la statistique publiait ant de la malades. àt ton ant à la maison. n re- ires pré pléme tions la mo en surpoids mont entrer ent dispo des scours illes er unebénéficmère onn s atio de classe n aux au pasditide l’Office fédéral de ale pour c au s Les plu marades 2016, yen prise n’offrant ir seule ne à rent fait nible possibilités onn et n. peuvent pou ne bas partie s novembre enf car touchés par que ou nta En Tes mo activitien très passanteschronisur la pauvreté les effets enpas d’un particulier de résilience rep s aug s. Les reven l. Les em ée ant ité coup perspectiv r les diplôm ires es con ne à nop é profes end situés sur des rues à un À charg leur tou sin. us du t Ge mères les pèreLes pauvreté, che suivi les chiffres exhaustifs chances ména à prix basla sont ente postrés s le sans des enfants seul, e, offrir es degegagner d’un oss nèv are bien sionn doncdehors. pou bén et le famforma deména pour la première fois Ils nt don une firm l’aide em formation leur capacité ent me en Suisse. Le Pro- crises, sont égalementde jouer est obliga : le reven nta et ont etent des elle ton enfan d’un Pour les ge. enfan mieux sa illes tion plotoire,e et et les ent privation matérielle soc ne son ent nté, de résister Les lesles risque rémules pas la possibilité moindres. pla om éficiaire stress r fam t est touchés enfants c ass i ou notam sur le à Sol pères des enfants et la ave profes u dispovie tsont l’ef auxfaible couple avec iale illes cé sonne possé ainsi une ie Ils considèren niè portait l’accent sur avec déconsidération tati enviro par coû d’être t pas donc moindres. reven trouver ment, rela elleun ez pauvrc deu sionn nible re t contre la pauvreté ons ainsi s sou quotidi . Elle ficacité . t leurs n 40 la pauvreté, franrentsts dant ; lorsque u enfan l’affiliation nede des rev eure,ou n’aya parents à un est celui une place tive gramme national moye le sport, plu % plus les stratégies cherchent en possépeu es enx par la dèl L’u lign gag par exemple, s chi possibilité ts. la société, fants dépit mereconenu la vain pendant fois de loisirs, les hobbies, s nue coure des famill dans pris dantde très complète analysait d’un incde ntn des est mo se ent en des réduise des née élevé de n es, Les activités les parents plus égalementet promise, donc itat se prolonge Le reven plus. fam entdu des mois de portée pre les familles. Une étude faitnt hau min le surnombe en qu’un tair pas l’av le départ ion es mono des familles au plan u dispo dèsque un hors sont souvent i- nt un durant toute certifi s. Ces qu’ils nt sta per logement es gra ins stig et est les enfants le revreux cha illes Vau celui can com- acqui ant s contre la pauvreté club ou une société cat de deu t travai décent ou spé llent.res grand son nettem tion leurnible pou nds . Tou à vivre qui ont grandi paren pou age un diplôm d et ton par às l’ac et mesures de lutte ime vie. rge Programme contre s leTrès nes titu r fam souvent, dans s lesfin de pauvres toute nt tivit enu dans tales ava matisa x can plus ext cadre également du scola- s’eLes du perdeticip . Ils e tertiai une famille avecLes rce paer. que que rep nta é rém tou ent la nta communal. Dans le ern la pauvr leur vie. nt Tes nt leur pauvre trois don - rité sont À la illes re. Les ge nde ché e des can le rec preen- restent eté rés sin, e auemplo uné du place tonque com deux nen perso est ges des que lière sta fina i ont diff sala sur de plus t de s ceux plé ttent cel our ente es. le le march enf qu’ tion elles me ére nce rée ui . Danen cetnnes il n’y pre me qui ont nt du s com ire. perde finance é du me pas lors nce à l’aids aux l’auplus te antpeu s qualifi sta nt nt leur me ment. travai s tou nta pre peine suc à dépen l. Plus s de plé ma à dan éesune qu’ de l’aid a pas tion ires Dan qui 2 cès medre de droitntaux s come soc s- retrous les 4 pasindems les souve quand un une chance pou elles e soc d’o nta ver dan nt que et iale r fam les dél blig ires l’aide socia se nitéscan mo plé du . son 6 la moye aus ai rais de chôm lesconstate leur pou le. On illes touche iale, les ation mensi par tonsage etcom Tesnne, 3 droit se que le voit auxcan de en pag sin sou onn ton r fam nomb de 13 indem abl sortir représ nt. Ces fam les un leur CoFa vienn illes re de l’amp nem snités lign ent 000 en de illes e. du (co perso ent ent Par de l’or entent a tripléont Vau pre 2001 ne nnesréalisaproblè l’im ach me , elles des aille d cespar niè don station ticu e ing sont et du quinz tion re tonqui ont fam portan urs, perdu c cla s passéTes - derniè s de pou inté les illes es sin. ce à 40 000formrespré can la pau ireannée voie ressan r fam . Dan du s: nt illes s le coachi tons de vreté du en atio 2016 te ma ) trav n,. et dan Vau don intenan s ce représ canton ng et ail. d c les t de de l’ac dom ente Vau éga cha de ren ain d, lem nce e. forc le Ces ent s des er les une deu par ent possib x can s sur ilité le ma s de rch é 000 enfants vivent
dans
En bref : En Suisse, 76autres dans la précarité
000 la pauvreté, et 188 Les enfants seuil de pauvreté. juste au-dessus du subissent des dans la pauvreté qui grandissent sociale, et et de l’exclusion inégalités matérielles sont une bonne formation leurs chances d’avoir une précoce – p. ex. moindres. L’encouragement cher ou – est souvent trop place dans une crèche chances Cette inégalité des simplement inexistant. enTrès souvent, les ne peut pas être compensée. pauvres dans la pauvreté restent fants ayant grandi
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Les coûts élevés engendrés par les enfants, l’absence de possibilités pour concilier travail et famille, les lacunes en matière de minimum vital pour les enfants et l’absence d’investissements de la Confédération pour les familles sont quelques-unes des causes de la pauvreté des enfants, et des raisons qui font que la Suisse n’arrive pas à éliminer la pauvreté des enfants.
Ce qui doit être fait contre la pauvreté des enfants Minimum vital : • C’est la condition d’une croissance saine. La Constitution suisse s’engage à offrir une protection particulière aux enfants et à encourager leur développement. Il faut introduire des prestations complémentaires pour familles sur le modèle tessinois ou vaudois. • Le bien-être des enfants doit primer s’agissant des pensions alimentaires, et garantir à chaque enfant une contribution d’entretien minimale. Les avances de pensions alimentaires doivent être calculées sur les besoins des enfants et ne pas dépendre du revenu du parent. Il faut inscrire dans la loi la contribution d’entretien liée au besoin. Encouragement précoce : • Tous les enfants vivant en Suisse doivent bénéficier d’un encourage-
ment précoce de bonne qualité. Cette offre doit être gratuite pour les familles touchées par la pauvreté. Concilier travail et famille : • Il faut garantir partout en Suisse et pour tous les enfants une prise en charge complétant les possibilités familiales et scolaires. En matière de prise en charge de la petite enfance, il faut prendre exemple sur le modèle tessinois. Le jardin d’enfants gratuit dès trois ans soulage les ménages et réduit la pauvreté des enfants. Il faut l’introduire partout en Suisse. Bettina Fredrich
Prise de position à télécharger : caritas.ch/prises-de-position
Une ou deux fois par mois, des marraines et parrains s’occupent d’enfants en situation familiale difficile. Ils les emmènent en excursion, à des manifestations sportives ou font la cuisine avec eux. Les enfants trouvent des moments de loisirs créatifs. Ils bénéficient d’une attention sans partage, ce qui leur permet d’affermir leur confiance en eux-mêmes. Leurs parents, souvent eux-mêmes à la limite de leurs possibilités, y gagnent eux aussi un moment de détente. Plus d’information : mitmir.ch
CarteCulture: que tous puissent participer Les hobbies et les activités de loisir coûtent de l’argent, un argent que les parents en situation financière difficile n’ont pas. Grâce à la CarteCulture, on peut obtenir des rabais de 30 à 70 % sur plus de 2550 offres culturelles, sportives ou du domaine de la formation. Les enfants peuvent se rendre à la piscine, au cinéma ou dans un camp scout à prix réduit. Ils peuvent y nouer des contacts sociaux et ainsi élargir leur horizon. Plus d’information : carteculture.ch
Épiceries Caritas : sain et bon marché Une nourriture saine et équilibrée : ce n’est pas une évidence pour les enfants touchés par la pauvreté. Parce que les denrées alimentaires fraîches, légumes et fruits, grèvent le budget, des personnes à bas revenus y renoncent souvent, bien que ce soit important pour le développement physique des enfants. Dans les Épiceries Caritas, les familles touchées par la pauvreté peuvent acquérir des denrées alimentaires saines, des produits hygiéniques et des articles d’usage quotidien à des prix très raisonnables. Plus d’information : epiceriecaritas.ch
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Solidaires Regard
Elsa Patrana, Colombie « J’ai sans cesse peur que ma petite fille tombe malade. » De quoi est faite votre journée ? Je me lève à cinq heures et je fais le petit déjeuner. Ensuite, mon mari et mon fils partent aux champs. Moi je m’occupe du ménage et de notre petite fille de quatre mois. Johanna Zwahlen aide Caritas et ses partenaires à améliorer en permanence ses programmes de gestion de l’eau.
L’eau comme cœur de métier Dans des pays d’engagement de Caritas, Johanna Zwahlen contribue à ce que des personnes démunies aient un meilleur accès à l’eau, à des équipements sanitaires et à l’hygiène. Sans eau, pas de vie : elle abreuve les hommes, le bétail et la terre. Dans de grandes parties du monde, elle n’est pourtant pas disponible. La difficulté d’accéder à l’eau potable, des installations sanitaires déficientes et de mauvaises habitudes d’hygiène rendent les gens malades et les font souffrir de la faim. Changer ce tableau fait partie des tâches quotidiennes des organisations partenaires de Caritas. « Je les aide à y parvenir comme conseillère », lance Johanna Zwahlen. L’eau, synonyme de santé Elle s’est d’abord engagée au Népal où, après le séisme, les écoles sont reconstruites, approvisionnées en eau potable et équipées de lavabos et de toilettes. Elle a ensuite quitté le toit du monde pour la Bolivie : 30 % de la population rurale n’y a pas accès à l’eau potable. Pour cette raison, 30 000 enfants meurent de diar-
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rhée chaque année. Les gens ont besoin de connaissances pour mieux se protéger. La construction de systèmes d’adduction n’est donc qu’un aspect du travail : la population apprend aussi comment améliorer son hygiène et réduire les risques de maladies. Pour Johanna Zwahlen, ce n’est pas une activité comme une autre. Elle aime son travail. « Poursuivre un objectif ensemble, apprendre et améliorer les condi-
« Je suis aux côtés des partenaires pour les conseiller » tions de vie de personnes défavorisées me plaît beaucoup. » En retour, elle accepte sans peine de devoir en permanence s’adapter à des lieux différents. « Les nombreuses nouvelles amitiés tissées facilitent vite la vie dans un endroit qui m’est étranger. » (ssc)
Que gagnez-vous ? Presque tout ce que nous cultivons est pour notre consommation personnelle. Pour les deux kilos de riz que je cuisine chaque jour, nous payons 6200 pesos (environ 2 francs), ce qui représente une grosse somme pour nous. Parfois, nous pouvons vendre quelques œufs. Cela nous permet de payer l’eau potable ou d’acheter des médicaments. Mais très souvent, nous devons emprunter. Que souhaiteriez-vous ? J’aimerais beaucoup financer l’éducation de mes enfants, mais ce n’est pas possible. Je crois cependant profondément qu’ils arriveront à quelque chose. Il faut qu’ils aient un vrai travail, qu’ils puissent fonder une famille et partir d’ici. Chez nous, il n’y a pas d’avenir. Quelles sont vos difficultés ? J’ai sans cesse peur que ma petite fille tombe malade et que je n’aie pas de quoi lui acheter des médicaments. Et aussi, l’eau est très chère. Et la sécurité n’est pas optimale dans notre village. On ne peut pas déambuler en toute tranquillité ni parler ouvertement. Janne Christ
Photos : Alexandra Wey, Caritas Suisse
Monde
Photo d’ensemble sur le nouveau réservoir : les bénéficiaires du projet du village de Capunuta, avec Roland Gröbli (troisième depuis la gauche) et Ruben Araujo, directeur de Caritas Corocoro (deuxième depuis la droite).
L’eau crée des oasis d’espoir L’aide de Caritas n’est possible que grâce aux dons, par exemple ceux de la Fondation Clean Water dont le directeur Roland Gröbli est allé en Bolivie. Il y a visité des projets hydrauliques soutenus par la fondation. Il raconte les moments magiques qu’il a connus et explique pourquoi les gens retournent maintenant dans leurs villages. Devant nous, le maire du village remercie la déesse Pachamama, dans le cadre d’une cérémonie. Dans notre dos se dresse le nouveau réservoir contenant 29 000 litres d’eau fraîche. Tout au long de l’année, il approvisionne maintenant le village de Capunuta en eau potable. Engagement des habitants C’est avec beaucoup de respect que je me suis rendu en Bolivie avec mon épouse en tant que représentant de l’entreprise Georg Fischer (GF) à Schaffhouse. Nous en sommes revenus avec encore plus de respect. Dans chacun des quatre villages que nous avons visités, la joie et la fierté des habitants sautaient aux yeux. Elles étaient dues à l’amélioration de l’infrastructure et de la qualité de vie induite par le nouveau système d’approvisionnement en eau potable. Mais c’est surtout l’enthousiasme avec lequel les vil-
Photo : Johanna Zwahlen
lageois ont accueilli cette chance qui nous a impressionnés – par exemple ce jeune père de famille qui nous a montré son jardin expérimental. Avec l’eau disponible grâce au nouveau système hydraulique, il y teste la culture de nouvelles sortes de légumes. Et à Capunuta, chacune des 92 familles impliquées a offert plus de 30 jours ouvrables de collaboration bénévole. Foi en l’avenir L’ONG locale Caritas Corocoro, partenaire de Caritas Suisse, nous a aussi impressionnés. Elle collabore étroitement avec les gens dans les villages et je suis convaincu que cet encadrement externe renforce les structures sociales et joue un rôle déterminant dans la réussite à long terme de ces projets. La volonté de vivre de ces gens et leur capacité à gagner leur pain quotidien à
4000 m d’altitude sont remarquables. Mais il y aussi des soucis : le nombre d’enfants baisse de façon dramatique et les familles sont toujours plus nombreuses à partir chercher du travail en ville. Elles n’exploitent plus qu’à la saison des pluies leurs terres arides mais extensives. Cela pourrait maintenant changer : depuis qu’il y a de l’eau potable, les familles sont revenues dans les villages, d’après ce qui nous a été rapporté avec fierté. Nous sommes rentrés avec l’agréable sentiment d’avoir visité des oasis d’espoir, découvert des lieux d’avenir et parlé avec des gens qui croient en la vie et en un avenir meilleur. Roland Gröbli Roland Gröbli est secrétaire général de Georg Fischer AG et directeur de la Fondation GF Clean Water.
La Fondation Clean Water est aussi engagée au Bangladesh : notre web reportage sur caritas.ch/medecin-eau
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Bon à savoir
La Toile au service de la lutte contre l’excision Qu’est-ce que l’excision ? Quelles conséquences a-t-elle sur la santé ? Où puisje trouver du soutien ? Voilà le genre de questions auxquelles répond le site www.excision.ch. Car à travers l’immigration en provenance de pays comme la Somalie, l’Érythrée et le Soudan, l’excision a aussi pris pied en Suisse. Près de 14 000 femmes et filles sont concernées ou menacées dans notre pays. Ce rituel douloureux a des conséquences physiques et psychiques à vie pour les victimes. Il leur est difficile de s’opposer à cette cruelle tradition et les spécialistes tels que gynécologues ou sages-femmes n’ont souvent pas l’expérience ni les connaissances requises pour leur apporter l’aide nécessaire. Le site, en fonction depuis six mois, a suscité chez eux un écho très positif. « Le site est d’un grand soutien pour les intéressées et les personnes confrontées à ce sujet à travers leur métier », déclare par exemple une pédo-gynécologue.
Agenda Du 16 au 22 décembre 2017 L’opération « Cœur à Cœur » de la RTS et de la Chaîne du Bonheur se déroulera sur la Place Centrale à Lausanne. Le thème sera la lutte contre la précarité des jeunes en Suisse, à travers l’éducation et la formation.
Large collaboration La plateforme d’information est soutenue par le Réseau suisse contre l’excision qui a été fondé par Caritas Suisse, Terre des femmes Suisse, Santé Sexuelle Suisse et le Centre suisse de compétence pour les droits humains. Sur mandat de la Confédération, le réseau va mettre en place ces trois prochaines années des mesures visant à protéger et à soigner les filles et les femmes victimes de mutilations génitales. (ssc)
Le 16 décembre 2017 Dans le cadre de l’action « Un million d’étoiles », places et bâtiments publics seront illuminés de milliers de bougies dans plusieurs villes de Suisse. Le bénéfice de cette action est destiné à la lutte contre la pauvreté des familles en Suisse. www.unmilliondetoiles.ch Le 26 janvier 2018 Forum de Caritas : divers experts vont débattre sur le thème du « Nationalisme : approches sociopolitiques ». Inscription par tél. 041 419 22 22 ou en ligne www.caritas.ch/forum-f.
Almanach Politique du développement 2017/2018
Almanach social 2018
Protection du climat et lutte contre la pauvreté
Nous et les autres : le nationalisme
Le changement climatique engendre la faim dans les régions pauvres, obligeant leurs habitants à fuir. C’est pourquoi la lutte contre les conséquences du changement climatique et la lutte contre la pauvreté sont indissociablement liées. C’est ce que souligne le troisième numéro de l’Almanach Politique du développement.
L’écart se creuse en Suisse entre les riches et les pauvres. Quelles sont les conséquences de cette polarisation sociale ? Encourage-t-elle les positions populistes de droite et les idées nationalistes ? Comment change-t-elle la société ? Voici les questions dont traite l’Almanach social 2018, en mettant particulièrement l’accent sur le rapport entre le nationalisme et les développements économiques et sociaux.
L’annuaire de Caritas sur la Suisse humanitaire Protection du climat et lutte contre la pauvreté Éditions Caritas, Lucerne ; septembre 2017, 240 pages / 39 francs. Commande en ligne : shop.caritas.ch
L’annuaire de Caritas sur la situation sociale de la Suisse Nous et les autres : le nationalisme (en allemand) Éditions Caritas, Lucerne ; janvier 2018, 240 pages / 36 francs Commande en ligne : shop.caritas.ch
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Photos : Alexandra Wey, Pia Zanetti
Ensemble
Pourquoi j’agis
Najwa Sayedah (53 ans), groupe de solidarité pour la Syrie
« Nous voulions soutenir la soupe populaire de Caritas à Alep. Je suis moi-même réfugiée de Syrie et je sais que l’aide commence sur le pas de la porte. »
Les gagnantes du youngCaritas-Award 2016 ont pu visiter les projets de Caritas en Inde.
Un voyage au pays des extrêmes Deux semaines durant, les lauréates du prix youngCaritas 2016 se sont immergées dans le pays des couleurs chatoyantes, du vacarme et des odeurs intenses. L’occasion pour Linda Bergauer et Leonie Mugglin de se faire une idée du précieux travail de Caritas en Inde. Après deux jours consacrés à explorer Delhi pour notre propre compte, nous avons fait la connaissance de l’équipe de l’organisation Chetanalaya soutenue par Caritas Suisse. Nous avons pu visiter plusieurs projets de recyclage dans un quartier de banlieue de la mégapole où s’accumulent des montagnes de déchets. Chetanalaya aide les collecteurs de déchets à accroître leur revenu et à vivre ainsi plus décemment. Son engagement dans la lutte contre la traite des êtres humains et ses efforts pour améliorer les conditions de travail des employées de maisons qui ont migré des régions rurales nous ont beaucoup impressionnées. Après une rapide visite du Taj Mahal et de la ville magique d’Alwar, nous avons poursuivi notre voyage jusqu’à l’État du Bihar. Nous y avons été chaleureusement reçues par Caritas Suisse qui s’efforce de mettre fin à la traite des femmes et des enfants, au mariage des mineurs, ainsi qu’au travail des enfants, dans cet État
Photos : youngCaritas, DR
souvent frappé par des catastrophes naturelles. La visite aux religieuses de l’organisation « Nirmala Mahila Kalyan Kendra » à Darbhanga a été le point culminant de notre périple. Cette ONG se concentre sur l’amélioration des conditions de vie dans la région, ainsi que sur le renforcement des droits des filles et des femmes. Nous sommes très reconnaissantes d’avoir eu cette occasion unique de découvrir ce que représente le travail de l’aide au développement. L’Inde doit toujours combattre une grande pauvreté et la discrimination d’une large frange de la population due au système des castes, mais grâce à des projets comme ceux de Caritas, elle se rapproche jour après jour d’une société plus équitable. Leonie Mugglin et Linda Bergauer
Le blog du voyage : youngCaritas.ch
Ruth Graham (48 ans), « Les Küsnacht Carollers chantent pour la Syrie »
« Le projet d’Alep est courageux et impressionnant. Nous sommes heureux et fiers d’avoir pu le soutenir avec notre concert de Noël. »
Nerea Gysin (17 ans) et Sophie Graf (17 ans), du gymnase de Liestal
« Avec l’action ‹ pain de la veille ›, nous avons voulu proposer une récréation bon marché aux élèves tout en attirant leur attention sur le gaspillage de nourriture. Et surtout aider ainsi les habitants de Bondo. »
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Olivia Keller (7 ans) Élève de première primaire, Suisse
Agir, tout simplement
Quand la pauvreté montre son visage Apprenez-en plus sur Olivia et sa famille sur : www.agirtoutsimplement.caritas.ch