o p h é l i e n e i m a n • f r é d é r i c g o da r d
Ensisheim les métamorphoses d’une ville
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Une ville nature
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Ensisheim est l’une des 200 communes les plus joliment fleuries de France. S’y promener, c’est se mettre au vert.
Une ville qui rayonne
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Depuis que la météorite s’est écrasée à Ensisheim, la ville fait des étincelles dans tous les domaines... Chaque habitant contribue à son succès.
Une ville qui aime
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Musique, sport, culture... Ensisheim rend hommage à tout ce qui réunit les habitants et les fédère.
Et demain... « Ville d’Histoire, Ville d’Avenir », Ensisheim a des projets de construction plein les cartons.
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Une ville Nature Ensisheim est l’une des 200 communes les plus joliment fleuries de France. La nature s’immisce partout dans la ville, à travers ses espaces verts, ses rivières, ses chemins, ses jardins, ses champs. S’y promener, c’est se mettre au vert.
La rue des Clef incite à prendre… la clé des champs.
Chaque trottoir accueille un massif.
4 fleurs... et des millions d'autres Le pouvoir des fleurs. Pas sûr que Laurent Voulzy ait écrit cette chanson douce à Ensisheim. Mais il aurait pu. Parce qu’Ensisheim est définitivement une ville « flowerpower ». Les inflorescences colorées sont partout, dominent la cité, s’épanouissent sur chaque bâtiment, fleurissent chaque rond-point ; tout ou presque est prétexte à les accueillir. Que vous veniez de Colmar au nord, de Mulhouse au sud, de Munchhouse à l’est,ou d’Ungersheim à l’ouest, ou même d’un peu plus loin d’Allemagne votre arrivée sera saluée de mille pétales et presque autant d’arbres. Mais si vous venez de Pulversheim ou de l’écomusée,
ce sont les rues elles-mêmes qui portent les fleurs en étendard… sur leur plaque. La cité minière s’est construite autour de noms florissants : la rue des Prés fleuris, lesquels évoquent les nombreux espaces verts de la cité ornés de fleurs sauvages alsaciennes, dessert la rue des Muguets, qui à son tour s’ouvre sur la rue des Myosotis et la rue des Perce-neige. Au bout de cette dernière, la rue des Capucines débouche sur un quartier de noms colorés : la rue des Œillets, des Narcisses, des Pois de senteur, des Campanules, des Jasmins, des Coquelicots, Violettes, le bouton d'or, C y c l a m e n s , M a rg u e r i t e s , Rosiers, Jonquilles.
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Sur la place de l’Êglise, presque tous les balcons sont fleuris.
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Ensisheim Une ville Nature
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Gaë ll e Si n g e r • 1 8 a n s • app re n ti e a ux e space s Ve rts
"Une ambiance au top un métier varié. Je suis restée" « Je suis native d’Ensisheim et je ne savais pas quoi faire de ma vie en sortant du collège. Je connaissais Gilles, le responsable des espaces verts, il m’a proposé de faire un stage de découverte. Je suis venue et ça m’a plu. Une ambiance top, un métier varié. Je suis restée. Cela va faire 3 ans ! Mes journées ? Cela dépend des saisons. Aujourd’hui, je commence le rempotage de pensées, il y aura
beaucoup de désherbage de massifs dans toute la ville. C’est normal, quand on utilise peu de produits phytosanitaires. On traite parfois sur le long des routes, sinon ça demanderait trop de temps et d’investissement de la mairie. Mais pour le reste, nous travaillons à la main, presqu’à l’ancienne. En ce moment, j’aime beaucoup les massifs qui sont rue de la Gare, aux couleurs jaune, rouge, très chaudes ».
Gaëlle est modeste et ne l’avoue pas, mais elle a remporté le prix du meilleur apprenti horticole d’Alsace en mai 2013 ! Une fierté pour la ville.
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Une ville rayonne Depuis que la météorite s’est écrasée à Ensisheim, la ville est prise d’une énergie inextinguible et fait des étincelles dans tous les domaines. Chaque habitant contribue à son succès.
PORTRAIT
Jean Misiano entretient la mĂŠmoire du Carreau Rodolphe.
Ensisheim Une ville qui rayonne
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J ea n M i s i a no • C h e f d e s e cti on de s m i n e s à l a re tra i te
"Dans la mine impossible de travailler sans solidarité" La salle des machines du Carreau Rodolphe.
« Avec le statut de mineur, on avait le droit à un logement, j’ai donc fait une demande après avoir repéré cette maison. Je l’ai obtenue en 1979. Comme les autres maisons Kali Sainte-Thérèse, elle est symétrique, l’entrée donne sur un escalier pour atteindre le rez-dechaussée où se trouvent cuisine et salon, puis à l’étage les deux chambres. La cave s’atteignait par l’extérieur mais j’y ai construit un accès direct. C’était un cube très simple, sans salle de bain ni chauffage ni eau chaude. Nous l’avons modifiée en 2008, nous avons gardé la symétrie en ajoutant de chaque côté une salle de bain et une salle à manger. Avant cela, comme pour beaucoup de maisons minières, il fallait aller à la cave pour se doucher !
La cité minière, c’était un lieu d’intégration formidable : il y a autant d’Alsaciens que de Polonais, et des Italiens comme en témoigne mon nom… qui sont venus et ont vécu ensemble. Quand je rencontre un mineur, c’est tacite, on se salue. Nous avons vécu quelque chose de particulier. La mine c’est un univ ers austère, hostile et dangereux, on ne peut pas travailler sans solidarité. Et puis, la sécurité est essentielle, la nôtre et celle des collègues. Nous avons une conscience aiguë des autres autour de nous. Il n’y a rien de pire qu’apprendre qu’un mineur est blessé. Chaque fois que je l’ai vécu, cela a été très dur. J’ai vu des
accidents en live, comme on dit. À peine avais-je tourné le dos qu’un effondrement s’abattait sur deux collègues derrière moi. Dans l’association que je dirige, Le G ro u p e R o d o l p h e , n o u s œuvrons à préserver et mettre en valeur ce temple industriel et patrimonial qu’est le bassin minier. Il y a eu 850 morts, il ne faut jamais oublier. Au conseil municipal, il y a beaucoup d’enfants de mineurs. La société minière est prise en compte, notre quartier n’est pas mis à l’écart. Ma fierté ? Ma femme qui me dit que nos enfants sont fiers que leur papa ait été mineur. »
Un patrimoine hors du commun La promenade du chemin des remparts démarre ici !
Avec le Palais de la Régence, l’une des plus belles réalisations architecturales du XVI e siècle en Alsace, ses maisons bourgeoises du XVe siècle, son hôtel de la Couronne de la fin de la Renaissance, ses remparts et bien d’autres splendeurs historiques, Ensisheim a de quoi attirer et séduire les amateurs de patrimoine. Mais ce qui remplit les yeux et le cœur ne remplit pas l’estomac. Il faut pouvoir se restaurer. Ensisheim peut heureusement s’appuyer sur plusieurs établissements qui proposent gîte et couvert. L’arrière de la Régence, vue depuis le temple protestant.
Parmi les belles tables, le Bœuf Rouge qui accueille les gros mangeurs de viande depuis plus d’un siècle, la Villa du Meunier, qui a ouvert ses portes en 2006 et est déjà devenue un incontournable. La Flamme sert, elle, dans un cadre jeune et pimpant des tartes flambées au classicisme impeccable tandis que Le Kellian séduit les habitués par son ambiance conviviale. Pour dormir, vous avez le choix entre l’élégance du Domaine du Moulin ou le style plus familial des gîtes et appart hôtel.
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Les arcades de la Régence, l’un des plus beaux témoignages de la Renaissance de toute l’Alsace.
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Une ville aime Vieilles pierres, musique, sport, culture ou cultes, Ensisheim rend hommage à tout ce qui réunit les habitants et les encourage à vivre ensemble.
Trois générations réunies par l’amour de la danse polonaise.
Grâce à son passé potassique, Ensisheim s’est agrandie au fil du XX e siècle et s’est enrichie de cultures : l’arrière petit-fils alsacien côtoie aujourd’hui le petit-fils polonais, le fils italien, le frère turc tous ceux que la ville accueille désormais par son dynamisme économique et industriel. Cette mosaïque de culture se traduit naturellement par la diversité des cultes pratiqués paisiblement, dans le respect de chacun et se concrétise par la forte solidarité qui règne ici. Solidarité au sein de chaque communauté religieuse, solidarité entre familles de mineurs de tous horizons, solidarité envers les aînés et les démunis, grâce aux nombreuses
Contrairement aux traditions de l’Est, les danses polonaises se pratiquent souvent en couple.
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Ses cultures Le Tatry d’Ensisheim danse depuis 40 ans !
participations des associations qui interviennent lors de cours du soir ou à l’hôpital pour soutenir les malades. La communauté polonaise d’Ensisheim, elle, offre un autre type de culture solidement chevillée à la ville. L’un des exemples les plus toniques est le groupe folklorique Tatry, du nom d’une montagne polonaise. On y danse de 8 à 67 ans et certains pratiquants, comme Christiane, y sont depuis plus de 30 ans ! « Mes parents sont venus de Pologne pour travailler dans les mines de potasse, raconte-telle. On a une tradition très forte : j’étais à l’école polonaise, j’ai fait mes communions, mon mariage et le baptême de mes filles chez
le curé polonais. Alors je danse polonais ! » Pendant leursdéplacements dans toute l’Europe, le Tatry d’Ensisheim en profite pour raconter l’histoire de la ville et de la potasse. « Les groupes provençaux, par exemple, ont du mal à comprendre, s’amuse la chorégraphe Nathalie Blazevic : pour eux nous sommes Polonais et en même temps Alsaciens, c’est complexe ! » Qu’elles soient romantiques ou burlesques, le charme de ces danses convainc même les plus jeunes… qui n’ont aucune racine polonaise. Ainsi Angélique, 14 ans, avoue sobrement s’être inscrite parce que le groupe « est venu dans mon école primaire pour un spectacle et ça m’a plu !
Les danses et les costumes sont beaux, ça fait voyager ». Le Tatry renoue aussi les mémoires : « Quand on fait des spectacles bénévoles pour les personnes âgées à l’hôpital, elles aiment ça, rappelle la chorégraphe. Les seniors polonais chantent avec nous, c’est émouvant. Ils se souviennent et ils sont fiers de leur culture. »
Les tissus aux couleurs chatoyantes sont synonymes de fête.
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Très lumineuse, dotée d’un chauffage au sol et de souffleurs d’air, la mosquée est agréable tout au long de l’année.
Quelle surprise de trouver, près des étangs de pêche de la Thur, cette mosquée blanche et verte flambant neuve ! Érigée entre 2009 et 2010, elle est tournée vers la Mecque et, de ce fait, est posée en quinconce par rapport à la chaussée. Les matériaux et la confection de la salle de prière témoignent d’une recherche de qualité au carrefour des cultures : carrelage et moucharabieh issus d’artisans marocains, portes réalisées par une menuiserie strasbourgeoise, marbre d’Italie, fenêtres de Turquie, lieux d’ablutions importés de Grande-Bretagne et calligraphie murale peinte par un artisan d’Ensisheim.
À côté de la lumineuse salle de prière, des salles accueillent enfants et adultes de toutes confessions pour des cours d’allemand, anglais, espagnol et arabe ainsi que du soutien scolaire. Une cuisine dans le prolongement permet de créer des ateliers culinaires. Le but de cette mosquée : être un lieu de rencontres pour tous, musulmans et non-musulmans qui viennent ici, pour prier ou apprendre.
La communauté musulmane rassemble ici jusqu’à 300 personnes d’Ensisheim et des environs
Du carrelage marocain sous des versets du Coran made in Ensisheim.
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El Khatib El Mansouri, Président du conseil islamique d’Ensisheim
"Les portes sont faites pour être ouvertes..."
« Je veux d’abord remercier tous ceux qui nous ont aidé dans la construction de ce joyau d’Ensisheim, l’un des plus beaux bâtiments à mes yeux avec la Régence et le Moulin. D’abord le maire qui nous a épaulé tout au long de cette aventure. J’avais proposé la construction de la mosquée dans les années 1990 mais c’est la mairie qui nous a invités à le faire dix ans plus tard. Elle a participé à une partie du financement et, Dieu merci, il y a eu l’aide des fidèles. La mosquée est infiniment redevable aux entreprises qui ont offert le matériel et ont construit bénévolement ! Moi je suis électricien et j’y ai passé mes week-ends,
avec mon équipe, une vingtaine de personnes de toutes confessions ! C’est une solidarité humaine fabuleuse, au delà des religions, c’est l’entraide qu’il faudrait toujours. Et aujourd’hui, la mosquée rend ce qu’elle a reçu. Ici, les portes sont faites pour être ouvertes, pas pour être cassées. »
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Ensisheim
Robin Zagula • Woodstock guitares
"Une guitare doit coller à la personnalité de son propriétaire" « Depuis que je suis tout petit, la guitare est ma seule passion. Alors naturellement, j’ai eu envie d’en faire mon métier. J’ai fait ce pari avec mon père et nous avons ouvert il y a six mois. Ici, je dispose de 400 modèles différents : des guitares acoustiques, classiques, électriques, de jazz… tous les styles. Et quelques guitares basses. On a mis l’accent sur des marques qui sortent de l’ordinaire, rares ou très haut de gamme, des coups de cœur. Nous proposons des guitares de 120 à 6000 € et chacun est invité à en essayer autant qu’il veut ! Une guitare doit coller à la personnalité de son propriétaire, il ne faut pas se tromper.
Nous avons des clients de Belfort, Besançon, Strasbourg et de tous les niveaux : du débutant qui cherche quel style lui conviendrait, au grand professionnel qui joue depuis 20 ans et veut un modèle précis. Le guitariste de The Voice est même passé. »
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Un avenir grandeur nature Une montgolfière du Petit Prince prend son envol devant la ligne des Vosges.
111 nouveaux foyers ont été accueillis en 2012 à Ensisheim, 88 en 2013. Combien demain ? Pour les nouveaux arrivants, il faut construire, s’adapter, anticiper. Entre 2004 et 2014, 720 logements ont été créés. Et ce n’est pas près de s’arrêter : de nouvelles constructions sont en cours, comme le clos SainteThérèse. Mais la ville voit plus grand, avec le projet des Oréades, un écoquartier qui devrait sortir de terre dans les prochaines années au sud-ouest de la ville, le long de l’étang et du terril. Le projet propose une relation très forte avec son environnement : les traces de l’histoire minière dont le terril est le principal marqueur,
le paysage, le lac et ses berges, à l’attrait incontestable. Ce projet se décomposera en trois entités : un quartier tourné vers l’eau, en front du lac, offrira un point de vue et des activités de loisirs (pontons, transats, plage enherbée et promenade des berges), des commerces et des habitats collectifs. Le parc du terril sera pour sa part un quartier plus intimiste, dédié à l’habitat individuel et aux maisons accolées dans une ambiance résidentielle. La troisième entité sera structurée par « l’allée des sousbois », axe paysager privilégié des piétons qui reliera la cité minière au lac. De chaque côté, de petits îlots de vie aux hauteurs variées, traversés de sentiers piétons,
assureront un confort de vie et un accès sécurisés aux écoles et loisirs. En tout, 124 000 m2 de surface construite et environs 500 logements sont prévus à moyen terme, sans compter les équipements publics. Dans son ensemble, le futur éco quartier vise avant tout une qualité de vie basée sur l’espace et la vue, en accord avec la nature, assurant la biodiversité de la faune et de la flore. Un projet ambitieux, novateur, à l’avant-garde des besoins des habitants. Et pourquoi s’en étonner, après tout Ensisheim est et restera très probablement fidèle à son slogan : « Ville d’Histoire, Ville d’Avenir » !
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Le Lac deviendra un élément central de l’éco-quartier des Oréades
Ensisheim
les métamorphoses d’une ville Lové au coeur de la Plaine d’Alsace, Ensisheim aurait pu être un village alsacien parmi tant d’autres, se contentant de jouer de ses charmes : ruelles pavées, maisons à colombages et cigognes. Il n’en est rien. La cité est loin d’être une belle endormie. Ensisheim se dérobe aux clichés… et surprend. Derrière les canaux dans la brume, des écoles sages et des rues harmonieuses qui déroulent commerces cosy et restaurants aux ardoises attrayantes se cachent des hommes et des femmes à la vitalité exceptionnelle. Ensemble, avec audace et détermination ils ont su faire de ce lieu, au patrimoine Renaissance préservé, un petit éden où l’on aime passer, flâner, et très souvent… s’installer.