Montceaux - Au fil du temps

Page 1

Montceaux Au fil du temps 速


Sommaire

p. 2

Éditorial

p. 4

Remerciements

p. 5

Avant-propos chapit re 1

p. 6

Il était une fois Montceaux chapit re 2

p. 16

Un voyage dans le temps chapit re 3

p. 30

Plus de 200 ans de vie communale chapit re 4

p. 50

Souvenirs d’école chapit re 5

p. 62

Jadis, la vie quotidienne au village chapit re 6

2

p. 84

Ensemble à Montceaux

p. 96

Bibliographie


Éditorial

N

otre village, situé entre la Dombes sa voisine prestigieuse et la Saône, autre voisine non moins prestigieuse, bénéficie d’un emplacement privilégié.

La pénibilité bien réelle du travail d’autrefois, laisse aussi deviner une certaine douceur de vivre, parfois en opposition avec notre époque contemporaine.

Traversé depuis toujours par un axe de communication reliant la Bresse au Beaujolais, Montceaux a évolué autour d’activités multiples basées sur la ruralité de son territoire.

Le passé riche de traditions, de savoir-faire, source d’exemplarité quelquefois, conduit la réflexion sur nos origines, nos racines familiales.

La connaissance de l’histoire locale repose sur les souvenirs et les témoignages de nos aïeux. Hélas, cette mémoire collective s’estompe avec les générations qui passent. En élaborant ce « livre de mémoire » nous avons voulu fixer les souvenirs et l’histoire de notre commune, afin de transmettre aux générations futures cet héritage précieux. Au travers d’anecdotes parfois surprenantes, vous découvrirez, en lisant cet ouvrage, la richesse et la diversité des activités de chaque époque. Vous ressentirez, page après page, sourires, émotions, nostalgie, tristesse grâce à ce travail de recherche minutieux. L’histoire de Montceaux se révèle dense, passionnante et parfois inattendue. Chaque habitant, acteur d’une vie qui s’écoule au fil du temps, laisse son empreinte sur chaque époque. Véritable fil conducteur de ce livre, l’environnement paysager, agricole, patrimonial, met en évidence les aspects cachés ou méconnus de notre village.

Grâce à l’engouement d’un grand nombre d’habitants, nous avons pu réaliser ce livre en réunissant de nombreuses photos, des documents précieux, des témoignages importants. L’association « Le Jardin du Dialogue » à qui nous avons confié cette mission de recherche et d’élaboration, a fourni un travail considérable. Que chacun se sente ici remercié pour son engagement déterminant. Je vous invite à cheminer au fil des époques en découvrant le contenu de cet ouvrage. Le souvenir ranime souvent la nostalgie, mais la fierté du passé doit nous conduire à la confiance en l’avenir. Montceaux mérite cette confiance, partageons-la afin de poursuivre notre histoire, qui je l’espère, sera mise en valeur plus tard par d’autres.

Jean-Claude Deschizeaux, Maire de Montceaux.

3


Au fil du temps

1 Il était une fois Montceaux

VMontceaux hier et aujourd’hui (printemps 2013).V

M

ontceaux est une commune

rurale de la vallée de la Saône, située à l’est de Belleville. Son territoire, d’est en ouest, s’étire sur 4 kilomètres de long et 3 de large et sa superficie totale est de 1 003 hectares.

V Montceaux en 1961.

6


UN TERRITOIRE COMMUNAL DE TRANSITION Il se présente comme une transition entre les plaines de la Dombes et les rives de la Saône. 243 mètres d’altitude est le point culminant du territoire de Montceaux ! Il se situe au nord du bourg et le point le plus bas, à 190 mètres à l’ouest.

UN PEU DE GÉOLOGIE La région des Dombes s’est organisée sur le fond d’un ancien grand lac. Mais au quaternaire, il y a 40 000 ans, un immense cône de déjection, constitué de dépôts morainiques provenant des Alpes, l’a progressivement comblé. Cet amas, au fil des temps, a composé des sols limoneux, argileux. Il est constitué d’alluvions, de terrains sablonneux, de graviers…

VCarte du canton de Thoissey.

Le béton du pauvre… le pisé

L

a qualité de ce sous-sol a donné une ressource singulière, uƟlisée à grande échelle pour la construcƟon des habitaƟons.

« On formait des lits de terre entre deux planches, on damait le « pisou ». Les banchées étaient jointes au morƟer de chaux. Le soubassement, d’environ 1 mètre, était consƟtué de briques (les carrons), de galets roulés, trouvés dans la Calonne et rangés en « arrêtes de poissons » pour l’isoler de l’humidité. » Grange au Grand Rivolet.

M

VTechnique de construcƟon de mur en pisé.

7


RéparƟƟon en hectares des terres en 1907 Terres labourées Prés Pâturages Vignes Jardins Landes Bois

650 120 2 20 150 4 65

VTrève Seigneux : terre fraîchement labourée et les monts du Beaujolais en fond.

VBocage d’hier… … et d’aujourd’hui. B

Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, Montceaux était composée de parcelles tenues par de nombreuses petites exploitations, entourées de haies vives, bordées d’églantiers, d’aubépines, noisetiers, prunelliers, cerisiers, poiriers…

N

Branche d’églanƟer réalisée par E. Deschizeaux.

« NOTRE SI JOLIE CALONNE » Prenant sa source dans la limite de Saint-Trivier et de Chaneins, la Calonne circule d’est en ouest sur 13 kilomètres, recevant les eaux du Grillet à Cesseins.

Très sinueuse, son lit est composé de graviers et de gros galets qui se retrouvent dans les soubassements des maisons en pisé de Montceaux. Au fil des siècles, la rivière fut déplacée en différents endroits, allant jusqu’au bas des hameaux du Reverdy pour alimenter le moulin Chapuis. Par une série de biefs construits depuis le haut Moyen Âge, la Calonne alimentait autrefois au moins cinq moulins. La rivière arrosait des champs cultivés, servait au rouissage du chanvre, à laver le linge…

«L V « La Calonne », peinture réalisée par G. LamoƩe.

10

es Gaulois nous ont transmis le nom de nos rivières… » Il y a plus de 2 000 ans, les premiers habitants locaux u�lisaient le suffixe « Onna » pour signier « rivière ». Notre Calonne serait peut-être une altéra�on de « Câline » ? Ce serait joli ! La Saône s’est aussi appelée « la Souconna » avant l’invasion romaine et au début de notre ère. Ces derniers l’ont débap�sée en « Arrar », puis déformée en « Sagonna ». La Chalaronne a la même origine, signe encore ténu de nos lointains ancêtres…


Il était une fois… Montceaux

N Monsieur CoƟllon enfant et sa maman à la pêche aux écrevisses au bord de la Calonne, durant l’entredeux-guerres.

V

La Calonne et son lit de graviers.

Son débit (environ 90 litres/seconde) l’amène à serpenter à travers des espaces bocagers, en présence d’une ripisylve plus ou moins abondante, de coins d’ombre et d’arbres feuillus (aulne glutineux, saule blanc et marsault, frêne et peuplier noir…) propice au bétail et à la faune. La Calonne se jette dans la Saône à Guéreins.

N

Le contrat de rivière a permis de sauvegarder la truite fario, espèce devenue rare, ainsi que celle des lamproies de Planer.

La lamproie de Planer est un vertébré primitif. Autrefois très abondante, elle est devenue rare, menacée par les barrages et les extractions de granulat en fond de rivière.

Autrefois, les berges apportaient des ressources aux habitants qui prélevaient des galets, branchages pour réaliser des manches…

Lamproie sortant du lit de graviers de la Calonne.

« En 2010, on avait nettoyé et enlevé les embâcles, programmé des ébarbages. »

M

« Ces projets rassemblent les adhérents de deux associations motivées : les pêcheurs, amis de la Calonne et les chasseurs. La cascade de Saint-Maurice avait été restaurée. Des études des milieux de reproduction de la faune aquatique ont été lancées… »

N

Ébarbages par deux chevaux de trait en 2010.

11


LE RETOUR DE LA PAIX D’ABORD, SÉCURISER LE VILLAGE… Des gardes nationaux d’hier… 1791 : Montceaux avait déjà fourni 21 jeunes volontaires. Dès le 24 juin 1815 : Guéreins et Montceaux s’étaient alliées pour composer une garde civile commune qui se réunissait le deuxième dimanche de mai pour élire ensemble leur capitaine, les officiers et sousofficiers jusqu’au grade de caporal. Grâce aux gardes civiles qui lui étaient acquis, Napoléon put remonter jusqu’à Paris durant les 100 jours. 1831 : séparation entre garde civile et sapeurspompiers. … Aux pompiers du XXe siècle à Montceaux La commune crée son premier corps de pompiers quelques mois avant la déclaration de la Première Guerre mondiale.

V CréaƟon de la subdivision des pompiers en 1914 par décret présidenƟel (signature de R. Poincaré). NominaƟon du lieutenant Saint-Maurice et du sous-lieutenant Meunier.

M Les sapeurs-pompiers (1954) :

Au premier plan, les tambours et clairons de la clique des sapeurs-pompiers.

Au 1er rang, de gauche à droite : Claudius Ducloud, Jean Mérat, Jean-Benoît CoƟllon (chef de corps), Henri Philippon (maire), Gustave Villardier (adjoint), Jean-Claude Poncet, Joanny Garnier et Félix Descombes. Au 2nd rang, de gauche à droite : Raymond CoƟllon, René Descours, Marius Berthier, Claude Bernard, Pierre Perrin, Georges Contet, Francisque Charbonnel, Jean-Claude Gandrey, Georges Orgeret, Jean Durillon et Pierre Garnier.

34

VListe des gardes civils de Montceaux (1815).

En quelques dates… • 1831 : transforma�on d’une par�e de ses effec�fs en corps de sapeurs-pompiers. • 1871-1875 : dissolu�on déni�ve de la garde civile. La loi Freycinet met en place un règlement spécique pour le corps des sapeurs-pompiers (engagement quinquennal pour le sapeur et sa commune qui subvient aux dépenses d’entre�en). L’uniforme devient obligatoire. Le port d’arme est maintenu pour garder des volontaires. • 1885 : la couleur rouge est adoptée pour tous les véhicules de lu�e contre l’incendie. • 1889 : premier break ambulance hippomobile dans la région (Lyon). • 1925 : le service est déclaré civil et le port d’arme devient interdit.


Plus de 200 ans de vie communale

Les chefs de corps Benoît Co�llon, Jean-Claude Poncet, Jean Mérat, Pierre Roziot, Albert Dumont et Joël Chaffurin.

M RécepƟon de la nouvelle pompe.

… PUIS, RÉTABLIR LES VOIES DE CIRCULATION Il faudra plusieurs années pour retracer les chemins, restaurer les passerelles sur la Calonne, créer des fossés, repérer des gravières et louer les terrains aux propriétaires. La municipalité est assistée par un nouveau fonctionnaire : l’agent voyer qui est dépêché pour organiser les travaux de voiries avec les élus.

Pendant longtemps, des corvées en guise d’impôt !

I

l fallait avoir entre 18 et 60 ans, donner 3 jours de travail par an et par habitant, prêter son tombereau, sa charre�e, son cheval, mulet, bœuf ou vache ou aller concasser des pierres dans la gravière, creuser les fossés…

Année 1833 : Les travaux de voirie • 288 journées de manœuvres : beaucoup d’habitants payaient la taxe foncière en heures de travail • 88 journées de voiture a�elée de deux bœufs • 41 journées de voiture a�elée d’un cheval ou de deux vaches.

V Pendant l’entre-deux-guerres, aucune voie n’était goudronnée.

35


À la communale, Jean-Baptiste Poncet se souvient que « dans la classe, il n’y avait qu’une salle sans cloison. La maîtresse avait son bureau sur l’estrade et une autre pour écrire au tableau ». « Le poêle était au milieu et chacun à son tour, on portait la bûche de bois, ou bien les garçons allaient en chercher une à la forge tenue par le mari de la maîtresse. »

DEUX CONCEPTIONS ! « Aux époques anciennes, le maire et l’institutrice ne parlaient pas bien au curé ! Dans les années 1930, on n’était pas si éloigné de la fermeture des congrégations en 1905 et de toutes les grandes décisions laïques ! » remarquait Hélène Morel, une ancienne élève habitant le Reverdy.

«Q

uand J’ai commencé l’école libre en 1926, il y avait un grand portail en bois avec une peƟte porte encastrée comme entrée des élèves. » « Le bâƟment ancien longeait le mur des Philippon (cuisine, salle de piano, chapelle et un étage privé). » « Au niveau de la cour, je me souviens encore de la pompe et du baquet dans la cour, d’un gros hortensia rose et bleu (...) et vers l’auvent bitumé de la classe, un jasmin tout blanc qui sentait si bon ! On enlait ses peƟtes eurs en corolles pour réaliser de jolis colliers ! À l’arrière, des fenêtres de la salle de classe, on pouvait voir un verger. L’été on allait coudre tranquillement sous les arbres fruiƟers. La boƩasse était cimentée au fond et entourée de grillages où s’accrochaient des bignonias à eurs rouges : celles-là on s’amusait encore à s’en faire des bagues aux doigts ! »

«M

on frère s’était entendu dire dans les années 1930 que le Bon Dieu n’existait pas à l’école communale. Ulcérée, dès le lendemain, ma mère l’envoyait à l’école libre… Et le surlendemain, mon père, qui deviendra adjoint, n’était pas du tout d’accord : il ramenait mon frère à la communale… »

V Classe de l’école libre, 1932.

N C Classe de l’école communale, 1930. 1

522


Souvenirs d’école

QUELQUES MAÎTRES ET MAÎTRESSES

MADAME AUGAGNEUR, RACONTÉE PAR SA FILLE JEANNIE « Maman était une vraie institutrice d’autrefois : disponible à ses élèves, aux familles, elle ne comptait pas ses heures. Elle a commencé à exercer vers 16 ans, durant les années 1920, mutée dans l’Ain. Elle imposait le respect, la considération aussi, car elle avait une mémoire impressionnante ! Lorsqu’un élève se montrait polisson, elle n’avait qu’à dire « Tu diras au papa qu’il passe me voir ce soir… », « on savait qu’on serait à la maison, une deuxième fois puni par le père… À la fin de sa vie, maman disait qu’elle tutoyait toute la commune ! »

V Pendant les années 1930, Monsieur Marquise, patron de l’entreprise de crayons, venait régulièrement lors des rentrées fournir l’école de crayons de couleurs. Il habitait à Milancase, où il avait racheté la propriété et s’était fait construire une villa en 1927.

LOUISE ET JEANNE GAYDIER « Avant les sœurs Gaydier qui étaient originaires d’Auvergne, Mademoiselle Coissard était l’institutrice de l’école libre ». « Au départ, elles étaient trois et enseignaient plus ou moins clandestinement. Au village, cela se savait que Louise était une ancienne religieuse. » « Louise et Jeanne Gaydier ont remplacé Mademoiselle Coissard et ont logé dans l’école avec Lili Pelissier, chargée de l’accueil des tout-petits. Mademoiselle Duc, qui fut l’une de leur élève, se souvient que sa propre mère avait déjà suivi l’école avec elles. »

V Couverture d’un cahier datant de 1914.

« Le mois de mai »

«À

l’école libre, on allait à la chapelle pour réciter le chapelet durant le mois de Marie : dans ceƩe parƟe très ancienne, il y avait l’autel, une grille au mur, des bancs de bois et dans l’autre salle, un très beau parquet en bois, un piano, un très vieil escalier en pierre. Dans un couloir, au mur une longue série de portes-manteaux anciens. »

V Livre d’histoire d’autrefois.

53


V Deuxième rentrée de Simone Charpy, 1958.

Les CM en 2013

L

a classe de CM2 se consacre à la créaƟon des armoiries de Montceaux. Après avoir étudié le système de l’armorial et s’être rendus au château de la BâƟe, les élèves ont réalisé plusieurs armoiries pour le village de Montceaux et les ont déposées en mairie en juin 2013. Les enfants ont aussi présenté chacun un arƟcle et un dessin de leur visite à la BâƟe.

V ArƟcle réalisé par Audrey à la suite de la visite de classe à la BâƟe.

M

Dernière classe de Simone Charpy, 1988.

56


Souvenirs d’école

Des galoches et des pèlerines !

«À

l’époque des années 1930 et 1940, beaucoup d’enfants avaient des sabots ou encore des galoches pendant la guerre ! Que de bruit en marchant ! Pour ne pas les user, nos parents cloutaient un bout de caoutchouc sous la semelle, ce qui ne nous plaisait pas trop car l’hiver, cela freinait nos dérapages sur la glace… »

M

Beaucoup d’enfants portent encore des sabots aux pieds, rentrée 1932.

L’ÉCOLE AU TOURNANT DU XXI E SIÈCLE

N

Les CM1-CM2, 1997-1998.

EN QUELQUES CHIFFRES L’évolution du milieu socioprofessionnel des enfants scolarisés à Montceaux :

1955

1975

377 habitants 50 élèves

392 habitants 50 élèves

48 des élèves scolarisés sont issus de familles d’exploitants agricoles sauf : - le ls du boulanger ; - le ls d’un ouvrier.

48 élèves scolarisés sont issus de familles non agricultrices sauf 2 élèves.

57


À la fin du XXe siècle, en 1993, sur les 235 foyers présents, 6 d’entre eux exploitent 650 hectares de terre, cultivent le maïs, le colza, le blé, l’orge, le tournesol, élèvent des vaches laitières et des bêtes de boucherie. « Auparavant dans les années 1960, tous les écoliers habitaient dans des fermes exploitées à Montceaux, sauf trois ou quatre, dont les parents travaillaient à la ville. Aujourd’hui, la proportion s’est inversée, seuls deux ou trois enfants ont des parents exploitants… »

Grandes et peƟtes fermes : plusieurs inuences architecturales

I

l existait de grandes exploitaƟons de polyculture, d’élevage en fermage, de plus peƟtes tenues par des paysans vignerons, métayers… Les grandes fermes avaient une cour entourée de grands murs où se trouvaient les bâƟments (poulailler, porcherie, granges, étables…) fermées par un grand portail. D’autres disposaient d’un seul bâƟment en « L », assez nombreuses en parƟe sud-ouest. Elles appartenaient à des grangers, généralement vignerons, dont l’acƟvité nécessitait moins d’espace de stockage.

V Une ferme et ses habitants en 1908.

g

La même, un siècle plus tard.

64


Jadis, la vie quotidienne au village

JOURNALIERS, COMMIS ET BONNES Jusqu’aux années 1940, l’organisation du travail d’une ferme n’a pas fondamentalement changé depuis le XIXe siècle. Elle est l’objet d’un groupe familial où plusieurs générations vivent ensemble. Commis et bonnes habitent d’autres parties de l’habitation. Au moment des gros travaux, les journaliers viennent apporter un « coup de main ».

M

Baptême chez la famille Charrin vivant près du Bourg.

La louée des domesƟques

À

la Saint-MarƟn (11 novembre), sous les halles de ChâƟllon « on va chercher son commis ou on va se trouver une ferme où s’employer ». « Les tracta�ons avaient cours pour les grands travaux ou pour toute une année. » « Les femmes étaient souvent employées à la sélec�on des semences et les hommes au sarclage, à l’échardonnage des blés, l’épandage du fumier, le curage des fossés, le liage des javelles... »

Les plus anciens se souviennent qu’à cette époque « la fiche mensuelle, les congés payés, la CSG… ce n’était pas encore prévu ! » « On recevait son salaire à la fin des travaux » et « on se retrouvait entre commis pour aller boire un coup ensemble. On se partageait les frais », « on était sans le sou… »

« PENDANT LONGTEMPS, ON VIVAIT AU FIL DES SAISONS » « En hiver, la terre est gelée, et l’activité agricole s’arrête. Les cultivateurs deviennent bûcherons, tisseurs, réparent leurs outils… »

EN AUTOMNE Le temps des vendanges ! Les vignes étaient très nombreuses dans le secteur des Rivaux. À la fin du XIXe siècle, le vignoble de Montceaux fut atteint de phylloxéra et beaucoup de pieds furent arrachés, jamais remplacés. Ce fut le début de la fin d’un vignoble ayant plus d’un millénaire…

V V

« Dactylosphaera », insecte responsable de la mort du vignoble.

Victor Pulliat.

65


M

Le vignoble à Montceaux.

Des cours de greffage pris en charge par la mairie

P

our sauver les plans de la commune, on t venir une sommité locale, Victor Pulliat, un homme du Beaujolais, charitable et souriant, qui avait découvert comment sauver le vignoble en le greffant à des plants américains.

En 1969, il existait plus de 13 hectares encore en production.

«A

utrefois, après les vendanges, il y en avait plus d’un qu’on ramenait en broueƩe chez lui… Les épouses demandaient alors à ce qu’on les ‘’che’’ dans l’écurie pour nir de cuver leur vin… » « Vendanger, c’était exténuant, que de fêtes, de convivialité, de chansons, de bons repas qui sortaient de l’ordinaire. Les voisins, les amis, la famille venaient faire l’entraide : tu savais que s’ils venaient te ler un coup de main pour la récolte, tu ne leur donnerais pas de sous, mais que bientôt, c’était toi qui allais faire de même chez lui ! On n’allait pas embaucher les étudiants ou les Polonais ! »

« Faire sa frache » « En automne, lorsque les feuilles étaient bien tombées, nous allions à la recherche des branches fines, que nous récupérions sous les bouleaux. On appelait cela ‘’aller faire sa frache’’. On en faisait de jolis balais ! ». « On faisait provision de glands pour engraisser le cochon, des dernières cueillettes comme les châtaignes… »

V Ancien pressoir du moulin Saint-Maurice.

N 66

Chemin des vignes, une signaléƟque qui nous rappelle l’existence de vignobles à Montceaux.

V

Bûcher (2013).


Jadis, la vie quotidienne au village

Labourage

Le laboureur, un personnage important !

L

es archives nous ont laissé les noms de deux laboureurs, Benoît Robellet et Jean Plassard, qui avaient en fermage les terres de Montval de 1609 aux années 1630. Le laboureur possédait un couple de bœufs ou un cheval de trait. Auparavant, on se mariait entre familles de laboureurs pour agrandir les propriétés. « Je labourais pendant les semailles qui duraient du 1er octobre au 1er novembre et cela tous les jours sauf le dimanche. Cela se faisait au pas du bœuf, ou du cheval, à pied. Chaque jour, on faisait une quarantaine de kilomètres, soit un demi-hectare par jour. On les changeait en milieu de journée pour les remplacer par une autre paire. Cela faisait plus de 1 000 kilomètres durant les semailles ! On travaillait plus de 10 heures par jour. On se levait encore plus tôt pour nourrir les autres animaux de la ferme… »

De la charrue au tracteur

«L’

après-guerre fut un tournant, rien ne fut jamais comme avant… » « En cinq ou six ans, la plupart des chevaux de trait furent remplacés par des tracteurs. » « Je me souviens avoir vu des bœufs Ɵrer la charrue quand j’étais tout jeune enfant. »

V Bœuf Ɵrant une charreƩe appartenant à Madame Marquise, habitant le hameau de Milancase.

Les temps changent… « Les exploitants vieillissent. À l’après-guerre, la génération suivante ne prend plus la relève de la ferme. Ceux qui sont encore en activité louent toutes ces terres inexploitées ou les rachètent. » « À partir des années 1980, les exploitations se sont encore modernisées, et les GAEC s’établissent. » « Les agriculteurs s’endettent en achetant du matériel de plus en plus performant et la politique européenne se fait plus présente. » « La ferme est devenue une entreprise, un laboratoire, l’exploitant a une approche scientifique de son activité et s’aide de la technologie et d’outils de plus en plus performants ».

N

Juillet 1953 – Deux chevaux de trait au travail et la peƟte Marie-Paule.

V V

Tracteur d’après-guerre.

Tracteur d’aujourd’hui à la ferme Saint-Maurice.

67


À LA MAUVAISE SAISON… On entretient son outillage… « Quand la terre était gelée, on prenait le temps de revoir ses outils, de changer les manches, vérifier les harnais, rafistoler les paniers… Il fallait rechercher de belles branches et les couper en bonne Lune, on en faisait des réserves en grenier. »

VObjets de collec�on. M

Le temps du rouissage Jusqu’au milieu du XIXe siècle, beaucoup d’habitants tissaient à domicile le chanvre durant la mauvaise saison. Le long de la Calonne, existaient de nombreuses chènevières et la fiente des pigeons du colombier enrichissait les terres de ces cultures.

VJavelles de chanvre plongées dans la Calonne.

H

élène Morel, qui habitait le Reverdy dans les années 1930, conait qu’elle se souvenait « de [son] père, qui arrachait les cultures de chanvre en automne, dans un champ situé au pont des Parelles. Après les avoir mises en javelles, il les immergeait en radeau dans la Calonne, maintenues sous l’eau par de grosses pierres une bonne huitaine de jours, an de décoller les bres par fermenta�on. » « Cela nous servait à faire du bon cordage. » Certains habitants laient le chanvre pour en faire « de grands sacs pour ramasser le foin, des torchons, du linge de maison ».

De grosses pierres pour les maintenir sous l’eau.

68

M


Jadis, la vie quotidienne au village

M Moulin à huile en ruines aujourd’hui.

S’éclairer à l’huile de chanvre…

«C’

était une plante ou rien ne se perdait. Avec les graines, on en �rait de l’huile pour s’éclairer. Mais qu’est-ce que ça empestait… » « Pendant longtemps, on n’a eu qu’une lampe en bas. Onn faisait nos devoirs sur un bout de table pendant que la mèree écossait les pe�ts pois. » « Avant 1939, on montait encoree à la chambre à la chandelle, il n’y avait pas le chauffage, on n portait la bouillo�e en hiver ! »

M

« Les lampes Pigeon ont remplacé les anciennes lampes à la Belle Époque et le moulin à huile et à chanvre n’a plus été u�lisé depuis la Première Guerre mondiale, parce que les habitants se sont mis à acheter l’essence minérale à l’épicerie. »

Après le souper, veillée d’hiver au moulin Crozet « Durant l’entre-deux-guerres, on partait à pied, après le repas du soir avec nos lanternes à huile. » « On curait les raves, ou on défaisait du maïs, ou bien encore on cassait les noix ensemble. Les femmes sortaient leurs coutures, broderies, pièce de trousseau à finir, tricotage…».

P

Une série de préparaƟfs précis

our avoir un bon saloir, il fallait se lever tôt, préparer le matériel, respecter les étapes : recueillir le sang pour le boudin, « bucler », racler, découper… épandre les couches de sel, le thym avant de refermer le couvercle avec une grosse pierre. On faisait aussi saucisses et saucissons qu’on suspendait.

V Une assie�e de boudin aux pommes.

V Machine à défaire le maïs entreposé.

V Saloir pour conserver le porc.

V Pendu par les pa�es et soigneusement buclé, le cochon sera découpé soigneusement.

69


MONTCEAUX EN FÊTE ! Difficile de parler de tous les moments heureux à Montceaux… Voici quelques évocations qui donnent matière à imaginer toutes ces fêtes partagées ! Les vogues d’autrefois Jean-Baptiste Poncet a recueilli de nombreux témoignages auprès des habitants qui ont connu cette fête qu’on appelait « la vogue ».

«D

De la fête patronale à la vogue

ans les villages autrefois, avaient lieu des fêtes religieuses comme celles des Saints, la Fête-Dieu, les RogaƟons… Parmi celles-ci se trouvait la fête patronale qui plus tard prendra le nom de ‘’vogue’’. À Montceaux on célébrait ceƩe fête en l’honneur de Saint Philippe et Saint Jacques, patrons de la paroisse, le 1er dimanche du mois de mai au plus près du 3 mai, jour de la fête des deux Saints. Pendant des décennies, ceƩe fête patronale, avec celle des conscrits, furent les seules réjouissances dans l’année à Montceaux ! » « Dans le milieu de la semaine précédente, on voyait arriver les forains avec leurs rouloƩes en bois Ɵrées par des chevaux, et leurs remorques chargées des manèges de chevaux de bois, balançoires, des pousse-pousse, et des jeux divers. Un Ɵr à la carabine et un bal complétaient la fête qui s’installait sur la place de l’église. »

Le repas des Agathines

V

La vogue autrefois.

Le grand prix cycliste de Montceaux « Le dimanche qui suivait la vogue, se déroulait était une le grand prix cycliste de Montceaux. C C’était mblait jusqu’à une cenépreuve sportive qui rassemblait taine de concurrents. Le circuit faisait plusieurs tours, en passant par les communes avoisinantes. Cela attirait encore beaucoup de monde au village et sur le parcours ! »

M

Carte de la Sainte Agathe.

92

Il était de tradition à Montceaux jusque dans les années 1990, de se réunir pour le 5 février, jour de la Sainte Agathe, afin de partager un bon repas entre femmes. « L’habitude était de laisser nos maris au logis pour garder les enfants. » « La tradition voulait que ce jour-là, les femmes du village organisent un grand repas et restent entre elles. » Sainte Agathe symbolisait aussi l’oppression subie par les femmes au cours des siècles !


Ensemble à Montceaux

Les cochonneries montcelliennes

N

Course avec transport de cochonnet dans les bras.

«C

eƩe seconde édiƟon de notre fête esƟvale, organisée par sept associaƟons et la municipalité, avait nécessité bon nombre de réunions et une somme importante d’imaginaƟon, d’énergie et de bonne volonté ! Dès le maƟn, l’assistance avait pu apprécier une démonstraƟon des cadets pompiers. La journée fut animée par Fun Radio avec des intervenƟons musicales des trompes caladoises. Tout en ânant parmi les nombreux stands d’une foire arƟsanale, les spectateurs avaient pu se rendre à une démonstraƟon d’agility dog et un peu plus tard, à une autre, d’aƩaque-défense. Comme d’habitude, les habitants avaient pu assister au très aƩendu Ɵercé de cochons. Pas de baptême de l’air en hélicoptère ceƩe année-là, faute d’autorisaƟons de survol… Mais l’atelier de maquillage t la joie des enfants et le porteur du plus joli grimage s’était vu récompenser en n de journée. Mis en appéƟt toute la journée par l’odeur de peƟts porcelets rôƟssant sur leurs broches, plus de 300 personnes les dégustèrent le soir. La soirée s’était achevée par un feu d’arƟce, suivi du bal animé par StarNight. »

Soirée cabaret et thé dansant ! « Plusieurs soirées cabaret avaient été organisées en 1993 et 1994. Un service de table romantique à la lueur des bougies avait enchanté les participants. Des artistes animaient les soirées : l’illusionniste Arthur Leroy avait autant de talent à manipuler les foulards qu’à explorer les poches des habitants de Montceaux à leur insu pour montrer leur contenu devant tout le public réjoui ! Ce soir-là, un french cancan endiablé avait achevé la soirée ! »

Thé dansant et ambiance museƩe !

«T

ables euries de lilas, galeƩes, bon vin ont accueilli le 24 avril 1994, soixante-dix accros de la danse emmenés par l’orchestre Les anciens du museƩe : valses, tangos, cha-chacha et samba… Les thés dansants ont eu une répercussion dépassant le village de Montceaux car de nombreux habitants des villages environnants ont répondu à ces proposiƟons. »

93


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.