Voegtlinshoffen, L'Histoire d'un village au coeur du vignoble d'Alsace

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Voegtlinshoffen

L’Histoire d’un village au cœur du vignoble d’Alsace

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Voegtlinshoffen

l’Histoire d’un village au cœur du vignoble d’Alsace

Vue aérienne de Voegtlinshoffen. En arrière­plan, la carrière et les trois châteaux d’Eguisheim.

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mot du maire

N

ous sommes aujourd’hui fin 2014 et vivons une période qui sera com­ mentée dans quelques années voire décennies. Une conjoncture impactée par une mondialisation des échanges dans tous les domaines ainsi qu’une inévitable évolution de la vie sociétale.

Au nom de la municipalité et de nos habitants, je tiens très sincèrement à remercier toutes celles et ceux qui ont contribué à la réalisation de ce livre de référence qui est le fruit d’un travail minutieux de longue haleine. Pour la synthèse et sa concrétisation il a fallu la compétence, l’expérience, la patience et le discernement de Monique Winkelmuller, qui mérite toute notre reconnaissance.

Cet ouvrage est une première et relate une compilation de l’histoire plus locale. À un moment charnière, en manque de perspectives voire de repères de notre société en général, cette édition constitue à la fois un témoignage du passé et une référence pour envisager l’avenir avec plus de sérénité.

Un très grand merci à notre désormais maire adjointe honoraire qui parachève avec la plus belle des manières trois mandats municipaux en tant qu’auteure de ce magnifique ouvrage qui marquera pour toujours le moment présent que nous avions la chance de vivre ensemble !

En découvrant son contenu, vous remarquerez que nos aïeux ont vécu et surmonté bien des aléas en prenant en main leur destin. Dans un monde en pleine évolution, je suis convaincu que les plus belles perspectives viendront par la mobilisation positive du plus grand nombre d’entre nous.

Jacques Cattin, maire de Voegtlinshoffen.

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préface

’ C

Parce qu’il y a une âme, une vie, une histoire... Parce qu’il y a des mots, des gens, du vécu, des événements. Parce qu’il y a des chemins de vie, des chemins d’Histoire Et, à chaque fois, des traces. Traces que l’on veut garder. Pour guider, pour expliquer. Pour construire, pour lier. Pour constituer une mémoire collective…

est d’avoir écouté nos aînés conter et raconter tant de fois ce village qu’ils ont connu en d’autres temps, mélange de souvenirs et de réalités découvertes dans leur enfance, creuset primaire d’expériences qui ont façonné un rapport au monde dont ils ne peuvent complètement se détacher …

Voegtlinshoffen, l’Histoire d’un village au cœur du Vignoble d’Alsace allie dans sa forme la chronologie d’une partie de faits historiques connus, relevés dans des écrits et documents anciens, aux souvenirs et chroniques plus récents qui ont été, en partie, recueillis auprès de la population. À travers ses différents chapitres et thèmes, il nous plonge dans une mémoire collective… celle de notre village dont nous sommes les héritiers, bâti par les anciens et dont seules, les jeunes générations détiennent les clés de son avenir …

C’ est d’avoir été témoin, infime mesure sur l’échelle du temps, de son histoire présente, passionnée de la vie et de l’ histoire de notre village et de ses habitants, que j’ai accepté en décembre 2012, dans ma fonction d’adjointe au maire et pour le compte de la municipalité, de rassembler dans ce livre les événements marquants connus qui ont jalonné l’histoire de notre village.

Je remercie la municipalité de m’avoir confié sa conception, un travail fascinant, passionnant et enrichissant que je vous propose de découvrir aujourd’hui, en prenant autant de plaisir à le lire que j’ai eu à le rédiger !

Si les premières traces de l’existence humaine sur son site remontent à la préhistoire, c’est sur les acquis de l’histoire de notre région que celle de notre village s’est construite. De génération en génération et en constante évolution, Voegtlinshoffen est devenu, à travers les âges et au fil des années, tel que nous le connaissons aujourd’hui : un village prospère et dynamique, ouvert et accueillant, où il fait bon vivre !

Bonne lecture ! Monique Winkelmuller-Waldeck, adjointe au maire honoraire.

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1 La situation TEL UN BELVÉDÈRE

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oegtlinshoffen est un charmant village viticole, situé sur la Route des Vins d’ Alsace, dans le Parc Naturel Régional du Ballon des Vosges à seulement 10 km au sud-ouest de Colmar et proche des principaux sites touristiques de la Région Alsace.

Perché sur les collines sous-vosgiennes tel un belvédère, à 340 m d’altitude, Voegtlinshoffen s’étire sur un coteau au milieu du vignoble alsacien en offrant à la vue la plaine du Rhin, de Bâle au sud, jusqu’à perte de vue au nord. En face, la Forêt-Noire et le Kaiserstuhl limitent l’horizon. Au sud, derrière le Jura, brillent de temps à autre les sommets des Alpes suisses, tandis qu’au nord, la Cathédrale de Strasbourg est le point le plus éloigné qu’on peut distinguer par temps clair.

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Vue sur le clocher de l’église accueillant des cigognes de passage.

Paysage d’hiver.

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La forêt au printemps.

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2 L’Histoire LE BLASON

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réation d’armoiries en 1964. La crosse et les trois besants sont des attributs de saint Nicolas, patron de l’église depuis sa construction en 1145 ; les besants, monnaies frappées à Byzance, symbolisent les dots qu’aurait données le Saint à trois jeunes filles pauvres. De gueules au sautoir d’or est inspiré par les armoiries des sires de Hattstatt (XIIe siècle à 1585) qui furent seigneurs d’une partie, puis à partir de 1490 de la totalité du village.

Place de la mairie en 1916.

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VOEGTLINSHOFFEN De gueules à la crosse d’évêque d’argent en pal au pied fiché, au sautoir d’or brochant, à trois besants de même en point posés un et deux, le premier brochant sur le fût de la crosse.


LA TOPONYMIE À l’origine du village et ce, d’après l’étymologie du nom, devait se trouver une ferme, certainement située au lieu-dit Althof. Une humidité permanente permet de conclure à la présence d’eau souterraine affleurant à cet endroit. C’est d’ailleurs sur cette veine aquifère que l’on découvre les premières traces de la communauté. Cette ferme se nommait, comme il était coutume à l’époque, d’après le patronyme de son propriétaire : VOGT... VOGELIN… avec le complément HOF synonyme de ferme on est certainement proche de l’origine du nom de notre village. La plus ancienne forme certaine de son nom apparait en 1188 sous Vocelineshoven. L’orthographe qu’on lui connait est dérivé de l’allemand et d’un point de vue linguistique large est synonyme de « germanique ».

D’où vient cette empreinte ? D’une simple « influence » de nos voisins ? De l’occupation de nos régions par leurs armées, en 1870 et 1940 ? En réalité l’explication est tout autre, car cette phonétique est présente dans la prononciation du nom au moins depuis le XIIe siècle.

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En fait, la germanisation de l’Alsace-Moselle avait commencé dès la période romaine, par l’installation de Germains qui bénéficiaient du statut de « fédérés » ; pour qu’ils ne saccagent pas la province, pour qu’ils se tiennent tranquilles, Rome les reconnut comme alliés et leur confia la défense des frontières. Ce qui n’empêcha pas leurs cousins (germains) de déferler sur nos terres, d’abattre l’Empire, au Ve siècle de notre ère.

Formation et évolution du nom de notre village, pour aboutir à ‘’VOEGTLINSHOFFEN’’ : (Rappel : les ‘’V’’ se prononcent ‘’F’’)

> VOCELINES HOFFEN ou VOCELINESHOFFEN

1188

> FOCKELINISHOVEN

XIIIe

> VOLCHILSHOFFEN

1265

> VOCHILISHOFEN

1298

> FOKELINISHOVEN

XIIIe

> VÖGKELINSHVEN

XIVe

> VOLCHISHOVEN

1302

> VOKILSHOFEN

1361

> VÖKLINSZHOFFEN

1433

> VOGLISHOVEN

1441

> VOKLISHOVEN

1487

> VÖKLINSHOFEN

XVIe

> VÖGTLINSHOFFEN

1790

> VOEGTLINSHOFFEN

De nos jours


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Soldats de la première Guerre mondiale

Jean­Baptiste Hartmann, frère de Michel.

Émile Fix dans la garde du Kayser.

August Baur (1896­1975), pendant la Première Guerre mondiale.

Michel Hartmann.

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L’ Histoire

Impacts de balles encore visibles aujourd’hui dans la cave de la maison de René Hartmann.

Les frères Fernand et Gustave Meyer, pendant la Seconde Guerre mondiale. Gustave ne revint pas…

La fuite vers d’autres contrées

Dans l’attente de la libération

L’

O

arrivée des Allemands et plus particulièrement l’introduction du service militaire obligatoire dans l’armée allemande provoqua aussi la fuite de certains habitants vers des contrées considérées comme libres ou sécurisées.

ccupé et opprimé par l’envahisseur, Voegtlinshoffen, comme l’Alsace entière, souffrait. La haine contre le nazisme grandissait de jour en jour. Toute la population attendait impatiemment et espérait la libération. Cet espoir va naître enfin à l’été 1944, après la défaite allemande en Normandie. Mais comment, Voegtlinshoffen, village en retrait des grands axes routiers, est-il devenu l’enjeu de violents combats ?

Émile Hartmann dans le Périgord. Il a été mobilisé dans l’Armée française mais a pu échapper à l’Incorporation dans la Wehrmacht, en vivant en Dordogne.

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L’HISTOIRE À TRAVERS LES CARTES POSTALES

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L’ Histoire

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4 La vie religieuse L’ÉGLISE SAINT-NICOLAS À TRAVERS LES SIÈCLES

L’église primaire, d’architecture romane

C’

est de l’an 1145 que date la première mention de l’église dédiée à Saint-Nicolas. Première église en Alsace à avoir été dédiée à ce saint, elle fut consacrée par l’évêque Ortlieb de Bâle, à la fête de Sainte-Gertrude, le 17 mars. La charte mentionne cinq généreux donateurs qui permirent son édification : les Sieurs Luperlin, Adelgosz, Hasso, Besso et Wetzel. Elle se situait à proximité de l’actuel 18 rue St Nicolas avec un cimetière fortifié adjacent. En 1298 fut démoli le cimetière fortifié par le ‘’Landvogt’’ (Gouverneur de Province) Théobald de Ferrette qui était en guerre contre l’Evêque de Strasbourg.

La nouvelle église Saint­Nicolas avec la Plaine d’ Alsace en arrière­plan.

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Plan de l’ église paroissiale en reconstruction.

Plan de la nouvelle église par l’architecte Zeller.

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La vie religieuse

Plans Êtablis par l’architecte Zeller.

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Des trésors d’art sacré

Tabernacle du maître­autel.

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n 1789 survint la Révolution Française ; Le 2 novembre 1790, l’Assemblée Nationale Constituante sécularise les biens du Clergé et les couvents fermèrent leurs portes les uns après les autres. En 1792, l’armée pour aménager un hôpital, vida la chapelle du couvent des Capucins de Colmar (actuel collège St André). La commune de Voegtlinshoffen se porta alors acquéreur d’une partie des pièces mises en vente publique par la Révolution. Parmi elles un inestimable mobilier baroque, remontant aux années 1700-1725, réalisé en noyer et qui révèle un remarquable travail de marquèterie. Ci-dessous nommés :

Le maître-autel Le maître-autel qui orne le chœur de l’église fut réalisé vers le milieu du XVIIIe siècle. Le devant de l’autel a été restauré, sans doute par Théophile Klem de Colmar, en 1908. Le tabernacle est orné de deux statuettes représentant Saint François d’ Assise et Saint Fidèle de Sigmaringen. Au-dessus du maîtreautel on peut remarquer dans un cadre rond, le tableau du couronnement du roi de France Louis IX, Saint Louis, agenouillé devant la couronne d’épines. Détail de la toile du maître-autel : la mort de saint Joseph, par Franz Carl Stauder, vers 1704. Peint en même temps que les toiles des autels secondaires, ce tableau avait été réalisé pour le premier maîtreautel du couvent des capucins ; il fut placé dans le retable du nouvel autel avec un nouveau cadre. Il avait été offert aux Capucins par le Stettmeister de Colmar, Jean-Jacques Madamé. Joseph était le saint patron de l’église conventuelle. Des petits anges en pleurs portent des fleurs de lys et de tournesol.

Maître­autel datant du milieu du XVIII e siècle, qui orne le chœur de l’église.

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La vie religieuse Les autels-retables secondaires Les deux autels-retables secondaires constituent un ensemble de mobilier datant du début du XVIIIe siècle très remarquable. ✦ La toile de l’autel latéral gauche, représente l’Apparition du Christ et de la Vierge à Saint François d’Assise. Il est signé par Franz Carl Stauder et porte les armoiries du préteur royal de Colmar, Jean-François Dietremann et de sa femme MarieJulianne de Boisgautier, qui ont offert cette œuvre à l’église des capucins en 1704. ✦ La toile de l’autel latéral droit représente Saint Antoine de Padoue portant dans ses bras l’Enfant Jésus que lui ont confié deux anges ; il est debout devant une table recouverte d’un tapis aux armoiries d’alliance des Schauenbourg et des Montjoye, cette famille ayant offert ce tableau, peint par Franz Carl Stauder, en ex-voto à l’église des capucins de Colmar. Dans la partie inférieure, de petits anges portent une fleur de lys.

L’ensemble de ce mobilier a été inscrit, le 21 décembre 1973, sur la liste des monuments classés par le ministère des Affaires culturelles. Des travaux de rénovation de l’église ont été entrepris et ont débuté en 1968 avec le remplacement des vitraux par des vitraux en verre antique. Les tableaux des trois autels ont été restaurés par le ministère des monuments historiques et confiés à l’Atelier de restauration ARCOA de Paris. Ils ont retrouvé leur emplacement en 1974.

Autel retable secondaire datant du début du XVIIIe siècle. Saint Antoine de Padoue porte dans ses bras l’Enfant Jésus que lui ont confié deux anges.

Autel retable secondaire datant du début du XVIIIe siècle. Il représente l’apparition du Christ et de la Vierge à Saint François d’Assise.

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Ce projet pédagogique qui a débuté à la rentrée scolaire 2006/2007 était axé sur la découverte de l’orgue, activité qui s’articulait autour de 3 étapes : ✦ D’abord « avant le début des travaux », il s’agissait de présenter aux élèves l’orgue en général ainsi que sa spécificité par rapport aux autres instruments de musique, avec comme support une mallette pédagogique : documents, CD permettant de se familiariser avec les sonorités de l’orgue, cassette vidéo montrant sa fabrication, tuyaux de taille et formes différentes … permettant une première approche pour découvrir l’instrument. Parallèlement écoute et étude d’œuvres pour orgues appartenant à différents courants musicaux (baroque, classique, romantique…)

✦ Ensuite, « durant les différentes phases des travaux », les élèves ont été invités à visiter le chantier et à faire des photos dans le but de réaliser une exposition et un album. Outre l’aspect de l’apprentissage des différents composants, il y aura également un aspect artistique purement photographique. ✦ Puis, « vers la fin des travaux », création par les élèves d’une œuvre musicale en vue d’un concert. Avec la fin de l’année scolaire, le projet d’école de trois ans arrive à terme… ce concert sera son aboutissement. Les élèves qui chanteront pour l’instrument, dont les travaux sont en cours d’achèvement, invitent la population à prendre part à cet événement. Une exposition de photos sera proposée, à l’issue du concert, à la salle du Hatschbourg.

LES CLOCHES DE L’ÉGLISE : UNE HISTOIRE MOUVEMENTÉE Sur de très anciens documents on peut lire que lors de la bénédiction de l’église en 1788, la commune ne possédait alors qu’une seule cloche. Celle-ci provenait de l’ancienne église qui se trouvait dans l’actuelle rue St-Nicolas. Elle avait été fondue pour la commune en 1775 par Monsieur Edel, et baptisée au nom de Saint Nicolas. En 1825, la commune fit fondre par F.J. Robert deux nouvelles cloches dédiées à sainte Marie-Anne et saint Erhard l’ermite, le 6 juin 1826. Pour leur paiement, la bourgeoisie de la commune a versé au mois de novembre 1825, 2025 litres de vin et 346 F en espèces. La cloche ‘’Marie-Anne’’ portait l’inscription suivante : « l’an 1826 j’ai été bénie par M. Kroemer curé. J’ai pour parrain M. Jean Baptiste Hartmann, adjoint, pour marraine Mme Marie­Anne Bourghart, épouse de M. Jean­Baptiste Kastler, maire de la commune de Vaeglsoffen, F.J. Robert m’a fait ». En 1917, les deux cloches ‘’Marie-Anne’’ et ‘’Erhard’’, achetées en 1825, furent réquisitionnées par l’armée allemande pour servir à la fabrication de matériel de guerre ; seule restait la ‘’Saint-Nicolas’’. Après la guerre la cloche ‘’Anne-Marie’’ fut retrouvée intacte en gare de marchandises à Stuttgart.

En 1925, avec les dommages de guerre, la commune passa commande d’une nouvelle cloche à la Maison Causard de Colmar. Elle fut baptisée ‘’Erhard’’ comme la disparue et prit place dans le clocher aux côtés de la ‘’St Nicolas’’ en même temps que ‘’Anne-Marie’’ qui a été retrouvée.

Le baptême des cloches, 1925.

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La vie religieuse

Au début de la Seconde Guerre mondiale, les trois cloches, étaient condamnées au silence pendant les hostilités. Et à nouveau, les autorités d’occupation, pour les réquisitionner, ont réclamé leur signalement auprès de la cure ainsi qu’à la commune. Le curé d’alors l’abbé Unterreiner et le secrétaire de mairie se sont entendu pour ne pas donner suite. Aussi, si les cloches des églises alentours ont pris le chemin de l’ Allemagne, les nôtres sont restées en haut du clocher. Arrive la libération. Or, pendant les combats qui faisaient rage dans notre contrée le 4 février 1945, un obus de char tiré dans le clocher détruisit les deux cloches ‘’Nicolas’’ et ‘’Erhard’’. Ce fut bien dommage surtout pour la première nommée qui allait fêter son bicentenaire en 1975. En 1947 avec les dommages de guerre et une quête publique organisée par le curé Schaal, trois nouvelles cloches, livrées par la Maison Causard et baptisées : ‘’Sacré­Cœur de Jésus’’ (1050 kg), ‘’St­Joseph ‘’ (700 kg) et ‘’St­Nicolas’’ (350 kg) ont pris place dans le clocher.

Les parrains et marraines, de gauche à droite : Sophie Marzolf, Henri Vorburger (maire), Marie Cattin, Joseph Cattin, Augusta Fix, Martin Hartmann, Anne Hartmann, Alfred Martin, Léonie Vorburger, Henri Vorburger, Léonie Meyer et Joseph Goepfert.

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De gauche à droite : Odile Cattin, Théo Cattin et Yvonne Blanck.


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Des communiantes.

Des communiants en 1942.

Communion de Marcel Cattin.

Communion de Simone Meyer, 1951.

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La vie religieuse

Les communiants en 1971.

Communion de Maurice et Odile Killy, 1951.

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5 Un village viticole VOEGTLINSHOFFEN, CLASSÉ « VIGNOBLE MODÈLE » DEPUIS 1929

Son terroir

A

brité derrière les collines sous-vosgiennes, le vignoble de Voegtlinshoffen profite d’un climat spécifique. Comptant parmi les plus secs de France, son exposition favorable empêche les gelées printanières et lui procure un ensoleillement exceptionnel. Un climat de prédilection conjugué avec un sol marno-calcaire indispensable à la vigne, associés au savoir-faire des vignerons depuis des générations, font que notre vignoble bénéficie d’une notoriété bien assise. Dès 1929, Voegtlinshoffen s’est vu décerner le diplôme de « vignoble modèle », par l’Association des Viticulteurs d’Alsace, distinction rarissime dans la région viticole alsacienne. Le vignoble en automne.

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Au fil de son histoire

L’

histoire du vignoble de Voegtlinshoffen-Hattstatt, à l’instar de celle de tout le vignoble alsacien, suit la trame de l’histoire d’Alsace. Avant la guerre de Trente Ans les vins de Voegtlinshoffen jouissaient déjà d’une grande notoriété. Des documents anciens attestent la présence des vignes dans les coteaux avant même que le village ne soit mentionné, pour la première fois, en 1188. Au XIIIe siècle, les Augustins du couvent de Marbach vantaient déjà les qualités des crus du coin et deux siècles plus tard, la reine de Hongrie y possédait ses propres parcelles. Hattstatt, issu de l’ancienne agglomération gallo-romaine « Altevic », semble avoir pratiqué la viticulture depuis l’Antiquité. Tout au long du Moyen Âge, évêques et autres ecclésiastiques de Bâle et de Strasbourg possèdent des vignes autour de la cité. Vers 1690, l’église de Hattstatt les cultive encore « in Hadtschburg », le Grand Cru actuel. L’Alsace était alors florissante, ses vins, en partance de Colmar, allaient conquérir les contrées humides de la Hollande, du Danemark et dissiper les brumes tenaces du Royaume-Uni. Le lieu­dit Hatschbourg, vignoble classé « Grand Cru » en 1983.

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Des qualités typiques

À cheval sur les territoires de Voegtlinshoffen et Hattstatt, le Hatschbourg établit un lien physique entre les deux communes et les relie à un passé mutuel où la viticulture est omniprésente. Durant des siècles elles ont suivi les destinées capricieuses de leurs maîtres communs. Successivement les évêques de Strasbourg, les seigneurs de Hattstatt, les princes de Habsbourg et les barons de Schauenberg. Les deux communautés ont prié dans la même paroisse jusqu’à la veille de la Révolution française et cultivé les mêmes terres jusqu’en 1858. Elles ont bénéficié des périodes de gloire de leurs maîtres et souffert de leurs déconvenues, en y apportant, parfois, leurs propres ingrédients anecdotiques pour bien souligner les relations de bon voisinage.

E

n 1983, le lieu-dit Hatschbourg est reconnu « Grand Cru ».

Témoin d’une très ancienne réputation, le Hatschbourg est signalé dans divers documents du Haut Moyen Âge. Des titres de vente datant des XVIe et XVIIe siècles attestent la présence des vignes de ce cru et le prix élevé de ses vins. Les vins du Grand Cru Hatschbourg présentent une excellente typicité, des arômes très développés et une aptitude certaine à la garde.

Le sentier des roses

C

e sentier pédestre de la rose­ raie, qui sillonne le grand cru du Hatschbourg, a récemment vu le jour. Des centaines de roses de toutes variétés et les unes plus belles que les autres embaument ce lieu­ dit du printemps à la fin de l’été. Il constitue une collection unique et exceptionnelle de rosiers anciens et de rosiers contemporains qui s’offrent à la vue des promeneurs.

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Les vignes de Voegtlinshoffen pendant la période estivale.


Chapitre

Un terroir exceptionnel Au Sud du vignoble alsacien, le lieu dit chevauche les finages des communes de Hattstatt et de Voegtlinshoffen, à flanc de coteau en pente régulière et à une altitude allant de 200 à 330 m. Sur un substrat marno­ calcaire pourvu de nombreux cailloutis recouverts en aval de dépôts soliflués et de limons loessiques, les sols se révèlent assez lourds, profonds et bien drainés. Ces qualités particulièrement propices à la culture de la vigne s’allient à une très bonne exposition Sud et Sud­Est.

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LES MAISONS VITICOLES ACTUELLES

Le syndicat viticole, en sortie à Heidelberg (1989).

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Un village viticole

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Distillation du « Schnaps » marc de raisins. Premier à gauche : Marcel Cattin.

Charles Vorburger pendant les travaux de distillation.

Vendanges d’antan en famille.

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Un village viticole

Vendanges d’antan.

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7 La vie associative LES SAPEURS-POMPIERS

le Chef de Corps Jean­Pierre Freudenreich

L

e Corps des sapeurs­pompiers, la plus ancienne société du village a été créée en 1892. En raison des nombreux incendies qui se déclaraient à l’époque, cette création était devenue une nécessité. Son fondateur était alors Jean­Baptiste Goepfert et les membres tous du village. La fragilité caractérisait les premières années de l’existence du Corps, puis il arriva à s’affirmer et s’imposer. Il a pu acquérir en 1902 sa première voiture, une ‘’pompe à bras’’. En 1848, 44 ans avant sa création, le village en avait déjà acquis une première. En 1906, le Corps était sous la responsabilité de Nicolas Baur, puis à partir de 1925, Xavier Hartmann prit la relève.

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Les sapeurs-pompiers le 31 janvier 1932.

Jusqu’en 1953, le Corps des sapeurs­pompiers vit alors dans la tranquillité, sans grandes difficultés. Courant 1954, le Corps connait son premier malaise : Il n’aura plus de chef jusqu’en 1962, l’intérim est néanmoins assuré par René Fix. En décembre de la même année, le maire d’alors, Henri Vorburger, exigea des pompiers une nouvelle organisation avec un nouveau chef. Joseph Kornmann et Fernand Meyer effectuèrent alors un stage à l’école des sapeurs­pompiers à Mulhouse. Quelques mois plus tard, ils seront nommés respectivement sous­chef et chef de Corps des sapeurs­ pompiers. Il connaitra alors des années florissantes. Une clique est créée en son sein, puis participe aux parcours sportifs, il aménage en 1974 un dépôt et une salle de réunion.

Les deux pompes à bras.

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Voegtlinshoffen

Découverte d’Eguisheim avec « Eskapade GPS ».

par une équipe d’animation. Chaque année une demande d’habilitation sera adressée à la Direction Départementale de la jeunesse et des sports. La DDJS transmet les informations à la PMI en raison de l’accueil d’enfants de moins de six ans. Une visite du médecin PMI se fait de manière régulière. L’association est soutenue financièrement par la CAF, la MSA ainsi que les 3 municipalités du RPI.

école maternelle à Husseren­les­Châteaux, un nouvel espace, adjacent à l’école maternelle, a pu être proposé à l’association pour y installer le périscolaire. Une convention de partenariat et de financement a alors été mise en place et cosignée par l’association et les trois municipalités ainsi qu’une convention de mise à disposition du local liant l’association à la commune de Husseren­les­Châteaux. Depuis 2012, avec l’adhésion de nos communes à la CC PAROVIC, la compétence « petite enfance » dont relève le Périscolaire, a été transférée à cette dernière qui gère désormais la structure « Les P’tits Ceps ».

La fréquentation du périscolaire, étroitement liée à celle du RPI, a augmenté de manière significative. Peu de temps plus tard, avec la construction d’une nouvelle

Fête d’Halloween. Sortie VTT au départ du Petit Ballon.

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La vie associative

LES SOCIÉTÉS ET ASSOCIATIONS DISPARUES EN IMAGES

La clique des sapeurs-pompiers en arrière-plan.

La société d’aviculture.

L’association « Amitié féministe » mise en lumière dans la presse.

L’ancienne section gymnastique.

Les musiciens de la Société « Union », en 1925.


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L’École au cœur du village SUR LES BANCS DE L’ÉCOLE D’ANTAN…

’ C

est bien connu, les archives communales sont une riche source d’informations qui nous invitent à un retour sur temps passionnant… et selon les recherches entreprises, elles peuvent nous emporter à l’époque de nos arrière­arrière­ grands parents !

On peut, par exemple, y consulter un document dénommé ‘’Registre des délibérations des membres du Comité local de l’instruction primaire ‘’ daté de l’année 1834.

Le Comité local de Surveillance a été installé le 21 mars 1834, soit sous le règne du roi Louis­ Philippe Ier, par un certain M. Jean­Baptiste Schenck, membre du Comité Supérieur de l’Instruction Primaire de l’arrondissement de Colmar. La loi Guizot du 28 juin 1833 obligeait alors les communes de plus de 500 habitants d’aménager une école de garçons, dont Les enseignants de l’époque (1917).

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La classe 1945.

l’organisation était suivie par ce comité local. Ce dernier était composé des membres suivants : M. Georges Jaecker, maire, M. Martin Hartmann, curé, Messieurs Antoine Struss et Mathieu Meyer, propriétaires ainsi que de M. Antoine Stempfel, ancien maire. Le registre des délibérations du Comité contient ainsi de nombreuses informations relatives au fonctionnement de l’école, aux instituteurs (laïques ou appartenant à une association religieuse), le nombre d’enfants scolarisés (57 garçons) et le nombre de ceux ne bénéficiant d’aucune instruction primaire, ni publique, ni privée. Il laisse clairement apparaître que la fréquen­ tation, qui rappelons­le n’était pas obligatoire, subissait les variations des saisons (récoltes ou autres travaux saisonniers) ainsi que celles des

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conditions météorologiques ! Les instituteurs étaient rémunérés en ces temps­là par la commune. Dans sa séance du 28 mars 1842, le Conseil municipal décide d’un projet d’appropriation d’une maison particulière pour l’aménager en maison d’école de garçons et de filles. L’étude a été confiée à l’architecte colmarien, Monsieur Bleicher. La réception des travaux a eu lieu le 13 novembre 1842 en présence du maire, M. Jean­Baptiste Kastler, de son adjoint, M. Antoine Struss, de ses conseillers et de l’architecte chargé de la direction des travaux. Voilà donc installée la nouvelle salle de classe qui fonctionnait au rez­de­chaussée de l’actuelle mairie, le premier étage étant partagé entre le logement de l’instituteur et la salle de mairie.


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l’Histoire d’un village au cœur du vignoble d’Alsace

Sortie de classe année 1936 au Markstein en bus (Haumesser Transports).Charles Meyer, enseignant, accompagne ses élèves.

Année 1965. Les élèves des classes 1952 à 1956.

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L’École au cœur du village

École de garçons en 1931 (enseignant M. Weck).

L’instituteur Monsieur Bucher, avec ses élèves en 1957.

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Voegtlinshoffen

l’Histoire d’un village au cœur du vignoble d’Alsace

Bibliographie ✦ Perles d’Alsace, Tome 1, Auguste Scherlen (archiviste municipal de la ville de Colmar). ✦ DNA, Saisons d’Alsace N° 92, rue de la Nuée­Bleue, Strasbourg, juin 1986. ✦ L’Alsace, une Histoire, Bernard Vogler, Éditions Oberlin. ✦ Noël-Winachte en Alsace, Gérard Leser, Éditions du Rhin. ✦ Extrait du « Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle de Colmar », E. Issler. ✦ Jewish Encyclopedia, The unedited full­text of the 1906. ✦ Geschichtliches Pfarrei Hattstatt, A. Scherlen, Éditions Alsatia, Colmar, 1933. ✦ Histoire de l’Abbaye de Marbach, Goehlinger, F. A. 1954. ✦ Patrimoine d’Alsace ­ Canton de Wintzenheim, Marie Philippe Scheurer. ✦ Documentation communale « Rapport technique de l’orgue », Christian Lutz. ✦ Documentation communale « Le remaniement cadastral », exposé de M. Vogel. ✦ Documentation communale « L’ arboretum de la Bumatt » Gérard Patzelt. ✦ Registres de délibérations, Archives communales. ✦ Ouvrage sur le 60e anniversaire de la Libération de Voegtlinshoffen. ✦ Étude archéologique, site de Voegtlinshoffen autour de l’Abbaye de Marbach, Frank Albert et Pascal Rieth, 2009.

✦ Wikipédia, encyclopédie universelle. ✦ Reportages Presse D.N.A et L’ Alsace.

remerciements Voegtlinshoffen, l’Histoire d’un village au cœur du Vignoble d’Alsace est l’aboutissement d’un projet, décidé par l’équipe municipale en place fin 2012 et qui a pu se réaliser grâce au fort soutien de la population. Je tiens à remercier ici toutes les personnes qui, d’une façon ou d’une autre, ont contribué à la réalisation de cet ouvrage. Vous avez répondu très nombreux à notre appel et, en nous confiant vos photos, cartes postales, documents, livres … vous avez permis d’alimenter, d’enrichir et rendre passionnante sa lecture. Il fallait cependant sélectionner et condenser textes et écrits, de même qu’une sélection des photos, parfois difficile, était nécessaire afin de respecter le nombre de pages prévues ainsi que la cohérence éditoriale de l’ouvrage. Certaines légendes sont incomplètes, soit par manque de place pour les photos de groupe, soit par méconnaissance des patronymes. Un grand MERCI tout particulier à M. Joseph Kornmann, maire honoraire, M. René Hartmann, décédé, représenté par Mme Paulette Hartmann sa veuve et M. Denis Meyer, adjoint honoraire, pour leur mise à disposition d’une collection abondante de documents qui a facilité la conception de l’ouvrage. L’adjointe au maire honoraire, Monique Winkelmuller­Waldeck.

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Voegtlinshoffen

Canton de Wintzenheim De gueules à la crosse d’évêque d’argent en pal au pied fiché, au sautoir d’or brochant, à trois besants de même en point posés un et deux, le premier brochant sur le fût de la crosse. Sources : L’armorial des Communes du Haut-Rhin - Commission d’Héraldique du Haut-Rhin


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