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En savoir plus Les usages et la consommation d’eau Usages/postes (source : Cieau)
On estime à 157 litres d’eau, la consommation quotidienne d’un habitant en France dans sa vie domestique. Ce chiffre varie sensiblement, selon la région, le climat, l’habitat ou tout simplement le mode de vie de chacun. Par exemple le monde rural (en dehors de besoins en eau plus importants pour ses activités professionnelles) est moins consommateur d’eau que le milieu urbain : 110 litres jour/personne contre 150 litres/ jour/personne en région parisienne. Ce constat s’explique en particulier par un recours plus fréquent aux puits privatifs, ainsi que par une présence souvent moindre d’éléments de confort domestique. Le niveau de revenu influe également sur la consommation : les personnes à revenu modeste utilisent en moyenne 90 litres d’eau par jour. De même, question de climat ou d’habitudes, les Français vivant au Nord de la Loire consomment en moyenne 20 litres d’eau par jour de plus que les méridionaux. C’est à l’âge adulte que l’on consomme le plus d’eau, nettement plus que les enfants (69 litres par jour en moyenne) ou les personnes âgées spécialisées pour les personnes âgées : 240 à 310 litres par jour et par personne. Enfin, si les sportifs se caractérisent par une consommation plus forte que la moyenne (204 litres), c’est en vacances que les Français se montrent le moins économes : 230 litres jour personne ! Si l’on reste sur la moyenne de 157 litres/jour et par personne, la répartition se ferait ainsi :(105 litres). Notons le cas particulier des résidences Bain et douche : 39% = 61,23 litres WC : 20% = 31,40 litres Lessive : 12% = 18,84 litres Vaisselle : 10% = 15,70 litres Cuisine : 6% = 9,42 litres Nettoyage et divers : 6% = 9,42 litres Lavage voiture, arrosage jardin : 6% = 9,42 litres Boisson : 1% = 1,57 litres
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Or, sur ces 157 litres, seulement 11 litres (boisson et cuisine) nécessitent l’utilisation d’eau potable. Même si, pour des questions évidentes d’un point de vue sanitaire, il est indispensable de traiter un minimum l’eau destinée à la douche, ou à la vaisselle, le traitement appliqué aujourd’hui est disproportionné. Bien sûr, pour les WC, le nettoyage ou encore la lessive, nous tombons dans une aberration écologique et humanitaire. Le cas des toilettes Un peu d’histoire (tirée de « Un petit coin pour soulager la planète » de Christophe Elain Ed. Gouttes de sable 2006).
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Histoire et culture S’en doutait- elle, la première crotte, qu’après des milliards de défécations, elle serait toujours là ? Ou plus exactement sa congénère qui indifférente à toutes les évolutions, a fidèlement accompagné l’humain à travers le temps. Mais en ces temps où la tendance est au génétiquement modifié, prenons la garde ! Un scientifique bien intentionné et sujet à quelques dérangements intestinaux, pourrait bien se mettre en tête de chercher à supprimer cette fonction évacuatrice. Il en serait alors fini de l’étron plus ou moins odorant, ainsi que de l’histoire qui s’y rapporte. Nous n’en sommes pas encore là, et nullement opposés d’ailleurs, à conserver cette soumission aux nécessités du bas-ventre. Assumons notre merde passée présente et à venir ! Oui c’est cela et observons de près les traces qu’elles a laissées, les questions et problèmes qu’elle nous a posés, les techniques que nous lui devons, les embarras et les rires qu’elle a provoqués et provoquera encore. Fossiles de vraies merdes Candidates à l’éternité, certaines déjections se sont fossilisées. Et ces coprolithes retrouvés nous montrent qu’il arrivait à l’homme préhistorique d’enterrer ses excréments. Notre ancêtre n’avait pourtant pas lu la Bible, dans laquelle on trouve quelques recommandations relatives à cette question. Moise y invite les siens, en cas de forte concentration d’individus, à « enfouir les matières au moment même de leur excrétion ». Est-ce simplement par imitation de certains animaux ou déjà la marque d’une problématique plus complexe qui apparaît alors ? Généralement, le mode de vie de cette époque et une faible densité humaine permettent de se soulager à même le sol juste un peu à l’écart du sentier, la nature bienveillante et le temps se chargeant de la suite du processus. C’est une pratique toujours existante- la version la plus courte de l’histoire de l’homme et de ses excrétions. Quand la chose complique les choses Avec la sédentarisation et le développement des villes, la « choses » va requérir alors plus de vigilance. Le palais crétois de Cnossos en témoigne : 4000 ans avant JC… Descaux, d’aucuns s’étaient déjà penchés sur l’aménagement de toilettes. En Inde et Irak, des archéologues ont retrouvé des vestiges tout aussi anciens de systèmes d’évacuation d’eaux usées. La Rome antique est pourvue d’égouts
et installe des latrines, privées et publiques. A cette époque existe également le vase de nécessité (qu’on appellera plus tard « le pot de chambre »), très fréquemment rempli lors des agapes. Il était utilisé dans l’Egypte des pharaons et dans la Grèce de Platon. Ainsi, la défécation se poursuit à un rythme soutenu, de siècle en siècle. En revanche, les évolutions techniques sont encore assez peu nombreuses avant qu’elles ne surgissent en grand nombre au cours des 150 dernières années. Mais revenons à nos Romains et à l’Empire finissant où l’on observe un relâchement certain des pratiques sanitaires. Peu après Clovis recommande bien de ne pas se laisser aller ni déposer des immondices dans la rue. Recommandation suivie ou pas… Le pragmatique roi des Francs autorise toutefois à se soulager dans certains endroits de la ville. Ce genre de tolérance fera que , par exemple, à Troyes, la rue du Bois sera dédiée à cet usages. Douze siècle plus tard, quand des magistrats veulent interdire ces latrines à ciel ouvert, les protestations sont vives. « Messieurs, dit le porte parle des manifestants, nos pères y ont chié, j’y chions et nos enfants y chieront » (Guerrand 1997. Les législateurs reculent face à la pression du peuple. Pendant des siècles la pratique quotidienne n’est autre que le tout à la rue, ancêtre du « tout à l’égout ». Les différents édits et ordonnances promulgués, visant à changer les choses, ne seront le plus souvent suivis que de peu d’effets. C’est là comme une constante de l’histoire. Cependant le pot de chambre continue son petit bonhomme de chemin. Au sens propre comme au figuré, puisque le chevalier partant pour les croisades se serait senti fort dépourvu en l’absence de ce compagnon- à chaque époque son portable ! Voila pourtant un bien petit trône pour des fesses qui font si souvent appel à lui. Mais pas de question qui ne se révolte ! L’arrivée de la chaise percée apporte confort et volupté. Evidemment, seule la cour royale et les nantis peuvent s’offrir ce meuble qu’on trouve mentionné pour la première fois au VIIe siècle. Cette chaise à usage particulier devient l’objet de toutes les attentions. Elle est décorée personnalisée, offerte en guise de cadeau. Et c’est sur ce siège que LouisXIII et bien d’autres accorderont des audiences. Les nombreuses personnes qui constituent la cour ont également la possibilité d’utiliser le bel objet, néanmoins ils choisissent le plus souvent la cheminée, l’escalier ou un autre recoin pour répondre
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à leur pressantes envies. D’une épidémie de peste à l’autre celui qui n’a pas accès à la vie de château continue de se débrouiller comme il peut. Encore et toujours, la rue fait l’affaire, aussi bien qu’un puisard dans la cour ou au fond du jardin. A Paris, certains utilisent des latrines, ordinairement peu engageantes, parfois reliées aux rares fosses disponibles, antichambres de la Seine qui reçoit et emporte le tout en aval. La province n’est pas en reste et se satisfait des mêmes expédients. Dans les rues la vigilance s’impose puisque, du ciel, surgissent parfois eaux usées (g) et déjections. A noter que ce procédé est généralement interdit, ou autorisé mais sous certaines conditions : l’habitant d’Avallon, par exemple, au moment de lancer son projectile, est tenu de crier : « Gare à l’eau ! » Au début du XVIe, quelques-uns « commencent à protester contre la liberté qui règne dans l’expression des besoins naturels (Guerrand, 1997) ». Arrivent ainsi les prémices d’une morale qui incitera à plus de retenue, à plus de discrétion, mais nous reviendrons plus tard sur ce point-là. En attendant, quand elles existent, les latrines quittent le centre du logis pour rejoindre le grenier ou le jardin. Au diable les odeurs ! Réitérées avec insistance, les prescriptions commencent à produire leurs effets. Les cabinets de toilette apparaissent et le nombre de fosses d’aisances augmente à partir du XVIIIe siècle. Le vidangeur – qui a désormais un statut – se charge de leur contenu qu’il transporte à la voirie ; du moins… ce qui n’a pas été perdu en chemin. De ce lien de stockage repart, après un temps de repos, une matière qui s’en va enrichir les terres agricoles. En 1832, débarqué d’Inde via l’Angleterre, le choléra tue près de 20 000 personnes à Paris. Il n’en faut pas plus pour qu’une réelle politique de salubrité se mette en place. Rambuteau, « premier écologiste du corps préfectoral (Guerrand, 1997) » veut offrir aux Parisiens « eau, air et ombre » et s’emploie efficacement à la tâche. En 1843 la ville dispose de plus de 400 urinoirs et les fontaines se multiplient. Mais pour une population de plus d’un million d’habitants il y a encore beaucoup à faire. Le préfet Haussmann lance une campagne de grands travaux qui vont transformer Paris : de grandes avenues, des canalisations pour amener l’eau directement dans les immeubles, et un réseau d’égouts, jusqu’alors très limité, qui passe de 25 kilomètres en 1806 à 560 kilomètres en 1870 (Monestier, 1997).
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Water-closet mon cher Watson Les techniques et expérimentations se multiplient un peu partout mais c’est d’Angleterre, en avance sur ces questions d’hygiène et d’assainissement (g) que vont venir les solutions adoptées ensuite par beaucoup. Au milieu du XIXe, Thomas Crapper met au point un système avec réservoir et chasse d’eau plus performant que lors de tentatives précédentes. C’est également à cette époque qu’apparaît le siphon qui, en assurant l’étanchéité entre fosse et cabinet, règle le problème des odeurs. La « chasse à terre » ainsi que tous les modèles séparateurs (urine d’un côté, matières fécales de l’autre) alors utilisés et préconisés par certains vont perdre la partie. Toutefois, la « solution » eau, accompagnée du toutà-l’égout, devra vaincre d’importantes résistances. En France, à la fin du XIXe siècle, les débats font rage entre les partisans de ces nouvelles pratiques et ceux qui les refusent. Ces derniers mettent en avant le gaspillage d’eau, l’incroyable pollution de la Seine qui continue à faire office de collecteur principal et la perte d’un engrais humain précieux pour les terres agricoles. Autant de raisons de s’opposer qui, 120 ans plus tard, sont toujours d’actualité. A cette époque, les découvertes de Pasteur donnent des arguments aux hygiénistes. Ceux-ci critiquent férocement les fosses d’aisances, « ces réservoirs à virus qui dégagent des émanations pestilentielles ». En juin 1880 le conseil municipal de Paris vote l’interdiction des fosses – qui ne vont pas pour autant disparaître de sitôt – et le raccordement obligatoire au tout-à-l’égout. Sale temps pour le microbe Hygiène et propreté vont devenir des priorités au XXe siècle mais les habitudes et les réticences vont retarder un véritable développement des mesures de salubrité. Paris montre l’exemple, suivie de quelques grandes villes. Pour le reste, nombreux sont les endroits où le ramassage des seaux hygiéniques continue à se faire chaque matin. Ce n’est qu’après 1945 que les travaux concernant l’adduction d’eau et l’assainissement se généralisent et que s’éteignent alors des usages qui n’ont pas changé depuis le Moyen Age. Pour celui qui vit isolé et ne peut se raccorder à l’égout, la fosse septique (celle qui avale et digère… presque tout) est disponible depuis que l’Anglais Donald Cameron l’a mise au point en 1896. Le WC fait son entrée en force dans les maisons, accompagné de la salle de bains. Le règne de la
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porcelaine immaculée commence vraiment. Bien que se rapportant surtout à la France, notre exposé sur l’histoire du traitement des excréments humains serait assez semblable s’il concernait l’ensemble de l’Europe. Sauf à redire que l’Angleterre s’intéresse plus tôt que ses pays voisins aux questions d’hygiène et d’assainissement : dès le début du XIXe siècle elle met en pratique ses découvertes. Si les autres pays européens la suivent plus ou moins rapidement – en commençant par équiper les grandes villes – l’Espagne attendra l’après-Deuxième Guerre mondiale. Ailleurs, on notera que le Japon du XIXe est équipé de latrines publiques et de lieux d’aisances dans les maisons. Ce pays connaît un grand souci de propreté depuis longtemps, semble-t-il. A cette même période, les rues chinoises sont très sales et beaucoup dans le pays, continuent d’utiliser les excréments pour fertiliser les champs, une tradition millénaire là-bas. Au XIXe siècle, l’Algérien défèque habituellement dans la nature. Alger dispose cependant de fosses d’aisances, lesquelles sont vidées dans la mer. Un peu plus tard, le colon civilisateur amène avec lui le « progrès » : le tout-à-l’égout ! De ce dernier, Buenos Aires va se doter dès 1874. Vers la fin du IIe millénaire, de moins en moins attiré vers Dieu, l’Occidental se découvre un nouvel absolu : le « zéro microbe ». Un petit coup de détergent suivi d’une bonne dose d’antiseptique, et tout semble aller pour le mieux dans le plus chimique des mondes. Néanmoins, il faut rapidement se rendre à l’évidence : les moyens utilisés pour assainir la maison entraînent une importante pollution ailleurs, que ce soit par les produits utilisés, abondants et puissants, ou les énormes quantités de matières fécales emportées par les eaux. L’utilisation de l’eau dans les toilettes a nécessité le tout-à-l’égout, de même le tout-à-l’égout va nécessiter la station d’épuration ! C’et l’histoire d’un problème pour lequel on trouve une solution qui devient elle-même un problème… Aujourd’hui Les trouvailles et inventions en tous genres, ultrasophistiqués dans certains cas, savent « faire craquer » les postérieurs les plus récalcitrants. De la simple cuvette ronde ou ovale à la lunette Washet qui vous donne poids, température et tension artérielle à chacune de vos visites, en passant par le « torchecul automatique » qui permet de ne pas se servir de ses mains, la gamme est immense. Dans les rues des agglomérations occidentales, il faut maintenant
glisser une petite pièce qui ouvre les portes du confort et de l’hygiène. Au même moment, les SDF, sans le sou, cherchent les recoins hospitaliers des villes où la satisfaction de cette fonction vitale est souvent devenue fort périlleuse. Aux Etats-Unis, le randonneur écolo, adepte du « remportez tout », prévoit son récipient ou ses toilettes portables afin de ne laisser ni trace ni pollution après son passage. Chaque 10 novembre, le Japon s’active pour décorer les toilettes publiques – c’est en effet leur jour de fête. Ailleurs, à la même heure, les latrines font le plein, et même parfois le trop-plein. Quant à l’Indien, tranquillement accroupi le long de la voie ferrée, il regarde passer les trains. En Zambie, des hommes donnent quelques coups de rames pour aller chercher un peu d’intimité au milieu du lac. Arrivé à ce point, il y a quelque chose que notre petite crotte – qui en portant vu de toutes les couleurs – ne comprend vraiment pas. « Que d’eau ! Que d’eau depuis une centaine d’années ! Qu’ai-je bien pu faire de si terrible, se demande-t-elle pour que les hommes éprouvent un tel désir de me noyer ? Est-ce vraiment moi le problème ? » Cachez cette chose que je ne saurais voir ! Se liiter à cette présentation assez générale que nous venons de faire serait négliger certains aspect importants de la question. Car, au dela des simples aspects techniques, les composantes idéologiques, religieuses, psychologiques, culturelles et autres n’ont cessé de modifier, de transformer le rapport de l’homme avec cette fonction naturelle. D’une manière générales, l’ambivalence règne : attirance ou/et répulsion, acceptation ou /et rejet. Du simple au complexe, la palette est variée et change selon les époques, les lieux, les conditions de vie, les classes sociales, les connaissances ou croyances. Ainsi se dévoile une histoire non linéaire nourrie d’incessants allers et retours. Tels comportements, telles attitudes s’effacent pour laisser place à leurs exacts opposés, lesquels disparaissent un peu plus tard, pour resurgir dans un autre contexte. Les savants de la Grèce antique considèrent que l’air et l’eau peuvent être les vecteurs de transmission de maladies. Des dispositions sont prises pour éloigner eaux usées et matières fécales afin d’éviter les contagions. Deux mille ans plus tard, aux EtatsUnis, les épidémies de choléra de 1832 et 1849 sont considérées comme une punition de Dieu. Au contraire – une nouvelle théorie ayant vu le jour entretemps – l’épidémie de 1866 devient un problème social et on considère qu’il est possible de l’enrayer
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par une amélioration de la salubrité (Del Porto, 2000). Justement, regardons un peu du côté de la morale. Selon l’historien Roger-Henri Guerrant, Erasme se fait au XVIème siècle le chef de file d’un mouvement appelé « le grand resserrement anal », qui se prolonge jusqu’à culminer au XIXème. Dans le même temps, un certain nombre d’écrivains vont faire du scatologique leur sujet de prédilection , et cela jusqu’à la Révolution, exprimant par là une réalité tout aussi indéniable de leur époque. Le moralisme gagne et s’attaque à ceux qui urinent et défèquent joyeusement. Peu à peu on cherche à faire comme si la fonction excrétrice n’existait pas. Il devient très incorrect d’évoquer le lieu que d’ailleurs les architectes éloignent du cœur des habitations, comme on l’a vu précédemment. L’étape suivant n’est autre que « la suppression du chieur lui-même (Bologne 1997). Il est donc vivement recommandé de ne pas saluer quelqu’un que l’on verrait en train de se soulager. Le bas-ventre et ses fonctions subissent la censure et le mépris du monde bourgeois. Le pet du peuple, lui, continue à se faire entendre et ne se soumettra à la discrétion qu’après deux siècles de résistance. Au XIXème, c’est du côté des toilettes des écoles que l’attention se porte. Elles sont conçues de façon à ce qu’il ne soit pas possible de s’y attarder bien longtemps : il faut à tout prix décourager les agissements solidaires. Non pas inexistante auparavant mais beaucoup moins prononcée, voire sans réelle signification pour certains, la pudibonderie atteint alors des sommets ; en France, tout au moins. Dans une société qui instaure le bannissement de la fonction excrétrice et encourage le sentiment de honte à son égard, ce qui risque de se développer est facile à imaginer. D’un point de vue général, il est intéressant, d’ailleurs, de noter les différences entre divers peuples ou même celles qui existent à l’intérieur d’un même pays, ou encore entre homme et femme. Du besoin d’intimité le plus strict à la convivialité aux cabinets, l’histoire nous offre toute la gamme des possibles. Le plus souvent, cependant, et en tous les cas à notre époque, on retrouve la présence d’une pudeur vis-à-vis de cet acte intime, plus encore que pour la nudité elle-même. Ainsi ce refoulement organisé va offrir à Freud et à ses successeurs un important champ d’activité et l’occasion de dire quelques mots sur le sujet. L’enfants serait généralement en bons termes avec l’excrément pour lui l’objet de valeur et avec lequel il joue ou qu’il offre en cadeau : ce fameux
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« stade anal », qui aurait un rôle important dans le développement de la psyché. Né chinois, l’enfants grandit et vieillit avec un sentiment positif vis-à-vis de cette fonction ; occidental son éducation lui apprend les bonnes manières et la culpabilité. La civilisation, « propreté, ordre et beauté » (Laporte, 1978), ne peut se satisfaire d’un humain encore animal. Mais ne serait-il pas vain, pourtant, de guetter l’avènement d’un civilisé tout en pratiquant le refus, la négation d’un principe vital ? La charge symbolique liée à l’excrément remonte à des temps anciens. Ce qui semble à certain le plus vil composé serait en fait chargé de valeur. La merde, combinaison des forces du mangeur et de ce qui est mangé, se change en or. Chaque défécation est une naissance chargée d’un potentiel fécondant pour la terre nourricière. En revanche, lorsque l’excrément est considéré comme symbole de la décomposition putride, c’est aussi à la mort qu’il fait penser et dans ce cas la peur n’est jamais bien loin. Vis-à-vis de ce « réceptacle de forces », le commun des mortels se sent parfois démuni et se soumet alors – victime passive ou consentante- à ce qui le dépasse. C’est qu’il y a là belle matière à diviniser, sinon à sataniser. De Crépitus, dieu des flatuosités chez les Romains, à Ixcuina, déesse scatophages des Mexicains, la liste est longue des divinités, génies et autres esprits excrémentiels. Cérémonies, rituels, superstitions, et pratiques diverses.
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Notons, qu’à notre consommation domestique personnelle de 157 litres par personne et par jour, il faut ajouter l’ensemble des consommations collectives auxquelles chacun participe : écoles, hôpitaux, lavage des rues, consommations dans le cadre du travail, … Une fois additionnées ces différentes sources de consommation, on obtient une moyenne d’environ 200 litres par jour et par personne. Notre consommation d’eau Valeurs moyennes nationales par poste (source : étude CREON + CIeau)
CONSOMMATION « PARTICULIER » Lavabo
5 l/utilisation
Urinoir, chasse intermittente
3 à 12 l / utilisation (chasse classique 9/12 l ou chasse 3/6 l )
Douche
30 à 150 l / douche (douche rapide < 5 min débit continu: 60/80 l ; douche longue 10/15 min débit continu: 150l)
Bain
75 à 200 l /bain (½ bain enfant : 75l)
Vaisselle
10 à 50 l/usage (lave-vaisselle ancien : 30 à 40 l ; lave-vaisselle récent : 20 à 25 l ; vaisselle main : 10 à 50 selon la technique : remplissage des bacs ou eau courante et de la quantité à laver !)
Lave linge
40 à 130 l/usage (lave-linge ancien : 70 à 130l ; lave-linge récent : 40 à 90 l)
Lavage des sols, sanitaires, …
50l /semaine /foyer
Lavage voiture
200 l/usage
Arroseur jardin
1000 à 3000 l/ heure (20 l /min au jet, 1m³ si intégré) ou 15 à 20l / m²
Remplissage d’une piscine
De 50 000 à 80 000 litres
CONSOMMATION « COLLECTIF » Centre de vacances
100 l/jour/personne
Emploi administratif
15 l/jour/agent
Équipement sportif
25 à 35 l/ entrée
Hôpital
300 à 450 l/jour/lit
Lavages des caniveaux
25 l/m/jour de nettoyage
Maison de retraite, de repos
100 à 250 l/jour/lit
Nettoyage des marchés
5 l/m²/jour de marché
Piscine
120 à 200 l/an/utilisateur
Restauration collective
20 l/ repas préparé
Ecole
10 à 100 l/jour/élève
Dans le cadre de son travail, un employé utilise directement ou indirectement une moyenne de 10 à 30 litres d’eau par jour, s’il travaille dans un bureau sans cantine ni climatisation. En revanche, sa consommation peut atteindre 100 à 225 litres d’eau par jour s’il travaille dans un bureau avec cantine et climatisation. Tous usages confondus, les besoins en eau du département de la Gironde s’élèvent à environ 310 millions de m³/an. Evolution de la consommation domestique en litres (source : OCDE)
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En 2000, la consommation moyenne des Français est estimée à 137 litres par personne et par jour. Les études sur les causes de cette baisse de la consommation d’eau ne sont pas concluantes : quelle est la part des appareils ménagers économes et quelle est la part des pratiques d’économie d’eau ? Lecture d’un compteur Le compteur appartient au service des eaux et il est mis à disposition de l’abonné. Le compteur doit être accessible pour faciliter les relevés. L’abonné doit protéger le compteur du gel ou d’éventuels chocs. En cas d’absence prolongée, maintenir un minimum de chauffage pour éviter le gel. En habitat collectif, le comptage individuel pour l’eau chaude est obligatoire depuis 1977 dans les constructions neuves. Il n’y a pas à ce jour d’obligation légale de compteur individuel sur l’eau froide. Attention, les compteurs individuels sont plus ou moins précis, la somme totale affichée ne correspond pas toujours au compteur principal. Dans ce cas la différence en plus ou en moins est répartie entre les usagers
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