. . Sapristi N°22 / MARS 2000
N°35 DÉCEMRE 2007
“dis, ça marche marche ?” ?” ”dis, comment comment ça
A table ! Sais-tu qu’il existe dans la Communauté urbaine de Bordeaux des fermes qui produisent certains des fruits et des légumes que tu consommes ? Des élevages où vivent les bêtes que tu mangeras ? En remontant la piste, de nos assiettes jusqu’aux producteurs, pour comprendre d’où vient notre nourriture, les reporters de Sapristi ont découvert des pratiques qui favorisent le développement durable. Les adopter, c’est bon pour la planète à un moment où il convient de nourrir de plus en plus d’êtres humains en économisant l’eau et en évitant les pesticides. Sacré défi !
Sapristi, BP 45 - 33029 BORDEAUX cedex
L’agriculture en ville Qui l’eut cru ? Aux portes de Bordeaux, partout dans la Communauté urbaine, une centaine d’exploitations agricoles comme celle d’Aurore, produisent des fruits et des légumes. Portrait d’une jeune agricultrice passionnée par son métier.
La salade est une des principales productions d’Aurore et Philippe à Eysines.
Dans la famille d’Aurore, on est agriculteurs de génération en génération. Avant elle, ses parents et ses grands-parents étaient fermiers. A son tour, avec son mari Philippe, elle a créé une exploitation à Eysines après avoir obtenu un Bac agricole et un Brevet technique supérieur agricole (BTSA) dans un lycée agricole. Elle aime beaucoup son travail, même s’il l’empêche de prendre des vacances. «Il n’y a pas un jour, explique-t-elle, sans que nous devions arroser les plantations.» Aurore et son mari exploitent avec deux saisonniers* une ferme de 4 hectares – soit la superficie d’environ 70 courts de tennis - et une gigantesque serre en verre de 4 700 m2. La culture maraîchère** est leur spécialité. Ils font pousser des salades, des concombres, des
tomates, des piments des Landes, des aubergines et des poivrons qu’ils vendent à une coopérative. Leurs outils principaux : un tracteur et un arrosage électrique. «Nous faisons de l’agriculture raisonnée. Cela signifie que nous veillons à limiter l’utilisation d’engrais et de traitements chimiques pour protéger la terre et que nous donnons la priorité aux cultures saisonnières qui ne nécessitent pas de chauffer les serres, par exemple pour obtenir des tomates en hiver.»
Le compte
As-tu déjà imaginé de rassembler t en une année ? Ta cuisine ser pour la contenir. Il faudrait en 139 kg de produits laitiers, 50 kg d 36,5 Kg de sucre, 34,4 kg de po 23,2 Kg de volaille, 15 l d’huiles 4 kg d’oranges et autant de ban de carottes et 2 Pour notre santé, il est recomman de fruits et légumes qui sont rich jour. Actuellement, nous en man Il faudrait en consommer le d une surprise pour toi ? , mie et les sodas qui font grossir
* Personnes qui viennent en renfort effectuer des travaux à la ferme selon les saisons et les besoins (moissons, cueillettes de fruits, etc.). ** Culture des légumes.
La Cub en soutien On compte environ 350 exploitations agricoles, forestières et viticoles dans la Communauté urbaine de Bordeaux. A elles seules, les terres agricoles représentent 9% de son territoire. La Cub agit actuellement pour mieux connaître et protéger les espaces naturels et pour soutenir les agriculteurs. Elle consacre notamment de l’argent au développement des AMAP (voir page 4), à la promotion de la pomme de terre d’Eysines ou à la réintroduction de la vache bordelaise.
Le “ventre” de Bordeaux
La pomme est, de loin, le meilleur élève de la corbeille de fruits. Les Français en mangent en moyenne 36 par an. A sa suite, la banane et l’orange sont à égalité. Nous laisserons néanmoins la médaille d’argent à cette dernière qui se consomme aussi beaucoup en jus de fruits. (consommation de fruits frais par les français - source Interfel 2006).
Il existe dans la Cub un marché spécial où viennent se ravitailler les magasins et les grandes cuisines collectives. On l’appelle le «ventre de Bordeaux».
C’est bien connu, tout est bon dans le cochon. C’est la viande préférée des Français. Peut-être aussi parce que c’est la moins chère. Le bœuf (avec son fils le veau) et la volaille – surtout le poulet que les enfants adorent – complètent le podium. (source Agreste 2005) Dès 4h30 du matin, le marché commence. Tant pis pour les retardataires !
Chaque matin, à partir de 4 heures, des centaines de clients pas comme les autres viennent faire leurs courses dans un marché unique en son genre : le Marché d’intérêt national (MIN) de Bordeaux Brienne. Ce gigantesque marché de 15 hectares – dont 40 000 m2 de bâtiments (1000 fois ta classe environ !) - appartenant à la Cub est situé quai de Paludate, à Bordeaux, près de la rocade et des autoroutes pour faciliter l’accès de nombreux et imposants camions. C’est par ce marché, appelé «de gros» et réservé aux professionnels, que passent la plupart des fruits, des légumes et des poissons (1) que nous mangeons tous les jours. Ici, les marchands sont des «grossistes» approvisionnés directement par des agriculteurs et des coopératives. Les clients, eux, sont de plusieurs sortes. Il y a d’abord
. .
2 Sapristi
les grands magasins et les plus petits marchands qui revendent fruits, légumes et poissons aux consommateurs. Il y a aussi les très grandes cuisines : celles des établissements scolaires, des hôpitaux, des restaurants, des entreprises… Au total, il se vend au MIN 180 000 tonnes de denrées alimentaires par an ! Le MIN fait particulièrement attention à la qualité des produits vendus par une soixantaine de grossistes. Les fruits, légumes et poissons ne sont jamais gardés plus de trois jours. Leur fraîcheur est garantie ! Seule exception : les bananes. Le marché comprend plusieurs mûrisseries où elles finissent… de mûrir. (1) Le MIN comprend aussi un marché de plantes et de fleurs auprès duquel s’approvisionnent les fleuristes de la région.
A toi d
En Aquitaine, certaines villes so A toi de reconstituer Agen
Espelette
Marm
e est bon !
toute la nourriture que tu manges rait probablement trop petite n effet y placer entre autres : e pain, 45 kg de pommes de terre, orc, 26,8 kg de bœuf et de veau, s, 6 kg de riz, 7 kg de pommes, nanes, 5,6 kg de tomates, 3,6 kg 2,7 kg d’endives. ndé de consommer beaucoup plus hes en vitamines. Au moins 5 par ngeons quotidiennement 170 gr. ouble. Par contre, mais est-ce eux vaut éviter les sucreries r et provoquent des caries !
L’agriculture bio, c’est plus nature Le développement durable passe aussi par nos assiettes. Consommer des produits bio, c’est refuser l’utilisation de produits chimiques dans la culture des fruits et légumes ou dans l’élevage. Il existe quelques fermes biologiques dans la Cub comme celle de Jean-Denis Dubois qui élève 170 bovins bio de races Limousine et Charolaise dans la réserve naturelle de Bruges. Il nous explique ce qu’est l’agriculture biologique. Sapristi - Qu’appelle-t-on avec de la viande de bœuf et des l’agriculture biologique ? tomates bio. On trouve tous ces - Jean-Denis Dubois - C’est produits dans des boutiques spéune agriculture qui respecte cialisées et dans les grands magal’environnement et protège sins qui ont bien compris que le notre santé car elle n’utilise public réclame de plus en plus des aucun produit chimique. A la aliments sains et naturels. place, on désherbe manuellement ou mécaniquement, on Depuis quand parle-t-on utilise des engrais naturels, on Le troupeau de M. Dubois est en pâture d’agriculture biologique ? dans la réserve naturelle de Bruges. introduit des insectes comme la - En fait, elle a toujours existé. coccinelle pour combattre les Nous ne faisons que revenir aux pucerons qui s’attaquent aux plantes. C’est plus de méthodes naturelles de nos ancêtres qui faisaient de travail et des récoltes parfois moins importantes. l’agriculture biologique sans le savoir. C’est pour cela que les produits biologiques sont Ces méthodes avaient été progressivement abandonsouvent vendus un peu plus chers que les autres pronées pour permettre aux agriculteurs de produire duits agricoles. plus, plus rapidement et en protégeant mieux leurs Et pour un éleveur comme vous, ça change quoi de faire de la viande bio ? - Cela veut dire avoir un troupeau sain, élevé dans des prairies naturelles. A l’étable, je leur donne une alimentation équilibrée, principalement du foin et des céréales biologiques. Est ce que tous les produits sont concernés ? - Aujourd’hui oui, sauf quelques poissons sauvages. Le consommateur peut aussi acheter des produits transformés. Des pâtes, par exemple, fabriquées à base de blé bio. Ou des raviolis, cuisinés
La tomate poursuit sa course en tête. Par contre, la carotte recule. Attention, l’endive est en embuscade ! Elle a déjà pris la place de la salade sur le podium ! (consommation de légumes frais par les français - source Interfel 2006).
récoltes des maladies et des prédateurs. C’est à partir de 1970 que des gens ont décidé de revenir à des productions plus respectueuses de l’environnement et des cycles naturels. Ils ont inventé le nom d’agriculture biologique et créé le logo AB – comme agriculture biologique - pour différencier leurs produits. Comment obtient-on ce logo ? - Tout simplement en respectant les règles de l’agriculture biologique. Par exemple, la viande d’un animal est biologique s’il est né de parents biologiques et nourri de produits biologiques. Des contrôleurs passent dans les exploitations régulièrement pour vérifier que ces règles sont bien respectées.
Une solution d’avenir En retard sur la plupart de ses voisins européens avec seulement 2% de terres agricoles consacrées à l’agriculture biologique, la France tente de rattraper ce retard. En dix ans, entre 1995 et 2005, le nombre de fermes biologiques a été multiplié par 3 et les surfaces agricoles biologiques par 5. Dans la même période, l’élevage biologique a plus progressé encore avec un nombre de vaches laitières bio multiplié par 7 et un nombre de brebis bio multiplié par 13 ! Ce mode de culture et d’élevage respectueux de l’environnement est appelé à beaucoup se développer dans les années à venir. Il constitue une des meilleures réponses au défi qui se pose à la planète : nourrir une population de plus en plus nombreuse (6,5 milliards d’habitants aujourd’hui et probablement 9 milliards vers 2050) en limitant les consommations d’eau et d’énergie, tout en produisant massivement des plantes telles que le colza, le tournesol ou la betterave pour fabriquer des biocarburants à une époque où le pétrole se fait rare et cher.
La bonne viande à la trace «Les produits laitiers sont nos amis pour la vie» dit la pub. Et c’est vrai : laits, fromages et autres yaourts sont les aliments numéros uns des Français, suivis du pain et de la pomme de terre. (source Agreste 2005 et Observatoire du pain 2006)
e jouer
ont célèbres pour une spécialité. r les bonnes paires :
mande
La plupart des bouchers de la région se fournissent en viandes aux Abattoirs de la Communauté urbaine de Bordeaux. Leur Directeur, Monsieur Gallou, nous explique leur fonctionnement. électrocution. Cette tâche est Sapristi - Combien assurée par 29 abatteurs. Mais au produisez-vous de viande total, plus de 100 personnes trapar an ? vaillent ici. Il y a par exemple des - M. Gallou - Environ 4 000 équarisseurs qui font brûler les tonnes, ce qui fait des abattoirs déchets de viandes non comesde Bordeaux un équipement tibles et des agents des services moyen comparé aux plus vétérinaires qui contrôlent la importants qui se trouvent en bonne santé des animaux à leur Bretagne, une région où les élearrivée et la qualité des carcasses. veurs de porcs sont très nomIl est obligatoire d’établir la «trabreux. Ici, à Bordeaux, sur le çabilité», c’est à dire l’origine, de quai de Paludate, l’abattoir de L’abattoir de Bordeaux fournit la viande en remontant de l’étal du la Cub fonctionne cinq jours en viande les boucheries boucher jusqu’à l’élevage. C’est par semaine pour abattre de l’agglomération. ce qui permet d’assurer aux annuellement 5.500 bovins consommateurs qu’ils mangent par exemple du (vaches, bœufs, veaux et des taureaux), 1.000 chevaux «Bœuf origine France». C’est important car il y a eu, 18.000 moutons et 25.000 agneaux qui sont vendus aux par le passé, des maladies animales qui ont particugrossistes et aux bouchers de la Gironde. lièrement touché certains pays. Du coup, le public n’avait plus confiance et achetait moins de viande. Comment sont tués les animaux ? - Les gros animaux avec des pistolets et les petits par
. .
Sapristi
3
Réponses : le pruneau d’Agen, le piment d’Espelette, la tomate de Marmande.
c
. . Sapristi
Les AMAP rapprochent les consommateurs des producteurs
haque semaine, à Bègles, Villenave d’Ornon et Pessac, des agriculteurs locaux viennent livrer leurs fruits et légumes frais directement à des clients adhérents d’une AMAP, c’est à dire d’une Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne. Le système est simple : les clients s’engagent à acheter chaque semaine un panier de fruits et légumes à l’agriculteur. Ils payent à l’avance pour assurer au producteur un salaire stable. En contrepartie, celui-ci s’engage à leur livrer régulièrement des produits frais, et souvent biologiques, de grande qualité. Chacun y trouve son compte. «Normalement, explique Gaëlle Bertonèche, animatrice des AMAP de Gironde, les agriculteurs vendent leurs produits à des grossistes qui eux-mêmes les revendent à des magasins qui eux-mêmes les revendent aux clients. A chaque étape, le prix augmente. Un kg de carottes vendu par exemple 1 € par l’agriculteur en début de chaîne sera finalement acheté 2,20 € par le consommateur. Dans une AMAP, la transaction est directe entre le producteur et le consommateur. L’agriculteur gagne plus qu’en vendant à
Un nouveau système de distribution des fruits et légumes favorise le développement durable.
Au menu cette semaine, carottes, aubergines, potimarrons, salades, poivrons, tomates, haricots verts et concombres.
Numéro réalisé avec la participation de la
un grossiste et le client paie moins qu’en achetant dans un magasin.» Une AMAP a d’autres avantages. D’abord, elle permet aux consommateurs de connaître le producteur, de comprendre son métier. Parfois même, ils vont découvrir sa ferme ou lui donner un coup de main. Ensuite, ce système ne fonctionne qu’avec des fruits et légumes de saison. C’est bon pour le développement durable car les autres produits ne peuvent être obtenus qu’en chauffant des serres ou en organisant des livraisons depuis des pays lointains où il fait chaud pendant notre hiver. Dans les deux cas, cela gaspille de l’énergie inutilement. Enfin, les produits sont vendus sans emballages inutiles. Ca aussi, c’est bon pour la planète ! Pour toutes ces raisons, les AMAP marchent de mieux en mieux. Celles de Bègles, Villenave d’Ornon et Pessac affichent complet et des familles se sont inscrites sur leurs listes d’attente. Mais d’autres sont en train de voir le jour à Eysines, Mérignac et Bordeaux. renseignements sur internet www.amap-aquitaine.org
Sapristi est édité par l'association Sapristi (loi 1901) dans le but de sensibiliser les enfants à leur environnement quotidien, politique, économique, social, technique et culturel. Son siège social est à Bordeaux,
37
rue
de
Laseppe, BP 45,
33029
Bordeaux
cedex Directeur de la publication: Olivier Pelisse Rédacteur
en
Chef
:
Emmanuel de Lestrade Rédaction : Emmanuel de Lestrade avec les élèves de la classe de M. Christophe Gerbier à l’école Jean Jaurès de Cenon : Chloé, Halimé, Aude,
Réfika,
Mohamed,
Onur,
Selçan,
Samanta,
Valentin, Vincent, Enzo, Ali,
Marché d’interêt National (vente en gros)
Magasin (vente au détail)
Producteur
Mehdi,
Tugram,
Mucahit,
Sarah,
Hicham,
Kaoutar,
Aysegül, Lucas et Evin..
Consommateur
AMAP - Vente directe
Réalisation : Editions Papote, tél. 05 56 61 04 38 Photos : APRIFEL (page 3 - piments © Ludovic le Guyader, tomate © Philippe Dufour), Bureau Interprofessionnel du Pruneau (page 3) et Communauté Urbaine de Bordeaux.
Le mardi, c’est ravioli !
Illustrations : Sophie Maxwell Directeur artistique :
A
Charles Maubé
Qui sait, sans le savoir, tu as peut-être mangé ces derniers jours un produit fabriqué dans une usine agroalimentaire proche de chez toi !
utrefois, nos arrières grands-parents se nourrissaient essentiellement de produits frais qu’ils mangeaient crus ou qu’ils cuisinaient. Aujourd’hui, une grande partie de notre alimentation est constituée de produits transformés dans des usines appelées «agroalimentaires». Il en existe plusieurs dizaines dans la Communauté urbaine de Bordeaux. A Bordeaux même, quai de Bacalan, il y a une grande usine d’huile. Presque en face, de l’autre côté de la Garonne, une seconde est spécialisée dans les crèmes dessert. D’autres entreprises fabriquent des biscuits secs à Pessac, du chocolat à Bègles, des pâtisseries basques à Eysines, de la brandade de morue à Carbon-Blanc… A peine plus loin, des sociétés produisent des plats cuisinés, des yaourts ou des boissons chocolatées… Toutes ces usines agroalimentaires transforment un ou plusieurs produits agricoles en aliments que
Impression : BLF Impression Le Haillan (33)
nous pourrons facilement conserver et consommer. Par exemple une usine de yaourts transforme le lait. Il y a plusieurs étapes entre le moment ou l’usine reçoit la matière première et celui où les produits partent dans les magasins : le pesage, le lavage, le triage, la découpe, la cuisson, le mélange, l’emballage, parfois la congélation, et l’expédition. A chacune de ces étapes correspond des métiers précis, notamment les acheteurs de matières premières, les cuisiniers qui inventent de nouvelles recettes, les découpeurs, les opérateurs qui font tourner les machines automatiques, les commerciaux qui vont présenter les produits aux magasins, etc. Sans oublier les agents d’hygiène: ils inspectent l’usine tous les jours pour vérifier la propreté des installations et le respect des règles par les employés qui doivent porter une charlotte sur leurs cheveux, un masque, une blouse blanche et des protèges chaussures.
N° ISSN 1252 - 6746.Dépôt légal - Décembre 2007
Chaque numéro est réalisé par une classe et son enseignant. Sa distribution gratuite à tous les élèves de CM1 et CM2 des écoles de la Communauté Urbaine de Bordeaux est laissée à l'appréciation des directeurs et directrices d'établissement.