N°31 MAI 2005 N°22 / MARS 2000
“dis, ça marche marche?” ?” ”dis, comment comment ça
Développement durable
La terre est fragile apprenons les bons gestes !
Tous les jours, pour vivre, nous puisons dans les ressources de la planète, nous produisons des déchets et provoquons des pollutions. Il est urgent de changer nos habitudes. Explications et démonstrations les 4 et 5 juin au Village du développement durable installé à Cap Sciences par la Communauté urbaine de Bordeaux
Sapristi, BP 45 - 33029 BORDEAUX cedex
Le développement durable : un défi vital ! As-tu déjà entendu parler du développement durable ? Il doit permettre de satisfaire raisonnablement nos besoins d’aujourd’hui sans compromettre la vie des générations futures.
L
parents. Cela consiste tout de même à réussir un triple pari : modifier notre façon de vivre pour continuer à produire des richesses (c’est le pari économique) tout en veillant à les partager équitablement (c’est le pari social) et à laisser aux générations futures une terre propre et riche en ressources naturelles (c’est le pari environnemental). 13 ans après le 1er Sommet de la Terre, ce pari est loin d’être gagné !
es hommes ont toujours vécu des ressources de la nature. Mais depuis un siècle, ils ont inventé toutes sortes de machines pour vivre plus confortablement, voyager plus rapidement, se distraire. Et même pour se combattre plus efficacement ! Pour fabriquer et faire fonctionner tous ces équipements, ils puisent abondamment dans les ressources de la planète et rejettent leurs déchets dans la nature. Cela ne peut plus durer ! En 1992, les chefs d’état de nombreux pays se sont réunis avec des scientifiques à Rio de Janeiro (Brésil) pour un grand «Sommet de la terre». Ils se sont engagés à agir pour protéger la planète, éviter le gaspillage, mieux répartir les richesses et, surtout, laisser une terre en bon état aux générations futures. C’est à partir de ce moment-là que l’on a vraiment commencé à parler de développement durable.
A chacun son «Agenda 21»
Trois paris en un ! Ce terme est difficile à expliquer. La définition la plus simple dit que «pratiquer le développement durable, c’est satisfaire nos besoins d’aujourd’hui sans mettre en danger ceux des générations futures». On peut dire aussi que c’est changer nos comportements et modes de vie pour laisser à nos enfants et petits-enfants une planète propre, bien organisée, avec des réserves de matières premières suffisantes. Comment vivront-ils si nous avons épuisé tous les gisements de pétrole et de gaz, si nous avons pollué les terres agricoles et les fonds marins, si nous avons consommé toutes les réserves d’eau potable, détruit les plus belles forêts, troué la couche d’ozone ou fait disparaître des centaines d’espaces animales ou végétales ? Faire du développement durable ne veut pas dire pour autant arrêter le progrès et revenir au mode de vie de nos arrières grands-
Toutes sortes d’actions vont cependant dans la bonne direction. Ce numéro de Sapristi te présentera dans les pages suivantes le tri et la valorisation des déchets, le développement des transports en commun, l’utilisation de véhicules électriques ou la maîtrise de l’urbanisme. Le développement durable, c’est aussi agir pour favoriser la réduction des émissions de gaz polluants, la protection des ressources en eau, l’agriculture biologique qui favorise les engrais naturels ne polluant pas la terre, la production d’énergies renouvelables (les panneaux solaires, les usines hydroélectriques, les éoliennes…) ou le commerce équitable qui consiste à acheter aux petits producteurs des marchandises (thé, café, artisanat…) à un prix plus juste leur permettant de vivre plus dignement et d’envoyer leurs enfants à l’école. Ces actions doivent être décidées et mises en place le plus rapidement possible sur tous les continents. Chaque pays, chaque département, chaque commune doit posséder son «Agenda 21» précisant ce qu’il va faire pour le développement durable au 21e siècle !
Je ne mangerai de ce riz que s’il est bio et qu’il a été acheté à un prix équitable à son producteur
Attention danger ! Il devient urgent de pratiquer le développement durable. D’ici 2050, la population mondiale augmentera d’environ 50%. Nous serons alors plus de 9 milliards de terriens à vouloir manger, boire, nous chauffer, nous déplacer, nous instruire ou travailler, nous soigner. Un milliard de personnes ne disposent pas de l’eau potable, deux milliards et demi n’ont aucun moyen d’assainissement (traitement des eaux usées). Conséquence : huit millions de morts par an, dont la moitié sont des enfants. Chaque année, les navires de commerce déversent 6 millions de tonnes de pétrole dans les océans en nettoyant illégalement leurs réservoirs. Ces «dégazages» polluent dix fois plus que les marées noires dues aux naufrages de pétroliers. Toutes les heures, deux à trois espèces d’animaux ou de plantes disparaissent de la planète. Dans le monde, 1 enfant sur 4 âgé de 5 à 14 ans travaille. Chaque année, près de 10 millions d’hectares de forêts tropicales sont détruits. Ces forêts sont pourtant indispensables à notre écosystème : elles filtrent et renouvellent l’air, elles favorisent l’alimentation des réserves d’eau souterraines, elles sont le seul abri de certaines espèces d’animaux et de plantes
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La CUB a construit beaucoup d’équipements depuis sa création en 1968. Ici à Bègles, le Complexe technique de l’environnement ASTRIA composé d’une usine d’incinération et d’un centre de tri des déchets (à droite) et la station d’épuration des eaux Clos de Hilde (en bleu à gauche).
Toi aussi, agis !
Chez nous aussi Pour la Communauté urbaine de Bordeaux aussi, le développement durable est une priorité.
A
vec la concentration sur son territoire de 660 000 habitants, la Communauté urbaine de Bordeaux – c’est-à-dire l’association de 27 communes de l’agglomération bordelaise – est forcément très concernée par le développement durable. Elle s’est équipée pour résoudre les problèmes se posant à ses habitants qui consomment de plus en plus d’eau, produisent toujours plus d’ordures ménagères, se déplacent plus souvent, etc. Pour améliorer leur vie quotidienne, la CUB a capté de nouvelles sources d’eau potable, construit des châteaux d’eau pour constituer des réserves, des stations d’épuration pour nettoyer les eaux usées, des bassins de retenue des eaux pluviales pour lutter contre les inondations, des usines pour brûler leurs déchets, une usine de tri pour recycler ceux qui peuvent l’être. Les voitures devenant de plus en plus envahissantes, elle a aménagé des couloirs pour les bus, créé des pistes pour les vélos et mis en service il y a un an trois lignes de tramway. Maintenant que tous ces équipements fonctionnent, la CUB veut donner la priorité à la qualité de notre cadre de vie. Elle a créé en 1999 une direction du développement durable et de l’écologie urbaine. A partir d’un diagnostic de la situation, une Charte a été votée et des actions engagées. Quelques-unes des plus importantes te sont présentées dans les pages suivantes car elles concernent les déchets (page 4), l’eau (page 5) et les transports (page 6). Mais ce ne sont pas les seules. Voici quelques exemples
L’aménagement des berges de la Garonne permet de se promener dans la nature près de chez soi.
Pour améliorer la qualité de l’air, la CUB a analysé les lichens (végétaux issus d’algues et de champignons très sensibles à la pollution) sur les arbres en 700 endroits de l’agglomération. Les résultats ont été plutôt bons. Elle a également mesuré les pollutions sonores. Là où il y a beaucoup de trafic, elle choisit des revêtements de chaussées moins bruyants et réalise des ronds-points qui détournent les camions vers d’autres itinéraires plus éloignés des habitations. Dans le centre de Bordeaux, elle utilise des bennes à ordures électriques. Elle crée des espaces verts pour permettre aux habitants d’accéder à la nature sans être obligés de prendre leur voiture. Actuellement, elle aménage des pistes cyclables, des voies vertes et des haltes nautiques sur les deux rives de la Garonne dans toute la traversée de l’agglomération. Au Nord, elle va créer un Parc des Jalles sur 4 500 ha entre Saint-Médard en Jalles et Bordeaux Nord en passant par Blanquefort, Eysines ou Bruges. La CUB participe ainsi à la protection d’espèces menacées comme la tortue Cistude, le vison d’Europe ou la plante appelée l’Angélique des Estuaires. Un nouveau Plan local d’Urbanisme (PLU) protège des zones non constructibles, valorise des paysages et rééquilibre le développement des deux rives de la Garonne.
Il n’y a pas que les Etats, les entreprises ou les communes qui doivent pratiquer le développement durable. Nous sommes tous concernés. Toi aussi, tu peux agir pour ta planète. Voici quelques gestes et efforts simples que tu peux faire tous les jours avec ta famille. Nous t’en proposons d’autres pages 4, 5 et 6. Quand tu fais des courses, choisis de préférence les produits sans emballage. Prends un panier ou des sacs réutilisables pour ne pas gaspiller des sacs de caisse. Il s’en jette des milliards chaque année en France, représentant plus de 70 000 tonnes de déchets non recyclables. Quand tu sors d’une pièce, même pour quelques minutes, éteins la lumière, la musique, la télé… Dans la maison, couvre-toi suffisamment pour ne pas gaspiller du chauffage. Dans la nature comme en ville, ne jette rien par terre. Tu constitues aussi l’environnement… de tes voisins. Essaie de ne pas produire de pollutions sonores (la musique trop forte, les cris…) ou visuelles (un balcon transformé en décharge, des sacs poubelles éventrés ou les crottes de ton chien sur le trottoir), en te rappelant toujours que ta liberté s’arrête là où commence celle des autres. 3
N’en jetez plus…
La nouvelle vie de nos déchets ménagers Ils nous envahissaient et polluaient la terre. Aujourd’hui, leur recyclage permet d’économiser des arbres, de l’électricité ou du pétrole
P Selon leur composition, les déchets mettent plus ou moins longtemps à se décomposer dans la nature. Pensons–y avant de les jeter n’importe où.
Source : ADEME.
«Certains déchets mettent plus de 200 ans pour disparaître si on les jette dans la nature» (Ecole Sainte-Marie Grand Lebrun – Bordeaux)
... recyclez
Grâce au recyclage, beaucoup de nos déchets ont une seconde vie que l’on n’imagine pas. Le papier redevient du papier sans que l’on ait besoin de couper des arbres. Une tonne de carton, c’est 2,5 tonnes de bois économisées. Avec les briques de lait, on fait du papier cadeau ou du papier kraft. Le verre se recycle à l’infini. Une bouteille redevient une bouteille en économisant du sable et du pétrole. Avec 27 bouteilles en plastique, on fabrique un pull. Avec 670 canettes en aluminium, on fabrique un vélo. Avec 3 400 bouteilles de lait, on fabrique un banc public. On peut aussi obtenir du mobilier, des bidons en plastique, des casseroles. En 2003, grâce aux efforts de ses habitants, la CUB a ainsi pu recycler 1 380 tonnes de bouteilles et flacons en plastique (soit environ, 4,6 millions de bouteilles), 442 tonnes d’acier, 32 500 tonnes de papier/carton, 10 000 tonnes de verre et 43 000 tonnes de déchets verts. Records à battre ! Pour faire toujours mieux, la CUB continue à s’équiper. Aujourd’hui, elle a déjà distribué 58 000 bacs verts. Elle a ouvert 14 centres de recyclage (déchetteries), installé 450 points de tri et 1 000 bornes à verre.
«Le compost des déchets verts dégage du gaz» (Ecole La Forêt - Eysines)
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«Recycler du verre économise du sable et recycler le papier conserve nos forêts» (Ecole Montaigne – Saint-Médard en Jalles)
etit problème de math : «Sachant que ses mière agglomération française à 660 000 habitants jettent chacun en moyenne 1 mettre en place un programme de kg de déchets par jour, quelle sera, en tonnes, la tri sélectif de grande taille. Il s’approduction totale annuelle d’ordures ménagères pelle toujours TRIVAC, comme de la Communauté urbaine de Bordeaux ?» Trier, Recycler, Incinérer, Réponse : 240 000 tonnes. Soit un volume suffiValoriser et Communiquer. sant pour remplir la place des Quinconces (la Ce programme commence et finit plus grande d’Europe dit-on) sur toute sa surface chez nous. Il y commence car c’est et à une hauteur équivalente au sommet de la nous qui devons trier nos déchets : Colonne des Girondins ! Incroyable non. le verre, l’aluminium, les bouEt ce record sera forcément battu puisque teilles en plastique, le papier et le carton… Il y nous produisons de plus en plus de finit car beaucoup d’objets de notre vie déchets. Ces trente dernières années, en quotidienne sont fabriqués avec ces France, leur volume a été multiplié par déchets recyclés (voir l’encadré ci deux, surtout à cause de l’apparition des contre). emballages. Il s’en jette en France Selon la ville ou le quartier que nous chaque année plus habitons, la CUB nous a donné une de cent milliards ! poubelle verte spéciale ou a placé Aujourd’hui, dans près de chez nous un point de tri les grands magasins en pour collecter ces déchets qui libre-service, tout est emballé vont ensuite à Bègles au centre dans des barquettes ou des de tri du Complexe de boîtes. Et le reste est rangé l’Environnement ASTRIA. dans des sacs en plastique. Là, 48 agents trient chaque Les appareils ménagers année près de 30 000 tonnes deviennent de plus en de déchets. Séparés, plus fragiles et sont compressés, le papier, livrés entourés de le carton, l’alumipolystyrène, de nium ou le plastique plastique et de carpartent ensuite dans ton. Tout est jetable : des usines où ils renaîles bouteilles, les tront sous une nouvelle forme. «Cette montagne est apparue rasoirs, les appareils phoLe reste de nos ordures ménagères, au début du XXIe siècle tos… c’est-à-dire tout ce qui ne peut pas en un an seulement !» être recyclé, est incinéré dans deux usines de la Communauté urbaine de Bordeaux: celle d’Astria à Bègles et une plus ancienne, à Cenon. On peut parler de valorisation de ces déchets car leur combustion produit de l’énergie. L’usine de Cenon permet de chauffer 12 000 appartements Ce problème n’est pas seulement mathématique. Il (30 000 habitants) et celle de Bègles fournit leur est aussi économique puisqu’il est dorénavant électricité à 20 000 personnes. Même les cendres interdit en Europe de déposer ces déchets ménasont transformées en verre grâce à une applicagers en décharge. Il faut donc trier, recycler et tion inventée à Bordeaux de la torche à plasma. valoriser autant que possible, mais cela coûte cher. Chauffées à plus de 3 500 degrés, elles se transRecycler, valoriser, c’est ce que fait la forment en un matériau pour la construction. Communauté urbaine de Bordeaux pour plus de 90% de nos déchets. En 1993, elle a été la pre-
La CUB valorise 90% de nos déchets
«Le plastique, une fois recyclé, peut se transformer en tee-shirt» (Ecole Albert Camus – Floirac)
«Le métal se recycle indéfiniment et à 100 %» (Ecole Lafon Feline Le Bouscat)
Toi aussi, agis ! Trie les déchets de la famille pour les valoriser au maximum. Colle sur ta boîte aux lettres un autocollant pour refuser les prospectus publicitaires. Tu économiseras chaque année plusieurs dizaines de kilos de papier. Si tu as un jardin, pratique le compostage qui remplace naturellement les engrais chimiques.
L’eau : un trésor à protéger
«L’eau qui chauffe fait avancer les bateaux» (IMP Beaulieu Le Pian Médoc)
Lutter contre les innondations Une expression dit «ce n’est pas un puits sans fond». Cela veut dire qu’une ressource peut s’épuiser. C’est justement le cas de l’eau. Alors, économisons-la. La vie sur terre serait impossible sans elle.
L’
de m3, elle doit en prélever 60 millions. Les eau que nous buvons provient de fuites expliquent pour une grande partie la diffénappes souterraines. En Aquitaine, ces nappes rence. Repérer ces fuites et les réparer coûte cher sont des sortes d’éponges en roche perméable mais cela évite le gaspillage. qui se remplissent très lentement avec l’eau proSi on n’utilise pas plus d’eau aujourd’hui qu’il y venant notamment du Massif central, et l’eau de a dix ans, alors que nous sommes plus nompluie qui s’infiltre dans la terre. Si nous vidons breux, c’est aussi parce que tout le monde fait ces réserves plus rapidement qu’elles ne se remdes efforts. Les machines à laver consomment plissent, le niveau d’eau baissera et un vide se deux fois moins d’eau qu’il y a vingt ans, il exisfera. L’eau de mer salée en profitera pour te des WC à double chasse d’eau, des prendre la place et elle polluera les eaux gens récupèrent de l’eau de pluie dans très pures qui s’y trouvent. Du coup, il des cuves… faudra traiter cette eau qui sera moins Le développement durable, c’est aussi bonne et plus chère. nettoyer les eaux sales (usées) qui sortent La solution durable, c’est donc de prélever de nos maisons (cuisine, salle de bain, moins d’eau, surtout dans l’éocène où WC) avant de les rejeter dans la l’on trouve la meilleure eau. Pour Garonne. La CUB dépense beaucoup cela, il faut consommer moins d’argent pour assainir cette eau dans ou différemment. C’est ce que dix stations d’épuration. Dans ces fait la CUB. usines, on filtre l’eau, puis on Dans la presqu’île donne de l’oxygène aux d’Ambès, elle fournit aux microbes (bactéries) qui s’y usines qui n’ont pas besoin «Quand je pense que trouvent pour qu’ils grossissent d’eau potable une «eau cette eau a 40 000 ans. et mangent les matières polindustrielle» prélevée en Respect. Alors, le robinet : luantes ! De ce nettoyage, il ne Garonne (photo ci-dessus) et la ferme !» reste plus que des boues qui traitée. Cela économise 2,4 seront incinérées ou utilisées comme très bon millions de m3 par an d’eau de grande qualité. engrais agricole. Elle fait attention à ne pas prélever uniqueCe nettoyage est compris dans le prix de l’eau ment dans l’éocène. Elle a pour cela multiplié les que nous achetons. Plus on consomme d’eau, captages dans l’oligocène et le miocène. plus on paye du nettoyage. Economiser l’eau au Elle lutte contre les fuites dans le réseau d’eau robinet, c’est donc économiser deux fois ! potable. Aujourd’hui, pour distribuer 45 millions
Nous vivons de plus en plus nombreux dans la Communauté urbaine de Bordeaux. Pour accueillir les nouveaux habitants, il faut construire des maisons, des écoles, des routes, des entreprises… A chaque fois que l’on construit sur un jardin, un champ, une ancienne forêt, on empêche l’eau de pluie de s’infiltrer normalement dans la terre. Pour s’évacuer, cette eau passe dans des gouttières de toit, des caniveaux et des grilles pour rejoindre de gros tuyaux qui l’amène dans des ruisseaux qui se jettent dans la Garonne. Quel voyage ! Mais il y a un problème les jours de gros orages : les tuyaux sont trop petits pour accepter d’énormes quantités d’eau dans des moments très courts. C’est comme si tu vidais un peu ta baignoire tout en la remplissant beaucoup. Résultat : elle déborderait. C’est ce qui se passait avant dans l’agglomération bordelaise. L’eau débordait dans les rues, des maisons étaient inondées et cela posait des problèmes. La CUB a trouvé une solution en enterrant à certains endroits d’énormes tuyaux où l’on pourrait même faire rouler des voitures. L’eau s’y écoule à grande vitesse. Elle a construit aussi une quarantaine de très gros réservoirs (enterrés ou dehors comme celui du Bourgailh sur notre photo page 7) dans lesquels on peut stocker de l’eau pendant un orage. Quand celui-ci est passé, on les vide lentement. C’est bien du développement durable puisque cela permet aux hommes – toujours plus nombreux - de mieux occuper l’espace disponible sur la planète.
«L’eau qui se transforme en vapeur, c’est l’évaporation. La vapeur qui se transforme en eau, c’est la condensation» (Centre Voltaire – Cenon)
L’eau potable : comment ça marche ? Aujourd’hui, tu vas utiliser environ 150 litres d’eau en te lavant, en mangeant et en buvant, en allant aux WC, etc. Cette eau est très précieuse. Elle arrive pour une part du Massif central après un long voyage de 40 000 ans. Elle est aussi captée dans des nappes souterraines alimentées par l’eau de pluie après une infiltration dans la terre de 1 000 ans. Quand cette eau sort naturellement de la terre par une source, on dit qu’elle est prélevée. Quand il faut aller la chercher, on dit qu’elle est captée. Avant d’être distribuée, elle doit être analysée et légèrement traitée au chlore pour rester pure jusqu’à notre robinet. Pour arriver jusqu’à chez nous, justement, cette eau emprunte un réseau de tuyaux longs de 3 092 Km. A certaines heures de la journée ou certains jours très chauds dans l’année, tout le monde veut de l’eau à la fois et la production ne suffit pas à satisfaire cette demande. On utilise alors l’eau stockée dans des châteaux d’eaux ou des réservoirs enterrés. La décision est prise au centre de télé contrôle informatique de la Lyonnaise des Eaux miocène qui reçoit 3 000 informations toutes les -50m secondes : consommation des 200 000 abonoligocène nés, production d’eau dans 11 sources et 90 -150m captages, traitement dans 104 usines, réserves dans 38 châteaux d’eau et réservoirs. éocène En quelques heures, plus de 100 millions de -400m litres stockés peuvent être libérés dans le crétace réseau.
«L'électricité ne vient pas de la mer, mais un peu quand même…» (Ecole Montesquieu – Pessac)
Toi aussi, agis ! Prends une petite douche en éteignant l’eau quand tu te savonnes (70 à 100 l) plutôt qu’un bain (250 à 300 l). Quand tu te brosses les dents, ferme le robinet pour économiser au moins un litre d’eau potable. Imagine : un litre deux fois par jour pendant 70 ans… ça fait 51 100 litres ! Un soir, quand toute la famille sera couchée et n’utilisera plus d’eau, relève les chiffres du compteur d’eau. Le lendemain matin, relève-les à nouveau avant d’utiliser de l’eau. Compare les deux chiffres. S’il y a une différence, c’est qu’il y a une fuite d’eau quelque part. Si c’est le cas, à toi de jouer Sherlock Holmes ! Imagine un système simple pour récolter de l’eau de pluie qui te servira à arroser tes plantations ou laver ton vélo.
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3 millions de déplacements par jour ! Chaque jour, les 660 000 habitants de la Communauté urbaine de Bordeaux, et les dizaines de milliers de personnes extérieures qui viennent eux aussi sur son territoire pour travailler, étudier à l’université, se soigner ou faire des courses, effectuent un peu moins de 3 millions de déplacements. On appelle déplacement un trajet entre un point et un autre. Toi, par exemple, quand tu vas à l’école le matin et que tu rentres chez toi le soir, tu effectues deux déplacements. Trois millions de déplacements, c’est gigantesque. Heureusement, nous ne nous déplaçons pas tous en même temps en voiture. En moyenne, quand 100 personnes se déplacent, 63 sont en voiture, 22 marchent, 5 font du 2 roues et 10 prennent les transports en commun. C’est la CUB qui a la responsabilité des transports en commun. Elle construit les réseaux de bus et du tramway, achète le matériel et fixe les tarifs. Par contre, c’est CONNEX qui exploite ces réseaux avec des chauffeurs, des techniciens, des contrôleurs, etc. Le réseau de bus est constitué de 84 lignes représentant 3 300 arrêts sur 1 000 Km (distance BordeauxLille). Chaque jour, 541 bus (dont 143 fonctionnant au gaz), parcourent 80 000 Km – c’est deux fois le tour de la terre – et transportent 140 000 passagers. Le réseau de tramway comprend 3 lignes pour un total de 21,5 Km et 47 stations. Aux extrémités et sur le parcours de ces lignes, 7 parcs-relais permettent aux automobilistes de garer leur voiture et de prendre le tramway. 44 rames circulent tous les jours entre 5h du matin et 1h la nuit suivante. Elles transportent actuellement jusqu’à 160 000 passagers quotidiennement.
«Si on prend le bus plutôt que la voiture, on pollue moins et les gens sont moins malades» (LEA – Eysines)
Toi aussi, agis ! Pour les petits trajets, par exemple pour aller à l’école, évite de prendre la voiture. C’est pendant les premiers kilomètres que la voiture pollue le plus. La marche à pied, le vélo, la trottinette, en plus, c’est bon pour la santé! Quand c’est possible, donne la priorité aux transports en commun. Essaie de supprimer les déplacements inutiles et favorise le co-voiturage (partager un véhicule à plusieurs au lieu de prendre chacun le sien) 6
Mettons nos transports en commun ! La voiture consomme, pollue, fait du bruit et provoque des accidents. La meilleure solution : les transports en commun.
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es voitures sont de plus en plus nombreuses à circuler dans l’agglomération bordelaise. Elles provoquent une pollution de l’air, du bruit, des accidents et des bouchons qui nous font perdre beaucoup de temps. Ces véhicules, sauf exception, roulent tous à l’essence ou au gasoil. Plus ils sont nombreux, plus il faut de pétrole. Cette matière première n’est pas inépuisable : il faut l’économiser. Pour toutes ces raisons, la Communauté urbaine de Bordeaux essaye de nous faire renoncer à nous déplacer en voiture. Elle mène plusieurs actions pour y parvenir. La principale, c’est de nous convaincre d’utiliser les transports en commun en les rendant suffisamment pratiques, sûrs et rapides. Il y avait déjà les autobus. La CUB construit de plus en plus de couloirs réservés pour leur permettre d’avancer plus rapidement que les voitures coincées dans les embouteillages. Ces bus sont de plus en plus nombreux à rouler au gaz puisque la CUB n’achète plus d’autobus diesel. Elle dispose aussi, pour ses propres agents, d’une flotte de voitures électriques.
Des centaines de Km de pistes permettent de se déplacer en vélo dans la CUB en toute sécurité.
«Aller à l’école sans polluer (à vélo, en roller, en skate...), c’est possible si les rues le permettent : fini les poubelles et les lampadaires au milieu du trottoir, fini les pavés sur la route... Et plus de pistes cyclables» (Ecole Dupaty - Bordeaux)
Depuis un an, il y a surtout le tramway qui a tous les avantages : il roule vite, il est prioritaire aux carrefours, ne pollue pas, etc. Et en plus, il est beau. Dans deux ans, 20 Km supplémentaires de réseau ouvriront sur les trois lignes A, B et C. Le tramway desservira alors Mérignac, Floirac, Bassens, Carbon-Blanc, Pessac Centre, Bordeaux (Bacalan et les Aubiers), Bègles, Bruges et le Bouscat. La CUB a réorganisé le réseau TBC (Tram et Bus de la CUB) pour que tous les habitants qui ne bénéficient pas directement du tram le rejoignent très vite en autobus. Elle a mis en place une navette fluviale pour traverser la Garonne entre Bordeaux et Lormont et une navette électrique qui circule dans le centreville de Bordeaux. Enfin, en aménageant des pistes cyclables, des «itinéraires doux» et des voies piétonnes, la CUB facilite nos déplacements à vélo, en roller, en trottinette ou à pied. «Papa, t‘as promis : aujourd’hui, on va à l’école en trotinette».
«Le son est une vibration plus ou moins amplifiée selon les matériaux qui sont autour» (Ecole Saint-Seurin – Bordeaux)
Attention au silence ! Le tramway roule à l’électricité. Avantage : il ne pollue pas et ne fait pas de bruit. Inconvénient : on ne l’entend pas arriver. Il faut donc faire très attention aux abords des rails et bien regarder autour de soi avant de traverser.
«De plus en plus de bus fonctionnent au gaz. Ils sont moins polluants et moins bruyants. On les reconnaît au système installé sur leur toit» (Ecole Sainte-Marie la Bastide – Bordeaux)
160 000 personnes prennent le tramway chaque jour dans la CUB.
Une fête aujourd’hui pour s’engager dès demain ! Un Village du développement durable s’installera à Cap Sciences, Hangar 20 sur les quais de Bordeaux Rive Gauche, les 3, 4 et 5 juin prochains. La Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) organise cette fête pour informer les citoyens sur la nécessité de vivre autrement pour protéger la planète et ses habitants e vendredi 3 juin sera réservé aux enfants d’aujourd’hui de douze écoles de l’agglomération bordelaise (voir notre encadré) qui ont réalisé des expéet de demain. riences pendant plusieurs mois sur le thème du
L
Des reporters de Sapristi découvrent le Bassin d’étalement du Bourgailh (ci-dessus). Pendant un orage, il peut stocker jusqu’à 80 millions de litres d’eau. D’autres ont visité le centre de tri des déchets au Complexe Technique de l’Environnement Astria de Bègles (ci-dessous)
développement durable. Cinq classes ont travaillé sur les déchets, quatre sur les transports et trois sur l’eau. Les ateliers étaient animés par l’association Les Petits Débrouillards Aquitaine avec la participation du Centre des Classes Citadines et de Cap Sciences. Chaque classe présentera aux autres – et aux deux classes rédactrices de ce Sapristi – le résultat de son travail. Les CE2-CM1 de l’école Montaigne (Saint-Médard en Jalles) défileront par exemple avec des vêtements confectionnés avec des déchets recyclés. A l’école de la Forêt (Eysines), les CMI ont eux aussi trié des déchets pour fabriquer des instruments de musique. Toujours sur ce thème des déchets, l’Ecole Albert Camus (Floirac) présentera un CD ROM, Grand-Lebrun (Bordeaux) une expo photos, et Lafon Féline (Le Bouscat) une maquette de l’usine Astria. D’autres classes ont mené des expérimentations sur les transports. L’école Sainte-Marie de la Bastide (Bordeaux) s’est ainsi intéressée à l’alimentation électrique du tramway. Les élèves de l’école Dupaty (Bordeaux) ont réalisé une maquette de leur quartier pour présenter les problèmes de circulation autour de l’établissement. Deux écoles ont travaillé sur le thème de la pollution : pollution atmosphérique pour le lycée d’enseignement adapté d’Eysines et pollution sonore pour l’école Saint-Seurin de Bordeaux. Enfin, un dernier groupe de classes a choisi de
«Allez, on y va. La planète nous appelle à l’aide !»
s’intéresser à l’eau. Revenant aux sources (c’est le cas de le dire), à l’époque où les réseaux n’existaient pas, les élèves de l’institut médicopédagogique Beaulieu (Le Pian Médoc) ont par exemple construit un bassin en dur dans l'école, alimenté par une fontaine manuelle. Cette dernière ne sera évidemment pas présente à Cap Sciences, mais des panneaux et des photos permettront de la découvrir. Les élèves de l’école Montesqieu de Pessac, eux, se sont intéressés au fonctionnement des moulins tandis que ceux du Centre Voltaire de Cenon ont étudié les différentes étapes du cycle de l’eau.
Un week end ouvert à tous ! Les journées du samedi et du dimanche intéresseront, elles, tous ceux qui veulent en savoir plus sur le développement durable. Nous t’y attendons avec ta famille entre 14 et 19h. L’accès sera libre et gratuit ! Une dizaine d’organismes et d’associations présenteront des expositions, des jeux, des expériences et toutes sortes d’animations pour que les visiteurs s’informent tout en s’amusant. La Ligue de Protection des Oiseaux, par exemple, t’apprendra à fabriquer des nichoirs. Cistude proposera des expériences scientifiques sur l’eau. Ravel et la CUB amèneront divers véhicules électriques. Le Bus du Tri sera également présent. Avec lui, trier les déchets devient un jeu d’enfants !
12 écoles en action ! Sur le thème des déchets l’école Montaigne (Saint-Médard en Jalles) l’école Albert Camus (Floirac) l’école Grand-Lebrun (Bordeaux) l’école Lafon Féline (Le Bouscat)
l’école de la Forêt (Eysines)
Sur le thème des transports le lycée d’enseignement adapté (Eysines) l’école Dupaty (Bordeaux) l’école Saint-Seurin (Bordeaux) l’école Sainte-Marie de la Bastide
Sur le thème de l’eau l’institut pour infirmes moteurs cérébraux Centre Voltaire (Cenon) l’école Montesquieu (Pessac) L’institut médico-pédagogique Beaulieu (Le Pian Médoc)
(Bordeaux)
Numéro réalisé avec la parti-
Rédaction Emmanuel de Lestrade avec les élèves de CM2
Laëtitia, Marius, Hugo, Matthias, Manon, Kelly, Bertrand,
cipation de la Communauté
des classes de Virginie Santillana à l’Ecole Caychac de
Chloé, Kévin et Pablo.
urbaine de Bordeaux.
Blanquefort et de Corinne Gonin et Gilles Monérol à l’école
Réalisation : Editions Papote, tél. 05 56 61 04 38
Sapristi est édité par l'association Sapristi (loi 1901) dans le
Jean Jaurès de Villenave d’Ornon : Caroline, Sony,
Photos : Communauté urbaine de Bordeaux
but de sensibiliser les enfants à leur environnement quotidien,
Christopher, Grégoire, Mallaury, Maxime, Vanille, Gwendoline,
Illustrations : Sophie Maxwell
politique, économique, social, technique et culturel.
Yannick, Tony, Marine, Thomas, Laurie, Clément, Vincent,
Visuel “Une” : ALS & Cachou
Son siège social est à Bordeaux, 37 rue de Laseppe,
Angélique, Ambre, Thomas, Aurélien, Célie, Laury, Mindy,
Directeur artistique : Charles Maubé
BP 45, 33029 Bordeaux cedex
Benoît, Enguerrand, Guillaume Julie, Thibault, Marilyne, Marie,
Impression : Graphic Impression Gradignan (33)
Directeur de la publication : Olivier Pelisse
Raphaël, Mathilde, Laurie, Alban, Julien, Pierre-Alain,
Rédacteur en Chef : Emmanuel de Lestrade
Joséphine, Malaury, Marylis, Caroline, Aude, Hannah, Jérémy,
N° ISSN 1252 - 6746.- Dépôt légal - Mai 2005
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«Pour améliorer le développement durable, polluons moins et utilisons les énergies renouvelables» (Ecole Montesquieu Pessac)
«La mort c'est les ordures, mais la vie c'est la nature» (Ecole Lafon Féline Le Bouscat)
«Recycler c'est donner une nouvelle chance aux déchets» (Ecole Montaigne Saint-Médard en Jalles)
«Comprends et agis ! Tous ensemble pour l'environnement» (LEA Eysines)
«L’eau c’est notre richesse» (IMC Voltaire de Cenon)
«Au lieu de regarder la télé, secouez vous, triez et recyclez... c’est notre avenir» (Ecole Albert Camus Floirac)
«Nous n’avons pas reçu la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants»
«Si vous changez, la planète changera» (Ecole Sainte-Marie la Bastide Bordeaux)
(Antoine de Saint-Exupéry)
«Travailler sur l’eau, c’est parler de la vie et apprendre à la respecter» (Institut Beaulieu Le Pian Médoc)
«Sauvons le monde des déchets, recycler, jeter, réutiliser : notre priorité» (Ecole Sainte-Marie Grand Lebrun)
«Pensons à l'avenir de nos enfants» (Ecole Saint-Seurin Bordeaux)
«Laissez la voiture, pour un avenir plus sûr... sécurité, propeté, accessibilité... dans notre quartier, pour les transports non polluants» (Ecole Dupaty Bordeaux)
«Trions, recyclons, protégeons, ressuscitons la nature» (Ecole la Forêt Eysines)